TETRADE
DES PL VS GRIEVES
MALADIES DE TQV£.
LE C E RV E AV.
fompo/eedes veille s yobferuations & Prati¬
que des plus fçauans & experts Médecins ,
tant ‘Dogmatiques que f/ermetiques .
nu
)
Par Ioseph dv Chesne fieur de la
Violette, Confeiller & Médecin
ordinaire du Roy.
■i 9* (
*./*-* _
'ersï*. - *■ *
********
<<i - H
A PARIS, â\£^r
Chez G l av de Morel,
ordinaire du Roy, rue S. Iaçoues*
à la Fontaine . r
M. DG XXV. %
- w&fc Privilège de fa Majeftéf^U
UiMOLPATE
yîTTTp I H|llll|tllljllil|1tH|IIM|ltll|llil|llll|iUi|ltll|tHI|ltll|H lTpXH-|X444-J+tTlp iTTjnT
1 2 3 4 5 6 7 8 910
I O S E P H DV CHESNE
AV LECTEVR DEBONNAIRE
S A L V T.
, MY Le fleur, 'vous auef^
\ icy 'vn traîne de quatre
1 maladies les plus grieues
’ de toutes , lequel e fiant
' vtile & neceffiaire tant a
raifon de leur grand malignité que pour ,
la difficulté de leurs caufes occultes g 7*
la méthode d’y remedieri qui ordinaire¬
ment g? le plus fouuent na finon bien
peu d’effeél félon la doBriné des an¬
ciens Dogmatiques , Il ma femblé bon
d employer les forces de mon efirit a le
compofer des préceptes tant de l’ef cho¬
ie hippocratique gy* Galejiique , que de
* n
t Hermétique & Spagyrique. le ri igno¬
re pas toutesfiis que ce mien labeur vous
pourra de flaire & a plujieurs autres;
Mais comme ainfi [oit que fuiuant les dog¬
mes ou opinions de Galien ( ce qui eft af-
fefnotoire à vn chacun ) on ne peuttou[
iours guarir tels & fi grands maux qui
requièrent vn prompt & fingulier reme-
de ; à l'imitation de plujieurs autres per -
fonnagesfort do fie s qui des long temps fe
font propofé le mefmc butt ïentreprins il y
a vingt-fix ou vingt- fept ans de mettre en
auant O* de f loyer aujft des remedes qui
fuffent vrayement medecinaux , & par le
moyen defquels vn vray & ajfeuré Mé¬
decin peut paruenir à [on intention . Car
quelle louange ejl-ce a vn homme d'eflre
qualifié Médecin s’il no fie point la ma¬
ladie f Et a quoy fer uent tant de raifon -
' némens difiutes en Medecine touchant
les humeurs yComplexions & préceptes de
Medecine } fi ce dont eft queftion ri a au~
s
cun bon vfage f "Vous aure% donc en ce
mien traitté non des formulaires âereme-
des communs ramafjés confiufement tan -
tofl d' vn lieu tant ofl d'vn autre, qui pour¬
raient donner tel quel allégement , mats
ceux quauec toute la diligence qui m a eflé
pofiible ïay premièrement muent é puis fa¬
çonné, & finalement approuué par diuer-
fe$ expériences , comme aufiiceux que ïay
recueille du tratiail & apprins des propos
ou deuis familiers de gens tres-doéles. De
farte que fi vous daigne^ appliquer voftre
offrit d examiner ces miens remedes Cby-
-miqües , qui au demeurant font odieux
prefque a tout le monde , 'vous trouuere ^
quils fontajfeurés & certains , 'voire meil¬
leurs que les 'vulgaires . Sçache^f néant-
moins & vous perfuade % que nous fai-
uons les traces ou les préceptes de ïvne &
t autre efcbole , lefiquels vous pourre^Jmi-
ter & pratiquer fi bon vous femble , &
aufii remarquer la différence des vns, &
a iij
6
des autres , principalement en la manier e
de préparer les remedes, afin d'efiire ce que
iugerc^efre plus certain . Or fi t entend
que ceshty no dire labeur 'vous ait efié a-
greable, 'vous moccafionnere ^ tant plus a
excogiter & mettre en lumière d'autres
chofes j qui par aduenture feront plus exp¬
édient es : Au refie s'il y a quelque propos
en ce traitté qui fait par trop aigre, foye^
aduerty qu'il sadreffe feulement a deux
ou trois cenfeurs mefdifans & iafeurs pleins
d'enuie 3 non pas a toute la fefle des Dog¬
matiques dont te fuis difcipleyny aux bons
& 'vrais Médecins que k refeéle & ko-
nore comme Précepteurs & frere s. A Dieu,
TABLE
DES CHAPITRES.
g p i N i o N des Dogmatiques touchant
l’Epilepfie ,fes différences , caufes & fi-
gnes, Chapitre premier, page | j
Quelles font les caufes du Itertige ou tournementde
tejle , félon l'opinion des Dogmatiques , ch .II, 2$
Vefinitio, caufes, differeces &fignes de 1* apople¬
xie, félon l’opinion des Dogmatiques, ch;. III, 29
V*s caufes & différences de la Paralyfie ,&* dé fit
conuenance auec les autres maladies, fuyuant ^opi¬
nion des dogmatiques. Ch, JF, 38
De la ltraye \Anatomie des maladies par la lumière
de la nature du grand monde(dont l’homme eft ima¬
ge) & que les femmaires & mines de plufieur s
maux , prouiennent prennent leur fource de
teintures vitales , & diuerfes exhalai fons , le tout
conformémet dl’opinion desherMetiqUesCh.V.44.
De la nature différence des fuliginofiteq^ & de
leur puiffanteg? efficaçmfe^crtu à engendrer les
maladies , Chap.VI, ' 58
Quelles font les racines des maladies , & comment
elles dejfloyent leurs fignatures au corps humain,
Çhap , VU, éy
a üij
Comment H faut rechercher lesfemind'mies mala¬
dies : & pdr confequent l>ne âifyute hermétique
touchant ly epilep fie t VIII. 73
Que les caufès de toutes aéîions confident en trots
principes hypoftatiqùes , dont dépendent les racines
des maladies ,quand ils tiennent à fe refoudre par la
feparationgr exaltation des teintures qui leur font
annexées, IX. 80
Que la nature tant Juperieurequ inferieure gouuer-
ne toutes chofes par le moyen des efyrits participant
de la diurne puijjancc des allions, lefqueües dédions
font induëmet attribuées au tempérament des qua -
lite^elementaires, X. 51
De l'effence, différence canfes des quatre mala¬
dies fufdites ,auec la refutatio de l’opinion materielle
t&grofiierequ en ont les dogmatiques, XI. 115
Méthode que tiennent les dogmatiques en la cure de
lEpilepfie, montrant aucuns remedes dont les
«Anciens fe feruoienten general és paroxy fines ou
acce^de la maladie , XII. 134
Indications particulières du par oxy fine Epileptique,
auecla defiription à* aucuns formulaires de remedes
* frinsynla boutique des dogmatiques, afimderepri -
meria^'tolencekkeluy,XllI. 148
Méthode Pharmaceutique g? Chirurgique, obfer -
uée par les Anciens dogmatiques en la cure de l*E-
pilepfie i auec quelques deferiptions de remedes*
Chap.XIlr. ifo
De quelle méthode les Arabes fi finit firm en U
cure de /’ Epilepfiey XV • 202»
Méthode des nouueaux dogmatiques en la cure de
i' Epilcpfie , où eji contenue l'cjhte des medicamens
procede^de leur efchole , XVI. 20 7
De l'hellebore noir dont comme des autres remedes
violents , nullement ou peu corrigeâtes Anciens fi
font ferais de fis admirables Vertus prefque contre
toutes les plusgriefues maladies , auecla maniéré de
leprepdrer3 XVII. 228
D« réunifions & deriuations opérations de chirur¬
gie & des remedes Confortatifs , tant generaux que
Jpeciaux des dogmatiques , XVIII. 235
Delà maniéré a extirper la racine deï Epilep fie 3
des remedes propres d cette intention , XIX. 245’
Des eaux minérales jpecifiques à cefle maladie 9 aux¬
quelles les dogmatiques emoyent ordinairement
leurs malades , apres qn en Train ils ont efprouué
tous leurs remedes de leurs fitculte%t XX. 253
D« indications & obferuations des dogmatiques
tant anciens que nomeaux , en la cure du Trèrtige
ou tournemcnt de tefie, XXI. 2 6$
Des indications curatiues de l* apoplexie tant gene¬
rales que fpecïales , ycomprins les remedes filon la
methodeies dogmatiques , XXII » 2 6 J
U cure de U paralyfie gh de fis efpeces , comme
dufii de la droidle adminifiration des remedes filon
l'opmion des dogmatiques 9 XXllL 284
Que U lithurgie mechaniqUe des hermétiques ejlde*
coulée de l’oeconomie 0* boutique de U nature fie-
crette : & de leur procedure en la cure de P Epilepfif
0*de la légitimé préparation d’aucuns remedes ,
Chap.XXm . 30S
£>« réunifions , démâtions 0* autres intentions
curâmes des Hermétiques , comme aufit de leurs
confortatifs fpecifiques , Ch* XXV * 330
X)e la préparation fpàgyrique du crâne humain spé¬
cifique a l'Epilepfie , Ch, XXVI . 33^
33e la pleniere refolution 0* confomption du [émi¬
ssaire des maux fufdit s ,41sec P^fage 0 prépara¬
tion des remedes locaux , filon les hermétiques
chap.XXVlI, 344
VeP anatomie intérieure 0 Vitale pertu 0 excel¬
lence de certains fils prins des minéraux 0 fpeci~
cifiquesaux maladies fufditè s , C/î. XXVIII. 352»
VePanalyfe ou refolutio fpàgyrique du fil marin , e*7*
& fon admirable')! ertu d'agir, tant és Végétaux 0
certains metaux>qu au corps humain, XXIX .358
Dr/* fignature interne du hitrïol , 0* de fies diuerfis
propriete^à diuers gérés de maladies , XXX. 36$
Ve P Antimoine, Wj. XXXI. 399
Ve l’Or & de C Xrgent, Ch. XXXI!. 431
VeP Xrgenthtf ou mercure, Ch. XXXIII. 4f7
D»rrj;w»ede'£w»'r, ch. XXXI Y 4^4
■ F I N, .
Extrait} du Prmilege du Roy.
PAR grâce 6c Priuilegè du Roy donné à
C6mpiegne,ie feptiefme iour de May milfix
cens vingt-quatre , feellé du grand feaudecire
jaulne: & ligné, Par le Roy, enfonConfcil,
Rinovard, Il eft permis à Clavde Morel
fon Imprimeur ordinaire , d’imprimer, vendre
& diftribuer tant de fois 6c en tels Volumes &
chara&eres que ce foit,vn Liure intitulé,7Vnv*de
des fins grimes maladies de tout le Cerneau , ou traitté de
F Epilepfie , Vertige , apoplexie , & Paralyfie , £rc. ÔC
autres œuures de Medecine,de Iofeph du Chef-
nefieur de la Violette, Confeiller & Médecin
ordinaire de fa Majefté, qu’il a faiéfc traduire
de Latin en François,auec defenfes à toutes per-
fonnes de quelque qualité & condition qu’ils
foient de les imprimer ou faire imprimer en
quelque maniéré que ce foit , én vendre ny di¬
ftribuer , d’autres que de ceux qui feront impri¬
mez par ledit Morel ou de fon confentement,
pendant le temps 6c efpace de dix ans entiers 3c
confecutîfs, à commencer du lour de l’acheue-
ment de la première impreflion dudit Liure , à
peine de mil liurcs d’amende, & de confiscation
des exemplaires qui fe trouueront auoir efté
contrefaits : comme il eft plus à plain déclaré en
l’original.
^/Çcheué d’imprimer le premier de Inillct
HISTOIRE D’VNE
CERTAINE DAMOISELLE
AFFLIGEE p’VHE EPILEPSIE t^VI
a donné fubjeét à ce prefcne
traiété.
N E îeune Dantoîfille
aagee feulement dedix-fept
à dix-hui6i ans & mariée
depuis deux , quoy quelle
' fi*fî tffaë déparent bien dijfi
pofezi & non fuie 61 s a aucun malhereditaire
pour le bon tempérament de leur race & patent
té, <& eufl Trefcu ajfés fainement en fin enfant
ce, ri y ayant eu aucune petite herole , rougeolles
galles, nygrateües dont les petits enfans ont ac~
couftumé rièfire prefque tous entache%dés km
naiffance, a/çauoir quand la nature "voulant
confimerfin œuure ,emcriëgy* purge toutes les
immondices de la conception % Toute fois eftani
paruenuë à lUage riemiron douze ou treize
ans 9 & Rature ne pounmt an temps pnps
~ ■ - . ~ • — A
§
* DES MLÂDIES
faire ouverture des laijjeaux efquels le fang
menfirualefioit contenu , à caufe de quelque em-
pefchement quifetrouuoitparaduentureésco -
dmts ou bien es plus nobles parties du corpsyclle
acquiji peu à peu Ime mauuaifc couleur 0 la
Scelles Cachexie ou maligne humeur tenant acroi-
fympto - Jlre elle devint pâlie 0 quant 0 quant fut a fi
*^**1™’ faillie de battemens de cœurydouleurs de teftet
dck re- difficulté d’haleine yd’cnfleure de ~)ifege blan -
ÏTmois c^e4ftre & bide* bref de tous tels autres fÿm-
ptomes ou accidens . Quelque peu de temps apres
luy furuint aufii la iaumjje avec Inefiéure len¬
te , loire continué 0 quarte. Et non feulement
cela y mais tant plus elle croifi en a Age y tant plus
efl elle Affligée 0* comme opprimée de plus
grands maux , tellement qù enfin elle efl fi cruel¬
lement 0 fi fouuent tourmentée détournement
de tejîe croijfans parfuccefiion de temps tque
tantofi elle perd non Fouie mais la l'eue 0* U
parole ytantofi tout jugement 0 cognoiffance
liennent a luy défaillir, 0 cela luy arriue non
feulement lney mais dix ou dou^efots chacun
iour, le mal s3 augmentant aufii de iour à autre .
*4u demeurant 9hor s les P aroxy fines ou acce^
te ' dit eft Affe^gaygy paroifi auoir Fefprit ajfeç,
eîaraiK ky eux 90 reprend Inc couleur plusliue .Mai*
<puani k maladie ejl fur le point de fermahir eU
DV CERVEAt. . 5'
le fent "tenir à foy ces auanî -coureur s. Pre- ces
meremcnt la tefte luy tourne, fon htfagerou- leptique
git, elle s e J crie que l’ennemy L’djf aille ,ce qui ar~
riue incontinent , & telaffaut dure l>ne heure
entière . On doit icy remarquer quelle n’eut ia~
mais aucun flux mcnjtrual & on A ob/erue
qulrne autre fille de moindre auge luy auroit
autresf ois fôuuent fait peur. En cette maladie
elle a expérimenté le traitement de tous les plus
célébrés Médecins de cette prouince U, par le.
moyen defquelselle a bien changé cette mauuai-
fe humeur en l>ne meilleure habitude de corpsi
mais les Irertiges & le plus grand mal qui U
tourmente &pour lequel on requiert mon adutss
na encores peueflre réprimé nyreftreintpar au*
cun art que ce [oit.
L’h istoire de ceflre maladie exaéfce-
ment deferite par vn certain Aporie aire*
nous fait croire que c’eft plüftoft vne Epi»
lepile prouenant des membres inferieurs du
corps, qu’vn mal de tefte ayant fa racine
propre dans le cerueau. Or iaçoit que par le
regard 8c prefence de ladite Damoifelle
ainfi mal difpofée, nous euffions paraduen-»
ture peu confiderer la chofe auec plus de
circonfpe&ion, & promettre vnaduis plus
certain voire vn remede plus afleuré à ceus
qui l’attendoiêt de nous: qui par infpeâioia
^ U ES . MALADIES
âuoiis accouftumé de faire plufieursremar-
questref-certaines & en prefence nous en-
qti® de beaucoup de chofèsquiferuent
grandement à bien cognoiftre le mal, en-
fembie le vray moyen d’y remedier. Car
nous obgnoiiïons bien diuerfeschofespar
l’ouïe touchant la complexion du malade,
les témperamens & le régime ou façon de
vïure, mais nous obferuôs par la v eue com- •
ment fe fait l’affàut, ce qui eft neceffaire
pour-formel* vn droid Iugement. Toutes-
foisnous auôs bien ireeognu par l’efcrit fuf*
dit où refide le mal, & où gift fec-retement je
feminaire/& la racine d’iceluy, quels &cô-
bien pernicieux effe&s en procèdent qui en ,
leur temps excitent l’aflaut Epileptique.
D efqùéls deux poinéts il conuient fur tout
aüoir bonne & exa&c çognoilTance.
Zafource D e-là auiïi nous colligeons que la fourcc
wtirFt ce^e ma^a(üe gift en toute la mafle du
te mda »* Çottompuë, gaftée & infectée des la
dit. matrice , comme par fuccdîîom iiatutelie
tant és malles qu’és femelles. Laquelle maf-
f e n’ayant iamais efté purifiée en ladite Da- :
moifelle dont eft queftion, de fes impuretés
par petites veroles, grat elles de autres e-
A monçftqires du corps que nature a deftinez
à çeftéifin: Ne plus ne moins que telles pur-
slmilitu - gâtions aduiennént tpft ou tard félon la for-
de prinfi ce §ç: vertu du baume naturel qui en au-
d»Ma- cuns eft plus langpureufe, és autres plus vi-
etotefme. gQUreufea connue pnpeut veoir és champs
DV ’ C E R-V E A'V. 5
tnefmes, dont quelques vns font 'plus du
moins fertiles &c fterilès que Iesautfè's, ti¬
ret hors de leur fein&pf oduifent desfleurs
& frui&SjOres pluftoft, ores plus tard,etafoft
plus meurs, tantoft plus cruds félon la force
des raÿôs du Soleil qui’regardét cette ferre
cy, ou f elle là > direébeinétou indireéfeémëf,
benignemèht ou malignement. DcriiëfîKé
en noftredite malade les- èmonéfcoireV n’e^
ftans encor 'es ouuerts 'pour la trop grande . ;
imbécillité du baume vital; & làmâiïedù ; :
fang tardant par tropàfé-purger Hefesim- J
puretez naturelles,il ârr-iue qu elles font re¬
tenues trop- long-temps 8r engendrent des
Symptômes qui faifilïënt tout le corps vni-
uerfellëmént. Ce qifin’eft à admirer. Car
fi, comme dit Galien, entre autrçs émon-
étoires la nature adeftinéle fluxmëhffcrual
pour purger tout le corps, ils’enfuit que la
rétention de telles- immondices caufe l’in- ' % J ’f
difpofitidn vniuerfellë dé toutlecbfps.-- •>
Il efi donc heeeffaire que tant de Sÿfhpto- «i»
mes fi differens prouiennént tous d'è'cefte
pepiniere-demalfiveneneufeo u r ëfide vn'e
tëllë^Kcâ^î^ëd^^^é§|»ârtôlLCe4isSiàfi.
-fe: du^angiprincipàlemét^des menftruesne ' ^
pouüans couler au tempsordinairë; do rifle
coûts àr cefte fàcùlteW vertu; de rendre le
^ang trëf-pùr, fort rigoureux; Sdpféferuér
«le fcfüfé' êbrruptîori dârinàfTe dheelüiyi^Çàf t'MÏmï
^Omme Pëau-çouîâîit^fe conferue en :i©h
Buxp^fpëtuë^dOrit-dftUht priuée pour gtad ***f^ft,
„ ‘ • ■' A iij . ■ 11
6 DES MAIADIES
que foit le vaifleau qui la contient, elle
Ce putréfié 8c corromp aufîi toft, afçauoir
d’autant qu’elle eft fans le mouuement par '
lequel fa vie 8c vigueur eft entretenues em-
• blablement le fang arrefté par qbftrudions
ne pouuant iouyr defon air& cours libre,
auquel confifte fa vie, vient à fe gafter 8c a-
mortir là mefme-où fon flux aeftéempef-
ché. Caries Médecins Hermétiques pofent
Zs/knt fang au corPs du Microcofme , ou petit
efila met monde.comme la mer eft colloquée en tout
èuMim* le Macrocofmc 8c grand monde, ou bien le
et#*' NU en quelque contrée d’iceluy. De-la-
quelle fympathie, çomparaifon & analogie
entre l’vn 8c l’autre monde, nous auons dif-
couru ailleurs plus amplement, 8c en dirons
encores d’auantage quand l’occafion s’en
prefentera.
popes Le fang doncques ainfî des long-temps ""
corrompu en laditeDamoifelle,commença
«mÜT dwladouzieftpe ou trêziefme annee de fon
du mal âge,à s’introduire és entrailles ou membres
Cüfdit. feruans à la nutrition, 8c vue partie de celle
corruption 8c contagion infeéfca le foye,
la rate, 8c toute i’œçonomie desh ylçeres.
voire toutes les parties du corps cirçôupifi-
nes. Çarquoy tout eftant peruerti ^beau¬
coup de_ crudités, s’engendrerento^ kj.aq-
nifle^ les pâlies conteurs, fieures. &jfinale-
ledit > toujsnemçirt de frequent,
^ prindrent de-là leur ; -origine .& zcçmifô'
ment, Orcambigpquepar le fecoui*s& ief
h " ' • ïd ■ ■ ' " ' * ~
D V CES.V E A V. 7
remecles de fçauans Médecins elle aitreceu
quelque allégement ,toutesfois reftant le
feminaire des impuretés qui ont caufé Pin-
difpofitiô de tout le corps,ie ne doute point
que les cruditésne croiffentiournellement,
d’où naiffent en chaque partie diuerfesob-
ftru&ios, qui retenans le cours du fang, luy
empefehant la iouyffance d’vn air libre, &
bouchans le paflage des menftrues,excitent
plufieurs accès & font venir en vn jnftant
diuers fymptomes. Ce qui donne pluftoft
accroiffement au mal & vnemauuaife ha¬
bitude à la malade, qu’il ne la deliure d’au¬
cun fymptome. Car la nature s’efforce bien
de pouffer hors lefdites (impuretés, mais
icelle ayant moins de forces que la maladie*
elle s’augmente pluftoft qu’elle ne \a dimi¬
nue. Car toute matière efmèuèf ainfiquetef-
moigne Galien ) eft pire que quand elle eft fans
mouuement. C’eft pourquoy outre lesacci-
dens des autres membres, le cerueau venant
par fucceffion de temps à fe débiliter en
mefme maniéré & à fe remplir de fumées,
vapeurs 8c exhalaifons qui luy communi¬
quent vne acrimonie plus grande, vne aci¬
dité venimeufe, & vne qualité nitrofulphü-
rée,le fimple vertige appeilé des Anciens
petite Epilepfîe, fe conuertit & dégénéré
en vne conuulfion generale & vniuerfelle
de tout le corps auec perte de tous fens 5c
deprauation de mouuement , laquelle eft
nommée des Anciens Epilepfîe. Néant*
A iiij
Galien
Hure 3.
des lieux
indiffo/ts
g. ». E $ ,M Â L A D I E S’
t moins, pelle qu’on’ remarque en ce fubj
SblUpfc fe ^oit' Pluftoft aPPelier Epilepfie fympa:
fin/*, t tique que idiopathique , à raifon quelle
thips. ne procédé pas du cerueattinefine qui de
foy n’a aucune corruption, mais de vapeurs
acres, acides ôc malignes, ou pluftoft de fiu
/ mees & exhalaifôs vitriolées& yeneneufes
qui s’y font efleuees en grande abondance,
Car telles exhalations de qualité maligne;
troublent, obfcurciflent & par leur acidité
çftreignent & oppriment tellement le cera
- peau que par ce moy en la puiftance d’expi-;
per & refpirer, fans laquelle î-efprit'animai
ne peut aller du cerueau au cœur, ny le vital
du cœur au ceruèau,s’aneantit prefquetou-
te, le cours de fon air eftant empefehé: d’oà
vient que la malade t o mb ê comme demie
morte & prefque du tour efteinte.. Mais
quand les plus fenfibles nerfs & meniâé
ges du cerueau fe. fentent aiguillonnés*
poincts, 8c rudemétattaiilcftsde vapeurs'a^
presj malignes &^irulentesi il aduieiit que
le cerueau attaqué inopinément & comme
Êarttahifon divin aftaut impétueux, ou bien
L.Pacuké, animale bataille &. combat auec
la.è-aufe efficiente du mal comme auec fon
tingiü* Pnnemy capital;* & par ce moy en fe referre
de l'accès çii foy-meimé.3& fembie recourir àfesar?
fytUpti. nies pour fe-préferuer dpPbffenfe qu’elid^
peut • recevoir -de la matière tant'bbftruéfck
Se qiie; cdrtofiue.. De-là p’rouiennent les
||>a £mes &'mouuemens conuulfifs ,tantqf|
BV C r. R V F, A v-. 9
déplus grade,tantoft de moindre duree, fé¬
lon que la matière halicueufe eft plus ou
moins abondante: tantoft plus violenstan-
ioft plus modérés, félon que la qualité défi- ga , fî
dites exhalaifons eft plus ou moins acre & deL’fjio^
virulente. L’eftomach endure prefque mef- ma*.
me mouuement es fanglots, quâd il eft ron¬
gé ou picqué d'acre exhalaifon ou gafté par
Viande corrompue & d’eftrange qualité,èu
eft greué par exccs de boire ôc de manger
comme eferit Galien.
Et telles font les caufes internes & prin¬
cipales , aufquëlles nous auons rapporte
cefte maladie en noftre Confultation , füi-
üant le commun acquis de noftre fameux
Principal & Supérieur D. Car quant aux Caafe<
externes , à fçauoir la peur,de laquelle fait êxttmts.
mention l’êfcrit qu’on nous a enuoyé.Senv- '
blabîeipent pour le regard du mauuais rc-^
giniede.viure que tiennent ordinairement
les filles de telles couleurs pâlies , nous les
paftbns fous/ilence , attendu qu’on n’en
,^doit tirer: aucunes j indications curatiues:
•tfeu auffi qu’elles ftefloignent du fuj et, & ne
w-y attachent finon en tant qu’vne partie
-descaufes antécédentes, a peu quelques-
-fois prouenir d’icelles: Iaçoit qu’entre au-
*res. caufesda /terreur peut efmouuoir & .
îboubler grandement les efprits,& par con-
dhqüenr rendre le cerneau enclin à tels pa-
roxyfmes, qui neantmoins fe^refoudenc
? Commepar exemple la peur fém
10 DES MALADILS
fuit au fil toftque l’efperanceeft remifech
fon entier. ,
Voicy donc ; ce qu’apres vne diligente
méditation & foigneux examen, nous iu-,
geons&rdifons, tant de la nature du mal &
de fes caufes, que des membres indifpofez :
D’ôù nous prendrons en general deuxindi-
cations curatiués , l’vne defqifèlles aura
pour but le feminaire & la racine de la ma¬
ladie: mais l’autre vifera auxeffeds& pa¬
roxysmes qui en prouiennent.
Mais auant que d’entreprendre ces in¬
tentions curatiués , il nous faut difcourir &
parler de l’éffence , r efidence , caufes & gé-
neratiènd’vne fi grande, fi occulte. & tant '
horrible maladie,iuiuant l’opinion des Me-
decins,tântDogmatiques qu’Hermetiques,
afin d’accomplir noftre promeffe. En apres
ce mal fi terrible que tous les Médecins
-n’eftiment pas qu’on le puifie traittèr &
guarir en vingt-cinq ans , nous contraindra
de quitter le grand chemin 8c la voye tri—
uiale ,v pour fuiure vn certain autr^fèqtier
efpineux, fcabreux, & plein de circuits ex-
trauagans , par lequel nous pourrions bien
-aborder& paruenir plus tard où nous pré¬
tendons, mais auec plus de feureté qu’au¬
tre ment : C’eft à dire qu’il nous faudra ne-
ceflairement examiner & confiderer de
bien prés toutes les difputes & refolutions,
tant des Médecins Dogmatiques que des
Philofophes Hermétiques , touchant la na*
T> V CER7EA7. tf
ture de la partie mal difpofée, & les caufes
d’vne telle 8c fi grande maladie , afin que la
cure & les moyens d’y remedier nous foient
plus faciles à trouuer.
Or comme ainfî foit,quecefte maladie
eftprochainede plufieurs autres maux , fu- fi* a ^
jets à degenerer en icelle, ou au rebours , Il
fera fort conuenable à noftre propos d’en l'aueifi-
traitter par mefme moyen , veu principale- um.
ment que leur malignité eftfi grande qu’el¬
les ofent bien enuahir la plus forte place de
Phonie, 8c fa principale forterefle,à fçauoijr
le cerueau,fiege de laraifô& de l’ame. Tel¬
lement que par leur furprinfe ou aflaut non
preueu , elles font du tout abbatuës, & nos
fens tant intérieurs qu’exterieurs , comme
auffi les efprits defenfeurs de noftre vie, en
font deftruits , 8c prefque du tout amortis î
Dont f enfuit à l’inftant la ruine totale du
corps humain , &: vne mort fubite ^inopi¬
née. Ces maux voifinsdefquels nous vou¬
lons parler, outre l’Eplepfie qui eft le prin¬
cipal fuj et du traitté qü’auons entreprins
de faire, font les tournemens de. telles com¬
me auant-gardes des autres , les apoplexies
&: paralyfies comme arriegardes : Lefquels
d’vn aflaut impétueux attaquent le cerueau
fiege de tous les fens , delà raifon 8c de l’en¬
tendement humain, ainfî qu’il a efté dit cy
deuant.
Mais pour rapporter diftin&ement les
opinions des Médecins , de l’vnc & l’autre
££ DES MALADIES
Bfchole : Il faut premièrement examiner»
celles des dogmatiques touchant la nature,
les différences & caufesde telles maladies;
. Or nous commencerons par l^Epilepfie ,
icelle nous ayant donné occafio ri d’entre¬
prendre ce traitté,& parlerons de fa natur e,
qualité grandeur & cruauté , à raifon def-
quelles ch&fês elle areceudiuersnoms.
TETRADE DES
PLVS GRIEVES MAL A-
DI ES DE TOVT LE CERVEAV.
or,
TRAITTE' DE L’EPILEPSIE,
Vertige, Apoplexie, & Paralyfie,
eompofé des veilles , obferuations &c
pratique des plus fçauans& experts
Médecins , tant Dogmatiques que
Hermétiques.
Chapitre ï.
Opinion des Dogmatiques touchant l’Epileppe9
fes différences 9cdufes gr fignes»
ES Fhilofophes & Médecins^
confiderans la rigueur gran¬
deur de cefte fafeheufe maladie, D'iutfs
luy ont impofé diuers noms. Les noms fe
Grecs l’ont prefque tous appellée du mot VEfile-
commun à’EpiïepJte , à raifon qu’elle en-
nahit tellement le cerueau&: les membres
*4 DES MALADIES
qui en dépendent , que leurs fondions ea
font du tout empefchées , & principale¬
ment celles du cerueau, lequel en cefte ma¬
ladie femble èftre defpouillé ôç priué de
tout mouuement & fentimét. Elle elbnom-
mée des Latins- Comitilale , d autant que ce
mal auoit accouftumé de faifir ceux qui y
eftoient fubie&s, es alfemblees publiques
dites Comitia, en confédération dequoy on
les remettoit à vn autre iour.Pline l’appelle
fornique, Cœlius lunatique, Apulée diuine,
jjlppotr, Hippocrate & Trallian facrée , Àriffcote
limt* d» probl. i. fed. 30. l’accom'pare à Hercules
malfdtri. luy donnant auffi le tiltre d’inuincible. Car
Trallian on tient qUe Hercules eftoit melancholi-
- que, & pourtant les Anciens ont ils appellé
, la maladie comitiale facrée & Herculienne,
mais Galien liu. 6. de l’Epidimie veut qu’on
l’ait qualifiée du tiltre de facrée & Hercu-
lienne, pour ce qu’elle eft fort grande & in-,
curable,comme qui diroit plus difficile à ex¬
tirper que n’eftoit la malle de Hercules à
extorquer de fes mains. Aretée liurendes
caufes & lignes des longues maladies chap.
4» efcrit ce qui s’ejifuit touchant ce mon-
ftrueux & terrible genre dé maladie. Son
imtafîon eft certes piteufe & fa fin hideufe a veoir,
comme ainft fait qu'elle fe termine pefr pente, urine
& lafihement devenue naturel. V origine dudit
mal eft aufii merueilleux & furpajfi F opinion des
hommes : Car aucuns l'efiiment efire enuoyeede
la Litne aux hommes me/chans * a raifort de quop
nr Gervïav. r 1$
ils l'appellent mal [acre: mais cenomluy a ejle im¬
posé pour antres confderations a fçauoir d’autant
quelle est grande (la coufîume eftant d' appt lier
[acre tout ce qui a grandeur ) oupour ce quil ne fi
pojjiblea homme de l’ofier mais feulement a Dieu,
cud caufe quen tel eflat l'homme femblc eFlre pofi
fedé du Diable y ou bien elle a efté ainfi nommée
four toutes ces conjideratious enfemble. St non fans
bonne raifin veu quilproîlerne fifottdain 1 hom¬
me trefpuijfant Roy de tous les animaux, par le¬
quel toutes chojes deuroient tfire domptées or le
defchirefecoueytourmente çfr dejromp d'vn e façon
Ji horrible que les afsislans &fpellateurs enfint
frappez, de grande fraieur. Dont on peut conclure
quen icelle gi&Jècretement quelque chofe de facré
& dutin par quoy nos efprits font abbatus.
Gr afin qu’on fçache l’eflence & nature Défini
de cefte maladie,tous la definiflent vne con- tin de
imffion generale de toutes les parties à\xv^ltie^
corps, non perpétuelle- comme és roidifie- ***•
mens de col, mais qui arriue parinterualle
de temps, &: ceauec perte de fentiment 8c
deprauation de mouuement, ainfî que croit
Galien au 3„des parties malades, chap. y.
On la diuife en plufieurs efpeces qui Sestif-
prennent leurs différences principalement f*rtmUo
du lieu ou gift le mal & de fa grandeur. A
raifon de laquelle elle eft tantoft plus gric-
ue tantoft plus modérée. Mais au regard de
la partie malade, elle eft de trois fortes, la
première defquelles prouient de l’jdiopa-
thie eu propre indifpofition du cerueau: le*
l6 DÈS MALADIES
deux Autres font fympathiques. Car pte£,
que toutes les maladies 6c pareillement
FEpilepfie fe font par idiopathie & fympa-*
thie. L’idiopathie aduient en deux manie-*
r es ou par protopathie,c’éâ à dire, xpiand la
caufe de la maladie s’eftengeiidreé en la
partie'ià malade, ou bien parintroduétion
de la mefme caufe prouenant de chofes ex¬
ternes, corne de quelque excès ou d'air te-
petueux fufcité,foit par mauuaifes vapeurs,
foit par fumees pernicieufes au cerueau,
telles que fé.niblent eftre celle de cornes,
- le parfum de bitume 6c de la pierre precieu-
fe dite Agathe, Elle arriue aufti par deute-
ropathie c’eft a dire par indifpofition mc-
, diate,à fçauoir quand le cerueau eft troublé
& vexé par la mauuaife difpofition d'vne
autre partie d’où la caufe du mal fe tranfV
porte en iceluy, la première racine &fémi-
naire demeurant toutesfois en mefme lieu:
ce qu’on dit aduenir par metaptofe , la-.
" quelle eft de deux fortes félon les dogmati¬
ques: l’vne critique & toufiours Salutaire
aumalade,appelleedes Grecs a^^'J’autre
fy.mptomatique nommée metaftale, qui eft
toujours pernicieuse au patient.
Quant à l’Epilepfie fympathique elle s’en»
gendre en deux façons,l’vnequi eft prefque
toufiours mortelle,pàr Epigenefe, laquelle
quand la caufe efficiente du mal fé trans¬
porte par les veines, arteres 8c nerfs dudit
premier feminaire dont elle prend fa four*
ce.
: - D V CERVÉAT 17
èe & qui ne laide de fublifter au cerneau,
jL’autre aduient ordinairement par limple
communication qui conlifte en genre fem-
blable, communauté d’œuure 8c proximité
de vaiffeaux. Et voila, toutes les manières
d’Epilepfie fympathique 8c idiopathique.
De-là viennent les troi^ diuerfes Epile^plies
dont la plus dangereufe eft appellee de
Cœlius léthargique, la fécondé furprend
l’homme d’vne autre façon,la troifiefme eft
ineflée des deuxpremieres.Ou bien comme
veulent quelques vns,Cefte maladie idiopa¬
thique le nomme proprement Epilepùe :
mais lafympathique eft de deux fortes,Ivne
defquelles s’appelle analeplie qui prouient
de la mauuaife difpofition du ventricule. Et
l’autre Cataliplie caufée par le venin delà
matrice,ou des Hypochondres, ou de quel-
queautr e partie mal difpofée. Par les lignes
precedcns Uous auôns recognu 8c donné à
entendre que ladite Damoifelle eftoit affli¬
gée de celle derniere efpecé. M'aisii y a en-
corcs d’autres indices 8c terribles fympto-
mes qui ont prefque touliours accouftumé
d’accompagner celle horrible maladie def- **$$*£*
quels Aretée fait vne éxa&e defcription.
Or(dit ilj pendatVaffaut de cefte maladie } l'horm *****
gift perdus de [es ses , a les mains retirées par l’efte-
duè des nerfs , quat aux tabes elles font non feulcmei
èfiart tes y tuais aujft iettées & agitées ça & la* fin
col eft eourbéy fatefte tournée & torft diuerfiment9
sar aucwesfois elle fi courbe pe plu* ne moins
qu’vn arc,d jf avoir quad fes mâchoires touchent à
fa poiftnnepar fois elle fe renuerfefur les ejpaulesa
la maniéré de ceux qu'on lire violemment par Us
cheveux, fe mouvant tantofi vers l'vne tantofi vers
l’autre efpavle. Ainfi les pauures malades ouvrent
la bouche d'vn merveilleux baailkment, l'ont fei-
che, tirent la langue filon pue qu’elle efi en danger
9U de recevoir vnt grieueplaye, ou d’efire totale¬
ment couppèe, quelquefois leurs dens s'entrecho¬
quent par conuulfion, leurs y eux font renverfés, les
paupières s’ ouvrent avec frequente palpitation. j
Que s’ils veulent parfo is cligner les yeux , Us pau¬
pières ne fe ferment pas, mais on voit par oifire fous j
icelles U blanc des jeux, ils fe refrongnent comme
s’ils e fiaient provoqués À courroux, leur sioues fort
rouges tremblent > ils ferment quelquesfois leurs
leur es en pointe , par fois elle s' ejlargijfent , mais
obliquement , a feaueir quand elles s’ efiendent en¬
viron les dens a la femblance d’vn qui voudrait ri¬
re, Les Canaux du col s’ enflent ?tls perdent lapa-
rôle comme ceux qu'on efirangle, quoy que vous
les appclliez. a trefhaut cri, ils ri entendent point»
la voix d'ictux riefi que gemiffemens &foufpirs,
leur refpiration efi ftmblable a la fuffocation de
ceux qu’on efiranglent avec vne hard , Au com¬
mencement t agitation des arteres efivehemente»
fiudaine & courte, mais fur la fin elle efi grande,
tardive & languiffatne . T)’ avantage fils efeument
par la bouche ainfi qu’vne mer agitée de grande
tempe fie, a feauoir quand ils reviennent d leur bon
fes drfe releuéuAu furplus incontinét que la mala «
dit fies a quittés 3 ils Je fentes avoir les mébrts deki~
i)V CERYEÀV; ï?
les, le cerneau peftnt , eftans aujJUafihes, Idnguif-
fans, patte s , & éfionnez, ils font triées & honteux
d’auoir cfté faifïs d’vne telle maladie.
Les médecins diuifent les -caufes d’vne fi Ceupesit
grande & horrible maladie en externes ou lfe&fs
primitiues,&internes3à fçauoir anteçeden^ J^euse
tes & coniôintes. Ce mal s’engendre le plus f9ïtei.
foùuét d’aliment corrompu félon l’opinicn
de Galien Aphorif. a. comment. 4ji &râu_f,
des parties malades chap. 6. 8c ailleurs il
efcrit ces propos : New auons il y a iÀ long¬
temps veu quelques vns attaintts & faijis de son -
mlfion comitiale pour la mamaife difpofition de
leur efiomac : ayans ou mal digéré la viande
on prias beaucoup de vin trop pur , ou se-
fans outre mefure addonnez. au plaiftr vé¬
nérien. Aüincenne eft de mefme opinion au L,s ***
i. 8c,z. traitté. Les caufes (dit il) qui excitent uirM*
l’Epilepfic font [ouuentes fois aidées & fécondées par
caufes extrinfeques*- telles que f ont l'vfage immo¬
déré ou l'excès du manger & du boire , la rep letton
caufant T appétit de vomir-* la longue demeure an
Soleil > r incontinence , f exercice prins fur la rr-
pletiont & ce qui débilité le cœur par crainte. L e
perfum de bitume, d’Agathe, de corne de jget;ds
cerf,Vodeur du foye rofty d’vn cheureau3le- tetr- v
die foye quand on Iemange,& plufîeurs au- A»"®- *•' -
très chofes dôc Aëtiusfait métiô,font mifes
en mefme rang que iefdites caufes externes.
En outre, les Dogmatiques n’ont pas via Les *»
mefme fentiment des caufes internes, ny
touchant la maniéré de la génération dudit
B ij ■ ; '
1
l'O L & S M A t AD ÉI £
. mal. Car aucuns eftiment qu ii prêtaient
Aijferen- d’vne humeur cralfe laquelle eft prefque
«ma», toufiours froide & obftru&iue, Les Mede-
*b*nt cins experts allèguent beaucoup de chofes
fj Zj>tUj>' au contraire rapportans celle maladie à vne
**e- caufe pluftoft fpirituelle que corporelle*
pluftoft fubtile que cralfe.Car la fubtile ge«
neration & refolution d’icelle maladie3tef-
moignent que la matière eft fubtile & en
petite quantité: eftant impoffible que cela
, aduienne par efpaifleur de matière. Cal 4
toutes cliofes efpailfes femeuuétaùec diffi- ;
culte félon le commun iugcment de tous . f
lesMedecins3maisGalien qui tiét la premie-
. re opinion , fie fert du mefme argumét pour
confirmer fa creance par laquelle il attri¬
bue ledit mal àl’eîpaifteur3c’eftau3.des par- J
ties malades,, quand il dit , Il eft ettidentqut
cefte maladie ne procédé point d'aridité &vacna~
lion mais dû vne humeur toufiours craffe , par ce
qu’elle s’engendre & refont Juhitement. Car il eft
. Certain que ia foudaine obftruction des
pallages ne prouient finon ? d’vne «hu¬
meur cralfe &vifqueufie3 les Médecins ont
- prefque tous mefme opinion, s’eftâns per-
füadez que celle maladie a pour caufe vne
humeur craffe &gluante, Hippocrate l’en-
Gal i ie ^g^ant ainlï au liure d e la maladie' fiâcSrée;
U metbo. eomme aulli Galien en plufieurs endroits?
thap. x. 8c Paul liure 3. chap. 13. Qui plus eft le
liure z. mefme Galien au quatriefme des parties
ma^es P^knt ijç lalethargie, apoplexie
‘D'V CERVEAU.’ tï
êz Epilepfie, dit que la froidure & vne humeur
ejpaijfe ou toute vtfejueufe, font eaufes de ces mit 7.je u
maladies : Semblablement au i, Aphorif. hile noire
chap. 45. il efcrit ees paroles. Car la rada- chaP- ^ t
die Comitiale efr aucunement voifine de celle
appelle Apoplexie t veu quvne mefme partie çhap.i.
jèuffre en Ivne & vautre , & que toutes deux ont ’
pourcaufe vne mefme humeur. Il elle eft auffi I o-
pinion de plufieurs modernes , & iceux
grands perfpnnages. Mais la fubite refolur*
tion 8c prompte génération d’icelle mala-
die,renuerfent cefte pithanoiogie. A raifon
dequoyplufieurs autres Dogmatiques fort
célébrés , fùiuent l'opinion contraire, ainft
que nous auons dit cy deftus. Quant à moy
certes ie foufcry volontiers à leur opinion:
pour laquelle confirmer, & adioufter quel¬
que chofe aux raifons d’iceux, en attendant
que nous déclarions incontinent plus au
long, & plus clairement noftre creance, à
fçauoir quand nous produirons amplement
ce qu’en croient auffi les Hermétiques. Refatatlp
Nous demanderons finalement icy vne detopinii
feule chofe, à ceux qui mettent la çaufe de trrenee.
l'Epilepfie en vne matière craife & corpo¬
relle , dont s’engendre auffi l’Apoplexie,
comme ils fouftiennent : Indui&s &
perfuadez par cefte groffiérë opinion de
Galien , que cefte maladie pjouient tôuf-
jqurs d’vne humeur crafte , à raifon qifeile Lacaufc
s’engendre & refout fubitement: Nous léur Ve l'Epi*
ferons (dije) cefte demande. Si l’efpeffèur tyfiî
B îij
I
21 DES MALA D TES.
de la matière, &robftru&ionfoudaineelî:
^^.neeelïàfire pour fubitement engendrer &
tmecraf refoudre l’Epifepfie, comme ils veulent,
(e. d’où vient que f Apoplexie ne finit auffi
fouda.in quelle a commencé, eftant notoire
que Ton afiaut eft précipité, mais quelle ne
celle pas en fi peu de temps , 6c qu’ elle ne fe
termine linon auec difficulté , où apres vn
long-temps, voire fouuentefois par la rfiort
mefine. Car fi des humeurs cralîes, pituites
çrielles* contribuent- à- lagene-. -J
ration de l’Epilepfie y Pourquoy la gour-
mandife^lv £age imrnod eré du vin excellent j
6c halitueux, lincôtinence 6c coït trop fre- i-
quent, la peur 6c terreur, les exhalaifonsôc
vapeurs de certaines chofes fiifilites, appré¬
hendées par les narines & flairées, font el¬
les mifes au nombre des cailles externes
qu'ils approuuent 6ç recoiuent | Çes caufes
çonfiftent elles Suffi envne matière çralïe, à
ce , iepi’ejlies , puifient,. . engendrer lobftru-
étion qui caufe la maladie? Maisaucon-
' traire , >le . boire ’6c le manger font contenus
Aans^’efiomac pn leur matière erpaifie,
rien -ne s’en tranfporte au cerneau , linon
des jexhalaifons 6c vapeurs fiibtiles. Le
mefme le peut auffi dire des mauuaifes
v -pfie^rs, qu’on perçoit feulement parleurs
.exhalations, 6c par ce moyen fufeitent la
maladie, non par leur matière cr alle. Quant
. jîtjux paufes in ternes j aflauoir les anteceden-
. * tes &rcoffioin<ies: Nous, auo ns j à allez de-
DV CERVEAV. *5
monftré en l’Epilepfie dont i’ay parlé cy de-
uant, qu’elle eft pluftoft fympathique que
idioparilique. Ge qui eftant ainfi, faut il L*
que.fa caufe efficiente prouenant de l’indil- l'EP* ~
pofition.du ventricule, ou de la matrice, ou
bien de quelque autre membre inferieur"
monte aucerueaupour y exciter la maladie?
Que fi ladite caufe eft efpaiffe, comment s’y
pourra elle efleuer, fi ce n’eft par fubtiles
vapeurs & exhalaiforis, veu que le propre
d’vne matière crafle & corporelle, eft piuf-
toft de defcendre que de monter ? Qui exa¬
minera deuëment & entendra bien Galien
mefme, trouuera qu’il parle Comme nous
;en plufieurs lieux. Pour exemple, au 5. des
parties malades chap.y, efcriuant dePEpi-
lepfie naiflant de i’eftomac, il met en auant
l’exemple d’vn Grammairien qui deüenoit
Epileptique toutes & qualités fois qu’il
dogmatizoit , meditoit , & fe mettoit en
cholerciraais telles nialadies.d’efprit fe peu¬
vent elles attribuer à vne humeur crafle &
pefantc, qui tend naturellement en bas? .A
mefme fin peut-on femblablement alléguer
vn autre pafiage de Galien, où il produit
l’exemple A’ vn certain -garçon ,: lequel ap-
perçeuoit fenliblement monter peu à peu
de faiambe à faxuiflè, àrdeia çuifle à la hâ-
. che, puis au cqI, & finaleinenp. ep fiqn cer-
ueau vnè vapeur qui l’alîbupilToit il profon¬
dément, qu’itne pouuoit pas mefme fentir»
M efiiçndre. il, y a encpres^jexemple dqÿ
. 1 ^ iij
5,4 DES MALADIES
morfure d’vri fcorpion, combien toutcsfoîs
que Aetius a obferué, & annoté cpie ceftë
efpece d’Epilepfie aduenoitpeufomieht. >'
Mais oyons Aretée proférant cés paroles,
touchant Faccez Epileptique. Il furuient
( dit il )'a quelques •uns, commette eant par tous lèi
nerfsofloignez du cerneau qui attirent le chef forts
la puijfance & obsyjjànce du mal. Pourtant les
plus grands doigts des pieds &des mains fe retirent
ils y dont s enfument la douleur , T eftorin entent t &
tremblement, qui ajfaillent aujfi le chef quand le
mal s'yefhantgliffePa enuahy. Dabohdantpar ci
tnefme moyen fèfait vn fin efilaitant , comme s'ils
cfioient frappez auec bois ou pierre, & apres quils
fi font retenez de terre, ils tiennent des propos tels
que fi on les auoit batusà limpourucu.Votla certes
comment font trompez ceux que cettemnladie co -
nienee kfurprendre Quant a ceux aufqusls elle efi
familière & ; ordinaire y incontinent que leur
doigt, ou quelque autre partie en ejl premièrement
affaillieyilS appellent kùurficours, ceux qui font
prefens & proches deux , & par expérience pre-
mfent tefiat mifirable ou ils tomberont , prians
aüjp qu'on contraigne \ redrejfe & addrèjfe les
membres doit le mal prendfa four ce: , & qui plus
é&, eux itièfmes tiiôeiit ffi retirent leuïsmembrec
indifpofez , çorntpe i ils en de&ournoient la mada à
die. £ t s'aidant dinjî eux mefmes dis note ont au a
cunesfaisjàninea cpgnotBm drf ait entendre leur
dite maladie. '
:: Ce .peu de ;raifons fuffirâ pour monftrér
Uûéc comBren^ràndc abfuréit éôri' f'àr p p or*
pv cerveav. t M
te la caufe de l’Epileplie a vne matière cra 1-
te 8c pituiteufe:Et cobien elle eft differente
8c euoignce de celle qui engendre £Apo-
plexie, quoy que Fopinioi} de Galien loiç
contraire.
Ch a p. 1 1.
Quelles font les caufes du 1/erùge ou tour -
nément de tefie, félon Topinion des mefmss
Dogmatiques.
Mais afin que la vérité de noftre pro¬
pos foit plus euidente, qui oferà diré
que les tournemés de tefte, appeliez des an¬
ciens petites Epilepfies, naiffent de telles
humeurs craffes , pituiteufes &: froides?
Si nous regardons aux caufes externes Caufes
qui les fufcitét, elles feront trouuées pref-
que femblables à celles que nous auons dit ge. ' '
pouuoir contribuer à la génération de l’E-
pilepfie } telles que font la gourmandife,
l’yurongnerie 8c autres chofes femblables,
qui font monter des vapeurs &' fumées au
cerueau. Cela adulent , di6b .Galien (parlant GatyJes
des premières caufes du vertige) principale- f^olaJes
ment apres quon a le cerueauefchauffe.foit de la ch*p.%,
chaleur du folcil, foit d'ailleurs), ou bien remply de y
quelque exhalaifon chaude & vaporeufe , 8c
.Aetius a mefme fentiment. Ceux (dit il J dont
' (es exsremcs ordinaires [ont retenus & empcfchcz?
■
ï6 - T > Ê S MALADIES
umhentfacilewent en ceïle maladie : laquelle cft
attffi çausée par cruditez, ardeurs continuelles &
yurongneries. Le mefme authcur, au cditfe
jnencement du 7. chap. du mefme îiure, ef-
crit'&rapported‘,Archigenes^:Pbffiijio-
nius ces paroles , par vapeurs chaudes & acres
qui ont monté au cerneau^ y abiatent ielprit ;f
animal , (ont premièrement caujez quelques ef-
blouijjemens & sbupiditez. ' '
Toutes ces raifons deuëment examinées,
on trouuera que tels vertiges procèdent
des feules vapeurs, qui fe. font efleuées aü
ceruèaù. ‘
Zi s an- Quant aux caufes antécédentes, & cou- -M
tecedentes ioihëtes de cefte maladie,voicy ce que Ga-
^îphorif lien efcxit des antecedentes : Le vertige (dit
3 cornai O^pro nient d vne hnmtur ejrneue dans le corps
d'vn ejpritgrojjier. Le mefme Galien Aphorif.
y. comment. ji. parlant de 1 a çauie çpnioin-
éfce : .Les, vertiges f dit-il) (uruiennent à caufc '
dvn efprit vaporeux qui s'ejmeut ès parties ,c$M (
cerneau d'vn moimernent depraué, Touchant
' les vertiges fÿmpathiques , & leurs caufes
fe qui s’engendrent parLaeorrefpondance des J
parties inferieures, ledit. Gai iêp en diucts \fe
■ Iieux,faifant mention d’icelles, les rapporte
toutes à des fumées, vapeurs,SC:fubtifes'ex~
halaifons. Cequ'on peutrepiarquer en fon
commentaire 3fe fur le 3. liur evlcs Aphprif-
>rnes, 8c au 3^ des parties malades chap ^
'Anime»- X)e • mefriie «^iniqg. , ont g£fcé Auinceriné,
"tthé f * ^r^a^us ^ autres , és eferits defquels pp
BV CERVEAV. IJ
verra que toutes les caufes des tour nemens
de telle, fe doiuent pluftoft rapporter à des apb*rifi.
fumées halitueufes, vaporeufes & pleines cor». 3.
d'efprits, qu'à des humeurs cralFes & pitui-
teufes,foit qu'icelles vapeurs halitueufes &
fuligineufes refident au cerueau , ou bien
qu'elles s’y foiét trafportéesd’ailleuts.Car
quand vne fumée puante 8c fuligineufeviét
à monter par les veines art er es, és membra¬
nes ou tayes qui contiennent 8c couurent
la eeruelle, l’efprit animal y engendre des
flatuohtez vaçoreufes, dont il efl entière¬
ment opprimé 8c fuffoqüé. Que fi elle efl:
contrainte de fe retirer és nerfs optiques,
elle y füfcite des tournoy emens & vertiges.
Par ainfiPEpilepfiefexloitauflï attribuer à
telles 8c mefmes caufes : veu que Galien
mefme auliu. appellé IntroduElionoule Mé¬
decin, a efcrit que les esblomlfemens 8c ver¬
tiges font maladies prochaines dumalca-
- duque, qui prouiehnent de mefmes caufes,
& font leur refidenjçe en mefme lieu, àfça-
uoir au cerueau. Cela eflant ainfi,il s'enfuit
quel'Epilepfie &: l'Apoplexie n’ont pas vne
mefme caufe. Ce que Galien a toutesfois fie&
fouftenu au lieu fuf-allegué , comme ainfl fApapltl
foit que félon la commune opiniomdu *te»ont
mefme Galien 8c prefque de tous Mede-
cins, l’Apoplexie prédfon origine d’vne pi-
tuite froide, vifqueüfe, efpailfe, ou bien de G*l aph l
melancholie, veu auffi que nous auons fuf- «.»»*.
fifamment demonftré , que les racines des PauUi"‘
*§ JD E S MALADIE
tournemens de telle qjirfont petites Epi-
leplies,ont vne nature bien differente.Mais
puifque nous Tommes reuenus à parler de
l’Apoplexie, qui au iugement de Galien a-
uoiline de bien prés T Epilepfie , ainli que
nous auons dit cy deuant, Toit au re¬
gard de Ton liege , *ou des Tes caufes, ainli
qu’en. effeCt nous voyons beaucoup d’Epi-
leptiques tomber en Apoplexie,& récipro¬
quement plusieurs Apoplectiques élire
fouuet aflaillis d’Epilepfie, &compliçation
de maux , dont s’enfuiuent ordinairement
la mort , Il nous faut particulièrement, &c
exactement confîderer la nature, le liege &
les caufes^d’vnefi horrible maladie. Gom¬
me ainli foit que nous voyons la principale .
fbrtereffe de l’homme, à fcauoir le cerueau,
en eftre attaquée & enuahie non moins vi-
uement , ains plus cruellement & rude-
mét que de i’Êpileplie: attedu qu’en vn mo¬
ment tous les fens viennent à défaillir, &
fouuentesfois la mort à fuceeder :oupour
le moins la maladie fe change en vne refo-
lution,& comme en vn amortiffement de la
moitié de noftre corps, ou mefme de toutes
Tes parties.
Celle exaCte perquifition & examen
qu’auons entreprins de faire, touchant vne
t£jle maladie, nous fera par aduenture voir
jilüs clairement ce qu’il y a d’occulte & ca¬
ché és eau Tes de lEpilepfie, & par ce moyen
nous pourrons apporter vn plus fondain ôc
B V CERVEAV. . 2.9
leur femede à ces deux maladies les plus
grièues, & plus horribles de toutes. -
C h a p. il L
DefinitiQnjdufc s^differences & jignesdel’A -
poplexie3felon F opinion des Dogmatiques,
Ce s t e maladie eft appellée des Latins Etygnîo-*
fideration & eftônnement , mais les giedant*
Grecs l’ont nommée Apoplexie , d’autant
que ceux qui en font détenus, femblent a-
tioir efté touchez 8c frappez du Ciel , ou
bien à raifon qu’ils' tombent fubitement, Cœlim
comme d’vn coup &batture mortelle, ie litt- x ^s
diray en peu de paroles quel fentiment les mfUaiSi
Dogmatiques ont de fa nature, différence,
refidence &caufes. L’apoplexie n’eft autre Defaitii/
chofe qu’vne foudaine priuationde moi £- del’apo-
uement & de fentiment, 8c par confequent ftlex,e-
de toutes les facultez animales. Ainfilano- n^af-
ment Galien,Paul, Aëtius, Àuincenne,Cel-
fe,&prefquetous'lesMedecins,tantanciës 10.2.
que modernes,exprimans par tel nom la na- -ApUri
turé d’icelle. Or ceux aufquels furuiennent ,
cefte maladie, tombent par fois foudaine-
met fans qu’aucuns lignes, ou autres indices tés.cdjh
ayent précédé : Et comme s’ils auoient efté li». 3 chap
^foudroyez, gifent tellement efperdus & *7»
priués de mouuement, fens & entendemét,
ce quelquefois auec beaucoup de fiente»
30 DÉS MALADIES
qu’eftans appeliez, ils ne refpondent, voire
ne Tentent point, qtioy qu’on les tire parles
cheueux, ou qu’on lespjque d’vn aiguillon.
C’eft pourquoy on dit q*c cefte Apoplexie
eft la plus grieue & aétuelle des quatre for-
î*jt**i' tes e%ue^es on la diuife. Il efchet aucune-
‘ fois que quelques lignes font concurrence
&precedent,€ômme les pefaiïteurs & dou¬
leurs de tefte, les vertiges, efblouïïTemens,
deprauation de îugement & de toutes les
; facultez animales, tremblement de corps
vniuerfel, grincement de dens, y oix trem¬
blante & interrompue , vn profond fom-
meil & grande lafcheté , palpitation de
membres, & principalement de leures, ar-
reft des veines iugulaires, vne memeilleufe
& extrefme froidure d’extremitez ,1’vrine
? aul. lia. trouble, obfcure & pourprée, touchant
3.«om 18. quoy voyez Paul &Àuincenne,dans lequel
x j vous pourrez iemblablemeiit apprendre
traittéy. par quels lignes l’Apoplexie différé de la
léthargie, fuffocation de matrice,, lîncope,
exftafe melancholique , Epileplîe, bref de
pareils inaux voilîns de PApoplexie.
fitgtde Sçachans donc & nous eftant notoire
VAfoflt* par difcours precedent, que le cerueaa
m,t‘ mal difpofé eft le lieu où relide l’Apople¬
xie, laquelle deftruit entièrement la faculté
animale, ç’eft à dire qu’en tonte Apople^
xie, le fens &le mouuement fe perdent, 8c
que les autres fonctions animales y font du
tout abolies (defcription qui eft prime des
DV C E RVE A V. ' jf
feuls fymptomes ) Voyons maintenant
quelle eft celle indifpofition , qui par vii
âffaut fi foudain 8c inopiné,peut de foy pre¬
mièrement arrefter en vn inftant la diftri-
bution, cours, influence 8c pénétration de
l’efprit animal es nerfs deftinez au mouue-
ment & fentiment. Et par cemoyen,em-
pefcher toutes les plus belles fondions de
lame. Outre ce, il faut confiderer fi c’eft
vne inefme maladie que l’Epilepfie , tant au
regard de fon fiege,qu’à raifon de fes cau-
fes, comme eftimeGalieniou bien fi ce font
deux diuerfes maladies qui toutesfois s’en¬
tretiennent, ou font voifines entre elles.
S’il eft ainfi d’où, ie vous prie, naiftra la
différence qui fe trouue entrel’vne& l’au¬
tre maladie, n’y ayant en l’Epilepfie qu’vu
mouuement depraué, auec concuffion 8c
torture de membres, mais en T Apoplexie le
corps vniuerfel efiaiit priué de tout mou-
uement & fentiment ? Ioinéfc que l’Apople»
xie dégénéré , & fe termine fouûent en Pa-
ralyfie, ce qui n’arriue iamais à l’Epilepfie,
commeNtous les Grecs, 8c autres Médecins
fort célébrés fondez fut 1’experience ordi¬
nairement vnanimement confefle, horfinis
vnfeulAuincenne. ~ |
Pour refoudre cefte queftion con£or jnê-l-Dijfereaï
ment à l’opinion de plufieurs Dogmâtî-V* Ar¬
ques, ils eftiment qu’en l’Apoplexie ,Vob^0f>leic,f
ftruélion des ventricules 8c paflàges du cer- %^ie °5
neau eft parfaire, complétés ôc entier ëj
DES MALADIES
Parquoy le cours 8c flux de l’efprit animal
es nerfs, eft totalement arreflé, 8c le corps
par confequét deflitué de tout fens & mou-
tlement. Mais en î’Epilepfie , ils. croient
qu’il y a feulement quelque obftruéKon
laquelle ne comprend pas enfemble tousT
les ventricules du fccruéau , ains feulement
quelques vns, lefquèls ont bien la vertil
d’efteindre le fentiment, mais ne peuuent
.finon deprauer le mouuement, &ce pour la
idiuerflté des nerfs, dont aucuns feruent na¬
turellement à fentir, les autres à fe mou-
ti'oir. Et voilà la différence que mettent les
Dogmatiques entre ces deux maladies dé¬
plorables. Or fl nous reprenons 8c confî-
derons de prés noftre difcours precedent
touchant les caufes de l’Epilepfie , nous
trouuerôs que ce mal ne proüient pas tàt de
la quantité obftrudiue des humeurs ou va¬
peurs efpaifles} que d’vrie certaine qualité
maligne 8c venimeufe diredemeht contrai- .
re 8c pernicieufe au cerueau. Ce que nous
recognoiflons facilement parla morfure du
fcorpion qui caufe l’Epilepfîe, 8c par beau-
coup d’autres tefmoignages qu’on pourroit
icy alléguer : De' forte qu’on peut inferer
dé-là que l’Epilepfie corromp 8c galle d’a-
uantage toute la fu b fiance du cerueau;'
qu’elle ne trouble les fens, 8c partant qu’ê¬
tre ces deux maladies il y a bien autre diffé¬
rence qu’on ne dit. Ce qui fera clairement
expliqué, quand nous déduirons* l’opinio»
DV CEPvV | A V. 35 -
H es Hermétiques. Mais, pour retourner à _ ^
l’Apoplexie , & rechercher exactement les
çaùfes d’yne fi foudaihe priuation deféns p{<,W(S
& mouuement,, nous confirmerons noftre ApcpU
propos precedent, a fçauoir, 'que c’eft ce 8iq*ts.
qui empefche l’efprit animal de pafferçs
parties nerueufes, 8c en ofte la communica¬
tion a tous les membres: que Tindifpofî-
tion caufant vn tel empefchement, eft aulli
la feule /Çaufe & racine de tous lefdits fym>
pt ornes*, en confequence dequoy nous di¬
rons que c’eft rpbftruCtion de laquelle
nous auons jà fait mention , ou quelque
coarÇtation & referrement des conduits &:
ventricules du cerneau, parquoy iïeftemV
pefché de diftr'ibuer les efprits animaux au
coeur, ou d’en receuoir les elprits vitaux
quil réuoye puis apres aux parties nerueu¬
fes. Car file cerueau eft priué de lafacülté
Vitale à caufe de ?eftreciflemenî 8ç obftru-
.Ction des veines du col & des artères Caro¬
tides , alors iceiuy eftant comme amôrty,
enfeuely , ou remply de tenebres, n’a aucu¬
ne force pour ellargir Sc difperlcr fes ef-
prits animaux aux parties nerueufes, 8c
exercer fes fonctions par tout le corps. Car
il ne peut rien effectuer fans vie, c’eft à dire, „
eftant priué de l’efprit vital, par l’accès Au¬
quel il eft animé & réduit à l’exercice de fes
fonctions particulières, qui font energies
fécondés. Car fi la vie qu’il communique au
êérueaulüy manque , les fécondés èneréU?
Ç
34' pi s MAI ADI ES
défaillent auffi neceffairement, & font pria
uées de leür propre mouuemènt. Ce qu’dn
peut remarquer es fyncopes & fufroeations
de matrice, ou principalement le cœurcft
enuahy,non le cerneau. Car prefque toutes
les facultez du eerueau n’agifîènt 4cy, ne
plus né moins que fi elles eftoiét anéanties;
& les corps priuez de tout fensdc mouue-
ment, à peu prés comme en l’Apoplexie : à
icauoir, d’autant que le cœur efta'nt oppri -
.me , refpr-it vital defaut aaceruedu. Ainfi
les Afïyriens, félon que tefmoigne Alexan- -,
dreBenoiftliu.io.cliap.de rApoplcxic,font
tôbçr en maladie prefque femblable, ceux
dont ils veulent circoncire le prépuce, leur
fierrans. les. veines du col dcdu^golter, & par
Ge-tmeyén les rendam comme Apoplectfc- ?
' qués,:fansaueunmouuemenr,ny'fentiment .
pour leur ofter tout fenriment.de douleur’.
JÉufques icy nous auons fuffifainment parlé
de la caufe formelle de 1’ Apop:lexre,cerchôs
Caufes Sc voyons maintenant fi' nous pourrons
partie» trouuer les caufes particulieres.de l’obflxu-
f obtint J^*on coarctation fufdite. I celles caufes
tul»1*' :'C°.n6 ext ernes & internes, les externes font
Zttfx» vn excès de froidure eftreignant, referrants '
imtt» & comme congelant le cerneau, y ne chas-
. leur exeefiîue qui le liquéfié & difibut, vn
eftourdiflêméf de téfte, procédant de quel¬
que cheute ou coup, ôc telles autres caufes
externes qui excitent les internes. Car, afin
que netts,cejoinçnci9n$ par l’obflru&ion.
•BV C E RT E AT.‘
qui engendre pluftoiï 8c plus fouüuènt- 1-A-- ^g( -n -
poplexie, quedacoarcfcation 8c re-ferremétî tern(im
elle prouient, on des Humeurs contenues
es yaiffisaux du cerneau, à fçaüoir és veines
8c artères que praduifenr les iügulaires 8è
c.irotideSjC’efl: à dire afloupiflantesj d'u bierf (
des humeurs- difperfées hors lefdits vaille*
aux.- L’obftrucèion née des humeurs cor> te¬
nues, dans.l es vaïiTeaux'j fe forme efuïfttcf ils
font- rempHs.euitre mefûre, dViïe huMlèur
oix..râng.efpais.&melaneholiquë^dohhcer4
raines inflammations de cerueaû prennent Comml
leur origine comme veut Galien, telles qHie A(hor.
les phlegmons* qui és parties charnues s^cn- 4*. ».
flamment pat trop grande;qûanc«ré de lUng*
redondant hors les vaifleauxi-oü-yicroiflant
eh abondance. X^acdcfangefpandues veir-
tricules du cerneau, les. remplk,dontsïeh-
gen dre l’o b ftr uéiio n, qut p ri Ue le cor ps de
mouuemem&fcririmcnti-Quçll'èïlçft'fâir
[ dedans les ^Etéjcesyl’efppîf vital en- eft.giàl.
pefehéde monte r.âii:cerueau,fans:leqüêhle
cerneau ne petit continuer fes fondions 8c
asâjiensq, maishéft contraânârde les cdlFer
.quand ii-vienriâiluy defaiilir, ainE qü’ihia
^iléidkjcydelTus. - . : . , . n;: ..
; Telles. Tout lès paufes de ladite ©bftru-
1 <%iqn~ iLescaufesexternes delà ,co ar éfca^io a
ontn^Fiiïeorigine,maisle referrémerft des
arteres carotides , empefèhent fefpritvitai
démonter au cerneau quand il y a fuffoca-
rion. Toit qu’elle fe face auec les mains, ou
G ij
36 D £ S iM' ALABIE3
par le moyen dyne fe!ard,foit qu’elle pro-
uienne de quelque vapeur rempliiTant ces
pai'CieSi fiPiume il adUient ordinairement
en ja fulfocatiou de matrice , a d^autres caui
jfes-& raifcns quenous-difFerons à expliquer
en.vn.auî&eliéu. C oirac âinfî fiütqtPon les
doiue requérir de. P e fclioie Herme tique .
V q$&l ds@c îescaufeskntérnes &Panteee--
dénïfis4e Papoplex^dontPecerueatï-eiï af-
jquilbgnclmis les canaux & pâlla-
gesj4ii§êluyàproduifenr i mefrrre les caufes
^ çOftipinâres de là maladie.*. . '
- : : il y a; ênçorjés d^mr^:;cau£es internes plus-
i efloignées,. telles que ionida difpofttidn:&
inclination. nat^refie. à^cesmalj'foir acqui-
0s"Jpoit.. heru4irainesrr JGommei en ceux qui
ÿ&éiÇem qjilontia téfte greffe & ample, &
' f>àr edd'eqénc/fufceptibte de beaucoup plüs ;
de yâpeûriiqujéltfi ne peut cuire nydillïpei.%
Jbf %t auffi quelques ; çzaùæ externes qui
pMod&ifent, préparent; 6c difpofent les in¬
ternes à cernai, telle qu’eft la gouritiandife,
OÜiebQire&.m%erexceiEf,lVfagedeyian-
d4s-fjrprd.esidÇ vâporeufesl L^ncoht&éncêjla
nature Sc propriété des lieux^-climats*
comme suffi ladaifoni qui fcontiibüHbéau-
çoup â cela,.veü qaeiH^lïippoerkcêVV^'
telle maladie s’engendrcî^Ius fâbiPèmêirit
en byuer , rquesdurant Péïté. 'Et ïmôtt
temps, elle fe procrée fans nulle difficulté,
les Yiéiües^ens y eftaàsfat c&t&
BV CE R VE AV. _ ' 37
jne dit le mefme Hippocrate Aphorif. 5,1. du
ïf liurè des Aphorif. ëç au 6. Aphorif. 57. il
. efcrit , qu’elle s’entendre principalement
depuis, quarante: îuki ifà. foixante ans: D e-
quoy la raifon eft, qu’alors lés deuxpips ef-
pailfes de toutes humeurs abondét fur tout
an corps; Dont à caufe de leur commune
efpailfeur, naiifent les Ap o pi extës dr;(5o n-
uulflons, fuiuàntle dire de Galiefiaphorf
comment.
s
.î t.1 .m
gne que
toutes ièàtHalâd$ë§ _ „ , . . .
qiïtieft impoffible de guarir Mne forte Apoplexie^
& rfefipâf facile de remédie? d vne faible- &
tant fi^iWf fermine fôkiient en Pdrdtyfte. D'olt
fe pè&t 'colliger y 'efiïeW cÛh dé 'ctfe^aladie eft
ifop&rÉdèdi (fffî-drffiêjffîePqlpdp
'Ægnêid-ht'ces ur^ByYk^Addïd^ïnWdiine
Apèplêxiei n eftfîKàn rûremént cfrkbïdfÂiiïnd»
quelle rhénact dedpdrt prochaine. S’il efchet
qü>ë9ë^èMdlïéüJadiereidédes;^’ëfflejdüs
fbuu&m âuec la re|d!utioîl dujperdufion
dè-^ëelqhë nfeîhhir-ëîi Ckitë cufedôhc ri’elt
paà pâlfd^ëpâ^f^feifférf| e-e!H^Mn£e-
mènt d’yn mal vniberfei errrae maladie par»
ricqliê ré°3 -rd2> ht bF m6tis: tiôt
pareiilëinétdure^ëMuéthofê e^hâlla^ :
• h «moq'sutU 7‘nibns ahfiJiiînëmoîim.om j1-
-oTqoltfufh ^ sfhcL'ru
jftom^nHOffioHi anîM :;eâylsi ed ÿiïb msr. :
-i/rt-jd ah rtobisfrhq 33 ük dii1' :-rr*3-'
■ 5 ibmoni-lbï nv .i^iÊqshsmibqoiq; â < m fiez.
Cha^ IIII. ,
0« il eft pdvlé des éunfcr& différences de U
Pardlÿfie 5 & de fit convenance duec les
'vidutres MMadiesffujmnt £opwfnde),pog-
■' ‘ manques. . i — . :
rqueles' Grecs appellent paralyfië, eft
J^^^erpret éq 4^1 kàt|ns',i rejpJbtjô» d£s
■r,n~ “ nerfs. ■• •• • . --r -
' ‘Ai ùtt<sè. q pr çepte ~nkladie>: cçgMsaedit Âiiin’cen ne
duycbrf' £ ^^^d^çfccj^ti^^'Vvsie. propre., l’autre
id*fie' coimùupte. ( dit-il^ayyre fi-
-En. ,0.ef5j4ÿç|is^^j..e efi ifnelv ..
’ r? f r
Tardyfte pcllans parfaite, celle qui priue de fens &
*ftfo |qQ.uqîem|p,t, vne . ouf plufieurs- parties du
"cotP-s>1l’vn. ou Jautrq,,cofté, oiqquaftjd la
amor^ç^eguis ia^f iufqu^ux f^jfieds*
JVlais jl n y ^ priuqtiou qpgidufeul
fe’ÇftfeJc^^^éPVAappei-r
ÏÇAtng fxfff^rAhîS^àêfi^9^^iPS^
le mouxîement eftant aneânty fans perte de
fentiment, cefte maladie peut effare propre¬
ment dite Paralyfie. Mais file mouuement
demeure- en^er, mec priuati0n de fenti-
ment, à 'proprement parler, vn tel membre
DV C ERV ï AT. -
ne peut eftre nommé Paralytique &diftbut,
mais infenfible, oupriué defens.
Or comment eft poffible que le momie- Quefto,
ment défaille quelques Fois, fans perte de
fentiment: veu que tout ner f tant dur foit
il, eft participant d’attouchement fenfitif?
Galien refout tref-bien celle queftion, er- Solution^
criuant, que la nature departiftle fens 8c Gahë.
mouucnxent à certaines parties , comme
entre autres , aux yeux 8c à la langue
par diuers nerfs: les communique aux' au¬
tres, par vn me fine nerf.Cela eftant pèfé,on
entendra facilement , que quand lès feuis
nerfs du mouuement font endommagez, le
feul mouuement aufti vient à fe 'depraucr
fans aucune perte de fens, 8c au contraire. '■
Mais quand le mouuement .& fentiment - '
pro.uieb.ent de mefraes âerfs,on;nc compréd
pas tant aifément,ft l’vn d’iceux fe'peùtfâû- ' ^
îement efteindre, l’autre demeurant en fon
entier. N eantmoints,. comme ainfi foit que -
l’ expérience nous demonftre allez, que ce- o*”
la peut aduenir, 8c aduient fouuentesfoft: /
Il faut mettre en auant les raifons de ce dou¬
te 8c en defpefcher la folution. Noiis affer- Autre fh.
nions donc que le mouuement peut quel-
quesfois eftre aboly , fans perte-de-fetiti- *
^ ment, mais nullement le fens, fans prime- _
tion de mouuement. v
Car lî iaparàlylie n?eft tref-grieuç ,:eh-
tiere &;parfai&e; elfe peut bienempefeher
le mouuement , mais non le fentiment, à
; - ' C iij
49 E> ES MALADIES
caufe que le mouuemét a befoin d’vnc pîu§
grande quantité d ’efprits animaux, pour
- exercer fés allions. Mais le fentiment, com¬
me, cel’uy quipatit, &n’âgit point, n’ên re-
qUierépcas beaucoup. Que n la maladie eft
g ràh de , a ffe rm i e , & f or t enracinée au corps:
- alors on voit l’abolition de Tvn & de l’autre
> enfembic : l’efprit animal ne polluant efhre
departy eô telle & û petite quantité, qu’il
en faut pour efmouuoir le fens. llcft donc
certain, qu’en la paraly fie pàrfaiéte y tous
deux Çë: perdenr : Mais en f imparfaite ôç
jncomplette,iVn oül’autrepeut relier.
L’engourdillëment , appelle .des Grecs:
, ' elt vne maladie quia conue-
c<mue nâiice r aüec cefte paralyfie . incomplète ,
nanceg/ d’autâîir/qu’en icelle , le fens Scle mouue-
Jffirence mentnqe s’aùeahtiffent pas entièrement,
Vourdtffe- Itîafe fôntJengourdis èc hebetez. Cela veut
ment Galien 4. Jiuré, touchant les caulès dei
deUp*. fymptomes, quand il dit , au commence-
valjjîe. met que (i les nerfs deüiénent flupides,puis
< viennentà perdre tout Cens & mouuemcnt ,
on appelle cela paralyfie, ou dillblution de
nerfs, dont il appert que la paraly fie ne dif-
4 ' fererde rengourdifement, qu’au regard dé
fafeule’ grandeur, carceffc le prorome , ôc
. ^ ' auantp courreur delà paralyfie.
pèc/de ' Ü y à encores vne autre paralyfie, ainfi
faralyjîe. dite, par Catacbrefe ou abufiuement j la¬
quelle n’eft autre chofe qu?vne mollifîcatid
&imbecillité,fcominei quand quelqu’vn ne
‘ ' r Tj' ■ ’ • :
py CE'RY E A y. 4‘
peut dreflèr fa verge, nousle pouuons bien
nommer paralytique, non' pour aucun de¬
faut qui foit en l’ëfprit ou faculté, mais en
la partie fufceptible , de laquelle paralyfie
il n’eft icy queftioni non plus que de celle
qu’on appelle paralyfie , & qui aduient,
ou par coupure de nerfs, ou par luxation 8c
diflocation des vertèbres du col , ou bien
d’humeurs contenues aü-poulmon,dont
Hippocrate fait mention, feétioni. de l’Ë-
pidimie en ceftc femme- là quifut perclufe
de fa main droicte, 8c de;fa iambe gauche,
fans nulle alteration d’entendement, ily de
vifage, 8c ce par vne toux. - !
Celle e& da grande affinité 8c focieté,
qu’il y aentre telles maladies : principale¬
ment entre l’apoplexie 8c ' là paralyfie , à
ïçauoir, quand vne foibie apoplexie fc ter¬
mine en paralyfie: Voiîaaûffi Ce qu’onnom-
me propremènr paraplexieibù tout le corps
eft îaifî depuis le fommet de la telle • iuf-
qu’au bout despieds , ou feulement la moi¬
tié du cops,quralors eft dite hemiplexie,ou
hémiplégie , comme tefmoig'ne le mefmc
Galien pro. 3. comm. z6i Mais çelle-la eft
beaucoup pire que celle Oy'f laquelle dé¬
tient- vn feul des coïtez4, ou vne feule partie"
ducorps, comme vne ôreillë,lâ langue, vne
macho ire, vnerrïainjvnecuhîejVndespieds,
dont ii faut rechercher , & confiderer exa¬
ctement les caufes tant externes qif inter¬
nes, afin de fçauoit fi i’indifpofitionptouiét S
*2 DIS M Al A B I-'E’S/
\^u cefucau, ou bien de ï’èfpmedu d.osjd’ou
les nerfs preneur leur fource. Que fi iefdits
membres principaux font exempts de celle
niauuaife difpofirion ôc maladie. Il conuiét
s enquérir b la caufe ne gift point en qucic
que nerf particuliertque fi elle y refide, fau- c
•draveoir fi elle a (on fiege par tout fon efte-
. due, ou .bien en quelque partie qui foit, ou
jle commehcemeiit, ou le milieu . ou fextre-
■Ràgt rfiitdd’ieeluy .Or pour bié cofnécer lacure,
1} faut appliquer le reinede à la racine 8c
ÀMtob- fqm’ce du mal non ailleurs, car quand le .
ftrmr çcrueau, fontaine &;fource de l’efpritanf*
cs?t' mal, oü quand!5 efpine mo.uëlleufe , par la- ~ ;
. quéliè fortentsii^ s’efpàndehcau corps les
- nbrfr^edie^âîtî^ouueniejiti&fentiitient,
"quand (df^ejfceSî parties .font offenfées &
gafle.es, elles ont befoinde rmnede , non la
partie du]bute.iPour exèmpl c, file mouue-
,-menr .de quelque partie du vifage efl perdu,
. om cberchera la caufe & origine du mal és
premières yertebrer de l’qfpine , fi lefeul .
ifbptimént efl j^ftpint , le mal prouienr :du
trôifiefme accouplement des nerfs. Si la
ùnefme 'partfe.de laface eftdilToute auecla .
- moitié, du corps , foit dexrrei foit feneflre,
:ie lepriieau ^atira iembîablêment:, &iera
indïfpofé.par, la’mefmepartie. Si routes.lés
-i<5i jCQiniiiëRC;eiTjent .*• de l’éfpine fera : auffî -
:4è»3rt$>. P'jmsr ;nr: rdinru j'-yuotnpf?
DV Cerveav.' 45
Us' doit cercher en toute l’efpine, ains feu^ , .
lenaent errquelquepartie d’icelleycommefi
vne feule des cuilles eft ddlfoute, la caufe en ^aew*
fera rapportée feulement aux reins & non ttctuhe »
plus haut. Si l’efpinëeftindifpbfeêtouteà
trauer s, toutes .les parties du corps ; pat\rpti .
attendu que leurs nerfs en dépendent. Si el¬
le eft'' rrauailleé feuiëment ën partie, quei-
qü@^ëûtbië-dt£ corps en fecéura auflv de
1 ineommodi ré : Qui en voudra fçàuoir d’a-
uanrage, voie. Galien^ & fur muül’exemple
paçtiçulier , qu’il.appbi'tede.îVâufanias Sy¬
rie nft lequel s’èftarit, bielle i le, commen.ee-
nfëftt du dos par vne cheute, a.uoit. perdu
deux doigts en la main gauche. Or pour bié
& feurement comprendre . toutes, ces
ohofts, il eft neceflaire qu’on fçacheëxâ-
âjêMerft’ faire l'anatomm ou drft^étiph, afin ,
qü_e^&^ë%bÿènrqnjpxîHîebëf^ïf,^’du éf
pttqé^pf ocëdefit tthis les BérFsauec leurs
diftrlBiitiôhs :eaf ^pa&Bès., E>àïis le mefmc îes}nter.
AÜèfeeîfr, -fë peùuent auiîi veoirles câüfes
i^éMfes^ftfëxtitent ‘partictxBëïefnehf îël
pâîal5îfi¥i<%r^léspeut;fëpiMpSleffîen1:'cô^
gî^ifttë pSr^î^rdïfeom^J ^ftcredent ;què
^onli^èit^qbQ.charM’^opïéxie. C^fte Leux.
fidê nfiii^péroëe^^è ^uelffl%&ufeb^terneT *?«**?•
ctmnkfftê'fa^è’S^fegtfiféâd iiti?jçt,d?troD
g^*sftwa^,‘oSfifef^<æ:'aiàfe'î|trè£
âefrdq&i&M&m coup, oii
'sS35 :v; yêT. e î»li3iaàiia 3b£>i£f U
Qu il efï en feigne que Uhrdye anatomie des
maladies fe doit apprendre par U lumière de
- : Unature du grand Monde , (dont l'homme N
ejl image yy e fiant aufit demonfiré que les
f; plu fiettn maux ,
zl proviennent & prennent leur founë de
étd^rfes exh attifons :
le tom tonjhrmémenrû fpptmQn desHer-
J\ .d
*%. X a ï s.' j’py prcfcntpme.nt murpaurer,
JVX & fe plaindre de nous les Herméti¬
ques , à râ{fo i ■ s d edu fions
& foufteno^pM de ample¬
ment le par îatiques, .quant aia.
nature 3 dift eaufesulcs maladi£S
fufdires , les iaüfans de fi loing & fi long
temps en arriéré , Pour finalement les'
contefite-rV q^dUfoienr^d^eptis que-pay
propiis aflîgpé premjfr, .ftegré d3honr
. hèiyr.aux dogmatiques qomj^à-mes apr
çeftres , çç. Pefchole eLe£qqels4e ’fifis né,
<Sc dçpip i aÿjreççp nonla puifopce dekfeg*
le laiéb deïeurs mammelles , pay protefte
BV ÇERVEAV. . 4/
de iamais n'abandonner iè party d’Afcle-
pias, ains de demeurer toujours fon qour-
riffon, ne fuiuant autre dourine que celle
qui eft vrayement ancienne. Et combien
que i’adhere fcmbîablement aux opinions'
des Hermétiques ^ on ne doit pourtant
eftimcr que i’enfreigne & viole mon fer-
;ment:; Car le tout bien conftdere^on trou¬
vera qu'elles different de la fecte dés Dog¬
matiques , pluftôft aux paroles qu’au fens.
Alors cognoiftrez vous, ô Hermétiques,
que ie fuisamateur de voftre bien* quand
i’auray fous paroles claires 8c par vue ex¬
plication méthodique à inféré 8c ençhaffé
vosprecieuxioyaux , rubis , diamans 8c ef-
meraudes en l’or des Dogmatiques , leur
donnant par ce moyen vn luftre fpecieux,
& Faifànt voir combien tout vray difciple
d’Afçlepias ou Efculape , doit pluftôft ad¬
mirer que reietter & blafmer vos rnyfteres,
quoy que plus obfçurs & occultes que ceux
deCeres. Et jaçoit auffi qu’ils foient de£
crits aüeç trop de confuflon 8c peu d’ordre:
ce qüi peut eftreaduenu par l’ignorance 8c
malice d’aucuns vos fe<ftateurs, ie voudrois
bien que par ce mien traitté familier vos
perles &: ioyaux ft clairs ne paminflènt au
deuânt des boeufs & pourceaux , qui par
leur emiie & langue mefdifante ont accou-
ftmné de les fouiller: Car mon difcours ne
s’addreffe point à eux. Mais 1 vtilité publi-
que doit piuftoft venir en confidcrarion»
DES M AL ADIES
qu’vne telle 8c fifale conculcation Æe pour¬
ceaux. Preftez donc àttenriüemeht l’oreille
aceluy qui débat voftre caufe,& parlé pour
vous. 1
Certes , l’homme n’eft pas dans éaufé &
L’hommt contre raîfon , appelle micro cofthe ou
tfivnm '-.pétjf monde: Car tout Ce qui' eft> contenu
‘oupetit ' & difperfé- ça & là dans le circuit du grand.
monde, monde ,cftfommairement compris.aü mî-
crocofme comme eil vri abbregé,felon qué
Grégoire de lSfàzianzeiie efcrit en ces ter¬
mes, au commencement du liür e de la créa¬
tion dePhoMme (ce que nous aùo4spareih
Iement remarqué ailleurs) à fçaüoir , que
Dieu a faiéb l’homme apres le refte dés
creat-ures , pour y reprefentef comme en
quelque tableau racourcy , tout ce qu’il
audit Creé'dt difperfé auparauant. Ce mien,
propos ne s’eftend;point-iufqu’au monde
intellcétuel 8c celefte qui fe t-rouue auffi en
cet abbregé, mais ieparle feulement de l’e-
lemêfitaire , comme de celuy qui nous eft
prochain & coiïtigu, félon qu’il eft diuifé
en deux régions j l’vné fup erreur e,Tautre'
inferieure. Laquelle diüifionconùient auffi
«m au Corps humain * de forte que la tefte eft la
mawen i haute région, maisles parties vitales , 8c
gl»if$eU‘ defiinees à la nutrition, comme plus baffes
mnmres font ap p eil é e s ,1 a r e gi o n, o u globe inferieur
de l’eau &de la terre.Or tour ainfi qu’és en¬
trailles de la terre, l'efficace des rayonsfo-
laires,& la chaleur propre & natutelle^dela
^ dY cerveav. ■ 47’
terre' mefmë excitent plufieurs fortes d’ex-
kalaifons, & vapeurs qui donnent Lettre
aux corps des mixtes imparfaits , eûtanf
qu’elles engendrent diuers foulphres, bi¬
tumes, fçis 8c liqueurs, ou nàercuf es: fëm-
blàblement aittfî qu’au monde élémentaire,-
comme dedans leur contenant , fe voient
tât de chofes fi. differentes, quife procréent
de leurs matrices,à.caüje de la chaleur, tant
du foleil que delà terre, 8c aufli de l’inftué-
ce des aftres. De mefmë lecorps humain
eftant" compofé de parties contenantes 8c
contenues, corne nous auons éferit ailleurs,
celles qui font plus folides, ligamenteufes'
8c charnues ou plus molles, comparées aux
elèmens/y tiennent lieu, 8c font offices do
lieux & matrices: entant quelles contien¬
ne t les principes hypoftariques,& plufieurs
autres fubftances de corps tant fixes qué
volatiles, & les effiences tant materielles
que (pirituelles. Lefquelles fubftances font
nommées parties contenùës efdites matri¬
ces. Dont aucuns font impetueufes, 8c flot¬
tent ça 8c là : les autresfiumeétent , les au¬
tres s’expirent. Les fubftances contenues,
impetueufes font nos efprits tant naturels,
vitaux §c animaux (qui font tref-ptirs, fort
Amples , 8c plus aërez de tous) que les im¬
purs,^ ceux qui parodient autjîr certaine
qualité maligne. Les Humeftantes font nos
.humeùcs_n^ur elles, tant vtiles qu’inutiles
ôc excrementçufeSj celles qui s’expirqatiou
Des fl¬
irta turcs
internes
deschofct.
Les ef¬
prits.
L es hu-.
.meters.
.J
48 ; DES MALADIES • • ,
2L« «*Ü>4 exhalent, font les exhalaifons tant feches
laifins. qu’humides, dont celles cy s’appellent va-i
peurs, les autres fe nomment fumées. -
L’exhalaifon fumeufe eftant vue fumee
' ' extrai&e .du fec 8c aride, chaude, feiche, le-
géré & fubtile , tend toufiours en haut, de /
comme, ainfi foit qu’elle ait vne nature fui- '
phurée & ignée, elle s’enflâme,& par con-
fequent s’etnbrafe & brufle foudainement.
Au contraire la vapeur ou humidité fluide.
; allant de naturcrare, mercuriale dcaqueu- ^
fc. Si priuée de fa froide qualité par cha¬
leur externe^ elle vient à monter en l’air, 8c
s'y congele par froidure,' elle eft contrainte,
de reprendre fa première nature,c’efl à dire
de Çe-refoùdre, & de ret’oürner en nature. /.
■ ' d’eau.' - . ■ -
O f comme nous voyons au grand monde
telles vapeurs & exhalaifons efleuees, tant ,
par la chaleur du Soleil & influence des, a-
lires, que par la chaleur propre & interne
Utiettèi de la terre, fournir dematiere à des meteov
d» grand res, ou corps imparfaitement meflez fl di- ' :
monde, qers 8c merueilleux, tat en la région de l’air
cu’é.s entrailles de la terre mefmc: principa¬
lement les nues 8c plnyes, grefles, neiges,
glaces & vents s’ engendrer de vapeurs mer¬
curiales, froides, humides 8c de nature a-è
queufe-,mais des fulphurccs,chaudcs 8c fei-
ches, s’en former les efclairs,tônerres,feux
celeftes, foudres 8c tels autres météores ar-
den$ ; Demefme au petit inonde, c’cftadi-
' reau
D V C E'Rt E AV. 4^
ïc aü corps humain , femblables & méfmes
vapeurs 8c exhalaifôns feruent de matière
pour former plufieurs 8c diùers meteores:
dont procèdent manifeftement tant de
maladies d diuerfes 8c horribles, tantoft
mercuriales, froides 8c humides, tantoft
fulphurées, chaudes 8c feicheë,quifonttel-
les non en forme ne accidet,mais en fübftâ-
ce, ceft a dire en vertu edèntielle, tant au
ventre inferieur que dans le fuperieur
(ceft à dire dans! le cerueau) , parties qui fe
rapportent & côrrefpondent aux entrailles
de la terre & à la région de l air.
■Et combien que telles vapeurs dr exha-
laifons , voire les maladies 8c fymptomes
mcrueilleuxqui enprauiennét, foient fon¬
dées fur quelques raifons naturelles, toute¬
fois les caufes de tels mauxexcedent fou-
uentesfoisla Capacité de noftre êiitendemét
(comme nous auons dit en parlant de lapo-
plexié ) 8c leurs foqrces eftans occultes 8c
diuines' , doiuent eftte recherchées plus
haut. C’eft icy qu’il faut recognoiftr e la foi- n^a
blefte de noftre iugem'ent , pour coritëm- qnüquz
pler 8c admirer la toute puiiTan.ee , proui- chofede
dence , fagefte de Dieu. Car iceluy nous
enuoye tantoft les pluies, tantoft les grelles,
8c excite par fois desmaladies qui n admet- 'tiiuslU-;.
tenr aucun remede, à fin que leurs caufes
nous foient incognüës 8c caChees , quoy
que nous les recherchions fort ftudieüfe-
ment. Déquoy luy mefme rend tef-
D
DES MALADIES
moignage,difant ainfi.Si vous cheminez eu
mes ordonances,ie vous enuoy eray la pluie
Lwtïqut en fa'faifon ; Mais fi vous im m’efcoutez
3.6. Deu- point, ie mettray fur vous la heure, morta-
stroname, peftiléce & gr atelles, dont on ne pour- :
ra eftre guary, ie rendray auflî le Ciel com¬
me fer, & la terre comme airain.
Mais fans voler £ haut, il nous fuffitde
chercher les raifons naturelles, & de con-
fiderer la nature des fubftançes fpirituelles,
c’eft à fçauoir de celles qui agiuent impe-
tueufement, qui humectent &qui s’efcou-
lent, lefquelles gifent fecretemét én noftre
corps, 8c y font racines tant de bien que de
AvAts- mal,ilnous conuiendraenfairel’anatomie,
mtevitale pluftoft au dedans qu’à l'exterieur, félon la
dtimHiuy manière, accouftumée. A Tefclârciftement
les mal*- ^ecluo7 feruira grandement ceque nous a-
djeS' uons efcrit en noftre traître, touchant les
fignatures internes des chofes: Comme auf-
' £ l’exemple du vin, 8c de noftre fang que
nous auons confecutiuement anatomizés^
pour le grand, rapport 8c çonuenance qüi
le trouue entre iceux. Car comme levege-
tatif prins de l’animal, fe côuertit en fenfitif
par diuerfe conco6tion, ce qu’on peut re-
- mar quer au pain & au vin, lefquels le chan¬
gent en fang,‘& le fang enfemence, donr„
s’engendre l’homme; ain£ la liqueur miné¬
rale attirée 8c fuccée par les racines des
plantes 8c végétaux deuient vegetable, puis
final emens fe eenuemt en la fùbftance de
. Î>Y CERVÊAV.' 5Z'
l’homme, qui vit de tels animaux : D e forte,
qu’à raifon de la liqueur, foulphre & fel mi¬
néraux, il s’engendre dès maladies mercu¬
riales, ou fulplmrée.£ ou falées. On peut . ^
fcmblablement veoir en l’homme desfels • "
füccrins nourrilfans, des Tels nitreux, amers
acres, purgatifs &mondifiaiis , d’autres ma- '•
rins , conferuans ne plus ne moins que le
bruine, d’aüt-res de gemme, d’âiitre alumi¬
ne ux^pô tiques Sc adftringeans, d’autres èn« -
fin vitriolez,acides,efimns,excitans l’appe-
tit, &.auànçans la concoÈlion, On trouué
encore^ au corps humain plufieurs fortes
d’autres liqueursrdont les vnes font douces,
les autres ameres,falées,adftringentes,pon-
tiques, acides & autres femblables , félon
leur diüerfe mixtion & quantité. Au mefnié
corps fe voient aufli autant 4’efpeces de bi¬
tumes, petreoles, grailles, refines, gommes, t et fiah
larmes,& tels autres foulphres, que des fufi- fkus*..
dites liqueurs ou fels. Desquels foulphres, .
aucuns font odoriferans & récréatifs, . les
autres puants 8c irifeétans, lés autres affou-
pifians, les autrès anodins & addouciflans,
les autres feptiques, arfenicaùx 3c peftilen*
cleux,les autres vitaux 8c falutaires. A l’exa¬
cte confideratibn defqüeïles çhofes , il eft
requis plus de temps que n’èîage la forme
de ce trait, té.
Par cela voit-on comment tous nos 裻
prits, tant purs & aërez qu’impurs , font
cô tenus dans les veines 8c arter es du corps*
ï> ij
DES MALADIES
&■ en quelle maniéré y refident toutes les li¬
queurs de noftre corps, Toit vtiles 8c pro¬
pres à la noufritüré. Toit inutiles 8c excre-
menteufés, d’où prouiennent toutes exha-
; laifons<&: vapeurs feiches & humides, qui
. font comprifes au mefme corps auecies au¬
tres, 8c luy caufent fouuentesfois du tour-
ment.Comment en fin telles fubftances ont
vne nature de fel, fulphurée, mercuriale, ÔC
par confequent métallique & vegetable.
Dont les plus douces, bénignes &conuena-
blés à noftrènature, fe conuertiiTent dedans
le foye en fang : duquel la plus fimple 8c
plus pure partie tranfportée par les veines
dans la coneauité droite du cœur, 8c y eftat
fubtilifée 8c circulée en quinte elîence par
la chaleur viuifîante d’iceïuy , s’efpand en-
tout le corps par les artères, afin de nour¬
rir tous les membres, comme auili eftant
- deuenuë plus fpirituelle& celefte, elle fert
tionl*' * tous ^es fens, 8c à l’entendement : mais les
purauec autres plus impur es & excrementeufes,font
(impur, particulièrement referuées en leurs places,
iufques a ce quelles en foient euacuées par'
les emonâoires propres & deftinez à pur¬
ger le Corps : C’eftàlçauoirles vnspartrâf-
pirations halitueufes, les autres par Tueurs,
les autres plus crafles 8c impures en s atta¬
chant à lapeau: aueclefquelles s’expire 8c
s’euanouït quelque partie, tant denosef-
prits que de noftre chaleur naturelle, voire
«quelque peu de l’humeur radicale > 8c du
DV . CE RV1ÀV. $$
tref-precieux neébar denoftrevie. Silana-
cure faicfc cefte euaporation ou refolütioh
peu à peu & lentement, comme à la chaleur
modérée du Bain marie, nous paruènons en
fin aifément iufques à la vieillefle.Si au con¬
traire relie exhalaifon & diflblution s’expi¬
re foudain,& comme par chaleur ardente&
liquidante auec efmotions de corps violen¬
tes, perturbations d’efprit, 8c douleurs ve-
hementes: De-là s’enfuiuent & découlent
lès lipothymies, ou pafmoifons, &c lesfyn-
copes , fymptomes fort prochains de là
mort. .
Mais Ci telles exhaiaifons ordinaires' 8é Sturee^
excrementeufes font retenues au corps, & desm*~
emp efehées d’en fortir, ou par humeur vi- la^ies-
tieufe de eorps,nu par mauuaïs tempera-
ment,ou par foibleffe d âge, ou par froidure
de temps ôc de lieu: Elles fufçitent'au corps
vn nombre infiny de maladies.
S emblablement la detention de l’air vni-
uerfel contenu fécretemét en noftre corps,
& l’enuironnant de forte qu’il ne peut li¬
brement infpirernyexpirer (operationqui
appartient proprement à la vigueur natu¬
relle, exerçant toufiours telles fondions
par le mouuement du cœur & des arrêtés)
cet air di-je empefché,foit par la peau trop
dure & peutranfpirable, ou par la froidure
exceffiue de l’air extérieur, foit par telle au¬
tre caufe, engendre pluiieurs fortes de ma¬
ladies tref-grieues. Ce que font mefmeles
U DES maladies
yaifleaux trop pleins' 6c les feces ou tartres
des humeurs , quand, les vaifleaux en- font
..Emplis 3c boucliez , retàrdans & arreftans
par ce moyen les Eurippes,'c’eft à dire le
flux & reflux ordinaires des efprits: Dont Te
procréent, çorrqmp entrée enflamment dfo
uerfes . exhalaifons ëe.fumécs, qui efmeuuét
les çaufos externes depliîfieurs maladies
griefs fymptQrnes : c’eft à fçauoir des fiéu- .
res, in .'^aminations internes,cachexic,maux
de cœur, indifpofition de matrice afloupif-
fânte , 6e infinis autres' maux femblables.
Or il faut remarquer & noter que toutes les
yupçûrs , fumées , exhalaifons , matieres
fuligineufes qui s’engendrent chacun iour
fin noftre çorps , & d’ou nalffent en nous,
comme au grand monde-tant.de meteores Ci
diuers, foit froids,foit chauds^c flamboyas,
Jiumides quXeçs-,f eiTemblent &c participent
à la nature desfucs Scfubftances mercuria-
' les, fulphurées Sc falées, dont ilsfortent <5c
s’exhalent, de forte que le ruifleau eft nc-r
çeffairement femblable afafource. Car les
plus modérées, bénignes: &,vtiles vapeurs,
procèdent toujours de.inercures , ou li¬
queurs bonnes &!onablcs, comme de fan g
pur, lequel jeft purifié 6c. feparé de toute
humeur. fuperilpë &icQrrompue ,. crue ou
brûlée, acre - ou «faléc, & qui eft bien cuit,
& addoucy par lu douce & bénigne chaleur
1 ,de n-oftre bain narureî. •• >.sf|
- Vi«é.cerueaU'.;&vle$ nerfs cftans remplis d&
BV CERVEAV. JJ
telles vapeurs douces & bénignes, comme
auili d’autres de bonne nourriture, excitées
par le mqyencfieelle chaleur naturelle : 8c
aucunement cohdenfées efdites parties , les _
cfprits animaux qui auparauant eftoient ^ 9ent.
vigilans & aétifs, commencent à s’abbàttre fa
6c appefantir quelque peu, 8c les membres femmeil .
qui eftoient auparauant traûaillés viennét
àfe repofer, & perdre peu àpeule mouue-
ment 8c fentiment, à fçauoir par l’accès
d’vn doux fommeil &. agréable repos, ac¬
compagnez de fonges auili très doux& fort
plaifans. .
Mais' au contraire fi les~ vapeurs fe
font euaporçes de liqueurs mercuriales .
& de telles humeurs indigeftes, crues ou
malignes, le dormir en fera plus fafcheux 8c /né des
profond, e fiant accompagne de fonges nei- /»»£«.
geux, glaciaux 8c pluuicux. Ce qui eft pro¬
pre au tempérament pituiteux dcphlegma-
' tique, oüremply d’humidités mercuriales.
Quant aux vapeufsÜes bilieux, oude ceüx
qui ont lè fang .chaud, du font participons :
de nitré fouphreux, elles aiToupiront moins "
le cerueau,les'fonges,’oüphantofmes qu’el-
les cauferont n’cliant que vaines apparen¬
ces , ou reprefentations d’embrafémens,
corufçations, guerres, furies. Comme auffi
les exhalaifons des melancholiquesn’amë- •
neront qu’vn tréf-fafchëur fommeil /& re^
prefenteronr par fonges desdeferts, cime- . ' .
tierés,fepulcres,efpouuantemens,terreurs, '■
D iiij
j6 des maladies
fôufpir's > larmes &. autres chofes fem-
blables.
Tels Tout les effets des vapeurs ôc exha-
laifons, la diuerfité defquels prouicnt de la
. diuerfe nature & temperamens des hom¬
mes. Mais les vapeurs qui par chaleur ex-
ceffiue ôc vehemente,s’engendrent de fang,
ou d’humeurs vicieufes, fuperflues & non
naturelles, mais eftranges,ou accidentelles,
produifent non feulement au c.erueau,
mais auÜÏ és autres parties,des effects bien
différons, à fçauoir. mauuais & maladifs;
principalement quand elles font trop long¬
temps retenues dedans le corps, ou belles
n'en .peuuent nullement fortir, & fe refou-
- dfë‘bndiffiper,parlespbres &fubtilscon-
' ; idüits du corps. : _* .
Ges chofes foient dites touchant.les'pre-
mieres fortes & différences .d’exhalaifons,
qui font liqueurs mercuriales dans le corps
humain.Çar-elIes. s’expirent premièrement,
<Sc quant toutes : autres, comme on peurveoir
es dilliliations artiHcielks. S’enluiuent les
fumées, ou eaux de, vie plus chaudes, ^fei-
ehes, <k fpirir.u elles qui rapportent la natu¬
re du' plus beniug &,ddüx foulphre.de no,-
ft^e {ang, & qui s’exhaians par. chaleur tem¬
pérée, donnent àjias efprits vue tref bonne
Xjfc'fo ie d’fort agréable îqqurf iture.Si telles Jfuinées
l'exhala - fëjit .cha0ees,.&, cpntfaintes, de iÇrtir'^par
tîonies chaleur ..accident elle ^"V.ehenientejXqit f u
foKÎphres. dehors,. Compaq, paç quelque" mouuemenr
DV .CERVEAU $T
trop violent, foit au dedans comme par
quelque intempérie trop chaude ou ardeür
faéureufe, nofdits efprits s’enaigriflent &
deuiennent plus arides, voir e plus propres à
s’enflammer, 8c par confequent reprefen-
tent des veilles, refueries & fonges pleins
d’inquietudeJe tout félon la nature & qua¬
lité differ été, qu’ils ontdediuers degrezda
chaleurs, de diuers temperamens^& pro-
frietez d’humeurs ; foit mefme qu’icelles
umées qui s’euaporent foient mercuriales,
ou fulphurées , ou tartarées. Car les vnes
font plus fubtiles & fpirituelles, les autres
plus crades & condensées : lefquelles fpfci-
tent au corps diuerfes maladies, félon la dif
nerflté de leurdite condition. •
Les exhalaifons aqueufes 8c mercuriales
font plus efpaifles & moins fpirituelles que
les fumées chaudes & venteufes , àraifon
qu elles participent d’auantage au foulphre
vifqueux 8c gluant de noftre fang. Mais les
fumées ou exhalaifons, qui. par chaleur du
fécond degré fortent d’vn fang temperé 8c
louable, ont quelque communauté & pro¬
ximité auec leiang fubtil [ 8c vital de nos
arteres. Qucfi; ces vapeurs, s’èfleuent d vn-
fang corrompu 8c trop chapd : attendu
qu’elles font preflées de chaleur excefliue,
les meilleures ..§c,plus vtiles exhalaifons
viennent à s’euanouïr. Les autres s’emparas
.dhme nature fulphurée & inflammable, 8c
eflas paruenues és concauitez du cœur fuf*r
5$' DES MALADIES - - . .
citetvnefiéureoôtinuëquiçroift&decroift:
à mefure que telle exhalaifon eft plus bu
moins maligne, ou bien plus prompte, ou
plustardiuc à fc refoudre.
Quand aux exhalai fons qui forrent d hu-
tneurs excrementeufes, comme de la lie & '
tartre ne nôttfc CGïpS, & éft lotit chaflées'-
plus hnpetueüfçmét, elles caufent aullî plu¬
sieurs fortes de maladies & fymptoilies^
félon la diuerfe nature de leur efpece.
\ vi. - ;.y
ÎD e ld ndtüYe & différences des ftil'tginùfiîe^ ’
& de leur puifjante &* efficacieùje ~ïer*
. tu d engendrer les maUdies.
1^ refte maintenant que noiïs parlions dç
lia quatriefme & derniere efp«çed’exha-
laifonvà fçauoir des fuliginolirez qu’ô peut
nommer plus ' proprement Sublimations:
[ ’ d’autant qu’ëliés s’efleuèrit en exhalaifons
fëichès &-arides : comme le nom d’euapo-
ratiqn le peut deuëment attribuer aux ex~q
f halaifons mercuriales, vapeurs & fumées, à
iraifon qu’eftans d’vne nature plus liquide,
elles fe peuuérit auffi euaporer plus fâcile-
Natttfe ment. Mais lés füliginofîtés n’ay ans prefque
â'sfuligi. point d’humeur mercuriale , ny dé liqueur
oncfcuéufe, font èn partie douées d’vne na¬
ttée plüs:--{a|ée-iSivbiatîlé';;'&ont vne'niaâé-
D V CÏRVE AX 19
re de foulphre plus crade, efpais, 8c puant,
eu partie auffi elles participent à certaine
exhalaifon vifqueufe qui fournit là matié-
re gluante pour former feulement celte
fublimation qu’on appelle fuliginoflté. La»-
quelle eftat du tout priuée de toute liqueur
alimenteufe, recreaiiue, anodyne & fami¬
lier e à rioftre nature, ne produit : en noltre
corps , linon desrfeminaires & racines de
maux. Neantmoinsdn met celle différence Ltsdijft- '
entre icelles,àfçauoir que les vnes font plus *■*»<?*•
dangereufes que les autres, félon la condi¬
tion dë l’humeur 8c de la matière fulphurée,
pu . tartarée , naturelle' ou non naturelle,
apportent plus ou moins d’incommodité 8c
nuifance.Or la chaleur qui prep-arent telles
fuliginofît ez q elt : né cèltair ement du qua-
triefmedegré,c eft à diretref-violéte, com¬
me celle qui confumme de efpuiferousdes
efprits humides & mercuriaux , voire les
plus fubtils fouphres des corps. Gàf ainfi /
voit on des fuliginofitez s’engendrer de
toùtes fortes de bois,’ à fçauoir, le feu ayant
premièrement attiré à foy \ 8c comme en-
glouty prefque toute l’humeur mercuriale
8c huileufe. T . q.
Or defdites fuliginolîtés (comme nous
expérimentons iournellement ) aucune#
font plus fubtiles , iesautf és plus erafles &
efpaifles : Lés vnes font d’vne nature Sc füb- ,
fiance plus falée , qui les rend plus acres :
ies autres d’vne falphurée, qui les rend plus
6 O DES MAI AD Ii S
capables d inflammation . Telle diuerfîté
paroift an bois de chefne &c defapin : Car
celuyde ckéfiic & de foufteak participent
d’aaantage à la nature du Tel, mais celuy de
fapin à celle dufouphretQue fl nous apper-
ceuôs cela au grad monde,Il eft certain que
la me fine chofe fe faidfc au microcofine, les
- bois de chefne , de foufteau &:de fapin' y
, eftansfecreçemét contenus en fubftace non
; en forme, lefquelsexcités par noftrechar-
leur immodérée, fe mettent finalement en
-âcfciô, fufcitâs aufîîdiuerfes fuliginofltésou ~
fiiy es qui fe fublimét en dmeirs lieux 8c s’at-
Zeun tachét à diuers membres, d’où naiflent plu-
«jfecls. fleurs fortes de maladies, telles que font les
melancholies,manies:priricipalemct quand
elles font montées en la région aerienne du
microcofine , eJélt à dire , au cerneau: où
fengendret tels me t eor e smic r oc o fin i q u e s ,
ardens & ignés, ne plus ne moins qu'au ma¬
crocofine les corufcations , foudres, ef-
clairs, dmerfes eometes?& antres fembla-
bles fe font de leurs exhalaifons propres.
Mais fl telles fuliginofirés ont dedans le cer- il
ueau vne vertu & nature femblable à celle
du napelle , de l’aconit, de l’orpin , ou ar.-
feniCjfî elles y font tranfportées elles y pro-
fuiront des maladies peftilentieH.es , 8c en
quelque autre partie extérieure , des antrax
& charbons, . Que fl eftans fubiimées elles
Rattachent aux membranes de la poitrine,
elles canferont cefte efpece.de pleureflc
fi V C ÉRV E A V. 6t
non vulgaire, qui furuicnt en cet endrçit
d’vn flux de fangpeftilentiel. Ou bien fi par
force naturelle elles font chaflees auecles
^■excreinens es parties inferieures du corps,
elles engendreront és inteftins ceflre efpece
dé dyfenterie qui eft pelHlentieMe,* exulce-
rans l>inteflin,& y empreignant vne qualité
du tout venimeufe & fphaceleufe , ne plus
ne moins que fi vn médicament feptique &
Canftique y eftoit adhérant. Ce'n’eft pas
que telles fuliginofitez participent feules a-
celle eftrange & mauuaife qualité fans au¬
tres parties du fang, car elles font accompa- .
gnées'de malignes impuretez tant mercu¬
riales que fulphurées,qui augmentent, em-
pirentjbeaucoup, oumefmefont multiplier
la maladie. Tout ainfi qu’en la pefte le ve¬
nin qui l’engendre ou le foulphre arfenical
enflammé, ne faille pas feulement le cœur,
mais s’efpand par tout le corps, & y fufeite
vne fiéuré peftilentieufepar ardeur & mali¬
gnité duquel, les deux autres fubftances cô-
tenuës dans le cœur % à fçauoir le fel 8c la li¬
queur mercuriale s’enflamment, efmeuuér
& corrompent l’vne aüec l’autre , & eftans
corrompues font paroiftre peu à peu les
forces de leur venin. Car des humeurs mer¬
curiales corrompues, & qui tafehent de fe
purger par les emonéloires,nailFent és par¬
ties de$' emonétoires & glandes des tu-
meurs, bubons & apoftemespeftilentieux.
Mais desfuliginolltez de efprits de fek fep-
Dis MAtADI ES
tiques, félon qu’ils gifent en diueirs Ïieuxj
s’en leuent par tout diuers charbons Vau¬
tres. Car comme ainftfoitque telles fuligi-"
nofitez font mefme arfenicales, elies'n’ont ;
pas feulement/la nature d’vnfeî juefacre,
mais auffi ^rfei$ical,de forte qu’elles ne font
moindre ou moins grieue efcharre, quedî
quelque cauftique ou feptique trèfiiiole&t
eftoit affiché fur là peàu.
CH A P;- VIL
OÙ il sjl tnonfiré plus clairement , quelles
font les racines des maladies & comment
elles defploient leurs fignatures au corps
humain .
"T t-oila les diuerfes fubftahoes des exha- '
V laifons ou euaporations qui font en noi
ftre fang & es autres fucs.& humeurs con- I
tenus dans noftre corps , où ellesfont nai4 >;
. ftre plufieurs fortes demaladiés quan&elles
fortent des limites de leur tempérament.;; :
On les appelle caufes de maladies, nori
pour ce qu’elles font feulement vapeurs
ilmpleSj exhalaifons , fumées 8c fuligimffi- |
tez de nature ae’rée 8c fpirituelle,ou de qua^.
lire chaude, froide, humide 8c feche, ce qui
Zts m- eft plus confiderable, mais à caufe qu’elles
prt(Jîon$. fonc remplies. d’efprits venteux, impe-
tU€UXJ turbulents 3,falfugineux, pontiquesy
BV CERVIAV., 6$
àcres,acides,mordicas & veneneax,fulphu-yjwf^.^
rez, nitreux, puants,^ narcotiques, peftilen-
tieux, arfenieaux, antimoniaques & "autres caufes ies
de tel genre, qui s’exhalent &: expir ent des tn*Udiest
diuerfes liqueurs, foulphres, fels, feces 8c
tartres de noftre corps, dont s’engendrent
8c prenenc accroifTement tant de maladies
8c îymptomesjfoit que cela aduienne , & fe
face par le propre mouuement& action de
la chaleur naturelle ou accidentelle, foit
par quelque au treananiere occulte.
le ne veux pas toutesfois-attribuef géné¬
ralement toutes les caufesde toutes mala¬
dies à telles exhalaifons & vapeurs, mais
i’oferay bien rapporter Ia'plufpart d’icelles,
tant font puiflans, admirables 8c variables,
les effeéts de tels ef’prits, quand ils trouuent
& rencontrent vnlubjeét propre 8c çonue-
nable , & qui plus eft , i’aduouë que b eau-
coup de maladies prouiennent d’vne intem-
perie iimple 8c conioindte auec vne Humeur
foit pituiteufe, foit bilieufe&melanchoii-
que,feules ou méfiées, naturelle ou non na¬
turelle , i’appelle humeurs naturelles, cel¬
les qui font contenues enla maffe du fang,
8c diftinguées eh vray fang, en pituite, bile
8c melancholie : la différence defquels fé¬
lon, les Hermétiques, ne cofiftepasenqua-
litez froides, chaudes humides, & feiçhes, anatartïe
mais en ce que le fang contient dres fub- Herme~
r fiances mercuriales , fulphurées <5^falées,à Xîmt»rs
saifon defquelles on diftingue les parties ou umettrf
^4 ï> t S MALADIES
le contenu d’iceluÿ, ce qui paroift au laidj
eu le petit laid refpond &fé rapporte au'
mercure, le beurre au foulphfe, le fô'urma-
gc au Tel ou tartre. ; f
Nous àuons jà fusallegüé l’exemple de la
, comparâifon âufang & du vin: où nous a-
uons demonftré par raifons bien eUidentes’
combien grande analogie , proportion &
affinité il y a entre iceux. Cancomme le vin
s’efclaircit & raffied en Tes tonneaux, a'inff |
Specïdle noftre fang comprins en Tes veines, quitte
anatomie & delaifté fes exeremeiSs. On tire du vin
dstfang l'eau de vie par chaleur modérée: de mefme
la chaleur temperée & naturelle du cœur-
fait diftillèr du fâng vne eau de vie, àfça- ,
uoirl’efprit vital: dont reipritanimalpréd
fon origine, 8& qui fe parfaid par circula- .
tion au bain marie naturel âU cetueaU, né
plus ne moins que par le moyen du bain
marie artificiel, on extraid de l’eau de vie
l’efprit de vin, lequel eft beaucoup plus
fubtil qu’icelle eau de vie, carvnegoutte
d’iceluy verfée en terre,s’efuanouït pluftoft
en l’air qu’elle n’y eft pâruenuë. Ainfi l’ef¬
prit animal furpafte de beaucoup enfubti-
lité le vital contenu és arteres. Or quand
nous entreprenons de faire telles extra¬
dions, aflauoir de l’efprit de- vin , qui eft
l-’ame d’iceluy, on voit vne grande quantité
de phlegme,inutile & de nulle vertu,qui.re-
fide au fond apres la diftillation 6c extra¬
dion des efprits. De mefme^ outre l’efprit
, DV ÇERVEAV; G$
bu eau de vie de la nature Humaine, on trou*
ùe femblablcment au fang vne grande qua¬
lité de phjegme , aiTauoir cTHumeur pitui-
teufe,aullî du tout inutile. D’auantageou- Seroj;t£
tre le phlegme extrait par diftillatiô, ilpa- iu(angi
rbift aüvin certaine lie jaune ou rouge,plei-
ne de foùlphre 8c de Falpetre, mediocremét
volatile: Ce qu’on recognoift mefme-au
fang,quand on ehtréprendde le diftiller : &
c’eft ce qui peut eftre proprement comparé
à la bile que la nature f epare du fang: atten< J*
du que l’vne & l’autre lie â vne fubftance du fang.
tout nitrofulphurée, ou remplie denitre 8c
de foùlphre. Si vous acheuezl’entiere ana¬
tomie du vin, vous pourrez encores apper-
çeuoir beaucoup de cefte lie liquide , dont
l'operateur pourra faire vn vinaigre, qui
reflemblera fort bien à la melanenolie na¬
turelle, acide & pontique,laquelle defeend
& refide au fond du fang: de laquelle marie-
re,la nature exprime 8c parfaiét fonvinai-
gre,aflauoir l’humeur melancholique. D’a¬
bondant, apres l’extra&ion du vinaigre en
forme liquide , il refte vnè certaine lie ou
tartre fi acre, noir, & ardent à caufe des fels
vitriolez qu’il contient, que fi vous endet¬
tez tant foit peu en l’eaUjelle s’enaigrit tou¬
te à l’inftant. Ce qui fe peut auffi remarquer
en l’anatomie du fang par l’anaiogiede l’vn
& de l’autre; Car la lie d’vn tel vinaigre fe MtUn*
rapporte ace qu’on appelle bile noire 8c a-
dufte : Ce n’efl: pas qu’elle deuienne telle
' N É
Cè , »B« MALADIES,
par adùftion, comme efcriuent plülieurs,
mais par la feparationdesfubftancesmèr-,
curiales & fulphuréestle meflange defquel-
lesfaifoit que les , féls demeur oient aupar-
àuant tempérés en leur eftat & office : lef-
quels eftans feuls & feparés, viennent à'
s’aiguifer & cfleuer, Il y a grande àbondan--
de tels Tels vitriolez en plulieurs végétaux,
dpnt nous fournies alimentez, & defquels
s’engendre le fang,ma is principalement au
, vin, la mer e duquel, alîauoir la vigne,attire
les efprits métalliques de., la' terre , ôc s’e«
repaift; plus que nul autre vegetable. Pour¬
tant dit on que Baccbus aime les rAonts 8c
lieux pierreux5&s’ypkift.Çe qui n’aduienî
point à b eaucoup. d’an très végétaux:, qui
plus eft , Ê vous -©liez, le phlegmedu vin&r
le cuifez:& recuifez à feu mefrne trefuiolét,'.
û ne pourrez vous- damais ramener à celle
nature faliugineufe,linon que par aduantu-
re il ait retenu en foy quelque partie de fel,
laquelle apres l’euaporation de l’humeur
liquide, rende plus acre le corps reliant, &
fort plus mordicant. Nos pblegmes ou hu¬
meurs n’ont en foy riendefallugineuxpar-
adulîion : Car il eilimpoffiblede donner ce
qq’oilt ne polTede pas: :8c laqualifé n’engen¬
dre point la iubltance, domine i’ay dit ail¬
leurs. Au furplus le vinaigrier conuoiteux
de , gain, calcine à force de feu les lies car-
treqles defpouïllées d’humeur quelconque,
§c préparé ses cendres dites. esi fran çois
BV C ï R V E A V. 1 Gy
cendrés grandies. Se ce en quelquelidu efç ar -
çé, de peut qu’il n empuantiflè infe-éte
les maifons de leurs vôifirîs, ouïes yillfisipat
telks'liespleinesd yrîfoulphre taptimpur:
& Ci pua fît . On fait; de c es cendres. lefelde
tartre, 8c dudit fel ynefuùie: d’ie.eÙes aufït
ia it-oii des lexiues-, de pludeilrs Faupirs pro¬
pres &<vtiles âncttoyê-r.diuérfeS çhofes. La
mefnie operation Ce fait pareillement au
fang; és- dernieres de plus arides iic-s,<lûquei
y a des foulphr es qj|i*mefma à petit.féu ren¬
dent; ; y ne odeur ,.ff puante péndcieulèÿ
qü’ils fuffirôient pour infeéier tout vu pais*
s’ils y eftbient au ffi a^ond ans qu e 1 es lies de
v in*) O r; conte tels foulphres & felsfe tfou». ”
uent ésHeS dit vin : ’àiniirçhôfes femblaMes
fo nt contenues aU . citr e,: p Pire, ceru oife, de
autres tels fereüu^ges^ aliments, defqueis
pjrenans rto/jhe nourriture* ôtnçftrq fangfa.
fubflancfj il eft refnply & infedbé defem-
blables ehofesiCAbt.ôiites lies & fejçcreraens
pleins idÇcïartfe^fqrïj efpais^.pup^lîqndanee
de nietçures , lbplpJsre-s.-.ddifekfïq^if ipe
peut- difeerner & v'eoit feparémenfi lino#
Upc fs-: que le vin e^raffis,; Ef |§f j.es-fuj>ftan?-
Cotte, çpmparjéesrauxnuna^çspitni)^U--
fes,bilieufes Sc meiancfmliques*;& iceUes
outf e nàturèjquidëreenden^ defe-lpparefit
de la maife du fapg, Leur , pituite tagrqft
<luHf_ei,:tÿ.ptpftrrFaiée>: -feurappqEte^
foulpltre^ftreus. Lapaefin^
68 LES M A L A î> I B S
cholic douée de qualitez aceteufes 8c poii*
tiques, reprefente la nature du fei vitriolé #
8c alumineux : lefquels font corne feux ter-
reftres,oppofez aux feusf fulphurez,aërez&
celeftes , en forte qu’il eft impoffible d’en
extraire vne eau de vieoar aucun artifice
' que ce foit. Que s’il enfort premièrement
quelque chofe , c’eft yiî phlegme n’ayant
prcfque aucun gouft, par lequel il eft corri-
Zali- gé 8c comme reftreinch Eftant feparé d’ice-
future- iüy , il acquiert vne telle acrimonie , tpi’il ‘
fiant ft- peut brifer&difToudrelesrocherSjVoire lès
fatéejt plus maflifs & folides métaux. Par fembia-' ;
uwt f et raifon, il faut conclure quel’humeur
faraifirt ifiélancho&que defpouïliée de fon propre
Uutma- phlegme reçoit vne telle afpreté&âcrimo- 'x /-
Ugntté- nie quelle- ne femble plus naturelle, âins
qutre^oire contre nacure:fufcitat-au corps
humain des fymptoméS les plus violents,1
griefs 8c pernicieux de tous. Car elle zp-
proche de la nature de l’eau forte compofee
de vitrioljd’alun 8c de falpetre; dot il enfuit
àuffi les effeéfcs: veu qu’elle excite tâtoft des
appétits, tantoft vne faim canine ou rage, t
quand apiaftee dans l’eftomac,elle s’irrite 8c j
y caufe dutoùrmét,tantoft cefte melancho-
lie qui pour l’inflammation des hypocon-
dr es, l’humeur eftant fublimce, fe nomme
hypocondriaque : par laquelle l’entende¬
ment eft' troublé & fe fouruoye : tantoft
l’humeur efleué par afcenfion, tantoft ab-
baiflé par dçfc èrite , & fait cognéiftrepar
T>V CERV E A V, Gp
diucrs effe&s prodigieux & admirables.
Lefquels ne doiuent pas eftre attribuez à la
Teicher elfe ,humidité, froidure ou chaleur,
mais à toutes les eaufes aufquell estomaq¬
uons çy delius rapporté telles maladies, cov
me peut çognoiftre par les exemples mis
en auant. De forte que i’ofe inferer delà (et Ga\
qui Toit dit fans offenfer G al ien, ny Tes. illu.- liuredes
ftres feéfateur s) que celle humeur melan-
cholique à laquelle on tlonne larate pour
rece&acle, eft induëmcnt comparée à la lie ia’~atur\
de vin 8c d’huile. Car telle humeur ne s’effc i9i.fac ,
jamais trouuée feparémét en la raté : iîa nâ- cba 9. ai*
ture n’ayant deftiné à celle humeur âu-/«J»^ d»
çun referuoir en la rate, ainfi qu’aupres du temïtr*'
foye elle a ordonné le fiel à la bile, afin que j”*”*/^*
par fon defbordement en Tint eftin jeun , la de- Unit,
faculté expulfiue fuft prouoquée comme thodedt
par aloé ou rhabarbe cholagogue àrepur- remed.
ger chacun iour le corps humain demau-
uaifes humeurs & d’excremens trop efpais. n.e p
Mais elle n’a pas ainfi pouriieu àla ratp :.en Vemtn-
laquelle quoy qu’il s’engendre vn vinaigre &ùttde
fanguin de nature non îiquide,mais tèrre-^
ftre { fentes parler delà ittelacholie naturel-» - ?* '
Itj II n’ya toutefois rie d’efpais,ny excremë- ' f* ™
teux qui occupe quelque lieü particulier en
icelle: ains il s’efpad par tout fon corps l^)ô-
gieux, afinqu’eftât imbudecefte humeur a^.
eide & acre corne leuain, ilparuienne àvne
nature rare & fpongieufe , ainfi quéneus
voyons aduenir au pîfin , lequel eftantfer*
E iij
7'0 DES M A EA D I E S
mérité ÿrsîatccnuêV ^deuient'piùs legep&
fpô ngi«üx;^ÆU qu’autremenfc ri féromplus
nialÈ ;&i peferoit • ilairaritage s’il rfy auoit
.ppdjar: dé Ifeuam. -Or tout ainfiagpeieyinai-
-gfce,ne;îfelpeut faire; fans priuaao.n-& fopa-,
fanonde refpritquéefti’elTénce du, vin voj.
i^rié^ipfeuréE^ijnCTpurialetddqai’iLs'en-
-f v,I' aâgÊk:p qui rau pif rcriléifiàitnirëceriumi £eî
vl . x. ^rmoniac, volatile j& acte, àuec lequel il
efttpu ûams£çar^mQCïkconiomô^r0.d6t
**>1 \ ilia téoèaïLyîreicjaaMte & force Mesiàutre
" rs-Kv ^ae fncxiif&i&^ re-
wh ,(V fout itaisipft. & piuftoft les, chofesphisdu-
yes, fc-qur ont'.vîiesFèbffàiicé plus terme Si
Tu?** fôlide^iÆàntû’ft cojageieifcelles- qui xmv vn>
TTT. ", çoqxsnp.to^dnoÊ &%ifis-ifpkttirel>^ommq;
j&uliuré no.us?uqoiis demonfee. ailleurs:' Bemfefme
d&figùdx suffi: eft il çertain'^âejl’effeiice.plm&dùiicç
turhtfo x gzibewgne y ,çâkptDprémier.ément'diiîàpéq
*J*\ £ en: août e: corps ridmmeûx;.mélatn.càdliquc
' s^ne&aigrit utôqmerit 'dcfopfolrfiefmes
-ttînv -, faciâcez^rieie^ân^^efoortfomdéiiJ&jfei--
*fe %-a-, v, ci^kçxttfàfesfefeaijjjQtCp iiplus' effiea4ieüfei
3$ atwe'' qufoiieâprea; fmafej^nuenadbimi. Qrnuiîd
ÀeClui"\ Mimeun iUÊlansWHqifomelp^tijtteiquai
meumt- • llgéeïOKEfiç .^ciÆéîBffièrÉ, aso'ltaWDqi^éïï.élclI .
:**tât*Ur htaasâiirjgar; çüeiê&ipEÏperi&irpnié'c de s.auK
*U*‘ rod|t£r^3©6aiîiluixic zsê^bbdieuil’m&ïnomk
<paeim3»ùs?dd^e^rfand«ri icèUd,'|amm|:eeur..j .
’ ^a^retip^ ifî^iplsçjsàjribcâi pirçaf»<i’y4xe i&mtue
terrfiftricqpâç icaj<âhgt%«fc aduftioris înai a
duiqefliru^ doeêEtaiG^çà; armamac^ a’©'1<i>7
«il , fubtil 8c acre, voire acide & vitriolé,
-qu’elle contient en Ton diffout,& qui tient
lieu de fauffe,prouoquant la faim & excitât
l’apetit : comme aulE d’vn feu naturel doue
dvne propriété admirable, lequel cuit, di¬
géré, deuore, confume &'exerce en vn mo¬
ment telles autres fonétions,que nut autre
feu ne pourroit effectuer par là feulé qualité
8c force de fa chaleur, durant mefme vh
long efpaee de temps-. * 1 *
Tant s’enffaut donc que telle mclahèîÂf-
lie fe dôiue appeller lie, & foit la plus* em¬
paille 8c terreftre de toutes humeurs, telle
qu’on nous la dcfcrit (fans expérience- qui
ta faeeparoiftre telle en la rate) , qu’au-coiï-
traire la bile ayant fon fiegè & réceptacle
au fiel ioignant i'e cre&x du foy e, doit féfti-
bler vne humeur beaucoup plus 'efpâiflfe,
- entant 'qu’élle retient l’habitude d’vn fél-ni-
treux,tartare,huileux,vif^ueux 8c tresmaf-
hf, 8c que non feulement ellofe condenfe
promptemét par là chaleitr exterhédüfêit,
mais auiîTpar trop grande châleitr $u$oÿ'e
ellefe congelé' 8c endurcit •préfqüfe: toute
en conf ftencedetartré;réffembknt à^^iî-
loux,& petites pierres noires. Ce que nulle
" expérience ' ife fte fmoigne prouenir dê rrïe-
lancholie qui fqit eh la rate; laquêiLë r àbe
-neântmoins- ëftant {>ar fois remph^â’ôfe-
ftru'étions^onrs’engendre- les dur et es y la
èaüfer<§e4.da ne s*en dbitattr ibuéi fimpieh
-menrà'd’hQmëur meîançhqiique ; i tjsq^à
, \- ' E «i|
Jt DES MALADIES y
plufieurs autres meflanges d’impuretez, Sc
autres humeurs tartrepfes , defquelles fe
forment telles durerez au fioye mefme,&
autres entrailles. Maishous auons par trop
. finglé en haute mer, il eft temps de caller le
voile,& de fonner la retraite.
^ Toutesfois il nous eftoit neceftaire de
préméditer ces chofes auec diligence, & les
expliquer au long , pour donner tant mieux
à entendre , quelle différence il y a entreles
Hermétiques & Dogmatiques , à examiner
la nature des parties,&aifignerles caufesde
l’Epilepfie, vertige, apoplexie §c paraly fie.
Et afin mefriie de concilier & accorder l’v-
ne & l’autre fedle,!! faire fe pouuoit , où s’il
nous eftoit impoffible de les faire confentir
en tout & par tout,de rapporter fidèlement
les raifons que l’yn& l’autre party met en
auant fin ce fubjet : Et dôner par ce moyen
oceaiion ux dodfces fuiuans vn droit iugc-
ment , de iugeç drpiçt.ement laquelle des
j deux opinions eft la rphis faine v afin que le
tout fe rapporte & tourne au commun a'd-
uancementdc la médecine , en debatant la
çaufe, &foull:enant le party des Dogmati-
j qçtes : nous auons ja furafammênt déduit &
enfeigné félon la plus commune opinion
d’içe.ùx , comment l’Epilepfie a fon fiege au
çerueau , & quelles font fescaufes , à fça-
üoir yfie humeur pituiteufe , c.rafFe & oh-
fito&uie : telle qù’on dit eftre. la eaufe de
Iag>ojilçxiç , qui ffelonFopinion de- Galien
T>V CERVEAV, 7*
qpe nous auons promue eftre telle par beau¬
coup de partages tirés de fes efcrits ) a mef-
rne lîege & caufe que l’Epilepfie n’ep
différé finon à raifon du plus & du moins*
C’eft à fçauoir, qp'en l’apoplexie la matière
boufehe tous les partages du cerueauvni-
uerfeîlement , mais qu’en l’epilepfie elle
occupe feulemët quelques ventricules par¬
ticuliers. Or il nous faut monftrer en peu
de paroles, quelle opinion çn ont les Her¬
métiques.
Ch ap. VIII, ..
Comment il faut rechercher les Jêminatres des
maladies : Et par confequent, hne dîfpute
Hermétique touchant CEpilepjte. '
Pqv r. commencer par la partie malade
ehl'Epileprte : Les Dogmatiques (com¬
me ileftdit cy dertus ) afferment que c’-eff le
cerueau. Les Hermétiques aucontrairç ont
vn bien autre fcntimenc touchant la natu¬
re ik les propriétez du lieu que plusieurs
P eripat étiques, iefquclstafchent d’accom¬
moder les feiences Mathématiques aux
çhofes naturelles : Car les Hermétiques
tiennét que les £lemens,matriçesjchamps,
-ventricules, minières, font lieux non oifffs,
mais doüe? de leurs proprietez qui donnent
vie de nourriture aux chofes qu’ils con^ienr
Ndture
itsele .
KtCJîS.
ncnt , c'eft adiré, aux femeriçcs , dont fina*
Içmentils produifent des fruits qu’ils tien-
ncnt cachés en leurs entrailles .Autant dôe
qu’il yTà de vetrfeules, mines,forges marri- ‘
ces où ciemens participâfis aux proprietez
des fcmences vitales, autat delieux ont auf-
fi les maladies.- Ett dures femênees ayant la
-fâ qui té d’ entretenir la fauté , contiennent
- àulîi en foy lès racines d«s maladies. Car il
èft tref-certain que lafanté & îa maladie,
ont vn mefmefubjeét, tellement que fvne
eft chaflee par l’autre conformément à la
■s , réglé des contraires. Telle efïïeurconcep-,
tiôn touçhantlelrèufqft conùéhaBTiTl’art
- de médecine Sc à la cùtérnefme. Orladif-,
T%£énce quffêVrouuè'eiitre lèfdits lièuxfCo- J;
fôfç en fubMîité , fpiritùalité , efpaiilèur,_
coagulation, i^ie & faculté; l Ati-teftê, félon
- , la différence & conuenance des chofes/ihÿ
p ijfèreee'*MïjiÜ iWërfîté'-aif îiéuPGa-rTe-fr^ ne ^outry,
ces lieux. la pièrre moftëj &priü*éë#ofprifŸitÆ,
“fdnt dits: êftré:ièn la terré 'bîèrîiiut'reniOÙt
qùe l’arbr é,;ay'àut'fes 'racines & éhëueüxllî- .
chez enicéllél#enh irlneèdmnÿe d?vnema.
; tuic-e fa^ n o oÿrktil éi dëmb !àfe$éiïqn'it certain
TüfqifâH tèîUps pf effxjduqilêl d^tndèbf'îës
: e :repüllufé^fcns dnnu^les^dè^nWiiellèSîgê'
‘ -tidift,Têravdit y MreèidndlifÇeMéëlcôftiÿ-
■ üWq&é léfÿhofésTpfd|tèW3À$feâ: âü 'êorpsffc
^iï^nftrénCl^diferëfii^^tstié-uic^fe
BV € E R V E A VS _ 7[
pierre concréee enîa vefcie ou.es peins, paè
{es tupheaux des poda^riques-és ioin&ures,
-mais principalement es mucila^es^ou con-
fifte la vigueur des efprits &teinclures de
fels. nriuÂz :
Or les lieuxdes anaîadies fe necherchent,^”'*'^
& cogrioiirent par le paoym des fehs,
confiderant l’analogie des' cofps, les
plüsr facilement,lesautres moins,'onles iz- tùus du
eognoift facilement à. ladtipn bleflee, aux- muâtes.
excremens -, à foipece »& fituation de lai
douleur , l’enflure &: autres iymptomes &
Agnes -proaenans des proprieiez desmala-'
dies. Ainfl nous apperçeuons quêles efprits.
arsenicaux. Sc corrcrjtfs fe font iiiAnués és
membranes, artère, veines, 3c mufcles, der
la poidtrine , & y ont- fourny ' la- matière à*
vue ; -pif urèfîe peftiientfêHe : ;ce (que nous -
comprenons aifément par-la toux, douleur , ,
poignante, fubîte defaiUance de'forces, êc
par de -craebat-fàngiântdc iroueuxî Onidef-
couture aufli par cç niefme moy eruquetelsr
fais -arfenieaux:fQnt,és intefHns,par lady- ,
iviît.erie peftileîitielle qu’ils y Jufcitent:
paf'ifildefirid’exeïementej^ ledit ifelarfeni-
ealrongèant çefcHfq^iâbbatanr'foüdairi les,
forpeççténdafljj «tes èxcrémensnoir s, ppâts*;
3c boueuXx^oiïér^s^noddsdmileursfort
goeugs;,-d©îgMgçs trenciiânfceSiL: - f
O e onapr end£a£ i]em ent fansaucuns fi~
gnejâ- H? iieuiJdP'iquelques-.aHtrds râalafliest y
qùedê- malade mefmc peut auflidemoÂfes:. ...
' j6 DKS MAIAOIîS
Telle qu’efHa podagre ou goutte aux pieds,
les efcrouëlics,le chancre, & tous les autres
piaux vïfiblc's.
Et combien que les racines chancreufes
pouflenr leurs fruiéfcs,tantoft en la face, tan,
toft en la poi&rine: d’autant que ces par, j
ries font remplies, & fe nourrirent d’vn fag
■ . tref-fubtil & de Tels volatiles. Ou iaçoït
/que> les refoiutions eferoüelleufes foient
portées aucol&y croilïent, àraifon qu’el¬
les y rencontrent des petites glandes , & des
veines abondantes en liqueurs mercuriales,
ajumineùfes & aroniques propres à leur gé¬
nération. finalement encores que les tein,
cures podagriques envoient leurs" fruïch
mucilagineux és ioinéfcures, néantmoins les
mines &: racines de telles maladies, quoy
qu’elles foient auilî manifeftes, fontirTen-.
itblés,& demeurent cachées. Et combien
qu’o jipperçoitre leurs fruits quand ilsT&t
meurs, les lieux toutesfois d’oà& par ou iis
font venus, n’apparoilîet en aucune maniè¬
re que ce Toit , mais font entièrement ca¬
chés; de forte que les fontaines & fources
de tels frui&sTe doiuent recercher ailleurs,
qu es endroi&s où elles produifent leurs ef¬
fets, & leurs tein&ures ou impreflions.
Xfs tieyx Quant aux lieux des maladies celeftes&
^^' fpirituelies , iis font tref-difficiles à coi
TititUt 's gnoiftre: & & doiuent rechercher parvne
ÿtfttrlu- méthode bien autre. Car telles maladies,
tj[m. $uf enfemble àüec leurs tein&ures vitales fe
DV cérVeaÿ. . _
dîffipent toutes en dilîblution, ainfi qu'on
peut veoir és raereores & générations du *
globe fuperieur. Auffi eft il certain qu'au
globe fuperieur du miçrocofme , s’en¬
gendrent tels météores, a fçauoir i’apople-
xie &l’Epilepfiç vrayes, dont ilnousîaut
icy difcourir. Car les lieux de ces maladies
font occultes, & leurs femencesfoar cele-
ftes & fpirituelles , entant que comme vn
foudre, elles abbatent <k deftruifent en yn
inftant les elemens vitaux du corps, vniuer-
fëî. Or eft il certain que l’Epilephe & Apo¬
plexie font des meteores femblables au
microcofme, dont il s’enfuit que leurs lieux
font fpirituels &du tout inuifîbles, puif- L * TMii>
que les tein&ures celeftes&iemencesfpi-
rituejles , ne font vif blement contenues en,
quelques certains lieux, comme font les
corps. Car foit que tellesfemences refident
au cerneau, foit au ventricule, ou en toutle
pancréas, matrice, menftruë,maÇe du fang,
ou autre partie du corps, on ne les peut co-
gnoiftre par analopfmes. La confideration
des parties offenfees font aullipeu confde-
rables^ Parquoy au lieu des ueges corpo¬
rels , il faut chercher les elemens, qui par
certaine puiflànce & maniéré fpirituelle,
contiennent notoirement les tein&ures
fpirituelleS^non comme la pierre eft pofée
es reins où en lavefcie, ou bien les impu¬
terez fuligirieufes dans les entrai!] es: mais
tout ainfi que les cfpritsmineraux fc font
*8 B £ S MALADIES
potentiellement cachez és eiemens , qu|
produifent leurs efte&s en temps oportun.
Erreur de. „ On peut colliger dé i à combien fort fe
G<tli*n trompe Galien, quand en confider-ationdg
^Ufubtde ^ la foîidtion animale depraüée, ilcollo-
ïtpiUpjil que le fiege de i’epilepfîe(dont nous parlons
icy particulfereniétlau Cerneau, voire mef-
-nVe au ventricule pofteriéur d’iccluy. Car
pourquoÿ met il le feminair e de la maladie
pluftoft en céfté partie qu’au coeur , vendue
les fonéHohs dii cœur font autant , Voire
plus pefuerties que celles dü cerneau? De-
:quoy rendent plus que fufEfant tefmoigna-
ge les grands batemenS de cœur, les pouls
■ defreiglez, les fyncdpes efloufantes, &les
pafmoifonsi Commé au fia la grande luicle ;
en laquelle le cœur fontaine de nolire-vie/
fe fentant oppfeffé, &içô danger de p erdre
la vie,âdemble Si appelle à foy dd taures '
parafes forces dei efprits pour feprefeèueiy
.defendreySc auffi rembarrer fon très cruel
-cnnemy,d’où naiffeftt s’ên'faiuentiesfe-
, -couifes & côuuîfions de la tefte,du c ol,d ia-
- phragme, des bras, mains, & pieds, pluftoft
-que de cefte obftrudlion imaginaire du cer*
ueau, & de la corrolion de fes, menyngéS.
.Et ce non fans caufe, attendu qu-’o n peut ..
-taille ou imagination , comme auffi la me*
moire, demeurent en leur entier, fans eftrc
nullement endommagées. Qui pluyell 1»
sy.CBRVEA^ 7?
feu ë & l’ouïe perfïftent en leur intégrité,
ainfi qu'on a fouuent remarqué & obferué
én cefte Damoife/le, pour laquelle nous a-,
uons ordonné leconfcil fufait, félon l’aduis'
qui nous en a efté baillé par efcrit. sPar cefte
©bferùàtion les Hermétiques peuuencdé-
monftrer qu’en quelques Epilepftes, le
cœur eft premièrement Sc de foy indifpcfé. ,
ihaisle cerueau par fympathie. Car en tou¬
te maladie du corps, cefte partie n’ëft pas
premièrement ôc immédiatement mal dif-
pofée, dont' les actions font faines apres la
nailîance du mal. Or en quelques Epi! ep4
fies, tp.ntoft l’imagination & la mémoire,
cantoft la y eue, fonctions du cerueau, de¬
meurent entier es la maladie eftant formée,
en icelles donc le cerueau n’eft pas indifpo- ce etr-
fé le premier. Dont il s’enfuit qu’il faut au- ut a» n*fl
c une s fois cher ch erle'fî ege princip al de l’ E-
pilcpfie ailleurs qu’au çerueau,ou qu’o'nne
l’y doit pas toufiours colloquer. Car com-
me ainfi loit que la maladie aftaiîlantî’hom-
pae tout à coup le profter ne foudainement,
il eft vray femblable que, tels aftàuts -prc-
uiennent auffitoft; du cœur que du cerneau—
Püifque la fource de vie gift au cœur, con¬
tre iaquelle fe font cuidément tels aflàuts.
Voila quel eft le fentiment & opinion
des Hermétiques touchant l’Epilepfte, Sc
autres maladies aftrales, la partie indifpo-
fée, le fiege, minière. & lieu d’où elles s’en¬
gendrent.
ib DES MALADIES
Ç H A ïi IX.
Qtie les cdufes de toutes aftions confftent en
trou principes byfojldtiquesi dont dépendît '
les racines des maladies quand ils henpcnt
d fe re foudre par la feparatton & exalta -
f/071 des temclures qui leur, font annexées t
J.i mefouuient qü’èn debàtaiit la câufedes
Hermétiques, i’ay commencé par certain
ne fentence du vénérable ancien Hippocra¬
tes, ayant dit que nous eftions compofez de
parties contenantes, de contenues & impe-
tueufés. Par lequel difcours , i ay voulu
prouuer 6c demonftrer certainement que
les Hermétiques attribuent lés caufes de
jyo'tipta- toutes les actions de noftre corps, foitbon- '
ttitnt ne$ foit mauuaifes & deprauées pluftoftà
éliem certaines natures & lubftances emcacieu-
fes, ,aftrales,fpirituelles, douées de toutes
fortes dé faueurs,odeurs, couleurs & autres
vertus qu’on peut trouuer,non en apparen¬
ce, mais vrayement es trois principes hy-
poftatiques de toutes ehofes naturelles,*,
fçauoir des vegetaux,mineraux & animaux,
c’eft à dire au lel, fouîphre&mercuré,piuf-_
toft qu’aux (impies qualitez de chaleur,
froidure, humidité & (iccité, ou à vne tem-
pcrie,foit (imple,foit conioinde auec quel®
que
V CRRVEAV. . fl
que matière ainfi que croit & enfëignela
plufpart des Dogmatiques : touchant la¬
quelle opinion quoy quenousayôs ja tenu
quelque propos ailleurs j le fubjet rteant-
moins mérité d’eftrereprins en padànc.
Car les Dogmatiques enfeignent que l-’irU
temperie froide du chaude s’engendre en
nous, de la reilcodtfë dès humeurs froides
6ç chaudes ou des alimehs froids oü chauds.-
Mais les Hermétiques tout au rebours^
diferit que ce font non des qüalitéz, mais
certaines fübftances 8c matières bien ou
mal tempérées, participantes des qualitez
efHcacieufes de faueürs, odeurs &c. qu’ils
appellent racines du teintures feminalesj
8c qui aucunesfdis font cachées és feuls
corps fpiritiiels , ri’ay ans préfque aucune
quantité ny impuretez corporelles. Autres-
fois produifent beaucoup d’impur etez, foie
continuellement 8c fans intermiffioii, foit
par interualle. Dont par là rencontre de ces
fübftances du acides, du acres, ou des vian¬
des qui participent à céfte nature s’erigen-
dre l’acidité ou aérithoniè qui bleftènt les
actions félon la dourine dés Hermétiques.
A quoy ils àdiouftéht que la maladie ne
peut demeurer riÿ reftèr au corps s’il n’y a
cjuelqué malignité , ou quelque faculté
doiiéed’vne tein&ure fe-minaie 8c fpir ituel-
-le en l’vfage des aliments froids ou chauds.
Laquelle faculté, à leur dire eft & fe trou-
tic tdüfiours es viandes acres. Calées, acides.
Si StfS MA LAD J BS
&poiurées.
Vouloir donc attribuer la caufe de l'api
petit infatiable dés viandes qui fe doit plu£
toft nommer appétit de chien que faim, à
l’intemperie froide contraignant, chaffant,
G ah. & refoudant la chaleur , comme font en
jtp ho. piufîeurs lieux Galien, Paul, Aëtius. &rAuin--
i* cenne, ce feroit chofe inepte & fans raifon.
T*u}UutÇç.$ pourquoy aüffi es mefmes lieux, lef-
Æti»*1' 4its Autheurs font contraints parv ne me-
jns) cha. ditation plus profonde d’en rapporter la
i.Amnt, caufe aux corruptions des humeurs acides,
*3 ’tr- foit qu’elles foient phlegmatiques, ©u me-
C&tifts'd* lancholiques. Ce que les Hermétiques at- .
la faim tribuent plus véritablement, proprement,
wfktMm êc certainement à certaine acidité proûo- "
quant la faim,ou à des qfprits vitriolez in-?
iatial^eSÿleCqucis^^i^is; ■■
gez par exakation>dêUorènt foüdain & bri-
■ fent en y ri moment tput eeqtfil ya, non
feulement de viandes molles, mais auffi de
très dures,c'omme auili les os,pierres& mé¬
taux pîus.folides. On tient qu’en l’eftomac
de l’autruche digérant le fer, y a quantité de
ces efprits. La raifon defqqelîes forces, rie
doit eftre fimptement adîugcç à l’acidité
entant que froide ^d’autre qualité, mais
entant que remplîederteIsofprits affamans, ,
elle eft accompagnée & efiadgricçde feisjar?.
moniaques&yitriolez,corrpnfsdeiçurnar
ture. Car fans iceux nulle aciditç, froidure
<>U chaleur ne pourrait fui&re à ceftê;Opea«
êv CER'YE A ri 83
Bon: toute telle force confiftant és feuls
efprits ioinéi: à l’acidité & contenue en icel¬
le. Et afin que leS plus hebetez ignorahS, 8c
peu exercez és diiTolutioiis admirables des
corps naturels,puiiTent aitec plus de facilité
comprendre ces chofes. Nous mettrons en
auant l’exemple de l’eau forte,laqueile con- C*ufe iê
tenant en foy. tels efprits nitreux, acides 8c l* facltlte
vitriolez: tandis qu’elle les i:etieht,ï’argeht,
ou quelque autre metâil qùe cefoiteneft
diffipé 8c diflout.. Mais en telle ébullition,
par laquelle fe diflout le metail,comme ain-
Îî foit qu’on y voie s’exhaler & èuanouir
beaucoup d’efprits rouges comme feu, qui
àuparauarit,eftoient cachez &oififs eh l’eaù
forte , 8c par la vertu defquels font dif-
fouts écdhhpez les corps métalliques. Si a-
près telle ébullition & diflolutioh de me-
tailjvous Voulez mettre en vfage la mefine
eau forte deftituée de fes efprits , 8c eh dif-
foudre vii autre metail, ce fera en vain, car
encores qu’elle retienne fon acrimonie 8c
fauepr precedente, eftant neantmoiris def-
ppuïlléc de tels efprits deuorâs 8c cotrofifsj '
elle rie peut plus dilfoudre ny feparer aucu-
iie choTCé le me fuis feruy de cet exemple*
d’autant que c’eft chofe notoire prefque à
tout le monde, principalement aux orfeu-
res, 8t dont on peut apprendre à quoy il co¬
rnent rapporter la caule d’viie fi grande cor-
rofion & afpreté mordicante.On peur ail ez
tccognoifire combien^ grand trauaîl 8c in*
F ij
DES MALADIES
duftrîe font requis es diftillacions pour re¬
tenir les efprits fur tout des fels ,. efquelÿ
confiftent la vertu & l’adion principale,
ObseBie. Mais par adUanture quelqu’vn rrf obiedera
que nos Corps font exempts de tels fels vi-
f triolez & nitreux, d’où font diftillées, & ex-,
traites les eaux fortes& royales,mais ie puis
affermer véritablement que de noftr ervrine
pleine de fels nitreux, armoniaqu es 8c vi¬
triolez , fe tirent des difîbluans fi forts 8c
efficacieux, que fi ont ne prend foigneufe-
ment garde à gouuerner 8c donner le feu,
comme aufli à y bien adapter vn récipient,
conuenable, 8c le plonger en eau froide, les
efprits s’exhaîans en forme de nuage, ef-
chauffe 8c prefle tellement le vaifleau, qui
les reçoit que fouuentesfois il febrife en
mille pièces, non fans mener vn bruit pr ef.
que aufli grand 8c efclattant qu’vne har-
quebüzade. Lefquels efprits eftans retenus,
bien extraits & reduids en eau, diflotident
l’argent & l’or aufli efficacieüfement 8c
promptement que les eaux appellées forte*
8c royales. *
Ce font là les efprits âtrfquels feuïs lés
Hermétiques donnent la vertu de produire
tous tçls effeds, 8c de la matière defquels ils
Aum J a&eurenf que beaucoup de maladies s’en-
®bk£Um gendrent en nous. Mais les Dogmatiques
B «s* s’efçrieront coritf e cela,qü’en cefte maniéré
mât* fut lesHermetiques ne mettent aucune diffé¬
rence entre la maladie 8c ù, caufe, tomme fi
B V es K Vf AV.
c’eftoit vne mefrne chofe, ce qui ne fe peut
jfouftenir qu’auec grande abfurdité. O utre
ce ils adioufteront qu ils ont apprins de ce
grand perfonnage Hippocrate, quel’hom-
me eft compote de parties contenantes,
contenues & impetueufes,& que les intem¬
péries des contenues ( qu’ils appellent hu¬
meurs) font caufes des maladies: mais que
les dèffauts des parties contenantes foni'les
maladies mefmes, ôc que les effeéfcs des fÿm-
ptomes paroiffent en l’effort Ôc agitation
des efprits. Or parlans ainfi, ils ne confi-
derent pas ce que leur peuuent repartir les-
Hermetiques du liure d’iceluy Hippocra¬
te touchant les efprits, ou il eferit que tou¬
tes maladies procèdent immédiatement des
vents ou efprits. Auquel lieu il apport^
pour exemple non feulement l’EpiJepfîe,
• mais aulli l’hy dropifie & les fiépresdLà mef-
»e aufïi ilprouue ôc fouftieîit par plufieurs
raifons Ôc obferuatiQS que toutes débilités,
defordres Sc aneantiffemens d’a&ions, pro-
uiennent des Forces ôc imprefïions vitales
desefprits. Ce qu’èftant ainfi, comment les
Dogmatiques peuuent ils attribuer les ma¬
ladies aux parties contenues, ou aux corps
grofïiers & immobiles, pluftofl qu’aux ef~
, prits mobiles i veu que corne il a efté dit cy
deuât, les a&ions en font premièrement ÔC
principalementdeprauées, & qu’à eux feuls
conuiët propremétle nô de maladie? Car ce
3 qui offéfe immedhtemët les aébiôs, fe doit
F iij
$6 DES MALADIES
appeller maladie. Or eft il que les avions ;
eolfidé. ^ow prochainement bleflces par des efprits
ratLn iti raalings, parquoy on les doit appeller ma*
efpüts. ladies. D’auatage, deux choïes/ont à confî- '
derer es efprits, à fçauoir l’qfprit ainfl nom¬
mé Amplement , qui eft caufe de la fanté ou
de la maladie, pu bien la bonne ou mauuai- N
fe difpqfltiqnde l’efprit qui s’appelle fanté
ou maladie , à raifon dequoy l’efprit mef-
me doit eftremateriellement & impropre¬
ment' dit maladie, mais la mauuaife difpofî-
tion d’iceluy fe doit proprement"& formel- .
lement nommer ainfl ; Gomme par exem¬
ple quand nous difons que lafiéureeftvne
chaleur enflammée au cœur , ladite chaleur
n’eft pas proprement & formellement la
fléure,maiç l'intempérie & excès de chaleur ✓
eîf la fleure me fine : en conflderation de-
quqy la fleure peut çftre definie en deux ma- - ,
nieres, à fçauoir matériellement & formel- '
lement ainfl que parlent les, efcholestma-
teriellement, comme, la heure eftvnecha- ■
leur enflammée an cœur : formellement,
comme, la fleure eftvne chaude intempérie
du cœur, ou c’eft vn excez d’efprits fuipku-.
, rez , enflammez au cœur comme veulent
phié&io. lçs Hermétiques. Mais quelqu vn obieété-
ra que la maladie ne peut reflder és efprits,
veu que félon la derermination des Dogma¬
tiques, la maladie eft feulement: attach ée
aux parties du corps , à cela on refppndra
que quand rrpus âïsôs que. noftre.corpseft .
> ; : c - ’ ■ ’ • â
DV CERVIAV. -S.7
copofé de parties côtenuës & contenantes,
& chacun mébre de deux , à fçauoir efpaiffc .
& fubtile: d’efpaiffe, tels qùe soties os, vei¬
nes, mufcies, vifçeres: & de fubtile comme
d’vnefprit vaporeux: C’êftpourquoy quid
on dit que la maladie giftés efprits,on affer-
rae aufll qu’elle effe fttuée és membres &
parties de l’animal.
Mais en vain nous arreftons nous aux
noms & appellations, negligeans la recher¬
che des chofes & la cognoiflance des diffé¬
rences: Or ic n’ay pas intention de tenir le
party ny de l’vnejny de l’autre fe£te,' mais
pour monftrer la différence qui eft entre
icelles, & propofer enfemble le moyen de
les accorder, qui eft ce que i’ay entrepris, le
diray feulement que les Dogmatiques di-
ftingu eni fort bien, &auec bônes & folides
raifons les caufes des maladies, d’âuec les
maladies mefeies & leurs fymptomes, cô*
me n’eftant vne mefme chofe, félon que la
caufe& l’effed: ne peuuent eftre vne mefme
chofe , ains different elFentiellement,ou en
définition effentielle. Et au contraire que J*
les Hermétiques efcriuént que ces trois'
chofes ne different point en genre, ou par" ^eia mAm
définition effentielle > mais feulement par udie «frf-
accident : à fçauoir, d’ autant que Tvn eft 'utcstün
a&uellement maladie autr e"i'eft par puif-^ ie- •&”**■
fance. Âinfî qu’il n’ÿ a aucune différence
entre le foulphre ardent :& celuy qùinel’eft
pas, entre le fruift métrf Srïe crud au regard
F iiij
8$ DES MALADIES
de Jep£ caufe & définition eflentielle. Maiç
à râifon que Tvn eft a&uellement enflam¬
me &: meur, l’autre non, mais toutefois Te
peut enflammer & meurlr. Que fi Ariftotç
au premier de fa Metaphyfîque réfuté les
Megarfens qui nioient qu’il y euft aucune
cfiofe en puiflance,mais afFerinoient cel^
feul eftre quelque cKofe quiauoitexiften-
ce ou eftoit actuellement : De.pefme félon
îU'onTugementjlesHermetiquçs-peuuent.^
boindroict réfuté^ plùfieurs Dogmatiques
eft ce ’quiîs ne veulent pas appeller mala¬
die la caufe du maf* pour autant, qu’icelle
caufe n’eft pas actuellement maladie. Mais
qü’ay-pdit? Voila prefque toute l’efcholc
des Dogmatiques qui" murmure eftant fur
le: poindî de fe bander & efleuer contre
moya à caiife que ie. femble trop quuerte-
ment fauorifér le party des îdèrmetiques.
Mais Te Vous pr’ie(mg$ amis)d’auoir vn peu
de p.atieriee,ne vous enaigr iflaiisp oint çpn-
tremoy fi foudain.Reprefentez vous que ie
fay içy l’office d*vn Orateur ou. Xduocat,
. auquel il conuient demonftrer çe qui eft iu-
ûe &/equitabîe, yoirê defendre icy ïufte-
• ment . h caufe des Hermétiques , ,commp *
yoUsTçauez.que pour defendre & fpufïenir
;îi y bilrp iç'p’ay r.iep q.bpis qui m’ait Tembld:
deuoiy ffre’ailogui; fepis çn.auajp.Gar at-.
tendd:.q^ié3ypusfay^T|y'e le chemin,! voiis;^
<te|è ^üî^re^ppb^i^dfj ceftp confrpyer'ü^l ‘
que y ous enfgïÊiez, vn tant.plus. . equita--
D y CE S. V E A Y.
^le 8c droicfc iugement, tous luges fùiuans
I’equité, diront que yous me deuez pluftoft.
reputer digne de louante & gloire, que de-
ftre reprins & vitupéré. Mais pour retour¬
ner au propos d’où noftre difçours s’eftoit
détourné, aduouons qu’il y a des femences,
racines & principes de chofes inférez en.
nousylefquels venans às’exhalter en temps
oportun,produifent aéhiellemét des fruits
de leur efpece , à fçauoir des. maladies &
fymptom.es. Et félon cefte maxime les Her-'
metiques diront que noftre corps contient
en foy des racines, femences, impuretez ni-
trofulphurées-, fiéureufes ou mercuriales,,
vitriolées & épileptiques qui n’apparoiÇ:
fent point,lefqueîI es venans à s’enflammer,,,
feparer & exalter en temps commode, peu-„
uent produire dés effeéfcs Heureux & epilep-
tiques,tant au cœur que dedans- le cerneau,
comme des roidiftemenSjfriïTpns, chaleurs:
outre napure ou inflammations, cheute fou- .
daine,mouuemens conuulfifs,diftraétion de
bouche & de face, & autres tels fymp tomes _
tant Heureux qu’qpiIeptiques-«L.es Hçrjxiéti-jpdUfo
qijes peuuent auffi bien que les Dogmati-^^-'
ques appelIer cesraçines caiifesanteceden-.:?,4/^JWt
t es .des maladies,d:fçauoir dë^fiéur es&dça^
epftçpfîesj! Lefguelles Racines feront, .açilï^
mafadjes ;& •^înptomes^de’maladies quand;.*
ront leurs fruits, mais iî notts paftoij|,p|u^ ,
qutre, ôc attribuons lé' nom de maladie à tes "
5>© LFS MALADÏFS
jÊaufes antecedentes, nulle abfurditéne s’en
enfuiura: Car quand les racines & feminai-
î'és de maqxgifans feerecement au corps ne
s’efmeuuent point, ils donnent des reiaf,
. cjies plus courts tatoft aux fleures , tantoft
plus longs aux epiiepfles.Maïs s’exaltans,ils
jproduifent leurs paroxy fines. De forteqn’v-
ne rnefme chofe eft Jnaladie 3c caufe de ma¬
ladie. f our le moins il faut aduoiier que le
mal ou indifpôfition gift potentiellement
en telle racine, ne plusne moins que le chié
$c la chenille font par puiflfançe en la fe-
ménee dn chien & de la chenille. p’auantà-
ge nous afleurons qu’és intermiilrons de ûé~ ?
Lires & epilepfleSjCeluy cy ou celüy là cft'
tourmenté de telle ou autre flçure,ou bien
tràüaillé d’vne epilepfle: quoy que les pa-
roxyfmes ou alfauts ne paroiffent point;
Mais quiofera nier cela veu que Galien
ihefme voulant impofer nom à. la dy fente- '
fié, doubte s’il la doit ainfl nommer, quand,
lés intèftins.commenCent à eftre exulcçrez,
-..pendant lequel temps les adfcions ne font
pas encor ejs offenfées; ou lors qu’icelles a-
&ions font jà deprauées T Au r efte nous de¬
meurons trop long temps attachez à î’ef-
corce,arrachohs auffi le noiau,& voyons ce
qüe croient les Hermétiques, 6c quelle ou
çombie l différence il y a entre icéu*1
les Dogmatiques, touchant les caufes de [
ççs quatre maladies dont nous traitons.
pv CERVÎAV. çi
Ch ap. X.
Que la nature tant fuperieure qu’inferieure
gouuerne toutes chofes par le moyen des
tjprits participant de la diuine putffance
des a ffiions, le jqueüe s affilons font indue?
ment attribuées au tempérament des qua?
lite^ élémentaires.
Afin que nous commencions pari epi?
lepfie,en debatant la caufe des Dogma¬
tiques , nous auons jà efté contraints de
montrer qu’ils n’eftoient pas d’accord en¬
tre eux touchant les caufes principales de
ces maladies, attendu que quelques vnsd’i-,
ceux réputés mefme pour Coryphées des
Médecins, les attribuent à des fubftance^
froides, crades, pituiteufes &terreftres,les
autres à des fumeufes & fpiritu.elles. Nous
auons femblablement affez vérifié, que l’h-
pinian dé ceux qui les adjugent à vue ma¬
tière crafle & terrienne, eft: fort grodiere,
tellement qu’il n'eftjà befoin de répétition,,
ny d’autre preuue.
Ceux entre les Dogmatiques qui rapor-
tent ces maladies à des caufes halitueufes &
fpirituelTes, à fçaüoir à quelques vapeurs 8c
fumeès, & icettes acres & malignes, fess¬
aient bien dire quelque çhofe à propos»
3* P ES MALADIES
mais non afléz, v eu qu’ils paflent fous filen-
pe l’origine & racine 'de l’acrimonie & ma¬
lignité de tels efprits, & ne font aucune mé-,
tion des efprits qui les aiguifent&: animent,
en forte que fans iceux elles n auroient au¬
cun pouuoir. Lequel fiience nous a donné
occafion de faire ce difcours d’vue longue
fuitte pour manifefier que toute puilfance
<5c adion procèdent feulement de tels e{-
‘prits , principalement la faculté de diiibu- !
dre & de coaguler, & que ceux-là fe trom¬
pent qui s’arreftent aux froides ou chaudes
•qualités externes pour produire tels effe&s. !
-Audi qui plus eft, fi le lieu & le temps nous s
permettoient de conioindre la medecine
- celefte auec la terreftre (ce que nous
:àuons remis à vn autre lieu) Nous ferions^
veoir que telles chaleurs & froidures n’ont
la faculté d’agir que quand elles font ac-
Cau/es ♦compagnées de ces efprits. Ce que tefmoi-
ies im- gnent affez les froids efprits de Saturne,qui
prenions par finiftres afpeéh refroidiifent tellement
ctlefits. . fes rayons du Soleil pour, ardents qu’ils
foient, ôc l’air entier, qu’aucunesfois ils k
. font congeler au milieu mefme- de l’efté.
.Les froids afpeéts des efprits des pléiades,
nous rendent le mefme tefmoignage par h
λerte des frui&s dé la terre qu’ils geient par
eurs froidures: quand au mois d’Auril &en-
uiron le commencement dùmoisde May,
He Soleil efiant au fîgne du Taureau &prp-.
tçhe rafpieéldes Pleiades,ils corrompent SC
BV C E R V E À V.
répriment tellement la chaleur folaire des
rayons, qu’au lieu d vne chaleur fort tem-
perée,toutes chofes frillbnnent &gelent|de:
froidure.
Nous voyons au contraire que quand le
S oleil eft au ligne du Ly on & en fon exalta¬
tion, au près de la martiale 8c ardante ca¬
nicule, les rayons du Soleil auec tout l’air1
deuienhent plus ardens : ~8c toutesfois ils
font fouuent hebetez,allbupis & prefque
efteinéb par les froidureux efprits de Satur¬
ne , comme l’experience nous'afaiét veoir
en noftre France durant les années prece¬
dentes quand Saturne lîtué au ligne de la
Vierge, eftoit bien prés de la canicule. Ceux
là fe fourüoiét encore.s plus, qui définirent
les vertus des vents par la feule chaleur ou
froidure. Ainli le vent de midyappefantit
8c remplit le-cerueau, non pour ce qu’il eft
humide SC chaud, mais'd’autant qu’il a par¬
ticulièrement certaine vertu opiatique luy
prouenant d’efprits alfoupilïans. A raifort
dequoy Hippocrate appelle ledit vent af-
foiblilïant , aflbupilTant & dilïolutif ou
allachilTant. Audi le vent de bize ne caufe Qualités
pas la gelée ny la glace entant qu’il eft froid dti vêts.
8C fec, àfpre & mordant, mais à caufe que
fes proprietez font vitriolées, aceteufçs ou
berbèriféesjfuiuantle tefmoignage du mef-
me Hippocrate. Et tels font les efPeéfcsfpi-
tituels que produit touliours l’influencé
des aftres cçleftes és chofes d’icy bas: les ef*
§ 4- ' îlîS MALADIES
pries defquels font ft abondamment efpâfl
en toutes chofes, que le dire du Poëte eft
tref-veritable ; à fçauoir que Jupiter remplit
c{e(l tout.) Maif il faut doter que la faculté efleri-
ejutfacttl- tieîle des Peripateticiehs, propre à chacune
tetjjUtd' fubftàdce èc qu’ils mettent au predicament
e‘ de la lubftance, eft appellée des Heirmetü
qïies efprits, & iccux àÿans Pindüftrie de
Ouire,dilfoudre,mouuoir,fentir &c:au ven-
tricule, cœur, cerueau 8c es autres parties*
( lefquels efprits ils nomment fbbftances, dé
forte qu’eh cet efîdroit l’opinion del’vne ÔC
l’autre fe<9te eft peü differente, èar cefte iri-i
duftrie eft la mefme pftiftançe effentielfe^
qu’Ariftôte 8c les autres Philofôphes font
eonftftet eri toutes éhôfes, & dont procès
dent' toutes actions. Car comète c’eft l’amé : .
qui regarde,&: tout esfois n’apperçoit point
les couleurs, finonpar certains organes dot
elle fe fert,à fçauoir par la prunelle de l’œil:
laquelle eftarit gaftée, ou tout Porgane dé
l’ûeiijl’homfne lie peut veoif,quoÿque l’eni
tiere faculté de Veoir tefte en l’ame : Àinft
la nature ne produit rien-dù tout;; finon par
ks efprits qui demeurent cachez és femen-
ces des choies. Tels efprits font Comme irf-
ftruniens fan? lefquels les fémehees font
inutiles à la propagation. Car- ftl’efprit y iéf
à s’exhaler de quelque femeuce que ce fait*
elle deuient toute fterile. Parquoy lors que
les Hermétiques dient, que ces efprits Ont
Pinduftrie de fe former des corps, 8c leurs 5
nv cervea v » . 9;
âttribuerit coures avions, ils n’en excluent
pas toute sfois la nature qui eft vrie vertu di¬
urne, inferée és chofes naturelles: Mdis par
métonymie ou tranfport de nom, ils don¬
nent à l’inftrument ce qu'on doit propre-
ment rapporter à l ouurier qui eft k na¬
ture.
Ceperidant,il faut remarquer que ce mot
E(prit , fe prend diuerfement , 8c X plufieurs
lignifications differentes : obferuation qui
eft tres-necefTaire pour euiter toute ambi¬
guité; Car il y a certains efprits ténans le
milieu entre la nature corporelle & l’incor¬
porelle : comme ceux-qu’on nomme efprits
corporels 8c corps fpirituels. Tels corps
fpirituels ou efprits corporels , font appel¬
iez première matière , à raifon qu’ils font
adherans & eftroittement liez aux racines»,
ou principes feminaux dés chofes d’où de»
riuent les dons , proprietez 8c fondions V «mains
conjointes aux corps . De forte qu’iceux
font proprement imbus & douez de cer- ^
«aine induftrie naturelle , & fçauent difcer- *** lt ^
ner les faueurs, couleurs , odeurs & autres
qualirez efficacieufes , comme auffi des fi¬
gures , grandeurs , dimenfions& propor¬
tions. Iceux font enclos & cachez en tou¬
tes femences claires , ainfi qu’en des matri¬
ces ; çe qu’on peut recognoiftre quand ils
exercent leurs fondions , comme quand
dvn petit gland vient à naiftre vn très-haut .
ehefûc j & d’vn grain ou femence qui aa
$6 DES MALADIES
dehors apparoïft noire ou blanche forcent
pluheurs 8c diuerfes cotileurs, odeurs , ^
faueuts , félon la propriété qu’elle contient
inferee dedans foy. Ce qui eft naturel' &
propre à toutes fortes de feitiences : De forï
te qu’elles ne peuuent rien produire de teîj
eftans deftituees de leurs efprits. Et jaçoit
qu’à l’exterieür elles femblent n’eftre aucu¬
nement diminuées en quantité 8c grandeur
de corps : Si eft-ce que la perte de leurs
efprits les rend du tout inutiles à la propa¬
gation & génération : comme ainfî foit què
iefdits efprits feuls font autheurs ou caùfcs
de telles impre liions , iîgnatures vitales , &
de toutes aérions 8c facültez, qu’on ne peut
deuëment raporter au rûeflange 8c tempe-
ramment , ny aux fimples qualitez elemen-
taires de chaleur, froidure, humidité, &fic-
cité : comme celles qui produifent désef-
feéts femblables à foy, & par' mefme moyen
impriment au corps patient leur qualité ex¬
térieure. Ainft le feu rend chaude vne cho¬
ie , la glace 8c la neige font qu’elle devient
froide: Mais les fubftances Spirituelles des
chofes agiffent comme ori diét félon leur
entelechie , c’eft à dirè, par leur verni & fa¬
culté intérieure, qui f appelle entelechie
ou perfection . Or les Peripateticiens &
quelques Médecins, attribuent à toute la
Suhjiance fubftance 8c forme fubftantielle ce qu'ils
Ftrbate- déuoient rapporter aux* efprits: à fçaucdt,
veuns, fes facültez , vertus , puïflanceà ÿ
dont
DV CERVEÀV. 97
dont ils ne veulent recognoiftre autre cau-
fe que la; fubftance &’ forme fubftantielle,
qui difpofent & meuuentou altèrent quel¬
que chôfe par leur eriteiechie : non qu elles
mettent cela en cffeéfc par qualité fenfibie
comme les Elemens : mais par la fecrette
vertu & puiflance de leur forme fubftan* ~
tiellei comme pour exemple , la chaleur du
gingembre n’eft pas, manifefte ny fenfibie
à l'attouchement j ainfi que la chaleur du
feu Et l’occülte vertu & action d’iceluy
gingembre ne s’apperçoit point qu’elle ne
loir efmeuë par la chaleur de l’animal. Ce
qui eft le propre des puifïânces occultes ou
facilitez: cachées félon aucuns,qui eftiment
8c dient 'quecelafeJaiâ: par lent ele chie*
comme di<ff a efté.cÿidèfTus. -f, ;{-
Quantaux Hermetiqücs,ce que ceux-là
donnent à la forme fubftantiellejilslerap-
portent âufdits efprits , & aux trois princi «
peshypoftatiques , c’eft à dire,au fel , mer¬
cure $6 fouphre^ attribuans au fel 8c mercu¬
re , les faueurs & côuleauyduec les facilitez
de deterger , ouurixj mdndifier, euacuer 8c
de ppeferuer le corps de toutécorfuption,
ne plusse. mdinsque le, baUfme-r Mais au
fouphr.e , les odeurs aueules vertuis 8ô *prç-
prietez deiconfolider q agglutiner-^ & d*aji-
paiferles douleurs. k'ÉeUemenfqtfon peut
recognoiftre par cela combien peu de dif-?
fereur iiyaentre,l’vne& l’autre fe«5te , 8c
qu’il efi. plusffaçile qu’on ne croit , de les
G
DES Si Al AD I É î
accorder enfemble .
Maïs pour retourner à nos efprits , nous,
auons fuffifamment enfeigné qu e toutesdes
aftionsde toutes chofes leur font propre¬
ment & feulement deùës: Ioind que fî tels
cfFedstant iHuftres 8c admirables leur font
attribuez, la doctrine ôc demonftration en
feront plus faciles à comprendre , que fi on
les adiuge aux formes OU à toute la fubftan-
ce : Autrement ce feroit de mefrne que fî
nous alliô s cher chef bien loin, à fçauGifaü
ciel, c e qui eft chez nous , vo ire enrios proi
près mains; vice qui eft'd’autant plus ordi¬
naire à pluficurs qu’ils ignorent l’anatemiè
intérieure des corps efquels on peutapper-
ceuoir, mefmeà veiië d’œil, les efprits par-
ticipans de vertus admirables , & Capables
Diuerf Radions merueilleufesra -> Lefquëls éfpriçs
tjfeüsdes félon laldiuerfité des fsmences, fubftânceS
écrits. & principes hypoftatirques aufquels ils font-7
attachez,&efquels il font contenus comme
.en doubles matrices,produifent auflidiuers
«fièds.iles vns <^vne forme plus corporelle,
ies. autres d’vhe plusifpintuelle rÇafcefte
diftin^ion fe trouue.'eïttre les efprits; que
lesvnMont plus carpurjels, tes autres plus
ipiçitaeis y les autres ;tren»ënt l’bn03edeüx;
Jÿesjneqcufi^üx vaporeUx &iaqtfêu3f , font
.plusYolatiles 8c s’exhalent: du corps lespre-
-rniers dç tous : Les filbigineux 8c . £uhgi~
neuxyfont plus corporels que- tous les au-
ïtzcidc ^todQunet le corps les-déniief s,hqn
D V C E R V E A V. 5>5T
fans grande ardeur de feu : Maisles fulphu-
rez, haliteux & huileux qui font comme
entrecollez aux volatiles & fixes , partici¬
pent à la nature des vns & des autres. T ous
lefquels efprits font certainement douez
de diuerfes faueurs, couleurs, odeurs & au¬
tres qualitez aéfciues , félon la variété des
natures & fubftancesdont ilsfe font expi¬
rez : foit que cela aduienne par la fecrette
& incomprehenfible vertu & operation du
feu intérieur & caché en la nature, foir
par le moyen de l’art , imitant ladite na¬
ture.
Or poùr veoir lefdits efFèéls des efprits,
nous produirons quelques exemples prins
de chofes vulgaires & iournalieres , & par
confisquent, notoires à vn chacun. Quand
le falpetre eft encores meflé auec la terre
qui le contient , & dans laquelle ilfiengen-
dre , lors auffi que le fouphe n’eft pas enco¬
res defpoüillé & purgé de fa minière-, l’effi¬
cace de l’vn 8c l’autre eft fi foible, 8c telle¬
ment hébété à caufe du meflange desfub-
ftances corporelles & terreftres , aufquelles
ils font attachez, qu’ils font mefme inca¬
pables d’inflammation. Mais quandils font
feparez & deliurez de leurs corps 8c meflez
l’vn parmy l’autre, on voit auec combien
grandes forces ils agiflent, 8c auec combien
grande impetuofité leurs puiflantes vertus
fefontparoiftre. . (
G ij
IOO DES MALADIES
Nous prenons ôc mangeons en l’vfagç
ordinaire des viandes le Sel commun on
marin , nous en allaifonnons les viandes
comme d’vn baufme pour les preferuer de
corruption. Or en vain plongerez &enfe-
uelirez vous vn efcu ou vne drachme d’or
en deux cens Hures de Tel marin , car il n’en
r eceuroit aucun changement tant petit foit
il : Et neantmoins vne once de ion efprit ,
extrait & feparé du corps, pourra en vu
moment refoudre en eau deux ou trois
drachmes d’or , voire d’auantage. Nous
qj- $ •-> pourrions mettre en auant beaucoup d’au-
, très exemples : Mais on nous obieéfcera que
cefte vertu Te doit attribuer à quelque cor-
rofîf ou acre qualité attachée aufel , côme
> aufli aux autres chofes. A laquelle obie-
éti o n n o u s auo ns j a cy de u an t faiélrefpo ti¬
re par l’exemple de l’eau forte, qui , apres la
dinolution de l’argent , demeure bien acre,
mais eftant priuéede fesefprits, lefquelsfe
font éxpirez cndiffoudant l'argent , elle n’a
plus aucune efficace & eft de nul effeét. Et
afin de monftrer plus clairement que telle
vertu ne confifte pas en l’acrimonie , nous
Tout et apporterons maintenant vn exemple dé
Àa’f* lueWü^s natures, qui eftansdeflfituées de
'&ïmpL tout:e acrimonie & : de faneur manlfefte,
susax, produifent toutesfois de tels effefts admi-
riejl pas râbles par les forces & vertus dés efprits
<mt a» dont elles font pleines. Prenons les fleurs
f<mt fpiritudks de l’antimoine qui n’ayâs nulle
CV - CE RV E AV. ICI
acrimonie,pourueu toutefois qu’on en hoi¬
rie deux ou trois grains, elles efmeuuent &
çourmentent le corps fi violemment, &
pàrvomiflement 8c par felle,que c’eût chofe
dangereufe. Ce que piufieurs miferablés
expérimentent trop à leur dommage , les¬
quels s’addonnent pluftoft à des Empiriques
ignorans, qu’aux doctes &vrays Médecins
qui fçauét bien feparerleremede falutaire
du venimeux,' & le faire prendrefeurement
8c en temps conuenable.Prenons auffi pour
exemple le verre d’antijnoine , combien
qu’iceluy n’ait pareillement aucune faueur,
fi eft-ce qu’il produit le mefme effeét que fa
fleur, & ce à caufe de certain efprit blanc 8c
arfenical contenu en iceluv, qui fe peut ai-
fément difçerner au marbre, fur lequel on
aura ietté, ledit verre, la poudre duquel fort
menue & tref-fubtile eftant expofée à la
chaleur du Soleil, durant quelques fepmai-
nés, puis prinfe mefme en fort grande dofe,
n’aura aucunes forces pour purger ou ef-
mouuoir le corps,à caufe que l’efprit d’icel¬
le fe feraexhalé& efuanouy tce que i’ay re¬
marqué ailleurs. Dequoy auffl rendent tef»
moignage, ou font indices la grande volati¬
lité 8c fubtilité de l’efp rit, qui toutefois ne
pourra pefer fur chaque once d’auantage
qu’vngrain,ou demy.
En outre les métaux mefmes, voire tous
corps fort maffifs, efquels le vulgaire ne re-
eognoir point de vie, 8c qu’il eftime n’eftre
G iij
-
ro'l 1rs MALADIES
participais d’aucune vigueur, ny de tels ef- '
prits, en ont beaucoup plus grande quanti-
. té & de plus nobles.Ce que demonftrent e-,
uidemmentleursdiuers'&admirablesef-
#eéts, quand vnouurier expert les fçait bien
préparer 8c feparer de l’efcorce efpailFe,
dans laquelle ils eftoient détenus captifs.
Et tels efprits approchent dè la fimp licite
de la nature élémentaire. Ceux qui feplai-
fent en leur ignorance, & s’ofFufquent la
veuë eux mefmes à leur efeient, ne’peuueht
contempler leur grande clarté &merueil- /
leux efFects qui fe voient dedans les eftuués
ou bains, 8c es eaux métalliques meflées a-,
uec grande quantité de tels efprits.
L’or rnefme, qui eft foiide & fixe par def-
fus tous lesbaetàux, n’eftpasvuided’iceux
Meraetl - efprits, ains eft participant des plus nobles
fl/on dê P^US effiçacieux de tous : dont les efFects
ïo r, admirables ne Fe pour-r oient aifez expri¬
mer, s’ils n’eftoient vifihles, 8c ne s’apper-
çeuoient par la yëuëmefme: Cariceîuy é-
ftant'diiTbur' par fôn eorrolîf propre & Fa¬
milier, fi vous y v.erfez goutte à goutte
Me peur quél’ebullition ne Toit trop grade.)
l’huile du principal vegetable, 8ç la meflez
auec la diColution,Eor qui au parauanta-v
uoit efté difïbut fe, réduira en chaud : la-
quelle eftant puis apres defteichée à tref-
petit feu, aura vne vertu 8c efficace fi gran¬
de, que par le feul mouuement 8c fans feu,
elle fait paioiftre des efforts de efFects auffi
BV CERVE AV. l<5$
violents- & impétueux que la poudre à ca¬
non , tirant non en haut comme ladite pou¬
dre à canon, mais en bas ou vers terre : de
forte que d’vn tel coup elle peut mefme
tranfpercer & mettre en pièces vne table
de-bois.
Les chofes fufdites ont efté par nous rap¬
portées pour monftrer de combien diffe¬
rentes & admirables vertus font'doiiez tels
efprits.
Maisquelqu’vn s’oppofant me dira, pofé Qbitftfé
le cas qu’ainfi foit , à quelle fin tendent ces
propos?& qu’en coclura t’ô, veu que les ef¬
prits métalliques n’ont rien de cpmmun,ny:
aucune c.onuenance auec les mierocofimi-
ques ? Il refte que vous ayez faiéfc en vain
vn fi long difeours qui n’eft nullement à
propos. A cette obieéfcionierefpond qu’il
y avn merueilleux accord en la nature tant
des métaux & végétaux, que des animaux,
lefquels emanez d’vn mefme principe , re-r
tiennët fans difficulté lafemblace, vnion,&
accord de leur origine, tellement que la
nature minérale fe conuertit aifément en la
vegetable, & la vegetable en l’animal e,l e£-
quelles tranfmutations admirables prouié-
nent fans doute de l’alliance,conuenance,&
analo gie des efprits balfamiques entre eux,
eftant ainfî,que dit a efté, iffuë d’ vne mefme
fource, racine & première matière, comme
aufli d’vne mefme fornîe,ou d’vn mefme ef-r
prit celefte, premier liioteur, qui anime ôç
G iiij
ï©4 »es maladies
vitiifîe toutes chofes: Ce qu’a tefmoignè îç
Diuin Platon en Ton Timée, difant ainfi;
Dieu donc ayant créé cemondefçypetuel^y a in¬
féré quelques femtnces de raifons,& introduit dj-
uinement le principe de vie, afin de produire aujfi
mec le monde la vertu d*en?edrery lefquels'pgp-
pos de Platon,tant de DieuleCreateur,que
de cette vdrtu vitâle &rgeneratiue efpandüë
en toutes chofes, femblent eftre prins du li-
ure de Genefe, dont il auoit eu cognoiflan-
ce, comme nous auons dit ailleurs plus am¬
plement.^ Il ett certain que cêtte vertu vita¬
le, pucet: efprit celefte difperfé par tout l’v-
iiiuers, & efpars en chacunes choies, eftcè-3,
m?»/*1* mefmeque Platon a nommé ame du
mondefc’eft à dire, vne vertu efpanduë en
toutes chofes qui difpofe &gouuerne tous
les corps. Car telle explication fera propre
èc conuenable, effcant auflï tirée des paroles
dudit Platon, que nous auons alieguçes de.
fon Timée, '
* - Or les Philolbphes Payent de ce temps
là, ont e*fté cqntrainds de fuiure celte mé¬
thode de philofophcr par lacôlideration ÔC
infpeéiian des chofes naturelles de ce mort*
de, qui de leur propre nature sot tralitoires^
caduques de corruptibles. Et de vray û elles/
nettoient entretenues ^-retenues par quel¬
que vertu diuiiië, ellcs-fe pourraient efloi?
gner de P Ordre & bufauquel chacunes d’i •
celles'o'nti êiïd faiârés 8c deftinées des leurs
pommencemens : Et icelles eftans defunies
,;ï& ’- V*'-'-1' V * f ,
py CERV.ïA V. IC|
étfeparées , il s’enfuiuroit vne grande conr.
fufion éc perturbation de tout le moncle.
Ce que voulant empefcher 8c deftourner
cetref-bon & tref-puifïant Dieu, il a félon
fa prouidence, fâgeffe & vertu de fonefprit
créé la nature vniuerfelle ,pqur, fuiuant Ton
decret eternel 8c confeil immuableyen fer-
uir comme de cailles fécondés à la confer-^
nation de fon œuure,en afferrniffantî’ou-
urage du monde; & ce parle mouuement
circulaire, qu roulement perpétuel du glo¬
be celefte & fuperieur, 8c par diuerfes in-
Huences de plufieurs aftres 8c eftoilles diffe¬
rentes , comme auffi de feux celeftes , par
les mouuemens &: afpe&s des fept planètes,
,& principalement par les vertus aftrales,vi-
tales 8c merueilleüfes de çefte excellente
Lumière premièrement creée ( qui chaffe 8c
pouffe hors les tenebres,priuatiops Seim-
puiffancesde toutes chofes) iefquelies don¬
nent vie, ame 8c vigueur à toutesdes chofes
caduques d’icy bas. Laquelle lumière iadis
efpanduë par tous les feux celeftes , & fina¬
lement amaffée 8c pofée au Soleil coçnme
vn abbregé , en defploie fort efficacieufe- Pr>p<h-
ment toutes fes vertus, comme de fon pro,- tés du
pre domicile 8c feminaire, par les change-
mens 8c reuolution's" iournidieres 8c annuel¬
les d’iceluy, à la génération , naiflance &
Corruption de toutes chofes.Ce qu’on peut
recognoiftr e de iour à autre par lexperien-
çe ordinaire. Dieu toutesfois n’apasordon-
Genef. i.
ÏO 6 DES MAIADUS
né que nature auroit tellement foin de celte
admïniftration , qu’il fe repoferoit par a-
prés, & demeureroit oifif : mais au contrai-
revil œuure toujours, tenant le gouuernail
en Tes maifis , & flechilfant la nature à fon
plaifir , §ç félon fa fagefle, conformément
,aux dons,proprietez & fciences?c eft à dire^
jaux vertus d’anirher, viuifier Ôc engendrer,
qu’illuy a départies Ôc à fes femences, par
la vertu du mefme efprit qui fe mouuoit,ou
(comme veut S. Baille) gifoit fur les eaux: le
tout félon la parole qu’il a proférée de là
bouche: Queia terre produijejemence viutfian-
te * ertAmeviuante.
Entre les caufes qui defpendent touf-
jours des premières, il y aeertainevertu bal-,
famique ou àltrale, & vn efprit celefte (vie
des ehofes, ôc qui agit le premier és chofes
caduques d’icy bas ) lequel defploy c pre¬
mièrement fes forces en la nature élémen¬
taire, comme en la première & plus f mple
. créature dp toutes, ôc icelle nature élémen¬
taire les efpdnd premieremenren lanatute
minérale, -comme en fon .premier fruicfc:
d’qu elles font par apres tranfportécs en la
vegetable, ôc finalement delà vegetable en
l’animale. ' •>
Quand celle première elfence fpirituclle
commence à fe former vn corps és entrail¬
les de la nature metallique(lequel corps elle
s’y approprie premieremét) ce qu’on y voit
' àu préalable eft vne certaine humeur va-
D V CERVEAV, ÏOJ
poureufe , Tubtilc , balfamique, nitro-ace-
tcufe, en laquelle gift fecretement tant la
vie de l’indiuidu futur, c’eft à dire de la cho-
fe finguliere qui en doit nailire, que fa con-
■> feruation.La nature vegetable,à fçauoir les
plantes fuccnt 8c efpuifent celle vapeur,
dont elles le nourri lient & entretiennent?
la conuertilïant par leur coétionpropre 8c
naturelle de nature minérale ènvegetable.
Par ce moyen ladite vapeur eftainfifu-
blimée, afin qu’elle deuienne plus vitale,
fpirituelle 8c plus celelle, & fe transforme
en feu balfamique, 8c eau de vie tref-pre-
cieufe 8c fort excellente qui s’engendre en
toutes plantes,fur tout es aliment eufes,foit
froides foit chaudes, comme nous auons dit
plus clairement ailleurs. Et c’ell ce qui non
feulement prefèrue les plantes des mauuais
accidens extérieurs, mais anlïi prolonge la
continuation des nouuéaux indiuidus,& ar-
roufe, nourrit, entretient 8c conferue l’ellat
vniuerfel de toute la plante, par la bénigni¬
té de ladite humeur fpiritùelle 8c vitale.
Quant à la nature fenfitiue & animale, elle
prend de la vegétable,c’eftà dire des plantes
comme de fon aliment, ladite vapcurfpiri-
tuelle , fub^tance célefte 8c balfamique,
qû’elle rend beaucoup plus excellente, plus
celelle , plus viue , & en toutes maniérés ;
pius parfai&e 8c fpirituelle, en Tomme'
bien autre que celle qui auoit eflé és plan¬
tes. Car celle fubftance balfamique, vege-
f,0'8 -D E S MALADIES
table, viuifiante par la vertu des efpritsde'
la conco&ionque fait la nature fenfitiue^ à
fçauoir és pélicans & vaifTeaux vitaux d’i¬
celle nature fenfitiueou de l’animale , fe
parfait en quinte-elfence bien autre , &■
beaucoup plus noble que celle qui fe cuit 8c
parfait ordinairement és ventricules natu¬
rels des plantes. Mpis le microcoûne qui
eft l’homme, y eu qu’il fe nourrit de plante?
pii végétaux 8c -d'animaux, c’eft. à dire que
pour fa nourriture il extrait leur quint,
ejfences, ôc cet efprit balfamique, le diftile,
fublime ôc circule par fa concoétion propre
Ôc naturelle , ainn faicte par art chymi-
que , c’eft à dire que par fes vertus, végéta,
' tiuë, fenfîtiue & animale, qu’il contient
toutes en foy , il l’agite , demene , enaigrit
Sc efclaircit, le roulant & le pourra enant
en tous endroits, de forte qu’il parfaict le
nectar de vie tref pur, fort fubtil Sc celeftc ,
à. fçauoir la chaleur naturelle, ou pluftoftie
feu vraiement ceïelte, autheur 8c conferua-
teur de la nature humaine : le feu dije e.the-
. re, l’efprit celefte, le baume vital & fort
precieuxqu’Ariftote par fon efprit fublime,
méditant 8c pénétrant mieux qüe les autres
Philofophes , a recognu eftre l’origine &
fondement de toute génération ôc corru,
ption des chofes naturelles, quand vers la
fin de fon troifiefme liure de la génération
ides animaux,il efcriUoit ainfî* T oute puiflan-
<?e d'amc-Jemble eftrt participante de quelque
D V C ïRV'EÀV. loV
autre corps , p/*« diuin que ceux qu'on
appelle Eléments . £/ comme les âmes different Tes
•unes d’auec les autres en clarté & abfcurïtê: Ænfi
eff differente lanature du corps: Car elle contient
enjoy une fernence qui efi caufe de toute ja fertili¬
té 3 a fçauoir , vne chaleur qui n ef pas innée &
n’enfuit aucune telle faculté : mais l effrit contenu
en la femence ou corps e fumant, & La nature dont
il eft participant fe rapporte par proportion a Te-
lement des efioiles. Parquôy le feu n engendre au¬
cun animal , auffi ne voit on point que lescTofes
efpaijfes ou fiches ou humides: proditifent rien:
mais la chaleur du Soleil & des animaux , non
feulement celle qui ejl détenue dam lafemece jmais
auffi en quelque excrement non naturel, a prin¬
cipe dé vie. C’ efi pour quoy les çhofes dures , mol¬
les , lentes , raides , affres & polies, fe peuuent faire
par chaleur & froidure , mais la propre forme &
effence de chacune d’ icelles „ ne prend nullement
Jon origine des Elemens-
Or comme Pefprit c'elefte & viral des Racine i»
chofes qui r efide en leur quinte eiTence ce- Uvit,
lefte, eft le directeur, gouuerneurî&con-
feruateur deleur vie&eftât : Ainft les au¬
tres font plus impurs &corrôpus, prouenâs
d’excremens & impureté?. des chofes. qui x
abordent & a (Taillent lefdits efprits vitaux
en plufteurs manieres,voirç en nnlesamor-
tiffént. Mort à laquelle l’homme a êfté a£*
fubjetty par le péché , eftant. à caufe d’ibe-
l-uy prjué de la vie perpétuelle qu’il auoit de'[£
çççeuë par 1’infpiration. dVn fouffle diuin mon.
auant fa clieute.. La terre auffi a tellement
cite, maudite à fon occafion , qu’il riy a;rien
en 1 vniuers , qui puilTe euiter les aiguillons
Mon <jut £e }a m0rt s & s'en garentir. Laquelle mort
neftantqu’vne feparation , dilfolution 3 & .
çonfumption de cet efprit,& baufme ra- /!
dical de vie , par le moyen duquel feül lame
eft conjointe & demeure auec le corps/ Ce
<|u on peut bien apperceuoir es corruptions
des métaux , & quand ils font mangez de
fouille ; es frùidts , quand la vermine les
ronge, & es troncs des arbres, quand ils
viennent à fe confumer de pourriture- Lef-
q u elles deprâûations & corruptions ref. ,
(emblent aux gangrenés & amortiflemen’s ,
des membres de l'homme qui les confom-
ment peu à péü;, d’autant qu’vn tel baufme
’ centra- fi -corrompt & vient à mourir. Or en telles
des corruptions , indices d’vne mort tres-çep-
taine. Il y a rieahtmoins des feminaires de
quelque autre vie , dont s’engendrent plu-
fieurs fortes de vers és fruiàts , ’arbres
corps humains, tant au dedans qu’à l’exte-
rieur, lefquels quôy qu’ilfus de corruption,
"fftanrs toüfesfqis participans de vie,ne pei|-
'ûent prouenir d’ailleurs que des efprits vi¬
taux: Ctrhf ’qui font aùcünement efpifts
ne laiflent de retenir la nature de leurs pa-
~jt éns.impurs & corrompus, pour finalement -
K, -f "produire des firuidts conuenablcs à leur
- "naturelle baufme d vne vie plus pure, & de
Yru.iéts plusfâin^edant vaipci*& efteint.
tien
vers.
üv; C E r’v'e a V. lit
Telles corruptions doiicques font les
matrices & fettfinâir es où reildét les efpVîts
venimeux & peftilents donc s’engendrent
en nos corps diuerfes maladies , les tranf-
plantations ordinaires defquelles nous àf-
feurent , & font croire pour tres-certain,
que tels effeéfcs procèdent dé racinés vitales
Ôc fetnences fpirituelles.
Finalement, pour mettre -fin àla'derfiiere A?tT*
différence des efprits fufdits , touchant lef-*
quels nous auons effcé contraints de faire vn *
difcours d’vne fl longue fuitte de propos &
de l’eftendre plus loin que par aduenture
noftre fïibjet ne permettoit, Nous con¬
cluons , qu’outre les efprits douez des qua-
litez aétiuesdont auons fai mention, foit
bonnes, foit mauudifes , il s'en trouue de
tels qui leur font oppofez : à fçauoir, queli
ques corps fpirituels s’ efuanouiffans prom¬
ptement , n’ayansaucuneefficace, vertu, &
faculté, voire eftans deftituez de toute
fcience j foit que ce foient vapeurs fimples.
Toit vaines fumées 8c ombres fugitiues: de
corps & d’autres -èfprits , laquelle derniere .
forte d’efprits voyages , eft biencogncuë&
recogneiie des Dogmatiques , comme de
ceux qui fouuent font mention en leurs li-
ures,de vapeur, fumée, haleine,exhalaifon,
expiration, flatuofîté, vapeur haliteufe,
chaleur fumeufe 8c ignée, fueur vaporeufe,
humeur exhalante , humidité venteufe , de
fubftance haliteufe, de qualité puante ou
il 2 '*>'**■ M A t A OIES M
{entant le bruflé, d’ellence fpirituelie, de
inauuais air , de fumées excremëntëufes^
d’excremens fuligineux & de fuperfluitez
vaporeufes : Mais en vàin fe prononcent
tellesparoles dit tout inutiles, entant qu’el-
- I lés n’orit autre fondement que des vaines
'qualitez-, dont ne fortent aucuns beaux ef:
fedts , comme des efprits actifs & balfamf
ques , foit bons, foit mauuais. Ce queiious
aùons demonftré par vn difeours aifez-long,
afin qu’on fçache que nbftxeoKie, conféraav
tion & fântë , '-confident eh leur dit baufme
pur, celefte & radical : Ainfi qu’au contrais-
/ ré noftre'indifpofîtion Ôc deftrüéfcioajslen^ '
tenu eu- fuit de leur impureté & malignité. Apprie-
-***i"* en nons en outre que la cure.& réparation des
yoyt»n- defauts qui fouucntesfois nous tiennent en
■* *' îangüèur,ne. confifte pas au feul * tempera*
ment & mixtion des Elemens , ny és feules ,
qualitez premières de chaleur , froidure , :
humidité & fiecité : mais.lesj eaufes & re-
medes de ces defauts & iadifp ofitions. fe
do iuent pluftoft adiuger autbaume radical,
.celefte, qumte-eflence desrcmedes,&aux
çfprits mecbaniques infeiez en iceluyj que
Pamcelfe dit eftre cachez enlab.yfme delà
terre , lefquels fe manifeilent en cerrains
' temps pour engendretfesinedicaments,&:
ic.eux médicaments. ayitopjtûM fii4ldfditsë£-.
prits rieEonfiidutçsÈ<^sidêft®œtâ^«ms^^
p-ofeht qudqiiep.eu>dé.tempsieh leurs.abyf*
mes , ne pomians eftre lamoÆJdis par huile
corru-
©V C ER VE AV. 1*5
Corruption des chofes naturelles. Mais il
me femble que i’entéds le brait & les moc-
queries de piüfieurs qui fe perfuadent que
par ce moyen on introduit vne doctrine
nouuelle, & dont on n’ouyt onques parler,
voire qui répugné à leur Philofophie. Ayez
ie vous prie,vn peu de patience mes amis.
Celle opinion n’eft pas lî vaine, friuole ÔC
inutile que vous n’y deuiez point appliquer
voftre eiprit,& qu’elle ne puifle efleueriuf-
qu’au ciel les yeux de voftre entendement
par trop fichez en terre.Car elle ne viét pas
du feul Paracelfei mais, comme nous aüons
roonftré plus amplement en vn autre lieu,
elle s’accorde,& eft conforme aux opinions
des Socratiques touchant les .Idées , dès
Stoiciens touchant la caufe conioin&e 8c
conferuante , d’Anaxagoras quant à l’amas
8c concrétion des atomes, & finalement de
l’autheur de la Diete, quieft Hippocrate fé¬
lon le iugemenn des Hermétiques.
Mais que répliqueront ils aux Herméti¬
ques, quand par bonnes & folides raifons Semtnies
ils pafteront outre, & fpuftiendront queles'4^**Ke;
femences mefmes ne fontpas feulemét dift- ***/
polées à eftrè animées , maislef ont aufli a- *
duellement^ N e voit on pàs bourgeonner,
croiftre & reuerdir beaucoup déplantés ar¬
rachées de terre & priuées de Pâli ment fpi-
rituel qui entrer enoit leur vigueür,germer,
croiftre, & reuerdir? Doit on mefpriferdC
reietter comme abfurde 2c erronée , leur
H
„4 DES maladies
opinion qui a, pour âppuy&defenfe, Pau-
^nlTliu thorité de fi grands & tant anciens Philofo-
7'Unou. phes, voire l’approbation des modernes,à •
utile Phi . fçauôir de François Patrice, & principale-
' lofbphit ment de ce grand & fubtil perfonnage de -
Aslvnu ■n<jj^re ^lecle Iules de l’Efcale, l’vn defquejs
*tn’ elcrit , que la femence vit parfaictement,
niais de perfection feminaleq ’autre combat
fort vaillamment l’opinion contraire de
Ferncl tirée du liurc qu’il a faiét, touchant
. ie.s.caufesfecretesdeschofes? Cariiprouue ’
" Sc demonftre par raifons tref-fermes, & fur
tout par l’author ité d’ Ariftote mefme, que
l’ame.ou formedu Lyon ou du cheual eft a-
ctuellcment,& non en feule puilîancè, dans'
„ . la femence du lyon & du cheual, de que la
leipcnoe; du ljon &• du cheual eft lyon &
cheual imparfait, qui par fueeeffion de
temps, eft amenée à perfection parla feule .
forme du lyon & du cheual, laquelle for¬
me eft la principale partie de l’elfence,com- :
me, auftî la pqufe efficiente de l’animal; for-
mé,_dije, qui ne paroift.pasàlaveuc, &ne>
s’appcr.çoit par attouchement ny par aucun - I
fens, niais, eft eofnprjnfe par le feul difeours r
de la raifon & de l’entendement , où il faut .
aiftinguer entre la ; génération & perfe- , -
ction, de forte que celle-cv loit exempte de
toute corruption, mais cellc-la. cnfoitfuf-;
ccprible, à’ caufc que la perfection n’admet f
poinr la dliflblution.& feparation des fub-
iihnçegiîy leur résolution en la matière prim
D-V C F. R V E A V. U$
mitiue/chofes neantmoints qui font requi-
fes à la génération, car elle Remployé feu¬
lement à la compolition & mixtion dès cho-
fes di(Toutes: mais la perfeétioft remet le
tout en fon entier, 8c fe conlcrue pluftoft ~
que de p ermettr e qu’ils’en diminue ou per¬
de quelque chofe : Ce que l’experiençc or¬
dinaire demonftre allez chacun iour es
grains 8c femences. Le mefme fe voit aulïi
eni’œuf, d’ou le poullin eftant efçlbs, on ne
trouue rien qui foit relié dedans la coquille,
toutes les parties intégrantes d’iceluy, c’ell
à dire les trois fubftances hypoftatiques, à
fçauoir , la membrane, l’aubin So le moi eu
(qui à vray dire reprefentént fort bien le
mercure , lg fôulphre & le felfeftansfoî-
gneufement gardées de alTemblées fans au¬
cune diminution' où dilïïpation, afin que la /
forme du poullets’en par race, 8c en refulte»
Audi ne doit on pas e ft i inet que les Her¬
métiques (oient tant ignorahs 8c h peu
ver fez en îaPhilofophie Péripàretîqueap-
promiée de tous, que pour confîrmèr leur
opinion, ils ne fçacheàt :biend$ftinguef dç jytfim-
remarquer la différence entre le' premier frie tnm
aéfe'ôuslapuiirance eifenèi éllèj qmh’ejft pàs’'
la propre -lubftance corporelle & totàlede
la chofe, mais quelque chofe d’elTentiel en **■"***'
la fubftance, ayant puilFance 8c vertu d’agir,
qui n^en peut îMmSj^^réTepâf^^FaifBn
dequoynon l’appelle propriété- ou affeéHon
propre; ElSentrê l’atfteLêcondde-ià'pnilîkfi-
H ij ,
llG DES MALADIES
ce qüi fe nomme energie , ou aétion,àfçà-
uoir la puilfance naturelle,& qui dépend du
tempérament quand elle agit. Or tout ainfï
qu’on ne peut nier qüela forme & elïenee
du cheual ne fe doiüe attribuer au poulain
durant fajeunefle , voire qu’il ne foit en ef-
feÇt ôc actuellement cheual, ne plus ne
moins que s’il eftoit parfaiÇt en aage, quoy
qu’il ayt moins de forces qu’vncheùal plus
aagé, ou que fa femence ne foit en maturité
pour engendrer , de laquelle toutesfois il.
n’aura, faute pour procréer vn animal fem-
blable à fôy quand il fera paruenu en aage
parfaiÇt: De mefme les Hermétiques en—
feigiient que la chofe mefme, c’eft à fçauoir
l’ame ou forme eflentielle eft en toute fe¬
mence par ce premier aéte , mais nullement
par le fécond, lequel précédé le premier a-
Cfee au compofé au feul regard du temps,
non en effeCt: attendu que la chofe mefme,
c’eft à dire, la forme fubftancieïle exilte a-i
Ctuellementauili entière & parfaiéte enl’v-
ne qu’en l’autre femence, à fçauoir. meure.
& non meure :v eu femblablement que le
poulain le. cheual auancé en âge font en
effeét autant çheuauxTvn que l’autre^ car la
forme ne laiffe d’eftre entière en tous- deux,
combien que les parties compofees (à la
perfection defquelles eller,tra.uaille conti¬
nuellement) (ont feul smmt commencées
& encores imparfaiÇhes,jCar comme. nqu&
auons dits elle tend . & Remployé. à leur;
DV CERVïAV. 117
perfection.
Mais iî quelqu’vn obieéte aux Hermétiques
que celte perfection eftla generatiô, quand
le cheualfe forme & engendre delafeméce
du malle Sc de la femelle,ou que le ehefne
fe procréée du gland, attendu que le cheual
ny le ehefne n’eftoient pas au parauant, &
qu ainlî la fejnence de l’animal & le gland
du ehefne ont alors cefle d’eltre ce qu’ils
eftoient au parauant? A cefte obïeCtion les
Herineriques refpondront qüe la liibltan*
ce du premier ade, qui en la femence du
cheual ou dans le gland eft la forme ciren-
tielle, comme dit Âriftote,n’eft nullement
engendrée au cheual ou au ehefne, mais
qu'icelle forme eftentielle infeparable , à
parfaiét léfdids cheual & ehefne par le fé¬
cond Se dernier ad equiparauànreft oient
feulement commencez Se imparfaites au
çompofé. Gar l’aéte fécond qui dependdù
tempérament & pjrxtion , eft en quelquè
forte vn accident auquel furuient la géné¬
ration au regard de la fubftance corporelle-,
produite du tempérament par la forme1: Se
non à î’ade, c’eft à dire à la forme quifüfe^
Elle tref-fimple Se fans aucune mixtion.
Quand donques nous voyons croiftrenatu-
rellementjfoit vn poulain ou quelque autre
chofe fembable, il ne faut pas croire qüe ce
qui croift foit la forme fubftâncielle , veu
que le plus ny le moins n ont aucun lieu en
icelle, mais c’eft le cheual qui croift, c’eft a
‘ ' " ^ *H ig
Ohitftlo
Ilg ' t>.E S >.r A t/A t» IES ;
" fçâuoir tout le compote du dicuafeii quoy
‘ paroift alors manuellement la forme qui
" eltant au, préalable deftjtuée d’organes 8c de
corps quoy qu’entiere, demeuroit occulte
& cachée. . ■ -
Quant à l’ame raifonnable de l’homme*
Vbomme. il o’ÿ a personne, excepté quelque mefc
chant Protâg.ore ou, Epicure}qui rappelle
en doute que Dica le Créateur ne l'ait for-
v ~mçé au commencement* 8c par l’efprit de fa
bouche infpirée au premier homme, dans
lequel èftaht infùfe pa,r la mefrne vertu, il a
voulu qu’elle, demeurait immortelle: De
force qu’âpres i’extinction 8c aneantilfe-
ment des, aut r e s faCui t e z^ à fç au o ir v e g e t a-
tiue 8c fenlltiüe en l’homme mort,lafeule,
. apje raifonnable furuit éternellement, q
irrEn fin , pour conclure & mettre fin à cet
argument , concédons que J’ame eft feule¬
ment -par puüïancç , non a&uellement és
. femenCes des chofes : . Car mon intention
• n’eft pas -d’entreprendre : la defenfe ny de
r ' l’^n^ ny de fautre opiriion. Il faudra toü-
resfois qu’on m’aduoiie comme chofe bien
£4fAaineeqjie .telles fèmences font pleines
d’efprits, ainfi -que nous auonsdemonffrc
cy dellus, 8c que toutes les actions , vertus
■% & facilitez de.ehacunes chofes , melrnc des
inanimées,8c fuiuant l’opinion de plufieurs,
de celles aui&qüi.font mortes , fe doiuent
pluftoft attribuer à leurs formes eirentielles
qu’à'leur tempérament, félon les fuffifantes
BV CERVEAV. lie) '
raifons que i’ay mifes en auant. Et par cbn—
fequent , -que les Hermétiques adiugeans
telles énergies & faculté z à des fubftancés
ipirituelles ou diuines(çôme parle Ariftote)
approchât plus prés de la doétrine d’ Arifto¬
te que les autres, qui fuiuans vn certain
Empedocles" s’efloignent fort loin d’icelle.
Par cecy, voit-on combien eft vtile la
perquifttion de telles chofes , laquelle nous
accommoderons particulièrement aux ma¬
ladies dot eft qüeftion, afin que leurs caufes
eftans defcouuertes, nous en tirions & ap¬
proprions vn naturel &: vray remede..
Chap. XI.
Comprenant irB(Jènçei différences ,&-caufcs
des quatre maladies fu fines , auec U réfuta¬
tion de t 'opinion materielle &grofiere au en
ont Us Dogmatiques.
Para ce l sé l’vn des principaux Her- f
metiques, approprie librement à quel- filin F a-
ques maladies les noms.de certains terne- raetlfi.
des, afin que.par le nom de la maladie , on
fçache quel remede luy eft propre & fpeci-
fique: Commequand il appelle l’epilepfte.
tantoft mal vitriolé , tantoft verdet , à rai-i
fon qu’elle trouue fon remede en l’efprit
ÿerd duvitrioL Par foisilimpofeaux ma=
H iiij ;
116 CES MALADIES
ladies , des noms prins de leur caufe effi¬
ciente, comme quand il nomme auffi ladite
Épileplie, mal vitriolé , d’autant qu’à Ton
. opinion elle prend fa fourced’vne vapeur
mercuriale vitriolée , qui fexpire d vne hu¬
meur, d’vn tartre , ou d’vu mucilage airugi-
neux , qu’à celle caufe ils furnomment de f
poirreau : veutoqtesfoisqu oit le doit plus
toft âppeller mucilage vitriolé , à raifon
qu’il reffemble mieux au vitriol qu’au poir-
Origine reau: Car il emporte âuec foyles teintures
dilaffaut & impreffions -malignes , âcres & acides^,
tÇtieçt*’ non du poirreau, mais du vitriol , & parin-
ferualîes de temps les exhale ôc mefle d au¬
tant plus facilement auec les.efprits vitaux
& animaux , qu’elles font auffi toutes fpiri-
tuelles, & fymbolifent ou confpirent plus
toft auec lejs chofes fpirituelles qü’auec les
terreftres , dont le cœur & le cerueau, aihli
que dit aeftécy deflus } en recherchant le
uege de la partie dolente-, font aflaillis&
affiegez , foit que cela prouienne d’obftru-
«ftion , foit d’acidité vitriolée1, .eftreignant
êc ferrant les arteres carotides : tellement
que la faculté vitale en eft empefchée de
paffer au cerueau , foit auftlque telles con-
üulftons procèdent de la fubftance des ven¬
tricules du cerueau , eftrecie par la mefme
acidité & ftipticité : ou bien d'vn fel armo-
niac fort acre , qui eftant en ladite humeur-
pieque & defçhire les menyngés plus fen-
ubles, dont s’enfuit la deprauation , voire
ia priuation des principaux offices & fon¬
dions de lame, à fçauoir , de l’intelligence*
de la mémoire & du difcours de la raifori ,
tantoft plus , tantoft moins , félon que la
qualité de l’humeur mercuriale vitriolée,
où fon acidité &virulence effc plus ou moins
maligne : Car nous fommes tous fubjets à
vne infinité de vapeurs, qui de diuers en¬
droits du corps montent en noftre cerueau :
Mais fi. elles n’ont cefte propriété & nature
vitriolée, les epilepfies n’en prouiendront
point , aufquelles félon le tefmoignage
d’Hippocrate mefme,les melacholiques fôt peitr<jU9y
plus enclins que les autres : Les melancholi- UsmeU».
ques ( dit-il ) deuiennent facilement épileptiques, theliquet
& les epilepttques melancholiques. Et ce d’au—
tant que telles gens abondent en humeur
vitriolée, acide, telle qu’éftlamelancholie,
comme nous auons dit auparauant.
Les petits enfans font fort fubjets à cep ur€JU(^
mefme mal, non à caufe qu’ils ont le cer- iesp„its
ueau pituiteux : Car fi la caufe de l’epilepfie enfans
ou de fa fœur l’apoplexie, confiftoit fimple- enclins à
ment en la feule pituite , chacun y feroit en-* qdepft*
clin, ce qui répugné à l’euenement : Comme
ainfi.fpitque nous voyons plufieurs hydro¬
céphales exempts de telles maladies, quoy
qu’ils ayent le cerueau remply d’humidité
aqueufe: mais c’eft à raifon qu’en l’eftomac > '
de plufieurs fe fait vh amas de laid aigre &
mal cuit, lequel venant à fe corrompre, ac¬
quiert vne telle nature qu’il dégénéré en
m 6-ES MALADIES,'
quelque venin airugineux, verd & vitriole,
ce qu’on peut remarquer es matières de.ee-
fte couleur qu’ils reiettent & vomiffent,dôt
ils endurent delref-grandes douleurs,^ de.
uiennent plus enclins à ce mal. C’eftpour-
quoyl’epilepfte eft nommée d’Auinccnne
maladie puerHe ou mere des petits enfans,
mais il l’euft qualifiée plus proprement du
furnom de maraftre. ; ;
Xièpinipn Quant aux caufes des Apoplexies, que
dt G*lun çajjen dit eftre vne mefme chofe auec Cel-
hTcaujh lès de l’epilepfie, & qu’il fou^ient n’éftre
veneneufes ny douées. d’aucune qualité a-
^ylexieÿ/ ctiuennais affeure que c’eft Amplement vne
*pl*ffi* jhu tueur froide & efpaiffe telle que femble
ejea ^Ur~ eftre la pituiteeou femblablement, il ne
met autre differéce entre ces deux maladies,.
ii grieues &borribles,finon que l’apoplexie
s’engendre par l’entiere priuation de kt
puiiTance animale dont les nerfs font defti-
tuez, mais que fepilepfie prouient du mou-
■ uement depraué, lequel eftdiuifé en quatre
efpeces, à fçauoir, tremblement, palpita^
tion, concuffion & conuul'fioii : dont les
deux dernieresfetrouuét enl’epilepfïe^co-
me veulent fes difciples , & principalement
les mouuemens conuulfifs. Cefte opinion
di-je cft trcf-abfurde, fuiuant laquelle on
afligne toufiours la caufe de l’apoplexie à v-
ne feule humeur froide & craffe, aufti n’eft
elle moins ridicule que celle qui afferme,
que Fepilep fie procédé d’vnc mefme caufe;
. N . ' -. r : . , \ 1 -V Jl
DV 'CE R VE AV. 11$
laquelle nous auonsja fuffifamment refutée
& explorée par beaucoup de raifons qui en
vain feroient icy répétées, ayans à cefte fin
déduit amplement les opinions de l’vne &r
f autre fie<fte,tant Hermétique que Dogma¬
tique Xur cefte matière. Lefquels Dogma¬
tiques neantmoins prefque tous d'vnmef-
me confentement font confifter les caufes
des vrayes apoplexies en la quantité d’vnc
humeur pituiteufe, qui en vn moment rem¬
plit tout àcoüples ventricules, tel qu’eftic
fcntiment d’Ægineta, & celuy de Galien au
lieu fufallegué, ôùil efcrit: que les Apople¬
xies &conuulfions font caulées par vue hu¬
meur -pituiteufe, ou melanchoLique. Pour
autant (dit-il) que l’efpaifiëur eft commune
à toutes deux, dont il inféré que la caufe &
fourcë du mal refide en l’efpaiffeür de l’vne
8c l’autre humeur qui boufchent les pores.
S’il eft ainfi,d’où vient que la précipita
tioh de ce mal eft fi grande, &fon aflàutfi
foudain qu’il fe fait envn inftant,& comme
par vn tourbillon inopiné àb b at&t errafte
le malade,de forte qu’auec raifon elle prend
fa nomination du verbe grec qui
vaut autant à difb que pfoûerner, ou ietter
par terre, d autant que ceux qu’elle enua-
hit , fëmble eftre comme touchez du ciel,
.ou frappez de quelque foudre. Dites moy,
ie vous prie, les matières de nature craffè,&
pesate, qui sot difficiles à mouuoir(au iuge-
ment de tous les Médecins) p eüuent elles a-
114 DES maladies
uoir celle propriété d’exciter vn mou'ue,
ment fi foudain, précipité & tant horrible î
Carrelle humeur efpaifté ne fe peut amalfer
dans le cerueàu/inon par quelque interual-
ie de temps & peu à peu, comme ainfifoit
que fa génération ne Te puifle faire en vn
moment, ny auec précipitation. Cepen¬
dant quand elle s’alfemble, ou quvne par¬
tie d’icelle s’eftamalTée, le cerueau en eftant
; remply,- comme on peut conieélurer, pour-
quoy demeure elle li long-temps oyfiue
auant que fufciter le paroxyfme, fans pro¬
duire nul effeél au parauant linon long-tcps
apres, & ce finalement le fruiét meur de l’a¬
poplexie : veu qu au moins elle deuoit, &
pouuoit faire precqder quelque moindre
mal , comme vn grand appétit de dormir, , ’j
bu quelque autre pefanteur allbupilfante?
On dit qu’aucuns tels auant-coureurs ont
açcouftumé de précéder comme la pefan¬
teur, douleur & tourno'yement de telle, la
faim de dormir, lefquels precurfeurs néant-
moins font indices de vapeurs fpirituelles
dont le cerueau eft remply, & qu’à caufe de
fon imbécillité il ne peut digérer ny difiï-
per,ou euàcuer par les emonéioir’es deftinés
à cellé propre filmais en eft rendu nubi-
leu'x, troublé Sc capable de conceuoir tels
lymptomes, pluftoft que de croire qu’ils
prouiennent d’vne humeur crafle, laquelle
s’eft amaftee au cerueau, & y relide pourvu
temps. . ~ >
DV C E R V É A V. 11S
N’auons nous pas fuffifamment "tefmoi-
gné qu'en plufîeurs petits enfans,tant pitui¬
teux qu’autres, on âpperçdit dés tumeurs
pleines d'eau,fîgnifians que leur cerueau eft
remply d’humidité, lefquels toutefois n’en¬
courent point l’apoplexie, &ne fentent au¬
cun des fUfdits lignes precur feu rs, à fçauoir
lapcfanteür, tournoyemét, endormifTemét
& douleur de telle, qui neantmoiris fur'uie-
nent aux yurongnes & grands betiueurs de
vin par les fumées ôc vapeurs de la trop
grande quantité de vin qu’ils ont beu, les¬
quelles font môtées au cerueauîEtveu qu’i¬
celles vapeurs font fpirituelles, non efpaif-
fes,chaudes,ny froides, elles produifent tels
effe&s dedans le cerueau : voire y caufent
quelquefois vil endormiflement li profond,
& vn fommeil tant difficile à interrompre,
que lefdits yurongnes n’en peuuent eftre
deliurés & priuez, que les vapeurs ne foiét
entièrement difiipées. Qui plus eftlemel-
me Hippocrate a laiiTe par efcrit fur la fin de
fon liure touchant lés flatuofitez^que celle
maladie prenoit fa fource dés vents. Et à
la fin du liure des petites glandes,1 il efcrit
çes paroles : Si le cerueau eft rongé de quelque
ehofe, il fonffre v ne grande perturbation^ entende- *
tncnt fc depraue, & l^cerueau met en csnuul/ion
& diftraSHon l’homme tout entier qui én (by mefi-
me ne- profère aucuneparele, mais eft jiffiquê >.&■
ctft e indtjpojiîion fè nomme fideratton.- "■ -
N’âpperçoit on pas femjblablementqus
1x6 dses maladies
tels fymptomes^ont excitez par des fumées 1
& vapeurs de charbons ? Et aullinevofton
pas tomber en vn moment, voire fouuent
perdre l’haleine comme apoplectiques,
ceux qui eftans aftoupis dorment en. lieu
où font retenus, & d’où ne peuuent s’exila^
1er les vap eurs fiiligineufes d’vn feu de char¬
bons ardents ? Les caufes de tels fympto-
mes ne fe doiuent elles pas rapporter à tel¬
les exhalaifons fuligineufes, chaudes,acres,
corroliues, pénétrantes, & de grandes for¬
ces qufrempliflent le cerüeau pluftoft qu’à
des obstructions de cerneau neés de la vif-
coûté & pefant eux de telles humeurs efpaift
les & froides;
opinion Parquoy. nous- concluons fuiuarit l’opL
a:s Her - nion des Hermétiques , qif il me faut ipas
», toufiours attribuer les caufes de telles apo-
.plexiés à certaine pituite- froide 8c efp.aiS'é^
éd’itpo- ou à» quel que autre humeur femblableunais
fltzie. pluftoft: à des exhala.isps.n.çbuleufesquldnt
monté a u ce r u e au , & y font enclofesne plus
ne moins que les nuées efpanduës en l’air:
qui eftans pleines d’eau ‘d’humeuf non
feulement froides &ftmplement humides,
mais ayanev vne qualité efficacieufe &.aéH~
ue, foitqp’clle foit falée,foit mercuriàle,ou
fulphurée , elles fe glacent & congèlent à
l’inftant, comme il peut, aduénir à caufe de
Tefprit yimqlé & glacial qui s’y eft ttanf-
porté, Tén^jnaladie naiÿ êU .Vh-UCibirient
'ÆiccUcf^'^,,&..eQBgeUsiqn':qujs;^i3fe®
DV CE R V E A V. _ _ U?
vitriolée produit par fon adftriéHon 8c
coarctation. Et de-là prouient fans doute
l’apoplexie, tantoft grieue , taritoft legere,
félon, la vertu & abondance tant de la
quantité que de la qualité des matières.
Mais nous auons ja cy deflus en tant de
lieux, 8c E clairement defçouuert TinEgne
8c admirable vertu coagulatiue de l’éfprît ,
vitrioléjaquelle demeure inuincible au mi¬
lieu des' flammes, où fuiuant l’opinion com¬
mune toutes chofesfe diffoudent, & nôob-
ftant le feu, elle fait efficaciëufement paroi-
ftre les forces qu’elle a de congeler: De for¬
te quil feroit ennuieux & fuperflu4’ en par¬
ler d’auantage.
Entre les .Dogmatiques, Auincenne me
femble auoirlc mieux rencontré quant à la
recherche dès caufes def apoplexie, atten¬
du qu’il les rapporte à certaine matière de
qualité, ftiptique ©u a d ft r ing e rit e : ÇV/e opila*
ttoft, dit il, (parlant de l’apoplexie) fsfait qudd
ce qui caufe delà douleur , ou ce quiempefcbe, oufe
meut par mouuemenî de contraclion, efi paruenu
au cerneau, ou bien quelque qualité furuenante en.
iceluy qui le rend adftrîngem <&c. Aurefte nous
aduoüons bien qu’aucunes apoplexies ^en¬
gendrent- au El- d’ au très caufes, comme â\n
phlegmon ou inflâmation- :çPvh âpofteiEO,
ou de quelque effufion de fang dans le çer-
uèau par ouuerture ou rupture d vne vèiq¥s
eh quoy. nous né voulons pas contredire
aux Dogmatiques. 7
Ï2.S DES MALADIES ^
Outre ce nous auons touché quelques
autres caufes de l’apoplexie en défendant le
party des Dogmatiques, à fçauoir l’arreft de
refpric,quand il eft etnpefché de fe tranf-
porter 8c communiquer au, cerneau, par
f’obftruâriô des arter es carotides & des vei¬
nes iugulair es,à caufe par aduantur e des va¬
peurs adftringentes 8c malignes qui refer¬
rent 8c fendent plus eftroittes telles parties,
ou pour autres caufes; où nous auôns pa¬
reillement allégué l’authorité d’Alexandre
Benoift en la circoncifion du prepuçe fans
douleur ny fentiment. Audi auons nous1
dit que ceûe maladie peut eftre fufcitée par
contufion , 8c par fraéture du crâne 8c au-
' très, caufes fcmblables. Mais nous ne fai-
fonsicy nulle mention de telles apoplexies,
en la cure defquellçs nousfômcs de mefme
aduis que les Dogmatiques, 8c approuuons
comme eux la faignée, qu’on peut mefme
repeter fouuentesfois : principalement fi
on a recogneu par lignes que le mal pro-
uient de phlegmon ou d’autre effufion de
v fan g dans le cerueautAins nous parlons en
ce lieu des vrayes apoplexies dont l’origine
eft.inf erne 8c occulte, laquelle eftant feule¬
ment 8c limplemcnt rapportée à vne hu¬
meur efpailTe 8c froide ,ce fera çhofe ridicu- .
lé 8c de tnauuais gouft aux leures des Her-
meiqques qui ont vn palais bien fauourant.
la para- : îjM chofes fufdites. , pn déduira auffile$
fyfte, vraies caufes de la paralylie, çfquelles de-
génerenc
B V € E R V E A V. ÎÏ?
generent fouuent les apoplexies, comme
nous -auonsja cy deuant fait entendre. Car
telle humeur vitriolée, ou glace liquéfiée
di (Toute par vertu naturelle, ou par.fecours
artificiel,^ difp.erfée en quelque endroit di|
eerueau,QU par tout iceluy, voire a?anft>or*
tée en l'etenduë des nerfs par tout l’efpine
du dos,vexant,engourdi(rànt 8ç afïpupiïlàht ^ ;
telles parties par Ton acidité conftipante, mrnUs
piordicante êç acre, félon que telles a çiM? à$9H-
te z vitriolées ont accouftumé d'agaèer, re¬
ferrer & hebeter les dens, telle humeur vh?
triolée, di je, ou glace produit pu amène
telles maladies & fymptomes, corne les ep?
gourdilTëmens & endormiflèmens de merp-?
bres,que nousauos dit eftre auanteoureprs
& voifins de la paralyfie, d’où aulîi Ton peut
facilement recueillit que f’apüplexie s’en*,
gendre de mefmes eaufes, à fçâupir 4’ YM
humeur crue, adftringente & aceteufè, non
pas jfimplement froide & efp.ai(Te,çar corn?
bien voions nous iournellement de deflm?
xions du eeyuèau en la poiéferine, dont ïéf
parties nerueufes. font remplies, fans e^
gourdiffement ny endormillement, & fans
. tranfport de Tefprit animal en iceliesi danl
auffi les membres eftant arroufez, ou ecm-a
blez de çefte defluxion, nelaiflent toutefois
de retenir leur rnQuuement & fentiment,
Femel s’eftudiant | rechercher exa£t^
ment & fubitement les eaufes de la goy Wf a
les deduiç de tehçf defeionSjQÙ tQWi if@J!
î?0 DES MAI ADI ES
les membres ne font point abbatusou e'fto-
nez,ny priuez de fentiment, dequoy les
plaintes ôc cris des malades rendent fuffi-
fant tefmoignage. Telles font les raifons
que les Hermétiques obieélent aux Dog¬
matiques fur celle qüeflion.
Au furptus les vns& les autres affignent
Caufedu mefmes caufes du tournement de telle,
Z7nUe quand' ils le rapportent à des vapeurs hali-
tejle. tueufes ôc fpirituelles.Neantmoins les Her¬
métiques, ainll qu auons dit çà Ôc là en ce
traitté, diuifent en parcelles chaque chofc
interieure,confiderans aulE attentiuement,
ôc recherchans fubtilement chacunes par¬
ties de l’anatomie. D’ou vient qu’ils affer¬
ment que telles vapeurs du exhalaifons qui
caufent les vertiges,prouiennent de refînes,
car très, où foulphres contenus dans l’efkK
mac , ou autre vifeere, ou bien d’vne fub-
flance de fang plus onétueufe ôc fulphurée:
lefquelles emportent auec foy la teinârure
d’vne fuye noire fort effîcacieufe pour tein¬
dre ôc noircir, toutesfois fans nulle acrimo¬
nie telle qu’en contient le fel armohiac en
fes exhalaifons mercuriales , comme il fe
voit és fumées de certains bois qui entrai- .
lient quant & foy les exhalaifons du fel ar-
D iutrs moniac,dont tels bois produifent abondan-
ejfeSisdts celles élleuans ôc tranfportansés yeux qui
exhalai- en font frappez ôc infe&ez de rougeur <fe-
** ns‘ acrimonie. Cequinadmet,&:neprouienr
pas de la fumée^ c&halaifon d’vne eau fun-
DV CE5.VE AT. Ï$I,
pie, ou d’vn bouillon gras, ou des vapeurs
excitées & efleuées de l’eau ou de la terre
en temps nubileux. Car les fumées ou ex-
halaifons qui font càufes de tels vertiges,
n’apportent aucune douleur, à raifon qu’eU
les n’ont aucune nature de fel, mais de refî¬
ne, d’huile 8c de fouphre, c’eflpourquoy il
n’en procédé nulle acrimonie,mais elle pro-
uient toute des Tels, ainfi que tefmoigne
l’experience ordinaire, car ces fumées on-
élueufes font bien noires &efpaiires,def~
quelles aufE on extrait vneteinélpre noi¬
re : mais elles n’ont rien de mordicant Si
acre comme les fels. Or tout ainh que ces
fumées s’expirans des fels, caufent des don*
leurs, migraines, veilles 8c piufieurs refue,
ries, de mefme les on&ueufes fufçîtent feu¬
lement des tournemens de tefte, 8c telles
maladies obfcures & noices,fans acrimonie
ny fentiment de douleur, foit quelles ayene
leur fiege aucerueau, foit quelles naiifent
d’ailleurs, par la propagation de la caufe ef¬
ficiente du malrcomme quand par les veines
ou arteres inferieures êc extérieures du cer¬
neau, il monte en l’artere de la membrane
choroide vne certaine fumée noire, laqudU
ayat inegalemét tournoyé çà ÔC la és artères
ou cauitez du cerneau, efroeut diuerfe-
ment les humeurs , agite les efprits ani¬
maux , Sc engendre le vertige Amplement
ainfi nommé/eion que telles fumées feront
plus @tt moins efpaiftes gç noires,
132. *>ÊS M At ADIES
Ce yertige Amplement ainfi dit, proce*
de aufli quelquesfois tant du ventricule que
des entrailles mai difpofées,par Ample com¬
munication de certaine vapeur trompeufé
füfcitée par quelque humeur corrompue*
Toutefois de quelque caufe que ces fumées
foient excitées, A elles font vrayemënt r efi-
neufes 8c remplies de tein&ur e noire, alors
s’engendre vne maladie vrayement fcoto-
matique ou vertigineufe: en laquelle l’en*
rendement eft obfcurcy de tenebres, 8c la
veuëtroublee3de fortç que le patient eftime
que la telle 8c tout le corps luy tourne en
roué. C’eft pourquoy il ne fe comporte pas
en forte qu’il demeure ferme (comme diék
Auincenne) ains il tombe 8cc. Dont il ad-
uient quelquesfois que non feulement il
perdla veuë, mais fa ràifon 8c fon iugemenc
viennent à eflre. priuez de toute cognoif*
fance. Ce qui procédé de telles fumées fort
noires, qui offufquent grandement la clarté
8c fplendeür de nos efprits, les rempliflans
de tenebres fort efpaifies quiôbfeurciflènt
leur lumière à la femblance du Soleil, qui
couuert de guilées tref-ëfpaiffes & fort noi¬
res, ne nous peut départir fa lumière.
Mais n’entend-je pas qu’aucuns fe moc-
quent à caufe que ie recognois en nos
corps des refines & gommes, dont fe peut
extraire vne noirceur propre à teindre } ar-
reftésvoûs vn peu icy,mes amis,& faites dil-
Xeélion du fang, afin que par l'anatomie â’ï*
BY CERVEAY, ïtf
èeluy vous appreniez qu’il contient beau¬
coup plus de fortes de teindures noires que
je ne vous raconte. Voyez le laid, qu’on
dit eftre vn fang bien cuit, 8c en exprimez la
jfubftance fulpnurée, ou le beurre, lequel e-
ftant embrafé ou enflammé, combien ie
vous prie tirera on de fuy es noires, ayans la
vertu de noircir ï La noirceur attachée à la
membrane, monftre âflez que le fang nour-
ridant l’humeur vitré & eriftallin en l’œil,
depofe 8c quitte en ce faifant fes excremens
hoirs. Remémorez vous aufli, &eonflde-
rez attentiuement çe que i’ay enfeigné,
touchant l’analogie 8c fympathie que les
métaux ont auec les végétaux, 8c les végé¬
taux auec les animaux, par ce moyen com¬
prendrez vous facilement ce que nous di¬
rons icy, Vous m’aduoüerez, ce croy-je,
que le laid des animaux retient la teinture,
vertu & impreffion des herbes, dont ilsfe
repaiirentj. Quefivousl’ofeznier,voilales
vaches qui ayans mangé des aulx, vous don¬
nent du laid Tentant les aulx: voire le ren¬
dent de mefme couleur que les fleurs quel- \
les ont mangées. Apprenez donc par cela
combien eft vray 8c folide ce que i’ay dit
touchant l’analogie , accord & fympathie
des chofes entre elles. C’eft aflez voire trop
parlé de l’effence, différences, fieges 8c cau-
fes de cefdites maladies , 8c ce conformé¬
ment aux opinions tant Dogmatiques que
des Hermétiques.
B E £ MALABIEâ
m
Chap. XII.
Méthode que tiennent les Dogmatiques en U
cure de l’Epilepfte , monfkrant aucuns ve~
tnedes^dont les .Anciens fe feyuoient en ge¬
neral és paroxjfmes ou acce % de U mala*.
diee ' /
J t eft maintêftahtteffipsd’entrepfendrelâ
cure de fi grands maux, Sc par mefme mé¬
thode propofer les plusexquis, elegans, ôt
feurs remedes dont le fertTvne & l’autre fe*,
été, afin que ceux qui font afiaillis de telles;
maladies en reçoiuent quelque profit
bon fruiéh Car le principal bütdvilvraÿ
<8c fidele Médecin eft d’exceller plüftoft en
effeét qu’en parole, attendu qu’on ne guaric
pas les maladies par eIoquence,foit Hebrai-
que. Grecque, ou Latine, mais elles fe.de J
ftruifent par remedes deuëment Sc conue-*,
nablement préparés & adminiftrez félon
l'art, moyennant qu’on senferue en temps'
opportun»
Pour donques Commencer àtraitterde
la cure de ces quatre, maladies, fuiuant la
méthode qu’auons ja tenue, nous commen¬
cerons par l’epilepfie, à laquelle nous ioin-;
«Irons en leur rang les aütres maladiesqui
l’auoifinét. En premier lieu,nou$ prodüirôs
BV CUTEAV.
tous les remedes communs, dont s’eftferuy
la plufpart des Dogmatiques. Apres quoy
nous mettrons enauant l’ordre & corre-
éeion que les modernes y ont adiouftez,
puis en fin nous prefcrirons la droite ma¬
nière de façonner,& reformer tels remedes
communs, foit au chois des fimples, foit en
leur préparation, félon i’ingeniofité & in-
duftrie de§ Spagiriques & ’Hermetiqües.
Auffi ne paierons nous pas fous filence les
fpecifiques preferuatifs , 5c tref-excelléns
fecrets 5e magifter es, qu’ils prenêt ordinai¬
rement rat des végétaux que des métaux 8c
minéraux. Et talcherons de ce faire fi fa¬
cilement que le public en puilïe remporter
quelque fruiét, Ne nous efloignans point >
de la méthode curatiue des Dogmatiques,
laquelle au contraire nous fuiurons d’aufiî
prés qu’il nous fera pofllble en l’vfage 8c
adminiftration des remedes pratiqués entre
iceux : afin que par ce moyen nous prote-
ftions,& faifions profeflion d’auoir mutuel¬
le correfp.ondance/&: concorde auecieeux,
laquelle nous délirons eftre toufiours entre¬
tenue parmy nous-, 8c auflipour monftrer
que nous ne fommes rudes 8c ignorans, ny
amateurs de fchilme , comme on nous
açcufe.
L’epilepfie donc, pour finalement venir
au propos, & Commencer par celle mala¬
die fi grieue & horrible, à laquelles toutes
perfoanes tant hommes que femmes font
I ihj
ijg ht S li A fc A è i É s
egalement fubieCts, fans aucune confiera^
tion de leurs âges,veu mefmes qu’elle abor¬
de lés petits eiifans âu berceau, à raifon de-
■Ami ?. quoy Auicehhe comme ja nous auons dit cy
Atmoifl deiliiS, l'appelle mere des petits ehfans. L’e-
ù/ms pilepfie di-j e, requiert deux fortes de cure,
tbs.Se ÏVhe prophylactique j ou pour preferueè
l'autre Therapeutiqüe,ou pour guarir. Cel¬
le cÿ a lieu és aîîauts & par oxy fmes,afih do-
àer lacaufe Conioincte du malprefent,mai$
l’autre fert à empefcher la génération delà
çaüfe antecedente,oü matière qui faiét nai-
ftre l’epilepfie: laquelle génération ne fë
peut faire que par fucceffion de tempï;
quoy que l’affaut du mai & le fruiCt meur dé
fes fymptomes fe falïent en vn moment au
p oinct de temps indiuidut Ouilfautcon-
liderer que parfois elle dêûient fi furieufe
& violente que traittant le pauure malade
âuec outrage cruauté, elle ne l’abandon-
îie point que premièrement elle pe fait mi-
fèrablement fait mourir d’yiï genre de mort
le plus eftrange qu’on fçauroir excogiten
Ârtt.U»,' C’eftpourquoy Aretée a efcrit-,Q<« repilepfie
/« 'wfi- ^ V*e ^0rte variable & monfirueufe,
aPel^e des Latins morbtis comitialis, laquelle
' efi terrible, fort aiguë & très danger eufe en fes ac-
cez : v eu qu'un f eul affaut a quelquesfoù emporté
l'komire.Vaul dit le mefme au liu. 5. chap. ifi
Comme ainfi fait donc que ce fie maladie efi en
quelques vnsfon aiguë, elle caufefoudain la mort ,
tant. par fis frequentes irritations, que par la vio -
Z>V C E R V S À V» ï$f
îenci de [es fymptùmes. Nous la deuons auiÊ
fconfiderer comme vne maladie langoureu¬
se & de long rraict, en tant qu’elle excite di-
iiers paroxy ânes tantoft plus rares, tantoft
plus frequens, maintenant plus longs,main»
tenant plus Courtsî lefquels durent iufqu’à
ï’extrefme vieiîleife , voire iufqu’au tom¬
beau, & ne Te termine point auant la mort.
Çe qui eft confirmé par le fufdit Paul, quâd
11 adioufte encor es à ce.qu’âuorts cydeflus
rapporté de luÿ: Qu en quelques vus elle s’ eft end
fi loin , que fi Findijpofition ne cejfe enuiren l'ange
de puberté, oh an temps des purgations lunaires t ott
des imprégnations : ou bien fi elle fiiruient apres ce
temps la, on en meurt fort [ouuentfinon que puis
apres il y [oit pourueu par quelque remede conue-
nable.
Outre cefte obferüation necelTaire ah Olfitaa-
Médecin, touchant l afpreté 8c longue du- t,0? re~
rée de çe mal, il doit auffi neceiîairement,& J^turT
foigneufement prendre garde à la nature,
différences & caufes de la maladie, au tem¬
pérament, à l’aage ôc au fexe des malades,
afin de trouuet & prefcrire le vray,legitime
& afTeuré moÿefi d’y remedier. On pourra
bien ordonner quelque cure generale pour'
.toutes Epilepfies : inais celle qui prouient
du cerueaü,en requiert vne particulière qui
doit autre que celle del’Epilepfie procédant
du ventre, ou d’autres membres plus efloi-
gnés. Et tout ainfi que celle qui s’engendre
de fa morfure d vn fcorpion, ou de quelqttc
IjS DES MAIADIÊS
autre caufe externe, veut auoir d’antres të-
medes que ceux dont on fe fert contre les
epilepfies nées de corruptions & venins qui
font dedans le corps- comme celles cy de¬
mandent vne cure differente de celle qui fe
fait par corruption de fèmence,ou promeut
d’vne indifpofltion de matrice. De mefmc
la complexion d’vn corps gros, gras & pi¬
tuiteux requiert vne autre forte de cure que
cellè d’vri corps maigre & bilieux: la com-
plexion fanguine vne autre que la melan-
cholique. L’enfant pendant encores à la
mammclle fe doit traiter autrement que
celuy qui a défia vefeu fept ou huiél ans, le¬
quel auiïi doit eftre penfé d’vne autre ma¬
niéré que celuy qqi a défia attaint & paffé
l’aage de puberté. Les femmes qui pour la
fupprefïîon de leurs mois, Bc les impuretés
de leur matrice font fuj etes à celle maladie,
noüs exhibent d’autres indications curati-
ues que les hommes, qui d’ailleurs & pour
autres caufes fout affligés de mefme mala¬
die. • ' '
Voila ce qu'il nous cornaient foigneufe-
ment obferuer tant en la preferuatiue qu’en
la curatiue : efquelles premièrement nous,
apporterons touflôurs, des remedes gene-
raux,dont nous deriueroihs & enfeignerons
les remedes particuliers, félon les diuerfes
efpeces & caufes de la maladie, & les tem*
peraments, aage & fexe des maladies.
Nous pratiqueros, & appropiieros àcha-
T>V CERVÏAV. 133
güne forte cfepilepfie celle droite maniéré
de remedier,& choifiros toutes lesplusbël-
les fleurs des remedes qui fe trouuent chez
tous les plus célébrés Dogmatiques tant
<3recs qu’Arabes & Latins, fioit anciens,foit
modcrnes,pour en faire vn bouquet, lequel
nous ornerons 8c embellirons des excellen¬
tes^: pretieufes perles & ioy aux des Her¬
métiques, en fomme nous ne cefleros point
de trauailler & veiller iufques à ce qu’ayons
fincerement rapporté au bien public, 8c l’v-
çilité de nos prochains , tout ce que Dieu
nous a eflargy.
Parquoy nous commencerons par la
Thérapeutique, c’eft à dire par la cure de la
maladie quand elle vient à liurer aflauts 8c
fufciter des paroxyfmes. En quoy rien n’elt
du tout requis que la feule indication cura-
tiue qui confifte à appaifer 8c reprimer la
violence du mal. Et pour continuer paç
ôrdçe la méthode curatiue que nous nous
fournies propofée , croians que tout luge
équitable l’approuueroit comme elegante
8c vtile : pour le refpeéfc <|ue i’ay voué à
f efchole des Dogmatiques, nous leur don¬
nerons le premier lieu au'front de celle ba¬
taille, & mettrons en auant la méthode 8c
les remedes dont ilsfeferuent pour comba-
trc vne fi grande 8c outrageufe maladie
quand ellç exerce fa cruauté. Voicydonc
ce <lu,cn cfcrit OribafeSynops. liu. 8.cha,3.
Quand qttelquvn efi tombé* il f «moindre* tenir
140 ti.S MALADIES
& drejfer les membres retirez. & diftraifîs,puk
lùy cwirir la bouche & y mettre le deigt> ou vue
plume trempée en huile de glayeul , afin d'arra -
çherJa pituite, il faut pareillement excrer les fens
awc des fente urs, comme de Veucedanum ou queue
de pourceau, de fuc Cyrcnien {c efi a dire d'ajfité
fcstida ) de bitume, dè cedre. de poix. Apres les r
accez s'il n'y a aucun ernpefchem en t on tailler a la
veine du coude. Si tajfautne donne aucun relaf-
çhe, on frottera les parties extrefines auec fin api f-
fne, & appliquera- on la ventouje cnuiron le cœur:
que Jî pour ces chofis lam aladie n a point ceffé, il y
a fort peu d'efperance, & toutesfois le Médecin
luy pourra hardiment , & par force verfer en la
bouche du cafioresn, & fie cyrenien auec miel &
vinaigre, mais il introduira par le fondement vne
decoüion de centaurée ou coloquimhe. Ceux qui
releuent de la maladie ayansrecouuert leurs for¬
ces fe doiuent purger auec hiere • Etcefie efi lapar*
fÿte curé de l'eptlepjîe recente & aiguë,
faut Æ- paul Ægineta inculque cela meftne pref?
Uoïytba. qu’en mefmes termes, Àëtius en parle aufli
%l,At t. comme il s’enfuir» L'epilepfee donc venant a
tetr.% fer s' énaigrir & irriter ,il faut lier, oindre & drejfer les
z.ska.i}. membres tors & retirez, puis la bouche efi antott^
uerte, on y fourrera vne plume trempée en huile»
principalement de cypre s ou deglayeuLau de nar*
cijfe, & par ce moyen prouoquera on le vomijje-
ment; pour attirer de lefiemac les humeurs conte¬
nues. Il faut pareillement exciter iesfèns par fin-
teurs, comme fie Veucedanum ,ou de fus C trente# •
Si l’ajfaut continué, le Médecin vfant hardimeni
35 V ÇERVEAVi 141
de contrainte , & feparant tes mafchoires.verfera
du caftoreum en la bouche, & du fisc Cireniena-
uec de Foxymtl , ce quaya n tr étiré, an introduira
par le fondement vne decoclion de Centaurée ou de
Calamenthe , ou bien d'ariflolechie,puis les forces
eflans recouuertes: on purgera auechiere de Celo -
quinthe. Ainfi les autheurs Grecs, comme
aufïi les Arabes fe font efforcés d’appaifer
8c chaffer lesparoxyfmes decemalparvhe -
mefme forte de remedes, ayans en cec en¬
droit fuiuy le canfeil de Galien, expliqué au
liure des parties mal difpofées.
Par ces remedes les Anciens releuoient
de paroxyfmes en toute forte d’epilepfie.
Ceux qui en eftoient trauaillez , foit du’ils
. fulTent gens nobles, ou de baffe condition,
les formulaires defquels remedes nous a-
lions prefque mot à mot puifé de leurs ef-
çrits, afin que quant à la méthode de reme- ,
dier, on voy e la différence qu’il y a entre les
anciens Dogmatiques, & leurs fe&ateurs
modernes, tant en la variété des remedes
qu’en leur diuerfe préparation, adminif|raT
tion 8c vfage. Ce que nous ferons voir à
l'œil cy deffouSjCar il nous conuient/non-
ftrer par certain ordre & fil continuel (pour
éuiter confufion) quelle méthode ils ob~
feruoient & pratiquoient en la cure théra¬
peutique , fpecialement des petits enfans
qui pendoient encores à la mammelle, 8c ne
pouupient fupporter les fortes médecines
dont p euuent vfer ceux qui font plus aagezy
î4i DES. M ALAWI ES
Çair comme ainü 16, it que les enfans.qui a~
îai&ent font fort enclins à çefte maladie,
dont le plus fouuent ils encourent la mort*
ils ont pourueu à leur fanté & conferua-
tion autant foigneufement qu’il leur a elle
poflible. ...
cuu. Entre les Dogmatiques antiens de na-
pour le- GreCque y Aretée Gappadocien a fur
des petit* tous f°rt amplement & particulièrement
tnflm. fraitté de la cure des petits enfans affligez
de tels aflauts epüeptiques, c'eft pourquoy
il m’a femblé bon de tranfcrire icy difertc •
ment fes propres mots & mefmes paroles,
d’autant qu’il fembîe exprès defcouurir &
cxpofer fingulierement,& par le inenu tout "
ce "qui conuient à la, reftauration d’vn en*
fant affailiy de conuulfîon epileptique. Par -
quoy (dit-il) aux enfans a qui ce mal extraordi¬
naire fur aient de corruption, ou de trop grand re-
froidijfement* le vomiffement des viandes, ou delà
pituite , ou de quelques autres aliments que ce foit
leur efi ordinairement profitable* mais les plumes
imbues dtvnguent, ou déhuile de glayeul excitent
F appétit de vomir. Néanmoins il n en faut pat
oindre l'entrée de lagorgefufques aux con unifions ,
il efi auffi befoin de ferrer les baiaux, tournant &
panchant l'enfant fur [on ventre .car cefie façon efi
fort eonuenable pour faire vomir. Mais Ji la
mafcboire de deffut fe retire & deftord, ou fi les
mains & les ïambes font agitées , eu les yeux efien-
dus enfimble auee tout le corps, alors il cep nient
tirer & oindre Us mains pour ks Adoucir : rcdnf
BV CERVEÆV. I4>
ferles yeux biaifez, empefcher doucement que les
parties droiBes nefe courbent ou tordent* fomen¬
ter les membres froids auec vieille laine graffe , &
auec vieux dr appeaux, outre ce vous oindrez, le
fondement de miel, auec de la rue ou auec [alpette
ou refine liquide y mefiée,introduifez.les aujfi don .
cernent dedans iceluy fondement, car ils attrainent
les vents , l' extraction defquels efi le remedeace
mal h petits en fans. JD' abondant s'ils peuuent
avaler vne medecine , celle cy leur fera donnée:
vne partie de Cardamome , va fcrupule d'airain
brûlé > quon leur prefentera à boire. Car ou ils
vomiffent enfemble les humeurs quimolefientl't-
fiomac, ou bien le ventre fe defeharge . Ceteclegme
eu fucement efe au fi fort bon , de C ardamomc.fene-
uéfiueille c?hyfopc:dc chacun pareille quantité que
méfierez, auec nitre & vne portion de racine de
glayeul , pour puis apres yerfer le tout en la bou*f
ch Ci ayant premièrement déferré & ouuert les mafi
chaires. Iettez. le auffi plus auant quel' entrée de
la gorge, afin qu'ils le puiffentauaHer. Ceschofes
fout! fort expedietes aux petits en fan s, aujfi profitent
elles bien aux ieunesgens . M. ais pour le vomi fie-
ment on choifira encor es quelques remedes plus ef-
fecacieux, comme de narctjfè, bulbe, feneuè & hy-
fepe égalé quantité, d'airain & de pointe la moitié
moins que des précédons, h tout meslé enfemble
auec du miel fiait es le prédrefians doute cela fujfira
pour ofier la violence & affrété du mal . Voila
ce qu’en dit Âretée efcriuainfort ancienne
tref-celebre,. lequel comme il appert , n’i.
«lté attaché à suüc feéte, aiufï que luy mejk
ï44 ®ES maladibs
tne demonftre apertement, veu qu’il nt
confentpasàDemocrite, Archigene, Hip¬
pocrate, Ariftote& à quelques autres, Ice-
Juy a bien vefcu depuis, puis qu’il le cite par
fois comme refpioin , &c enfuit par deflus
tous autres le ftile d'iceluy, ç’eft à dire, vfe
d’vne brieueté accompagnée de grauité.
Mais il ny a aucune apparence que Galien
ait eu cognoiflànce de fes efcrits,veu qu’en
nul endroit de fes liures il n en fait mention,
& fi Galien a fuecedé en aage à Ægineta, il .
femble qu'il a leu les liures d’iceluy, comme
ainli foit qu’il commence de- la forte fon .
quatriefme Hure: le croy quArettus Cappado-
cien dit ainjî &c. Aëtius en parleauffi en dU
pers lieux. Entre les Ioniques il excelle en
propos, éloquence, & fentepces: pour in-,
terprete duquel nous auons eu Paul lunius
Craffus trefûlluftre perfonnage de noftre
$ecleT II ny manque qu’vne feule chofe, a
fçauoir que l’exemplaire grec eftant poufry
de vieilleife & vermoulu en plulîeurs eu»
doits, il nous a laiife l’interprétation muti¬
lée , imparfaite , defiointe & par pièces:
de forte que les quatre premiers chapitres
de l’œuure entier traittant des caufes& li¬
gnes des maladies aiguës font perdus ou du
tout imparfaicis. Et qui plus eft le cinquief-
me chapitre touchant l’epileplie dont il eft
icy queftion, fe trouue auffi tronqué àdpn
. commencement. Mais nous nous fournies
Sapement eftoigne? de pqftre
»V CERVEAV.
afin de monftrer l’antiquité & excellence
de cet autheur, lequel toutefois en la cune
mefmes des petis enfans nereiette pastels
remettes; metalliqües& autres femblâb'les,
qui au iugemènt de plirfîeurs eftaiis plus
pernicieux que falutaires, ce feroitpechét
mortellement de les introduire au corps:
mais pluftoft il les admet fans crainte, &ne
fai& difficulté de preferire aux petits enfans
qui alaiétent encores, vn fcrupule d’airain
brufle fans nulle autre préparation, voire
d’auantage à ceux qui font plus aagez pour
les prouoquer à vomir. Laquelle forte d’e-
uacuation efîoit aüflî fouuent qu’heureufe-
ment pratiquée des Anciens en telles, 8c
beaucoup d’autres maladies , ainfi que cy attp
apres nous dirons; plus clairement en, fon uhdnm*
lieu. Et toutefois prcfque tous abhorrent
ce genre de remede, comme reffemblant à
l'antimoine. Lequel neantmoins peuteflre
deuëment préparé 8c adminiftré , non-par -•
quelque Empirique ignorant, mais .pjfivjn
oüuriet . & Médecin expert , en forte qu’a%
uec tref-heureux fucçez on le peut em-,
ploy er ou faire prendre fans crainte d’au¬
cune violence, &aueç moins de danger que
l’ellpbore blanc , çonuulfif tant v-fité 6c fi.
^ Hippocrate , Galien, 8c à toute
l’antiquité. le ne pariepas du verre d’anti-
nous auons improuué & r e-
iettq l’vfage au Eure de la préparation fpa-
gyrlque, quenousmeifmes enlumiereilya
DES MAtADIÎS-
vingt-rept ans 8c d’auantage , mais i’aÿ pour
exemple propofé l'antimoine, afin de mon-
ftrer que pour toutes maladies prouenans
de tein&ures aftrales & fort enracinées, on
peut tirer tât de l’airain brûlé que deTariti-
moine, qui tous deux ont vne nature vitrio-
léé>cé"me auffi du vrtribl,mercure,roupEre,
autres minéraux & métaux femblables,
XMC'Ilese <*es *emedcs autant vtiles,yoire plus excel-
d«s rtme~ lens quebeuXqu’oW prepare ordinairemeg
des métal- ou peut préparer des vegetaux.Les Anciens
Ufues. fe f5t feruis d’eftuues, & d’eaux métalliques
s chaudes,comme il appert dans Aretée liü. i.1
de là cur e des longues maladies chap. y.tbûa
chant la cure de la melancholie. CÀr dit-il
les medkitmens' qui s engendrent en icelles fparS
' lant des eaux chaudes de leur natüre,^»f
èàithÙ zftuoir le bitumé, ou le joulphre , ou l'alun,
fies mef- & beaucoup plus d autres facultez., Qui pluseft,;
prirent Us nos ; Médecins modernes qui mefpriFént; &*•
minéraux reiétterit & ont en fi. grande ho.rreur l'viage
y ont tou . de 'tïlsiremedes metalliqùe^lBht aftrain&s''
etm**' d’y auoir recours 8c d’y enuoyer leurs mala¬
des quand par leurs diuers remedes pris des
végétaux, iîs-ne les peuachfcfoulager,& ont
^ perdu toute efperance' de les pouiibir re-
mettre èli bonne difpofkion. Donilësma-=
fades rëçbment tant &fi grands allegéniëhs(
(comme 'l’experience fait vebir àux^yëux
d’vn chacun) que l'experience mefme doit
clorre la bouche à telsmefdifans.& defdai-
gnçux,^^ ççftç eaufe doiütnt's’abEèhit
BV CÈRVIAV» X47
de mefprifer , & blafmer d’ores en auant
. des remedes ü vtiles & falutaires. Mais re¬
tournons à n.OiTtre; propos , & apres auoir
produit les remedes dont en general les an¬
ciens fe feruoient es paroxyfmes, ou aecez
de la maladie. Produirons maintenant en
premier lieu les vulgaires ou cpramuns^ue
les Dogmatiques ont toufiours. ac co uftu mé
de pratiquer auj ourd’huy pour cet effaà:, 8c
ceux aulîi qui ont efprouué les'ëxçèîïéntes
préparations des Hermétiques. Cequ’ayâs
fait , nous entreprendrons la preferuatiu.e
félon la méthode fufdife, où nous, ferons
femblàbl,ement yebir les remedes des. An- -
j6iens qui feruent4 tellement ext^per celle
longue maladie qu’dleîne r-euienneplus^ou
pour le moins fontlpropf es Ôcconueiiables
pour appaifer, Sc, addoucirfesparoxy fines,
-&-empefcher.l sur snccez trop frequés^ puis
enifin nous adiouftetons pour-complément
à tout cefubjeét lesoanemens des rémedes
-Hermétiques, & les dégantes préparations
fpagirîqûes tirez desyegetaux, animaux&r
:metaux^ dù..nous né. padèrons fbusfikmce
'kis moinsjfîpecifiqueiderjemïklierà^cemdL.
-Et p rémiereme nt nous ënttâitreroris en g©»
•ïtearatmr— - — '*
. dècjefHy ttoffi3dldwàiryi&
-lès1 r eçodusnc plusafFedueii femenrfous «f-
ancë- <^«iperççuroit quelque frùi<Sè.r
■ :-v iü
©ES MALADIES
I4S
Ch ap. Xltl.
Indications particulières du pavoxyfme epi-
leptique, auec la description cf aucuns formu¬
laires de rcmedes pnns en la boutique des
Dogmatiques , afin de reprimer la hiolence
Inika- T)o v r donques repouffer l’aflaut oups-
mm ton- JL roxyfme du prefent mal, les intentions
tenant ^fi«&au%J£ileson vifera principalement,
« - T**» *a înatieÉe*
'0tt4dfaireicuirc &bien digerer- les vapeurs
efpaifles caufansle mal, ou d'euacuer, arra¬
cher & diuertir lamatiere,de corriger,con- ,
tempérer, ou enfxaindre fon acrimonie ve-
neneufe -&-virulente, & finalement de for¬
tifier le ceraeau- & autres parties du corps
rnal;difpofées,ce;qp?on effectuera par reme-
jdes. tant internes; .qu’externes >: làpfçauoir
pourdiifiper ou faire digerer telles vapeurs,
jub nous faudrtrnemployer & ordonner des
«aux theriacales/diuerfcs. fenteurs & par-
Jfoms> des linimentSi y^huiies^! conune auiE
âes emplaftres, eataplàfmes,iachets Sc au»
très femblables. Et pour les dcfraciner de
diuertir,ou mefmes euacuer,nous nous fer-
«irons de purgations, vomitoiresiclyfteres»
fttccemenSamafticatoites^veficatoirçsjYe^
BV CERVEAV. 1 4*
toufes, ligatures & frotemens. Maislacon-
te mperation & corre&ion des matières ma¬
lignes & veneneufès fe feront par antido¬
tes ou contrepoifons antiepileptiques* &
par médicaments du tout propres &fpeci-
nques. Quant à la corroboration des par¬
ties, & la modération ou addouciflement
des horribles fymptomes qui accompagnée
celle maladie, tels quefontlesdeftorfesou
tortures,ies conuulfîons ou pafmoifon$,les
grincemens de dents, iettemens d’efeume,
& autres chofes femblables,ony remédiera
par les moyens que nous expliquerons en
quelque autre lieu.
Voila les intentions 8c l’ordre vniuerfeh
que nous fommes refolus de fuiure fans au¬
cun deftourbier, 8c que tous vrais Dogma¬
tiques doiuent preferire, afin d’abolir les
paroxyfmes de celle maladie. Mais comme
ainfi foit que tels alfauts epileptiquesfont
tref-cruels & fort violens, aoordans les ma¬
lades d’vne façon horrible, que non feule¬
ment les affiftans en font frappez de ter¬
reur, mais les plus célébrés & plus experts
Médecins en l’art s’en ellonnent auffi : veu
pareillemét que le, plus fouuent ilsn aban¬
donnent point -lefdits malades qu apres les
auoir fait mourir, il conuient y apporter vn»:
tref-prompt 8c foudain remede, fans regar¬
der ny attendre la méthode curatiue qu’a-
uons preferite enfonrangjCarle péril con¬
fie au retardement , mais nous la finirons
K üj
ïj© DES MALADIES
quand la maladie nous accordera tirëues, 8;
promettra ôc donnera quelque longueur ou
interuale de temps. Or attendu que les
petits enfans;, melmes ceux qui pendent en-
cores à la mammelle, font fort fubje<5fcs8e
enclins! tellesWdadks^ defquels certes on.
doit pluftoftauoir compafsion que des au¬
tres) il eft raifonnable que nous çommen-
cions par la curé d’iceux,& remarquionsles..
remedes qui de leur propriété fpecifiqueles
peuuent autant: foulager que leur tendre;
aâge,< & faible natiire le permettent.: :
o Alors donc qu’ils fouffriront l’aflaut du
mal,refcume pituiteufe de leur bouchéfe-
râf efluiée le pluftoft que faire fe pourra,
leurs dents feront dëfferrées, & on empef-v.
cbera,'Ou prendra bien garde que par le fer¬
rement d’icelles : leur langue ne foit bleffée,
ou- mefrnes coüppéeV Ge qu’on accomplira
‘ par le moyen dVne cuiller' d’argcntdnter-
pofée entré les dents d’enhaut & celles
d’embas, & pouflee bien auant dans le go-
fier ,îou auec quelque petit b aft o n de.r e glif- .
fe^ou de piuoine, ou mefmes d’yuoire, s’il
efbbefôin de crhofe plus folide* Puisayantf
trempé le doigt en huile d- amendes douces
on le mettra dans 1’ouuerfurc du gofier, afin
d'attirer & faire: forcir la pituite ou phieg-
me,; Pendant lequel moment de temps, ;la
noUtricefirottera & o mdral,enfantdel, hui¬
le fôiuanr cbmpofé, lelong. de l’efpinedu
depuièi le derrière delà telle iufqu’è
D V CE R V E AV. IJI
l’autrebout deladiteefpirie.
Prenez huiles de rué & de vers: de chacun
deux onces t huile de caftoreum vne once » & Us y'
meslez aucc vn peu d eau de vie.
On frottera & enduira pareillement du
mefme huile les bras & les iambes, fi elles-,
font retirées en ferrant lejaoulcedel’vn &
l’autre pied , comme aufli les doigts des
mains, ou bien les eftreignant médiocremët
de quelque autre ligature. Oh prefentera
aufli à flairer vn petit bouquet compofé de
rue & de piuoine, y adiouftant en leur fai-
fon le petit muguet & les fleurs de foulcy
&de tiUet, L’entrée des oreilles, les narines
& les tempes feront aufli fomentés auec la
compofition fuiuante.
Prenezvne dragmede thériaque d’ Alexandre,
confeElures cE AlKermes c fr.de Hiacinthe.de cha¬
cune vn fcrupule & demy.eaux de piuoine , petit
muguet > & cerifes noires de chacun demie once ,
puis meslerés tout enfemble. D’auantage on fe¬
ra tref-bien de faire humer à l’enfant vne
pleine cuiller d’argët de ladite eau, y adiou¬
ftant vn peu de fyrop de piuoine. On appli-
quera auffi fur la tefte ce fur l’eftomac le ca~
taplafme,ou cerat qui s’enfuit.
Prenez poudres de racines de glayeul» fleur s de Caupùfi
piuoine , guy de chefne. de chacune vne dragme» mu
poudroe de fleurs de menthe» mille permis .betoine»
thym, mariolaine de chacune demy dragme. pou¬
dres de femences de piuoine» bayes de genieure» de
chacune vne dragmt & demie, tberiaque, mithri-
K iiij
Vomi*
foire 0
m DP? MALADIES
dat.de chacun fi dragmes, huile de cafioreumdeZ
mion ce, huile d’aneth, rue & menthe, de chacun
vne once & demie , le mitridat & U thénaqüt
foiet fondus au feu auec les huiles, puis oh y adioti-
fierapeuapeule huiles hors dit fe'u.dequoy on fe¬
ra corne vn empUflre, y meslant aujfi de la cire en
façon de cerat. Cela eftendu fur vn linge, ôc
façonné en emplâftre ayant la forme de la
lettre T.; foit appliqué fur la coufturé
couronnàle , & vn autre eh forme de
bouclier ftomachal foit appofé fur l’orifice
du ventricule, voire fur l’endroit par oüTé
col eft eonioint au'defriere delà telle, qui
eftce qu’on appelle nuque.
Si lé mal n’eft vaincu par ces reniedes, &
(\ le retour desparoxyfmes eft frequent au
temps des intermiflions,& pendant le repos
On prouoquefa'le' VOmi'ffement auec vne
•plume qui fera arroufée d’huile d’amendés
douces, & fourrée bien auant dans-lé go-
fier. Où à mèfme fin prenez, vinaigre jciUiti-
que plein vne cuiller d'argent , huile d'amendes
douces demy-cuiïlerée auec vn peu de jucere an-
rhô fût: meslet tout enfemblê <& lefaitphuméra
l'enfant. '' " *
Mais pour incilèr la matière mucilagi-
netife,dontles vapeurs peuüent exciter tels
paroxyfmès; & pour 1 attirer hors par quel¬
que doux vomitoire: il faudra pahchèr l’en¬
fant fur la fdce & eftoinac au près d’vn feu
moderé,depeur qu’il ne deuienne froid,afin
que par ce moyenil vomilfe plus facilemetv
BV CERVEAV. . I#
D’abondant, fi on luy peut commodément
donner vn clyftere , il conuiendra le prépa¬
rer en cefte maniéré.
Prenez, racine dlariftolochie ronde, polypode de
chefne , fimençe de cartbame de chacun deux
dracmes^femence depiuoine.de cumin de chacun
vne dragme & demie, d'ont ferez, vne decoElion
auec du laitt. De laquelle prenez cinq çu fîx onces,
hierapicra de (jditn tmù dragme s .miel anthofat
•une once, huile de rué & de lis de chacun vne on~
ce, du tout meslê (bit fait vn clyftere. Si l’enfant
ne peut vfer de clyftere, aulieud’iceluy on
fe feruira d’vn fuppofitoire aflez acre. I ob-
mets icÿ les fternùtatoire's,defquels fe pour¬
ront veoir cy apres plufieurs deferiptions,
qu’il ne faudra employer finon apres tous
autres remedes, & feulement à l’extremité.
Car és petits enfans,la tendreté & imbécil¬
lité du cerueau,qui pour Iaplufpart eftauiïl
greué de la quantité des humeurs & va¬
peurs, doit eftre fufpeéte & venir en confi-
deration, depeur que la màtiere eftant ef-
mette: par vn fternutatoire, cefte foudaine^*™“**
agitation ne les fuffoque pluftoft que de les y-, ictuent
remettre en meilleur eftat. Ç’eft pourquoy donner
l’application de tels remedes enuers les pe- aux petits
tirs enfaris fe cloit faire auec circonfpe&ion eHfan^
& prudence, afin que le fuccez n en foit au-
tre qubn ne defîre. prêta»*
Ce font la les remedes qui deliurent or* ùon.
dinairement les petits enfans de paroxyfme
vrgent: dont la préparation facile fe peut
ÏJ4 DÉS MAL Api. ES
expediefc prefqu’en vn moment, & admini.
Ære.r promptement félon l’occurrence du
temps & du mal. Pour mefme effeéfc les ve-
getaux mous fournirent auffi de femblabes
remedes, qui ne laifTent d’eftre fpeeifiques,
mais font de préparation plùs longue Sc
plus exadte que les vulgaires, & requièrent
vn expert Médecin qui fçache non feule¬
ment difcourir, mais auffi pratiquer l’art
fpagirique , Jefquels remedes nousinfere-
rons icy quelques formulaires : mais com¬
me ainfi foit "que telles préparations de¬
mandent vn peu plus de temps, ondes ap-
preftera de bonne heure , à ce qu’on ksv
trouue préfts en cas de neceffité, pour le
foulagement des malades de quelque fexe
8c aage que ce foit. , -,
Rondelet Fvn de mes premiers Précep¬
teurs, & homme certes de grand renom,
qui de fe s voyagès foit en Italie, foit ail¬
leurs, a raporté de fingulieres & rares ob-
feruatiôns d’experiences , auoit pour pre-
feruatif & remede fîngulier vne lienne eau
d’hirondelle, dont le formulaire eft conte¬
nu en fes efcrits, le ne puisaffiez compren¬
dre par quelle conie&ure ou raifonne-
ment on a premièrettientreçognuquetéls
oifeaux auoient la pr opriété & vertu de re¬
médier a cefte maladie, en forte qu’à ctfte
fin on ait diftillé leur eau ,- finon par ad-
uanture que l’experience. [foit tiret des
efcrits d’Alexandre- Trallian -, iiure
EV CERVEAV.
premier chapitre 5. onil traicte des cho¬
ies qui duifent naturellement aux épilepti¬
ques : car cet Autheur efcrit qu’entre plu-
heurs autres remedes fpecifiques qu’il em¬
prunte d „A.rchigenes , d’Apollonius, Théo¬
dore, Xenocrate & d’autres Médecins &
Thilofophes anciens , celuy cy fait auffi
merueillesjàfçauoir de deux petites pierres,
l’vne deiquclles eft noire , mais l’autre eft
blanche. Mettez (dit-il) celle cy fur l’epi-
leptique tombé , & elle l’efueillera : mais
celle-là, c’eft à dire la noire , foit liee fur la
peau. Ôr les Hirondelles, comme on dit,
donnent premièrement ces pierettes à
leurs petits, lefquelles ne fe trouuent pas
aifément fi ce n’eft en coupant du tout par
morceaux tous les petits. Quant à moy i’ay
peu, de confiance en tels remedes & autres
femblables’, dont cy apres nous ferons
mention. T outefois files racines de piuoi-
ne, d’angelique, le caftoreum 8c autres in-
grediens y font adiouftez comme i’ay ac-
couftumé de faire, à raifon qu’ils font pro¬
pres pour fortifier le, cerueau, & diffiper,
voire confommer les vapeurs qui engen¬
drent celle maladie par leur obftruéHon &:
qualité maligné, la faculté qu’aie remede
tant de guaranrir le patient de l’aifaut du
paroxyfme, que d’extirper la caufe du mal,
fe doit pluftoft rapporter à leur efficace ôc
vertu qu’aux autres ingrediens.
Soit donques propofée pour, exemple
J. AU d’hi'
rondelles
de no/ire
préféra»
ïn ».
1]6 DES MALADIES
cefte eau d’hirondelle de na&xtft prépara,»
tion,taquelle eft admirable en vertu & bien
expérimentée.
• J> renez. en leur faifon fept ou huiü nichas de
petits hirondeaux, couuerts feulement de poil follet»
dr non encor es reueflus deparfaites plumes. Agen -
ctz les dedans vn vaijjèau de terre verny , bien,
bouché pour y cftré reuerberez iufqu'a tant qii ils
foienttous réduits en poudre auec leurs entrailles et
plumes. Prenez trois onces dé cefte cendre (de la¬
quelle n’y ayant pas ft grande quantité, vous fou-
ftrairez autant durefte qu il y manquera de pou¬
dre J deux onces de cendre de crâne humain, pou¬
dres de racines de guy de chefne, Angélique, Ze-
doaire : de chacune vne onceçfr demie, femenee de
piuoine, grains degenieure concaftez: de chacunjix
dragmes, caftoreum vne onces(ue des racines, &
feuilles de piuoine, vin aigre jcillitic:de chacun vne
Hure , eaux d’hyfope , de fleurs de tillet, de petit mu¬
guet , de fange , de ro/màrin : de chacune vne liure.
Le tout Joit macéré dans vn vaijfeau bien bouché
par quelques tours au bain Marie, puis on leferà
diftiller és cendres a petit feu iufqu’a Jtccité. On
prendra garde que la diftillation ne fente nulle¬
ment le bruslé.
Mais pour renforcer cefte eau & augmenter
fa vertu t prenez les fcces arides a force de feu
reduifez les en poudre fort blanche, puis les ayant
mis dans UmanchetOufiltreàrhipocras.verfez
par dejftts la liqueur difttllét qu'on renuerfera
plufieursfois fur fa chaux la coulant de mefme.
istfqucs à ce qu’elle ait tirégft emporté auecfiy
DV CERViAV. ïtf
h fel auqutlgift & confiftclafoHHerainevertu du
rtmede , & par ainft vous aurez, vne eau de longue
duree, laquelle ne fera. fimplement& greffier ement
dtffillee comme les vulgaires qui acquièrent in -
continent quelque mucidité & corruption, mais fe¬
ra imprégnée des propriétés & vertus de tous les
{impies , dont on verra par V expérience en tout
temps & lieu des merueillcux effe&s prouenans de
tort fpagirique. Ce qu’il faut aufli remarquer
de toutes les autres eaux diftillees: à fçauoir
qu’il les faut confire en leurs Tels, finous
voulons qu’elks foient douées de vertus,
ainfi qu’auons difertement & particulière¬
ment enfeigné au chapitre des eaux en no,
ftre Pharmacopée des Dogmatiques refti-
tüée, on en fera boire aux malades aagez
plein vne cuiller d’argent à intention de les
releuer de leur cheute Sc eftonnement, &
de chafîbr le paroxyfme. Quant aux petits
enfaiis , il leur en faudra faire prendre vn
peu moins. Or afin de poürueoir aux pa-
roxyfmes frequens, & empefeher leur re¬
tour , on continuera l’vfage d’icelles par
quelques iours confecutifs, comme nous
dirons cn traitcant de là cure des Epilepfies.
I’ày autrefois compofé cefte mefmeeau
parvne aü'rre façon de préparer.
Prenez quatre ou cinq nichées de petits hiroHr
deaux que vous couperez, âi morceaux auecleursp^^
plumes ou poil follet, & leurs, entrailles faitesAcs fmjditt.
cuire en cinq ou fix fextiersethydromel en rnefene
façon qm Us autres chairs to'ûiüenten la marmd
•Ij-S DES MALADI ES
te. Adioufleky les racines & J émences de pimine^
d'angelique , guy de chejne, raclure de crâne hu¬
main, cerne de cerf, grains degenieure pilez, di.
damjmclif]e3betoine,thym, hijjope: de chacun au¬
tant que bon vous Jemblerade bouillon en fiitfon
exprimé dans laprejfe & bien coulé. A iexpref-
fim ou eolature feront adiouflees les ehofes fuiuah -
ter, macis, noixmufcade, doux dé girofles, candie:
ide chacun deux dragmes, eaflotteum: demie omi-
fleurs pourprées de mouron , de petit muguet, deü-
lier arbre, de rofmarin , faùge, b eioine: dé chacu¬
nes vn ou deux pugilles , fafran demie drkgme,
camphre deux dragmes , eaux de fletmdepm.
.nier & de foucy-: de chacune vneliure, le rompit
! digerJ enfemble durant quelquesiours , puis on di-
flsllera la liqueur fumant Fart, de laquelle onfWa
:prendre dremf^cukler pëndani’te paroxyftke^
hors iceluy i i feîün que requerra la maladièhll
conuiendra fomenter aiiec la rnéfme "li¬
queur les parties iûferieüregd^s'ôreilidïïêc
-narines du patient. En Façéà prefque fè'%-
blabie le préparé- vne exGelLèntemàu:^
jpies trcs-propres à cefté ftiakdievnoüs^tf-
mom pareillement ddforké^fâmoftre Ëb&jK
-trîieie des D o gmatiqubs reformée : 1
& £ S i e?ëftvnéfomme; quie k tburm e ntéè de
cefte
accompagnée -de > quelque mdi%©Fkion de
^natrice : on luy* fera» ap'pïdbæncksç par fosT
, . narines dès Fenteurs, commç de^albanuèl,
de rue, d’afla fcbtida, de plum es de perdrix
-grillées, parqübyk'.matriééefti.EiaVaflîejé^tî
DV CERVBAV. IJ5>
tepôtt.flce en bas, on bandera auiïl bien fore
les cuifles & les iambes, voire on applique¬
ra fur le nombril: des courges , ou vne ef-
cuelle de terre enueloppée chaudemét d’vn
linge,pleme de vin,dedans lequel ayent efté
cuits la melifle, le calament, la matriciere
êc autres femblables: Au demeurant on ap¬
pliquera par dedans & au dehors les autres
remedes fufdits,fi ce n’eft que par aduantü-
re il faille augmenter la dofe des medica-
rfteiis , 8c adioufter aux clyft eres faits de dé¬
codions céphalique, la benite laxatiue,
l'hiere, ou lacrée de Paccius, & d'entre les
miels le mercurial , remede fpecifique 8c ,
propre à toutes fufFo cations de matrice ,
auee quoy fe pourront encor es mettre, vaae -
oüdeux dragmes de caftoreum. Les mef-
mes remedes, & la façon de les adminiftrer
feruirorit aüx enfans plus âgez,& aux hom¬
mes, augmentant la dofe félon que l'âge &
forces- d’Vn chacunle fembleront requérir,
y employant auffi fans crainte ceux qui ont
plus de vertu J car Tepilepfîe en requiert"
de grands 8c efficacieux, dit Àfet’ée; Mais
il^-faut foigneufement prendregafèe àBien
ptiüér le cerueau de fes empelchemens,.û
rîndifgolition dont il efl: tr auaillé, v i ent im¬
médiatement d'iceluy , 8c ce par remedes
qdi'opefent le plus prompt emeht qiie faire
fe’ pourra . comme par efrhins & fternutâ-
toirés conuenables. Mais h lé mafpréhd fi
foùrce du Ventricule, oh employerâ (bd-
I £o des maladies
dain les remedes qui ont la vertu d’exciter
le vomi'iTement. S’il, prouient d ailleurs,
faudra pareillement fecoürir chaques par¬
ties auec leurs remedes propres, à cède fin
s’enfuit vnfternutatoire,
Stetntita- Prenez, racines de glaïeul, fleurs de inar'jotaint
eaire. friches, d'hyj ope,, fernences de piuoine, nielle, doux
de girofles , poiure : de chacun vn f crapule , et H el¬
lébore blanc demy (crupule}vne poudre qu'on fouf-
fiera es narines: Ou bien prenez demy dragmt
d'ammoniac y deux d'agmes de pyrtthre réduit en
poudre fort menue que mejlérez & pefrirtzauee
Juc de racines de glaïeul pour en faire vnepetitt
maffe conformement a t art ,de laquelle vous pren-
* drez telle quantité que bon vota femb 1er a , é“
l'ayant vn peu cfchaujfee deuant le feu fur le bout
â'vne eJpafiule,fouret la chaude es narines, dont
verrez eftre attirée hors grande abondance # ea»
fcreufe. Ce remède eft pour certain conue-
nabie à la cure de certaine forte d’epilepfie
& apoplexie, à fçauoir quand le çerueau eft,
trop rcmply de pituite 8c humidité excre-
meuteufe dont prouient le mal.
On peut femblabiement faire vue autre
ilernutatoire , qu’il ne fera befoin de fou-
fler és narines, mais fuffira de les parfumer
de fon odeur qui excitera plufieurs grands
eflernumens. Celle méthode me . férable
meilleure & plus conuenable au but, VÇU
> que les poudres introduites par foudement
vexent. & endommagent le cerueau des
hommes êc enfans plus -délicats , voire les
" "V offen*
dv Cerveav i£i
©ffenfent & bleffent auec plus de violence.
Prenez, vne dragme d’helleboré noir demie
dragme de mafiic, qu on les coupe & lie dam vn
ndüet de fine toile qui fe macérera en eau depimi-
ne> on dans quelque autre eau çonnenable,pnis on
l'approchera du nez pour en perpeuotr l’odeur,
car il fera eflernuerfians violence ,ou tien àftiefme
fin. ■ . . •
Qu’on prene racines deglaieul, & dejcpdame3
ou pain de pourceau s de chacun vne dragme, de
caftoreum va [crapule, d’heUebore blanc , thymfie-
mence de nielle: de chacun deux firupules, dont (è
fiera vnnoïiet, l’.vfage duquel fera tel que cy dejfus.
Les Anciens n’ont eù aucun. vomitoir£
plus excellent que l'hellebore blanp;:Noüs
en pourrions biendeferire plufieursmoi-ns
violents,mais plus affeurez que tous les au¬
tres indifféremment: & entre tous, iefui-
,uant eft vn rcmede fingulier & fort propre
à toutes telles fortes de maladies^cleff à fça-
uoir le fiel extrait de vitriol rougee fiant beu iuj-
qu’d vnficrupule dans vrtfyrop fcyllitic. eÇar .alors
il fera, merueilles , le mefme felinfpiré’ és
narines prouoque aüffi. excellemment la
fternutation.deliurant le cerueaude fes ex-
cremens fer eux fans violence. Etueftuy re-
mede eft tiré de l’art fpagiriquerlequei tou¬
tefois opéré plus. efHeûcieufement.«Sc.auec
meilleur fuccez qufe, l'airain. hrüfté , : qui
(comme nous auons dit) a efté.forr pratiqué
des Anciens. ■
Iceux en outre pour appaifer l’affaut epi-
k ■&.
I Gi DES MAIAOÎES
ieptique , prenoient entre autres renie,
des le fang découlant dés malades mef,
mes,ou par les narines, ou de quelque au--
tre endroit du corps (ce qui arriue fouuent
cjuad les malades venâs à tomber inopiné-
jd idym. mgt fe meurtriffent en quelque partie)& en
JlUx’ fomentoifnt, voire oignoient lesleuresdu
malade afin de refueiller, & faire prompte-
' ment refoudre le paroxyfme. Mais fi apres
- - la cheute il n’y aüoit effufion de fang, on
Cquloit poindre & lanciner les pouices des
pieds , ou tirer du fang de quelque autre ,
partie naurée, Deqtfoy AlexândreTrallian
Im e 7. Î5 gpcr jt ajn£ félon les commentaires d'Apol¬
lonius, & conformément aux plus anciens
remedes. Quand, dit il, vn ept Ieptique eft tom~
bé,jiparpiqueure vouéluy tirez, du fangdes grads
doigts des pieds, puis en oignez, [es leures&fen
frontyilenreleùerà.
Aucuns fe trouuent au iourd’buy quipaf
ùtux Certains mots efcrits fur' vn billet pendant
moyens de aucoLpar charaéteres, fortileges , & eh-
nmtditr. cpa nteméns ofent bien promettre la guari-
fon de eefte maladie, & des autres qu’on
rient pour tres-grieues & incurables: façon
de remedier que i’âÿ en abomination ôc
exécration, car toutesmaladies , &princi-'
paiement les plusgrieues (telle qu’eft entre
aHtresl-epilepfie)ont béfoin de quelque cé¬
lébré Médecin tref-do&e , fublime & bien
verfé en l’art, qui cognoilfant exactement
la natUté desmaux, enfembleleurs caufes.
®v CERYÏAV.
y apporte pluftoft des vrais & propres re-
inedes qued’imiter vil T erpander, Arion ôc
Ifomenes Thebairi, lefquels ainfî qu’efcrit
AgrippajChalîoient , où appaifoient les ma¬
ladies mefmes don t on ri’efperoit point la
guerifon, par chaiifons & douces mélodies.
Or combien que ie tienne cela pour fables,
& pures folies, i’aduoüe neantrhoins auec
tous vrais Médecins que les douces chan-
fons & harmonies, fait de viue voix, foit
d’inftruments muficaux ont beaucoup d’ef¬
ficace, & duifent fortàplufieursmaladies>
Car vn efprit trouble fe raffied & rappaife
par ce moyen, ainfi qu’on peut apprendre *
par l’hiftoire de Dauid à l’endroit du Roy
Sàül. Qui plus eft i’approuue ce qu’ont ef-
crit quelques autres autheurs,à fçauoir que
çeux qui eftanspiqués de tarantules , en de-
uiennent fi infenfez qu ilsfautelent perpe-»
tueilement,& nepeuuent eftredeliurez de.
cefte phrenefie, que premièrement elle rie
foit appaifée par doux accords & harmo-
nie,ou muficale,oü inftrümentaic, les paro¬
les emmiellées dont on nous amadoue &
enforcele , tefmoignent quelque chofe de
femblable , car comme fouuentefois nous
fommes efmeus, & prouoquez à fureur
par paroles aigres & accompagnées de me¬
naces: de mefme au contraire nous fommes
addoucis & accoifez par doux & amiables
propos, tant eft grand le ppuuoir que le?
paroles ont fur nos efprits, ^
164 DES maladies
D e là toutefois ne doit on pasinferer que
les enchantemens, barbotemens de paro¬
les jCharaéter es Rendus au col, & autres tels
remedes ayent vn certain ôc ferme fonde-,
meut auquel nous puiflions &deuions nous
arrefter. Vray eft que les Anciens fe font
feruis de quelques vns defdits remedes,
comme ceux qui ont mefme efcrit desliga-
TraUUn tures qui refirent naturellement aux epi-
i^vmtà ^eP^es 5 que Tralban rapporte des
commentaires d'Archigenesrlefquesreme-
des font maintenant- appeliez des noftres
ïAmuleta ou fermœillets.
. Le Iafpe reflemblant en couleur à l’air ou
àlâ pierre callaïde mis & porté fur le doigt,
apporte deliurance, le front aùflï d’vnafne,
lié. & porté fur la peau produit mefme e£-
feéfc, ce que font pareillement la chryfolite
& le corail fuiuant le dire dudit Trallian.
Galien y.* Galien a mis en vfage, & fort prifé la racine
desfim- de piuoine pendue au colt & le guy de chef-
fltt’ ne a femblable vertu. OnfaitaiiflIcas.au-
> -jourd’huy de l’ongle d’alcé, laquelle enclo-
Sb dans le poing, foit en tout, foit en partie,
chàlfe incontinent le paroxyfme, autres.en
£ont des anneaux pour les port er drdmaire-
ment en quelquVn des doigts. Les.com-
mentaires de pluüeurs efcriuainé ont don¬
né- occafion de rechercher la caufed’vn tel
foulagement : lefquels efcriuans que ce-
fté efpece d’animal eft fubieét à l’epilepfe,
on dit qu’auffi toft qu’il fent approcher Pal-
DY CERVEAV. \d$
faut , il met l’ongle de fon pied au près de
fôn oreille , & fe garantit ainfi du paroxyf-
me. Mais quant à moy, i’ay fort rarement
ou plultolt nullement apperçeu iufquesicy
l’experience & vérité de telles vertus mira-:
euleufes, & neantmoins ie ne veux pas du-
tout reiett er ou denier , les proprietez de.
tels remedes, principalement s’ils font pre-
fcrits, mis en pratique, 8c auffi feurement
que deuëment adminiftrëz par va fcauanü
Médecin qui fe foirbien exercé en la leétu-
re des vieux autheurs, comme d’Albert le
grand,& des autres grands philo fophesdefi
quels ont: fait des commentaires touchant
les vertus des pierres, & autres chofes fem-
bl»bles qhi femblent auoir quelque nature
phy lîognomique. Et de fait Galien n‘a efté
induit à employer la piuoine quilpendoit,
& faifoir. porter au col, finon pource qu’c¬
itant verfé.en rexperiencë d'icelle, il reco-
gnoifloit queTans beaucoup efchauffer elle
efloit auffi ap eritiue,iOuauoit la facultéde
diffiper la matière veneneûfe de l’epilepfle:,
par l'on euaporation, à Oâufe delafubtilité
de fes parties,& pour la force de fôn odeur.
Nous adioulterons aufdites vertus la fî-
gnaturede celte planté, le fommet ou telle
de laquelle, auant que les fleurs en foient
efclofes, a quelque rapport & femblance
au crâne Humain, fur lequel paroift vnc
coullüre en. forme de ; couronne es parties
intérieures', de laquelle il y a vne rougeur
L iij
tflfl DE? MAUDIS s
comme de fleurs, tirant fur le noir, 8c qu|
refemblant à quelque foudre reprefente au
crâne comme l’epiiepfie , maladie fou¬
droyante, cë qui teflnoigne que c’eft vu
remede conuenable à cefte maladie. D’à-
uantage les anciens meus de quelque fu_.
perdition ont recouru aux oracles , afin de
tro.uuer vn remede pour guarjr cefte mala¬
die fl grieue 8c cachee. Dequoy le fufdit
Trallian efcrit ainfi au mefme lieu. On dit
que Démocrates Athénien eftant en fon aîdoïefcen-
ce Tourmenté d’vneepilepfoyje tranfporta a Delphe
& pria le Dieu qu'il luy vottluft dire lequel des
remedes qu'on luy prejentqit luy ferait vtile, il eut
pour reftonfe les paroles Juiu antes. *
begregefumecapramaioresruris dumma ~
Eu cerebro vmnes éiauis 4dto tergora circ&
Afulpplici vermi pécaris defronte reuulfo.
Démocrates ayant quy ces paroles, me-
ditoit ce quelle Dieu /c’eft à fçauoir le dé¬
mon) vouloir dire par iceux. Qr eftant all|
trouuer Theognofte Dernocratien ia aagé.
nonante hui(5tans> iliüy communique.
Iceluy admirant fort la prudence
du Dïeçt , l’obfcurite du diuin Pythias , &
fon propos ambigUjil eh donna le feps con¬
formément aux paroles qui s'enfument, la
tefte, dit-il, des çheures du trotippeau fe
remplit; naturellement de plu fleurs vers fé¬
lon la cônftitution dti cerueau, 8c l’animal
venant à efternuer ,plufteursvers tombent
es flariftes de la ch cure ; Il faut donque|
.© V C £ R V E A Vta 1^7
«ftendre vn veftement pour les receuoir}tde
peur qu’ils ne touchent à terre,-& en mettre
vn ou trois dans la peau cTvne brebis noire
pour l a lier tendrement au. col, car cela refi¬
lle naturellement à ce mal. Or qui niera,
que celle forte de remede fait fort deshoiw
nefle& très inepte? en tant qu’il eftforty de
la boutique de i’autheur dé toute corrup¬
tion, faulfeté Semenfonge, Mais laiflons
cela, comme aufïi beaucoup d’autres telles
abfurditçz & , inepties tres-grandes , £?
oyons quel iugement en faifoit le mefmç
Trallian , lequel adiouftant , puis apresyn
l ong catalogue d iceux remedes proféré lés
propos fuiuans> dont les Hermétiques fe
peuuent feruir contre quelques opiniaftres
Pogmatiquesde noftre temps? Les Ancfoni
{dit-il) ont dit. que ces chofes efioient pomme na¬
turellement ejficacieufès , ce fi a diré agifibicntpàr
vne nature (écrite.; MaisctUes que nous mettons
en axant font ainfî dites a caufo de quelque vpye&
raifon appelles desG recs méthode t autfifautslque
le Jldedecin expert remédié en toute maniéré , fo
foruant tant des chofes naturelles que de raifon
foientifique , & de méthode artificielle , d’autant
qui en toute maniéré il fauticomméon dit, chemi¬
ner droift pour deliurer l'homme de longue & per-
nicieufe maladie. Pour mon regard, te veux met-
tre tout en vfage: d autant qu'en ce temps plüfieurs
ignorant reprenentcoux qui vfont des ehofis natu¬
re lies, ie me fois baillé garde de pratiquer conti¬
nuellement ceux des remedes qui opèrent naturel¬
le iîij
i6%' JD E S M A L A D I E S
renient, &' rftt fuis tffotcê dt vaincre les maladies
par v}eihodè & raifin artificielle. Mais te fçay
qüefiÀ/ aliment f& médicaments on a du tout
guttïÿ fiait feulement dés épileptiques , mais Aujfi
tflnfiéhrsàuires'rnalddies&c.
* “'Maïs; ptourquoy' lions arreftons nous!
rè^ÏTSfeie ^Hépl-braBle Fpeâtacîedçs
rÿHë^0ëpîlept:iques ? Pourquoÿ: aufii Ûi~
tioîS^ôû^iiprrëïïf de vqircles toürmefiffr
èrtlels2 & ë fpbtmëntrables qui abbatedtfëff
j&it j înëfmé dé^plûs courageux?" Sortons
â^Ô'è^fifiàlemënt etè celle priifotf Fihàjs de
f|ûéP ç&fte tBurnerô'ïis no.üsü iVôulartsëm-.
Vèi'dpsi màîhrëuf fië ¥ômb éïdîîSHrrous pasën
•pàiîn® n MSs^p p. u3aàîitatë£në;fe'r!aril fît
gliftë/vë# que les p ariens ont parfois quël-i
^^mtermiffiQn de leurs douleurs, qui par
^^l^e^ûnter^iifîtidn dunai re'teiïent au-
c%Vê;s¥ôisV Së^vïeniiënt à sræppaiferd C’ëffi1
>nrêffiS0s^leS‘'Mb-
Èàî,qtfesv& Princes^ ornez dë.âiàdeme&
^S«^%iescontMbûent à cefté taille, & que
t ous les"lîoïSMe^ iivdiffé r e mmë rît de quel¬
que*1 aage^dè Texe'- cfüe^ cë Toiidônt fujets à
Mifera. tribut; o Combien les vbit drî'triftës- ,
***** &afcbatü§'î Combien
eftîmi? iregdrd -éft il affreux & p'enerrant, leur
5»4. fk€ê pailestbrfe& dîffofme î Cbiîibiën fort
le$squiendeme^rî & tàrdiues
à^KyïrCôlïîb'iën éftdëür tèfte efbraqië^
^vr*Maitee-4e tbtfrnemeiis HBrî fin il pa*
■ ■ (ni .T. .
DV C E R VE A V. \6.Çf
roift en chaque partie de leurs corps ! Com¬
bien la difpofition de tout iceluy eif depra-
üéë 8c corrompue j de forte que pour la
honte dVnefivilaine 8c laide maladie dont
Üs fe voient efclaues, ils aimeroient mieux
eftre enfëuelis dans terre, dequoy ilriefe
faut efmerueiller. Car comme efcritAre-
téè '.Si'pehdant les accez. les malades fe regar-
doientmütuellepient, & voy oient tout ce qu'ils en¬
durent, ils s^ofler oient la vie les vns aux autres:
maie lapriuation des fensi & l'abolition de la veut
tache ce qu'il j a de cruel & hideux en chacun
d ’jc««A?/?NéîèdHfént*"cePâ(nres àrüis) ay éz ie
vous prie bonne efperance, 8c ne perdez
courage : ains chaifez de vos cœurs toute
triftelîe que rous-deuez pluftoft auoir en
exécration,, & releguer iufques aux Gara-
manthes, que de permettre qu elle s infinuë
ên vos^êlprits : carfivônsconceuéz bonne
efperance.de voftre gu^tifon, 8c elles per-
fuadez de la fidelité, fcienee 8c expérience
des Médecins, vous auez défia acquis deux
principaux moyens de voftre reftauration
plus prompts 8c afteürez que riuîs afitres
qu’on Vous fçauroit - ordonner. Outre ce
vous troïuierëz cefté b outiqu ëdb ô fidam-
ment 'garMe^des rêhiédès^üe-lësMêdé'cins
tant, D Ogiéa’tiqûés'que Hermetiqués ont
de toute- ancienneté vpratiquéz nulqjiés à
prefent. Puis nouspaflerons à céuxqiîe les
vns- & les autres ont de leur ternrps fîièceflî-
uemént ihuentéz r8c ; èxper imeiitez'i 1 àu flî
1-7 O DES maladies
chacun 4e quelque aage & fexe qü’ilfpic,
trouuera déployées en eeftemefme bouti¬
que les marchandées qui conuiendront à
fon vfage, & non feulement cela, mais on
leur enleignera par quelle voyeur méthode
ils fe le pourront & deuront feurement ap.
pliquer.
Et pour facilement & auec bon fuceés
mettre cela en effeefc, nousefperons quela
grâce de Dieu ne nous manquera point,
C eft pourquoy nous le prions humblemét
"qu’il faffe tourner & rapporter le tout à fa
gloire ôc au bien de noftre prochain*
Çhap, XIV.
lAethoâe Pharmaceutique & chirurgique,
obferuée par les Anciens Dogmatiques en
la cure de l’ Epilepfie , auec quelques def-
çnpuons dp remedes.
. y es remedes qui conuiennent* à la pre,
JL feruapue , & dont les Anciens Dogma¬
tiques fe\font feruis pour preuepir » &4tt
éout retrancher les tours & retours d’vne
longue Epilepfie j.fe doiuent façonner &
Ta# in. compofer par le-moyen des trois inftrumés
de M^deoine,à fçauoir par Diaste, Pharma?
frefitti** cie & Chirurgie., Quant à laDiçte nous en
Vf*' différerons l’explication iufquà la fin 4#
çy csRf eav. -pyt
cefte confuîtation. Mais nous produirons
icy les remedes que les Dogmatiques em¬
pruntent tant de la Pharmacie que de la
Chirurgie» Qr comme ainû foit que les
Anciens nous les ont .eQnfufémem,& fans
aucun -ordre laiflez par eferit, en les pref-
criuant nous fuiurons la méthode que les
nouueaux Médecins leurs fedtateiirs ont
bbferuée & nous om enfeignée. Afin que
par ce moyen onpuifle cognoiftre qu’il y a
foufiours eu quelque grand défaut en l’arc
qui eftoit requis à fa perfection.
Hippocrate n’a mis en auant beaucoup
de remedes contre cefte madadie, auffi n’a il ^
a (fez clairement & par aucun ordre preferit
la maniéré de les adminiftrer: fon feui pro- uee ies
P os ayant efté de reprefenter quelque Idée ancien*
generale de la Médecine, de forte que par Dogma-
iceluy les ieunesMedeeins ne peuuent eftre f'^***? y
duits a la pratique, ny moiflonner linon i‘epntpfie
bien peu de ce qu’il a feme,yeu que les feuis
hommes doCtes & bien verfez en l’art, nop
les ignorans 5c apprentifs, remportent du
frui& des brieues & grau.es fentences d’ice- *
luy. Entre autres remedes purgatifs il or¬
donne contre cefte maladie l’vfage dçs deux
hellébores, principalement du blanc, fila
maladie eft aduenuë par correfpondance,
afin de pçquoquer le vomiflemenr. Le
mefine Hippocrate fait, cas: du pyretre en¬
tre les fimples qu’il enioint de prendre par
de dans, ôc ceux qu’il veut eftre appliqués aq
Yji DES M A L A D I ES ' ~
dehors, Corirre ce mal Diofcoride prefcrit
là freffiire dé Heure, &lefoyed'afne rofty
& mangé quand l’eftomac eft à jeun il ap-
prouue auffi le càftoreum pour mefme fin.
Entant- que cefte maladie eft chronique,&
que le cerueau en eft premièrement indif-
poféj Aretee commence la cure d’icelle par
îéétiqfï dëla veiné du coude, afin de tirer du
fang vniuerfelleméntde tout le corps: & de
celle du front, pour vue deriuation particu.
liereV D’auantàg'e il demande auffi d’ouurir
les arteresffi'tuéês derrière &: douant les
oreilles , à^bnditiôri toutesfois que cela fe_
puifle faire fansàîêfàillance -de coeur. Car
fdît'irîj ia defaillâhêe'de coeur excite lama-
làdie:iJPq'u’r euàcüèr l’humeur , il recom-
mandé 1’hiere &fos re me d e s; quiactir et fort
dudëïuëà'ù.' C«r,-ainfiqu’ildk-, four -qualité;
fop^qf^bie'ikfostdôufouf^ftîifidièüftceît-
cqres qu’il“ êft feéfoïfî d’efçh'àUfFer la' tefté;'
d* au tant que lé'feüy eft profitable. Illdité
feinfblàbfomét-î ’duUértü.re rtes- planchesdu
éfanêPâüec le Afepan; pburuih q®.’ elle' Ct feè
cë-breft Sc cuiïüéâà'blementÿdbritfilenfe fl
gnèauffi îa maniéré. Il recommande pareil-
foménr ^l’applidatiqn des cantharides iuf-
qii-à.yéficâtidnso'èilenfeigneueiqüi eftHk
gîîe-'êênèéeirà'ifé d-éftre ofoffefüdpSik ma¬
ladie eft füféieeë par indifpofîri On d ü veii-
rficûîe, il admet ën la purgatipn là thyine^
îëedc-chameléeiqiiifont fortir&defteicher
les humeurs pituiteufes. - Auffi -ne pafle il
dY cerveav. i 7|
fous filence l’application des cucurbites ou
ventoufes , des emplaftres & cataplafmes,
lefquels ont la vertu d’attenuer,de digerer
par exhalaifons, 8c de rendre les corps flui¬
des 8c fpirablês comme il parle. Le mefme
fe feruoit en la cuce de médicaments cui-
fans,fortifians, produifans bônes humeurs,
8c pr ouoquans l’vrine,comme de la comp o-
fition de viperes& de l'antidote Mithrida-
tique, mais à ce qu’il dit , il n’y a rien meil¬
leur queje couïllon du bieure, c’eft à dire le
caftoreum, beu fouuentefoisdansl’efpace
d’vn mois auec hydromel. En fin il conclud
non fans horreur & exécration du remede*
qu’il en a veu aucuns lefquels beuuoient
pleins verres de fang d’hommes decolez,ou
autrement tuez : & fe dit auoir leu quelque
autheur qufprifoit 8c emploioit le foye hu¬
main pour viande & nourriture. Mais cela
dit il, foit eferit pour ceux qui font parue-
nusiufqu’à cefte mifere extreme.
Galien fubuenoit aux epileptiques auec
oxymel fimple 8c fcillitic. Il compofoit
aufli de la ftpiillevne certaine faufle ou, fau-
mure qui tenoit lieu d’aloës en la purga¬
tion. Entre autres médicaments il approu-
uoit grandement la piuoine, foit prifeau
dedans,fôit pendue au col par dehors,com-
me il eferit d’vn certain garçon.
Il eftimoit pareillement que l’agaric, fe-
fely 8c le fruiéfc de fpondily* comme aufli la
racine d’Âriftoloçhe longue fronde beuë
174 DES W AiL À D I i s
auecde l’eau, profitoientaux épileptiques»
Oribafe, PaulÆginere,Aëtiusraportent
Se fuiuent mot à mot ledit Galien, dont
Æginete eft fur tout vray litige, lequel, auec '
les fufriommez, en emprunte & tire tous Tes
remedeSjComme on peut véoir par leurs ef-
efits. Quant à Paul il parle particulière¬
ment d’vn certain Iulian , niais les ayant '
tous efprouuez il a finalement recoùrs à là
Theriaque : & eferit en outre que les eftu*
ues naturelles cônuiennent à ce fte. maladie»
Aëtius adioiiftequelque excellente The¬
riaque particulière qu’il deferit pour remé¬
dier à l’epilepfie. Mais il loue' & approüüê
lur tout quelque certain remede qu’il em-
prune e de Serenus,aüquel nul autre , com¬
me il dit,ne doit eftre accomparé,car iceluy
çuit& euacuë'.rexcellente, artificielle & iii*
genieufe compofition d’iceluÿ eft telle qui
s'enfuit.
Prenez, cafter eitm , hellsbore blanc, feammonte:
de chacun deux dragmes .opoponax .cumin thebdi-
que, centauree, nitrefoulphre vif aurone. ammo.
- niac. ftirax rouge, femence de rué fauuage, dbfyn- '
rhe: de chacun vne dragme, les ayant pilez:. & crû
b lez., on les mettra dans def l'eau pour en former
des pilules greffes comme febues d'Ægypte,vom en .
donnerez :> ou ferez prendre vne chacun iotirauec
quatre verres d’oxymel.
Ccfte eft l’vne dès deux compolitions &
formulaires diuinsqueles Anciens ont
recommandez , où toutefois le nitre
DV CERVEAV. . ifs
fculphre vif tant improuuez de plufîeurs
tiennent prefque le premier lieu,6u pour le
moins y femblent eftrc le£ principaux iïï-
grediens , l'hellebore & la fçammonée y
font aufii admis,le feuî nom desquels tout e¬
fois efpouuerite les Oreilles,voire l'homme
tout entier < Mais quelqu’vn exceptera que
la venimeufe & pernicieufe qualité defdits
/impies s’abolit & efteint par celle excellen¬
te ôe nortpareille préparation? n'eft ce pas
Vne folie & fubtile préparation que de
tremper & mefler des poudres auec de
l’eau ? Neantmoins telle eft celle tant celer
bre & li diuine préparation des Anciens.
Nous pourrions en adioufter cent autres
femblabl es à celle cy , lefquels nous paie¬
rons fous filence, craignans que la prolixité
plus grande qüe ne permet la nature du
traitté ne nous tourné à blafme,d£ de peur
qu’à l’imitation de Cain qui defcouurft la
vergongne de Noë fon pere, ayans mis en
oubly l’humaine charité enuers-noftre pro¬
chain , nous femblions vouloir à delTeiia
pourfuiure ces préparations vulgaires des’.
Anciens fi gromeres &ftupidesquelesen-
fans melmes s’en moquent j comme fi nous
les acculions de ftupidité& ignorance, ja
n’aduienne que nous le fafîîons: veupiüf-
toft qu’il eft raifonnable que chacun iouc
ceux qui par leur foin, diligence, & veilles
alSdueües nous ont Fourny lés femences,&
ictré les fondemens de la médecins, outre
I7S DES MAI ADI? S
qu'auec candeur ils nous ont faits partiel- !
pans de leurs trauaux ôc œuures. ils font
aucunement excufables en confideration
de leur fiecle qui eftoit encores obfcurcy
d’efpailfes tenebres : car il eft plus facile
d’adioufter aux chofesinuentées^quedeies
inuenter premièrement. A ce but vifent j
auffi mes pro p os, afin que le dire d’Hippo- '
crate foit trouué bien véritable, à fçauoir
que la medecine n’eftparuenuëà telle per¬
fection qü on n’y puifte rien adioufter, mais
qu’on y peut tounours reprendre, corriger
ou adioufter 'quelque çhofe, en laquelle
opinion i’ay efté grandement confirmé ily
a trente a, ns ôc d’auantage par vn certain
vieillart digne de refpeét & de grand fçà-
uoir nommé Guinterius Anderrètcus a qui
l’efcole de medecine . eft fort obligée: ice-
luy recognoiflant qu’on pouuoit de iour en
iour profiter en l’eftude de medecine, en
vieilliflant il vacquoit perpétuellement à
l’eftude , & n’efpargnoit aucun labeur ny
veilles. Et quoy qu’il fuftaagé de feptante
ans ôc plus, neantmoins fefouciantpeude
noircir fes mains (ce que nos délicats ab¬
horrent tant auiourd’huy) il s’addonnoit du
tout apres les charbons, &.trauaiIloit à ba-
ftir des fourneaux, afin de chercher par tels
inftrumçns, ôc tirer comme du puis de De-
snocrite les fecrets de nature qu’il auoit en
grande adminiftration, regrettant vne çho¬
fe tant feulement,à fçauoir que Dieu neluy
auoit
».V CE RVEAV. . Vft
auoît piuftoft, & des fa jeunefle donné la
cognoifiance d’vn fi grand bien, & d’vn arc
tant excellent : Auffi m’aigüillonnoit il en
toutes maniérés à embralîer cefte fciénce
{ combien qu’auec de très do&es Médecins
Hermétiques d’Allemagne i’aqois défia mis
la main à l’œuurey & m’exhortoitfort foi-
gneufement de ne faire aucune perte de
temps , non pas mefme d’vn moment. Le
mefme pourehalFpit tellement la vraye
çhymie 6c lëxadfce préparation des remè¬
des, qu’il entretenoit toufiours trois ou
quatre Doreurs Médecins de l’affiftance
defquels il fe feruoit'ën fon amure, à la
louange & recômandation dudit art , com¬
me rres-vtiles & fort neeeflaire entre les
parties de medecinçs, il a do<5!ement cora-
pofé vn liure de la naedecine tant ancienne
que nouuelle. s
Mais pourfuiuons àexpliquer les autres
remedes des autres, anciens , & les formu¬
laires qu’ils ont preferits pour la cure de
cefte maladie.
Ruffe Ephefien n'a point touché à cefte
partie de jnedeçine , ayant feulement fait
trois, liures touchant les appellations des
parties du corps humainicomme auflïquel-
ques fragmens des medicamens purgatifs,
& vn traitté des maiix de la velcie & des
reins.
Alexandre Trallian duquelnousauons ia
fait mention, & qui entre les anciens nous
M
I78 DÈS MALADIES
femble vfer d’vne facile & claire méthode*
voire exceller en traitant de la diagnoftique
& Thérapeutique, eferit touchant cefte
maladie comme il s’enfuit.
Il commencé en premier lieu à traiter de
la cure despetits enfans, à caufe (ainfiqu’iî
eferit) quecejle maladie leur efl fort ordinaire^
très familière : fi vn enfant non (eUrédelamam-
mette eft travaillé, il ri'eftptâ d'aduis qu’on s'effor¬
ce d’y apporter quelque remède pour le guarir3 car
( dit-il ) l'aage vient & la chaleur s' augmente, qui
diffipe l’humidité fuperfluë, rempliffantlji ventri¬
cules du cerveau. Il confeille toùtesfois dé
-prendre foigneufement garde que le laid
de la nourrice ne vienne à degerierer de fa
-bonté & couleur blanche, qui eft'vn indice
de fapurèté,en c ouleu? ter n e, v e rdé ôttnôi-
ïe, & auffi-qu’iln ait ^nemaüu aile ou puât e
odeur, ny aucun gouft mal plaisat-ou acide,
„ toà-is qtpilfôïf dojuxî-LaTûbftacë d’fcelüy ne
ny tr©pclài¥e ©u âqueüfeîmÿ-tropefi
proHtênh ÿaiflb^^omjdeine defbrmagë; Car tel tài&j
duUsfi dit ifengédre couftumieremét &lepl9fôm
aerripui uérdês&Suulfios &]obftru£tiôsdè rîeif^de
là îiotrsconcluonsfacilemét qu’il fkiteftre
foignêuxde c h oifirvnen o ur r ice biéâifp o-
f&igcltemperées^oubiendè corr^réb api
propri^so mauuiâstlpèràmérpàf
ïegiKiedeviure7qiaîllï&xpliqueaUlong)àfin
de rendre fon laid tât aliméteux que mëdi-
camérenx^M'als pj&iaib hsiébfans jü^âà'géz &
frurezjburretté éfânrregimê
5 Y . ; O ER VE A\T. tfÿ
leur prefefit pour rcmedc'cuifant , &: atté¬
nuant, il ordonne l’vfage sde certainedecov
étion dTlàyflopé prirïfe ai-r matin, fk pirinci-
palemenC'durant tour l’hiue-r. Par le moyen,
de ceremedéiïalfeure que parfucèeffion
de temps plufleurs ont .efté guaris §t gna-
rentis dejtialadie : adiouftant àla melme&
fufdite .decoétion quelque, peu d’oxymel
iîmple. £n temps -d’Efté il faifoit boire la
décoction d’anis auec le mefme oxymeL
Mais fi la-cpmplexion de l’enfant eftoit me-
lancholique,il ordonnoit ladecoétion d’E-
pithym. Pour vn médicament fbiutif il
emploioit 1’hiere : laquelle toutesfois il ne
faiio^t prendre à ceux qui ejftoient trop jeu-
nes.£c délicats. Car, dit il, le trop bas aagè
ne peut- fupporter l’efficace d’icelle hiere*
Mais à ceux qui font aâgez, vigoureux 8c
robuftessComme auffi melancholiques, elle
leur eft.ytile, Il vautdoncques mieux pre-
fienteç, aux jeunes vn pe u d’Epithym auec de
l’hiera.piqra. Or quand le mal ne fe pou-
uoit domter par tels temedes à caufedela
pidigniré &pbftination de l’hümeür 8c ma-
;y auoji't craipteque l'accez ou
p ar oxy fine me r et o urnaft, il purgeoit auec
l’antidote Tbeodqrete, dont ilaùgmentoit
la faculté purgatiue,y adiouftant quelques
grains de Coloquinthe, ou quelquepeu de
Jèammonee. Celle antiçjcit-o nommée.TJbe-
odbrete (c’eft à dire conférant yn bénéfice
diuin) fe trouue defcrite par NicolasMy-
M if
Vertm de
l’antidote
Thtoit-
rete.
i8q des maladies
reps au liure des Antidotes, fe&ion i. chap,
up. ii 6. X17. & 118. car il produit quatre
defcriptions diuerfes.T rallian femble vfur-
per entre autres celle du 116. ou principale¬
ment du 117. à raifon que ledit Myrepsef
çrit quelle conuient à vue grande maladie:
comme aqffi aux Epileptiques, Demonia-
qucs,aux douleurs de cefte,voireaux indif-
pofîtions de la poidrine , & à ceux en 1*6,
ftômac defquels la nourriture s’enaigrit, &
pareillement à ceux qui ont le meüne en¬
droit & le ventre mal difpofez,brefil en dit
merueilles, & affermé qu’icelle compofi-
tion duit à beaucoup d’autres maladies Fort
grieües“& defefperees: Tellement qu’en fin
riconclud que cet Antidote eft vrayement
vn don de Dieu .Car quiconque T aura employé,
en apperceura , comme il efcrit, vn heureux Juccez,
Que fi cjiielquvn sen fert vneou deux foü durant
leprintemps & V automne, <& ne peche beaucoup en
ion régime de viure, vn tel ne Je^a fubieftd auch-
nés maladies. Il rejoudra& dijjipera tout en pre¬
nant le matin quantité de noixpontique. Voila
ce qu’efcrit Myrepfus,dont ie m’elmcrueik
le que Jes boutiques font aüiourd’huy par
tout defgarnies d’vne fi efficacieufe compo-
fition, qu’on dit eftrecelie cy : àl’occanon
-de : çh épargnant qu’elle ne perifTe i’en don-
neray vne defcription prife duâit Myreps,
encoresque T tallian l’ait fupprimée & paf-
féêfous mence.
C prenecjpy de nard, feuille de girofle, fit*
D V CERVEAV. l8l
fran,cajjèy epithym, fleur de ionc odoriférant, tny- x
robolans de chacun trots dragmes , d'aloës tanne
t me once & demie, cafloreum, gingembre, mafiich:
de chacun vne draqme , glayenl l ilyriqtte fix dra-
gmes, anacarde, agaric : de chacun vne dragme,
cabaret fix dragmes ,femence d’ache 'vne dragrne,
de coq vne dragme & demie, de poiure trçis dra,
gmes, defenoil & de [on fuc: de chacun vacance*
pilez, le fenotl dans vn matrast& U faites macérer
par trois t ours , apres quoy il fera bien cuit &fob-
gneufement coulé. AdioUpeZ y fufflfante quantité
de miel A t tique, ou de fuecre,& derechef mettez
le cuireiufqua confidence de mtefpuis vous pile¬
rez. & broierez, les efpeces les v nés auecles autres .
Que s’il y a quantité de fenoil , tirez en le fuc, &
voue ferez vn meilleur antidote. Cela fe trou-
uera eferit dans Myreps tourné en latin, &
cfclaircy d’annotatiôs par Leonard Fufcfe.
Le mefme Trallian certifie que plusieurs
font releuez de cefte maladie à l’aide de çet
Antidote , les remedes fufdits y eftans ad-
iouftez. Si nonobftanr'cela lemal eûoitfî
obftiné qu’il ne cedaft à tels remedes, & de¬
meurai! ferme en fon aigreur, il pr enoit vne
pilule de fa compofxtiont laquelle a tant
d’efficace que rien plus. Or elle fe fait d’a-
loe‘ , feammonée , coloquinthe, gomme de
bdellium: decbacun vne once qu’on méfie¬
ra auec fuc de choux, la prife fera de trois
ou quatre fcrupules , félon les forces de
1 enfant. Mais à ceux qui* font aagez * on
pourra -leur en faire prendre iufqu’à fix
M iij
1%X DES- ïli'A t ADI ES
(crapules, 8c quand mefmeson leur en pre,
fenteroit-d’auantage, ainfi qu'il dit, ils n’en
receueroient aucun dommage, tant ils pur¬
gent doucement & feurement les feuls épi¬
leptiques n'en font pas allégez , maisaufli
les vertigineux 8c goût eux. voila les reme-
des purgatifs des Anciens.
Trallian adioufte les purgations particu¬
lières aux vniuerfelles, & n’obmet point les{,
deriuations & r euulfions fait espar maftica^:
tôires & gargarismes, aufquels il ioincfc l’v^
Sage- du bain, .ne-.fupprune pasles’ vomi»
toiçes. .
- Si la racine du. mal prôuiét de l’eftomach*
il y fubuient'pàr .eüacuaçion^ de . l’humeus.
peccante qfii eft en iccluy, laquelle de quel¬
que qualité 'qu’elle foit, s’extirpe , ou par
chplâgôgues , ou -par phlegmagdgues, ou
-par meîanagoguès,auili ne met-il pas.en ou-
bly les choies qui fortifient. > . . r - ^ : '
Maisjfi la maladie prend ?fd_ fourcp de
quelque* autre îùembre, c’eft.o:ùril applique
fon premier & prinoipalremed.e,, Certes, dit
dit-nqui qkmd'ëlc xfcoit furie point dde fdifir^
difon.léttir -^mlqUes treytofîtez. ffardesmoutariS’
d^^cffmdû^piéduue&nicuH- Ujtymt:dortôpûrgç( j
Attfç>,des pilules euacu.ans lap'émtè&lhûinèur
tnçfapsko’Hqites, ïappliquayrftir, larpâytie indif-
pisétdkiàhofesi mefvies qui lapauHoientexulcertt
efçhaufferi dè -forte- qu'elle ehfua, & beaucoup
dsku&œjt'têtn'-firth îenidemmenu -Gequayaat:
DV CERVïAY. î8j
fait, le ieune homme deuint Jain. Or le remede
quon luy auoit appliqué & dont il fut guary >, eftoit
[herbe nommée pajferage ou nafitort fnuuage.
^-Quelques autres remedesproduifintaujfi le meÇme ‘ :
ejfecl, mais non fi bien que cefte herbe. Ce font
lesparoles de T radian, qui, comme i’ay dit,
n’oublie/pas en eeftê maladie les vomitoi-
res,*îyiæs bains,ny ie véhément exercice du
eorps,‘®y ;ies autres chofes femblables qui
feruent, & font neceffaires à vn bon régime
de viure. . I> • • : ; . *v
Mais au mai iouëteré, & quieftant in-
domtéreiettoit toutautre médicament, il y
oppofoit ce dernier remede,à fçauoir 1 hel¬
lébore blanc: dont icmefme Trallian pref-
crit le formulair eque Paul Æginete tranf-
cdt.de. mot à mot. ..s’efloignant. b eaucoup
dudit Trallian en la feule dofeoü poids des
ingrediens. Car Paul eferit des dragmes en paum.
lieu desrfiliques de_Trallian, chacunes d ef- ureytha»
quelles>pefenr feulement trois grams,& zc~ptre ij.
ftreint toute.îa compbfition à vnefeule do-
fe que nul ahimalneipdurroit fupporter.
: Si e mlâ dofe no&sf uiuib ns auili la deferi-
ptioir & redepte jdudit Paul, dans laquelle
entrent bayes des laurier dépurées, poiure
blanc, elypiadisjeûpborbe, ùellehore blâc:
de chacun huiéfc ïdragmes , c’ eft à dire vne
once: de chacun. Il n’y auroit, comme i’ay
dit, cheual il généreuse qui peuft fupporter
telle in£decine,hon pas mefmela moi¬
tié fàns' danger de mort./' Car Paul eferit
M iii)
i&4 DES M A LADIES
âinfi : Peur vue fou donnez, ces chofes au te vin
doux oh aura trempé la eoloquimhe. Parquoy
le formulaire de la recepte de Trallian
quant à là dofe,eft beaucoup plus raifonna-
ble que Celuy d’Ægineta: Car au lieu de
chaques dragmes des ingrediens que Paul
ordonne, T rallian preferit feulement huiéfc
filiques : chacune defquelles pefent trois
grains, & ce auec l’infufîon de coloquinthe
macerée en vin doux.Ce qui rqe femble en-
cores excedèr la raifon : 8c il n’eft croya¬
ble que les eftomachsde ce temps làayent
peu fupporter des remedes fi forts & viq-
îents, les Anciens n’ay ans auili preferit au¬
cunes préparations pour euiter, le dàngeÿ
qu’on en pouuoit encourir.
Quant aux preferuatifs naturels, comme
il les appelle, qui par quelque conuenance
occulte, & propriété fauorablé feruentà la
guarifon de celle maladie-, le mefrqe Tral¬
lian les recommandé de la bouche d’au-
truy (à fçauoir d’Apollonius) & fait boire
le propre fang du malade, remede qui com¬
me nous auons défia dit,eft certes fort cruel
& entièrement deteftàblen il fait en outre
mention des petites pierres tirées des hi¬
rondelles, du. foy e de belette, descendres,
de l’oifeau ofliphage; Mais principalement
de la racine de folanum du moreîle cueillie
au déclin de la Lune,pilée,exprimée & ré¬
duite en lue qu’on donnera à boire par
quelques leurs au- marim lequeià
D V • C E R V E AV. l8j
èc comme il a obferué, eftvn fecrct nonpa-
reil, & merueilleux remede.
Mais A&uarius Autheur auiE Grec, ex¬
plique feulement la nature, différences 8c
caufes de ce mal, ayant paffé fous filence la
méthode & les remedes pour le penfer.
Celfe Prince des Médecins Latins, félon
qu'il eft bref & fentencieux à l’imitation
d’Hippocrate , des belles fentences duquel
il a embelly prefque tous les chapitres de"
fes eferits, eft tref-bref à deferire la cure de
telle maladie. Et neantmoins il adioufte
quelques cautions fur la faignée,& obferue
foigneufement les momens des temps aux¬
quels les remedes fe doiuent adminiftrer:
choififfant pour tirer du fang Sç purger a-
uec hellebore noir, lés heures mefmes des
paroxy fines, confeillant auflîde garder fort
foigneufement âpres l’affaut le régime de
viure conuehable qu’il preferit. Que II le
mal ne cede à tels remedes, il eft d’aduis
qu’on recourre à l’hellebore blanc , pour
s’en feruir trois ou quatre fois fans interpo-
fitiô de beaucoup de iours , en forte routes-
fois (adioufte-il) que jamais il n’en reprene
finon quand il fera rencheu, finalement en
la continuation du mal il commande de
s oindre de vieil huile non feulement le
ventre, mais le corps entier, de l’agiter par
plufieurs exercices , 8c frotter par longs
frottemens horfmis la refte & le ventre.
Enapresle purgation eftantreiterée parles
$8 <* ces maladies '
-médicaments fiufdits,il ordonne qu’on oi¬
gne la telle rafée d’vn liniment compofé
d’huile yicily de nitre 8c d'vn peu de vinai¬
gre: par dedans on prendra du' caftoreum.
En fin il vient aux reuulfions & deriuations
qu’il effectue en tirant du fang par fauatel.
les & applications dé ventoufes y adJou-
•Ttant encores pour extrême fecours le fer
dont il fait incifion, & les cauteresardens
dont il brufle le derrière de la tefte,afin(dit
il) que l’humeur pernicieufe vienne à s’ef-
coviler par là. Que fi l’vfage & effay de tous
lefidits remedes ne furmonte le mal , il dit
qu'il eft înüi'ncibie 8c incurable.
Scribonius Largus en-ffon liurc dés com-
pofitions medecinales , ctep'. z. nous prbi
pôfie fis réPâëdes ou obferuations Eihpirb
ques. Le premier dvud dèr-t ai ne-herbe que
les Grec* -à Ton dire nô'tâent ota vvfo&rï'ôcies
Laian0jdnMle5qu’auarft toute autre viande
iî êhibintâumaladedemàrtgereftaRt ènco -
res iomëMérÇey 8c ce depuis le premieriuf-
q fïbfm e iour delà Lune. îfcàdmèt
aufïï-fe&ît&iee de chearèaoipri'nfeîdaTsi’efi-
pace-de44e#piours,IPSÆefficulesdeîcr)3Co-
dilêe/dëdivfiïgede l’o^ymdlj Enlaquara»-
cdmpofitâondu mefmediure,
ilr me^^%dant eertl«recnet IVneæfatç©*
ne de 'Gpvaf, dont ilfedjt auoir vetc de mer-
ueill eux efffeéfcs en diuerfès curesr- maÜSià
vray dirêe’eft vn remede de femme fentant
pluftoifedà; boutique de magie qiiedem^»
DV C E R V E A V. 187
decine, veu q&’énle comppfaht on obfètue
cecy , à fçattoir que le 'miel A trique foie
meflee auée la raclure d’y noire 8c (ce qui eft
comme la- bâfe 8c fondement du fec-ret)
quon y adioufte du fang de tortue 8c de pi-
feon j à condition toutefois que pour les
ommes malades on tire approprie du
fang des animaux malles, & pour les fem-
mesjdes femelles, lequel fang ne fe doit ex¬
traire de tour endroit dès animaux, attendri
que le remede n’auroit-aucune vertu ny ef¬
ficace s’il n’eftoit tirédu col de l’vn,'& dès
veines dei’autre animal fîtuéi fdùs lés aides
auec vn dçrapointü, faitdë cetiUré pôiifcet
effect, &jfcon°ferroit d^gardôlt:ieditvemo-
de en autrèiHoi&e quede4>uï£;tDr l’ordre
qu’il faur/tenir en administrant ceremede
qui fe prend lefpace de trertt e iour-s conti¬
nuels, commençant audecoursd’e laLUne?
8c en obferuant la quantité -de ladôfe, eft
tel qu’il s' enfu it : qu’ o n en d ©nn e t'r ors Cuil¬
lerées at la premiete foisycinqàla fé condé,
puis on viendra à fepr|poun ia- troi^èfméi
à neuf p enrôla quatriefitvepSc finalement- o'fï
paruiendra iufiqu’à vnreTans paS&r plus ou¬
tre, puisretdurnant fekmTordre & proce¬
dure qu’on a tenue, -faudra premièrement
defeendre à neuf, ptris:à fept,à cinq, à trois,
&repeter en'apreslemelmëordre que def-
fus, en montant, defeendant tant qu’on foie
paruenilaai.Ærëntiefme rôtir.: Tout cela rùe&
que puresillufions & tromperies qui occü-
lS8 6 JS - 'MAI AD I E S
pem le lieu de quelque remede ytile & fa*
Iutaire, parquoy ie fuis eftonné comment
ces vieux Autheurs ont raifonné fi imperti-
nenment & rédigé par efcrït des chofesfi
friuoles & ridicules fans nulle confidera-
tion. Çe qui toutefois eftmuny &recpm?
mandé du tiltre .d’ancienneté. Quant i
Mafceîlus 3 il eft aflez euidenrque fon liure
cft entièrement compilé de remedes empi*
riques, à raifon dequoy on la furnommé
Empirique,& coufu de toutes les expérien¬
ces de tous Autheurs, comnifcde Galien lis
ure des partiel mal;difpofées,d.’ Ar chigenes,
Apollonius, îdelâclite Tarenrin>& d'autres
que Galien allégué , comme aulîi des Mé¬
decins Latins , ài^auoir dePline, Apulée,
Celfe, Apollinaire, Defignatian, ou mefme
de . Silurius, Eutcopiüs & d’Aufoné parent
de ce grand Poëte Hermétique qui auoit
feulement vefeu quelques années auparaà
uant , lequel Marceîlus nupoint tu hoiite
dçiCon.fefîèr en fon liure d’experiences qu’il
aù-ek beaucoup apprins delà populace, ou
meftnes des femmes, ny aufE d’.enrremcfler
en fondit liure descharaélerès profanes , &
paroles d’enchancemens qu’il a tirées du
Paganifme quoy qu’il fuft Chreftien. Ou
femblablement: aûprsmierehapitreide fon
liure il a >exp©fé. en paffant* i!c comme pai
maniéré- d’acquit; tne feuler ecepte contre
la maladie dontek queftion, laquelle rece-
pte n'cû pas digne d’eftre récitée, nymif"e
DV CERVEAV. 189
par efcric. Nous n’auons cité l’authorité de
cec autheur àautrefînqüepourmonftrerà
quelques vns qu’à tort ils defcrierit & blaf-
raent certains formulaires de remedes qu o
pratique aujourd’huy, lefqucls toutefois
Font rares &finguliers, & fe trouuent def-
crits és liures de Paracelfe : Par la auffi nous
leur faifons veoir qu’à l'imitation des Phà-
,rifiens qui ne cognoiflans pas leur aueugle-
ment vouloient ofter le reftu de l’œil des
autres,ils condamnent & mettent indigne-
ment lefdits remedes , veu qu’ils valent
beaücoup mieux, 8c font beaucoup plus ex- *** v«r*-
cellens que les refueries & faliaces des An-ce/-f*‘
ciéns.Car il n’y a perfonhe douée de raifon,
hy aucun Ci àueugle 8c loufche qui ayant tât
foit peu mis le nez dans la grande 8c petite
Chirurgie de Paracelfe,o fe auec raifon nier
qu’il ayt luy feul de beaucoup Furpaiîe &
deuancé tous les autres quant aux prépara¬
tions mefme s des medicamehs vulgaires 8c
externes, tels que font les huiles balfarin^ .
que$,les vnguents cerats, emplaftres & au- '
très de tel genre. - -
Mais fi nous confîderons les remedes in¬
ternes qu’il a employez 8c prins d’entre les
minéraux, il faut certes aduoüer que pour
l‘exa&e & feure préparation & adminiftra-
«ion d*iceux,il mérite à tref-bondroi&Ie
fouuerain degré d’honneur entre les Mede-
cins Ôc Philosophes. Car iaçoit que l’Anti¬
quité en ait pratiqué Ôc mis en yfage quel-
Ï5>0 DES MALADIES
ques vns , comme nousauons.4efia remar¬
qué en la cure de celle maladie, nean'tmoins
elle n’a eu cognoiflanee de plufieurs autres
grands & exceliens remedes, qu’on extrait
au|ourd’huy du vif argent, rouiphre, anti¬
moine , vitriol, & d’autres matières fem-
bïables : l’vfage defquels, quoy qu’interdit
par les ignorans, comme de medicamens
vcneneux,malings 8c mortels, fe recognoift
„ aujourd’huy par expérience tref-vtile &
ExeeUeee poct faiutaire pourueu qu’ils foient deuër
des Chy. ment preparez^-attendu que les maladies
miques mefmes les plus obftinées & enracinées
font domtécs & vaincues par iceux , les¬
quels autrement fë mocquent desremgddf
prins des végétaux comme trop foibles,j&'
y reüftent petulammçnt. Mais certes , ce
n’eft pas fans le deshonneur & ignominie
de la Médecine, ou pluftoft des Médecins
qu’on voit en Italie, Allemagne,, France -
autres Royaumes & Prouinççs, voire eixdir
merfes Academies ornées &3ionoréesd’yni t
grand nombre de célébrés Médecins, plu¬
fieurs Empiriques, qui n’ayanSmefmesaur
cune intelligence- des lettres, toutefois par
leurs remedes folutifs faits de mercure &
-d’antimoine, comme aufii par leur Laudar
nüm & autres tels ingrediens, tant metailb
.quesquevegetatifs,tellemenrqUÊllernent,
& allez mal préparez , ilsme^lai&ntàl^*
porter plus d’allegement '& f9qlagemetit^
toutes maladies ^nefmçs çontagieufçs^1
DV C S &7fAYi
fort grieues, & aux pius poignant es dou¬
leurs , auec vnc petite dofe de leurs doux
médicaments que ne fontpluiieurs Méde¬
cins, d'entre œux mefnies qui font en gran¬
de réputation, par le moyen. de; leurs emri
plaftres de Iean Vigo,&~par leurs remedes
mercuriaux, anodyns, lenitiFs & narcoti¬
ques. A raifon dequoy iceux Empiriques
par leur expérience fi certaine 8c falutaire*
accompagnée d’effeCts fi puiflans deüan-?
cent, & par leur crédit 8c introduction ban-
nilfent des nobles familles tels DoCteurs
Médecins- qui les furpaffent de beaucoup
en doCtrine 8c fçauoir. Combien cela eff
ignominieux , il m’ennuie de le monftrer
plus amplement , car ces DoCteurs Mede- Gateni-
cins nes’en efmeuuent nullement, mais.afin fies ne sef
qu’ils ne femblent ignorer rien, Ccpouuoir lotzn“fa-
apprendre quelque chofe de nouueau,ils
aiment mieux mourir en leur vieille peau anrlinnt,
( comme ils difent) qu’à l’imitation du fer-
pent bien aduifé, la quitter pour en pren¬
dre vne nouuelle, de peur qu'ils ne foient
reputez difcipïes de ceux, fur. lefquels ils
s’attribuent le.pouuoir d’enfeigner . Et ain-
fi leur orgueil & arrogance font que les
dodes propos, l’eloquenceplaufible fuiete
aux autres effeCts devenais d’operations,ne
peut rien effectuer, ains eft contrainte d’y
£eder honteufement, car ny la langue He-
braique,ny la Grecque, ny la Latine,ny au-
cune.autre éloquence ne peut remedier aux
iyi DES MALADIES
maladies , mais bien la cognoiffance de la
lumière naturelle, & l’experience &feure
adminiftration des chofes qu’elle a produi¬
tes. Il ne fera par aduanture mal à propos
de reeiter en ce lieu que ie fus il y a quelque j
temps appelle par vn certain perfonnage
vaillant &c très dode, pour dire mon aduis
fur vue melancholie hypocondriaque qui
le tourmentoit : Quand ie luy eu expofé
tous lesaremedes communs des Médecins
qui fe prenènt és boutiques des Apoticai-
res pour remédier à ce nîal,il fe difoit en a-
uoir efté remply d’vue fi grande quantité
qu’il mettroit bas toute efperarice de gue-^
riforiyfi derechef il luy falloitfuiureladite
méthode qut fon eftomach ne pouuoitfup-
pôrter, ains lareiettoit êc auoit en horreur,
d’abondant if difoit qu’il s’eûoit pareille^
ment fëruy des remedes d’vn certain Empi¬
rique , dont il faifoit grand eftime,& fur
tout d’vn certain médicament laxatif de
nuilefaueur,lequel eftant prins mefmes en
fort petite quantité, purgebit fi excellem¬
ment & auec fi peu de difficulté , qu’il itJ
preferoit à tous autres remedes, l’ayat fou-
uenrefois expérimenté depuis quelques
années, il me monftramiflLlabafeoufon^
demènt de ce remede purgatif (qui eftoit
yne poudre fort blanche, & fans aucune fa-
ueur) & demanda mon aduis fur iceluy,non
à intention de le rendre meilleur,mais pour
entendre ce qu’il m’en fern bl o it, & fonder fî
î> V CIRVÉAV.
i’en aüois cognoiflance ou non; Quand i’eu.
recognu la matiere(ceque pouuoit faire le
moindre apprentif de l’ârr fpagirique) pouf
facisfaire à fa queftion & demande, ie fis
refponfe que ie n’improuuois ny approu-
uois le fufdit remede, qu’iln’eftoicàreiét-
ter, pource que i’ eftois bien afîeuré que tel¬
le matière & fuje& pduüoic feruiràcom-
pofer des remedes purgatifs d’excellente &
admirable vertu, & qui eftans pratiquez &
mis en vfage par vn fcauant Médecin bien
verfé eh cet art , emporteroit le prix fut
tous autres* Qu’auffi ne l’approuuois-je
pas, d’autant qu'il prouenoit d’vn Empiri- ct1&
que ; lequel par aduanture n’eftoit aifez ex- .Ap¬
pert en ceftuy art, & à qui comme auffi à fes
iemblables, il eftoit défendu par toutes
bonnes loix d’exercer & pratiquer la méde¬
cine, veu qu’ils ne peuuent rendre raifon de
leurs a£tions,mâis entreprenent toüt àl’ad-
uantuie & fans certaine feiende, Sc s’il e£*
cher - que quelques autres plus Doutes
qu’eux,leur ayent enfeignévn remede con-
uenant à quelque maladie, ils l’ofent bien
approprierf à toutes indifféremmét en quoy
paroiiï: vn grand erreur 8c foibleiTe de iuge-
ment, car la méthode de guarir les mala¬
dies , la nature 8c propriétés des medica-
mens, & la maniéré de les parfai&emént ÔC ,
&deuëment préparer leur eft du toutinco-
gneuë, & mefmes la plufpart de telles gens
n’ont aucunes lettres: Ceftpoutquoy il ne
N
154 DES MALADIES
faut pas fe beaucoup fier à leurs remedes j
comme s’ils eiloient certains 8c alfeurez,
mais leur préparation nous doit eftre fufpe-
cfce-, comme àinfi foit qu'ils n’ont aucune
cqgnoiflànce duveninqui gift fecrétement
rdansle médicament, ous’il leur eft fiotoire,
its ignorent le moyen de le corriger , ou
pluftoft de l’en feparer 8c retrancher : lef-
quelles operations 8c adminiftrations font
le fait des fçauans Médecins bien verfez en
l’art,par qui feuls elles fuccederont heureu¬
sement .Mais ma refponfe ne demeura pas
fans exception, tant il eftoit addonné à fou-
ftenir & defédre fon Empirique, m’obie&at
suffi que jadis les Empiriques n’auoient efté
moins fameux 8c renommez parmy les An¬
ciens que les Méthodiques & Dogmati¬
ques : alléguant Theffale pour exemple,
contre lequel (s’il euft manqué de renom)
Galien ne fe fuft fi aigrement ny furieufe-
ment cfieué par fes eferits. Il adioufta en
outre, pour preuue de fes raifons ce que
Celle. Prince des Médecins Latins eferit en
la préfacé de fon çetiure de Medeciné: où
il faifoit paroiftre que Celfe luy auoit efté
bien familier, & qu’ilauoit foigneufement
feuillette, voire imprimé en fa mémoire les
efçritS; d’iceluy , veu que fans faillir il.enre*-
çitoit.non des fentences entières, mais des
pages toutes au long. Encor es difoit-il, d’a¬
bondant : vos Médecins reflemblent à nos
îurifconfultes ou Aduocats qui'fçauent
DV CERVEAVt 195
bien toutes les loix &: les enfeignent aux
autres , mais quand il faut confuiter fur le
fait de quelque plaideur , ils hefîtent 8c do¬
tent dans l’incertitude ne fçachans par où \
commencer ny finir. Que s'ils eftoient con-
traincfsùl’entrer en chairepour y defendre
quelque procez, onlestrouueroitfiappre-
tifs 8c rudes qu’ils inciteroient à rire les lu¬
ges & tous les auditeurs, quand mefmes ils
auroient efté leurs difciples. Auflinefortil
deleur efchole des difciples fi parfatisqu’iis
payent encores befoin d’eftre nouuelle-
ment in ftruits, mefmes par quelqueProcu-
reur vulgaire, lequel quoy qu’ignorant du
tout les loix, en fçait toutesfois beaucoup
mieux l’vfage 8c pratique que tels Do¬
cteurs, ce qui eft le chef 8c principal nœud,
de la matière. Ainfi voit on aujourd’huy Dogmn*
pîufieurs jeunes Médecins, ^célébrés Do- tiquesdif*
Cteurs, qui en chaire difcourent elegam- C0UT^tma *
ment de toutes les parties de.Medeeine, 8c
principalement des chofes qui concerént la matierede
diagnoftique & therapeutique, voire l vfa- Medesine
ge des parties ou l’anatomique. SiDiofco
ride &Theophrafte les oy oient parler, foit
de la nature, foit de la forme, proprietez 8c
vertus tant des fimples que des animaux,
ilsleursbailleroienr lâmain,*&feébnfe^^e-
roieht vaincus par iceux. Mefué mefme 8c
Nicolas ne font pas leurs femblablesquant
à la- compofition des antidotes &r aufres re-
medes3 comme auûl à donner les reigles . - '
N ij
15)6 DIS MALADES
pour les, faire, tant iis font de magnifiques
promeifes en chaire, & ce auecvne conte¬
nance fourcilleufe. Mais fi onles appelle
pour donner confeil à quelque malàde,& le
deliurer d’vne fiéure continue , ou bien
pour ofter vne pleurefie,dyfenterie,hydro-
Leurftu- pifie, epilepfie, ou quelque autre maladie
fidité en grieue,foit aiguë,foit ehronique,bon Dieu
U praù - combien font ils eftonhez , encores qu'én
taftant le poulx,& contemplant l’vrine ils
femblent eftre merueilleufement indu-
ftrieux & affeurez en l'art, dilfimulans. tant
qu’ils peuuent leur'eftonnement, S’il eft
neceflaire d’ordonner vn régime de viure
au malade, il faut qu’ils apprenent leur le¬
çon de quelque vieille qui ait accouftumé
d’afilfter & feruir le malade, s’il eonuient
enfeigner au patient le formulaire d’ vn me-
dicament , ils apprendront la maniéré de
l’expofer, 8c ce qui fera befoin de faire, de
quelque Apotichaire mieuxverfé qu’eux en
cet art, ou pour le moins ils le prendront
pour correcteur de leurs receptes. En fin
. tels nouueaux DoCteurs ont encores befoin
d’vn n ouueau maiftre ou Précepteur en la
pratique^ne plus ne moins que l’inftruCtion
des Procureurs (qu’on appelle) eft necef-
faire aux ieunes & nouueaux Aduocats,
Ze Medi» comme nous auons dit cy deftiis.Parqnoy il
ùn * yous eft notoire combien grand cas on doit
W ^aire — Wage & expérience, ôc combien
JA xferie. eft. requis tant en noftre pf ofelfion
©V CERVEAV. 197
qu’en la voitre. Car àinfi que le mefme
Celfe adioufte au mefme chapitre, il cfl cer¬
tain que U méthode & façon' de remédier, ne pro¬
fite d’auaniage que Inexpérience.
Beaucoup d’autres arts n ont befoin d’v- Lgs ms
ne fi abftrufe & fecrete recherche de leurs
caufes, entant qu’elles ne fontfiincertai- wmtÂf-
uesnycant imper ceptibles,mais ont de cer- firsnts...
tains fondemens pour appuy qui paroiffent
mefme à veuc d’œil, &c fur quoy ils baftif-
•fent auec fermeté & âffeurance, c’eft à dire
fur des caufes que l’experiençe&demon^-
fixation nous rend certaines. Car ny le la¬
bourage, ny la nauigation ne requiert vné
profonde méditation d’efprit, & ceux qui*
s’y addonnent n’ont befoin d-’acquerirvne
longue habitude de fciences & difcipl ines/^» » ■
mais d’vu long vfage &c exp erience par \&4 j4tf f4Ttt
quelle ils: deuiennent grands maifir es; &:
parqiennent à la perfe&ion. Quoy. qu’il'
en foit, en voftre medecine(difoir-il) on a
fouüent apperçeu qu vhe mefme chôfe a-
uoit des effe&s contraires, à fçauoir de laf-
cher 8c referrer, de profiter & nuire, foit au
régime de viure,foit en l’adminiftration des**
reme.desn laquelle contrariété s’eft pluftoft
recôgneuë par. expérience, que parraifon.
Les hommes diligens ( dit Celfe ) voyant qu’il
aduenoit iournellenient de telles & fernh labiés ex -
periences , qui pour laplufpart auoient vti meilleur
fiiccez.,ilsles ont remarquées : puû ont commen¬
cé do les ordonner aux malades. Ainfi eft née U
' N üj
IgsS DES MALADIES
médecine difctrnant les chofespemicieufes efauec
Its [alut aires, par la font é des vns&Umort des
autres, puis les remedes efians trouuez., les hommes
ont commencé à diji surir de leurs formulaires :
parcjHoy U médecine napas eftéinuentêe apres la
raijon , mais apres linuention de la medecine, on
sejl addorinè a rechercher laraifon. Vous~voyez
(dit-il) que ie me fers des raiforts &àutho-,
' ritez deCelfe,afin de monftreràvous autres
Do&eurs Médecins que les Empiriquesne
font tant à mefprifer que vous dites, 8c
principalement ceux qui fe difent auoir
puifé de refchdfe de Paracelfe , 8c de fes fe,
. dateurs, plusieurs belles expériences 8c ex*
cellens remedes qui tournent au grand
profit, commodité & fanté des malades , &
qu’iceux font prendre & boire au defaut 8c
degouft des vulgaires dont on les opprime
ckaçun iour. Et jaçoit qu’ils ne fçaenent n y
puilfent entretenir leurs malades pardou,
ces paroles 8c par difeours bien orné, poly
■ 8c dode: comme vous faites, ils ne laifiept
toutes fois dé les contenter , leur ordon,
nans des remedes ôcvne cure, par le moyen
dequoy ils font deliurez de toutes leurs ma¬
ladies. langôureu fes que vous; tenez pour
incurables: auffi vous objederont ils aüee
Celfe c/ue l'efprit & eloquencepenuent vaincre,
maü-tjue les maladies fe guarijjent non par élo¬
quence aim par remedes . A c es propos & rat¬
ions fi plaufibles,armées de l’authorité d’vn
tel & fi grand perfpnnage qu’eft noftre Çel-
D V C E R. V E AT V I9'9
fe, ie fuflc demeuré muet fli’eufFe|msen
oübly ce que i’aifois autrësfois leu dans
iceluyi & foignetifement obferuc en ladite
préfacé : pourtant luy réfpondis-je, qu’il
enténdoit & appliquoit mal les paroles de
Celle, non pour auoir tronqué, retranché
ou corrompu- quelque chofe, riy de fes pa¬
roles , ny de fon fentiment, mais d’âutarît
qu’il auoit palTé Fous lilence la conelufion
que Celfe mefme inferoit : lequel apres ces
rparoles y rien ne fert d’auantaçe a la cure que
r expérience, adioufte en fuit e (ce qu’il audit
fupprimé ) Combien donc qu'il y ait' plufours
chojes qui n’appartiennent proprement aux mef-
rnés arts : ioUtesfou elles Uürsferuent en excitant
d’ejprit'de iouurier. Parquoy bichqUécefîecàn-
templaiion de nature ne rende pas le Médecin plus
capable, neantmoins elle profite a la midecinêi &
tlefi y ray ftmblable que Htppo erate,ErœfïJïrdte,
&tous les autres qui non eontens dé méditer fur les
fiéures & léspl-ayés, ont aüffvëh-qïtetquê partie re -
cherché lanature des ehôfeSynonïéftfMe^decitisù
cet egard , mai/ plue grands Médecins, ©r fa
tnedecine a befoin de raifon, non és caufes obfcures
ny ês aclions naturellesi mais fouiientefois ailleurs.
On peut Audi veoir fur la fin de là mefme
préfacé, qu’il a eu en plus grande eftime les
Médecins Rationels 6c Dogmatiques que
les Empiri^iies : car céüx-la coniïderënt ëc
'voyent-plufieurs chofesimais CeuxCÿpre-
ment feulernent gaf dè aux plus faciles , ne
'plus" ife!lmoihrquVùx vulgaires 6c cômûhs.
N iiij
fPou,r preuue & confirmation dequoy
il cite l’authorité d’Hippocrate, lequel dit
qu'il fapt remédier ayant efgard tant aux chofes
communes qu'aux propres & particulières. Âpres
auoir fuffifamment confirmé les raifons
fufdites, il cqnclud en fin tout ce propos 8c
difeours comme il s’enfuit. Donques pour
retourner a mon propos, teflirne que Umedtciner
doit eftrerqtiqn elle & informée des caufès cuidcn*
tes, quant aux obfçures il les faut toutes reïetter non
de la pensée de l ouurier, mais de l'art, laçoit
donques, luy dis-je, que vous vous feruiez
de l’aUthprité de Celfe, fi n’au'çz vous pour¬
tant obtenu entier gain de eaüfe : mais il
vous conuient dire auec luy, qu’on doit vé¬
ritablement beaucoup prifer de louer les
belles expedences,fanslefquelles on ne fait
nui cas du Médecin, ôç qu’au reb ours ç’eft
. . mal faitr dmue&iuer auec tant d’aigreur
oMtsM/t conrre Empiriques, qui deieursTongs
■ voyages&deleurs fréquentation s& com¬
munications auec gens do&es, ont rappor¬
té &apprins plufieurs beaux <Sç admirables
,fecrets de nature, qu’vn Médecin fedentai-
r e & qui vit. entre les murailles de fa maifon
-deurqit auoir honte d’ignorer,, c’eft chofe
.iqique de condamner ce dont on n’a nulle
?çq^gUpii|ànce, & celuy efttropduperb.e qui
.d^ftoutnulavqlonté de vouloirprpfiter?en
mieux.. Quant à moy ie confiefTeingenUe-
ment quç i’ay. beaucqu^apprins; de telles
gçns^auiïi promets-je dé demevirer tqu&
DV CÎRVÎAV. iOI
jours en volonté d’apprendre quelqne part
où ie puilTe eftre. Pour voftre regard, il faut
quevous aduoüiéz qu’vn Médecin Dogma¬
tique & rationel tel que ie fay profeflion
d’eftre, pratiquera beaucoup mieux &: plus
feurement, voire auec plus grand fruiét la
mcdecine qu vn Empiriqueignare, l’igno¬
rance duquel eft perpétuellement accom¬
pagnée d’iniquité , témérité, orgueil & ca- .
lomnie. Car comme dit le Comique ? Un y
a rien pim inique ny plus iniufie que l'homme
ignorant: d'autant qu* (on opinion il ny a rien de
bien fait finance que luymefine fait. Mais mon
Antagonifte ne fe tenant encores du tout
pour bleffé & vaincu, & comme il eftoif fur
le point de me relancer fes dards, ie prins fi¬
nalement congé de luy, & reprins le. cours
dont en faueur ie m’eftois deftoui né , &
pour l’interruption duqueii’ay peu fubirla
reprehenfion de plufieurs, mais principale¬
ment des Médecins Arabes que ie retardois
trop long-temps, ne -leur départant afTez.à
temps l’Honneur quileur appartient egale¬
ment aux louanges de tous autres. Mais ie
les ay exprez remis en ce dernier rang, à
çaufe que fur tous lés Anciens ils ont pres¬
crit vne méthode de guar jr les maladies fl
facile quelle s’accorde auec la noftre d’au-
jourd’huy , 6c en approche de fort près.
Car les remedes que les autres ont defcrits
.pefle melîe, font par eux difpofez félon vn
prdre fi facile queles jeunes Médecins nef-
201 DES MAI A DI ES
perans aucun fruid ou vtilitc des autres, eny
reçoiuent vn grand profit & auancement^
en l’art, c’eft à dire, tant en la pratique
qu'en la théorie.
Ch af. X V.
OÙ pd-r les’.e faits de. Mefué il efî monfîré de
quelle méthode les jérabês fi font fer m en
ld cure de L* Epilepfiet
r voicy en combien grand nombre
Vjf Tont lefdits Arabes, qui pour lapluf-
p art ont efté Roy s. Princes, & Philofôphes
Hermétiques , lefquels à cefte caufe défi¬
rent affêdüeufement que ie les mette au
rang de ceux qui parleur autho tiré font
pfefts de-defendrcj & confirmer mon opi¬
nion, voire de l’amplifier 8c enrichir, me
côtraignas à ce faire commepar force. Audi
lesreçôryq é, embra{re,& refpede volôtie'rs
commedr-ëf-chers ,8c vénérables pères,
moyennant que par' quelques remedes ils
me fortifient contre les morfures veneneu-
fes des Momes& enuiéux que ie preuoy de¬
voir prendre de -la occafion de s’efleuer
contre1 moy & dé me blafmcr, pour autant
que fe m’oie Isouiirir des boucliers de plti-
''fieurs d’entre eux' queue confefle m’auoir
êfté incongneus iufqués àprefent. En voi-
cy lé catalogue tüïu pâr'hô’us félon l’ordre
D V CERVEAU 'laj
de l’alphabet: Aboaly,Achme filsd’Abra-
ham en Ton liure intitulé Viaticum peregri- Orties.
nantium , c'eft à dire, prouifîon de ceux: qui
voyagent , Agazo, Allai, Albumazar , Al-
buerjAmuramAuincenne^uerroësjAuen-
zoar,Ebezenzar, Elabin, Hunain Hamech
fils de Zachar,Hara fils de Hamech.Elenge-
zar, Haly abbé , Haly fils de l’abbé, Ifaac
abenamaran. Mefué, Raby, Razis, Sabot
fils de Zuzer, Serapion Roy de Medoraft,.
le fils de Serapion, XirafiRoy de Med. Ze- ,
zar: Il y en a eu plufieurs autres, tous certes
grand renom, que nous auons dénombrez
& difpofez par ordre alphabetique fans
confideration des temps & aages d’vn cha¬
cun, & ce afin feulement d’en honor er ce-
ftuy noftre traité , non de le remplir d’vne
grande lifte de leu'rs receptes. D’entre tous,
ceux cy feuls. viendront ànoftrefecours, à
fçauoir Rafis , Auincenne , & principale^
ment Mefué: Car iceluy ayant efté prefque
.le dernier de tous en aage,& les ayant pref¬
que: tous veu de fes-yeux , il nous fuffira
pour tous, comme celuy qui les citant en
fes commentaires a par maniéré de dire tiré
la quinte eflenee de leur doctrine, & prin¬
cipalement de leurs remedes qu’il a choifis
au ec beaucoup de foin pour ofter non feu¬
lement la maladie dont il eft maintenant
queftion, mais toutes autres. Or ledit Me¬
fué parle de ceftuy mala de fà cure, au
liuré qu’il a fait touchant les maladies du
104 -DES MAL AD t! S
Methci» ceruc3LU> au cliapitrê de Tepi1 cpfie, où il cf.
*u< fuit Crit q^'en la cure d'icelle,nous deuons npu$
Mefut et* propofer fix intentions & indications : la
if ettrt dt première defquellesilmetauboregimede
l'-iftUpJt*. viure, oupour parler comme luy, il fait cô.
i.muntio regime au viure qui gift en ladmi-
niftration de fix chofes non naturelles qu’il
11 • explique affez au long. La fécondé inten-
- don difpofe & approprie la matière,. ceft
adiré la .cuit & digéré, afin que l’expuliîon
en foie plus facile , ce qui s’effectue par le
-moyen de la fquille, êc des remedes faits de
fadeco&ipn, ou de yinaigre^ou d’oxymel.
y adiouftânt les fyrops d’hyffope, d’acore,
de ftoecas, d’origan &: d’autres tels ingre-
III, die ns dont il fe compofe des ap.ozemes. La
troifefmeretranche la matière, comme il '
parle, c’eff â, dire l’euacuë, & à fon dire les
euacuations,cIyiferes,fuppofitoircslegers,
.ou aigus produifent cet effcët. Pour lëua-
jfiuâdonjl employé principalement ce dont
.les Anciens. £e^ predeceffeurs tant Grecs
cqu Arabes auoientaccouftumédcfe feruir:
à fçatioir l’hiere-Diacolocynfhidos, qu’il
effimé b eàueoüpvmeûn e contre tous maux
dé tefte, ■ Il en 4onne la defcription , ôc&c
piufîeursautrespurgations ftmblablevoù
aneÇme fans aucune préparation & corre-
cHon,çntr ent l’eüphorbe,<5£ lesautres efpe-
ees de gom.meefcbauffantes j ja fcammo-
mé e,lapierre.d’azur, le b or ax,l’hcUeb or c,la
^©loquintke^.icjturbit & autres tels reœc*
C V CÏRVEAY. 20|
des benings. Entre les euacaations il ap-
prouue la faignée Faite par la faphene , la
prouocationdesbemorrhoïdes,&desmen-
ftruës es femmes. La quatriefme intention
met le regime,ainfi qu’il parle, en lacon-
uerfion du refidu aux parties diuerfes & op-
pofées,ce que les modernes appellentre-
uulfion ou deriuation : effets qui s'accom-
pliflent par gargarifmes- , fternutatoires,
mafticatoires,Yômiflemens,applicationsde
ventoufes, comme auili des topiques vefi-
catoires ôc caüftiques, ou mefme du feu a-
étuel , par ligatures , frottemens ôc autres
telles chofes.. La cinquiefme intention y
f pour me feruir de fes propres mots) recti¬
fie le membre mandant fi aucun y en a, & le
cerueau. Par celte façon de parler autre¬
ment fort gcoflîere, cri comparaifon del'e-
legance moderne, il entend la corrobora¬
tion des parties ou membres expülfifs , &L.
dont la maladie prend fa première fource»
tel que font l’eftomach , la matrice ou tout
autre membre d’ou le mal fie déduit pre¬
mièrement. La fixiefme intention corrige vr.
& amande les accidens par l’adminiftration
des remedes propres ^rcOnuena.bks, qui de
leur vertu ôc propriété repriment & arre-
ftentjôu appaifent,ou efteignentdutout les
paroxy fines, ou pour le moins empefchent
qu’ils ne reuiennent fi fouuent. Or félon
toutes ces intentions, il met en auant plu¬
sieurs formulaire? des remsdcs, en partie de
to6 D ES MAI AD. IE S
fon intention propre, en partie empruntez
àeé autres autheurs, comme de Democrite
Hippocrate, Diofcoridé, Galien, Tralliar^
Oribafe, Ioannique, Mathema , Araffi, Se-
rap. & autres. Si vous defirez ouyr infinis:
autres formulaires de remedesdes Arabes,
mefmes les plus célébrés, qui duifent àmef- '
mes intentions, 8c font prefque mefme
chofe que les precedens , ou leur reflem-
blent, lifez Haly fils de l’abbé, chap. n.
liure 5» de la pratique. Comme aulïïRaze
i. comment, chip, del’epilepfie. Auincen-,
ne fen. i. traité t. chap. u. Car il feroit en¬
nuyeux de déduire icy parle menu toutee
qu’vn chacun d’iceux produit contre cefte
maladie , veu mefmes que ce font remedes
du tout femblables, deferits feulement par
vn autre ftil, 8c comme ja noi»s auons dit,
prefque tpus empruntez des Autheurs'
Grecs & Latins. Il m’a femblé bon d’en e-
ftaîer feulement quelques vns en ce tr aité,
pour donner à eognoiftre de quels remedes
nos Trifayeuls fe font feruis en la cure des
maladies, & faire veoir quel ordre ils ont
fuiuy en l’adminiftration d’iceiix, ôc quel
©rnement , ou mefmes accroiiïement y ont
adiouftétant nosayeulx que nos peres, afin
qu’on ce fie finalement de s’efmerueillér, ou
mefmes de dire (comme plufieurs croyent
aujourd’huy) que c’eft chofe hors de toute
creance que nous qui fommes enfans de ces
- peres iàipuifiions contribuer quelque cho
BV CERVïAY. Z07
Ce, Toit à l’efclaircilTemé t,foit à Pembelilfe-
ment de la medecinet Auflî certes ne dou¬
tons nous point qu’en ce mefrae combat,
no fixe pofterité ne vienne à nous rauir la
. victoire par la grandeur de fes faicts , $c fô
gloire d’vne plus grande indulitie.
Ch a p. XVI.
Méthode des' nome aux Tsogmàtiques en U
cure de l’ Epdepfie, où eji contenue i’tf Li¬
te des médicaments procède ^ de leur ef-
chole.
L’c' r d pce qu’auons entreprins de fui-
ure dés le commencement , nous con¬
traint de^ mettre en euidence les Dog¬
matiques modernes j afin d’expliquer les
plus beaux & plus fpecifiques remedes
qu’ils ont ihferez en leurs èferits thérapeu¬
tiques pour la cure de celle maladie, entant
qu’elle eft chronique. Or de chaques na¬
tions nous aupnschoili quelques Autheurs
fort célébrés , lefquels nous auons cogneus
tant par eferits que par conüerfation pen¬
dant nos voyages* Car de les vouloir tous
dénombrer ôc appeller nom par nom, ce
feroit chofe fort laborieufe, ioinétàcela
que noftre difeours feroit infîny. En ou¬
tre nous alléguerons feulement ceux qui
depuis cent ans , ou quelque peu au delfus
ioé DÉS MALADIES
D ont vefciï 8c efcrit en Italie, France & Aile*1
tï *L ’ magne. Entre lefqueis ont fteury > Alexan-
ntHHtam e dre Bendift , Symphorian Campege de
mefme aage que ledit Benoift &idnamy,
comme on peut veoir par les lettres qu’ils
fe font eferites l’vn à l’autre. Sauonarole,
Catinarius Richard, l’ Anglois , Arculan,
Placentin , Gramier , Gatiniere , Fufque,
Leonelle Fauentin, Montagnan , Trinca-
nelle, I. Scock, l’Ange, Bayre * Vuirfung,
Manard , Fernel , .Rondelet, Valeriola*
Cappiuaccius.
La Méthode qu’ils ont tenue en la cu¬
re de l’Epilepfie entant que c’eft vne ma¬
ladie de long trai^fc , a efté telle que touf-
jours ils ont commencé parle bon régime
; de viure , la defeription duquel fera retnife
à la fin de ce Confeil , ainfi que dit a efté
cy deuant , car nous preferirons icy. non
feulement le régime de viure particulier,
mais auffi le general & commun à plufteurs
autresmaladiesj c’eftà dire qui peut conue-
nir à cefte maladie , & à celles qui l’auoifi-
nent, de toutes lefquelles nous efçriuons
Leur me- cn^emblement.
tUi™ m QH5nc à l’adminiftration des autres re-
U cure de medes , ayans imite les Arabes,ils y proce-
l’epiepfit dent félon la méthode fuiuante que i’ap-
prouue moy mefme , 8c fuy volontiers
enprarique. Neantmoints nous auons en
en cet endroit befoin d’vne gfande obfer-
uadon* Car comme ainfi loit que pte-
' “ •' ficurs
t>V C E R V E. AT; ZG$'
ficursjk complexion, l’aage & le tempéra¬
ment font diffembîables,& les caufesde ce-
lie maladie diuerfes en plufieurs de ceux
qu’elle attaque, il conuiendrà pr endre gar¬
de à toutes ces ehofes-, Pourtant les obfe'r-
uerons nous tellement , & examinerons
toutes en particulier par vne méthode fi ai-
fée } quil en reuiendra beaucoup de profit
à tout Lecteur, fuit il mefme apprentifde
medecineiau lieu que de la lecture prefque
de tous les praticiens qu’on appelle, il ne
remportera finort bien peu d’vtilité. ph*Tm&
Nos Dogmatiques donc fe fouuenans iie
des préceptes de leurfouuerâin Dictateur
êc Coryphée Hippocrate i. aphor. 22. &
auflî de Galien m de lârnethodé, chap 4*
commencent toufiours leurs cures par les
euacuations vniuerfellesj craignans toutes-
fois que les excremens endurcis par la con-
ftipation.du ventre,& par ce moyen empeff
chez de fortir ou d’eftre pouffez horSj n’in-
troduifent és membres les exhalaifons puâ¬
tes, & ne viennent à infèéter les causés d’i-
ceux de leur mauuaife odeur; d’où pr^biieii-
nent de grands fy mpromes. Premièrement
& aüant toutes chofes ils; baillent yncly Ité¬
ré amoliffantjpuis quelque minoratif,com-
me iis l’appellent, & incifif, qui precedent
les préparations & purgations d’humeurs,
fuiuans en cela le confeil de leur fçauant
. Coryphée Galien lib* z. âphor* 9. sionexte-
me t dit il , çr wciji les humeurs crajfes & vîj~
2IÔ DES MAtÀDüî
yuettfes qui font dedans le corps , poiimeu qttsn
mure les conduits par où les tranfportèt £r attirent les
medicamens purgatifs , alors la purgation Juccedera
bien en tous, mais f on négligé cela procurant le vo~
mijfement Cr la defcharge du ventre , les purgations
fè feront anec difficulté cr non fans trench des, cr par
fois quelque tournement de tefie, grand degoufiy ma.it-
Mais pouls , foibleJfe trauail.
M'-nora* Pour minoratifs ils emploient ordinai»
rement le Diaeatholicon , diamanna , dia-
fené, diabeften, diaprunum laxatif defcrits
par Razis,Mefué, Nicolas Prçuoft, Nico¬
las Alexandrin ,Montagnana, Florenzola&
autres/ Auffi font ils prendre tels minora-
tifs en forme de deco&ion oû potion con-
uenable à cet efFedt, dans laquelle auroient
parauant efté cuites quelques feuilles de fe-
né: ou en forme de bol : Ailleurs on fe fert
vulgairement de poulpe de eaffe extraire
, • nouuellement, remede qu’ils tiennent pour
dlVcaffe vn fingulier 8c du tout bening. Mais
M i’ay en môy mefme fort fouuent expéri¬
menté le contraire ne m’eri eftant onques
feruy quaüec vn grand changemét ou grie-
ue efmotion , ce que i'ay femblablemenc
veu aduenir en pluiieurs autres de mefme
tempérament que mo.y. Car comme ainfî
' • loit que la caiPe a vhe faueur douce, elle fe
tourne facilement en bile dans vn çorpsbi*
Inuvteu. lieux ou de complexion cholérique, ce que
mied’it ^ait pareillement la manne. Joignez enCCN
Zllt , res à cela que fi par diftillatiop faite au bain
DV CERVÉÂV; Xll
niarié vous en tirez de l’eau, il en for tir a
(comme auilï dû rhieî) vue liqueur merueiU
ieufement forte, acre & mordante , 8c par
ëonfequerit tref-châude, c’eft à dire fof t ef-
chauffante. Laquelle force ne peut procé¬
der dû feu de là diftillation, quoÿ que quel¬
ques autres en gazouillent autrement. Ce
qu'on peut recognqiftre pàrexperiéce, car
on n’extraiéfc de la poulpe des ffielons,Cour-
ges, coings, Concombres & d’autres tels
früiéfcs qu vne eaü froide 8c de mefme natu¬
re, c’eft à dire froidure, que les fruits dont
ellefe tire. Car nulle chofe n’impartit ce
qu’elle n’apoint, comme nous auons ia dit
cydeffus. C’eft poürquoy quand on vou- caffens
drl mettre la caffe en vfage,il le faudra faire fe doitad*
atiec grande circonfpeéiion , c’eft à dire minijiret
ayant premièrement fondé qu’elle eft la llu’a"'e
nature 8c complexion d’vn chacun à qui
on l’ordonne. Car le malade pituiteux, &
dont le corps eft gros &grasenpourravfer
auec feureté: mais vn autre ne îe pourra
nullement faire fans en reeeuoir du dom¬
mage 8c de l'incommodité, le ne veux don-
ques pas qu’on croy è que i’en improuue ou
condamne l’vfage : mais par l’anatomie 8t
diffe&ion intérieure que i’ en ay fouuentes-
fois entreprife,i’ay bien voulu demonftrer
ce qu’elle contient dedans foy,& que fon
vfage n’eft pas toufioursreceuableentout
fubie&,veu que les pleuretiques aufquels
tous autres purgatifs font defedus ne pour-
%l% DES MALADIES
roientfe l’appliquer feuremét , quoyqu’en-
tre tous autres medicaméts elle Toit eftimée
bénigne & temperée. Qui plus eft fi vous
faites feulement prendre la poulpe d’icelle,
f eftomach en deuient fi plein & enflé, que
pour la grande quantité des vents ^qu’elle y
a fufeitez il fe defuoye 8c eft fort tourmen¬
té, ce qui eft tres-dangereux & pernicieux
à ceux qui envfent, mais fi vous la délayez
mefrne en grande dofe dans quelque déco¬
ction propre & conuenable,que clarifierez
Sc coulerez, y adiouftant puis apres vne on¬
ce de fyrop de chicorée auec rhabarbe, ou
de fyrop rofat laxatif, les malades qui la
boiront s’en trouuerony mieux félon l’opi¬
nion d’aucuns Médecins. Quant à nous
pour amoindrir la matière des epileptiques
nous employerons auec meilleur fuccez
Topiate purgatiue dont s'enfuit la deferip-
tion.
purgative Prene^ polypode O' guy de chejne , femence de
de du Cdrthame: de chacun deux onces ,rafins de cormthe
shtfnt . purgezjle leurs pépins yreglijfe: de chacun vne once,
pruneaux doux, iuiubes : de chacun vingt en nombre,
fèmence depiuoine, charbon bénit: de chacun demie
mce,fleurs de Jdulfi, de tiilet arbre, de petit muguet:
de chacun vnpugiîle, fleurs de chicorée , violettes, bot
rache, buglofè, rojès : de chacunes deux pugtlles, fin-
. tal citrin trois dragmes , canelle , anis : de chacun
vne dragme & demie, le tout foit cuit, exprimé CT
clarifié en fifififahte quantit é de cefle decoBio efclair-
mijè dans vn vaifeau de verre, adioufleifeuih
DV CERVEAV. HJ
les de fine mental trois dragmes , agaric trochifque,
rbabarbe : de chacun Jîx dragmes, epythim vn pugde
£r demy,le vaijfeau de verre bien fielLé gp pofé dans
le bain marie y demeure l’efpace de trois tours, afin
que le tout s y d.igere afuffi fiance : puis on l'efiremdra .
Mettezjncores dans ïexprefiion, poulpe ae câfle, ta¬
marins auec eau tirée de violettes : de chacun trois
onces y de la meilleure manne de grenade , penides,
fkccre violât enjuffifimte quantité : faites en vn ele-
Buaire cuit a perfeBion fuiuant l’art .
Ce médicament peut eftre nommé Ànti- Son vf*-_
dote Catholique,lequelpeut remediernon
feulement à l’epilepfie, mais auflî à diuerfes
autres maladies tant aigües que langoureu-
fes, 8c doucement euaeuer & referrer tou¬
tes humeurs fans aucun efchaufement ny
douleur quelconque. Cet antidote & beau¬
coup d’autres fe trouuenf par nous defcrits
en noftre Pharmacopée des Dogmatiques
reformée, dont la dôfe eft demie once en
forme de bol. Que fi la forme de breuuage
femble plus agréable, on difloudra le reme-
de en vne decoétion ou eau conuenable,
dans laquelle il trempera vne nuiét durant*
Puis le lendemain on clarifiera tout auec
aubin d’œuf conformément aux préceptes
de l’art. Pour ceux qui auront befoin d’vne
purgation plus forte, on pourra adroufter à
cefte potion quelque fyrop rofat laxatif,
auec de la rhabarbe ou du fené d’entre ceux
que nous auons defcrits en noftre Pharma¬
cie: lefquçls fip peüuent fimplement & con-
O iij
-AT* MALADIES
üenâbîeffîent adminiftrer pour purger mefl
me les enfans pour ieutiés & délicats qu'ils
foient,& feruir de minoratif.
En lieu de minoratif, aucuns mettent en
yfage les pilules d’aloë & d’hiera,les faifans
prédreàceux qui ayâs l’eftomac trop foible
& delicat,ne pëuuent fupporter les potions
ny les b oies. Nos pilu)es d’aloë deferites en
nos autres eonfeils, & principalement en
noftre Pharmacopée font fort bonnes 8ç
excellentes pour cet effeét , furpalTans de
beaucpup-eii vertu }es Aloëphangines, les
pilules d ’aloë rofat & celles d’aloë laué : Ia-
çoit que-l’aloë bien & deuëment préparé &
îaué, ferue comme de baufme à l’eftomâc êe
aufoye ^ & foit tellement recommandé par
Celle qu’il enjoint de le mefler en tous au=
très lieux purgatifs nuilibles au ventricule,
pour y tenir lieu de correctif. Le remede
auin Aloëndaire defcrit par Guinterius An-
dernacus au iiure dé jà pefte , ou faloc fe
voit préparé dyne autre façon que lavul-
gaire, eft réputé ^ort excellent.
Le diafenna de Montagnana, pu celuy
inefme qti’auons preferit en noftre Phar¬
macopée , dans lequel nous aucps fubftitué
au lieu du tartre crud, la cremeur ou cryftal
de tartre , eft pareillement vn purgatif bé¬
nin g & doux, lequel peut conuenablement
feruir de minoratif. Faut icy adioufter le
fyrop de fené de noftre defcription.
Voila j eflite des remçdes qui purgent le
|
DV CE&VEAV. 2ÏJ
Îdus benigneraent &auec plus de douceur,,
çfquels duifent grandement à la purgation
de la première région du corps , & dont les
plus exoerts d’entre les Médecins Dogma-
tiques feferuent à'mefme fin. Nous y: au o ns
candidement departy & adioufté le peu
d’efprit & dxnduftrie que Dieu nous a cf-
largy.
Apres donc que la première région du Prépara
corps eft purgée félon qu’il a eflé çtiâ cy der des
uant, on met peine de cuire , atténuer & ^}Simeurs’
préparer les humeurs, &ceauantquepaf-
ler à l’extirpation de la racine du mal : Car
four remedter gr efmouuoir, les chofes cuites font vti-
les,non les crues t di& Hippocrate. Or à cela cq-
gnoiflons nous que la concoââon des hu¬
meurs fe faiâ: deuëment au corps , quand
félon Hippocrate les corps deuiennent flui¬
des, c’eft à dire, lors que la matièr e congelée
&C fixe fe liquéfié Sc diifout , les, chofes cor¬
porelles fe reduifansen fpirituelles, ouïes
fpirituelles fe changeans en corporelles ,
C’eft à dire , quand Les chofes efpaifles fe
fubtilifent , & les fubtiles fefpaififlent .
Cefte efpece de vraye coétion ( laquelle
toutesfois nous n’affermons pas çftre du
tout celle dont Ariftote faiâ: mention au
4* des Meteores, chap.z.) fera par nous ex¬
pliquée plus amplement, & auec plus de
clarté en vn autre lieu; Aufllendemonftre-
rons nous les propres effeâs en ce mefme
traité 3 quand cy apres nous viendrons à
O iiij
des maladies
parler des remedes que les Hermétiques
èmployent à la concoction des humeurs
peccan tes3& de leurs vray es préparations.
- Pour préparatifs pn met en pratique les
apozeme's , hydromels , oxymels & fyrops
çonüenables àceftëfin : Defquels remedes
les boutiques des Apoticaires font par tout
remplies j comme auffi les liures , tant des
anciens que des nouueaux praticiens. Or
d’entre tous les préparatifs dont les plus
fçauans Dogmatiques en general , ont ac-
eouftumé de fe feruir, le defctiray icy mé¬
thodiquement vn feul formulaire d’Apo-
zeme, à l’exemple duquel on pourra com-
pofer îesdiydromels, oxymels êç autres tels
remedes duifans à cet effeët.
\4p»%e- Qu'on prene racines de peuoine , gai anges, cyprès, .
ta?, angehaue, rofeau aromatique, de chacun demie once,
racines dé dent de chien, d’ajflerges,guy dechejhe, de
chacun fix drachmes, chicorées auec toutes fes parties,
etîdiue ,-Jcariole, fumeterre, honbelon, melijfe, prime?
ueré, aig-remoine , ' cetera ch-, polytnc de chacun vne
poignee, germandree, chamepyiis, hyjfipe, thitn, mar¬
jolaine, menthe, de chacun demi poignee ou manipule,
fièmençes diank, chardon bénit , peuoine, fèfeli ', citron
Çr (on efcorce de chacun trois drachmes , fleurs de 'rofl
marin ,foulcy, betoirie de chacun vnpugille , fleurs de
tiÜet arbre, de petit muguet de chacun vnpugille O'
demy , fai&es-en vne. decoBion en vne Hure <£r demie
£oxymel flmple, l'ayant coulée er clarifiée dijfoudez::
y fjrops d'efiorce de citron , de floechas &r de betoine,
de chacun trois onces , faiftes-en vn apozjme fie voua
DV C E KV E A V. 11?
drotttcttifèrez^ d'une drachme de dtamofchtim doux*
poM- en vjOr par quinze tours.
Tels apozemes tiennent le premier rang
entre les préparatifs, efquels font comme jp
amaffees prefque toutes les herbes des prai¬
ries, & toutes fortes de fleurs pour lapluf-
part capitales & chaudes : Car prefque tous
eftiment que cefte maladie aflaut principa-
lemét le cerueau. Et comme ainfi foit qu’ils
en rapportent la caufe à vne matière pitui-s-
teufe & froide : fans contredit , ils compo-
fent & prefcriuent leurs apozemes de Am¬
ples, pour la plufpart efchauffans. Néant-
moins , outre la première & principale in-
difpofltion du cerueau , iceux ont auflief»
gard au cœur,à l’e ftomaeh, à la ratte, ôc à la
matrice fîc’eftvnefemmequi foit malade,
d’où vient qu’ils y méfient Lesremedes cor¬
diaux, hépatiques, fpleniques,&hyfteri-
ques.
En outre , veu auffi que lesdiuerstem- c ^
peramens des malades doiuent venir en
confideration,les vnsèftansde coinplexion téiesre.
phlegmatique, les autres de bilieufe , & les medts.
autres de melancholique . Et attendu pa¬
reillement que les vns font gras & replets,
les autres maigres & àttenuez,les vns aagés,
les autres ieunes : Et finalement qu’on doit
foigneufement prendre garde au fexe, & le
diftinguer, félon que toutes ces chofes di-
uerfes auront efté obferuées, il faudra fem-
blablçment appliquer & pratiquer diuers
*1$ D*S MAI A DIE8
remcïks: Comme (par exemple) fuppofé
que nous ayons à penfer quelque bilieux:
en la cure d’iceluy , il faudra fabftenir des
remedes chauds qui pourroientconuenirà
quelque malade pituiteux : ou pour le
moins fi aucuns font vtiles , on les deura
temperer par des froids , afin qu’ils caufent
moins d’inflammation ou d’incommodité:
Ce que le-s dogmatiques obferuent fort
eftroittement . Mais pour parler librement,
il me fçmble qu’on fe doit peu fier aux rai-
fons de ceux qui des fimples qualitez de
froid, chaude &c, font deriuer & dépendre
toute la vertu & faculté des remedes : Car
La ve«»^exPer^ence tePm°igne aAéz euidemment
curatiue qucn telles maladies qu’eft l’epilepfie , tel-
& mede- les qualitez font entièrement froides, oîfi-
einale des ues & de nul effeéfc, ce que nousauons ja
Jîmplesnet ouché ailleurs : 'de, forte , qu’à prefent il
K**6 de$ Jie& Pâs neceAaire d’en faire plus ample re-
qnalitez. pétition. Et qu’on ne penfe pasque cefte
opinion me foitparticuliere,ny que ie l’aye
empruntée ou mendiée de Paracelfe : Hip¬
pocrate eft de mefme fentiment que nous
enfonîîurede lamedecine ancienne qua¬
tions ja cité ailleurs, où ayant rejette les
hypothefes de ceux qui attribuent la vertu
des chofes à la chaleur , froidure & autres
qualitez femblables, il l’affigne pluftoft aux
puiffantes 8c efficaçieufes tacultez des'fa-
ueurs , à fçauoir de l’acide , de l’amer, &c.
qu’à icelles ; d’où il appert que l’opinios
B V CE RV 1 A V, 110
4’Hippoerate approche bien prés de celle
des Hermétiques , comme nous auonsde-*
duit plus amplement en vn autre lieu.
Faut donques apprendre de-ià qu’on ne
doit pas regarder à la feule chaleur des Am¬
ples, veu que ny la piuoine,ny le guy de
chefne,ny le tiliet,oules fleurs de petit mn-
fuet, l’ongle d’alce , le crâne de i’homme?
eau de cerifes noires, d’hirondelles, Sc de
pies ny aucuns autres tels remedesfpecifî-
ques 11e fe mefurentpas à l’aune de telles
qualitez çhaudes,& que les plus célébrés ÔÇ
plus experts Médecins Dogmatiques ne les
employeur pour ce regard à la cure de celle
maladie. ' . ' „
En lieu des fufdits apozemes deftinez à
la préparation des humeurs, i’approuuerois.
pluftoit l’vfage des hydromels & oxymejs
qui font propres à telles maladies t d’autant
que celuy qui fe lés applique en reçoit
moins d’incommodité & de degouft que
desapozemesî Ioinéfc aufli que leurs vertus
feconferuent plus long-temps en leur en¬
tier , de forte qu’on s’en peut aufli long
temps feruir fans qu’ils viennent à £c cor¬
rompre, ce qui eft tres-requis en ces mala¬
dies; à fçauoir que l’vfage d’iceux s’eftende
non iufqu’à fix ou fept iours tant feule¬
ment , mais aufli à pïufieurs mois , car c’eft
ainfi que fe doiuent domter & furmonter
les . maladies chroniques & açquifes pat
long traiék de temps,
Hydromel
antepïle-
Il O DES MALADIES
Pour donques préparer l’humeur qui
eftcaufe efEciente de la maladie, l’hydro-,
meLiuiuant fera tres-conuénable.
PtenezjadurC de buts trou onces, enule campant,
guy de chefne,guy de couldre: de chacun vne once &
demie, raclure de corne de cerf, O" de hoisrhodien : de
chacun vne once , femences de charbon bénit, citron,
rué : de chacun demie once , faites les macérer par
vingt-yuatre heures en hmcl linres d’hydromel, puis
cuire mfqu acohjomption d’vne tierce partie, y adiou-
fiant jiçr la fin decoShon de fleurs de tillfit arbre, de
petit muguet Çr de Joulfi : de chacun deux pugilles,
de Jqmlle préparée vne once, qu’on les coule finalement
a trauers la manche a l’ hipocras, o- les aromatijhifi
bon vous fetnble auec vnpeu de canelle , dequoy foit
failli vn hydromel anttpileptique. Pour le rendre meil-'
leur Or pim vide, onypeut adioufier quelques petites
gouttes d’efpnt de vitriol,tant quil demenne acide gr
fort plaifant au goufi. il conuiendra boire de
cet . hydromel chacun iour au matin & fur
lefoir, & eontinuera-on à ce faire par vn
long efpace de temps.
Or combien que l’efprit de vitriol foie
vnremede fingulier &.tres-excellent à telle
forte de maladies, neantmoins en faueur de
ceux à qui les remedes prins des métaux
fontfufpe&s & odieux fans aucune raifort
(comme nous dirons incontinent ) au lieu
d’iceluyvous pourrez mefler vne ou deux,
voire phifieurs onces de vinaigre fcillitic,
lequel eft du tout vitriolé, & pourtant non
reietté des Anciens & nouueaux Dogn^^th
D T GS HT SA?.' 211
qties, mais beaucoup prifé & eftimé entre
tous les préparatifs. Ou bien au lieu d’hy¬
dromel , qu’on fafle cuire les iîmples fus-
mentionnez enoxymélfcillitiG,qui incife-
raplûsfort, & cuira l’humeur peccante.
A mefme fin pouuons nous femblable-
ment employer le grand oxymel helleborat
de Iulian,tantde fois recommandé par Gefr
ner contre l’epilepfie ôc autres maladies de
tel genre: lequel à fon dire deterge, incife
&diflipe à merueilles toutes humeurs, les
chaflant du corps & ouurant les conduits,
tant au dedans que par dehors, bref il en dit
merueilles, de forte que ie m’éftonne com¬
ment les boutiques en font dégarnies , ôc
pourquoy les MedeGiris ne s'en feruent or¬
dinairement. Là defcription d’iceluy fe
trouue en la Pharmacopée d’Aufbourg &
ailleurs.
Pour mefme effeéfc fera conuenable l’eaa
fuiuante qui fepourra préparer en la faifon
des herbes Sc fleurs , & eftre gardée pour
s’en ferüir quand il en fera b efoin.
Prenezjnoiiueües racines d’angelifue, aulnée ,
doive : vue once de chacunes, racines ' de buis, de pi-
' nome cueillie, Ji faire Je peut, ejuand la Ztine decroif
aufignedu Lyon, guy de chifae recent : de chacun
deux onces, diElamehlanc vne once, fèmencesde char-
hon bénit, de citron , d’oreille , pomcelame , pinome
cueillies cr efcorcées au decroiffknt de la Lune : demie
once de chacunes, noix mnfcade , macis de chacun
trois dragmesfleHn d? cutula fatida, de fixe** : de
iii •• DES UAtkùtis
chacun trois pugilles, fleurs de Jauge, flocchàs , petit
muguet: de chacun deux pug. redmfe en poudré
grojjïere les chofès a puluerifer , Cr pdc. ^ celles qu'il \
faut piler, afn de les mettre puis apres tremper l’efi
p ace dé quatre tours dans le bain marie en deux liures
de chacunes des eaux qui y enfument, a fçauorr de
rue, de cerifes noires, fleurs de tillet, fleurs degenefl &
de millepertuis . Cela fait, expnmezjesfort en laprefl
■ fe , & adiouflezjt l’exprefion les efpeces de diamof
chum, diamargaritum froid , diacoralhum ; demie
once dé chacune, raclure de corne de cerfvne oricé, coru
feClion d’ hyacinthe, confection d’alkermes, thériaque *
‘vieille : de chacune demie once, tme dragme de car»
phre. DerechefmettaJ.es digéré? par deux tours au
bain marie , & les difl liés finalement par di filiation
faite es cendres. Four chaque dofe on prefentera de¬
mie once de cefle eau, aquoy fi vous adiouflerje fiel
extraifl: die la te fie morte, ou des feces réduites en cen¬
dre, ayant reuerfe ladite eau fur les cendres de fis; feces
tant quelle fiit imprégnée de la vertu du fiel, le remè¬
de en fera beaucoup meilleur : Carlamoindre parcel¬
le d’iceluy apportera plus d’ milité, que les décodions
d’hydromels par nous defirites pour grandes qnen
J oient les dofis, y méfiant toufiours quelques petites
gouttes de vitriol , ce qui eft vn fecret fpecifi-
que à cefte maladie, comme nous auons ja
fouftenu au procès intenté entre les Dog¬
matiques &• Hermétiques, & ainfi qu’il ap¬
pert par les b elles fleurs dont i'ay orné& en-
, richy les préceptes desDogmatiques en cet
J’eauïfuf. enc*roit- D’auaritage^ia mefme eau Ternira
Ht». J non feuiemét à préparer les humeurs picui-j
SV CERVEAV. iij
teüfes, melancholiques & bilieufes , Toit
quelles pechent feparément, foit conioin-
tement: mais elle fera auffi fort vtile es apo¬
plexies, vertiges , refolutions 4é membres
& autres telles maladies, c’efl à dire pour
s’en preferuer éc empefcher le retour des
paroxyfimes, pourueu qu’à chaque quartier
dé Lune, vous en faifïez prendre vue once.
Elle fe peut aufîi bien 8c feurement donner
ésaccezmefmesdela maladie, pour y fer-
üir de remede, 6c afin de repouüér & dom-
ter la violence des affauts, ôc en deliurer
fortfoudain les malades.
Si vous confiderez exa&ement cefte , eau
qui a la vertu de produire trois puiflaris ef-
feds tout enfemble , à fçaûoir de çrefer-
uer , préparer, 8c de reftablir la fanté, vous
trouuerez qu’elle eft faite 8c compofée en
partie de Amples cordiaux, comme de raci¬
ne d’angelique , zedoaire, didame,de fe-
mences de charbon benit,citron & d’autres
femblabies qui refiftent aux malignes qua¬
lités des humeurs peccantes 8c mortifères,
en partie des racines &femences de peuoi-
Jie, guy de chefne, 8c autres de tel genre
que les Üedecins tant anciens que moder¬
nes ont tenu 8c célébré pour vn remede
fpecifique contre l’epilepfie: enpartie auffi
de ceux qui duifent fort à la corroboration
du cerueau, de l’eftomach, 8c des autres vif-
ceres : vous y trouuerez pareillement: ad-
jouûée-Ia raclurc de buis, dont la première
224 DES MALADIES
inuentionvientparaduanturede nous qui
l'auons fembiablement rapportée en la
compofition des apozemes & hydromels:
brefi’yay expreflement fait entrer ces fim*
pies , comme les fleurs de fuzeau, le cam-
phre,& l’eau de rue à caufe qu’ils ont cer¬
taines vertus fpecifiques à çefte maladie:
dequoy nous allons rendre les raifons de
peur que ne femblions auoirfait quelque
chofe mal à propos & fans confideration.
Les mauuaifes odeurs de cotule, fuzeau &
Souphrt camphre , demonftrent afîez qu’ils > font
anodin, pleins d’vn foulphre puant Sc narcotique,
mais qui eft aufll lenitif : laquelle efpece de
foulphre eft tres-propre & fort conuenable
pour adoucir, appaifer, & efteindre vn fou¬
dre fi ardant , qui monftre fa furie dans le
ciel de noftre cerneau , y faifant comme ef-
clairer ces aflauts epileptiques : dequoy
rend fuffifant tefmoignage la compofition
dorée de noftre Nepenthes, remede qui
apporte vntres-prompt & finguïier allege-
.dnato- me«t en cefte maladie. Et afin que vous en-
mieintt- tendiez plus particulièrement les caufes
tïture du qui m’ont induit à y adioufter la raclure de
r^hT'r ^u^s’au demeurant fort puante, & qui of-
fenfele -cerueau: fçachez qu’il a certaine
faculté, vertu narcotique , & contient quantité de
foulphre afloupiflant, par quoy il eft rendit
puant, ne plus ne moins que ïa cicuë, la rue,
la mandragore, Sc toutes les fortes de pa-
' uot, lefquels rendent vue odeur mal phi-
faute»
SV CïîlVEAV. . ilf
fàtfte à caufe qu’ils font narcotiques . c’elt
à dire , teints & irifeéfcèzd vn fouphre nar¬
cotique en trop grande abondance. loînéfc
auffi que la verdure perpétuelle du buis, fa
deleéfcation & nailîance és montagnes &
lieux pierreus, font vn indice qü’eh toutes
fes parties il contient vne nature du tout vi¬
triolée, fignature intérieure d’icelüÿ. D’a¬
bondant quand par diftülatioh ori extrait
del’eaü de fa raclure, il en fort plus grande
quantité dé liqueur acide mordicame, pi¬
quante, & folutiùe comme efprit vitriolé,
que d’autre humeur. Audi tout ainfi que le
vitriol fufpâffe to’us lès autres métaux èn -
quantité de foiilphre nârcotique,de mefmè
ee fimple participe entièrement a l'a nature'
d’iceluy, &s’enreueft,fon efprit croift ex-
cefliuement és lieux montagneux & pier¬
reux ou il fe plaift, fucceànt & acquérant de
làvnfdülphfe de tres-mauuaife odeur, le¬
quel à force de feu fe réduit eri huile d vnë
extreme puanteur. C’èft vn, grand argu¬
ment d’iCelle vertu riaredtique , que pouf
grande que fbitiadduleur des dents, quand
mefme ellefufpafièroit toutes autres dou¬
leurs, elle l’appaifeen vn nioment,pourueu
qu’on fourre vri curedent trempé en forv
huile, dans la racine de ia dènt doulou.reu-;
fe, laquelle ri’eft pas fi toft touchée que la:
douleur s’enfuit , & la quitte comme par
miracle ou enchantement. C’eft donques
Vn excellent remède lenitif entre tous au-
P
XlG DES MALADIES
très fimples , lequel fert auffi d-anti’dotê
nompareil contre tout venin & vermina¬
tion s’il meft permis d’ainfi parler, qui le
plus fouuent font caufes des epilepfies : tel
qu’eft le ioulphre narcotique du vitriol en¬
tre les minéraux , lequel tient le premier
lieu en la cure de cefte maladie, comme
nous enseignerons plus amplement en vrt
autre lieu,, X’adioufteray encores icy les ex¬
périences que i’ay de cefte huile de buis,
qu’en effect nous attôns recognu aiïoir vne:
fi grande vertu, qu’elle fürmonte toutes
douleurs quelconques, corrige les corrup¬
tions. 8c putréfactions, fait mourir 8c fortir
les vers,& chafle & confume les vapeurs
malignes, dont s’engendrent les epilepfies
fympatiques, qui àla fin fechangent facile-:
ment enjdiopatiqu.es.:
Huile St Outre ces raifons que' nous aùons confir-
bouHcra* mées par pratique & experience,vn certain
perfonnage.ALeman, Medecinde grand re-
nom afferme par fes efcrits, que l huile de
1 bois Heracïien , par le moyen duquel Mar¬
tin Rolad en fes centuries fedit auoir remis
plufieurs epileptiques en leur fanté, & ap»
paifé les douleurs de dents, cet effoit huile,
de buis extraicbpar diftilation, non de gua-
iac commeûl croioit auparauat.Mais com»
çien qu’on nadioufte pas foy à leurs efcrits,
ie fuis toupesfois bienaffeurépar mes expe-
riences,:que cqbois de buis contient focre*
tement en foy yne grande , vertu a no-dyne*
D V CBRVEAV. 2.2-7
St comme quelque Hercule donateur de
telles maladies fi grieues. Vn feuî Martin
Roland ou pluftoft le fils qui liiy a fuccedé,
digne heritier de fi merueilieux fecrets,'&:
dvn tant admirable & fi do&e pere me
pourrareprendre, fieh lieu de l’autre bois
ie choifi 8c mets en vfage celuy du buis,c’eft
di-je,luy qui me peut contredire , 8c à qui
feul appartient de mettre en lümiere tel&
fecrets nomparèils pour en faire partici¬
pant! a Republique de Medecine, car nous
ne fommes pas liez pour nous mefmes, mais
pour feruir à nospai's, païens & amis. Que
fi ce tant précieux bois Heraciieu, plus ex¬
cellent que les cedres mefmes du Liban, à ^
caufe de ces vertus fi notables, tré veut pa-
roiftre en public fur le théâtre de Médeci¬
ne* Qufil nous foir permis de faire I’efiay
de noft're bois de' buis , & d’experim enter
les forces d’iceîuy en telle forme qu’cn le
voudra préparer. Car foit que mettiez en
vfage fa deco'6Hoii , fort fon eau ou huile,
vous en apperceüréz des effets merueil-
leux en H CUré dés maladies, fémblables à
celles demtnous traitons, pour les raifons
par nous j a alléguée^. Mais ie me fuis arrê¬
té par trop à examiner cé point delà prepa-
tion, if eft temps dé paifer à l’euacuation 8c
purgation,âfin que nous apprenions quand
& comment on la doit faire, 8c fi elle eft
toufiours necefiàire en. ce genre de ma-
ladies. - ■ —
21% DES MALADIES
Ghap, XVII.
S>e tHeüebore noir dont comme des autres
remedes yiolens nullement ou, peu ccw-
gez^ , les Anciens fe font firuts de fes
admirables l/ertut prejque contre toutes
les plus grimes maladies yauec la manière
de le préparer*
v -y o v s auons cy douant demoriftré de
INL quelles purgations, vomitoires & an¬
cres tels remedes, les Anciens Ce feruoient
‘ordinairement en vne maiadie fi grieue : à
fçauoir de l’Heîlebore blanc ôc noir, qui à
cefte fin eftoient les principaux félon l'opi¬
nion de Galien mefme, Coryphée des Mé¬
decins, né & florifiant cinq ou fix centaines
d’années apres le temps d’Hippocrate, re-
cognu de tous pour Inftaurateur de la Mé¬
decine Dogmatique, lequel toutesfois par
les formulaires qu’il a preferits de tels pur¬
gatifs dangereux & violera , ne rnonfke
que trop euidemment combierypeu ou.a-
uec combien peu de iugement il les refor¬
ma & corrigea en ce temps-la : veu qu’il
n’a finon ineptement corrigé l’hellebore
blanc* dont comme tefmoignent fes com¬
mentaires fur le i. aphor» liurej. il vfoic
principalement enk cure de repilepfiejafin
ÔV CERVEAV. 12?
d’en reprimer la violence à prouoquer le
vômiflèment, qui comme dit le bon hom¬
me Mefuéliure des fimp. chap. dernier de , .
î’heilebore, ne fe fait jamais qu'auec des ac- Ytffiml'
cidens pleins de terreur. Quelque peu de
verfets auparavant, ilenfeigneen ces ter- itm.
mes quel fentiment il en auoit: l'hellebore
blanc , dit-il , molette les corps de noftre
temps , voire leur eft comme vn venin qui
à vray dire les fuffoque, Celfe liure 2. cha¬
pitre ij. parle ainfi de fhellebore. Or
quand les longues & fortes maladies ne
font accompagnées de fleure , telle qu’eft
l’epilepfie ou phrenefie, on vfera auffi de
l’hellebore blanc , lequel n’eft pas bon à
donner ny en hyuer ny en Efté , mais tres-
bien au Printemps , & paflablement en
l’Automne. Quiconque l’ordonnera, doit
premièrement faire en forte que le corps
de celuy qui le prendrafoit humide. Il faut
fçauoir cela, que tout tel médicament le¬
quel fe donne à boire, ne duit pas touflours
-aux malades, maisnuit touflours aux fains.
Dequoy l’experience d’aujourd’huy rend
fuffifanttefmoignage. C’a neantmoins efté
le premier ou principal remede que les An¬
ciens mettoient en vfage pour exciter le
vomiftement en l’epilepne,& autres grie-
ues maladies aufquelles il conuient. Tou-
tesfois auant l’exhibition d’iceluy,ils em-
pioioient quelques médicaments légers:
êar au préalable ils difpofejnt le corps à ettre
43 ô DES MÀLAD ÎES
lafché par des purgatifs. Suiuans eû^eçl^
l’aduis d’Hippocrate 4, aphor. 13. afin qu’a-
uec moins de difficulté ils fi lient for tir les
excremcns tant par vomiflement que par'
Telle : Qrt au.oit pareillement égard au
temps , à l’heure & au tempérament , &
quelquesfpisonfedonnpitbien garde d’en
prefenter a jeun , mais on l’adminiftrait
pluftoftl’eftomach eftantraffafié &rempîy,
afinquelevoiniirementeuftvn meilleur &
Prépara- moins fafcheuxfuccez., Quant àfaprepa-
t*finfe. ration d’iceluy Toit qu’elle fe fade aueç
teintes* niorceaux d e ^rand raifort, efquels on fi-
anciens choit des raclures d’hellebore, les y laif-
foit on macerer J’efpace dVn iour entier,
d’où eftant retirez , oninfufoitles rouelle?
de raifort en oxymel , pour en apres lésa?-
ualler & confecutiuement boire par delîus
l’oxymel mc'fme, foit qu’elle fe façe auec
yne pomme, ou par infufion en oxymel, ou
par quelque autre maniéré de telle prépa¬
ration.
T outes telles préparations di-j e font en¬
tièrement ineptes, froides, $c fans aucune
induftrie, en comparaifon des autres belles
préparations de l’vn & l’autre hellébore,
que nous deuons à l’art fpagyrique, & qui
comme utiles &necefîaires fe yoienr diuer-
fement deferites en forme d’hydromel,
oxymel , d extractions, pilules, & tablettes
dans noftre Pharmacie reftituée. Telle¬
ment qu’il n e-ft içÿ befpin df les dénombré?
dv Cerveav.' 23 1
chacunes à part foy. Car c’eft chofe bien Vtrtm
certaine qu’entre les végétaux purgatifs, admira-
l’hellebore principalement noir bien 8c Unit
deuëment préparé eft vnfouuerain & très- CheUebon
prompt remette pour les maladies , que les m>r°
Hermétiques furnommênt aftraîes, c’eft à
dire qui ont des racines fi profondes^ & des
feminaires tant occultes, & pourtant duit
il grandement à la cure 8c totale extirpa¬
tion d’vne tant 8c fi grieuc maladie qu’eft
celle cy. Or il eftnotoire que Hippocrate
a grandement loué 8c prifé l’heliebore, veu
qu’il en parle ainfi : stlefi, dit-il, admimfiré en
temps opportun bien h point a qui il conuient,
laieunejfede cet homme lu enefirenouuellee,Ja fan-
té parfaitement entretenue, fin tempérament cor¬
rigé, & les aff étions de l’efprit modérées. Qui
plus eft le bon homme Mefué adioufte que it$
la vertu dl tceluy amande les corruptions de tous les
vtfeeres, rend la pureté a leurs humeurs , euaciië \^Qte
ësr purge aufii facilement que pmjfamment la bile
fabule mejlee auec la pituite crajfe , celle cy
auec la bile noire , votre toutes humeurs ènfimble,
anfii que parfottefficace propriété il purifie toute la
majfe du fitnp, & la nettoye de fes impureté^. Il
pénétré tellement toutes les reines qu’il
en fait fortir 8c de tout le corps, toutes les
feees & immondices, il le dit auoirvne ver-
ru fi efficacieufe que les parties mefmes les
plus efloignées, voire l’extremité de la peau
né font exemptes de fon attouchement.
'C’eft pourquoy ce remede eft fort excel-
P iiij
^ L DES MALADIES
lent, fpecifique & propre à purger le cer-
uea'u, la telle entière, tous les organes des
fens,les nerfs,vifceres, la vefcie & lamatri-
ce, c’eftauffivn lingulierpreferuatif contre
l’epilepfie dont nous traitions , la raelan-
cholie,manie, paralyfie, vertige, & migrai¬
ne. Voila les louanges quef antiquité don¬
ne à l’hdïebore , dont les Dogmatiques
d’auiourdhuy s’abftienneut du tout, crai-
gnans le danger d’vn fi grand nombre de
fÿmptomes qu’il fufcite,'à fçauoir n’eftant
finou tellement quellement préparé. Or
attendu que c’efl vn remede d’vne fi grande
yertu, ôc fort conuenable à chalTer la mala¬
die dont eft queftion, & reftablir la fanté,
nous adioufterons icy delFous quelques for¬
mulaires efquelies Ffiellebore fera la bafe
$e la purgation, & y tiendra le premier lieu.
Si quelqu’vnen defire d’auâtage ilies pom>
ta extraire de noftre Pharmacopée. Ou fi
vous voulez faire prendre quelque plus
doux & commun remede à ceux qui font
peuaduancezen aage, comme aux en-fans,
ou aux perfonnes trop délicates, & à l’imi¬
tation de Galien leur prçfenter fouuentes-
fois paç chacun an 1 amer remede 4’aloë,
nos pilules catholiques d’aloë defcrites en
noftre Pharmacopée. & ailleurs, femiront
d’vn fuffifant remede quifera plus bening,
& plus agréable que s’il elloit d’aloë non
préparé. On y trouuêra auffi prefcrits dh
pers purgatifs foit fimplçs foit compotes.
DV CERVEAU,
.vulgaires ©u nonvulgaireSjqui feroient maj
à propos trânfportez en ce rraitté icy.
Il nous fuffira donc de defcrire comme
il s’enfuit ce feul fyrop iielleborat, pour va
remede purgatif t±es-vtile & fort propre
aux epilepftes.
Prenezjràcines du meilleur O" way hellebore nott
vne once , polypode de che(he,femence de carthame: Syrophil
de chacun vne once £r demie, guy de chejhe,de coul- Itborat.
drier : vne once de chacun , turbith gommeux , a-
garic trochifqne,cabaret: de chacun fix dragmes,fe-
mence de pomme, d' dnis,citron,chardon bemt,ozeiUes
de cha. trois dragmes,diBam de Crete fleurs de tillei
arbre, de fôuljï, petite centauree, millepertuis: de cha¬
cunes deux pugilles, fleursdeviolettes ,buglofè , blanc
d'eau, vn pugille & demi de chacunes , faites
lesmacerer en fùjfifante quantité d'oxymel fcillkic,
CK d'eau de fumeterre , £r ce dans vnvaijfeau de
verre bien bouché d la chaleur du bain marie par
deux tours au moins: puis les faudra fort ejpreint
dre cr clarifier. Macéré ^ par apres en deux li¬
mes de cefie coulature , & y faites digerer ait
mefme bain marie par quatre tours vne once de la
racine de vray hellébore chofi , trois onces de feuil¬
les de fèné, vne dragme de macis, ÇrAUtant de doux
de gyrofles, comme aufi de canette. Derechef exprt-
mez^les bien fort par vn ioür vu deux purifie -g,
les audit bain marie fuiuant l art , ofiant pour le
moins vne ou deux fois le tour les feees qui paroi front
au fond du matras, purifiant encores ce quily au-
ra de plus pur, Cr réitérant cela iufqu'a ce que
*4 matière ne rende plus aucunes feces au fond du
3.34 DES MALADIES'
vaiffedu. Cela, e fiant faicl, adioufiezjy fiffifantt
quantité- de fhccre violât four Le}- cuire £r réduits
en firof y méfiant fur la fin vue onc,t demie de
decoBion'de rbabarb e,maceréscr exprime^fèparemet
en fkc de rofes p ailes , du toM méfié par enfimble
foit fait vn fijrop , la prinfe duquel fera d’vue ou
deux onces. Il fe donne Simplement , ou auéc
eau de petit muguet ,àdiouftant tpufiours
h. la potion quelques gouttes d’efprit de vi¬
triol préparé félon l’art, Ceftuy eft l’vn de
nos fyrops purgatifs antepileptiques , 1 vfa.
ge duquel ne peut nuire , mais beaucoup
feruir à toutes perfonnes indifféremment,
foit enfans ou femmes,foit j eunes ou vieux,
gras ou maigres, ou de quelque tempéra¬
ment que ce foit, moyennant qu’on .fadmi-
niftre en telle dofe que la foibleflé ou forte
nature de chaque malade pourra Suppor¬
ter. Le mefme remede s’approprie & duit
grandement aux apoplexies, paraly-fics,
melancholies Sc autres maladies Sembla-
blés qui font auffi profondément enra¬
cinées. -
Toutesfois fi la perfonne affligée de telle
maladie eft vue femme, comme cela n’arri-
ue que trop fouuent, la racine de couleurée
ou vigne blanche fe deura adioufter au fy-
rop purgatif: on pourra mefme faire entrer
en la purgation le fecula brioniæ , duquel
nous auons baillé la defcription & prépa¬
ration en noftredite Pharmacopée , 8c qui
gft ynremede hyfterique, Spécifique &fin*
DV GBRVIAV. 231
guiier pour lafcher, telles que font pa¬
reillement les extradions faites desfucs dè
mercuriale, 8c de rue qui fe trouiient auiïl
au mefme lieu. /-
Chap. XVIIL
J)es réunifions & deriuations , operations
~ de chirurgie & des remedes confortatifs
tant generaux que fpeciaux des Dogma 9
tiques .
Ie s reuullîons 8c deriuations qu’on en-
ytreptend au fuieéjt de celle maladie, fe
feront commodément par clyfteres acres»
. attra&ifs & corrolifs, comme aulîi par füp-
politoires , apoplegmatiques, mafticatoi-
res, errhins, gargarifmes 8c fternutatoires. Operatias
Btpour aulïî emprunter quelques remedes
de fa Chirurgie, on fera deifément ouuer-*,?‘
ture des hemorrhoïdes, femblablement on
paillera les veines des chejuille's des pieds
pour en tirer du fang, principalement 11 le
ruai prouient de la fuppreflîon des mois,
comme il efehet le plus fouuent, fera pa¬
reillement vtile l’application des fangfucs
Ihr le frôt, enuiron les oreilles & autres en¬
droits du cerueau cômodes à cet effet, ff la
çaufedumal relide principalemet en iceluy »
Maîs ffla maladie prend fa fourçe de?
maladies
partiesinferieures, il fera fort expedientde
fcarifîer les pieds , iambes, cuifîes , hypo-
condres, & d’y appofer les ventoufes, qm
pour la reuulfion des parties fuperieures,
feront auffi conucnabîément appliquées
fur les efpaules. L’vfage des fortes ligatures *
& frottemens fera pareillement fort com¬
mode.
bvr Qui P^us 011 P eut beurèufement paf-
dJcau- f er aux cautères a&ueîs ou potentiels, les
tttes. impofant & bandant fur la future coronp.-
le, derrière la telle ou à la ioindhire d’icelle
auec le col, afin de faire paflage àla matière
pernicieüfe , filecerueau eneftmolefté le
•premier: Autrement on creufera des emon-
ctoires aux endroits dont on verra procéder
la caufe du mai,pour endiuertir & extraire
la matière qui s’euapore & découlé fouuent
des cuides, jambes, pieds, & de femblabies
parties inferieures & fort efloignées.
Quant à la matière des remedes fufdits?
mon intention n’efl pas de l’examiner plus
au long,ny plus fubtilement, veu principa¬
lement qu’elle eft notoire à tpus , ék qu’en
deduifant la cure du paroxyfme de celle
maladie , nous en auqns j a amplement dif-
couru.
Il relie donc que fuiuans_ la metfiode
preferite nous difions comment on pourra
corroborer les parties mal difpofées, corri¬
ger leur intempérie, & diffiper la matière
peccante des autres»
BV CMVEAV. 237
Les remedes propres à conforter font, - . ,
les conferues de racine de peuoine, acore,: *
pyrethefles efcorces des citrons & mirobo-
îans confits : item les conferues de fleurs de
fauge, rofmarm, ftoechas, betoine, les per¬
les, coraux, l’yuoire ,1e s cornes de licorne
& de cerf, tous préparés félon l’art, les ef-
pices de rofat aromatic , diarrhod. diamb.
diamofchum,letifiantde Galien, dianthos
de Nicolas, diamargaritum chaud d’Aui-
cenne,diacaftoreum, les confe&ions d’hya¬
cinthe, de grenades, d’Alchermes& autres
de tel genre , foit Amples, foit composez
qui font en vfage, 8c s’approprient en di-
uerfes formes,cornme en opiat es, conflits,
tablettes : où les modernes ont accouftumé
de toufiours adioüfter quelques fpecifiques
pratiquez aujourd’huy en la cure de celle
maladie, tels que font l’ongle d’alce, le crâ¬
ne humain, le guy de chefne , la femence 8c specifi*
racine de piuoine. Mais quant à l’ongle ques â
d’aine, dont l’vfage eftoit familier aux An - l'eptUpJî*
çiensfla pratique en ell prefque abolie chez
les nouueaux Médecins.
. Or quand on veut employer ceux defdits
Spécifiques dont Pvfage eft commun, on les
choifit fuiuant quelques certaines obferua-
tions: comme quand l’ongle d’alce fe prend
pluftoft du pied de derrière, que de celuy de
deuant, qu’aucuns le portent enchafle dans
vn anneau, en forte qu’il touche à la peau,
autres le portent pendu au col immédiate-
Z58 ©Eè MALADIES
ment fur la chair nue : & eftant ainfï àdmi-
niftré , il acquiert le bruit d’auoir lavertu
de guarir entièrement cefte maladie,& auf- .
fideguarentir foüdainlemalade de ballant
& paroxyfme, ainlî qu’ont remarqué ïean
Agricole & Ammonius. Quelques autres
' font prendre fa raclure & poudre que Gef-
ner tient pour vn fingulierremedé v, liure
des belles à quatre pieds chapitre del’alce.
il y a pareillement quelques obferua-
tions en l’vfage du crâne humain, à fçauoir
qu’on choififle pluftoft le deuant que le
derrière d’iceluy : que pour vne femme il
faut approprier le féminin, pour vn hom¬
me le mafcülin. Or fon adminiftration
vulgaire eft telle,qu’aucüns font feulement
prendre fa poudre fans nulle autre prépa¬
ration, les autres le donnent calciné & ré¬
duit en cendre fort Planche. Pour ceux qui
par calcination croient le rendre plus fpe-
cifique , ils font reprins de ceux qui n’ap-
tbameur prouuent pas vne telle préparation, d’au-
radicale tant qu’à leur dire il n’y a plus d’humeur ra-
mfe <on dicale , & rfy refte aucun principe de vie
cluan^ ^ bruflé, c’eft pourquoy ils trou-
uent meilleur qu’on le prefente en forme
de raclure fans autre préparation quelcon¬
que. Mais iceux ne pénétrent pas éncores*
alfez auat , & ne difcernét pas auec pruden¬
ce fi le crâne recent çft meilleur que le dé¬
terré, &ceîuy qui dés long-temps a perdu
Ton lue & eft priué de fon humeur^
f) V CERVEAV.
Quanta ces diligens recherchons d’hu-
fiieur radicale ôc de principe vital, s’ils igno¬
rent & ne recognoinent pas que l’vn & l'au¬
tre font comprins és fels des chofes, ils ne
méritent pas d'eûre nullement qualifiez
grands & vrais Philofophes, ny fcrutateurs
'des-fecrets.de nature, ains fophiftes & pe-
dans, qui tournans le Grec en Latin, & rai-
dans des longs difcours pleins de babil es
chaires de l’efchole publique , s'attribuent
foutes chofes grandes, ôc pour eftre admi¬
rez, de quelques jeunes ignorans leurs dif-
ciples, feperfuadent faulfement qu'ils font
releuez, voire efleuez iufqu'au plus haut
des Cieux.
Mais nous auons âflez clairement parlé
de ces chofes en nofire traître de la matière
medecinale des Anciens Philofophes , &
ailleurs en beaucoup d’endroi&s, tellement
qu’il feroit fuperfiu de les repeter & rap¬
porter en ce lieu. Pour icy nous y adiou-
fterons feulement vn formulaire de remè¬
de confortâtif en forme d'opiate, comme
il s’enfuit
Prenezjsonferws de - fleurs de rofmarin-, femme ,
iuglofl} de chacunes demie once, e fcorce de citron con-
fit enflicre, deux dragmts , foudres deguy de chéjne ,
fimenc e de femme , ongle - d'alce : demie dragme
de chacun } crâne humain calciné iufqtta blan¬
cheur vne-'dragme £r demie-, corail fref are, ferlec
préparées, corne de cerf préparées , corne d(. licorne :
quatre Jcru fuies de chacun, wayefierrede bezeard
Qpiate
cofortatift
i40 PES MALADIES
vn fcrupule , dramofçhtim doux, diatriafntal . de
chacun deux fcrupules, vieille thériaque, confeHtori
d'hyacinthe : de chacun vnedragme, dont auèc ton-
férue de citron faites vn opiate mol. Le malade en
prendra tous les matins aufli gros quvne noifetteou
andine, continuant lu ce faire par vhe longue ejpaâ
de temps , incontinent apres chaque prinfe , il boi~
ravn petit trait d'eau de petit muguet, er de fleurs
de tillet qui font au fi jpecifques Cr fort bonnes et
ce mal. Pour rnefhie vfage on fera fernbiablement
prendre l'eau £ hirondelle , ou de pies , dejquellet
nous auons fait mention cy denant .
Il y auffi en hoftre Pharmacopée quel-»
ques autres eaux theriacales ant épilepti¬
ques, qui duifent pareillement à fortifier
les membres: ce feroit chofe fuperfiuë d’en
tranfporter icy les deferiptions.
Des fufdits remedes, nous en pdüuons
femblablément compofer d’autres formes,
comme des eleétuaires, tablettes, & autres
de telle forte , qu’on fera prendre chacun
four aux heures du matin.
Tels font les eonfortatifs generaux, qui
fe rapportent principalement à l’indifpofi-
tion du cerueau où eft le fiege de telles
maladies, au jugement des Dogmatiques.
Mais b la racine ou feminaire du mal
conhfte dans l’eftomach, on adiouftera aux
precedens remedes ceux qui luy conUien~
nent. Que fi la caufe de la maladie pro-
uient de la matrice indifpofée, on aura
pareillement efgard à icelk.
DV C E R VE AV.' Î4I
Âüffipour fortifier particuliérement les
parties, on fe feruirà d’epithemes,Fqmenta-
tions, fuffumigations , bàüfmes, emplaftres
8c autres de mefme gehre propres au2 par¬
ties mal difpofées;
Quoy qu’il enfoit.c’eftchofe bie certaine sulflanct
qu’être les trois principes hypoftàtiqües le fixeduftl
fel eftle plus fixe de tous, 8c quéniceluy gi-
fent fecretement des teintures &rimpreinôs
très fermes:d’oùviét que la terre ayât efpui-
fé & confumé les liqueurs 8c huiles des ani¬
maux, les feuls os domiciles dés Tels, quoy
qu’entier ement delfeichez au tombeau, re¬
lient neântmoins fi fixes & fi Fermes que
nulle longueur de temps ne les peut vaincre
ny furmonter : car encores qü’ils s’atté¬
nuent, leurs Tels toutesfois ne Te perdent
aucunement, mais demeurent cachez par-
my la terre. D’autrepart jaçoit qu’eldits
os y ait grande quantité de fel, neântmoins
pouf eftre incorporé auec b eaucoup de ter¬
re qui retient fes forcés, il ne produit au¬
cuns efFeéts de fa vertu, tels qu’il a accoù-
ftumé de faire eftant diftraict & feparé;
Auffi.ne peut il monfirer l’efficace de Ton
bâufme,que premièrement il ne foi t difiout ,
d’auec les parties terreftres qui luy font
eonioihéteSi Ce qu on ne pourra ïamais ef¬
fectuer que par la feule calcination, laquel¬
le réduit les fels en cendres, dont auec fon
eau propre ou quelque autre chofe conue-
nable àmefme effeCt, le philofophe & ou-
DÉS MALADIES
urier expert rire vn excellent & précieux
felquieftantimparty ànos veines, fe peut
vrayement appeller humide radical, doué
de qualitez a&iües , ou facultez beaucoup
plus efficacieufes que celles du crâne tout
fimple, d’auantage l humeur dïceluy calci¬
né iüfqu’à parfaite blancheur, peut fembla-
blement refoudre & difperfer le fel en tous
les endroiéfcs du corps.
ïe n’improüue pas icy là commune pré¬
paration & calcination dont aucuns Do¬
gmatiques ont cognoiflance, bien que cy
deiîous nous en deuions bien toft inférer
d’autres plus {impies 8c plus pures, enfem-
bleleur droi& vlage. Ce fera quand nous
produirons lés remedes des Hermétiques,
de qui nous tenons 8c auons apprins ces ex¬
cellentes 8c belles preparationsPhilofophi-
ques.
T ouchant l’vfage du guy de chefnejla fe-
mence de piuoine & fa racine, on fuit pa¬
reillement quelques obferuations en leur
cueillette, car les racines & femence de pe-
uoine fe cueillent au decroilFant de laLune,
& le guy de chefne s'amafle bien en mefme
temps, mais quand luppiter eft tres-fauora-
ble en l’vne de fes maifons, c’eft à fçauoir
lors qu’il r egarde la Lune d’vn t.rine ou Tex¬
tile afpeéfc.
Nous auons ja fuffifamment touché cy
dfeflus les expériences de tels remedes pro¬
pres à ce mal 8c à la cure d’içeluy, aüeç les
Î>V ÈIRVEAV. 243
raifons, fur quoy elles font fondées, non-
ôb fiant cela i’en adioufleray encores quel¬
ques vnes en leurs propres lieux.
Par cela voit on clairement qu’es remè¬
des fortifians tant generaux que particu*
liers , les Dogmatiques ont accotiftumç
d’employer les fleurs de fauge , rofmarin,
ftoechas, betoine, la femcnce de peubine,
les grains de genieure & autres tels Amples
qui font prefque tous efehauffans & odo-
rans, 8c d’introduire le mufe 8c l’ambre eft
telles compofition s j pource que :(consme
nous auons dit ailleurs en débat ant leur
eaufe) ils ont prefque tous opinion que ce^
fie maladie prouient dê caufe froide,&icci^
le crade & pituiteufe , dont il s’enfuir- que
les remedes incififs , efehauffans, 8c. atte^
nuans y font grandement requis. Ce néant- Gale»i*-
moins l’experierice nous à fouuent démon- fies »r<lo»
ftré que tels remedes efriiaufFans & odori- n'nt
ferans augment enr &' irritent ces maladies £
pluflofl que de les amoindrir & furmon-
ter. Cela naduientil pas d’autanr que le & odorat
mufe êc femblables odorans font carybari- en ce fit
ques, c’efl à dire appefantiflàns 8c remplif-
fans le çerueau, 8c y faifans croiflreles cau¬
ses repletiues ? Qif ainfî ne foit, l’experiemf
ce ordinaire nous refmoigne que les fem~
mes fubiedes aux affedions ou maux de
matrice, coufins germains, ou pluflofl: frè¬
res de celle maladie, font tombées en des
allants hyfteriques qui en vn moment les
244 OES MALADIES
ont terraflees & abbatuespourauoir feule»
ment flairé des gands parfumés de mufc,
lay moy me fines veu plufieurs perfonnes
qui ne pouuoient pas mefmes fupporter
Todeur d’vne rofe, Cms eftre à l’inftant faifis
dvn rhume» & agitez de grands efternu-
mens, voire mefmes tourme ntez de grieues
douleurs de telle » tant ces odeurs fortes
Sc vapou'reufes rempliflent ,efmeuuent &
troublent le cerueau. Ce que les Dogma¬
tiques deur oient fort foigneufement obfer-
ucr enfa pratique ordinaire de leurs con-
fortatifs, qui caufent fouuentesfois plus de
mal que de bien. Ceffc pourquoy nous
Verrons cy apres en fon propre lieu» que
les corroborans fpecifiques dont les Her¬
métiques fe feruent » ont vn e nature bien
autre & fort differente, où aufli auec plus
de vraÿfemblance clarté Sc certitude ils
allégueront le? raifons pourquoy leur fdits
remedes conuiennent, & font appropriez à
celle maladie.
3? V CERVEAV. 24 S
Ch a p. XIX.
Ou eft monftré la maniéré d’extirper U ra¬
cine de l'eptlepfie , £57* y font produisis
les vemedes propres à cefte intention .
Reste à expliquer , ou defpîoier les StmiLti*
moyens de pouuoir arracher , 6c du rts^e
tout extirper'les reliques de cefte maladie:
Car comme ainft foit que lesfeminaires d’i- ^ txtirptr.
celle font profondément enracinez 8c très
occultes, mal aifément les pourra-on defra-
ciner &fubjuguer par (impies & légers re-
medes tant feulement , yeu mefmé que les
communes purgations, reuulfions, deriua-
tions 8c confortations adminiftrées par
quelques iours ne fuffiroiënt pas à les dom-
ter. Mais il eft requis beaucoup plus de
temps à l'extirpation de telles racines, ceft
à dire que peu à peu, 8c par lu fuite conti¬
nuelle d’vn long-temps il faut employer &
pratiquer les remedes fufdîts, nonobstant
quoy fi le maLperfifte 8c demeure viâro-
tieux , il faudra neceflairement attoir ret
cours aux dietes chroniques qu’on appelle,
ceft à dire aux remedes hydrotiques, dia¬
phoniques 8c diurétiques : comme aufiî Indicatios
âux fpecifiques propres qui vifent à totale.
îpent extirper telles caufes occultes, & à *c*y*Pn
réprimer, voire efteindrela maligne &: per-
QJn
tÀfG DES Mil ADIÊS
nicieüfe qualité dont la maladie eft ordinai¬
rement accompagnée : afin que par eè
moyen les entrailles foient depeftrees des.
impuretés Sc obftruéfcions qui les remplit.
fent,& qüe les humeurs fuperfluës inci fées*
atténuées, refontes &euaouées par les vri¬
lles en foient du tout efpuifécs & confu-
mées: & qu’ainfi les veneneüfes & mali¬
gnes vapeurs for tentée s'exhaler par fueurs*.
de forte que rœconomie des membres de?
prauée fe püiffe remettre e|i fon entier, &
laçomplexion du corps s’attremper Sc af¬
fermir. Car en cefte maniéré les conco¬
rdons ferontfacilitées, Sc toute la maife du
fang repurgée , par l’exclufion vniuérfelle
de la corruption contagieufe & veneneuië,
qui entretient & fait croiftre fouuentesfoiS
toutes les câufes decemah
Ûlaphà. Entre les reifledes qui fe rapportent à ces
intentions cufatiues&côfortàtiues,iegua?
flux. jaG balfamic St odorant, bois indien, com- *
me âufli le bois de fafîafras qu’on nous à*
mené de la Floride où il croift, & dont lafa?
Ueür aromatique reptefentant la douceur
du fenoil eft de tres-bongouft: ces bois, di-
jc, tiennent le premier lieu entre tous les
- hydrotiqües & diaphotetiquesîàuffi l’vfage
en eft ordinaire, & profitable à toutes ma¬
ladies obftinées & chroniques., dont les
çaufes font froides,& à toutes complexions
&: natures replètes, eraffes & pituiteufes.
Entre les fudoriques dont on fe fertcom-
BV CERVEAV. *47
inunément , lafalfeperiile , &la racine de
chine font ceux qui efchauffent le moins: à
raifon de quoy ils font .employez à telles
maladies, qui ont des raçinés occultes, &
font de long traict, apres s’eftre inutilemét
feruy detous autres remedes : lefquels hy-
drotiques font appropriez par quelques
Dogmatiques aux perfonnes fort maigres,
$rgardezpour l’vfage d'iceux, & de ceux
quiontlefoye extrêmement chaud, tenans
la decodion de tels fimples pour moires da-
gereufe que qelle qui fe compofe de guajac,
ou d’autre médicament plus chaud : com¬
bien que d’autres font cas du guajac, & luy
donnent le principal lieu en la cure, non
feulement des petites veroles, mais aufïi des
epilepfies, paralyfies 8c femblables maux
chroniques qui ne cedent à aucuns remedes
vulgaires: toutesfoisla décoction d’icehjy
s’attrempeeny méfiant la raclure du bois
rhodien, ainfi nommé des Apoticaires, &
qui autrement s’appelle Afpalathum rofat,
ne reffemblant pas feulement au fantal,
mais rendant prefque mefme odeur que la
rofe, dontl’vfage eftaujourd’huy fort fre¬
quent : on le mefle prefqu’en toutes autres
décodions, efquelles la chaleur du guajac,
& des autres hydrotiques chauds le doit
modérer, impartifïànt à la decùdion vue
odeur & fàueur très douce, & fort agréa¬
ble. ' - ’ “! - ;
Les Bois de Laurier 8c de genieure font
üi)
24S DES MALADIES
au{ïi nombrez entre les hydrotiques com¬
muns, on s’en fert vulgairement es mala¬
dies froides, & à l’endroit des temperamens
pituiteux& humides, telles que isôt certains
genres de paralyses, contractures 8c catar¬
rhes, En mefme rang font raportez Therbe
nommée vlmaria, le chardon bénit, laraci-
ne de grancje bardane 8ç autres tels Simples
qu’il feroit long de reciter tous en ce.lieu,
où il pourra Suffire d’en dénombrer quel¬
ques vns des plus communs, aufquels -com¬
me à vue anchreTaçrée pnnfe aurâg des vé¬
gétaux, les plus célébrés 8c plus fameux
Dogmatiques ont acçpuftumé de recourir
çs maladies les plus grieues 8c obftinées, en
faifans plufieurs' fortes de décodions , efi
quelles ils meflent vn ou deux defdits Sudo¬
rifiques en quantité tantoft plus , tantoft
moins grande, félon que requièrent le fujet
&ladiuerfe complexion ou tempérament
des malades, ■ ' 1
Quant à nous qui traitons icy de l’epilep-
15e, nous y exposerons les médicaments hy¬
drotiques, qui nous Sembleront eftre plus
propres & plus Spécifiques à la maladie,
pour les raifons qu ’auons ja fufalleguées,&-
qui en vain feroierit icy répétées. Or pour
ne nous point efçarter de noftre ordre &
méthode commencée, cy apres nous enfei-
gnerons pareillement enfqn lieu 'quels re-
naedés conuiendront mieux à cefte ma.la-
dié j & feront auffi propres & Spécifiques
pv Cerveav. 249
aux autres maladies qui l’auoifinent de plus
prés , / ,
, Prenezraclure de bois de buis deux oncesC^demie, re *"
raclure de bois de geneurier , racine de femme, guy ifus
de chefhetvne once <£r demie de chdcun, raclure de
bois rhodien, de corne de cerf: flx drachmes de cha~
çun, raclure d'yuoire , racine de chine, fèmence de
chardon bénit Cr efcorce de citron : de chacun vnt
once, macer exiles vingt quatre heures durant eti~
huiEi hures d’eau de fonteine tiede : Puis les faites
cuire mfqud confimption d’vne tterce partie, y ad-
ronflant fhrla fin de la coEhion deux pugils de fleurs de
tillet arbre, cr autant de petit muguet, cela fait vous
pajferezje tout a trauersla manche à l’hippocras ,&
donner ezji boire la coulât ure en do je de cinq ou fix
onces. Celle potion à la vérité fe peut vti-
lement prefenter & faire prendre aux hom¬
mes affligez de ce mal épileptique, de quel,
que aage & temp eirament qu’ils foiennyeû
qu elle vife plüûoftà l’abolition des quali-
tez venimeufes & malignes , qu’à difliper
par fa chaleur les craffes & pituiteufes hu¬
meurs du cerueau, puis les refoudre & eua-
cuer par fueurs qu’elle aura fufcitées.
Il y a certains corps de complexion natu¬
rellement fort humidés , pour l’vfage def.
quels ie ne craindraÿ point d’adioufter à la
decoétion deux onces de raclure de guajac,
lequel eft fort balfamic comme ja nous a-
uons dit , & qui eftant mis aü nombre des t
fudorifiques , ne peut qu’il ne refîfte aux
Qqrruptions & vermineufes putrefa&ions
2LJQ CES M A L'A D I ES
des vapeurs malignes qui caufent fort fou»
uent l’epilepfie fympatique. Pour moy ie
ferois prendre aux riches en lieu d’eau com¬
mune les décodions des eaux d’vlmaria, fu-
meterre, ou des fleurs de tillet, & petit mu,
guet qui font fpecifiques à telle maladie,
ou mefmes au lieu de décodions, veu que
la force du feu en fait exhaler la partie mer-
curiale oufonefprit aigret, fenpjentatif, &
fudorifique, ainfi qu’auons efcrit en noftre
confeii touchant la verole, il feroit meil»
leur, & i’aimerois mieux faire digerer ces
Amples au bain marie l’efpaee de trois ou
quatre ioursjpuis les mettre das vne cornue
qu’on appelle, afin d’en tirer l’eau à la cha¬
leur du bain vapoureux; iufqu’à ficcité,
moyen par lequel fe peut extraire la totale
fubftance d vne chofe fans aduftion, quant
au marc ou feces qui relieront, il s’en fera
vhe decodion, laquelle tiendra lieu de vin,
tant dedans que dehors ie repas. Ce qu’on
efFeduera alternent pourueu que fur iceluy
marc aride on verfe fuffifante quantité
d’eau commune, dont fera faite yne deco-
dion, qui eftant efpuifée , & le marc def-
feiché , on le réduira en cendres blanches
par reuerberation, qui feront mifes dans la
chauffe à hipp ocras auec vn peu de canelle
concaflee, cela fait ie voudrois pafTer & re-
pafler tant de fois à trauers lefdites cendres
la première eau diftillée, qu’elle" eufl: attire
à foy lefel des feces qui la rendra plus eflf*
D V CERVEAV. Ift
cacieufe&plusvitriolée. De cefte eau fi¬
nalement ainfi préparée, il fuffira d’en pre-
séter à chaque fois deux ou trois onces, dot
fe pourront veoir des effeCfcs admirables.
Patainfi voit on clairement de quels or-
iiemens fpagiriques nous amplifions & en-
fichilfons par occafionîes remedes vulgai¬
res des Dogmatiques , qui autrement fe
trouuerôient peu fertiles, voire du. tout
inutiles , fi on les adminiftroit tels qu’ils
font & fans eftre augmentez par l’art fp a-
girique. Mais attendez vn peu (mes amis)
qu’en leur propre lieu ils vous foient repre-
Tentez fous vnplus noble ÔC plus bel orne¬
ment.
Quandles Dogmatiques emploient tels
remedes, ils appellent cefte cure, faire diæ- j7a*ne,
te, pouf ce qu’alors on encharge ordinaire-- z*te et
ment de tenir vn régime deviure fort eftroit t^ei
qui atténué & delfeiche. Quelques vns
pourfuiuent à garder ce régime de viure
parvne allez longue efpace de temps, c’eft’à
direiufqu’àaq. 30. ou 40. iours , afin que
ces maladies fi rebelles viennent petit à pe¬
tit, ôc par longue fucçeiîîon de temps à
eftre données & vaincues. A d’autres: fuffit
la diæte de 10. ou ïj. iours, 8c pourtant
n’outrepaftent ils point ce terme. Ce que
ie n’approuue en façon quelconque, car les
humeurs qui caufent les maladids , font
bien agitées,mais non diflîpées ny confu-
niçes en fi peu de temps.
iji p H S M A L A D I E S
Durant tout le temps de la diæte (com¬
me auflî au parauant) on purge le malade
de fix iours en fix iours par quelque remede
propre. Que s’il a le ventre conftipé, outre
le remede fdfdit,il luy faudra bailler vn cly-
liere amolifïànt. Et ce qui eft le dernier ep
celle çure,tout ainlî qu’on l’aura commen¬
cée par vne medecine laxatiue, auffi la fau¬
dra il finir par fembiable potion, laquelle
façon de remédier a fuccedé heureufement,
êc refforry Fon effeél contre telles maladies
chroniques 8c obftinées à l’endroit de quel¬
ques vns qui eftoientde complexion char¬
nue & replete, & d vn tempérament humi¬
de 8c pituiteux.
A d’autres elle a plus apporté d’incomr
Teüecurç modité que d’allégement : car tant s’en faut
ies Do. qUe }e cerueau vienne à s’en deffeicher
éteint comrïie OIÎ elpere, cqu’ata c°ntraire il en de-
re (fouît uiétit plus humide & plus fuieél aux çatar-
f m fin rhes.La raifon efl que le fiang enflammé par
tjfetl en tels remedes efchauffans, exhale & rené
uw /mets p]us granc}e abondance de vapeurs qui rem-
pliffent d’auantage le cerueau , 8c ainfi le
rendét trouble 8c nubileux,Voire pluuiemc,
c’eft à dire, feruent de matière aux défla¬
tions 8c diflillatlons qui fe font en plufieurs
endroits du corps; A quoy il faut foigneu-
fement prendre garde , de peur qu’on ne
prefcriue tels remedes indifféremment, &
mal à propos. O n doit pluftofl foigner à ce
que les yrines foient prpuoquées pat tels
DV CERVEAV. Tft
remedes, car tous fudorifiques fontcomu-
némentreputez diurétiques, ou bien que ^ueij-09t_
le fangfoit purgé par tranfpiration infenil- recom -
ble, de peur que le corps eftant par violen- manits,
ce contraint de fuer,le fang ne vienne à
s’en efchauffer outre mefure.
Ch ap. XX.
Des eaux minérales Spécifiques à ce fie mala¬
die > aufquelles les Dogmatiques enuoient
ordinairement leurs malades apres quen
hainils ont effrouué tous leur remedes ,
CT* de leurs faculté^.
Sï l’âdminiftration de tels remedes fucce-
de peu fauorablement , & s’il en reuient
peu de fruiét, les mefmes Dogmatiques ont Efiuues
accouftumé d’enuoyer leurs malades aux & eaMX
eftuues ou eaux minérales & métalliques m>nerale*
dont la nature femble nous faire iournelle-
met largeife enp.lufieurs endroi&s de l’Eu¬
rope. Mais n’eftans pas contraints de les re¬
prendre de plus loing.il nous fuffira de re->
cercher celles qnenoftre France & les lieux"
circonüoifins nous fournilfent : où nous ne
manquerons point d’eaux ferrées:, plom-
bees,argentees,anrimoniales, vitriolées, a-
lumineufes,nitréufes,gemmées,fulphurées
ny bitumineufes : lesquelles nous verrons
produire diuers & merueilleux cffets,pour*
254 DES MALADIES
ueu qu’on les prene bien à poind, & qir eL
les foient emploiées par des experts & do¬
utes Médecins à la cure de plusieurs mala¬
dies. Lefquels effeds s’accompliflent no¬
toirement par diuerfes euacuations fpecifi-
ques & propres à chacunes defdites eaux,
car les vnesremedientjjar fueurs, les autres
Wpar prouocations d vrines , les autres en
* * purgeant par le ventre, les autres par vo-
miflemens , ôc les autres finalement par
tranfpiration infenhble.il s’en trouue d’au¬
tres qui ont d’autres propriété spar le'moyé
desquelles on guarit ordinairement les ma- .
ladies, fans aucune euacuâtion man'ifefte, à
fçauoir ez vifcêres qui. feruent à la nutri¬
tion de leurs obftrûdions tartarées, & des
impur etéz mu cilagineufes y attachées, ou
bien en reftabliflant le bon tempérament
dont elles fe font départies, & corrigeant
& reftaurant toute la deprauation qui peut
eftre en l’œcondmie d’iceux.
Mais ie demanderois volontiers à ceux
qui inuediuent , & abbayent tant contre
les remedes métalliques, ou prins entre les
métaux & minéraux (au rangdefquéis nous
Calent*
fies eftat
au bout
deleutt
remedes.
fioa. mettons les pierres,fucs terreftrcs, foit fels,
ioilTaux ^~0*t h°ulphres) pourquoy apres auoir effayé
mine* tousautresremedes,&.cognu leur imbecil-
Taux* lité és maladies les plus grieues Ôc defefpe-
rées, ils ont recours aux uftuues minérales*
©u eaux medicamenteufés, puifque ils leid
-oftcnt toute vertm& maintiennent qu'elles
DV cervïav.
font mortes & du coût oyfiues. Cela n eft ce
pas recognoiftre contre leurs plaintes in-
iuftes qu’en telles eaux y a certaine; fubftan-
ce métallique douée d’vne grande vertu, à
laquelle fe doit attribuer la guarifon de tels
& li grands maux , que fi ladite vertu 3c ef- Salent-
ficacen’eftoit en ces eaux par les effences fies on*
minérales, quel autre efFeâ: pourr oient a- ,
uoir les eaux thermales, finon d’hutneéfcer ’^Jonie^
& refroidir ? Arriéré donc cefte peruerfe Sc mine*
perplexe opinion qu’ils ont des fubftances raux.
métalliques, félon laquelle ils s’imaginent
faulfement , Sc veulent obftinëment con¬
clure qu’elles n’ont aucun principe vital.
Ils ne difputent pasauec moins d'abfurdité
& témérité en niant que les fubftances des
métaux ayent quelque analogie & commu¬
nication auec la nature de l’homme : veu
qu’ils apperçoiuent 3c font contrainéfcs; de
confeffer que par la vertu de telles eaux
l’homme eft iournellement deiiuré 3c rele-
uédetant& fi grandes maladies / fort que
cela fe face par dererfion des impuretez qui
s’accomplit,ou par vomiftement,oü par dé¬
tection., ou par vrines, foir auffi qu’au
traire tels fymptomes;fereftreignentfe§iëvr
mettent en leur difpofition naturelle rpd? y
1 adftriétion des eaux Sc des vertus metald *
liques : fait finalement que tous captèthes,-
&toute forte d’Hemorrhagie oü aUÆùrïe’ 5 v
flux quelconque viennent à s’app'ài'fer/dt . '
leur cours trop violent à s’arreftér & triode-
Z$6 DES MALADIES
rer. En outre par le moyen d’icelles ëziii
thermales, & auffi dés fubftances & vertus
métalliques , tantoft oh efteint les ardeurs
fiéureufes oufiéures ardetescaufées, foit de
pituite* Toit de bile, non par quelque quali¬
té rafraiehiflante tarif feulement, mais par
vne faculté beaucoup plus efficacieufe &
beaucoup plus noble , tantoft on corrige
l’irttempetie de toutes parties froides, non
par quelque qualité chaude, mais par vne
efficaçeplus puiflante.-i Ainft voyons nous
eftre corrigées & temperées toutes tu*
meurs froides 8c pituiteufes, 8c infinis au*
très effeéts admirables fe produifent contre
toutes fortes de maladies par lefdites eftu-
ues, félon la diuerfifié des eifences métalli¬
ques dont elles font do üées 8c imprégnées.
Qui ofera donc maintenant nier qu a raifon
de tant de vertus & effeéts fi grands, qui pa*
roiifent à veu'ë d’œil , les métaux ne font
point vitaux, 8c fouftenir qu’ils n’ont aucu¬
ne vertu d’efprits vitaux, finon quelque in*
fenfé, 8c plus aueügle qu’vue taupe? Qui
pourra maintenant maintenir que ces re-
medes ji’ont aucun rapport, ny conuenance
auee Ja nature , tempérament 8c comple-
xion de l’homme?. Et qui déniera vné fi e-
ftroite confpiration 8c concorde, à ces
B’o# pro chofes:qui s’aident 8c embrafiènt les vnes
sedent les les autres? Parquôy tant de puiflances da-
tfftfcàes t.ànt de vertus, tant de miracles qui &
matra»* fG£t journellement en la cure de figrieues
& fortes
BV CÎRVEAV, 257
& fortes maladies, demonftrent aflez corn- t ,
bien a de puiffance & de force la tein&ure
de telsefprits métalliques , & l’impreflion effettidc*
vitale (tant s’en faut qu’elle foit nulle) fur- mine-
pafsât la vertu & l’energie de tous autres re- raux,
medes: Tellemét qu’il n’eft befoin que d’in-
fpedion oculaire à laquelle les plus auçu*
gles ne feront difficulté de croire. Néant-
moins ie ne m’arrefteray pas à ce feul genre
de preuue quoy que puiffant & folide, ainsi
ieverifieray encores cy apres par raifons <Sç
demonftrations bien euidentes, les vertus,-
facilitez, proprietez defdites eaux, ounouâ
réfuterons quant & quant les opinions pum
riles ôc ridicules de ceux qui eftimenc que
les métaux ou fubftances métalliques n’ont
aucun principe vital, & qui félon la fenten»
ce de Galien les appellent apocruftiques ou
repereuffifs, difansaulli qu’ils font plu ftoft
mortels que falutaires, Ôc pourtant ne doi- j
uent eftre prins au dédis du corps i ny admis
es purgations interieuresrà quoy toutesfois
ils font deftinez & ordonnez par les dpdes
Médecins bien verfez en leur préparation*
& ce auec heureux fuccez ôc au grand pro¬
fit de tous maladesjdë forte que les maladies
mefme les plus defefperécs en font vain-
cuës,& leur cedent ne plus ne moins qu’aux
eaux minérales.
Donques pour confirmer la vérité des
remedes métalliques , ie me feruiray du
argument, par lequel vn certain
2jS t>ES MAIA9IËS
nouuel apprentif, & içcluy auffi ieune e$
l’vnc qu'en l’autre fe&e de médecine, fc
vanta chez quelque célébré Médecin (de
qui i’ay apprins cefte arrogance de ieuneffe)
qu’il m’auoit attaqué, & par* la force d’icc-
luyimpofé filence, publiant aiftfî le trjom»
phe auât la vi&oire. Mais nous remettrons
ce different en vn autre lieu, où nous pro-
poferons bien toft les remedes des Hertne-
ïiques contre cefte maladie dont eft que-
ftion, & y verrons que les métalliques tien¬
nent le premier rang, ou pour le moins ne
«doiuenteftremis au nombre des derniers,
làmefmesprouuerons nous auffi par noftre
Mini» refponfe au nouice fufdit, que tels remedes
9*»% ne nefont nullement priuez d’effence vitale,
fintpmt ny d’efpritsfort capables d’agir: mais que
/evh^ pluftoft ils ont vne vertu plus afteurée, & v-
ne vie plus excellente que celles de tous les
autres medicamens , pour excellens qu’ils
puiffent eftr e,principalement en vertu & e~
nergie. Ce que nous enfeigneronsnonpar
quelque opinion, vague & erronee, mais le
vérifierons par folides & certaines raifons
fondées fur la pratique & expérience mef
me.
Jbtl»»» ® r entre les eaux thermales, les acides &
rame afi- & vitriolees(telles que font celles de Spas,
propriété dePouques,& mille autres femblables que
la nature produit en diuers lieux) conuien-
nent tres-bien aux affections epileptiques,
m '* <k y font fort propres, dequoy nousauons
BV CU7EA V*
cy deflûs rendu la raifon, & pourtant ne la
répéterons nous point icy. Les eaux ferrées
occupent le fécond lieu apres les vitriolées
en la cure de celle maladie, de telles eaux
ferré.ès, s’eft depuis peu defcouuerte vne
fource en DanemarK; Leur vertu paroift
fur tout en celle maladie, fi le mal prouient
de l’indifpofition des parties qui feruent à
la nutrition, ou de la matrice; Gar le vitriol
quieftvenerien, & comme le premier eftre s -
du cuiure ou de V enus, a grande conuenan- Jte
ceâuec le fer ouMars,veu que l’vn fe tranf- vitriol *•
muë facilement en l’autre, & fe.re.ueft de fa «uUfit.
nature, comme on fçait vulgairement, ce
que lesPoëtes inftruits par iesPhilofophes,
& cognoiflans les fecrets de nature ont
myftiquement reprefenté fous les amours
de Mars & Venus, à raifon de la fympathie
qui fe trouue entre ces deux métaux.
Entre les eaux vitriolées, font aulfi com»
prinfesles Antimoniales. Car l’antimoine,
comme efcrit Paracelfe liure de l’Aurore, 9ùdo,
eft de mefme genre: que le vitriol. Elles
tiennent le troifiefme lieu en la cure de ces
maux, principalement quand ils precedent
(comme il arriue fouuent)de quelque ma»
tiere putride & vermineufe , dont s’efleuét
au cœur & au cerueau des vapeurs perni»
cieufes & veneneufesqui caufént fouuen*
tesfoisl’epilepfie : Lefquelles matières vi-
rulétes font euacuées par les mefrries eaux»
& chaflees le p lus feuuent par fèlles , quel»
2.6.0 pE S MALADIES
V_/',quefois auffi elles fortent par vomîfTement;
mais rarement. Si efdites eaux vous laiflcz
tremper quelque temps vne pièce d’argent;
elle en acquerra vne couleur d’or, ce qui
eft vn ligne trefcertain pour cognoiftre
l’eau antimoniale, auffi produifent elles des
efFe&s admirables. Les encoffbifes en Gaf.
cogneme femblent eftre telles, ou retenif
quelque cbofe de la mine de 1 antimoine. :
Mais touchànt ces eaux & leurs effe&s
merùeilleux, nous en efcrirons vn traitté à
part, dans lequel fera amplement déduit
-n*- tout ce ^qüi appartient à cet argument,
nous y defîgnerons 8c defcrirons- auffi par
leurs nomsles principaux bains SS elïuues
de toute l’Europe; auec leur vertus 8c pro-
prietez. "Ce fera en noftre liure de la’ nature
occulte des chofes, 8c des myfteres de l’art
ôcc. où nous renuoions le lecteur, afin qu’il
" .. ne £ attende pas en vain que notai en traj»
tfiJtutU ttOBB'iey plus au long. Nous dirons feule-
ea'eaux ment que la nature à-comblé & enriCfry nq-
mmtralts lire France de telles eaux medicamenteufes
plus qu’aucun autre pays,& principale-
■mentnoftre<5afcogne, qui tout le long des
monts Pyrenés en eft abondamment pour-
tieuë , auffi entre autres montagnésy lefdits
By tenez, fourniffient toutes fortes de pré¬
cieux métaux & fubftànces métalliques,
dont les Romains ont autresfois tiré dé
frands threfors & des richeffies fans nom-
re ; leurs veftigés y pâroiffent eiicores , 8c
BV C !RV E A V. ZÔÏ
cela n eft de merueilles, veu que leur vertu,
Sc grande prudence a fubiugué 8c foufmis à
Ton Empire pr efque tout le monde.
Outre les fources de Gafcogne nous a-
uons encores d’autres eftuues en Langue-
doc nommez B alernes, d’autres en Dauphi¬
né, au Lyonnois , Bourbonnois, en Auuef-
gne,auNiuemois,en rommeprefqu’en tou¬
tes les contrées &Prouinces de ce Royau-
me,de forte que la nature fembie auoir lar¬
gement diftribué aux pauures 8c aux peu¬
ples circonuoifins., vn II grand bénéfice
poureniouïf fans defpens 8c au ec peu de
peine quand ils auroient befoin de remede.
Et icelle nature a fi grande affluence de tel¬
les richeffes qu’en tous endroits elle fait an¬
nuellement découler ou fortir de fon fein
de nouvelles fources de telles eaux comme
les deux ou trois qu’elle nous a produites,
& fait faillir depuis trois années en ça,l’vne
auprès de Roüenjl’autre prés Montbeliiard
fituée és limites de Champagne 8c de Bour-
gongne. Combien grande eft leur vertu &
faculté, & principalement de celle qui n’eft
pas efloignéê de Montbelliard,le traitté vé¬
ritable qu’vn certain Médecin tref-doéfce
&fort célébré a fait de fes proprietez en
rend fidele tefmoignage. Quandnous con¬
finerons cefire bénignité 8c libéralité de na¬
ture, qui par vne fouueraine grâce de Dieu
fournit au genre humain tant de remedes fi
excellens, ne reprend elle pas & condamne
x6l DES Mll^DïES
l’inhumanité & cruauté des Médecins mer¬
cenaires & inexorables qui marchandent fi
vilainement leur art î
Outre les fùfdités eaux & thermes , ily a
encores plufieurs fortes dë fanges, fulphu-
réës, bitumineufes, & qui ont la nature &
propriété de quelques fels rlefquelles con-
uiennent aux maladies froides, comme à la
paralyfîe & autres femblabïes. Nature les
ayant tirées de fon promptuâirë pour les
donner de furcroifi,afin que les enfans n ac~
cufent dè chicheté vne mere fi benigne*
En certains lieux y à pareillement des
bains dont f’efcoulent des efgoüts appeliez
des Italiens Doulchés, àraifôn de leur dou¬
ce liqueur qui fe peut vtilement employer
à lauer la téfte ou les autres parties du corps
mal difp.ofées, car leur humidité fuperfluë
vient par ce moyen à fe défleicher,& fur
tout le ceruëau pituiteux en eft grande¬
ment foulage & fortifié. Par tel remède
auflî quelques Epileptiques reçoiuerit gua-
rifon, ou beaucoup d’allegement»
Voila' donc vn abrégé des remedes tant
internes qu’externes, qui fe rapportent à
diuèrfes indications & intentions, & dont
les Dogmatiques fe font feruis iufqu à pre“
fait en la curé de l’Epilepfico
8V eERVEAV.
Chap. XXL
Touchant les indications & obfiruations de »
Dogmatiques tant anciens que nouùeautç
en la cure du Itertipe ou tournement de
tejle.
Qv a n t aux vertiges ou tournemens commit.
detefte que ia plufpart des Dogmatir- apho 17.J
ques, & Galien mefme , appellent petites e^
pilepfies, iceux les traittent, & y remédient
prefque par mefmes moyens, que ceux lef- v™j
quels félon mefmes indications curatiues filoiüts
nous auons propofez pour la cure des epi- Degma u
lepfîesc ou bien au moins y a-il fi peu de dif- *'•$**'
ference entre les remedes de l’vne & l’autre
maladie, & en la méthode qu’on tient à les
penfer, que leur cure ne mérité pas d’eftre
feparée , car il n’y aucun Médecin tant foit
peu verfé en la Medecine qui ne fçache bie
difeerner Sc choifir les remedes pour les
approprier tantoft à l’vne, tantoft à l’autre
maladie, félon que le temps 6c le lieu luy
femblent le requérir : veu mefmes qu’elles
ontvn grand rapport & conuenance,tant
au regard de leur nature que de leurs caufes
& des parties mal difpofées.
Il y a feulement cecy de particulier à ob^
feruer, qu’es mefmes paroxy fines, outre les
ligatures, applications de ventoufes, inie-
it> 4 DES MALADIES
étions de clyfteres acres & irritans, dont on
a âccouftumé d’vfer pour deterger^il faut
Ateutie arroufer la telle de vinaigre rofat, faire cui-
la cure des re du ferpolet, ou fpondyle, ou lierre, ou
longues 'autres tels fimples dans de l’huile: & pre*
ehafitre ’iemer aux narines du vinaigre, pouliot,
}.& 4-. menthe 8c autres femblables, & ce félon
l’opinion d’Àretée.
jfâtof Aëtius fuiuaîit 1 adüis d’ Archigenes & de
tetrab.t. Pofîdonius, confeille d’ouurir la veine, foit
ftrm i. m commencement du mal, foit par après,
ehap.7. moyennat que les forces du malade le puif-
fent füportera que rien n’y repugne,& prin-
Saignée. cipalemeht fi la maladie prend fa fource
d’vne matière fanguine 8c chaude.
Mais en cefte feignée , félon que remàt-
* Jg que Damafcene ,epn fe donnera garde de
cure du tirer le fang routa coup , ou de faire feua-
vertige, cuation comme en vn tas, ainfi que dit Aër
tius: D’autant qu’à chaque occafionles ma¬
ladies fe laiftent cheoir, c’eft pourquoy il
eft d’aduis qu’on réitéré plufieurs fois la fai-
gnëé iufqu’à deuë quantité. Il adioufte en-
cores Cefte obferuation, à fçauoir qu’en ti¬
rant le fang , 8c àl’inftant mefme de la fai-
gnée, il faut arroufer le chef de vinaigre &
d’huile rofat meiîez auec fuc de polygone
ou de lierre, 8c en mefme temps appliquer
fur le ventre vn tortillon , ou Hoquet de lai¬
ne trempé en huile rofat ou ænanthin.
. Le mefine Aëtius au mefme liüre & cha¬
pitre , fuade qu’âpres auOir inutilement
BV. CERVEAV. l6f.
cflayé tous autres remedes tant generaux
que particuliers, & f^t les euacuations ge¬
nerales de purgation & de faignée, on incn-
felesarteresqui font au cerneau ioignant
les tempes fur les oreilles , afin que nous
virons, des propres termes dudit Autheur.
Paul fouftient la mefme opinion fur la fin
dun. çhap. du liure 3, touchant la médeci¬
ne,. Quant a ceux, dit-il, cjquels y a chaleur de
tefie, Cr tintement d’ereilles , caufez^par des va*
peurs trop chaudes qui s'ejleuent par les arteres ,
nom admettons aufii l’ouuerture des arteres de der~
riere les oreille, Damafcene eftde pareille opi-
pion au mefme chap, Quand, dit-il, cefie dom
lotir eufe pafîton de vertige efi caûfèe par des efpnts
vapoureux qui font montez^ au cerueau , <£r arre- -
Jiez. es arteres ioignant les deux oreilles , en forte
que lefdites arteres paroijfent enflez^par dehors, alors
l mcifion des mefmes arteres fera prefque l’vmque
Cr pim fngulierremede. Laquelle faignée par
les arteres n’eft pas toutefois approuu.ee de
tous, pOurce que fouuentèfois elle ne fuc*
cede pas conformément à l’intention cura-
tiue félon l'opinion mefme de Galien 3. des
parties mai difpofées. chap. 8. & Auincen,
fen, t . traité j. chap. 3 . ptife en telle mala¬
die la laignée de la veine d’auprès les oreil¬
les qu’il appelle coye , Car, dit-il, elle efi très
borne en la cure de toutes les efpeces materielles du ver *
tige. Parfois on la cauterife ï & ce bien à
propos, d’autant que par telle fe&ion tou¬
tes fortes de vapeurs & exhalaifons fe tranf-
z66 des maladies
pireat & exhalent j de quelque part qu’elles
fe foient efleuées au cerueau, ce qu'on fait
Tr»ue- ordinairement apres que les euacuations
e attendes generales ont précédé. Car U cure du cerueau
rloïdesêr ne ^olt a^er'- ^eiimt Ce^e du e°r}>s vniuerfel 4,
f ils mm- therapeut. dauantage la prouoeation des
finies. Hemorrhoïdes ez hommes, & des menftru-
ez femmes fera fort vtile & tref-neceflaire
en ces maladies, car c’efl vne efpece de faiT
gnée fort eonuenable. Apres l’eflay de tels
remedes,on taillera le derrière de la telle ar
uec vne lancette, comme dit Oribafe fyn.
liure S. chap. y. A mefme fin les modernes
Cautères. & nouueaux appliquent les cautères, foit
aéhiels, foit potentiels, principalement fur
la future coronale, au moyen dequoy les
exhaiaifons & fuyes noires & refineufes,
caufes efficientes de ces maladies viennent
àf’expirer & pafler par le cerueau comme
par vne cheminée. Ce font là les indica¬
tions & obferuations qu’ont accouflumé
de future les Anciens & les Modernes en la
cure de ces maladies ou vertiges.Quant aux
autres remedes qu’on peut choifîr & em-
ploier tant à fen preferuer qu’à fen deli-
urer,on les trouuera expofez entre les pre-
feruatifs & curatifs des fufdites epilepfies,
romme nous auons ja donné cy deffiis à en¬
tendre.
©V CIRVjSAŸ*
Chap. XXIL
Des indications çuvatiues de ? apoplexie tint
generales que fteçiales t y compnns les re¬
mèdes , félon la méthode des Dogmatiques „
E h traittant l’apoplexie qui eft mife au
rang des maladies les plus aiguës, & qui Ç
te plus {ouuent traine à la mort Ion malade,
ou à tout le moins dégénéré en vn autre ma- titnspdr.
ladie tref-grieue , à fçauoir en paralyfîe, il tieulitret
y a quelques particularitez à obferuer au- quU faut
très qu’en la cure des epilepfies, bien qu’en *9 rew4?
general ce qui duit à l’vne puifle conuenir
à l’autre maladie, y eu quelles font voifines
& précédées prelque de mefmes caufes, &
qu’à 1 opinion des Dogmatiques elles occu¬
pent vn mefmé éndroid du corps : ainfi
qu’il eft eferit au comment» aphor, 45. z. &
èn d’autres lieux ja alléguez.
Ce quele Médecin doit donques obfer-
uer eft qu’il luy conuient confiderer exacte¬
ment la nature du mal , & prendre garde fi _
l’apoplexie eft ou extrêmement, ou medio-
crement , ou peu grieue, car lësMedecins y plegkt
recognoiflênt & eftabliflènt autant dé de¬
là1^2 tlefquels fe difeernent principalement
à la refpiration, plus ou moins libre ou em~
pefehee, plus ou moins forte ou debile , car
en vne petite oufoible apoplexie, l’haleins
Galtt»,
'Apople¬
xie mor
telle.
*£8 DES MALADIES
tient quelque ordre, quoy qu’inégal en vne
forte ^grande, elle eft forcée, & procédé
auec difficulté , mais en vne tref-forte,la
refpiration defaut tellement que les mem¬
bres femblenteftre du tout priuezde fend¬
aient & de mouuement , auffi n’apperçoit-
on rien de refte qu’vn obfcur haleinement
és poulmons & dans- la poiéfcrine. Ainfi
eognoift-on la grandeur de la maladie par
la grande difficulté qu elle apporte à la ref-
piration,comme il eft efCrit au 3,' des parties
indifpofées. ,x
C’eft là ce qu’vn Médecin bien aduifé
doit iudicieufement cOnfiderer, aufli luy
faut-il foigneufement prendre garde au
pouls, contempler la couleur du vifage, &
ebferuer toutes autres, chofes dignes de re¬
marque , à fçauoir fi le malade eft gran¬
dement afloupy, fi: on l’oit ronfler, tantoft
plus haut, tantoft plus bas, & s’il refpiré a-
uec beaucoup ou peu de difficulté,s’ii eft pi¬
qué & Iâciné en diuers lieux du corps, fi par
le mouuement du corps il séble auoir encor
du fentiment ou non. Auquel cas il deura
fuiure le confeil d Archigenes, à fçauoir de
commencer par le prognoftic qui luy figni-
fiera, & fera iuger fi telle apoplexie extrê¬
mement forte eft mortelle, pour le décla¬
rer aux autres. Car ainfi faifant il pouruoi-
raà fa renommée & à fon honneur, & ofte-
ra pu chalfera arriéré de foy toute occafion
de mefdifance & de blafme , fe rameute*
DV C ERV E AV» -lé?
aant cet aphorifme du grad Dictateur Hip*
pocrate, gttartfld maladie qu’on appelle forte at>o~ ^
plexieejl chofe tmpoJ?ible,gudnr U âebile rieft chojè 4 %
faite-. La débile toutefois fe peut bien güa-
rir comme annote Galien en fes comment.
ôcc. mais le plus fouuent elle fe termine en
Paralyfie.
Lé Médecin ayant donne & prononcé la
fentence du prognoftic ne doit pourtant a-
bandonner du tout le malade fans remede,
quoy que celle maladie trëf-gtieüe 8c fort
dangereufe eh fon genre ne femblé pro¬
mettre aucune efpërance de fanté, fîno'h
que paraduanture il le trouue en l’agonie
mefme de la mort, & rendant les- derniers
foufpirs, car alors il faudroit le commetre
aux Médecins de l’ame. Mais tandis que le
Médecin y verra quelque efperâce de pou-
uoir reereer le malade, apres auoir premie- Méthode
rement inuoqué le nom du Dieu fonuèrain, de proct*
Prince des Médecins , à ce qu’il benifle les tertnU
remèdes. Il employera toute fa diligence r
& foh induftrieàfecourir le malade , 8c ie^
prendra-fur tout garde à la couleur du vifa-
ge du patient : que s’il eft fort rouge , & le
pouls vn peu plus plein 8c plus violent, fi le
corps n’eft pas atténué, mais pluftôft rem-
pîy d’humeurs, tout cela fignifie que l’apo-
plexieprouient de la plénitude des vaille-
aux & d’àboridanee de fahg , & pdùrtant il
commencera à y rémedier par la feignée
^ui entre’autres eft vn fingulier & fpecifi-
â7© OES maladies
queremedé.
Mais de fçauoir quelles veines il faut ou*,
urir , & quelle quantité de fang on doit ti¬
rer, grande ou petite, peu à peu ou tout à la
fois: & ce qui doit précéder la million du
fang , c’eft ce dequoy il ne confie pas aflèz
entre les AutheursGrecs,Arabes ny Latins,
tant Anciens que nôuueaux,veu que tou¬
chant ce point ils font d’opinions diffe¬
rentes.
, . . Ayant, comme nous auôhs dit* preuué&
dts’atuies Preju£®^e Malheureux fuccez du mal. Ar-
muhlnt chigenes tire hardiment du fang de la veine
faféigntt du bras droit félon les forces du malade,
Galien en fon introdudion confeille de ti¬
rer du fang fout à l’heure. Aëtius employé
auant toutes chofes les oignemens conue-
nables & vtiles à celle maladie , & enduit le
corps vniuerfel, mais principalement le
cher : aufli prouoque il le vomiflement , &
aiguillonne le ventre par clyfteres acres.Ce
qu’eflant fait, il fuade qü’on taille la veine,
& croit que la feélion & miflion de fang fe
doit faire en la main droite, & diuifer la
quantité du fang qu’on veut extraire, C*
u faut, dit-il, efmoutmr feulement, non deflrtiire les
forces gr eftemdre la chaleur. On aura pareille¬
ment égard au pouls pendant l’euacuationi
Comme aufli à la couleur du vifage & à h
refpiration. Nonobflant quoy n’y ayant
nulle apparence de mal, la feignée fe réité¬
rera en toute feureté.
DV CERYEAV. 1 71
Oribafe fyriop. liu.y. ehap. 6. félon l’o- •paul\W“
pinion dephilomene fuit prefque la meffne (},a^
{procédure. Paul Ægineta au contraire,
aiffant toutes autres cliofes en arriéré, viet
incontinent à la million du fang, pourueu
qu'à la raifon des caufes fufdites elle Toit
neceflaire, Parquoy, dit-il, a ceux qui fi feuuent
aucunement traitter ou penjèr, il leur faudra fiudain
incifir la •veine, s’ils ont quelque relafihejn réité¬
rera la fiEtion,Zÿ leur tirera on du Jungle mejme tour
ou le lendemain. Quoy qu'il ne donne pas à
entendre de quelle veine il entend parler,
neantmoins faut fuppoferque c’eft de cel¬
le du coude : mais comme ainfi foit qu’il y
aitjplufîeuis veines au coude, aucuns ch-oi-
lilîent la céphalique, & de telle opinion eft Azmtml
Auincenne voulant auffi qu’on en tire a- fin.i tra.
bondance défiant. Ztb*,i+
Rhafisconfeiile quelque part de percer
les veines iugulaires, l’opinion duquel eft
improuuee par Marc Gatinarius, Médecin
bien renommé entre les modernes, à caufe
qu’on ne peut linon auec grande difficulté
refouder leur play e. Ailleurs le mefmeRha-
fis eft d’aduis qu’on face ouuerture en l’vns
& l’autre céphalique, mefme dans l’efpacë
d’vne heure. Mefué s’accorde à celle opi¬
nion, confeillant d’incifer les deux cepna-
liquesle pluftoft qu’il fera poliible, &ce a-
uec million de beaucoup de fang, afin,dit-il
que le cerueau patifle.
Halylefils Abbé cftime qu’en ce genre y
i?i maladies
d’apoplexie, qui comme dit a elle, procédé !
notoirement d’abondance de fang, il con»
uienr incifer la céphalique, ou mefme îafa-
phene, par plus grande reuulfion.
Alexandre B enoift fort célébré entre les
AUxan- nouueaux Medecins,recommande prenne-
dre^ha rement ce^e m^on ^ang rcuulfîue. faite
Tlha. tf. autalon, ou à la iambe, puis incontinent
* apres celle qui fe peut faire des veines qui
parodient enflées enuiron du gofier.
T ouchant l’adminiftration de ce remede,
voila les diuerfes & differentes opinions
qu en ont les Autheurs n’agueres citez, qui
excellent 8c font eminens parmy les Grecs
& Arabes, car de les rapporter icy tous en
particulier, nous n’en verrions iamais lafin.
Orie prié le Lecteur 8c les jeunes Méde¬
cins, aufquelsiededie ces miens efcrits de
prendre en bonne part ce que i’efcriray
bien toft ey apres. Pour moy i’approuue &
loiielafaignee foudaine en l’apoplexie qui
eft fufcitee par abondante de fang, pour-
ûeu que les forces du malade le permettent,
& qu’on ait j a prononcé fa fentence tou -
chant la grauité 8c le péril de là malâdie.
Car s’ilfemble bon défaire quelque e [motion, ejid on la
façe au commencement du mal , dit Hippocrate
. principalement en celle maladie fi aiguë,la-
quelle ne donne aucunes treues,en premier
lieu tirez du fang de la mediâne * ou cépha¬
lique d es deux bras, félon que laneceffitéle
requerra : D’auantage files forces permet¬
tent
i> y GERVîAV. 171
tcnc de pafler plus outre , & fi l’enflure des
Veines iugulaires le requiert, comme il ef-
chet fouuentefois quand, par afcenfion le
fangeft tranfporté des parties inferieures
aux fuperieures,& quand beaucoup de va¬
peurs ôc d’exhalaifons montans en haut, ôc
faifant enfler les veines iugulaires, menacée
d’eftranglement ou fuffocation, en ce cas ie
trouue bon qu’en toute feureté& fans nul¬
le crainte , on incife la veine, auflï croy-je
que ceftuy eft le plus fingulier ôc feur repae—
de, à fçauoir d'ouurir les veines gutturales
ou iugulaires, qui eftanspar trop remplies
dufang tranfporté, ou des vapeurs efleuees
empefchentrefprit vital de pafler au cer-
ueau, dont s’engendre celle maladie, com¬
me de i’vne des principales caufes , uinfi.
qu’auons remarqué cy delïus. Or c’eft en
vain que Marc Gatinarius fait difficulté de
les ouurir, à raifon que la playe fe referre
mal aifément, car fi nous fçauons la manié¬
ré de la bien refouder fans bandes ou liga¬
tures, àquoy nous fommes dés long-temps
accouflumez, il n’y aura que peu ou point
de difficulté* car à cet effeét pourra fuffire
l’emplaftre de poixou de telle matière glu-
tineufe appliqué fur la playe qui la reioin-
dra entièrement, ou bien fi on met le doigt
fur l’ouuerture pour y laifler par l’efpaee de
quelques heures (comme on a accouftumé
de faire ez inciflons de veines ôc dart.eres,
receuëspar quelque grande playe, dont le
*74 DES XîAtADIÉS
fang ne fe peut arrefter par autre moyen) U
mefme fe pourra faire commodément.
Mais pour monftrer qu’en ce genre â’s.
poplexie,l’vniqueremedeeftla million du
fangfee qui toutefois n’eft pas Tans danger)
/ i’adioufleray ençores finalement ce que
limita ^e^us a Par e^cl‘it eî? ces termes, si
* tous les membres Jontrefoultsfce quil entend de L’ apo¬
plexie ) lamtpondufang apporte la mort ou lit déli¬
vrance. ^/t peine trouvera on ïamaisvn autre forte Je
remede qui puijfe reflabhr la Jante, Jomentesfois elle'
retardé Jèuîement la mort, mau par dedans elle de-
ftrmcl la vte,jî apres la Jaignée le mouvement ny le
fenùmentne retourne Joint, il ny a plus d’èjperànce,
comme au contraire. Apres qu’on aura tiré da
fang, il fera bon de faire inie&ion de clyfte-
res acres : & mefme Rafis confeille de com¬
mencer la cure par ce moyen, afin d’atti¬
rer & Faire defeendre ez parties inferieures,’
& arracher ainfi la matière qui a fufeité la
maladie : A laquelle reuulfion duiront auffi
grandement les fr ottemens ou frictions vey
nementes, les ligatures for tes & eftroittes,
&les ventoufes appliquées fur les parties
inférieures , ce qui feruira pareillement à
Nota, châtier le profond fommeil du malade. Se¬
lon l’aduis du mefme Rhafis,il fera encores
expédient en celle apoplexie fanguine d ’ap-
pofer vne grande cucurbité fur la future
corônale,commeauflifur l’efpaule gauche
auec grande flamme, car cela rend la vie à
ceux dont on defefperoit, faifant paflàge
D V CIE R V E AV. tjf .
aiix efçrits vitaux, & mettant leur vertu en
liberté. v
Semblablement en ce genre de maladie Uniment
on n’obmettra point les linimens oxyr- d‘»xyr-
rhodins, lefquels fe feront fur la telle rafee
quand la maladie viendra à commencer.
Or l’oxyrfhodin fe fera d'huile & de vinai¬
gre rofat, dans lequel aura cuit du ferpolet,
mais on prefentera du cafloreum aux nari-
nés, comme veut Archigenes, ce que plu-
fieurs des anciens onttrouué bon,afîn qu’au
commencement on ne vienne pas inconti¬
nent aux refolutifs plus violents, & qui ef-
chauffent d’auantage. Lvfage desflernuta-
toires fera pareillement fort commode
pour deliurer particulièrement le cerueau
d’obftruélions: où faut obferuer qu’on doit
toufiours commencer par les remedes plus
doux ou moins violents, & ainfi fecourir
promptement le malade en toutes manié¬
rés comme cy deflus: Lequel ne pouuant
en façon quelconque effare efueiîlé de ce
profond afloupiffement, & la parole libre
ne luyeftant point rendue, ce font de très- sigmd *
certains indices d’vnemort prochainement Wârf-
le Médecin ' ne fera nullement coulpable,
principalement fi au préalable il a déclaré
le mauuais augure, & a de bonne heure pre¬
neuse prédit le dangereux euenement dy¬
ne telle maladie, Mais fl apres la droite ad-
miniftration des remedes propres & cônue-
nables que Dieu aura commencé' de bcnir.
2.7^ B S s MALADIES
on voit qu’il y ait quelque efperancc de re-
ftitution , faudra hardiment continuer la
cure, afin d’extirp er & diifiper le refte des
feminaires du mal par remedes digeftifs, e-,
uacuans, refolutifs, & côfortans les parties
qui font en mauuaife difpofition, & deli-
urermefme le cerueau de fes incommodi-
rez par purgations & confortations pro¬
pres à cet efre&jle grand nombre, desquel¬
les ilferoit fuperflü d’accumuler en .ce lieu:,
Veu que d’entre les remedes que nousa-
uonsjamisenauant pour la cure de l'epi-
lepfîe. Les Médecins iudicie-ux pourront
choifir ceux qui conuiendront. au fuied,
car d’autant que ces deux maladies, font voi-.
Unes l’vne de l’autre, & ont conuenance en-,
femble, les remedes del'vne font communs
à l’autre & au rebours, tellement que tou¬
tes deux s’en peuuent mutuellement aider.
IlmefufEra icy d'auoir propofé ce qu’on
doit particulièrement obferuer ez apople¬
xies qui naiifent d’abondance de fang,com-,
me tefmoignent les indices & marques
dont i’ay cy deflus fait mention.
Quant aux préparatifs nous n’en auons
rien touché, à çaufe que la maladie ne don¬
ne aucun relafche, non pas mefmes à fon
commencement, mais on les peut prefcrire
iniites <luand elle viendra à décliner.
&cureie Mais fi lapoplexie eft engendree d’vne
l'apople - humeur pituiteufe froide & congelée,
Kitphit* co mnffe il efchet fort fouuent à l’opinion
DV CERVîAV, 277
des Dogmatiques, elle aura pour marques
vn vifagé do pâlie couleur, tempérament
pituiteux , cerueau appefanty & ailoupy,
comme auflî la vieilleue. Or le Médecin
s’y comportera en forte que s'il s’affeure
d’en pouuoir releuer le malade, & s’il co-
gnoiil: que la maladie n’efl pas du tout in- .
curable ny defefperée,ayant premièrement
declaréle prognoftic, comme cy delïus il
commenceralaçureparvnçlyftere fort at¬
tractif, qui fera compofe de la decoEhon céphalique
demehffe , origan, rué, mariolftine,calament , hetome,
fimence die pemme, grains de geneivrier, fleurs de char¬
ma. centauree cr de fcmblabus. En fuffifante quan¬
tité d’ icelle on mettra cuire poulpe de coloquinthe vne
dragme Çr demie, agaric, fené : de chacun trois dr'a-
gmes , puis en la coulature de cefe decoElion feront
di [fout es deux onces de miel anfhojat , vne dragme de
Jel gemme , vne once £r demie d’huile nàrdin &
autant d’anethm.
Si les Apoticaires ne font prefens,oule
cas aduenant qu’ils foient trop efloignez
du malade, afin toutefois que ledit malade
11e foit defpourueu, ou n’ait manque d’vn
prompt remede, pource qu’entre autres
maladies celle cy requiert vn tref-fou-
dain remede , on prendra vn bouillon de
marmitte iufqu’à vne liûre, dans lequel on
difîbudra autant de fel marin qu’en peut
prendre & porter vn : bouillon ,7 à quoy
faudra adioufter de l’huile de noix. oud’oli-
ues, oudu beurre, comme auflî de la lieds
S iij
DÏS MAlADüS
vin feiche ou liquide, toutes lefquelleç
chofés Te peuuent foudain recouurer en
quelque maifon qüe ce foit, dequoy fera
fait vn clyftere dont or> fera inieéHon.
Sileloifir permet de faire cuire dans Je
bouillon ou eaii, la fauge, rue, le thym,
origan, hilïope 8c quelques telles de choux
qui fe trouuét âifémét par tout,il fera meil¬
leur , 8c à la decoâ:ion(fi c’eft aux. charnps,
ou en quelque chafteau 8ç autre lieu efl oi¬
gne de ville, où y ait manque d’Appticaire)
on y adiouftera 1 efcorCe de fuzeau , qui' fe
recouure par tout, ou des grains d’hyebles
iufqu’à fuffifante quantité , & la quantité
du ici fufdit fera difToute auec les huiles le
miel& beurre qu’on tf ouiie par tout, dont
'ferez vnciyftere.
.Mais fU’afFair e fe palfe ez villes, à telles
decoèbions céphaliques que nous âuons cy
deffus propofées , on adiouftera, le dia-r
phenicon, la benite , Huera ou facree de
Paccius, l’hiera diacolocynthidos 8c au¬
tres de tel genre, au moyen deqüoy les cly-
Heres acquerront vne plus' grande vertu
d’attirer.
Or afin qu'on euft toujours des remedes
prefts 8c appareillez pour cet effet, nous a-
uons defcrit en noftre Pharmacopée l’huile
de coloquintlie fîmple 8c compofé que l’A-
poticaire pourraau.fll facilement préparer
qu’aucun autre hüile, fuft elle la plus fim-
<ple de toutes, afin qu’on les <fpwue prefts
BV Cervïav. 279
en fa boutique quand, il fera befoin de s'en
feruir. Car fi vous prenez vne once de cet
huile, & la diffbudez dans vn bouillon ou vf*&*&**
quelque decoétion céphalique , ou autre
femblable, vous aurez incontinent préparé. maUdie,
vn clyftere dont inieéfcion eftant faite, il ap¬
porter a vne grande vtilitë^'attiran t & difli-
pant toute matière qui caufe ce genre de
mal. Cancefte maladie requiert que dés le
commencement le ventre foit lafché parle
moyen d3vn fort & puifiànt clyftere, qui ar¬
rache du cerueau la matière peccante, & la
ramene aux parties d’enbas , ainfi que dit
Damafcene liu, 3. chap. de l’apoplexie.
Outre ces huiles de coloquinme tant fîm-
ple que compofé : lefquelsne font pas vfi-
tez ez boutiques des Apoticaires , bien que
tref-neceflaires, l’art fpagyrique nous en
enfeigne d’autres qui font beaucoup plus
attractifs & plus vtiles que tous aurres,nous
delbrirons en fon propre lieu la manier ein-
duftrieufe de les extraire. T els clyfteres fe
doiuent réitérer félon quen verra eftre de
befoin , au lieu d’iceux on pourra fubfti-
tuer des fuppofîtoires compofés de trochif-
ques alhandal, de felde nitre, & d’euphor¬
be : lefquels fe bailleront auffi vtilement, fi
le clyftere introduit tarde trop à fortir &
faire fon effedt , .mais afin qu’en atten¬
dant par aduartture trop long-temps le fuc-
cez de tels remèdes , on rie perde tant foit
p eu de temps, on vfera de frottemens vers
S iiij
aSo des maladies
en bas , ôc de fortes ligatures furies parties
inferieures du corps, & ayantreiettéle cly-
ûere,ôh appliquera placeurs ventoufes en
diuers endroi&s, à fçauoir fur le col, fur les
efpaules, aux narines, euilfes, ïambes & ce
aueo fcârification, mais incontinent apres
il faudra prefenter & faire prendre le vomi-
. . toire qui s’enfiiit, - ;
omt et“ firenezjacmes de cabaret, fomences de raifort- d’a-
* : * neth, d'ortie : trois dragmes de chacun,faites en vne
decochon mfou'd la-^uantite de cmcj onces, d.ans la¬
quelle vous delayerez. deux onces d'oxymel fimple,dont
fora faitvn vomitoire. Toutesfois auartt l’vfa-
ge du vomitoire, fi on apperçoit que le
pouls foit fort , que Je malade ne foit pas
beaucoup vieil, mais de bonne complexion
& replet, quoÿ que tous les indices d’vne
apoplexie fanguine n’apparoiflerit, néant-
moins les clyfteres eftans rendus fans que la
parole foit reuenuëaumalade, ie ne crain-
drois point de prefcriré la faignee de l’vne
& l’autre cephalique,dont toutefois on ne
doit tirer beaucoup de fang : Iaçoit que peu
des Ancfiens & des M-odernes ordonnent la
phlébotomie en celte maladie, & qu’on me
puiiFe obiecfecr que fans aucun exemple ie
la prefcrits 'inoy feul. Mais i’en appelle à
Mefué &: aux Médecins de Paris qui n’ef-
pargnefit point 1k faignée en aucune forte
deparalyfie & apoplexie : lefqüels ie Côn-
feflè itfauoir rendu plu s har dÿ en C élâ,qüoy
que ien’approuue pas la faignée trop am-.
Dv CERVEAV, 281
pîe&exceffiue.
Si le malade reuient à foy, c’eft à dire re¬
prend le fens& la parole,auant le vomilFe-
ment onferafoigneuxdeluy faire prendre
rnelegere purgation auec les pilules feti-
des.de cochis, dorees, d’agarie, pourueu
qu’il les puilfe aualer : linon luy ayant ap-
p'ofé vne gondole , on y mettra la potion
qui s’enfuit.
PrenezJC agaric trochifqué deux drachmes ,feuil- ?
les orientales de Ccné trois drachmes , qu’on les mette r
macerer &- cuire en fnffijante & égalé quantité
d- eau de betoine & de petit muguet, Jeton la doJè,dif-
Joudez^eh la coulature zme drachme &r‘ demie de
t hier a de Paccius, demje fcrupule de caJloreum,vne
fcrupule de vieille theriaquejjix drachmes d’oxymel
Jîmple, puis en faites vne potion. La quantité de
l’hiera le pourra augmenter ou diminuer
félonies forces du patient, car le mauuais
gouft du remede ne doit venir en conlidera-
tion, veuque Te dnalàde eft priué de tout
fentiment,& qu’il le faut exciter & éfmou-
uoir par tousmoy ens.foit par remedes dés¬
agréables & violensjvoire prouoquans tant
l’appetit de vomir quele vomilfement mef~
me. En ce cas les Anciens pratiquoient vn
. remede beaucoup plus violent, à fçauoir
l’hellébore. En telles maladies ne faut pas
fuiure l’aphorifme d’Hippo cr ate , que les
chéfes cuites font propres à remedier &c.
Mais plùftoft s’il y a quelque émotion à fai-
f€* qu’on la façe dés le commencement, de
iSi ©ES MALADIES
le, plus foudain qu’il fera poffible. C’eft
aulîi pourquoy nous n’auons nul efgard aux
remedés préparatifs & conco&ifs.
Outre telles euacuations & reuuffîons
litret ï»- generales 3 faut venir à l’adminiftration des
t tnt, des particulières qui deliurét le cerueau de fes
~tœe des. empefchemens, tels que font les pftarmi-
ques & fternutatoires qu’on foufHera dans
les narines par le tuyau d’vne plume, bien
qu’il foit priué de tout fentiment , car les
errhins & mafticatoires n’y pourroient de
rien féru ir, à caufe du profond fommeil dot
il eft alfoupy, linon qu’il s’en reueillaft, &
reprinft fesfens. Où ne doiuent eftre pâlies
fouz filencé les médicaments qui ont la for¬
ce d’exciter <& aiguillonner la vertu alfou-
pie du cerueau, tels que fontles parfums de
caftoreum, d'alfa fœtida, d’opoponax, de
/ galbanum quon luy mettra fouz les nari¬
nes pour les attirer:ou bien auec leurs pou¬
dres macerees & meflees en eau de vie, ou
huile foit de faug.e, foit de nard on fera vu
Uniment, dont la bouche, les narines &
l’entrée des oreilles feront enduits, voire la
telle rafée enuiron la future, côtonale & la
ioin&ure du col au derrière du cerueau s’én
pourra femblablement arroufcr» D’auan-
tage fi la maladie eft defefperee,on impofe-
ïaiurle fommet ou fur le deuant de la telle
vnepqileardente,quiparfa chaleur lique'
liera l’humeur amalTée& congelée, à quoy
faccedera va Uniment compofé des pou-
.D? CERVEA V. *8$
drcs de fauge, bayes de laurier, de piuoine,
hylTope, grains de feneué, çaftoreum , gy^
rofles, macis, poiure, glayeul, grains dal-
Icermes, opoponax, benioin, méfiées auee
huile de çaftoreum ou de nard, &: d’autres
chofes femblables, y adiouftant de l’eau de
vie, &fi bon vous femble,vn peu d’euphor¬
be, dont la tefte fera enduite. Qn en com-
pofera auflî vn emplaftre comme il s’enfuit.
Prene^pondredc feneué vne once gr demy, fiente Cats-
de (heures gr de pigeons: demie once de chacune, piafrat
poudres de ftmence de peuome, grains de geneur enraci¬
ne de glayeul & fleurs de fange; deux drachmes de
chacun, feuilles de rue hachée bien menu vite poignée r
dont anec fijffante quantité devin, miel gr vinai¬
gre fera fait vn emplaftre ou cataplafne qu’on appli¬
quera fur la teinture du col anec le deyyicre de la tefte .
Les eonfortatifsfedoiuent auflî foigneu- Ctrroh^
fement mettre en vfage, lefquels, fi faireje ***$*'
peut,on introduira par la bouche,apres que
les euacuations generales auront précédé:
îeisque font la theriaque, les confections .
d’hyacinthe, d’alKermes, anacardine,doree
Alexandrinê , tous infufez Sc macerez en
eaux ou décodions propres & éonuena-
bles : telles que font auflî les eaux theriaca-
les,&antapople<3:iquesdeferites en noftre
Pharmacopée : Et plufieurs autres reine-
des fortifians tant generaux que particu¬
liers pour l’vfage du cerueau, defquels nous
auons pareillement fait quelque mention
tntraittant delà cure de l’epilepfie*& qui
Cure de
laparaly
fi».
1S4 ÜES M A t A D T ES
tous feruirpnt tref- bien à cefte fin.
Si le malade reuierit à foy (ce qu’on doit
coniedurer & efperer par là droite adinini-
ftration de tant de remedès, autrement les
aurions nous prefcrits en vain) on aura le
îoifir de procurer & faire en forte qure les
reliques du mal foient du tout oftees& peu
à peu anéanties., car alors les euacuations
preparatiues , reuuîfîoris , deriuations &
confortations fe pratiqueront à Ioifir : lef-
quelles n’ cm pe ficher ont pas feulement le
retour des paroxyfmes, mais pourront auifi
eJFeduer fientiere 6c parfaite guerifon.
Ch a p. XXIII.
Touchant U cure de la Paralyfie & de j es
ejpeces , comme aufêi de U droite adrntnt-
fh'ation des remedes félon t opinion des
Dogmatiques.
Comme ainfi foit que telles apoplexies
ontfouuent accoutumé de degenerer
& fo terminer en Paralyfie, laquelle eft ou
d’vne feule partie.ou mefme delà moitié du
corps,ilrefte que nous parlions àuffi vn peu
de cefte maladie : veu pareillement que les
principauxremedesparnousexpofez en U
‘ curede l’epilepfïe chronique fie peuuét ap¬
proprier à cefte maladie, nous y renuoyons
D V -CE RV E AV. î8;
tes ieunes Médecins* afin que d’vne .infinité
dediuers remedes que nous y auons arnple-
mentexpliquez, iis en choififlent St cueil¬
lent les plus belles <k plus vtiles fleurs, car
ils trouueront que rien n’y manque pour
toutes intentions .& diuerfes indications
curatiues. C'efl: p.ourquoy nous n’adiou-
ileronsrien pour la cure de celle paralyfie
fymptomarique , outre quelques poinéls
qui méritent bien d’ellre obferuez en l’ad-
miniftration particulière des Femedes,foit
que celle paralyfie prene fon origine doit
deriueederapoplexie,foit (comme faire fe
peut; qu’elle prouienne d’ailleurs, car il y a
iemblableme.nt quelques efpeces de coli¬
ques & de fleures qui par crifes & (comme Auctit*ts
en dit) par meraflafe partent & degenerent
en paralyfies quelques fufFocations de ma- nentpar
. trice,ainfiqu’auons aucunefois remarqué, tr»/e ?»
fe font aufll finalement conuerties en cet>arabJ*e»
genre de maladie : mefme fuccez ont eu pa¬
reillement certaines, fortes de verole,que
despefanteurs de telle & alToupiflemens ac¬
compagnez de vertiges frequens auoient ja
long-temps précédées auant leur nai fiance:
lefquélles on n’a peu domter riy vaincre par-
autre moyen que des feuls remedes qui par
quelque propriété fpecifique efleignent la
maladie : tel q u’efl le mercure philo fophi-
que ou philolophiqüement préparé, com¬
me nous enfeignerons vn peu apres. S’il ad-
uient donc que la paralyfie furivienne à l a-
popjexie, ou dégénéré en celle qui aura jà
efté traitée par les fufdits remed es euacuas, 1
reuulfifs, ddfeichans 8c fortifians : pour en
toutes maniérés foulager tant plus la natu¬
re, & la defcharger dii pefant fardeau qui
' lafait prefquefuccomberv ilrefteraquele
j eune Médecin façe principalement ce qui
s’enfuit,à:fçauoir qu’il employé iournelle-
ment des préparatifs conuenablcs pour ciri-
re la matière 8c la rendre fîüide, & pour fa-'
cilirer l’euacuation, 8c qu’ainfi il purge le
refte des humeurs, ou les difpofe à eftre
purge es, car à cela fe rapporte 8c ennuient
fort bien f aphorifme de çe grand dictateur
Hippocrate : Les chofes cuites fe doiuent admint-
Jfrer pour remcde er purgation, non les crues. '
V eu la gr ande conuenance qu’a cefte ma¬
ladie auec les epilepfies chroniques, d’en-
■Remtiet. tre ^es hydromels & autres fortes de prépa¬
ratifs que nous auons ia cy deuant prefcrits
en la cure defdites epilepfies , on pourra
aufli choifir 8c tranfporter icy .ceux qui con-
uiendront le mieux à cefte maladie, & y
fembleront eftre les plus propres : il me fuf-
firade defcrire feulement vn formulaire de
recepte qui fe pourra approprier & feruir à
H j _ toutes autres fortes^ de Paralyfie, comme
mil 'fié ti- *>vn ^es P^us "excellais fpecifiques , 8c des
fiqtte. plus commodes remèdes entre tous prépa¬
ratifs.
. Prenez racine i d'acore , ■&> d’cnule campant;
. deux onces de chacune Raclure de tais de genèaner ,&*
D V C E RV Ê A V. îîf
Âe boisrhodien : vne once £r demie de chacuri,hyjfofe,
herbe a lïfaralyjie, fleurs de petit muguet, floulci, la-
vende, de chacun deux fugàs,.quon les macéré far
vingt-quatre heures en flx Hures d’hydromel flmfle,
fuis on les fera cuire iujqua conjomftion de moitié,
apres quoy vous les couler és a travers la manche a
l’hiff ocras, les aromaùferez^ auecvn feu de ca¬
nette, cr de noix mufeade. ~ Que le malade frene de
cet hydromel quatre onces le matin £r autant fur le
floir.
L’vfage du mefme hydromel fe deura con¬
tinuer non feulement par plufteurs iours,
mais par plufieurs femaines,voire quelques
mois. Iay exprès adioufté à ce formulaire
les fimples qui m’ont femblé eftre plus atte-
nuans, cuifans & efehauffans au commen¬
cement: &quoy quelamatiere caufant la
maladie foit du tout cralle, froide,piruiteu*
fe & obftruétiue, telle qu’on la conieéhire
eftre le plus fouuent : i’y ay toutefois aufft
méfié (ainft qu’on peut veoir) le bois Rho-
dienpourtemperer le refte,car il eft plus
adftringent & corroboratif qu’atténuant, jromif
Qif on croye doc que i’aye ainft fait cela, dey»/&î.
peur que la matière eftant par trop liqué¬
fiée & atténuée, il ne s’en efpandift çà 8c là
es nerfs,diuerfes parties qui augmenteroiét
fluftoft le mal qu’elles ne le diminueroient,
ce que les ieunes Médecins doiuent bien re¬
marquer, afin de tout adminiftrer droite*
«>ent & auec feur été.
Mais pendant l’vfage de l’hydromel, on
188 DES MAIABIES
baillera plulieurs clyfteres , 8c Ce pour Ig
moins de deux iours en deux iours.
La matière du mal ainfi traittée 8c prépa¬
rée, fe purgera finalementj non toute en-
femble à vne feule fois par quelque fort
médicament, ains par fnteruales & peu a
peu, ceft à dire, auec vn apozeme ou déco¬
ction laxatiue qu’on fera prendre par plu¬
lieurs iours, dont s'enfuit le formulaire.
Prenez^ polypode,fené , carthame , de chacun dix
drachmes, , raifins de connthe , regliffe, de chacun
demie drachme, flmences £ anss, de fefely, detixt dra¬
chmes de chacun , fleurs de chicorée, de violettes , de
bonirache, zm pugil de chacunes, agaric mcbifijuea-
uecfa ligature demie once, feuilles de fené orientales
vne drachme & demie, dont ferezjvne decoBion, dif
Jojidez. en vne hure de fa coulature,Jyrop de chicorée
auec rhubarbe, de chacun deux onces, du tout [oit fait
vn apozeme pour trois dofes en la dermere defquelles
vous adïouflerezyne drachme Çr demie de diacar-
ahame, Çr autant £ de fluaire de citron.
Apo-remt λ4aîe^infi purgé répétera ÏVfag.e de
laxatif, l'hydromel préparatif, auquel prias par
quelques iours fuccedera alternatiuement
la purgation: celle fécondé administration
d’hydromel & de médicament laxatif fe
continuera en celle maniéré par vne allez
longue efpace de temps. Mais li quelqu’vn
fe veut paffer d’vne nouuelle deco&ion,
qu’il prene deuxliures de l'hydromel fufdit,
8c y façe cuire &macererde fené, turbitb,
hermodades, vne once de chacun iufqu’à
D V CERVE AV, lîp '
tant qu’il refte vne liure de décoction clari-
fiée; dont on pourra prefenter au malade
deux ou trois onces, félon qu'il fera difp.o fé
à la purgation , & Ce par trois ou quatre .
jours diuers du mefme continuels, fi' ïâ na^
ture d’iceluy moins delicatepeütfüpportèr
autant de purgation.
Après ces longues préparations 8ç vaciia-
■tions moins efchàufrantes & violentes, on
peut palier, à de plus fortes &. plus viol en- Rtmdit
tes: telles que les pilules fetides, celles d e pi™ vio.
bdellium, d'euphorbe,l'hiere de Paccius ou leni«
de JLogadius, & autres hieres femblables,
d'autres remedes plus attractifs, lescopofi-
tionsoù entrent la fcaminonee, lli'ellèDôre
& l'euphorbe ,& pîüfîeurs autresmedica-
mens dont les anciens 8c les modernes ont'
abondance : leiqüels toutefois ne doiüent
eftre adminiftrez fans caution ou ailée té¬
mérité, quoy que le mal procédé notoi¬
rement de caufe entièrement froide, & que
le malade doit de cômplexion cralTé,répletè
& pituiteufe , comme dit Trallian, car les Trait.
paralyfies qui ont entiahÿ des Cofpk, atte-
nüèz, maigres, & de foye bouillant, & qui * 1 €‘
font caufées d’exhalaifons & qualités chau¬
des & feiches, réiertent tels remedes com¬
me eftans plus nuiiîblês qu’vtiles, ainfi que'
nous dirons cy apres. -
Mais quelques vns obièét eront que tant obhBii,
s ^aut qu’ils ntrifent & foient contraires,
qü’à l’oppolîte l’antiquité a trouué bon
i90 DES MALADIES
qu’on emploiaft les remedes mefmes qui
peuuent caufer la fiéure qui fert de remede
aux maladies des parties nerueufcs ou des
nerfs,felon Faphorifme dHippocrate,
le ne puis certes approuuer celle façon
de remedier jauffine luis ie pas feul qui 1 im-
prouue : entant qu’elle elî peu droite & af-
feurée, car vne petite fiéure pourr.oitjbien
apporter de l’vtilité^mais vne grade caufera
plufloft du dommage,& auancera la mort,
que de reftablir la ianté. Nonobftant cela
nous approuuons l’hrere fiimple de Galien
r r que toute l’antiqui té a eue en recomman¬
dation : les pilules de hiere auec rhâbarbe
&: agaric, & les pilules d'aloë rofat, aipli di¬
res pour ce qu on les arroufe fort fouuent
defuc de rofes, ou quelles font le plus fou¬
uent imbues du incline fuc. On auallera
•deux defdites pilules vn peu de temps auant
que difner ou louper, & ce à l’inftant mef¬
me qu’on prendra l’hydromel préparatif:
car elles fortifieront 1 eftomach, &: excite¬
ront vne ou dèux felles, par quoy la nature
wfera foulagéé cc aidée. '
Aùffi ne faut il pas obmettre icy l’vfage
fions» des reuulfifs, où l’inieclion frequente des
clyfteres fera fort commode , moyennant
qu’en premier lieu on commence par les
plus beniiigs d'iceux ainfi que dit a efté,
puis faudra paifer à de plus forts, plus attra-
élifs & plus euacuans, efquelles fie peuuent
difloudre lesfufidites hieres de Paccius, Lo-
D V CERVEAV, 2f>I
gadius , labenite laxatiue, ôc autres de tel
genre.
Pour le regardées fternutatoires, errhins,
mafticatoires,ils duiront grandement pour
deliurer particulier ementle cerneau de Tes
empefchemens^pourûeü queles plus doux,
plus benings & moins attra&ifs aillent
toufiours deuant*
Refte à prefent que pour fuiürelametho- Confit*
de commencée , nous parlions desremedes taUft-
qui fortifient le Cerueau & les parties ner-
ueufes, & aufli de ceux qui euacuentles re¬
liques du mal , Recorrigent Tintemperic.
Entre les confortatifs font nombrees les
conferues des fleurs de fouley, de betoine,
fâuge,rofmarin , les racines d’acore confi¬
tes, la confection anâcardine,le diacafto-
reum,&le caftoreum mefmë tout Ample,
que tous les Anciens & napdernes mettent
au nombre des plus excelîens. Item le dia-
mofehum , diambre, la rofatede guaj àc,de
falfeperille, de bois de geneure.Rc de fera*
blables. ;
: Ezremedes externes qui foulagent gran- ^eintdst
dementles parties refoutes & paralytiques . '
font comprifes les fomentations de pépins,
ou marede vendanges, fi le malade fe cou-
chefuriceluy chaud , ou en eft fomenté,
comme auffi la decoétiond’vn renard con-
fumé iufqu’à feparationdes os, fi vous y ad-
iouftez en la cuifant des herbes céphaliques
& propres aux nerfs, les eftuues feiches y
T H
ZjZ DES MALADIES',
conuiendront aufîi,&les bains faits de tel-,
lesberbeS cuites dansle bouillon du renard
ou dedans du vin, dont le malade pofé dans
vne cadette conuenable, receura la feule
vapeur ayant le chef defcoùuert & libre,ou
bien eftant rais dedans vn vaifteau propre à
cer effe&ily prendra les vapeurs ifluës de
tuilles ou briques ardentes fuffoquées de
telles .décodions, d’où ledit malade eftant
retiré 8c tranfporté dans vn lid ehaud,on le
doit: difpofer aux fueurs : T oütesfois quand
il fortira des fomentations, ou des eftuu.es,
foit feiehes,foit humide s, il fera bon de fro-
ter d’huiles 8e linimens conuenables, non
feulement les parties refoutes , mais auili
l’endroit du col ioignant>au derrière de la
tefte,l’efpine du dos, & les principes ou ori¬
gines des nerfs, dont telles refolutions pro¬
cèdent comme des parties premièrement
indifpofees.
Or entre les remedes qui fe trouuent ez
boutiques des Apoticaires font les on¬
guents dits Aragon , Martiatum , d’Agrip-
pa, les huiles de renard, de coftis, de nard,
de laurier, de caftoreum, de poiure , de
briques , de palme de chrift * çanabin,
l’huile de fauge, de rue, de vers, de there-
benthine & autres femblables, comme auffi
le petreole qüe nous fournit la nature : def-
quels ou fimples ou meflez auec les moiiel-
Ies& axonges de cerf, d’ours, de pard , cî®
taiflbn, d’anguille , & de femblables (entre
DV CERVEÀY. , 29$
îefquelles Taxonge de l’homme eft excel¬
lent ) y adiouftant encores les poudres des
herbes céphaliques, du tout, di-je, cuit &
formé en linimens ou onguens aueedre 8c
therebenthine , les parties douloureufes
foient fomentées, frottées ôc enduites par
dehors. U fera fort vtile& bien à propos
d’adioufter aux fufdites huiles & grailles
l’onguent de ieunes chiens compo£é,lon--
guent farçy d’oie engraiffée auec- Ample
poixnoire, ouauffi auec feuilles de guy de
‘pommier,defauge d’herbe à la paralyfie ha¬
chée bien menu : voire mefme auec cafto-
reum, go me ammoniaque, & bdelliumdif-
fouts en vinaigre pour mieux penetrer: les
bayes degeneure & dé laurier concaffez, lés
doux degyrofles,nolx mufeades, cubebes,
poiure, tous groflierement pilez peuuent
auffi commodément entrer en la far ce £u£-
dite, chacun félon quantité & dofe coaue~
nable, car le: ventre de boifon eftarit farcy
de tout cela* & le failant roftir à pécitifeu,
il en fbrtira & tombera dans la le dhefrite
remplie d’eaux de fauge^ de betoïnevyne
graifTe qüL mageant fur ces. eaux de p e ur
'qu’elle ne brufle , fera enfin feparéevapres
que l’oyeferâcuiteà petfeéfcion, & appro¬
priée en liniment dont les parties refoutes
feront frotées & fomentées, ou toutesfim-
^lés ou medées auec autres conuenabîes.
L’huile de ferpent deferit par Symphof
îian: Campege:, tôc. plüs expredement: par
; T iij
Guiyn.
traft.
de.pardly»
*44 DES MALADIES
tUb 7 Anthoine Guaynier excellens Medecins,eft
derL'lt vn remede fingulier. à toute forte de para¬
it, [typent lyfiê, & duifant grandement à toutes mala¬
dies des nerfs. Ledit Guaynier fe dit l’auoir
expérimenté auec quelques autres remedes
fort bons, 8c en auoir apprins la recepte
d’vn certain Hermite chymique lequel
ayant inutilement employé vnlong temps
à foüffler les charbons 8c manier les fouf-
flets chymiques, voire y ay ant perdu toute
fa peine, s’eftoit enfin addonné à la diftilla-
tion des eaux, 8c extraction des huiles qu'il
auoit plus fauorablement apprinfes parle
mefme art chymique. Guaynieraduoüe ce¬
la, & ainfi tefmoigne que l'art fpagyrique
fert grandement à la medecine : n’ay ant
point honte de confeflér que(bien qu'il fuft
célébré Médecin) il auoit apprins vn fi ex¬
cellent. 8c vtile remede d’vn alchy mille
ignorant, & homme de néant. ^ Ainfi reco-
gnoit il candidement pour bonnes, les cho-
fes qui font bonnesrdé foy„, & ne les mefpri-
ferderquelque-partrqu ellesviennentrrGe
que les hommes pemeûs 8c fuperbes nemr-
brafientnymereç oiuent pas auée telle fyn-
cerité',. quoy que eonuaincus : mais nous
fonamesplusmefchans que nospercs,& no-
ûreraee fer ajencores plus vitieufequenous
nsïfommes. -dm , : d *
. AhmefiTietraittédedit Ouaynier defcrit
= lhujle desCi;Cdgn.es,auecr6ngueht appel-
- " ‘ ‘ ‘ iéde gomme j'aufll^fo.rr .excellent contre
T * V' ’ " ~ ~ • J - - ' ••
BV C ERVTE AV. 1$)^
telles maladies.
Valeriola en fes obferuations de médeci¬
ne, lîure 4. ©bferu. 4> dépeint femblable-
ment vn onguent fort fingulier pour la pa-
ralyfie. Nous en auons aulïi deferit plu- '
fieurs en no ftre Pharmacopée : lefquets fe
rapportent à mefme fin, & font de linuen-
tiori des Dogmatiques, aufquels nous âd-
jouftérons incontinent en ce traité d’autres
topiques, enfeignez aux Hermétiques par-
l’art £pagyrique,& extraits tant dés métaux
que des végétaux & animaux : dont nous
amplifierons & ornerons (félon noftre pro¬
pos) le difpenfaire des Dogmatiques, tant
s’en faut que nous ay ons intention de l’im- '
proüluer & condamner , comme aucuns
veulent faulfem.ent perfuader aux autres,
êç comme ; tels nous noi refilent de calom¬
nies, voire nous accufent , ie ne fç'ay de
quoy'.
Les Médecins vulgaires tendent mefme
à cefte fin, quand apres auoir en vain ef-
f'rouüé tous autres rcmedes, ils relèguent
eurs paralytiques aux eaux minérales, &
aux bains fulphurez , alumineux , bitumé
neux &' nitreux, dont on peut iournellemet
veoir des merueilles. ‘-irr .
Tels font les bains de Bourbonnoisy &
de Gâfcogne, à fçauoir d’excellence & vti=
lité admirable. Ce que pour r oit bien tef-
moigner L le: tref-nôble feigneur de Beau-
lieu quia fort héiiréùïenient expérimenté
T iiij
ÏC)6. DES MALADIES
les eaiix de Spas , Ôc plufieurs autres dçsre-
nie des fufdits : içeluys’eilaut par vne cheu-
té tellement bletfp taupe la ïambe auec la
édifié, que la paralyfie efolution dei vue
& l’autre partie s’é enffiiuit,de forte qu’el-
les perdirent tout mouuement & : fend, u
ment, neantmoins par la grâce de Dieu il a
e&é enfin tellement peftitué, qu’il peut ,
maintenant aller & cheminer^ oireaccom- ;
plir fes fondions ferieufes& royales, pour
îeconferuer & affermir toujours en meil¬
leur eftat , nous^acquittans de nos déupifs-,
& pfomefies ,.qui d’vne fqy particulière ÿne
tiennent oblige à y n fi. grand perfonnage,
nous defploierons icy quelques remedes,
qui puiiTent. apporter vn fingulier & très
excellent fecours à telles maladies, lefquels
nous emptunterQnsdu'CAtalpguedesreme- -
desdes Hermétique^ procédez delart fpa-, ,
gyrique, ' ' VT v . ".Wm
Quelques / . Mais, ern rDadininiftratfon des rçmedes
phferu*. preçedeps, & principalement des topiques .
Fadmini
fiction atteniipnt l^-plus li;faut.queiev..
des topt- j eune' A|e4ecin confidçee foigneufement
jw. ’ (cot^in^npvâia^ons ÿiÇR
en pafîant) la. natuf e de j^paraiyfiç , le >
tempérament dumfijadê : afin quefidafpua-
ladie prend £qn origine d’vne matière frpi-’
de,. .pituireufe. &, çralfe; file malade, eff de i '
pareilfecomplexion, ç*éftà dire pituireufe,, r
& 4]| WPlbre pat; çfytique^eft * •
©V CE RV E AV. ' $97
a perdu le fentiment, de forte qu’il faille
ftimuler & exciter fon afloupiflement, afin,
di-je qu’en ce cas il choififTe à cefte fin, &
pour remedier à ce mal, les onguents & li-
jiim'ens, foir fimples, foit corripofez qui ont
^ne vertu plus fubtile, penetrante,efchauf-
faiite & plus arrenuante. Mais combien
que lacaufe de la maladie Fuft materielle,&
le malade bilieux, fi toutesfois: la partie in- '
difpofée s’amaigrit & tombe ou eft défia
tombée en chartre ou atrophie (ce qui arri-
ue fouuent)le Médecin s’abftiendra de re¬
mèdes- fort refolutifs 8c efehauffans, qui
peutient defleicher d‘auantage.& augmen¬
ter l’atrophie : autrement il cauferoit plus
de dommage que.de profit}auqueh:asfuffi~.‘
rafelon mon jugement la decoétion de re-i
na^rd, d’intefti'nsj&de telle de mouton, dans
laquelle on aura mis cuire les {emencesa-
nodynesj/po.ucueù que la partie malade en
foit fomentée, de. oin&e de iinimens on
d’huilesconuenahles^c’eil; à dire,£ort douxf
peu c.hatidsjJaquelie partiefera enuelop-
pe eide laine grade o inéte^ ou dVne peau- de
appropriée jpour .cet effed.a - 1 ' i c
QcstemedesforehtidQnc prudemment &
ludicieufement. adaplez âuxrpafaly fîes'î foit
quelles rfidfht nées d’ap6plexieifj:fqit que
de foy elles apeat-pour caufe ’hnè mariera
, -y : - ' i mS--.- ~ ' '•i'3
Mais fi l’abondance des humeœrsefpaiîTes)
a Ç&pas çaufe efficiente- de jse|>eamlad&.
25>8* DES MAI AD I E S
ains pluftoft la qualité que la quatitedes ex-
halaifons , qù la ficcité enfemble auec la
chaleur molèftepluftoft que l’humidité ac¬
compagnée de froidure,que deura on faire
alors'? Il faudra pour certain changer dp.
tout la procedure qu’on tiendra en la cure.
Tr*U Zi». °r 4UÇJ€S paralyfies pui lient eftre fufci-
ïr.eh* u>\ ïées pàr telles caufes , Trallian en efttéf-
Autrtef- moin, lequel entreles Anciens l’a foigneu-
fecedt fement remarqué : & entre les modernes,
fsrxiy/it, Guaynier rraitté 9. chap. S. où il parle non
dtffttentt feuleinét de îaparalyfie fanguine,me)âcho-
iila pr?. lique & cholérique, mais aulH de celle qui
ftme. s égédre de mauuaife côplejciô, sas màticre.'
: En ce genre de maladie il eft requis que
St» ans- le Médecin fçache bien , non feulement
ternie in- l externe & fuperficieile anatomie d’icelle,
teneur^ maisauilrl’irtter ne &vitale de laquelle nous
auo ns parlé a illeur s, & me finecy delfus en*
difcouram des.vray es caufes de la paralyse, -
vite bonne partie defquellés nous auons ra-
pprtée à i acidité de certaine humeur,non
limplem ent . fro id e & Humide , mais- acid ey
piquante y 'âllbupiiranré de (pour l’appéller
par foidnom^ entièrement vitriqldu^td
prou ientdésvap eurs delà melanch olibyr o-
diiiteeft nous; que les D o g m at iq u e snvefîbè
recognoiflént acide, dont les vapeurs e’ftans 1
refoutés &> d ecb pie es ez ;p art i e sn e r u eufë s y
elles caufent raÉoupifTement & priuatibn
de fentïmenc.: ,1, . * : - - *
^ amltqmconque èxaminera 'fôign^
D V C E R V E A V. *95*
femétcefte humeur, & conférera fes facul-
tez & effe&s que l’antiquité a attribué à
l'humeur melancholique , auec la liqueur
vitriolée, cognoiftra facilement combien
grande eft la fympathie , conuenancc &
femblançe , afin que ie ne die indentité de
l’vn & l’autre, comme nous- auons dit ail¬
leurs plus amplement. Ce qui mérité bien
d’eftre necerfairement remarqué & cônQ-
deré , car à peine pourrâ-on autrement dis¬
cerner les Caufes delà paralyfie, & y trdu-
uer des remedes : veu qu’en vain tafchera
on de remédier à ces maux tandis qu’on au¬
ra opinion que par remedes communs &
vulgaires, c’eft à dire, efchaüffans & deirei-
chans, il faut fubuenir à'toUte forté de pa¬
ralyse. Ce que Tralîian ayant tres-bien,
apperçeu (quoy quefous vne (impie efpece
de chaleur feiche, ou de qualité froide, qui
accompagnent 1 ’ humeur" m e 1 a n c h o li que ,
oïl fubftance vitriolée , ne plus iie moins
que l’ombre fuit le corps) il la bien à .pro¬
pos efcrit eniCés termes contenus' au luire
& chapitre cottez cy dedus.. // n’-eft pas'fjon^
dit-il, de prefenterftielpue remedè ‘purpdtjfJt telles
autàHtïÿu&ïàtâ
principalement itâieré, &ehiôêW}pt! cmtpofittÿhÉ^
tpuehl? euphorbe efreritré fkp-Mtyè-ëe-éjU ils nëprâfî-
teht derien, lapicïWeÈésnerpPen ’ép etmrés:phté'd&-
pnentee. l’ay certes cogne H vol homme jwpar tr-fjfyfl-
Jh beaucoup de foucy, gy* par ïeufhe eflant êe'fàfiM
p^ljd^iiepfai^èllémmt opfènp&dtdüpiï- eb-dprè?ffà
JO O D JE-S MAL A D I E S
de ïhiere, qtdd foft deuenu tout immobile,. &■> prep
qjie mort, fi on ne l'enfi changé au contraire, <£r s il ne .
Jèfufifemj tant de bretmages que de viandes Çr au-
pes remedcs tous humeclans peur je rendre tempe-ré:
mais principalementje dîners bains, onÜion d’ huile
& dé eau nu fiées par enfemble, changement d'air,
de toute, récréation, :ç>ar il efioktfifh, enclin a couroux ,
yefiant promqifé. par le medicartknt qui auoïtamafié
la jrile ijune. awfi, certes fi c'efi vne qualité cr
principalement vne intemperie chaudc, onfe doit ab-
fienir d,e mandes trop, acres : gr encoyes plus de celles
qui ohtvne vertu medecinale& ptirgatme. Paréil-
Ixment ceu^qujfita excefiiuemerttfiroids ne doiuent
mnplmvfir des nmedes purge an s^ attendu .que- tek
hpgepunespeu^ç^efire gmr.is (inonpar le fini régime
iç-wm;. Gftfpnfi&s paroles dë-Tralliaiv c
n I?§ur 1 es.fpeoifiqu es & vrais remedes qui
^ppfiçHeatà toute fopte de paral)îfié3 nous
déSerêfojxs d’en, par 1er iufiqu-enleur propre
Ikkp ;a.feiau.oir, quand n oüs dedujronslaraei
at;me des Hermctiquçs: où Ji vefe
na qu/on.peut prescrire l'vfage des purgav
p r epar an § 5 ceuulfifs , &x o nfpr tarif s. qui
fieront fpecifiques & bien appropriés à là
vraie cavifiL^ du ■mal,reeogneuë particulière»
. î&^^esdie&netrques :ou auflï nousrexplr-
^AÇtQns les ,}.*ç^n;edes- qui dùifent propre-
- -frient aux paralyfics nai (Tantes de mauuaifç
& maligne qualité, comme nous au o ns dit
jcy deuaaitj &,efquelles y a quelque fpecifr*
& pa.ft j cqliçre eneçg*ev ou faculté d’é^
^aoue^puxiget; de dppiptçr la çnaladie.
£> V CÉRVÎAV, 3©t
52 dont l’vfage fera tref-affeuré,catnon feu¬
lement ils corrigent là mauuaife complei
xion qu’on a acquife, mais auffrl’efteignent
8c aboliffent,viuifient la chaleur fufFoquéc,
& de toute leur propriété fortifient lés par¬
ties nerueufcs.
Quant à quelques autres paraly lies qui Pa**b‘
aduiennent peu Touuent , defcritcs par les
Dogmatiques receus, 8c qu’on appelle hu¬
morales, c’eft à dire, fufcitéespàr abondan¬
ce de fang, ou par bile, ou par melancholie,
outre les vulgaires qui font attribuées à vne
humeur pituiteux , extrêmement froid 8c
congelant, on peut lire ce qu’entre autres
Guaynier enfeigne, traité 9. chapitre 8. du¬
quel fi nous ne raportons lès propres paro¬
les, au moins en expoferons nous le fens qui
été tel : Il veut qu’en premier lieu on com- Cure de
mence la cure de la paralyfie fanguine par l* ?*vab
vn clyftere qui fera fuiüy de faignée, fi les /'*'*’
forces du malade la peUuent fupporter, 8c &uine-
pourueu que rien ne i’empefehe. Pour ce¬
lle euacuation, dit- il, les Médecins de Pa¬
ris tirent d’vne fuitte iufqu’àtroisliuresde
fang, ou mefme d’ avantage, fondez fur ce¬
lle raîfoii que la phlébotomie diminue 8c*
cuacuë l’abondance & quantité. Mais vous
dit il (parlant au Leéteur) s’il efehet aucu-
nesfois que tu fois contraint de tirer vne fi
grade quotité de fang, donez vous bien gar- beaucoup
de de faire vne fi grande euacuation route à de fang,
ynefois.&envn moment, car vous opéré-
' ^
ibt É fis WA LADIES
Lez plus feurement, fi vous la diuifez eii
deux ou trois répétitions, incifant au matin
labalilique de l’autre cofté,au foir la cépha¬
lique du mefme cofté, & le lendemain les
veines de la langue: laquelle million de fang
ainfi adminiftree petit à petit fera (comme
il inféré) moins dangereufe , & fe fêta a-
uec beaucoup plus de feureté que lautre.
Parquoy on peut voir que ce n’eft pas d au¬
tour d’huy, mais dés l’aagë denosayeuisque
les Médecins de Pari-s ont eu le bruit d'eftre
grands faigneurs, combien toutefois qu’au¬
cuns mieux aduifez & plus iudicieux ne doi-
ucnt eftre comprins fous ce prouerbe, ains4
exceptez du nombre de ces Medecineaux
vulgaires, tel que Guaynier a elfe de fon
temps, lequel condamnoitla méthode des
autres, tels qu'ont auffi efté de noftre temps
les tréf-celebres Médecins, le Grand &: Du-
r et qui en tout fuieéfc ny en toutes fortes de
maladie ne permettoient pas vne li grande
million de fang : laquelle eft par trop célé¬
brée de plulieurs qui l’adminiftrent auec
trop de hardielîé & fans conlideration,
nayansnul efgard à l’aage ny aux iours cri¬
tiques, ny aux autres Chofes femblables
qu’il faut obferiier. Les*Anciens n’eftoient
point £ï addonnez à telle faignée , qu'ils
vinlfent à l’ordonner brufquement & fans
nulle caution ou meure deliberation, non
pas mefme ez apoplexies ny paraly lies pro¬
cédées d’abondance de fang, efquelles tou-
D v Cervïav. 203
tesfois iafaignée eft vn remede fingulier. ^
Voicyce quen dit Aretee, quand il entre* delà
prend la cure de l’apoplexie & paralyfie. cure
la faignte, dit il, eftvn grand remede amenant à maladies
vue grande maladie, finon qifon dchnque en tirant aigues
fias de fang qu il ne fdüdbit. C’efl chofie difficile fb*P'4»
de conleBurer la mtfiire , car fi vaut en tirez y vn
feu, trop , vous aurez^prcjque eflranglé l'homme,
y'npeude Jung efi très efficacieux four confiriter la,
vie , veu que c’efl l'entretien de la vie, C7“ de [ali¬
ment du, corps . Si vous rien tirezjfas ajfezJvoUs ri au- .
rez^nen faiB de grand par vn grand remede , car
ta caufe demeure encores. Mais il vaut mieux de-.,
Imquer par faute d'en tirer ajfez^, car s’il Jemble
tju menait trop peu tiré, cr fi on apperçott quelques
bon fUccés , il fera expédient d'incifer là veine de
rechef, laquelle fera ouuerte dans le creux du coude,
car elle efi fluide an fenefire. ^/Cufii doit on confide-
rer en la petite apoplexie ( c’efl a dire en' la paralyfie)
les parties refontes prendre garde fi là refolution
\ efl au coflé droit ou au fineflre : car comme on dit
couflumierement d faut tirer le fang des parties fai¬
nes , veu que le fang & la matière découlent facile¬
ment par icelles des parties ôffenfees, grc.- ,
Alexandre Traliian, parlant de la paraly-
fie fanguine efcric ce qui s’enûiit. si doriques
vous remarquez^ qu’il y ait abondance de fang, il
faudra faire vne petite ou moyenne euacuation deuant
l'autre vniuerfetle , car il ne conuient pas leur tirer
beaucoup de fimg,quoy qu'ils en ayent abonda.mment:
niais on doitplufiofi recourir aux remedes qui s’ap¬
pliquent fur les Ueux.
J04 Ï>ES M AtÀDÏÉS
Xfïf Ac.tius difcourant de la faignée cohuéna.
bleen l’apoplexie, veut que la miffîon du
vj, a8. fang fe fàçe par diuifion, c’eft à dire, peu à
peu & feparement, Car il faut feulement ef
mouuoit, dir-il, non defrmre les forces gr efieindyè
la, chaleur. Puis au chapitre fiiiuanr il adiou-
fteà ce propos de la million du fang en la
parâlylie engendrée d’humeurs abondantes
ôC de fane.' il efi donc euident , dit-il , fi on doit
' euacuer h humeur redondante. Or il fjfa meilleur
commencement que par fühon de la veine, pourueu
que ï nage le permette , comme aufi /’ habitude) le
temps, l'efude, te progrès^, le vmre Çr les autres
chofes qui ont accoufumé d’empefher la faignée.
Mais il faut que l' extraSl ion fit modereè,depeur qu’il
ne demenne froid, car la froidure auec la fcherefe
confia maladie. C’ef pourquey d faut feulement
vnpen amoindrir la matière par mcijion de veine, O*
principalement en ceux qui fini plus aduance^en
ange, la detra&ion fc fera des partiales plus faines . ;
Il appert donc âfîez par ces tefmoignages
quel doit eftrele droit vfage dé la phlébo¬
tomie en telles maladies, où faut, obferuer
auec diligence, qu’on n’en doit vfer qu’a-
uec grande caution & circonfpeétion non
temerairement félon la couftume d’aucuns
qui n’ont autre remede quelconque; Ce
qui eftant pratiqué autrement par plu-
fieurs, il n’eft que trop notoire combien
grand en eft l’abus, & le remède fallacieux
voire pernicieux, dire que cefte couftume
longue & inueterée eft p ailée en loy qu’on
nepeuf
Î>V C EïtVEAV.
ne peut abroger, c’eftvniugement très-ini¬
que, & vne tref-mauuaife reigle d’opinion.
La Phlébotomie eftant accomplie on pour-
fuiura ce qui refte à faire en la cürede là pa-
ralyfie fanguine , où feront employez les
préparatifs pour tempérer le fang,les pur¬
gatifs conuenables, les reuulfifs & deriua-
tifs propres & necefTaires, 8c les topiques
appropriez au niai: qui eftans commodes
&âuihblés à chaque efpece de mal, feront
choifis au nombre de ceux que nous auons
amplement déduits.
Ez paralyfîes nées d’humeur bilieufe,acre Curation
8c chaude, pour difpofer ladite humeur à ^ejafaÿ
eftre purgée il ne faudra pas l'attenuer & ef- **
chauffer : mais au contraire on la refroidira
8c efpeffira par régime de viure conuena-
ble à Cet effeéfc, 8c par la droite adminiftra-
tiô des remedes choifis à cefte fhijC’eft à dire
que des préparatifs on mettra en vfage ceux
qui efchauftent le moins, 8c des purgatifs,
ceux pareillement qui font temperez. Le¬
quel chois s’obferuera aufli en l’application
des topiques exterieurs^c’eft à dire, des fo-
mentationsi linimens, onguens , emplaftres
& bains. curti»
Silaparalyüeprendfa fource de melan- Ia f6Taitm
cholie, on fuiura mèfme méthode curatiue,
afin que les caufes foient oftées par reme- thtliqua*
des qui leur conuiennent : lefquels on mo¬
dérera & temperera en forte que cela fefa-
çe fans trop grande deficcation. Efquélles
V
jOÔ DES MALADIES
cures de toutes fortes de paralyfie on pren¬
dra foigneufement garde à ce qu es autres
remedesfoientmeflez les medicamens qui
par quelque propriété fpecifique dont re-
pugnans au mal.
le ne voy point ce que les Dogmatiques
peuuent maintenant defirer de moy , ny
poürquoy ils s’en doiuent plaindre: Mo y
di-je, qui fuis entré fi auant en toutes les
boutiques de France,& des autres pays,voi-
re y ay fi exactement confideré tout ce
qu’elles contiennent de richelfes & d orne¬
ment, qu’il n’y a calfettes' ny baillés d’or,
d’argent & de bois élégamment peintes &
figurées , dont ie naye veu les remedes y
contenus pour les defploier & départir lar¬
gement en lacure des prefentes maladies,&
defquels ie me fuis fauorablement feruy
moy mêfme qui fuisauffi Dogmatique. Si
ontrouue que i’aye obmis quelque chofe,
cela fe deur a pîuftoft attribuer à vne recer-
che , non encores alfez fubtile ny exaéle,
qu’àma mauuaife foy, car ie ne l’auray ob-
mife à intention de priuer aucun de ii
grands threfors & richeiTes , tant s’en faut
que i’en voululfe eftre defpourueuë la Ré¬
publique de Medecine, à renrichilfement
& ornement de laquelle ie mets toute mon
induftrie : Mais il eft impoffible qu’en vne
fi grande abondance & multitude de reme-
desilnevous en foit efchappé quelqu’vnj
en quoyj implore icy le jugement des Do=
DV CERYEAV. 307
£teurs & célébrés perfonnages à ce qu’ils
approuuent & fauorifent mon ehtreprife,
& me tiennent non comme énüieux êc
homme de mauuaife foy , mais me reco-
gnoiiïent pour candide & fyncere, voire
pour leur amy & vray frerei
Pour le regard des Hermétiques, ie m’af.
feure bien qu'ils ne s’efleueront point con¬
tre moy pour me reprendre de ce que Cen¬
tre en leurs colleges, afin d’y mendier & re¬
cueillir quelque chofedeleurs efcrits, afça-
uoir quelques vns de leurs extraits, efien-
ces, magifteres, fecrets, teinétures 8c autres
tels remedesTpecifiques, comme des quin¬
tes eflences & bâufmes très puiflans 8c fort
efficacieux pour la cure des maladies, afin
que par leurs vertus 8c effe&s on iuge de
l'excellence 8c preeminence qu’ils ont par
delTus tous autres. ^Auffiies prie-je qu’ils
permettent d'entrer auec moy quelques
fcaûans & célébrés perfo images d’entre les
Dogmatiques : qui par zele & affe<5Hon
qu’ils portent à l’antiquité retiennent bien
& derendent fort & ferme leurs vieilles
opinions, mais toutesfois font menez d’vn
elprit fi candide, modefte, droit 8c non fi-
niftre , voire font remplis de prudence 8c
doébrine fi folide, qu’à tout le moins nous
efcouteront ite pluftoft amiablement , que
de nouis porter aucune enuie & haine pre^
cipitée , ny de nous condamner comme
mefchans 8c ahufeurs. le m’ofe auflî bien
V ij
jo8 des MALADIES
perfuaderque quand ils auront veu à l’œil
la préparation & l’efficacè des remedes,&
auront eftéenfeignez en l’efchole des Her¬
métiques, ils les embrafleront ; les défen¬
dront de tout leur pouuoir, & leurs donne¬
ront de tres-grandes loiianges, auec vne ar¬
deur d’efprit non moindre que l’enuie & la
haine qui les ont autresfois pouffez à les ex-
ploder, condamner & auoir en exécration.
Ch ap. XXIV.
Montrant que la Liturgie mechdnique des
Hermétiques efi decoulée de F (économie
boutique de U nature fecrete: leur pro¬
cedure en la cure de l’cptlepfiey ejl aufit con¬
tenue auec la légitimé préparation ctaucms
remedes .
Or fus voyons donc maintenant ce que
font les Hermétiques, car nous fouî¬
mes paruenus à Touuroir dVn de nos Con¬
frères HermetiqueSjlequel ayant toutesfois
efté inftruid en l’efchole des Dogmatiques,
eft paruenu au Do&orat de leur profeifton»:
Son érudition eft fi grande qu’encores que
fouuentesfois on l’ait tiré en de longues
difputes,il a neantmoins fi courageufement
refifte à fes aggreffeurs, que finalement il a
remporté layidoire auec beaucoup de gloi-
DV cerveav. , JO 9
re : non toutesfois fans eftre fécondé de ce fret
grand Coryphée le premier Médecin de no- cbefiitn
ftre très-grand &tres-puilfant Roy, auquel Roy de
confrère & collègue bien aimé, fa Maiefté Jr*nte
a donné permiffion de baftir vn ouuroir ou
laboratoire auec toutes fortes de fourneaux 3
pour préparer Sc pratiquer des remedes fpa«
gy tiques. C’eft auilî pourquoy vous pour¬
rez entrer plus librement en cefte efchole,
dont pour certain l’entrée vous femblera ?
fort eftroite de prime abord^mais vn peu
apres vous trouuerez qu’elle fe dilate Sc }
f’eflargitpeuàpeucomme la lettre Pytha- fifndtl*
.gorique, par la figure de laquelle Pythago- lettre Py.
re a reprefenté la voye qui conduit à la ver- thagm.
tu, dont l’entrée eft à la vérité bien difficile 2»*.
Sc efpineufe,maisle refte du chemin eft bien
vny,tref-facile,& fort plaifant au voiageur.
Outre plus on trouuera que cefte efchole
eft remplie d’efpines, de ronces & d’orties
qui toutesfois ne font à reietter,veu que les
plus doux Sc plus beaux frui&s font ordi¬
nairement munis de telles armes. A raifon
de quoy on a accouftumé .de peindre par
tout aux frontifpices des portes vne roze
enuironnée de fes efpines auec cet emblè¬
me, Beauté rieft fans difficulté. C’eft donques
à vous ô hommes pleins de candeur qui n’e-
ftes point affis au fiege des enuieux & mef-
difans,mais ornez de toutes les vertus con-
uenables aux vrais difciples Sc feéibateurs.
d’Efculape & d’Hippocrate, c’eft,di-je,à
V^üj
310 DES MALADIES
vous qu’il eft permis d’entrer icy. (Sapnqus
ne fouffrons pas volontiers qu’on nous fé-
pare d aueç vous ny vou s d’auec nous, mais
pïuftoft nous fouhaittons cl’eftre perpétuel¬
lement vnis auec vous, Içachans bien qu’v-
,ne telle vnionvousfera aulîï aggreable qu’à
nous. Âuïîi ne doutons nous point que par
^Ia conciliation & concorde dès" y ns & des
autres la medecine abbatuë ne vienne à fe
reléuer au grand profit de la Rcpubliquc,Sç
au prompt foulagement des malades, en¬
tiers lefquels nous foraines obligez d exer-
' cer : toute humanité 8ç charité, y eu qu’ils
, font nos prochains.
25 tftri* Mais nous foraines ja entrés dedans, re-
fuon ie. gardez de routes parts à l’enuiron s’il fe re-
ïomjrorv preientera à vos yeux tant de yailîèaux, àe:
boiftes, grandes, moiennes, petites,de tant
de fortes , & qui contiennent vne infinité
d’efpeces & de remedes tant {impies que
çompofez propres aux maladies, foit inter¬
nes; foit externes, comme il Pen voit grand
nombre ez boutiques des Apothicaires.
On ne peut admirer en cet ouuroir tant de
fards & de peintures au dehors, mais tout
y .paroift Pale & noircy de charbons: vous y
verrez çà & là çonfufément des fourneaux
conftruiéts pour diuers feux, en forte qu’il
y en a quelques vns qui fourniront du feu
luifant perpétuellement iour & nuiéf, com¬
me ceux des Veftales,en oultre on fe pourra
iieantmoins efmerueiller de yeoir en celle
D V G ERVEAV. Jir
boutique vn nombre infiny de vaiiïëaux fi¬
gurez en formes diuerfes, voire efpouuen-
cables, qui donnent pourtant fubiect de ri-
fée aux hommes ignorans & ftupldes, mais
pccafion d’admirer l’induftrie, aux feauans
& ingénieux. Car les gens' doctes fçauent~
que celte variété d’inftruments, a fçaüoir de
vaille aux &de fourneaux, n’elt aucunement
faite à plaifir ou ridicule, ny excogite'e fans
raifon: comme ainfi foit qu’ils n’ignorent
pasquel art opéré à l’exemple & imitation
de la nature, laquelle|ait fes fonctions dans-
les entrailles de la terre comme en fon grad
ouuroir. Et tout ainfi qu’en ces fourneaux
la nature exerce continuellement fes diuer¬
fes diftillations, euaporations,fublimations
ou exaltations, circuiations,re6tifications,
çohobations 3c autres telles operations au
ventre de la terre comme en fon grand
Athanor, où elle a fes propres feux, fbit -de
char bons, foit de foulphr es, bitumes & de
telles chofes oleagineufes , lefquels elle
tempere deuëment par degrez: de mefme
l’art enfuit, 8c parfait ingenieufement auec
fes diuers inftrumens l’artifice de nature, la¬
quelle n’a pas moins befoin de fes fours r e-
uerberatoires du Mont Æthna, lequel ard Ar*.
toufiours fans celle. Car d’iceux comme
des antres, cauernes, rochers , cailloux, & c*deU
pierres qui ont l’entrée eftroitte, le refte du met
eorpseftant large & capable, & font de di-
uerfe figure, les Chymiques ont emprunté
Y iiij
. DES. MALADIES
leurs reuerberatoires,&: vaifleaux diuers, à
fçauoir droi&s, courbes, obliques , longsj
courts , ronds , quarrez, amples, eftroiéfcs,
bouchez,&ouuerts-.C’eft de là qu’ont prins
leur origine les retortes ou cornues, lesrna-
tras, pellica;ns,fublimatoires,tantoft feel-
lez tàntoft non feellez, à la femblance de
tels inftrumerits naturels propres aux calci¬
nations , Sublimations , reuerberations &
Circulations, dont {aillent tant de diuerfes
fortes de fontaines $c bains chauds ou
froids. 9
Mais outre ces diftillations aqueufés &
Humides, nature produit aufli par telles
Operations dès meteores fecs & iceux ful-
phurez, falez & mercüriaux tels que font
les ArCenics ,realgars, orpins, antimoines,
cynnabres & autres de tel genre procrées
éz entraillesde la tërre , comme aùffi: infi¬
nies fortes de chaux métalliques qui s y
trouuent & f’en tirent. Ioint encores vn
nombre infiny 4e fels, dont les vns réduits
en eaux , les autres congelez font veoir à
l’œil les merueilleux efEedsdes operations,
calcinations, diflblutions,filtrations & coa-i
gulations que la nature tafehe d’effe&uet
par tous moyens. Et l’art n’imite pas la na¬
ture en ces feules operations,- mais aufli ez
, ëlixatiohs&aflations^oireezconco&ions
m 7ma^( naturelles qui s’appellent meurtjfemens , cù
quelles l’art fé baftit vn feu propre, lequel
ne brufle pas ny eonfume3 mais circule?
DV CERVEAV, 315
cuit, fomente, nourrit, &c vegete ofl donne
vigueur, tel que le bô Tr euifan & les autres
vrais Philofophes nous l’ont dépeint: d’où
eft procédée cefte fentence inferee au mi¬
lieu de la cheminée dé l’ouuroir: le feu cr
l'd%ot vous ! uffiront . Or eft il maintenant temps
de monftrer ce qui eft contenu dedans ce
cabinet ou boutique chymique, & quels
iemedes s’en peuuent tirer : faut aufli veoir
entre tant de remedes qui s’y trouuentfbien
qu’ils occupent vn petit lieu, & qu’en de
tref-petitesboiftes ioient enclos de grands
threfors fort rares) ceux que nous deurons
choifîr : à fçauoir ceux qui félon diuerfes
intentions curatiues font* fort conuenables
aux maladies dont eft queftion , en quoy
nous fuiurons. de reçhef la méthode que
nous auons commencée par les Dogmati¬
ques.
Donques pour commencer par les" Epi-
lepfies, foit qii’on les confidere comme ^ramè
maladies aiguës^ alors principalement que «k, epiU -
le paroxyfme vient fbudain, opprime le ma- ffinprifi.
lade & finit incontinent : Soit comme Ion- JtsHer- ,
gués & chroniques qui retournent par in-
terualles, ou mefmes entretiennent par fois
le paroxyfme vn longtemps, & ne fe termi¬
nent que par mort. Les Hermétiques
| déclarent que les caufes des ces maladies
font pluftoft àftrales & {pirituelles que ma*
| terielles 3c craftes, comme nous auons défia
âmpknienc dcduit, & qu’elles font àccom-
^4 des maladies
pagnées de certaines qualitez malignes &
virulentes, à raifon de quoy, fans attendre
la méthode des digeftions, conçoftions &
préparations , ils s’efforcent autant qu’ils
peuuent de donner prompt fecours,& d’en-
fraindre leur violence & vertu pernicieufe.
Or comme ainfi foit que nous ayons ia cy
deffusexpofé l’origine & premiers fcminaiT
res de quelques Epilepfîes, lefquelles nous
auons appelle Analepfies & Catalepfies,
'veu -auffi' qu’il ;a efté dit qu’elles s’engenr
drent de vapeurs mauuaifes, acres & vene-
neufés qui s’exhalent, ou d’vn fang impur
desla matrice. ou de laid corrompu & de
femence gaftée , ou de quelque autre hu¬
meur atrabiiiaire & vitriolée: & que les nû--
nes-de lamaladiegifent cachées ou dans Te?:
ftomach. en la maife du fang, ez inteftins,
en la rare ou au inefentere, en la matrice
& autres parties du corps, d’ou les petits en-
fans la peuuent acquérir , &,ainfi attirer à
. foy la caufedu mal en tettant : A celle cau-
fenous ferons eflite des remedesr qui con- ’
uiennent AepuifTent eftré appropriez à tou¬
tes ces fortes de maladies indifféremment
de quelque aage & fexeque forent les malar
des, tel qu’eft l’eau Theriacale qui s’enfuit.
Eauxihf Preneur acines d’angehque, de zedoaire, bardant,
vtata es. J£grZQnerd,, tormentille, btfiorte , epule campdne, gen¬
tiane , petafite: vne once demie de chacunes, ra¬
cines de peuome majle, gr feuilles cueillies quand l &
; Zune decroiJ } au figne du Lyon, raclure de buis,gny d e
P y Ç ER. VJ? A Vf
«fe noifitier : de chacun deux onces „
fimtal citym, bois d’aloés, myrobolans de toutes fortes*
vue once de chacun , disant blanc flx drachmes , her¬
bes de mdijfe,fcabieufi, ozjille,fumeterre, aïgrem<n-
ne, rite, mouron , matriciere , menthe rouge , abfinthe
ponîic, htjfepe ; de chacunes deux poignées,fimences
de charbon be/ut, de citron, peuoine , fifiely, grains de
gêneur e : de chacun demie once, cubebes, macis, noix.
‘ mufiade , canelle : trois drachmes de chaçun,fieurs de
genefl, mille-pertuis, centauree mineure, tillet arbre ",
Jetit muguet, fiulcy , lauande : de chacunes denxpur
gils, fleurs de chicorée, buglojfe, r 07e rouge vne pngnee .
On prendra tes racines, herbes Cf fleurs les plus récen¬
tes qu’on pourra trouuer félon l’oportumté du temps y
dont fi préparera cefie eau theriacale, ce piton pourra
fort commodément faire en Efié, vett qu’alm tous lefi
dits jimples font en leur force gr vigueur, il faudra
piler bien menu dans vn mortier toutes ces racines ,
herbes & fleurs nouvelles. Que fi elles fint fiiches,ait
defaut de récentes, onles concajferagrofiierement. Lé
tout, bien méfié enfimblefiit mis dedans vn pot verny
de fit f fi fimte grandeur, en forte que tout le meflangey
pmjjèeflre contenu au large: furquoy vous verfiretg,
les eaux dijhllees depnmeuere, de petit muguet, des
fleurs de tillet gr de fiulcy y vne liure gr demie de
chacunes, les eaux de mehffe, d’hvffbpe, de y 0 (marin,
de gene fl , demie liure de chacune : bon vin blanc deux
lettres, ou autant qù il en faudra pour arroufir ce niefi-
iange , quon remuera fiuuent par dedans auec la
mainouauecvne cuiUier , afin qttil s’humeEle tant
mieux gr boiue la liqueur : Puis ce pot fort eflroitte-
ment bouché en forte que rien ne syenpuijfè expirer, fiif
$l6 DES MALADIES
efchaùffée à peut feu, iufiqua ce que U matière de-
uienne tiede, afin quelle je fermente mieux gr plue
facilement par lefpace de fept eu huift tours : Car
tant plus la macération fera longue, tant meilleure fe¬
ra la fermentât ion, puis ayant exprimé le tout on fepa-
rera cr pajfera l'exprefiion a trauers d'vu linge.
^Apres quoy vous efpreindrez^ bien les feces dans la
prejfe pour enfin les rendre fort fitches. T oute cefie li¬
queur exprimer fint verfee en plnfieurs alcmhcs, ou
bien qu'on la recueille toute enfemble dedans vn grand,
difiillatojre de cuiure auec vn réfrigérant (vaijfeaux
dont les „ Apothicaires doutent toufiours efire pourueus
pour extraire les eaux & huiles des végétaux) afin
d’endifiiller l'eau, qui fiera excellente eyr de grand
prix. Cependant onreduira en cendres afeudereuer-
btre les feces fufchtes qui efioient refiees : fur lefquel-
_ les bien calcinées, vous verfere^c^reuerferez^ chaude-
mcntïëaU precedente, iufquà tient quelle en ayt ex-
irai et fin fil, en. ainfi la rendra on plus forte ty tffi*
Vf Age de <acieufi; Néant moins icelle toute jimple Cr fins ad?
eejls tau. dition de fin fil peut efire feuremént çyrauec bon fisc-
çezprefentée ey prinfiau matin le poids d’vne demie
once, pour U curation ey précaution de toutes epilep-
fiesyjoit idiopathiques, fut fympatiques, entons âges
<y temperamens : Car elle ri a pas feulement la vertu
de préparer {y dë fortifier le malade, mais àufii elle
attaque les qiialitezjnaltgnes de quelque part quel¬
les procèdent, c’efi pour certain levray çy fpecifiqut
antidote de cefie maladie.
addition,
Honobftant cela afin que celle eau foitefi*
C V CIRVS AV, J 17
corespPnoble,pl9 parfaite & de plus grade
vertu ou energie plus fpecifique cotre eefte
maladie, onl’âplifierades additiôs Fuiuates,
fVj? à falloir qu'en quatre liures de ladi te eau on fer 4 •
digerer par quatre tours dedans le bain marie , quatre
onces de la meilleure thériaque de Venixe ou de Mont-
pelle)-, vne once cy demie de cofeSho df hyacinthe, de¬
mie once de la cofetho d' alkçrmes, poudres de diamar-
gant,diacoral,letifiant de Galien , deux drachmes de
chacuntdiacafioreum demi once ou mejhie d’auatage:
denxdragmes de caforeum Jîmple , vne dragme de
caphreje tout bien méfié cy mis dedans vn vaijfeau d
long col( iju'o appelle marras) tres-bie bouché: En apres
vous le diflillerés par i 'alébic a chaleur de cendres, Cy
cohoberés par trou ou quatre fois U eau difiillée fur fs
- feces,prenat bié garde que lefditesfeces ne fe dejfeichet
par trop,de peur que la liqueur extraite ne sete le bru-
lé:ce qui toutefois nef a craindre ,fi la dijhllation Je
fait au bain marie vaporeux, me fine iufqu'a Jîccité,
tomme nous auons dit ennofire Pharmacopée. Par ce
moye on extraira vne eau fort excellete , non feulement
cotre toutes epilepfies, mais aufii apoplexies cy para-
lyjtes. St vous reduifes en cendres tes feces de ceffe fé¬
conde dijhllation, Cy Jî félon l'art vous en tirez ^ auec
eau de melijfe le fèl que dijfoudrés, filtrés, CT coagu-
lerezjtfin de le rendre plus pur CS' plus fubtil, pour en
2 res le mefler auec fin eau, dans laquelle il fi dijfou-
a incontinent, telle eau acquerra des forces beaucoup
plus amples, CT vne energie bien plus puijfante.
Voila la méthode 8c manière de bien
eompofer les eaux, & d’extraire la vertu des
choies, laquelle fe doit attribuer & rappor-
JlS DES MALADIES
ter à l’art fpagirique.
Mais quelque pédant ignorant, d’efprit
groffier 8c ftupide, parefleux & nonchalant
mefprifera toutes ces chofes, d’autat qu’el-
les ne te font en vrt moment, ains que telle
operation requiert vn efpace de temps
fort long, 8c qu’en cet art y a de la difficül-
té; Ce qui n’eft point de merUeilles,veu que
fon ignorance eft fi grandequ’il ne fçait pas
mefme la façon d'extraire le fel auquel con¬
fiée la principale vertu des chofes, comme
nous auons dit ailleurs, ou n’en a que bien
peu de cognoifiance. Mais ceux qui ont
vn bel efprit, doctes &ftudieux des fecrets
& chofes releuées, qui fe plaifent toufiours
à pratiquer la Medecine auec honneur &
gloire, & qui aiment d’auantage leur pro¬
chain qu’aucun gain. Ceux là di-je n’y
trpuueront nulle difficulté, mais tout leur
fera facile : encores qu’il foit queftion de
remedier à des maladies aftrales , pour la
guerifon defquelles les remedcs communs
groffier ement préparez font du tout infuf-
fifans& de nulle efficace. Quant à la diffi¬
culté de cefte operation laborieufe(fi aucun
y en a) elle fera tolerable veu la grande
quantité du remede qu’on acquiert par ce
moyen , laquelle ofteral’ennuy d’vne fi lon¬
gue répétition : principalement fi le vaif-
feau de cuiure rend beaucoup d’eau: veu
auffi qu’elle retient long-temps fa vigueur,
force & energie: & attendu qu’on la fai*
DV. CERVEAV, jlf
prendre enfort petite dofe ; tellement qu’il
ne fera pas mefme befo in de reiterer l’ope¬
ration vne feule fois par chacun an: en fom-
me l’experience de fa vertu eft h grande,
que fon fruiét & mcrueilleufe vtilité ne .re-
compenfera que trop la peine & le temps
qu y aura mis l Ouurier.
Orfon vfage fera tel ; à fçauoir qu’aux
petits enfans attaquez de cefte mala¬
die , on leur fera prendre voire aualler
par force s’il eft impoffible défaire autre¬
ment, vne demie cuillerée d’icelle eau auec
vne ou deux gouttes d’huile d’ambre : Par
quoy il aduiendra qu’ils feront incontinent
releuezdu paroxyfme. Apres quoy il fau¬
dra continuer l’vfage du mefme remede
iufques à quinze ou vingt iours, voire d’a-
uantage,& ce tous les matins. Il eft certain
que par le moyen d’iceluy remede plufieurs
enfans ont efté pleinement guéris de cefte
maladie fans répétition, leur ayant baillé
quant & quant forces clyfteres, & corrigé
l’intemperiedeleursnourricespar bon ré¬
gime de viure. D’auantage la mefme eaufc
donne vtilement, & auec fauorable ïuccez —
à toutes perfonnes de quelque aage & fexe
qu’elles foient, tant afin de les preferuer fe^meS
que pour les deliurer de cefte maladie. £**{**■.
Mais fi c’eft vne femme,quipar indifpofi-y»«^^.
tion de matrice foit tombée en cefte mala- roxyfms.
die,on méfiera auec la mefme eau la teintu- 'püepn-
te des grains meurs d’a&e, comme l’appel- îuti C9m'
32.0 h ES, maladies
le Paracelfe,dont nous auoris enfeigné îi
Iriufnt defctiptioft èn n°ftr^ Pharmacie reformée,
/>«»/*”. vous y meflerez aufli (fi bon vous femble)
les huiles de buis & de caftoreum extraits
par artfpagyrique : de ehacuti trois ou qua¬
tre gouttes, l’vfage en fera long, & s’admi-
niftrera fans irttermiffion.
Si la maladie eft fufcitée & caufée_par in-
\ difpofitiond’eftomach,foitqueles patiens
foient hommes ou femmes, il conuiendrà
diifoudre en cefte eau deux gouttes d’huileS
de menthe, canelle, de rofmarin & autant
deshuiles de femences d’anis, & de peuoine
extraits femblablement par art fpagÿri-
que,quifoientdiftillésaueceau fimple à la
façon d'extraire l’huile des femences, com¬
me il eftnotoire à tous chymiques.
Que fi la première 8c fécondé diftillation
de ces eaux Theriacales femblent a quel-
qu’vn 11 eftre fans difficulté 8c longueur de
temps ; (veu toutesfois que cela eft faulx),.
pour monftrer combien les Hermétiques
font abondans enremedes, 8c par cpmbien
de diuerfes maniérés ils les forment & pré¬
parent (tant ils font induftrieux) en lieu d’i-
^ celles ie vous fubftitueray d’autres remedes
qui fe compoferont en forme de fyrops,
dont l’vfage fera plus agréable 8c plus faci¬
le, 8c qui fans exception vaudront mieux,
ôc feront beaucoup plus vtiles que tous au¬
tres vulgaires : Defquèl s nous auons pareil¬
lement Fait les defcriptions en noftre Phar-
maco-
DV CERVEAV. $11
Iriacopée des Dogmatiques pour l’embellir
de c es ornemens ëc richefles fpagyriques.
Prenezjlonc racine de 'peuoine,guy dechëfhe : de- an “
mie once de chacun, de la meilleure canette fx dra-
gmesfeurs de foulcy, petit muguet, tittet,lauendr,de
chacunes vnpugil,rofs rouges deux pugils. On pren¬
dra le tout fcc aride non recentrer coupera on ia
racine de peuoine en petits morceaux: mais le refe fit
mistelqu’il ejl fans concajfatton dedans vn matras,
quon appelle, de tufie grandeur , furquoy on verfra
ajfez^ bonne quantité d’eaux de vie , de fange,
Cr degeneuref elles fe peunent recomrer comme en
^Alemagne , <Çr dont aufi nous auons enfiigné le
formulaire en nojhredite pharmacopée. ^Æu defaut
d’icelles vous prendre-^ de l’eau de vie extraite du
meilleur vin, laquelle firpajfera la matierè de quatre
doigts.Levaiffeau bien bouché en forte quenen ne s3 en
puijfe expirer, fit colloqué dans le Bain Marie, ou ex¬
posé aux rayons du Soleil par trois on qnatres tours, où
l’eau de vie acquerra vne couleur ronge, efant impré¬
gnée de la vertu des fimples : Laquelle eau fera fipa-
ree des feces par douce inclination : a dix onces d’icel¬
le faudra adioufer trois ou qnatres onces de pierre
blanc puluerisé , £r remuer le tout auec vne ctiittier
d’argent , en forte queie pierre y fit diffout dans vn
plat d’argent : puis auec du papier ardent on em-
braferal' eau de vie, tournant ou agitant fans cejfe la
matière auec vne cuillier d'argent, on lama bru fer
l eau devie nf qu’a tant que le jyrop fit affezjnit, ou
fmbleplus ou moins fort. Car alors qu’il fera temps
on e femdra la fiamme de l’eau de vie, la Juffoquant
dvntrenchsir ou afiette d’efain oud’ argent. Ce
jll DES MALADIES
fyrop ainfi préparé à la mode des Herméti¬
ques fera vn tref-excellent remede antepi-
leptique. Il fuffira d’en faire prendredetni
cuillerée , Toit pour preferuer de maladie,
foit pour en deliurer. A mefme fin duit la
macération des fleurs de foulcy, lauande,
petit muguet faite ennoftre hydromel mal-
uatique par l’efpace d’vn mois,la dofe en fe¬
ra d’vne ou deux onces qui fe prendront au
matin.
Or comme ainfi foit qu’en telles maladies
on a prefque tpufiours accouftumé d’eua-
cuer par purgations les corruptions & mau-
uaifes humeurs contenues dans les entraii-
les,dont les malignes vapeurs fufcitent or¬
dinairement cefte maladie. Pour cet effet,
au lieu des remedes purgatifs prins des vé¬
gétaux, c’eft à dire, en lieu de cafle, catholi-
fuftAÙû con’ diaphenic, triphereperfique, eleduai-
re indien majeur & mineur, confe&ion de
Hamech, hiere Ample ou de Paccius & Au¬
tres tels médicaments benings ou violens,
qui apportent fouuentefois plus de domma¬
ge que de profît,faut choifir ceux qui péné¬
trent iufques au feminaire du mal : Entre
lefquels nous voyons que l’antiquité a touf-
jours recommandé l’vn & l’autre helleborè;
mais nous eftimons principalement le noir,
d’autant que le blanc cueilly en nos monta¬
gnes froides eft fi crud, dangereux & con-
uulfif, que i’en improuue du tout l’vfage, SC
confeillerois de le reietter.
DV CERVEAV. fZf
Qui plus cft nous auons veu fouuentcs-
fois combien grands & griefs Symptômes
naiflent mefme del’hellebore noir, croif-
fant en nos montagnes 6c vulgairement
préparé. C’eft pourquoy i’enay défia enfei-
gné cy defliis au chapitre 17. quelques pré¬
parations tirees des Spagyriques, afin de
rendre fon vfage plus affeuré. Mais les fui-
uans, corrigez félon leur efchole .& difcipli-
ne, feront aufli vtiles.
Qtfonprene donc devray hellebore noir produifant c^\ntt
des fleurs pourprées <&*, fi faire fi peut , qui fiit, non a- ejjtme de
ride, mais nouuellement cneilh,autant quil en faudra i’heüeho -
pour emplir de fis racines concajfees grpilees la moitié te ae‘rz
d'vn fiçlembic: faites en difii lier par le bain marié
vaporeux (qui firt a difliller fans aduflion) autant
d’eau qu elles en pourront rendre. Quant d la matière
fiiche qui refera au fond de l’alembic,elle fira concafi
fie & remifi dans vn matras d long col, fur icelle on
verfira fin eau propre :&r notezjjue la quatité des fè¬
ces concajfees doit eflre telle que leur eau diflilee lesjur -
pajfe fiirnage de trois doigts en large. Le tout fiit
pofé au Bain pour y eflre digéré fix ou huiSh iours du -
rantfiufqu d ce que li éauteinBe & imprégnée de la
couleur des racines fiit deuenuè rouge , puis verfiz^
l'eau par inclination, Cria remette^toute fimple di¬
gérer. encor es vne fois au bain marie chaud, car cefie
ficonde coElion meurit & corrige d’auantage ce qu ily
a de crudité, aufitfipare elle toufiours quelques impu-
retexjjuirefidenî au fond en forme d'hypoflafe ou fi-
diment. En apres cefle eau bien digeree, cuiBe £r de-
purée fiit remifi dans vn petit alembic,dont elle dijhl-
X ij
3*4- des^maiadiés
1er a encores iufijua ce que la matière refie au fond dû
vaijfeau en confifience de firop,qui efi le vray baufine
& quinte ejfence d'hellebore.
C’eft l’vne des meilleures & plus fa»
elles méthodes d’extraire là quinte elTence
non feulement des hellebor es, mais auffide
l'aulnée , chelidoine & d’autres tels vege»
taux:Nous enfeignerons fon vfage cy apres.
. Si les racines fraifehes d’hellebore noir
ne fe peuuent recouurer,niais feulement les
feiches (veu que chacun ne peut pas touf.
iours auoir les recentes , comme ceux qui
font efloignés des montagnes) leur baufme,
quinte eflence ou extra&ion fey>reparera en
la maniéré fuiuante pour remedier aux epi-
lepiies.
Autre On prendra donc des racines de vrdy hellebore noir,
ttraflto cueillies au mois de Septembre , le Soleil efiantdufignc
d htüeho- £a £Une^ m Bdie-f, aumois de Mars, c efi à dire
enuironl'vn oui’ autre Equinoxe; car alors les racines
font vertueufes çr tontes mouillées de leur humeur na¬
turelle.. Les ayant bien mondées, mis trempes en vin
liane, O- fait de(feicher,pilezjes dedans vn mortier
de marbre auecvn pilon de bois, efi ans concajfees, cou¬
pelles aueedes ciseaux, aïnfi les ietté s dans vn a-
lembic de verre, efpandant par dejfus les eaux de t>e-
uome,des fleurs de petit muguet & de fiulcy,de*cha~
cune autant qu A Jufflr a pour les abreuuer & mouil¬
ler , efqiïelles eaux on aura peu adiou fier de l’ejpnt de
vitriol, afin de les rendre vn peu acides. On iàïrrœdi-
gerer toute cefle matière par vingt quatre heures hfe»
moderég dont la liqueur fit en findifiillée & recueil*
DY CERVIAV, 3 Z J
l le dans vn récipient adapté au chapiteau de l’alem-
hic,jnon a perfeéhon ou mfiquk ficcité entière: mais
en forte que les feces f oient encor es humides, fur lefqnelr
les vous refpandrezj' eau dijhllee, CT les mettrez^ en-
cores digérer par autres vingt-quatre heures, afin d'en
exprimer puis apres tonte la liqueur Crfitbfiancé dans
vneprejjè accommodée pour cet effeB , ayant Jeparé
Çr remis les feces. Toute l’exprefiion foitreuerfee dans
l'alembtc, pour derechef en difiiller l’eau tant quel
rèjle au fond vne conffience deJjrop ou de miel: fepa-
rezjCr remettezjncores vne fois les feces dedans l’a •
lembic, comme nous anons dit fur lejquelles vous re-
fandrezjefie eau, afin de reietter leur digefiion par
vingt quatre heures, CT dé en exprimer finalement tou •
telafiibfiance auec la prejfe fort ferrée, referuant k
part les feces arriérés, Cr méfiant l’exprefiion auec la
Jufdite conffience de Jyrep, Mais l’eau difiillée fit
refiandué fur lefdites feces comme au par auant, pour
faire vne infufion qui en apres fera exprimée CT mife
auec le Jyrop : Cela f fera continuellement iufqua ce
que les racines ou leurs feces ne rendent aucune fauem.
Ce qui dénoté pour certain que l’exprefiion efi parfais
te, cr l’ejfence des racines tontes efpuifee.
En apres vous verjèrezi dedans vn matras k long
col les Jyrops qn ' aurezjeJhruezjomme nous anons dit
çydejfus, lefiquels d’ vne hure de racines, rendent enui-
ron quatre onces de baujmei adiouflezjyle tiers ou le
quart des eaux difiillees CT gardées (car la quantité
des eaux referuêes efi plus grande que celle des Jyrops)
Ct remettezjugere-r levaifieau dedans le Bain Marie ,
tufqu’k tant que l’eau fiait teinBe en couleur rouge :
pre s qnoyon la vtr fera par inclination, crfiparera dtp
- X iij
p:S DES MALADIES
fediment refiant au fond, le mieux que faire fi pourra,
quony reuerfe encores de nome Ue eau, puis on ia fipa-
rera, ce qu'il faudra reiterer par tant de cohobations
iufqua ce que toute ce fié Jubfiance de miel extraite
foit pajfée en ces eaux en forme d'ejfence pure ey-
tres-claire : Laquelle cohobation fera parfaite, s'il ne
refie rien au fond du vaijfeau,finon quelque lie inutile
eyr defiituée d,e toute couleur ou teirt&ufe, qui efile pi¬
re venin de l hellebore.
Cela efiant acheué,ou me fine pendant l'operation,
vous reduirezje marc en cendres a feu dereuerbere fé¬
lon l'art, O" ce apres l'auotr bien efpremt, puis ayant
fcparé a petit feu l 'eau qui contient les teintures fufdi -
tes, tant qu'il refie vne confifience de (yrop,ouplufiofi
vn tres-precieux baufme a hellebore, on tirera tout le
fil des cendres auec l'eau extraite conformement aux
reigles. de l'art, l'eau en efiant imprégnée confite,
on ia verfira dans ce firop ou baufme d'hellebore re¬
muant & méfiant bien le tout : puis elle fiera dijhUée
de rechef, iufqu'a tant que la matière demeurant au
fond foit encores vne fois réduite a confifience de jyrop
ou de baufme,atiee lequel fer a méfié & comomt fin fil
qui contient en fày la principale vertu pmgatiue de
V hellébore. Vn fcrupule de ce baufme helle-
borat diffbut en vne ou deux cuillerées de
fon eau, ou d’autre liqueur conu enable,.eft
vn inerueilleux purgatif & excellent mon*
dificatif de la mafle du fang: lequel ne fufEt
pas feulement àdomterles epilepfies, mais
il eft auffi tres-éfEcàcieux pour fubjuguer
toutes autres maladies déplorables 8c aftra-
les, telles que font les efpeces de manies &
BV C ER VE AV. 3*7
melancholies qui fe mocqüent ordinaire¬
ment des remedes vulgaires. Et qu’on ne
m’obieéfe point icy la difficulté de l’opera¬
tion, carTvtilité & l'excellence du remede
nelarecompenfe que trop:Ioint aufli qu’el-
le eft tref-facile à ceux qui y font tant foit
peu verfez. Quant aux defpens qu’ily con-
uient faire,les riches à qui ces remedes fem-
blent eftre dediez, les payeront facilement»
& ils leur feront rendus auec grande vfure.
Car c’eft à iceux que nous auons dédié des
préparations fi excellentes: Mais pour ac¬
commoder nos préparations balfamiques
aux gens de moyennes commoditez à qui
ces médicaments pourroient fembler trop
chers, comme auffi à la capacité des Apoti-
caires inexperts, il conuiendra faire ce qui
s’enfuit. En lieu des eaux de peuoine,de pe¬
tit muguet&de fouley, on fubftituera l’ex-
tradibn des racines d’hellebore, faite par
décodions réitérées auec petit laid,ou laid
diftillé, 8c fouùentefois exprimées de mef-
me , afin que la vertu dès racines pafle en
i’expreflïon 8c y demeure. Ce qu’il faudra
repeter tant de fois (à fçauoir, reuerfer, re¬
mettre bouillir, & exprimer) que la derniè¬
re expreffion n’ait aucune faueuf. Ce qüi
tefmoignera que toute la fubftance & vertu
de hhellebore fera paflee ez eaux,petit laid
ou liqueur exprimée.
Or en chaques liures delà liqueur expri¬
mée vous adioufterez deux onces de feuilles
X iiij
' DE S M\A LADIIS
de fené,cloux de gy rofles, canelle,maeis : de
chacun vue dragme & demie, femencesd’a-
• nis & de fenoil doux : deux dragmes de cha¬
cune, deux pugils de fleurs de rofes rouges
vn pugil des fleurs de nénuphar: tout cela
eftant infusé & exprimé, verfez en l’expref-
fion autant de gouttes d’efprit de vitriol
qu’il en faudra pour rendre toute mixtion
vn peu aigre. Ceux qui par ignorance im-
prouuent & rejettent l’vfage de l’efprit vi¬
triolé en medecine, duquel toutefoisonne
peut aflez priferny eftimer l'excellente ver¬
tu, foit à extraire les, teintures des medicar-
mens, foirpour fermenter toutes les chofes
efquelles on le mefle , foit à contempercr
leur trop grande chaleur, & corriger leur
malignité : ceux-là , di-je, en1 lieu dudit ef-
prit y mettront pour chacunes onces autant
de fuc de citron ou de limons (lequel imité
la nature de vitrioîjqu’ifen fera requis pour
l’enaigrir,le tout foit bien ma<~eré,digeré&
fermenté trois ou quatre io urs durant: puis
on l’exprimera, on extraira aufli par diftilla-
tion faite au bain marie,ou ez cendres chau¬
des la liqueur de l'exprefliô,iufqu’à tant que
ce quireile au fondait acquis vne confiften-
ce de miel: à quoy vous adioufterez fuffifan-
: te quantité de myrrhe & de maftich pulue-
rifé, &,fi bon-vous femble, vn peudéirha-
barbe, pour en faire vn.epetite malle de pi¬
lules. D ont on fera prendre feulement vne
pilule po'ur chacune dofe : l’opération delà-
BV C E R V E A V. W
quelle fera heureufe, 8c pénétrera iufques
aux racines & leminaires du mal, afin d’arra¬
cher 8c d’efpuifer tout ce qu’il y aura d'im¬
pur 8c corrompUjCe que les remedes vulgai¬
res, comme nous auons dit, ne peuuent nul.
lement effectuer.
Auec la première elFence d’hellebore,que
nous auons vfürpée comme meilleure que
l’autre, & dont nous auons promis le droidt
vfage, on pourra conjoindre (fi bon vous
femble) l’extrait d’aloes, de fené, d’agaric 8c
de rhabarbe, ou l’extraiâ: de feammonée 8c
de coloquinthe, defquels extraits les for¬
mulaires fe trouuent. en noftre Pharmaco¬
pée des Dogmatiques reformée : dont on
compofera vne forme d’opiate, ladofede
laquelle foit vn fcrupule : ouy méfiant fuffi-
fante quantité de myrrhe , caftoreum 8c
poudre de fené, il s’en fera des pilules: vne
feule defquelles prinfe feulement en dofe
d’vn demi fcrupule, ou d’vn fcrupule entier
pour les plus robuftes, opéré tref-puifiàm-
mentparfelle fans aucune efmotion. Si l’e-
pilepfie fie fait par correfpondance delà ma¬
trice, vous y pourrez, fi bon vousfembles
adibufter l’eflence ou huile de fæçulabrio-
niæ & d’alfa foetida.
Il y a encores quelques autres maniérés
de préparer 8c d’extraire l’effence d’helle-
t>ore , lefquelles nous auons deferites ailr
leurs àu liure que nous fifmes il y a vingt-
f ifiq ans & d.’auantage, touchant les prepa-
3J.O DES maladies
rations fpagyriques ■, où nous renuoions les
Pharmaciens peu ou point exercez ez ope¬
rations chy miques,qui y pourront trouuer,
comme auffi ailleurs vne préparation fort
aifee, voire vulgaire, & vne operation de
fortpetite defpcnfe.
Voila donc l’explication des remedes que
les Hermetjques prenent entre les végétaux
pour purger en ce genre de maladies ,lef-
quels à raifon de leurs vertus fignalées ne
s’approprient pas feulement aux epilepfies,
mais conuiennent auffi tref-bien au vertige
Ôcz l’apoplexie. Quant aux purgatifs métal¬
liques beaucoup plus nobles & plus excel-
lens, 4onr lefdits Hermétiques fe feruent
pour euacuer les caufes occultes desfufdi-
tes maladies, nous les différons en leur
propre lieu.
e k ap. xxv.
Des réunifions ^denudtion s & autres inten¬
tions curati&es des Hermétiques t comme
du fil de leurs confortât ifs fieeifques,
Po vr le regard des reuulfions & deriua-
tions neceffaires,les Hermétiques lesre-
elyflttes Çoiuçnt &: r ecommandent auffi bien que les
des De- D ogmatiques , fur tout l’vfage frequent
gmati. des clyfteres , mefme des irritans, horfinis
toutefois les décodions céphaliques qui ênr
nv Gïrveav. . 33r
flament & efchauffent par trop: au lieu def- qnts
quelles, & de 1 hiere de Paccius ou de Loga- P rauk
dius,& d’autres tels remedes trop efchauf-
fans & attirans, qui en la cure de ces mala¬
dies font vulgairement introduits en tels
clyfteres,& qui pour la plufpart (comme dit
a efté) engendrent quelques matières plei¬
nes de vapeurs,& des exhalaifons chaudes &
feiches. Au lieu,di-je, de tout cela ils fùb-
ftituent en leurs clyfteresvnremede purga¬
tif beaucoup plus excellent,lequel fans ma-
ilifefte fentiment & qualité de chaleur ex-
cefliue, a toutefois vne vertu & faculté fort
attraétiue, par laquelle il opéré merueilleu-
femertt bien. Tel qu’eft le fafran métalli¬
que ou des' métaux, comme ils l’appellent,
qui eft vne certaine préparation fpeciale de
l’antimoine préparé auec nitre : par lequel
nitre l’antimoine eft rendu fixe &defpôuïl-
lé de fon fouphre arfenical, en forte qu’eftat
ainfi cuit à perfection, onle peur prendre au
dedans par la bouche fans aucune violence
ou perturbation de corps : Beaucoup moins
eûneut il le corps,eftant meflé & infufé dans
la decoétion de çlyfteres. Mais nous parle¬
rons cy apres plus amplement, tant de la ver¬
tu & excellence de ce remede, que de fon
vtilité & merueilleux efFééts.
Outre l’vfage frequent de telsclyfteres,
qui ont quelque particulière vertu & fpeci-
fique energie eomienant à la nature de ces
maladies, &c qui opèrent auffi félon lafacul-
33* DES MAL ADI ES
cé & propriété des décodions, qui fepcu-
uent diuerfifier, y adiouftant toufîours quel¬
que remede fpecifique , fans regarder au
moy en d’efchaufFer ou de refroidir : Ce qui
toutefois eft trop curieufement obferué par
les médecins vulgaires, , -
Les mefmes Hermétiques ont pareille¬
ment en auffi grand t eftime que les Dogma¬
tiques , la prouocation du voiniCement,
Eouuerture des Hémorroïdes 8c des men-
ftruë's, comme aufïi la fedion de la veine fa-
phene ou mefme d’vn autre, félon qu’il eft
expédient ,1’application des ventoufes,frot-
temens, fortes ligatur es, fternutatoire;s, er-
rhins, mafticatoires,& ce pour particulière¬
ment defeharger le cerueau. En fomme il
n’y a aucun de tels remedes qu’ils, nadmet-
tént, veu mefme qu’ils r eçoiuent les cautè¬
res foit aduels, comme ils les appellent, foie
potentiels t d autant que leur vfage fert aux
réunifions 8c deriuations.
VamU Mais toutefois les Hermétiques fe fer-
fësre. uent de ce vomitif & fternutatoire fîngulier,
au lieu de tous autres: à fçauoir du fel de
vitriol deuëment préparé, qu’ils employent
auec tréf-bon fuccez n’en faifans prendre
que peu de grains, diffouts dans vne deco-
dion conuenable, ou en eau diftillée, ce qui
prouoque vn doux 8c vtile vomiflement. Le
mefme fel e fiant foufïlé ez narines, defehar-
ge particulièrement le cerueau, & le repur?
ge à merueilles : L’vfage d’iceluy eftbeatt-
D V e E R V E A Vé . 353
coup plus falutaire ,& moins nuifible que
l’hellebpre blanc, qu’on â vulgairement ac-
; couftumé die mettre en vfage pour cet effet.
Pour corroborer & affermir le çerueau 8c Con^f:
parties, offenfees, voire pour corriger l’in- tatifs des
temperie, & refondre les reliques, les Do- dogmati*
gmatiqués- font ferüir à celle fin les perles, 2*<sv
margarites, coraux, granates , rubis, faphis,
l’hyacinthe, le Iafpe , la pierre d'azür, l’or 8c
l’argent réduit en feuilles ou limaille, la cor¬
ne de cerf, celle de licorne, le camphre. Ici
chermes & autres de tel genre : dont ils
comppfént les confections d’aikermes,
d’hyacynthe , de granates , diamargaritum,
de irubis, de pierre eftoillée ou d’azur, com-
# me auffid’antidote Alexandrin, le diainarga-
ritum chaud & froid, pu mefme l’antidote tidotts
de margarites & de coraux d’efcrite par Ni- leB. io*
colas'Myreps : Lefquelles confections re- ebaP
çoiuent l'or &: prefque toutes les pierres W
precieuCes de autres tels corroboratifs qu’on
admet aufli pour fondement & bàfede plu-
fieurs autres antidotes, & ce fans nulle pré¬
paration des ingredüens,.hprfmis^;u’ils font
feulement réduits en poudre, comme nous
dironsincontinent, ' r ^ u
Or enlieu d’iceuxremedes groffieremenc
préparée qui feruent pluftoft à dorer leven-
tricule auec l’eftomach, 8c à, les enduire de
pierres qu’à fortifier le cerneau, veu.que l’e-
ftomachne peut cuire ny vaincre tels reme¬
ts grofiiers , ny par confequent les tranf-
334 DES maladies
porter ez veines, afin quels fubftance de
noftre corps en püifle iouÿr : Ceux cÛén,
Confort, tre les Hermétiques qui font tant foit peu
desHtr- exercitez, ont di-je accouftumé de fubro-
mtupeo ger cn leur plaCe les magifter es de co¬
raux & de perles ex tr aids artificiellement
auec acidité vitriolée de montagne , ou
auec celle qui diftille du geneure, guajac,
ôc bois de chefne , qui comme nous a-
uons pieça enfeigné au cinquiefme lime
de noftre grand miroir du inonde , a-
bonde en telle acidité par deflus tous au¬
tres. Comme auffi les eftènces de rubis,
grànates , efmeraudes ôc faphirs extrai¬
tes par le moyen de telle acidité vitrio¬
lée qui gift' fecretement au fel marin, ou
de nitre Ôc de pierre , laquelle auffi. le
moindre operateur dés Spagyriques fçait
Teintures tirer ôc feparer defdits fels , lefquels
iesfter - Spagyriques reduifent telles pierres pre-
cieufes en effences- tèindes de leürs pro¬
pres couleurs , comme celles des rubis
ôc granatés retiennent la couleur rou¬
ge & folaire , celle-d’hyaeynthe k tein¬
ture jaune , celle de l’efm eraude la:côu-
leur verte Ôc de Venus , du fapphyr vné
teinture fapphyrique & Lunaire.: Aùf-
quels pareillement eft notoire l’artifice
d’extraire la teinture de Kermes , bien
autre ôc different de' celuy , par lequel
D V CERVE A V.. - 3 51
les Teinturiers tirent la couleur de l’ef~
carlate , c’eft ainfi qu’en noftre pharma¬
copée Spagyrique nous auons enfeigné
à tirer artificiellement les efTences & hui¬
les de camphre & de crocus ou fafran ; 6c
monftré clairement là mefme à premiè¬
rement calciner l’or 6c fargent pour
les tranfmuer en liqueur potable . par
le moyen des feules huiles de gcne-
ure , 6c de fauge deuëment préparées
6c appropriées à cet efFeét : Lcfquel-
les eflences foit qu’elles ayent con¬
fidence de fel , ou forme d’huile 3 fbit
quelles foient fimples 6c feparees , ou
auffi méfiées . les vnes auec les autres»
fe prenent ordinairement dansvn bouil¬
lon ou quelque autre liqueur conuena-
ble : & par ainfi font elles diftribuées
en nos veines , leurs efprits fe con«
uertifiàns & meflans ez noftres , qui
en eftans corroborez 6c rendus plus
forts , peuuent facilement 6c fans nul¬
le difficulté arracher 6c ydü tout extir¬
per les feminaires , voire mefme les
plus occultes racines de toutes ces mala¬
dies.
D’auantage , au lieu des conferues
de rofmarin peuoine , fauge 6c autres
femblables , les HermetiqüeS fubftituent
pour mefme effeét leurs huiles &efiences:
336 DÉS MALADIES
a en lieu aulïi de thériaque ou de mithridae.
ils employent leur eiTence extraite auec eau
de cornette de ieune cerfïoumefme les eaux
qu’ils appellent theriacales , antepilèpti-
qücs, antapopletiques; & antiparaly tiques
& autres telles eaux fpecifiques , qui con-
uienHent , & font propres à ces maladies!
defquelles nous auons ja parle çy deflus,
êc dont nous auons deferit en noftr édité
pharmacopée, les formulaires empruntez
de i’efchole Spagyrique ou Hermétique,
afin d’en amplifier 5t illuftrer les preferua-
tifs des Dogmatiques, qui autrement font
à part foy deftituez dé tout ornement &
bien fceance. ; -
Ch a p. XX VL
De U préparation Spagyrique du Crâne hu¬
main fpecifique à l’epilepfie.
Sv a n t aux remèdes Spécifiques , les
Dogmatiques , ainfi qü’auons dit eil
ieu , en pratiquent beaucoup de fem-
blables: Entre lefquelles nous auons def¬
erit nos eaux antepileptiques d’hirondel¬
les , de pies, ornées & amplifiées de pa¬
reilles additions des fels extraits d’iceux
oifeaux Sc prins des Hermétiques , entré
lefquels Dogmatiques , mais principale¬
ment modernes, il n’y a aucun qui ne prefe-
DV • CÉRVEAV. 337
te le crâne humain à tous medicamenspro- jymerq
près &fpecifïques à celle maladie, appro- opinions
prians le crâne humain à la femme, & le detDo-
mafculin à l'homme, neantmoins ils ne font gmatt-
pas bien d’accord entre eux touchant la pre- i“es i6!i'
paration d’iceluÿ : veu qu’ils veulent qu’on ‘ Ia
le prene réduit en cendre blanche * les tien du
autres fans calcination ny aucune prépara- aanehu-
tion, mais tel qu’il eft de foy: eftimans que nain.
Fardeur du feu confume 8c delfeiche tout
humeur radieal, dé tour principe vital, en
quoy ils fe. trompent grandement, & mon-
firent par cela que la feule anat o mie exté¬
rieure des chofes leureft notoire, nonl’in-
terne, & que iufqu’à prefent ils fe fontamu-
fez feulement à l efcorce des chofes, non au
noiau ou à la moüelle, comme nous ferons
veoir cy apres quand rious parlerons des-ad-
mirables vertus & effedls des fels.
Nous introduirons donc icy la prépara¬
tion du crâne félon l’induftrïe des Herméti¬
ques î d’oi nous tir erons des remedès mer-
ueilleux , particulièrement contre l’epilep-
fxejl’excelléte & fînguliere préparation du¬
quel eft fon magiftere, Leauslfefa.it en mettant
•vn ou deux- crânes recens bien defuiezjle toute chaire -Magifî?~
& coupez, en morceaux ou raclures, dedans vue cor- ***** eTa~
nuë ou retorte, qu’on appelle, an tuyau de laquelle
foit adapté vn récipient capable, de peur quvnmp ja prtp[.i
ejlroit ne vienne a fe brifr par la force & abondance ratio»-,
des ejprits frtàns de la retorte, plantée enterree
dans du fable. En laquelle operation H ne faut nul-
Stldt
tr an*
humai».
333 DES MALADIES
lement épargner le feu quon appliquera félon l'art
dejfus dejfous Cr a l'entour pour le fouffier continuelle-
met Je forte que la retorte en fait enfiambée Cretnbra-
sée: aufi ne cefera-on point d’entretenir le feu iufqua
ce qu'il ne forte plue d' effrite blanchafres de la cornue
auvaje récipient, ce qu’on cognoifira facilement a té-
elarcijfement dudit vafe , la clarté duquel tefrmi-
gnera affez^qu il ri y refie plus aucuns efirits s'exha¬
lant, ny huile rouge, dont il efioit troublé & obfcurcy
auparauant. Cela efiant apperçeu, on né continuera
plus le feu, maie on le lairra efietndre de fymefme
petit a petit, Cr les vaifieaux fe refroidiront fans qu’on
y touche, ny qu on les remue de vingt-quatre heures^
afin que les e finis s'ajfermifient aloiftrdanslc reci-
fient, & s y arrefient ou demeurent coys . D'oufina*
lement on verfera & fèparerala liqueur Manchafire
£r trouble comme laicl, qui difitüe ordinairement de
chaque crâne en quantité d’emiron quatre ou cinq on-
ces, & fir laquelle nageront ennironfix dragmes ou
demie once d’vn huile aufii rouge quefang : Mais les
fie ces refiees au fond de laretorte,noires comme vn char -
ion broyé. Je deuront réduire en cendres blanches a feu
de retterbere : dont on extraira lefel mec eau depeuoi -
ne, ou auec quelque autre de nos eaux difiillées ante-
pileptiques. Car le phlegme d’vn ou deux crânes nt.
• fournit Juffire à cet ejfeft, finon que par aduanture on
en tire abondamment de plufieurs crânes. Ce fl foit
dijpMt, filtré er coagulé auec la mefne eau, ce qu on
réitérera plufieurs fois iufqu'a ce qu'il foit parfaite¬
ment mondifié dépuré, mais toutefois pendant que
vous sacquerez, à. T operation de cedit fiel, vous rèpete-
rvqsar trois on quatre fois ladifiillatmde la liqueur
DV CERVEAV. ..
eoniointe auec fa teinture fiumageante. Or comme
ainffiit que tout cela rend -une couleur tref-forte, four
Ven Priuer on paffera la liqueur a traiter s vnpeu de
colchotar calciné de vitriol de Çyj>re ou de Hongrie 9
qui en deuiendr a vrayement dorée & tres-precieufe,
contenant en fin huile ou fouphre le mercure mejlé a-
kec fa teinture, dans laquelle liqueur ji vous faites difi
foudre fin propre fil, qui a part fôy çr tout Jîmplé ejl.
vn fouuerain rernede contre l'epilepfe,cefira vnreme-
de tres-parfatft : Duquel fi vous faites prendre deux
ou trois gouttes dans vne demie cuillerée d’eau ante»
pileptique ou theriacale, durant cr hors le paroxyfine,
continuant a ce faire chacun iour par l’ejpaced'vn
mois, vous obtiendrez^ auec l'aide de Dieu laparfaitt
guerijoh de cefle maladie .
addition,
À Ce Magiftere de crâne Humain préparé
Comme deflus, fi vous adiouftez efleriée oit
inagifteréT dé perles & de coraux : de chacun
vne dragme, diamofeum, diacaftoreüiti : de
chacun demie dragme ,. efprit de vray vi¬
triol, c’eft à dire extrait auec fa verdure,
vint-quatre gouttes , huile de femences de
peuoine vingt- gouttes, miel anacardin vne
bhce,le tout foie méfié enfemble,foit circu¬
lé dans vnpellican au Bain Marie pat trois
bu quatre iours. Cela efiaht fait oh gardera
foigneufement la liqueur extraite pour en
prefenter quand il fera befoin,vn fcrüpule,
ou feparement, ou dâns quelque autre li¬
queur, telles que foftt les precedentes, &
340 DES MALADIES
vo’en verres pr ouenir de merueilleux effet*,
^Abrégé de cefte préparât ion.
; Genx qui craignent d’employer tant de
temps & de trauaii en ces préparations,
quoy que tref-ytiles, pourront tenir vne.
méthode plus brieue qui s’enfuit, c eftàfça-
uoir , Quon prendra vn ou deux crânes nouneüe-
ment defeharnes , qui naurot iamais effe dans ter¬
re où enfepulturh, puis-, on {es réduira en morceaux ou
en raclure, dont là liqueur auec les ejpntsifèra, comme
cy.dieJfM, extraite pardifltllation dans laretorte, ce qui
Je parfaiB en vn feul tour: en apres vous dijhllerez^
encores Jimplement Joute, cejle liqueur, par deux fois»,
afin de ta rendre plus pure, laquelle .operation nere -
quiert pas vn tour entier. quatre. onces de cejle li¬
queur fi vous adioujlèzynë dragme de cajloreumre-
chitjdem dragme de dumofinm & autant de con -
fëitioft dfulcbermeSj'uM once.de bnel anacardm, tOef^
U%btenletout enjèmblejejitbjirnez^ençoresa chaleur
dèhsendtés par Talenhb{c jjjfj adioufte^ dieffencede ce-,
ram ^deferlûextmiteanec e^rii-d§Vjriol,vne::
dxdgtiiederhacmejwrùmeaufii vingt gouttes dhui-.
la d'ambre, dix géuttés d’£u%§>ddçanelle1 & autant
J* belle d':ank, ^finalement Jvomfaitesprendrevn
JèupsdedrceJlemixtion'.damquelqueeauconuenable,'
Vous verre^des meràfiMÈsiponrueu.que;ltvJige rien
J^jomtrdifcmdÂuhdivP^tune a t autre, . : r, . ,
*■' \ 'JdtûkKè préparation du crâne ta Jlits: r
•' fai If Je toutes.
-•aÇonune ajnfi foit ,<jiie les crânes «cens
©V CERVEAV. -341
ne fe recouurent pas toufiours ,& que la ma¬
niéré de les defcharner n’ effc pas facile à
tous, comme à ceux qui pratiquent ordi-
nairementles anatomies : enlieud’iceuxfc
pourront employer ceux qu’on tire fraif-
chement des fepulchres yencores que leur
Bonté n égalé pas celle des autres, pour au¬
tant qu’il y a moins ou point d’effence mer¬
curiale, dont les recens & non enfepulturez
ont abondance : Car la terre n’en a rien ef-
puifé, comme de ceux qui ayans efté long,,
temps couuerts de la terre nitreufe des Ci¬
metières, & par confequent defpouïllez de
toute chair, moiielle,& de la liqueur mercû-
riale & fulphurée qu’ils auoieiit deîeur pro¬
pre nature, en font deuenusfecs, arides, ce
qui n’aduient pas àleurs Tels, qui à caufe de
leur nature plus fixe reliante au refîdudcs
os ne peuuent e lire attaquez de la terre,tant
s’en faut qu’elle les puifle confumer. Car
ainfî voit on prefquc par tout des os qui fe
conferuent nets & entiers iufqu’à vue-infi¬
nité de fîeclesjfans détriment ny perte aucu¬
ne de leur fojtnfe pu fubftance plus fixe. Or
ii faut choifir les cranesqui n’auront gueres
demeuré au fepulchre, defquels on extraira
le fel en la maniéré fuiuante : lequel fera vn
rcmede plus fingulier & plus fpecifique»aux
epilepfies, que fi on prefentoit la feule pouÇ
dre non préparée , ou mefme calcinçê iuf-
-qu’à blancheur,. car le fel artificiellement
cxtraiél . du crane fe refout facilement enli-
Ÿ üj '
541 D E S M A t-A l) I E S
qheur, qui Ce communique mieux à nos vei-
nés & efprits , & pénétré d'auantage que
huile poudre ou cendres ençores hebetées
8c opprimées pàf leur terre &mafle corpo¬
relle. Auquel fel confident pour certain,
& font abondamment contenus l’humeur
radicale, & le principe vital, non feulement
des crânes, mais aufii de toutes autres cho-
fes. Dont il s’enfuit que ceux d’entre les
fîmples qui font plus abondans en feront
d’auantage de vigueur, 8c refiftent plus vcr-
tueufement aux jniurcs des temps, de forte
que huiles froidures, ny chaleurs ne les peu-
uent de ftruire, vaincre ny faire perdre leur
verdure 8c vigueur, ce qui toutcsfois arriue
aux autres qui en font moins remplis. Le
mefmë fe voit cz animaux , entre lefquels
Ceux-là font plus vigoureux, & de plus lon¬
gue vie, qui ont naturellement plus grande
quantité de feL D’auantage les parties de
l’animal qui en ont plus grande abondance.
Comme les os,font moins fubietes a corrup:
rion, 8c plus efioignees de leur fin. Les for¬
mes des chofës refidcnt cafchées efdits fels.
Ce que nous efclaircirons cÿ apres par exe*
pies, afin que chacun puifle veôir à l’œil, &
comme tafter auec les mains toutes les pro-
prietez 8c effets admirables qui gifent fé-
cretement, 8c font contenus en ce principe
Vital - '• . ■- " •' '• -
Pour doncques enfeigner la façon d’ex-
|raïrc facilement le fel du crâne fans p erte
»v cerviav. .343
de temps ny grands defpens , en faneur des
Pharmaciens & Operateurs moins indu-
ftrieux, comme auflî dés malades qui par
indigence font contraints de sabftenir de
grands frais,nous procéderons en la manié¬
ré qui s’enfuit.
Prenezjrois ou quatre crânes , ou mefmeéV auanta-
ge, qui confine nous auons dit, ri auront gueres demeu- **'£™*'
ré dans terre, meetezjes en morceaux ( i entend parler ft\&e (fa„
feulement des tefis fans les mâchoires ou mantibules) ne
çela efiant fait, ils feront bien detergezjCF nettoiezjt- main,
uec du vin, fuis infufizzen vin blanc, dans lequel
en aura macéré des doux de gyrofies, macis, fieim de
rofinarin, de muguet, tillet, foulcy, CF de fauge: Ce
qu en apres il faudra repet er deux ou trois fois, afin
qu ils Joient bien abbreuuez. „ de ce fie mfufion de vin.
Lefdits morceaux de crânes ainfi preparezjàient mis
dedans vne coupelle de terre non vernie qui efiant posée
dans le four dereuerberationdit /Cthanor , on les y ré¬
duira en chaux en cendre blanche d feu de charbons
non de lois. Iettezjadite cendre dans vnmatr ai dé
verre : fier laquelle vous ver ferexjtutant d’eau de rofi
- marin quelle fumage de qu atre ou cinq doigts. Le
vaiffeau foit bien- lut é auec fapmCF cire d’ Efpagne,
afin que rien ne s’ enpuiffe expirer, puis ilfèr a colloqué
au Bam Marite bouillant, pour, y efire digéré CF circulé
par quatre ou cinq tour s, auquel temps Veau Je teindra
<Cf imprégnera du fel des crânes comme vne lexiue:
le vaiffeau efiant refroidi , on efpmfèra V eau par incli¬
nation, cf de rechef on efiandra de Veau recentefur
la matière pour faire vne muueüedigefiion CFcircu-
lation comme dejfus, ce qu ilfaudrareitererplufienrs
Y iiij
P‘>*tes- -,
ls no*
gtiiatiq.
.344 des. maladies
fox tufqua ce que tout le fil fit pafée%j4ux: de refit
eammpregne'e de Jêl on pomra.prefienter demi cuillerée
déârgetpourîa cure de l’.epâepfie chronique fiitprefin-
te , fit future ou d venir. Mais fi nom voulos fieparerle
fl (le cefie. eau, on verferatontes les eaux imprégnées
das vn .ydebic ou l'eau fera dijhllée du fil qui refera
aufond'dumefine^lembic : fivomledefirezjendre .
plus pur & cryfiallin,- il acquerra vne expreme pureté
pari folutions, filtrations coagulations fiuuent réi¬
térées en mefme maniéré : il efi trefippècieuxCr de
grande vertu efiant feulement méfié auecles efiences .
de coraux, perles, Çr autres telles matières antepilep.
tiques. .• • \ • '
C H A P. XXVII.
Ve U pleniere refolut ion (ÿ* confomption du
femwdire des maux fufdits, duec l’ffdge&
préparation des remedes locaux 3 félon les -
Hermétiques.
Po v r entièrement refoudre & confu-
mer les reliques des epilepfies, longs
tournemens de telle, & des Apoplexies qui
degeiiBreiit en Paralyfies. Apres les prépa¬
rations , évacuations , réunifions , deriua-
rions & corroborations precedentes. Les
Dogmatiques ainfi que défia il a efté dit,
pratiquent les Diætes qu’ils appellent, c’eft
à dire les décoctions hyd.rotiqu.es- & fudori-
fiques compofées de guajac , chine ? falfe
DV CERYEAV. . HS
perile, faffafras & d’autres tels fudatifs vul¬
gaires. Quant aux Hermétiques, ils admet¬
tent bien tels remedes à rnefme fin & inten¬
tion; mais outre ce ils y meflent encores
leurs Tels, ou liqueurs acides, qui en moirir
dre dofe,&ians exces de chaleur font beau¬
coup plus duilibles aufdites maladies. Hydroti*
En cecy furpaffent ils encores les Do- fpe*
gmatiques qu’entre les hydrotiques vege- afiquet
taux,ils en cognoiffent & ont quelques fpe- 4es Htr“
cinques* qui par certaine propriété con- g
uiennent fingulierement :à chacune de ces
maladies: comme pour PEpilepfie ils ont cet
hydrotique {pecifique, a fçaüoir le guy de
chefne préparé : la femence de peuoine, &
la raclure du bois de buys , laquelle peut
rnefme remedier aux vertiges inueterez.
Contre les paralyfies ils employent vn hy¬
drotique de bois de genëureauec fleurs de
foulcy,lauende,& de rofmarin eh grande
quantité, adiouftans leurs fels à chaqueshy-
drotiquès pour les rendre plus vtiles, com¬
me auili quelques gouttes des liqueurs aci- » .
des d’huile ou d’efprit de vitriol. Outre tout
cela, ils ont d’autres hydrotiques prins de
fubftances métalliques encores beaucoup
plus excellens & meilleurs que les autres*
defquels nous parlerons cy apres en leur
propre lieu, dot on pourra apprendre com¬
bien ils font abondans & riches en reme¬
des, & combien ils ont d’excellence &d’in-
duftrie à préparer & cuire lesbydrotiques
34$ maladie’?
tirez des. végétaux : par quoy aufli on verra
combien il s’en tire de belles obferuations
qui furpaflent toutes les vulgaires, moyen¬
nant que fans aucune malueillance la chofe
foit iugée félon l’équité. Outre les formu¬
laires que nous arums défia defçrits cydef-
fuSjCela paroiftra encores plus clairement
par ceux que nous auons amplement pref-
dits en noftre Pharmacopée reformée.
Pour remedes topiques fe rapportansà
mefme intention curatiue , & duifans tant
aux èpilepfiesinueterées,qu’aux apoplexies
& paralyfies, en lieu des huiles de caftb-
reumjfaugejbetoinejruc, renard^nard, lau¬
rier, poiure, & de femblables vulgaire¬
ment vfitez : comme aufli des communs on¬
guents Mar tial, d’ A grippa, & de bdellium,
dont on prefcrit les formulaires afin d’en
oindre les parties mal difpofées, en lieu, di-
je, de tels remedes , les Hermétiques fe fer¬
ment d’huiles beaucoup plus fubtils, plus
penetrans, attenuans, difeuffifs & fortinans
les parties nerueufes que les autres; Lef-
quels fans addition de l’huile commun d’oli-
. uesfe tirent induftrieufement de toutes for-
fM***9 tes de gommes, de caftoreum , fiyrax , ben¬
join, fîeurs de fauge, de rofmarin,de betoi-
ne,de fouley,femences de peuoine,bayes de
-laurier,de geneure,poiure &d’autrestelsa-
romatiques , de quoy aufli ils compofent
auec eau de vie, des baufmes tref-excellenS
èc odoriferans pour mefraes intentions»
D y ce Ry e A y, ^47
Quand à cc que plufieurs Dogmatiques v-
fent aujourd’huy des huiles de terebenthi- "
ne,petreole,çire & briques ou tuiles, foit
fimpleSjfoit compofez, ç’eft chofe bien cer¬
taine qu’ils ont mendié tels remedes chez
les Spagyriques! comme auffi lès autres hui¬
les qu'on extrait ordinairement de toutes
refînes, graines & axonges, dont fe çompo-
fent mefrne des linimens admirables : les¬
quels font principalement conuenabies aux
contractures, & àlaparalyfie : Leurs prépa¬
rations fe peuuent veoir en noftre Pharma¬
copée Dogmatique , amplifiée & ornée de
de tels artifices Spagyriques*. Nous n adiom
fteronsiçy deflous que deux ou trois formu¬
laires de tels remedes locaux qui font fort
’vtilës, principalement à toutes fortes de pa-
ralyfîes & contra&ures, foit récentes , loit
inueterées. ^
Prenez^ huiles de refînes & de terebenihlne extraits
fpaginquement: de chacun zme Hure gr demie, galb.
bdel. fèrapin : de chacun quatre onces , cafror deux g; *>»-
onces ,bemom,fljrax calant, de chacun im once gr dé- traüuves.
mie,graijfes de teffon, de conmfâ'oye, d'anguille: qua¬
tre oncesde chacune, moüelle de pied ae bœuf deux
onces, excellente eau de vie, deux liures, bayes de gêne¬
ur e, de laurier, femence de penoine pilées: deux oncei
de chacun , doux de girofles , noix mufeade pilez, de
chacun deux onces , poiure long, demi once, fleurs de
feuge, derofmarin, betoine, lauende,foulfi : de chacu¬
nes deux pugils, fuc d’ejeorce d'hieble gr de fk%edU:
quatre onces de chacun : mettezje tout dedans vn ma*
£4-8 DES MALADIES
fias de verre k long col, pour y efire digéré quatre ou
cinq tours en fient de cheual chaud, ou dans le bain
■marie, afin que les graijfis s j fondent, que les gommes
sj dtjfoudent par le moyen de le au de vue, ztr que Us
fjprits Cr ejfencesdes aromates Cr Mtr es ingrédient
y JèientfieparezjCr extraits. En apres le tout efiant
encor es chaud on le coulera <gr exprimer ahien fort en¬
tre la prejfe,£r pour fùbtilifir ddauantage l’exprefiion,
ou la réduire en quinte ejfence plus fkbtile £r (piri-
fuelley elle fera ver fée dans vn alemhic, ou dedans vne
cornue de c mure, qui font des inf rumens fort propres k
âifiiller lesgraijfes <tyr gommes enfimble,ou mefme:
Jeparèment , ce qm Je fera en appliquant le feu par de-,
grezjout a l’entour, comme requiert la dijhllation de
telles graijps. Parce moyen vous aiyrezyn baufine ou.
huile copieux £r de grande vr?tu,participant des ver¬
tus de tous les mgrediés :dont vous fiparerés, fi bon vous
fimble a trcs-lente chaleur la fiubfiance aqueufe du.
vm difillê des autres fiscs, ou b len vous ne la fipàc
rerez^ nullement, cela efiant lai fs é k pofire difiretm.
On frotera de cefte huile toute l’efpine
du dos, depuis le derrière delà î efte iuiqu a
la dernier e ou plus baffe vertebre, corpmç
suffi les parties-paralytiques dcrefoijtes, a-
pres quoy on les enueloppera auec de la toi-
fon graffe faupoudréé de grains de geneur e,
ôc d’autres céphaliques: dont vous exprime¬
rez des effetis merueillcux en toute forte
de paralyfîe 8c contracture, bref en toutes
indifpofitipns de nerfs. .
DV CERfÉAV* 34t
.Autre.
- Pnntzjnuiles de cire gr de brigues composes, &
tels qu’on les mime dejcriis en nojhe pharmacopée die?
Dogmatiques reformée, de chacun vne liure gr demie ,
benioin,ftyrax calamite : trois onces de chacun , cajlo-
reum, myrrhe , de chacun deux onces, euphorbe demi
once, iettesgle tout dedans vn vaijfeau deveire, qui
ejlant bien bouché fera mis dans vm cane ou en quel¬
que autre üeufroid,ajin qù en peu de-temps les gommes
Je dijpudent gr conaertijfent ennature de baujme par¬
le moyen des huiles: Jîuquel, bien qu a part Joy défia
excellent gr de grande vertu, fi -vous adioufeçggr
mejlez^ bien par enjèmble quatre onces d’huilé launn
extraiEl f>agyriquement,graijfes d’ours & detaijfîn
préparées aùjSi chimiquement : dé chacune trois onces ,
vous, aureyvn baufme tref- excellent gr fort pénétrants
lequel Jèra pareillement fort efjjcacieux pour toutes
maladies des nerfs, grpour renforcer, les parties qui en
feront ointtes, car tous les jimples qui. conmennent au»..,
'nerfs, entrent gr laijjent leur vertu en ces huiles, de çpre
Cr de briques compofeZj
Nous auons aulîï enfeigue en noftr édité.
Pharmacopée à faire tels huiles, voire ceux
de laurier 8ç de grailles fans addition d'au¬
tre huile: A l’exemple defcjuels formulaires»
tput Médecin* tant foitpeu verfé ez extra¬
dions chymiques pourra facilement exco-
giter & préparer infinis autres tels remedes
fort excellents, comme chacun peut claire-
ment veoir & expérimenter., En outre vous
Ije ^?r.ez pas mal d’adioufter à ces huiles de7
MS MALADIES
Cire 8c de brique , les fleurs de fouphre, caè
elles s’y peüuent aufll bien diffoudre qu'en
huile de tefebenthine, moyennant que cela
fefaçe en quelque lieu chaud: Mais toute¬
fois le baufme eil acquerra vne odeur mal
'plaifajite , à raifon dequoy nous n’adiou-
flonsïçy lefdites fleurs, neantmoins fi vous
voulez en vfer pour ddFeicher d’àuantâge,
vous pourrez vous feruir du baufme fol-
phuré de Martin Roland defcrit en fes cen¬
turies : par le moyen duquel il feditaüoir
Fait des mérueilles;
Vous auez 8c Voyez donques icy comme
dans vn tableau les ornemens & tîefors des
remedes chÿmiques tant internes qu’exter¬
nes, tirez des végétaux 8c animaux pour
toutes indications curatiues qui coriuien--
lient à ces maladies ‘ Quant aux métalliques
nous les auons remis à vn autre lieu vers la
fin de cet efcrit comme eftâs plus exceilens,
La Mi- P^us efficacieux, 8c produifans des effeds
aerautc plus admirables que les autres* En quoy
tant o- nous fuiuons auffi la méthode des Dogma-
dttux tiqucs,qui apres auoir inutilement employé
*" *es remedes plus foibles. & eflayé pour neât
%Tleur ceux des végétaux & animaux, recourent en
font vn fin le plus fouuent aux métalliques, quand
txtreme ils enüoient leurs malades aux eftuues &
tefogs. eaux minérales. Comme à des remedes plus
alfeurez : &:tourefois ces bonnes gens là
s’oubiiahs eux mefmes les condamnent SC'
rerettérit ailleurs : rie fÇacharis pàs(coriimë
DV CERVEAY., JJÎ
«quelques autres qui aiment mieux mourir
en leur vieille peau ôc grolîlere ignorance,
queper mettre qu’on les façe honteufement
changer d’opinion, comme ils difent) qu’en
Te contredifant ainfî ils font paroiftre leur
grand aueuglement & ignorance^ voire en¬
courent le blafme d’ëftre obftinez & opi-
niaftres en leurs erreurs, ignorans qu’en ces
genres de remedes l’art peut mefme exceder -
éc furpafler en excellence la nature à l’imi¬
tation de laquelle l il baftit fur le fondement
qu’elle apofé. Cela fe voit pareillement en
toutes aütres chofes qui feruent de médica¬
ment , ou d’aliment, car foit que la nature
produire la rhabarbe, coloquinthe & d’au¬
tres purgatifs, foit le froument & les raifinsi
pour aliment, l’art efi toutefois requis 'paut
parfaire ces chofes naturelles , en forte propnelet
qu’elles puiflent feruir à l’homme, & pour dens de ;
les rendre coriuenàbles à la narure d’iceluy, n,atHie *
& plus propres foit à la medecine foiç à la „
nourriture : Ceque les àuêuglés mefme petPj^ ** *
ûent bien recognoiftre par tout aux infu¬
sons des remedes, à l’arf|£ce,diy)aih,^:Ta-
çon du vin,qui à vray dire font de tref-bel-
les & fort excellentes préparations de Harr|
fans lefquelles ces aliméns.&medicamens
prins tout cruds feroient beaucoup;pkis-
nuifibles à la vie humaine,.qu’vtiles & fans:
profonde racine ou feminaires occultés i
Vray eft que les remedes vulgaires & cqm-
rnuns que la nature produit d’elle mefrae^
jfz DES MALADIES
pourroient bien feruir , 8c -eftre employez
fans nul artifice plus exquis : Mais s’ils ne
profitent de rien, la raifon veut qu’on ait re¬
cours à de .plus forts 8c plus vertueux, 8c
comme en Fepilepfie, lepre, apoplexie, ek
croiieUes & autres telles maladies,que nous
traitions icÿ, dont la fierté- cruelle &in-
domtable ne peut eftre vaincue ny rabatuë
Hemties qu’auec vnè mafle Herculienne..Ccft pour-
«x te. quoÿ ce dbunerain Didateur Hippocrate
rMttrs. <Üjfoit bienâ propos,qu’aux maladies extre-?
mes.il faut employ er des remedes extremes.
Or entre tels remèdes extremes; c’eft à dire
extrêmement forts & efficacieux, ceux que.
nous; aùons appelle .metalliquestiennent le
premier lieu;: Defquels nousauons main-
.. tenant occaftonde parler.'
Ch ap. X X VIII.
l'anatomie intérieure & liitale , hertu
& excellence de certains fels^prms de s mi¬
néraux &'ÿ&iftques aux maladies frfdkesy
T* isM s D ogmatiques mefme fçauent frien-
1~> & font contraints d aduoiiér que lesre*
modes métalliques font tels : ,veu (comme:
nous auonsrdït py deïlusl.qufentotites mâla-
dies defefp ertes y on les remèdes vulgaires
x notpeuuent rien, ils recourrent aux eftuues
& eaux minérales, pleines d'efprits métalli¬
ques
t> v Cerveav.' . 5J3
qües, dont ils expérimentent diuers & mer¬
veilleux effets, commetefmoigne leur vfa-
ge ordinaire furpaffant tout poids de rai-
ions & amas d’argumens. Efficace
Or entre les fabftances métalliques (qui
font de trois genres)celles qui fe rapportent
à la nature du fel, 6c qui participent d’auan-
rage à la {implicite élémentaire , ont vite
plus grande vertu & facilité d’agir. Quant à
la nature,dons, proprietez, effeéfcs 6c excel¬
lence de ce principe vital , nous différons
d’en traiéfcer en noftreliure de la nature fe-
çrete des chofes& des myfteres de l’art, co¬
rne en ion propre lieu: eftimans qu’il fuffit
de monftrer icy prefentement combien
lourde faute commettent aucuns Dogmati¬
ques, qui en la cure de l’epilepfîe condam¬
nent l’incinération & exténuation du fel de
crâne humâin,reïettans auffi, & explodans
l’vfage des autres fels extraits de diuerfes
choies pour nettoyer, purger ôc deterger Proprie-
toutes les impuretez de noftre corps qui *'\dei
plantent les feminaires de toutes les mala- ** s‘
dies dont nous fommes attaquez : D efquels
(fi la nature n’a point defchafïe telles im¬
mondices par le moy en d’vne bile nitroful-
phurée, ftimulant la faculté expuîfiue dans
î’inteftin jeun, & la prouoquant à euacua-
tion) naiffent plufieurs fortes de maladies.
Or le fiel eft de mefme efpece que les fels
naturels deterfifs, comme aufîi les vrines,
qui feruenc à vn autre genre d’euacuation.
2J4 des maladies
ainfi qu’auons dit ailleurs.
tneu/ra. Èncores fe trompent ils d’auantage-en ce
Jttai t des qu’ils eftiment que les incinérations & ex-
ftisntfe tradions priuent entièrement les fels de
eanfumt ieur principe radical 8c vital : Par quoy ils
donnent a£ fez à entendre que l’anatomie vi-
ZZr taie & intérieure des chofes naturelles leur
eft bien peu notoire, ou mefme du tout in-
Cognuë, quoy qu’ils apperçoiuent par tout
les efprits vitaux des chofes auec leurs ver¬
tus & effe&s admirables , mais fans iuge-
ment. Car Pexperience ordinaire prinfe
des odeurs, faueurs 8c couleurs des chofes
fuffiroit à les inftruire, s’ils n’eftoient ftupi-
des de nature, ou ne vouloientmalicieufe-
rh'ent demeurer en leur aueuglement, car
^al***^ l’interiëure 8c viue anatomie ne paroift que
"dtstbofes t^P en ces puiflantes qualitez là , qui ne
d’c» pto- prouiennent d’ailleurs que des fels, & prin-
mtnnent. cipaiement des métalliques. Cela par exem-
uinato- ple,fe manifefte aü fel fuccrin,qu’on tire du
IrUuZdt auec Paeidiré du vitriol , prince de
Saturât* tous ^cs végétaux, ou pour mieux dire auec
la ceîefte effence acide de ce vray neétar:
veu que panda force de tels mepftruesou
diffoluans le plomb fe réduit prefque tout
en fel, qui, comme les fels vulgaires , peut
eftre fondu 8c dilfbur en eau commune , 8c,
eftre filtré 8c coagulé de mefme que les au¬
tres. Ddceluy réduit à ficcité on peut fui-
iiant l’art extrade des efprits quiferefou-
dent en eau de vie fort odorante 8c tref-ad-
fiv es rvë'av. . 3;;
îtiitables , laquelle senflera auflî foudain.
que la vraye & plusfübtile eflence de vin,
fon propre foulphre & teinture y furna-
geant aufli rouge que fang,dont le vrây Phi-
îofophe collige l’vnité, la triade eftantâf-
femblée par vnion : Ce qui eft le vray dif.
foluant de l’or, comme nous âuonsja def-
crit ailleurs. - ^
7 C’eft principalement de celle four ce que R emedes
les vrais Médecins Hermétiques voulansg*»*™»*
poürüeoir à la fanté du genre humain doi--^*1 HeTm
tient puifer leurs generaux & fouuer ains r e-
ihedes Contre les epilepfies, vertiges 8c apo¬
plexies , que nous tr aidons icy^ & aufli con¬
tre les lepres, chancres & telles maladies
tref-grieties & inuihcibles.
Pour le coral, qui cil va arbriflèau métal- Anato«
iique croifîatit ez rochers marins, & tenant m,e^
l'a vie d’vn efprit de Tel végétatif, comme toral'
ainfî foit qu’il reflemble tout à la nature du
fel, & veu aufli que fon corps peut eftre
prefque tout réduit eh fel , moyennant les
diflbluàhs qu’auoïis touché cy deflüs, les¬
quels eftans euaporez, & la fubftance faline
du coral deffelchée, 11 s’en tire pareillement
Vne eau dé vie tref-ardantc qui s’enflamme
aufli comme l’eflènce de vin, auec fa teintu¬
re ne plus ne moins rouge que fang, laquel¬
le nage fur l’eau par le moyen de la circula¬
tion ou jredification : Si ladite eau & tein- AntUtu
ture font bien meflées enfemble, elles four-
'tiiront alors va antidote fort excellent
Z ij
fopltlti -
2»«v
Ttrltsl
Cor -
àï&HX.
55é ©ES MALADIES
contre les epilepfîes & apoplexies,pouruea
qu’on en prené quelques gouttes dans de
l’eau ou liqueur conuenable. Cet artifice
e fiant par nous pourfuiuy félon la méthode
mefme que nous auons obferuce en deferi-
uant le menftruë de Saturne, ou enla petite
Lunaire, ou en l’œuure vegetable de Ray¬
mond Lüle, operations que nous auons def»
crites en noftre rtaidé de la^matiere Mede-
cinale des plus anciens Philofophes : nous
en tirerons vn tref-certain & fingulier dif-
foluant, lequel réduira l’or en vraye quinte
efïence, ce qui eft tref-facilç à tous vrays
Philofophes.
On peut auffi extraire vue eau de vie fem-
blable des perles , iiTuës de mefme fource
que les coraux, car les perles fetrouuent ez
coquilles de mer argentées de diuerfesçou-
leurs, lefquelles, couleurs diuerfçs prouien-
nent des efprits du fel, comme nous auons
enfeigné parvn exemple propofé en noftre
liure de la 'matière Medecinale des plus an¬
ciens Philofophes, quand nous y parlions
du falpetre, paria pénétration des efprits
duquel tout le corps de l’alembic fe teint de
diuerfes couleurs , rapportant la couleur
d'opale, c’eft à dire, de toute forte de pein¬
tures.
Or combien que les feules eaux de vie,ou
eflences des perles & coraux foient nom-
brées entre les plus excellens antidotes qui
d’eux méfaits peuucnt récréer 8c reftaurer
DV CERVEAY. JJ7
„ le cœur à merueilles, fi toutefois on procc- Vfajs
de plus outre, il s’en tirera 8c préparera vn mtnftrues
dilîoluant lunaire & folaire de vertu admi- dtl'tr &
table 8c incomparable,contre lesepilepfies dtl’ar-
8c toutes maladies defefperées : De forte
que toute perfonnc de Tain iugement tef-
moignera par tout de la vertu & efficaçe
d'vn fi grand remede,& nul n’aura honte de
1’aduoUér, finon qu’il foit depraué & cor¬
rompu en fan entendement & iugement.
Mais fi quelquVn fe plaint de la longue preûcesim
durée des operations, & de la cherté d’vn fatum.
remede fi laborieux:qu’vn tel fçache qu auf-
fi eft il feulement dédié aux riches , &pâr
nous mis en auant pour 1-vfage de ceux qui
n’efpargnént aucune defpenfe,afin de pour-
ueoir par tels fecrets à la conferuation de
leur vie, & fe defpeftrer de mâux fi griefs &
tant horribles. D’auanragè nous lesexpo-
fons auflî à celle fin qu’on voie à l’œil
combien merueilleufes vertus, proprietez
êc effeéts vitaux contiennent en eux les féls
mcfmes des fubftances métalliques, & auec
combien d’induftrie 8c d’artifice on les fait
refoudre 8c palier en eâu de vie, outre l’o-
pinion 8c creance mefmes de plufieürs
grands Médecins 8c Philofophes qui fe van¬
tent de fçauoir toutes cliofes.
Quant aux rubis, efmeraudcs 8c hyacin-
thés, les ayant calcinez partrois fois félôn prfcteufts
1 art auec fleurs de foulphre, on en tire fina- fpectfi.
lcment auec efprit de fei vitriolé des elfen- ^ues au»
" ' ■ - f" -- -, Z iij
médites
fi/dites.
3*g DES MALADIES
ces ou teintures fort vtiles pour chafler les
maladies fufdites, Les eflenccs d’efmeràu-
des & de^rubis fe prenent auec eau de mu¬
guet contre repilepfie & les vertiges, mais
latein&ure d’hyacynthe prefentée auec eau
de foulcy, eft vn reme.de fouuerain pour les
paralyfies & contradures, moyennant qu’a-
presles euaeuations generales ons’enferue
par quinze iours continuels , les dofes de
ces teintures feront de-cinq ou fix gouttes,
ou bien elles fe pourront exhiber conjoin¬
tes à leur propre menftruë iufqü’àvne cuil¬
lerée auec du vin ou quelque autre liqueur
eonuenable.
, Ch ap, XXIX.
33e l’analyfe ou refolution fpagyrique du fel
marin & dé fon admirable "yertu d'agir,
tant éSg Végétaux & certains métaux s
qu'au corps humain 9
)L nous faut pourfuiure le traité ~de nos
Tels, & rechercher auffi les metueilleux
effecfcs du fel marin, qui fert ordinairement
à confire toutes fortes de viandes, 8c dont
T’yfiage eft fî neceflaire à la vje humaine que
perfonne ne s’en peut pafler.
Si nous commençeons par les doux cry*
£aux du fel marin, qu on extrait d’vne ma»
BV CE RVE AV. #$>
tierc fi acre &falée, il eft certain que nous
ferons rire & inciterons à mocquerie les
hommes ignorans qui nous obie&ent
que c’eft chofe furpaflant l’induftrie de
l’homme , 6c de vray h nous nous en.
rapportons aux loix & reigles de leur
Philofophie , ce fera chofe entièrement,
ridicule, mais il n’en fera pas ainfi fi nous en
faifons l’examen fur l’enclume de vérité
bien cogneuë des vrays& légitimés Philo-
fophes,à qui feuls nous efcriuons ces cho-
fes. Or il m’a femblé bon d’expliquer en
faueur d’iceux ce fecret tant admirable, à
condition toutefois qu’il vienne à la cor. Pour qui
gnoiflance des feuls enfans de l’art qui en/*»**/‘»a
entendent les termes, & ont efi! baptifez en te* tet
la fontaine de vraie Philofophie , non des eheJetm
hommes ignorans 6c ûupides qui mefdifent
6c blafment indignement vnart fi excellent,
car il efi: raifonnable que tels detra&eurs
droupilfent en leur ignorance & aueugle-
ment, & que les truy es & pourceaux foient
empefehez de fouler ces perles aux pieds,
tant s’en faut qu’on les doiue perdre.
Le Jel marin donc foii difioutyfiltré & coagulé fè- Prépara*
Ion V art, auec fin dijfoluant propre <*r naturel tant de tt9n'
foU qu'il acquiert vne parfaite pureté & clarté :
fîx hures de ce fil aiiifi purifé cr efclaircy , adioufiez^
du difohiant vitriolé Çr miellé ’/faifi de plante
d animal, ce qttd en faut pour fermenterez corroborer '
d auantage, afin que la dtge filon efi ant faite conuena-
hlement <&> an préalable , il feras de- véhiculé pour
Z iiij
360 des maladtes
mieux extraire les ejfntsaqueux, fulphurezjy* ‘vi¬
triolés, doux cr acides, qui font fermement attache^
Çr cachez^ audit fel , ce qui doit ejbre fait dedansvne
loi fie â wallembourg,on dans quelque autre qui puf.
feendurer le feu, telles que font les retortes de Beauuak
auec lefquelLes on exprime les eaux fortes h Paris.
Le principal efi,qn il faut donner le feu far degrés,*,
qnoy l’operateur bien expert en tel œuure doit fingneu-
fement vacquer. A cela efi aufii requis le fourneau
renerberatoire d’Athdmr , dans lequel on conduira
l’ œuure par reigle cr par mefure, car il faut que le
vaiffeauemlrafe/oit J,e couleur, non claire, mais pour-
près, de peur que le fel ne vienne a couler, & fonfiux a
empefiher les ejprits de dijhller amplement, & filon
qu il efi conuenable. Mais- la cornue on retorte doit
neccffairement demeurer au fe» p-oportionné l'efiace
^ de bniM ipurs, durant lequel temps on prendratouf
-tours bien garde an récipient qui doit efirefifiais^
ample, Cr fermement Inté ou enneloppé de fange bien
ferme que rien n’en puijfe expirer: iufqua cequon
le voye trouble & remply d‘ eftrits vapotmux &
T tester blancs: ejquels la vertu (y- premier efire des métaux
efire des efi tefoute en eau mf acide. Apres que les efiritsfe - ,
me^ux. rgnt efpnifiz^, fiir la fin de la di filiation on f Mimera
finalement ,ou exaltera au col & fômmet du récipient.
Terre fo- la terre qit oh appelle foliée, laquedey adhérera blan-
bée, chs comme neige, on la nomme aufii Mercure ou fui- ■
. phre des Fhilofophes : kfquelsdenx noms luy conuien -
nent (Xrfint donneyfa bon drotB.
& ela e fiant failli. Op tons les vaijfeaux refroidis, en
forte que le tout foit bien r afis, on defpoui liera les vaif-
feaux de leurs couner tares, çr ayant méfié par agstsp
BV CÉRVEAV.
mnl'efiènce faltne £r jpmtueüe ou liquide, on les ver-
fer a dedans vnalembic de verre .dont il conuiendrafi-
parer les trois principes mf spirituels, tref-fmples £?*
tres-efficacieux ou fort penetrans qui font contenus en
icelle, afin de les mettre chacun a part, comme nous di¬
rons incontinent, pour en apres les rajfemhler envn corps
qui ne retiendra rien dé heterogenee , maisfiravraye-
ment homogenec,tr efifimplefvrt pénétrant, & parfai¬
tement efficacieux.
Lalembic & le récipient lien corner fs, ou ferme¬
ment lutez „ fient mis dedans le Sain vaporeux chacun
enfin lieu, pour a chaleur tréfilent e fiparer le phlegme
infipide, rendant feulement le goufi d'vne eau inutile,
Iceluy e fiant fiparéen ajfizfonne quantité, £r ce a
chaleur tres-lente, comme dit a efié, on mettra l'alem-
hic en lieu froid, ou fi formeront des petites pierres aufi
fi claires & transparentes que crjfial, douces au
goufi : lefijiielles efians fiparées £r mifes a part, on
remettra l'alemhic dans le bain doux, pour a chaleur
modérée fiparer de rechef le phlegme infipide , apres
qmyfi vous redoublera expôfir l'alemhic au froid, Ü
s'y concreera encores des petites boules de glace , &
icelles fort douces: Laquelle operation fi doit reiterer
tttfqu à tant qu'il n en forte plus aucunes pierrett es, &•
que le refie qui en difii liera, ne fi it plus vn phlegme
infipide , mais vne acidité vitriolée, qui comme vn
très- acre ejpnt de vitriol, pique fort la langue, & fini
tres-mordicante. : ^Ælors on cejfira l'operation &
cherchera-on au fond de lalembic vnvray huile de fil
vitriolé Cr acide, dont on aura extraiél tout phlegme
infipide eyr inutile. Mais quant aux pierrettes cri fia -
Unes, encores qu'on les mime douces en Jaunir, fine
DIS MAL A© IIS
laijfent elles pourtant d'auoir vne vertu admirable,
veu fie toutes Jhnÿles, ou méfiées auee leur huile en
Ttiffolu** Juffifante quantité , ce fi le vray menfime Crditfol-
d* 2 «r. uant du Soleil terre (he, augmentant Çr aigiüjknt
tad**' fei fro\r(iete'z~ vertus vitales & vegetatiues,
ne plus ne moins que le foleil celefte, fai-
fant fa refidenCe au ligne du Belier, où Mars
fe plaift grandement , femble treflaillir de
ioye, & mit paroiftre fes puiflantes forces
en la renaiflance dés chofes mondaines, ex¬
citant par fa chaleur ôc vertu les efprits des
chofes qui eftoient comme affoupis dans
les entrailles de la terre,afin qu’ils s’efleuent
vers la furface d’icelle , & que les racines,
efcorces & tiges de leurs indiuidus ayant
fentifesforces,iIsles prodüifent finalement
ornez de verdure & de fleurs en la faifon du
prin-temps. La liqueur balfamique de la
terre, telle qu’à noftre dire elle fe tire des
fels, peut aucunement- imiter ces effeds du
Soleil celefte, car nature n’a rien produit:
que l’art ne puiffe reprefenter par imita¬
tion, & ce que le Soleil celefte peut effe-
du'er par fa propriété naturelle, fe peut auili
en quelque forte accomplir par le Soleil ar¬
tificiel çhymiquement préparé & prins des
chofes terreftreSjCar ce qui eft en basref
femble du tout à ce qui eft en haut. Cefie li¬
queur balfamique efiant donc tirée du fiel, a me fine
pouuoir, moicnnant quelle fit méfiée proportionnelle''
ment auec l'eau ou liqueur pafîiue qnife trouue par
Hat en abondance; cetf ces chofes e fi ans denètne#
Dv cerveav, 3%
méfiées l’vne aucc l'autre, elles Je defirempent gr con- . * -s
temperent tellement que les rofes, violettes gr autres tl0nAfti„
fieurs bien que fîefiries gr fiches, voire des long-temps fiaeilt des
pruiées de toute odeur gr vertu vitale, efians néant- rofestvio-
moins abreuuées gr imbues de cefie mixtionyeprenentletm
leur ancienne verdure gr autres proprietezjintales,gr a
recotmrent vne couleur mejme plus viue gr ndiue que*. '
leur precedente , dont dufii le difioluant mefinefe tein¬
dra, de forte que le mois de May ne produit pas tant de
fi belles fleurs par la vertu du Soleil naturel, gr prin¬
tanier que Vhyuer paroi (ira beau grfertilpar le moyen
de noflre Soleil artificiel eflandu aux racines des
herbes.
si donques en la maniéré fufdite vous conioignez^
proportionnellement cefl'e douceur cryfiallinedefel auec
fin propre huile ou acidité vitriolée, gr fi vous y ad-
iouflesg encor es le Soleil dijfout philosophiquement, gr
réduit en quinte effence plus rouge que Jung, couleur
, qu il acquiert de la decochon ou digeflion, gr de fie
chaleur propre, il en promendra vne médecine de mer->
ueiüeufe vertu qui pourra vaincre la lepre mefme,tant
vnïuerfèlle que particulière de tout le corps, les epilép <-■
fies gr telles maladies indomptables , endofi dlvnou
deux grains feulement.
Nous auons ouy dite à vn certain fçauant
Médecin, nommé François Reutzius Po-
meran fort ftudiêux de ces elegances chy-
miquesj^c tres-fubtil indagateur des feerets
de nature, que lean de Montagne S trigien
Médecin Ancien fort celebre,& d’vn fingu-*
lier ôr rare fçauoir enl’vne & l’autre mede- '
eine (qu’il anoic en grande eftime, & dont
364 ©es maladies
bous auons fait mention ailleurs au Catalo¬
gue des premiers Hermétiques) refoudoit
ces cryftaux de fel en huile fort rouge, in¬
continent apres que par diüerfesfolutions
&: coagulations ils s’efloientcqncrées, le¬
quel huilé reduifoit le folcil en liqueur dans
fon propre vaifîeau, dont procedoit vne
tref-excellente medecine, qui enfa eo&ion
aaoit experimété les differéces de toutes les
couleurs; &: de laquelle vn grain ou deux a
chaque dofe pouuoient feruir de remedes
admirables contre les maladies fufdites.
Plufieurs Médecins vulgâires qui s'arrê¬
tent à la feule anatomie extérieure des cho¬
ies, 8c ne pénétrent pas iufques à leurs en¬
trailles, 8c qui pour la plufpart iugent des
. 'chofes au gouft de la langue & du palais, &
en dedujfent leurs qualitcz, nefe pourront
perfuader qu’au fel rendant vne faueur fi a-
cre 8c falée,il y ait d'vne part vne fi grande
douceur douée de vertus tant admirables:
&,d’autre part qu’on en puiffe tirer vneli-
queur vitriolique , 8c icelle fort acre qui
conuienne auffi à des effecfcs fi diuers &
puifians, à fçauoir pour faire les folutions
Sc coagulations de toutes choff s, félon que
nous aüons amplement déduit en noïtre
traiâté des fignatures internes des chofes:
Ce qu’en vain nous répéterions en ce lieu, fi
ce n’eftoit pour inculquer ferieufement à
nos efprits, qu’en ce principe vital des cho¬
fes dont la mer efl vne mine fort abondante
DV CEJLV1AT/
Sc trçf-fertile,gift fecretement vnemerirfc
finie de fecrets& vertus admirables.
Ch ap. XXX.
Ve U pgndture interne du vitriol 3 & défis il •
uerfis propriétés ddiucrs genres de maladies,,
De s remedes fufdits que les Herméti¬
ques extraient du fel,il nous eonuient
pafTcr .à ceux qu'on tire particulièrement
du vitriol, lequel eft vne efpece de Tel qui
entre les autres chofes naturelles n’eft pas la
moins corporelle , ainfi qu on peut reco- ’
gnoiftr e par ce qu’il nous r epr efente rouf-
iours l'elpece de Mars &de Venus,c’eftà
dire du fer & du cuiure,que le moindre mef-
mes de tous les Chy miques fçait tirer du vi¬
triol, & par le moyen d’iceluy vitriol con-
uertir Mars en Venus dans peu d’heures : Mars g/
D’où les PoetesPhilofophes ont prinsocca- i* Venus
fion de difeourir & eferire des amours de bfiriu
Mars & de V enus, feignans que leur fils Cu-
pidon eftoit le Dieu des amours (c’eft à dire * **'
ce grand accord, fy mpathie, & mutuelle af-
feâion qui lie toutes chofes les vnes auec
lès autres) & que l’efcume de la merauoit
produit Venus propre mere d’iceluy, à rai-
fon dequoy les mefmes Poetes l’ont fur-
nommée aphrodite & aphrogenée, & l’ont
auffi élégamment que vrayement qualifiée
D E $ U AL A D ïf S
ïnere de routes générations, voire de toüfé
la nature , fi nous comprenons bien leurs
fens intérieur. Car c’eft ainfi qu’ils enuelop-
pent & couurent leurs fecrets myftiques
fous des fîdiorts,afîn que les feuls efprits re-
leuez paruiennent à l'intelligence d’iceux,
non les idiots. Mais nous pourfuiurons plus
exadement la recherche de ces myfteres, &
autres ..fecrets en noftre liure de la nature
occulte des chofes, nous contentans feule¬
ment d’adioufter icÿ: que le vitriol verdi à
Signât* • j éxterieur, contient toutefois vne rougeur
vs d» v$- intérieure, & que fur tous autres Tels il eft
* remply d’vn vinaigre terreftre, lequel méfié
auec de Veau fait fermenter toutes chofes,
ne plus ne moins que le leuain de farine de-
ftrempé d’eau fait leuerla parte dont on fait
le pain : car par telle putrefadion & mace-
ration de lvn & l’autre element ioind en-
»«/»*«.* ^emt>le,ce vinaigre de nature efleue & exci¬
te par fon efprit fermentant en l'interieur,
la parte de nature donr prouiennenent les
tranfmutations , produdi oris ordinaires, &
chaques indiuidus. Et en premier lieu,tou-
. . te fubftance minérale prend fon origine de
JuJuin* rc^e fermentation , les efprits de laquelle
tares -ue» teigncHt, puis apres les végétaux, del’efTen-
getables. Ce defqueîs les animaux font par aptes nour¬
ris & enrretenuSjComme nous auons dit ail¬
leurs, mais auec plus'd’obfcurité : Car nous
différons l’efclairciffemerit de ce fubjed en
nortçedit îiure de la nature occulte des cho=
DV CÏRVEAV. 3^7
fes, dont le Le&eur ftudieux remportera
beaucoup de fruiéfc 8c de contentement.
Quant à ce que Galien opine du vitriol
en Ton liure des fimples, & ce qu’il efcrit
touchant la vertu tranfmutatiue diceluy,
cela fe peut apprendre du mefme Galien,
quand il raconte: qu’il apporta des mines
de Cypre vn certain charbon de terre, ap¬
pelé mify : lequel mis en quelque coin de
fon eftude,£e changea en fory par fucccf-
fiô de temps, puis en chalcitis, c’eft à dire en
vitriol , 8c finalement en çhalcanthum qui
n’eft autre chofe que Venus ouïe cuiure.
Or il y a plufieurs efpeces de vitriols. Ce-
îuy de couleur bleue qu’on amene d’Angle-
terréV 8c des baffes Àlemagnes n’eft pas des V* ”
meilleurs.Mais ceiu/de Hongrie excelle en
bonté.Pour laquelle efprouuer, il conuient J**®**»
le frotter à vn coufteau: fi par fon attouche-, “Ju¬
ment le coufteau fe teint en couleur rouge ,
ce fera vn indice de fon , excellente bonté.
Car c’eft chofe certaine que Venus eftinclu-
fiuement contenue dedans les entrailles d!i-
celuv,laquelleMars embrafle au premier at~
touchement,tant eft grande la iympathie 8c
mutuelle correfpondance entre l’vn &î*au-
tre metail. Le vitriol Romain eft auflî nom¬
bre entre les meilleurs , pourueu qu’il nous
foit apporté pur 8c non falfifié. Car celuy..
qu'on amene eft fouuentesfois priué de fon
ochre vitriolée qui contient en foy la fe-
mençe de l’on Autrement le pur fe vend
3éS SES maladies
beaucoup , la liure d’iceluy ne couftant pas
moins qu’vn efcu d’or. Mais le plus excef
lent de tous eft le Cyprien de couleur faphy-
~ rique, laquelle eft vnetein&ure Lunaire es
parties intrinfeques de fa Lune en ftii-
uant de près la perfe&ion du Soleil, delà
vient qUe tel vitriol a plus grande conue-
nance & alliance aueclor. Par cela les vrais
Philofophes ont pareillement appris à ex¬
traire du vitriol Cyprien de couleur faphy-
rique , vn menftruë & diftoluant de l’vn&
l’autre grad luminaire, à fçauoir de l’or & de
l’argent. Ce qu’on ne peut faire des autres
efpeces de vitriol fans addition, carie vi¬
triol de Cypre contient en foy grande quan¬
tité d’or , ce qui augmente principalement
fon prix en forte que chacunes liures ne fe
vèndent'pas moins que trois ou quatre efcus
d’or.
Plufieurs & diuers remedes exceîlens fe
tir™' Il zircm vitriol. Car comme ainfi foit qu a-
vitriol. uec vérité on le tienne pour la prime matie-
•' re & comme le premier eftrede la nature
métallique , il n’y a point de doute que fes !
• efprits n’eftans point encores chargez delà
malEueté , folidité & efpelfeur des métaux,
mais retenans la nature de corps fpirituel,
ne foienr douez & participans d’vne effica¬
ce & qualité viue & aéfciue, c’eft à dire d vue
vertu immenfe & ineffable , dautant qu ils
font moins efloignez de la fimplieité & Pu'
reté élémentaire ôc minérale : Car en i c&uY
DV CERV E AV» 5^9
vitriol comme en leur fource gifent fecret-
terne nt & font contenus potentiellement
tous les efprits, vertus &: proprietez de tous
les métaux: Et principalement les efprits vi¬
triolez ou veneriens, comme aullUes Mar¬
tiaux, Lunaires & S olaires : lefquels fe con-
joignent à luy d’vn fi grand eonfentement
8c accord qu’ils s'y efpandent , 8c s'en tirent
mefme en grande quantité. D’où vient que
les efprits extraits du vitriol duifent , non & pr«-
feulement aux maladies du féul Cerueau , pnete\
comme Lunaires : mais aufti comme vene- dHvnml
riens 8c Martiaux ils fubuicnnent& appor¬
tent remede aux maladies martiales & vene-
riennes du cmur, des reins, & des parties de-
ftinees àlageneration. Mais ( £)ieu aydant )
nous déduirons ailleurs plus amplemét celle
fympathie Aftronomique & Chymique,à
fçauoir en noflre liure de la Nature fecrete
des chofes; Ilfiiffiraicy delauoir feulement
touchée en pafiant , pourmontrerde com¬
bien grandes vertus le vitriol eft doué , 8c à
combien de diuers vfages il eft propre &
conuenabîe auffi bien que les eaux métalli¬
ques vitriolées , aufquelles on renuoyeles
maladies inuincibles&defefperees.
Mais fi on demande poürquoy cedit vi- Catifssd «
îriol, ou les remedes qui s'en tirent, entant
qu’ils poflè dent vne nature Lunaire ,
tiale ôc vitriolique , font propres 8c fpecifi-
ques aux maladies du cerueau 8c des reins?
uioas f efpondrons qu’il y a mefme qn enla
Aa
37;a . • maladies
fauge & betoine , lefquclles duifent au cer-
ueau : les fleurs de buglofle , de bourrache
& autres qu’on tient pour cordiales en Teu-
Ëatoire que Nature a dédié au foye, en la
iolopendre ouceterach deftinéà larate&
à fies maladies , & en infinis autres Amples,
dont les vertus font encor es cachées , com-
, me celles qui ne dépendent pas des qualitez
Élémentaires, chaudes ou froides ,-mais qui
font appuyées fur la feule expérience.
Ma« attendu que cela eft pluftoft fe taire
que refpondre , nous adjoufterons des rai-
fions euidentes , qui deraonftreront que le
vray^prppre, naturel & fpecifique remedé
des Epilepfies & Apoplexies eft L’efprit tiré
du vitriol, qufpar fa propriété iînguliere.re-
fifte à telles maladies, ôc les extermine faci¬
lement. . .
Extrême Rremierement, Il eft certain que célapro-
^de l’efprit uien£c^e & grande fubtiliré , & par maniéré
de vitriol. dire, Spiritualité , dont la foudaine vertu
parurent en vn moment au cerueau êc au
e.œur,le£quels fonr principalement trauaîl-
lez & vexez en cefte maladie : Car comme
nous voyons qu’ayans verfé en la bouche de
ceîuy qui par dcfaillâce de cœur s’efuanouit
Sc laifie rcheoir, ou approché de fes levres &
narines l’efprit de-vin ou eau de vie, comme
aufli l’odeur du vinaigre de nature vitrioli-
qüe: , dautant que çes chofes touchent in¬
continent le cœur , le patient en. eft beau¬
coup p'ius-recrée 8c pluftofl: releué que fi oâ
BV é E ' R V £ A. V. yji
ÏUy fâifôif prendre quelque gelée ou reftau-
ranc & confommé fort délicat & alimen-
feux j à caufe que ces chofes font priuées de
vertu fpifituelle penetratiué , conuenable
8c communicable à nos efiprits , vniques au-
thcur »'de noftre vie,laquclle vertu eft fi fub-
tilemenr & profondément attachée à l’ef-
prit du vin & du vinaigre , que- par fa feulé
odeur vitriolique elle refiiéille& remet en
leur entier tant nos efprits que nos fens af-
foupis.
Doncon peut colliger combien grande efi
farfpiritualité, fubtilité, 8c l’attenuante , pe¬
netratiue & reftauratiue vertu du vitriol,
qui frappé fi notoirement & promptement
le cerueau , que fon odeur feule fait incon-
binent efternuer.
Outre telle fubtilité 8c fpiritualité d’efîeh- ...
Ce, par laquelle cét efprit vitriolé fe méfie
facilement aueç les vapeurs malignes, me-
lancholiqûes 8c vitriolées , aufquelles nous
auons cy-déuant attribué les principales
caufes de ces maladies , il produit pîufieurs
autres effets, comme nous auons clairement
8c amplement demonftré ailleurs : Car ice-
luy eftant vn grand 8c fort coagule , par fa d“atl‘ret
vertu coagulatiue il peut aifément congeler jei
les fumées,vapeurs 8c exhalàifons fpiritueU' ehtfet.
fes 8c malignes qui s’efleuent des parties
baffes aux fuperieures : afin d’empefcher les
effeéts qu’ils produifent ea leur fupreme
exaltation. vitriol*
A a ij
Sd vertu
de dtfl'oti -
dre.
lîyaeer -
U a ne ver¬
tu Ma-
gneti^ue
au vitriol
cotre l’E -
filttfe.
Ç]X DES M A LA D I ES
Nous auons fuffifamment demonftrc ail*
leurs , quelle différence il y a entre les ef-
prits de toutes çhofes concrets & coagulés
auecleur matière corporelle &terreih:e, ôc
ceux qui font affranchis de ces liens corpo¬
rels, foit par le bénéfice de nature, foit par
l’induftrie de l'art , tellement qu'il n’eft pat
befoin de la repeter en ce lieu.
Mais tout estais fi la caufe efficiente defces
maladies eft cralfe, materielle , & obftruéti-
ue ( comme croit la plufpart des Dogmati¬
ques ) Ce mefme efprit fouftienç le pàrty '
contraire , en forte qu’il diffout, atténué &
liquéfié ces matières craffes , pour ayder par
ce moyen la nature à les chafler & diffiper
plus facilement.
radjouftèray encores vile autre raifon, à
condition neantmoins que mes Cenfeurs,
lefquels ie tiens pour du tout inexperts, non
vrais Dogmatiques ou fe&ateurs d’Hippo¬
crate ( tels que ie fay profelfion d’eftre) n’en
riront point à gorge defplôyée, ny vomi¬
ront arrogamment fur moy leurs mocque-
ries à plein gefier. C’eft àfçauoirvne cer¬
taine vertu magnétique, gifant couuerte-
ment en l’acide efprit métallique, qui ap¬
prochant bien près de l’energie ou aéiiuité
& implicite delà nature élémentaire , par
cefte fienne vertu aimantinè alaforce d’en-
trainer, domter & vaincre ces acides efprits
melancholiques & vitrioliques de l’animal
que nous auôs ditçydeflus eftre les feuls au=
©V CÏRVÉAV. 17$
theurs & ouuriers de ces maladies. Auffi ne
fera-ilpas mal à propos dé rernouüeller que
celle eft la raifoti , pour laquelle ce grand
Hippocrate a eferit au lieu fus-allegué : Que
les MeUnchohtjues deuensient ai/ement Epileptiques ±
gr les Epileptiques Melctncholiqties -, d’autant que
les caufes de l'vne 6c l’autre maladie , à fçà-
uoir de la Melaneholie & Epilepfie ont vri
grand rapport ôc conuenance les vnes auec braille
les autres. Qui plus efl , i’ay àcefle finde- e
monftré aflez clairement envn autre lieu , gnat. in .
que lès qualitez attribuées à la vraye me- ter des
lancholie noire , feroient beaucoup plus «&*/*••
proprement appellées du nom d humeur
vitriolique, ainlî qu’auons vérifié le tout
parles raifons.
Or celle vertu que j’appelle Magnétique Te Ileve9
s’elléd plus loin que l’attraélion qui Te voit ** M*~
enl aimant vulgaire 6c au fer. Par cette ver- fe voft
tu attracfiue,l’Arfenic quiell vn grand poi- aufsi e »
fondement vn médicament propre & con- quelques
uenable pour attirer hors du corps beau-
coup de venins : où l’huile préparé d’icelüy
ellant mefme appliqué à l’extérieur, feruira
d’vn remede tres-vtile & fort fingulier à la
guerifon de toutes vlceres chàncreufes&
arfenicales. La vérité de cê mien proposTe
prouue clairement par l’axonge des ferpens
contre leurs morfures, l’huile dé Scorpion
contre fes piqueures , le miel contrelesaî-
guillons des abeilles , & mille autres tels
exemples demonftrenc ôc côfirment la mef.
A a iij
.374 »ES MAX AD IJ,. s
me chofe : Mais nous ferons vn pins ample
trai&é de Ces matières en noftrc liure
de la fecrete nature des chofes, dans lequel
les moqueurs & cenfeurs ne trouueront pas
des enfeignemens vulgaires & triüiauxcent
. fois répétez , comme les rapfodies que tel¬
les gés.ont accoutumé de ramafler en leurs
efcritSj mais tous propos ferieux & graues ,
qui au regard de leur fuj et feront admirez,
des efprits modeftes , candides & paifibles.
Oyons maintenant les iihgulieres pro-
priet ez que quelquVn des coryphées de la
Médecine Spagyrique attribue au vitriol :
Ét voyons pareillement les diuerfes prépa¬
rations & remedes exquis qu il en tire &
enfeigne a en tirer, lefqueis fe rapportent à
diuerfes intentions curatiues3& à la deftru-
éiion, non feulement de ces quatre mala¬
dies dont nous traiéfcons, mais aufli à la guc-
rifon dé plufieurs autres tres-grieues & dé¬
plorables qui profternent le corps humain :
Tmet T ellement qu'en ce feul indiuidu metalii*
fortes de que bien oc exactement préparé ,8c dextre-
seme des jqeht anatomizé en toutes fes parties inter-
^d»vittiel nes &yltaks^on peut trouuer vne parfaide
boutique de Pharmacien.
Car foit qu on veuille préparer les hu¬
meurs en toutes maniérés , foit qu il faille
atténuer les matières craifes & tartarées,ef-
peffir les fubtiles , expurger les impures,
Êuacuér les fuperfluës par yrines , fueurs*
defeharge de ventre, vomiifement,foit
d v c euteav. -^-375
qu’il eonuienne pen errer & ouurir les ob-
ftru&ions,foit finalement qu’en routes ma¬
niérés il faille reftaurer la chaleur naturel¬
le 5 on peut cercher des remedes en cedit
vitriol : Qui plus eft , on trouue que le mef-
me vitriol eft vn vray anodin propre àap-
paifer toutes fortes de douleurs, dcfanii-
dote de tous venins 8c mauuaifes humeurs ,
comme aufll i’efteigneur & modérateur de
toutes inflammations 8c ardeurs fieureufes.
Voicy ce qu’en dit Paraceife tome i. page
72. Le vitriol , dit-il , contient enfjvnfuuerain
laxattf qui pénétré cr mondifie toutes les parties du
corps, secondement il pojfede vn adfiringcnt : En
troi fie fine lien, fi on préparé fies feuilles, c e fi alors vn
ficret enï epilepfie : Quartement fi vous fepare^fs
fleurs, cefiravngrandpenetratif: Finalement fi on
* cueille fies fruicls, ce fera vn fingnlier ircfiaurant delà
chaleur naturelle , car le vitriol a la vertu de renou- *
ueller &refiaurtr. tom. 6.pag.$o$.
Et aumefme tome page 77. Le vitriol, à it-
il,' efi vn purgatif fpecifique pour toutes humeurs ou¬
tre naturelles- La préparation d’iceluy renied#
eft defcrite au mefme lieu.
Ailleurs : île f prit de vitriol, dit-il, préparé par
exhalai fin fiche, onpdr d&coélion, contient en fi) vne
tres-Jubtile effenc'e de vitriol , Cr produit me fines ef¬
fets que le fl , au cerneau , es poulinons cr en l’efio-
tnac : D’auantage il a en foj d’ autres forets , a fia-
noir contre la iaunijfe, l'abondance de bile , le degoufi,
la trop grande repleti on gr le calcul . il purge aufsi
los po aimons , remedie a la pleure fie, au mal ca du que,
àlagoutte,Jpafne, Çrc. A a iii^
575 dïs maladies
Et encores ailleurs: Les vertus du vitriofdiu
il 'liii Je font paroi fire tant au dedans tjua l’exteneur
corps , font tres-excellentes. En l intérieur du corps il
f Uerit la uiunijfe, le calcul , lesfieures , les vermines ,
'epilepjîe, les confiipations de ventre. Herrs le corps
ilrernedie a la gratelle fixe , a la leprre, Crc. Mais il
nefie&ue rien de tout cela ^finon quil fioit préparé M
car efiant crud, il ne profite de rien. 1
Si aucun defire veoir les diuers remedes
qu’en tire Paracelfe, pour toutes fieures in-^
tertniptentes, quartes?tierces & quotidien-*
nés, &auiïï comment illesmefle aueclefel
d/abfynthe , qu’il life la 3Z9. page du 3. tom.
en la pag. 8z. 84. 8j, duquel il verra pareils
dément Ton vfage contre toutes iortes de
Pelles , ignées , aerées , aqueufes & ter-,
retires.
Qifil lifé aufli les 360. & 387. pages du
mefme tome , ou fe voit combien il eft pro-. ;
pré & conuenable à la phtifte & vermina«
tion. .
S emblablement, qui voudra fçauoir com- .
bien le mefme vitriol eft duifible contre
tous genres de manies , life le tome 4. pag.
5>i. 100. 104. 109. 110. On verra pareille¬
ment au tome j. pag. zz6. comment iceluy '
vitriol eft le r emede de toutes maladies tar-
tarées, à fçauoir du calcul , de la goutte &
d autres fembiables , eftant aufsi conjoint
Mw fis* auec fel ou efprit de tartre J dont fe fait le
*trtùl Vt’ fl^gi&ere de vitriol.
En Comme qu’eft-ce que le vitriol ne fai?
BV CIS.V! A V. 57 7
point? Voicy encores vn excellent remede
qui s’en extrait contre les douleurs & ma- .
ladies des yeux, cataraéfces, onglées, taches .
8c autres de tel genre ; defqueis remedes*
quiconque voudra fçauoir les formulaires .
8c Compofîtions fort dégantés, les apprene .
au tome 6. pag. 156. zy/. 238.
Par les lieux qu’auons alléguez çy delîus,
8c par la pratique ancienne,il paroiftra a(Tez
combien ces remedes font efloignés des for- ' .
mülaires & préparations des Anciens mef-
mes, qui attachez feulement aux couleurs vit^0ip€m
externes, & à la matière élémentaire, ont fini***"*
ignoré la vertu & l’anatomie intrinfeque du <«»*.
vitriol, caf Aétuariusliure z. de la méthode
cuïatiue , ehap. 5. n’vfoit point autrement
du calchante que bruflé, 8c puis laué,ez ma¬
ladies des yeux. Celfe pareillement liu. y»
de la matière medecinale, ehap. 10. voulant
reftreindre le fâng par le moyen du vitriol*
n’employoit que fa feule matière crafle ad-
miniftrée en forme topique, non autre¬
ment. •
Galien au neufîefme des (impies , apres '
auoir remarqué que le calchante fetranf-
muoit fortuitement en Calchitis, & efcrit
qu’on apportoit ce médicament deCypre
en grande quantité , adioufte ces paroles :
yAn> rcjle te juif efmcrueillé de ce remede, comment ily .
a vne tres-forte adjlriéhon accompagnée de chaleur
vehemente. il appert donc (adioitjf e-il) que fur tour
tes chojès d peut jèriur a conjvre & conjèruer lés inath
#8 DES MALADIES
des humides, comme celuy qui par fa chaleur confirut
. /* humidité, £r par fin adfiriâien , refirre ccn(hpe
la fubfiance. *
Paul Ægineta liu. G. de la médecine, &
Oribafe en Tes colled. de med. liu. iy* en
ont eferit mefmes choies que Galien, telle-
que par celaonpeufvoir de combien gran¬
de admiration a efté rauy ce Coryphée des
Dogmatiques, apperçeuant au vitriol vnefi
grande adftri&ion auec vue chaleur li vehe-
men„te.
Mais cela n’eft pas de merueilles , veu
qu’iceluy auec plulieurs autres liens Séna¬
teurs, s’eftant arrefté aux feuîs elemens ex¬
térieur s, & n’entendant pas la vraye anato¬
mie des chofes pour en auoir efté peu ftu-
dieux d’en chercher les moiielles intérieu¬
res, a du tout ignoré, combien grandes e-
ftoient les vertus du vitriol, & n’en a fçeu
Padmihiftration non plus qtiede l’antimoi¬
ne dont nous parlerons incontinent.
Car les Anciens n’ont approuué l’vfage
du vitriol, que pour l’employer en remede
topique ôc extérieur : en ay ans compofé vn
emplaftre qu’ils ont dénommé Diaealchan-
tum, lequel eft ineptement appellé du nom
de Diacalchiteos par les Pharmaciens, qui
. ne fçauent pas la différence que Galieninet
entre le Calchitis & le vitriol ou Calchan-
tum: lequel eft comme labafe dudit em¬
plaftre.
Pioféoride le preferit mefme tout crua.
DV C E R V EAV.
gr fans aucune autre préparation, non feu¬
lement pour l’appliquer aux maux externes»
mais auiîî pour le prendre intérieurement
deftrempé en miel iufqu’au poids d’vne dra-
gme, afin d'en faire mourir les vers afc ari¬
des , 8c faire pareillement vomir ceux qui
auroient mangé des potirons veneneux.
Son doéfce & diligent Interprète Mat-
tbiole approuue & recommande comme vn
.remède Singulier au calcul & à l’afthme,
l'huile mefme dudit vitriol prins en breuua-
ge auec des eaux cqnuenables.
Mais Paraceiie ayant fuiuy l’opinion des
vrais Médecins Chymiques,& içeluy eftant
verfé en l’anatomie interne des chofes mé¬
talliques par delfus tous fes contemporains
j 5c égaux, pafle plus auant, 8c enfeigne infi¬
nies préparations 8c remedes dudit vitriol, Tro“
$c ce par la Séparation des trois principes, à
fçauoir du mercure , ou efprit, d’auee fon V
•huile ou fouphre 8c d’auec le fel:: qui s’ad-
miniftrent ou chacun à part,ou tous enfem-
blc : Defquels trois principes il baille à co-
gnoidre les efFeârs & vfages diuers, les ap-
propriant chacun à chaques maladies félon
leur nature & proprietez, à fçauoir le fel 8c
l’huile plus craîles, pour mondifier , purger,
• euacuer 8c guarentir l’eftomach & les au¬
tres vifçeres; qui feruent à la nutrition de
maladies tartarées , iffuës de matière trop
efpaifie : Mais employant l’efp rit aux mala¬
is afirales, comme aux apoplexies 8c epf
380 B E S M A I A D IIS
lepïies : desquelles nous parlons mainte*
riant, car voicy comme il en parle au tome
4. pag. 562.363. il yavn très-grand fecret (dit-il)
an vitriol four le mal caduc , non en fin huile, mais en
javolatilité, c efi a dire, en fon ejfnt: C'efi pourqmy
UvoUtilitê nef pas krèietter,maü illafaut diftiller,
pellicaner ou retorter auec fon huile far trois ou quatre
fois a, feu violent , car l! huile acquiert alors vne nature i
volatile. Or les feuls volatifs dominent fir les ajkes.
Il dit aufli en vn autre lieu. Ce qui doit remédier,
au mal caduc doit efhre penetratif, farcourir toutle
corfs, & chercher le cetre du mal, mais corne ainfifoit
que l’huile dijt illi de colchot ar a vne nature terre frty
gr ne s ejcoulefoiht hors de l'endroit ou il ejl introduit,
la cure de l'èpilepfe en ef d'autant moins parfaite.
Il eft donc befoin de grande prouoyance
& induftrie en extraiant le feul efprit de vi¬
triol pour la guerifon des epilepfies, auquel
on adiouftera les appendices conuenables
& Spécifiques à dompter vn fi grand mal.
Le mefme Paracelfe non content delà mé¬
thode des ancienSjCÔfiftant à extraire le feul
phlegme du vitriol, par diftillation iufqu’à
lîccité, paffoit plus outre,rendât au colcho-
thar rouge le phlegme qui en efto.it diftillé,
&lc cohobât tât de fois,c cftà dire,le reuer-
rât & diftillât par neuf ou dix fois,iufqu’à ce
que to9 les efprits humides & fecs fuflent le-
pairez dudit colchotar, par quby leremede
deuenoit beaucoup pPpuifsât&effiçacieux.
Iceluy donc voulant plus Subtilement at-
tenuer le vitriol de Cyprc,de Hongtie,ou le
D7 Cl ftVlX Vi
Romain (duquel il Te feruoit toujours pluf-
toft que d’vn autre) afin d’en faire vn œuure
tres-excellent, tiroir premièrement le phle-
gme par diftillation, & le remettoit tant de
fois fur la tefte morte que le colchotar en
fuft prefque tout imbu: cela eftant fait, il
{>renoit du meilleur efprit de vin, qu’il met
oit auec le colchotar imbu de fon phegme
& efprit: les ayant meflez & mis dedans vn
vaifleau de verre luté,comme on dit,& bien
couuert pour y eftre digerez& cuits l’efpa-
ce d’vn iour ou deux, il faifoit difiiller le
tout dans vn récipient à pur & fîmplefeu
augmenté par degrez, iufqu a tant que par
diftillation tous les efprits tant humides que
fecs vinflent à s’expirer & refoudre en li-
queur,en apres il putrefioit & digeroit cefte
liqueur au bain Marie pour feparer la lie
ou fediment d’auec les efprits, puis y ayant
adioufté le quart d’eau theriacaîe cam¬
phrée, il diftilloit encores le tout par deux
ou trois fois ; Dont fe fàifoit vn remede an-
tepileptique d’efficace & vertu admirable,
fi durant le paroxyfmeonremployoità et
ueiller le malade, & fi pour fegarentirou
f>referuer de la maladie, il eft oit continuel*
ement employé par vneafiez longue efpa-
ce de temps, en dofe de demy fçrupule aüe'C'
quelque liqueur conuenable,
Aucunefois il mettoix auec ce mefme et
prit de vitriol, des feuilles d’or (qui ont ac-
cottftmné de s’y diifoudre, pourueu qu’il
sr x i a b ï fs
fbi.t tref-bien préparé ) dont il compofoir
fon efprit vitriolé c'orreÆ & orific, lequel
cft pout certain fort conuénable au mefme
mal, comme iceluÿ mefinë tefmoigné éri la
page ï6i. du tome 4. ■
Encores âdiùuftôi* itquélifuéfbis à cet ef¬
prit l-efTenCe de guÿ' de é&éfrië, & les ex¬
traits de peüoirie, de: M^déèranë huniami6&
chofes femblâbles, plits-^yWt bien rrféïîê lé
tout aueé-efprit de virt&r bifcuit de paindé
feigle3il le dïftilloit & cohoboit deuëmeritt
Ge remède eft vtile &- dé grand friiîéfc)
moiennam qu’omen prëiîevnTtrlipûlé àuée
eau conitenablé, comm'e dé mugiieti fleurs
détillet, & autres de tei genre. 5
Èfâuuntagëlë mefme Paracëlfe tome 3*
pag. 3741 defcrit vne autre belle compofi-
rio n qui o n uié Utt tëf-bîéri du'mal ëpilëp tri
quès-& dont la bâfe etfclë vitriol, eii voiëÿ
le formulaire. - b ■ ; ■■■■■■- - 7 '
Antepi. 1 ^otnairfo Wde.Hm^ïe qmmchpurfsl
hptique loueurs de peiisme de cainphre , raclures dd yuoire,f<r
de F ira- de ■: demyi once' de ' chacune', difiillezjes parlaretorté
«elfe., m colchotar i Prenez^ de cejte hqucurftow hures, al-
' cbol de 'vin corrige, eaux de nielijfe £r> de valériane :
dé chacun denti once, côlchotar vne Hure, reduifizjf
encores par la retorte,& ayant prihs vne hure de la U'
’qüeUr àiiec deux hures de colchot acre cent, vous les du
fiillerez. „ de rechef par la corme l’ejpacede vingt quf
tre heures, dont fortiravnphlegme, vne liqueur sg vn
huile: cela cfantfdit onfeparera lephlegme au Bain
Marie, & l'a h futur ou eftrtt tnêramd darisle*
BV CERVEAV» 3%
cendres: Mais on extraira t huile a feu violent parle
fable. Le phlegme fe donne aux enfans le poids d'vnt
dragme auant leparoxyfme, la liqueur aux perfinnes
aagées en dojè ddvn fcrupnle : mais k ceux qui ontpaf
fe quar ente ans , on leur fait prendre mis grains ott
gouttes d'huile auec eau d-efclaire, ou de mariolaine.
Nous produirons encores pour mefme
fin beaucoup d’autres telles préparations 8c
compofitions fort excellentes, que nous a-
uons faites 8c expérimentées : & pareille¬
ment celles que i’ay apprinfes de plufîeurs
autres Médecins fort célébrés , mes amis,
qui par certaine expérience les ont recognu
fort propres aux epilepfies, 8c aux trois au¬
tres maladies.
Il n’eft icy befoin, 8c le temps ne permet
pas que nous parlions d’vn nombre infîny
d’autres remedes qu’on peut extraire 8c pré¬
parer du vitriol, &r qui conuient tres-bien.
à plufîeurs autres maladies tant internes
qu externes, comme ceux qui font grande¬
ment falutaires à toutes fortes de manies 8c
nielancholies, à l’aftEme, phtifîe, imbécilli¬
té & douleurs d’eftomach, à la jaunifîe, aux
duretez de rate & de fôye, à brifer le calcul
8c d’autres maux femblables •Ç defquels re¬
medes nous remettons la defcription en no»
ftre Antidotaire Spagyrique , qu’auec la
grâce de Dieu nous communiquerons bien
toft à la republique de médecine.
N ous y enfeignerons auflî diuerfes tein-
tur es, qui par le moy en du vitriol fe tirent
3S4 BÏS maladies
des fletirsjferaences & racines des végétaux
afin d’en préparer, altérer & corriger toutes
fortes d’intemperies : dont on compofe
encores des remedes, qui à caufe du vitriol
font fpecifiques à plufieurs autres maladies.
Nous y defcouurirons pareillement di-
uers genres de purgatifs reflortiflans leur
effe& par Telle, vomifiement, vrines &par
Tueurs. Audi expoferons nous là mefme les
remedes propres à recreer & fortifier les
partresnobles,& les vrays anodinsde toutes
douleurs qu’on extrait de fonfoulphre vi¬
triolé : en fomme nous y monftreronsvnfi
grand nombre de d iners medicamens tirez
tant de cet indiuidu métallique, que de l’an¬
timoine, duquel nous parlerons cy apres,
qu’il pourra fuffire à pleinement garnir &
remplir la boutique du Pharmacien, com¬
me nous auons dit, dont fortiront des reme¬
des beaucoup plus excellens, plus effica-
cieux, dc plus parfaits que les vulgaires.
Mej fpetife. Mais fi quelqu’vn de nos Cenfeurs à qui
tels fecrets font du tôut incognus, excepte
qu’il y a des venins en ces minéraux que Ga¬
lien éc d’autres qualifient mortels & perni-
deux : Nous refpondronsj que fi on lit ce
qu’a eferit Galien au neufiefme liure des
Amples remedes métalliques,' de principale¬
ment ce qu’il dit touchant le vif argent, il
femble nauoir eftç beaucoup verféez ma¬
tières minérales ou métalliques, dont tou¬
tefois il a eferit, afin qu’il ne femblaftrien
ignorer
»V cïrvïaV. 3 1$
ignorer quoy qüe touchant le vif argent, il
ne diffimule point fon ignorance : Nous
adioufterons encores pour refponfe à tels
Cenfeurs, ce que le do&e Commentateur
fur Diofcoride chap. 0. de l'antimoine li~
ure y. a efcrit contre aucuns Médecins de
fon temps, gens de mefmc farine que nos
Ariftarqües , car celuy ayant defcrit quel¬
ques curés & effe&s admirables du verre
d’antimoine, dont il aüoit feulement, alors
cognoiflànce, & rapporté quelques hiftoi-
res de fes vertus, finalement apres en auoir
merucilleufement célébré leremede,ilad^
ioufte ces propos : Pourtant ne puis-ie afez^ad-
'mirer !: opinion d3 aucuns Médecins , ejhmans l'anti¬
moine ejïre vn venin mortel, car comme dtnjî fat qn ils
font profefion de la Medecme, nefçauent ils pat lien
qu on ne peut chotjir aucun remede purgatif, pratiqué
tant des anciens que des modernes : lequel foitpriùé de
fon venin ? Fada l'vn & l'autre hellelore, toutes les
efpeces de titymale on laifteron, la piijufe, f eîateré, la
coloqUinthe, r euphorbe, la tapfie,Jcammonée, mjmèd
le'e, entre les minéraux la pierre d'azur, la pierre
darmenie, l’efcumc d'airain (de laquelle les ^Anciens
fi femoient ordinairement contre l' hydrspife) qUiofira
mer qüe -toutes ces chofes ne fient accompagnées de
leurs quaktefyeneneufes ? Que pourront ils dire de la
Jandarache. venin tres-permcieux, laquelle Diofcoride
ne laife- tout es fou de prefcnre eQpilules demie! pour
les ^/CflkmaUques, comme- jÆuiéerme met aufi en v«
fage l’arfêic? Mais (dit-il) eejl aflh^parlédetels
Medeêws oprniajïres qm blafnient ï antimoine, er/i-
jg<S Dis MALADIES .
ploiet lotir ne llement des remedes beaucoup pireso^phtê
dagereux, car l’vjfàge de l'antimoine bien&deutmet
ddminlfire'yfalt paraître des cures miraculeufes plufi
toft quantremet. En fin il conclud, qne ceux là ingens
Crraifirmet fort fainemet,qui prefir tuent l’antimoine
ezjnaladies chroniques£rdefefperées,fiitpitniteu[ès9
fini melancboliques , l'appellant, main de Dieu,
Nous auons mefme fentiment, & faifons
mefme illationquele do&e Matthiol, con¬
tre nos ohftinez & tref-fîgnales Cenfeurs :
lefquels pourront veoir incontinent aucc
admiration (s’ils ne font plus ftupides que
bardes & afnes) non des vomitoires & laxa¬
tifs tirez du feul verre d’antimoine , mais
plufieurs fortes de purgatifs fort propres &
tres-feurs pour euacuer fort doucement,
mefme auec chois, les humeurs plus pérni-
cieufes, corrompues & veneneufes, comme
ceux auffi qui furpalfent les laxatifs com¬
muns 8c ordinaires en douceur & facilité.
D’abondant nous leur ferons veoir qu’on
en préparé diuers mondificatifs dufang, fu-
dorifiques , confortatifs 8c reftaurans , en
poudres, liqueurs,huiles, extradions,elTen-
ces, 8c teintures, bref il l’admireront corne
vn autre Prothée fe tranfmuant endiuerfes
formes & natures : lequel s’employe à di-
uerfes cures de plufîeurs fortes de maladies
tref-grieues 8c defefperées, fçlonla diuerfi-
té des formes qu’il reçoit en fa préparation.
Qui ofera donc pluftofî: amoindrir que
célébrer les louanges dvnfî noble remede*
BV CERVEAV. 387
& honorer la mémoire de ceux qui premiè¬
rement l’ont inuenté & introduit (on vfage
en la republique de médecine : finonnos in-
fenfez Cenfeurs, & que ceux qui feront au¬
trement foient auffi pleins de malice ?
Mais retournons à noftre proposé pour-
fuiuons l’examen des remedes de noftre vi¬
triol improuuez par tels Cenfeurs. Ils re-
iettent l’tdagc du vitriol, à caufe que fon cf-
prit eft extrêmement acide,fon huile fort a-
cre,& par confequent bruflant & cauftique
à leur iugement : mais qu’ils ayent vnpeu
de patience y iufqu’à ce que nous leur fa-
cions venir noftre Antidotaire Spagyrique:
dans lequel nous expoferons la façon 8c ma¬
niéré que nous touchons aufli maintenant,
comme en paflant, à fçauoir de dulcifier les
efprits & huiles du vitriol, & de les aualler
auffi doucement fans mixtion qu’on a ac-
couftumé de prendre les fyrops de limons DafcwveS
ou d’acidité de citron : car nous y enfeigne- ùon de
rons que cet huile fe peut rendre fort doux l'*fp*>* ^
& potable par digeftion ( qui addoucit & vltrloi‘
contempere toutes chofes) oufimplement,
ou aaeedbn propre phlegme, ou auec efprit
de vin & par circulation, ou auec huile de
tartre,encores qu’il foit acre 8c ioint à l’hui¬
le acre du vitriol : Et combien que cela fem=
bie incroyable à nos Cenfeurs,nous le pou¬
vons demonftrer 8c vérifier par certaine ex¬
périence toutes &quantes fois qu’on vou¬
dra, afin qu’ils apprenent de -là à eftre fages*
B b ij
388 DES MALADIES,
ou à garderie filence.
Or pour mettre en euidence les grands &
principaux remedes qu’on extrait duvitriol,
nous commencerons par l'efprit de vitriol
verd que tous les Hermétiques tiennent fur
tou* autres remedes pour vn fpecifîqué
propre aux epilepfies : lequel fe fait en celle,
manière,
Extrd- Brene^d’ excellent vitriol, fit de Hongrie, fit po-
fiionde niain, autant qnil vous plaira,&r en tiresje phlegme
* a tunt eïtie ^es eJfïlts commencent à Jortir par du
lïecjk *“ finht4m,jders on ofiera le récipient pour luy en fuhfii-
v ordure. Mer vn autre recent , dans lequel pajfer ont tous lesef
prits : cela efiant fait, vous prendrez^duvitriol nou-
ueau,.gr de rechef en .extrairez, feparement lephle-
gme les éfpnts,que mettrez)- part, vous aurezjdeu
prendre <£r difiiller autant de vitriol que requerra la
quantité duphlegme, &: des efprits que defrezjtuoir,
défi a fiauoir deux hures de l 'vn & l'autre, oumefl
me d’auantage.
.* Dedans leqhlegme on.macerera par quatre ou cinq
saurs au Bam Maritales femences de mille pertuis
de peuome, leguy de chefne,les fleurs de muguet, tillet,
fiulcy,rofmarin,millepertnis, & lés raclures d’ymire ,
de corne de cerf£r de crâne humain, le tout en fiffi-
fante quantité, dont en apres fit faite expefum, la¬
quelle on difiiller a, ^AbhreiiHcz^decefie difiidafwn
trois ou quatre hures devitnol de Hongrie récent, &
les difiilez, par quatre on cinq fois au Bain Marie
bouillant , ver fant a chaque fois la liqueur fur les fè¬
ces, afin que par ce moyen le corps, du vitriol s opure
mieux : a quoy finalement vous adioufierez* l’eJfd
f
»v Cerviav^ 389
^dUreiyëfèrué, pofimt le tout enfèmble dansvn ma-
x trdi capable a Juffifance, ayant de longs tuyaux de
verre , /’ extrémité du dernier defquels foit eflargic
corne vn entonnoir, fur laquelle vous adapter ezj’alem-
bic,<£r1?yiomdrezJ>ien ferme, colloquant puis apres le
vaijféau dans le Bain Marie bouillant : fïinji pour-
ueu quon opéré bien , le fèul efjmt fort ira auec fa ver¬
dure, JîJiibt il pénétrant qu il égaler a enpuijfance
l'efprit du vin. Qui prendra quinze ou vingt
gouttes d’iceluy feul, trouuera que c’eft vn
-reraede tres-feur aux epilepfies , Toit pour
repouficr l’afiaut epileptique , Toit pour
l’empefcher de venir, eftant adminiftré fé¬
lon la maniéré d’en vfer qui fera enfeignée.
Si duphlegme imprégné de remedes ante-
pileptiques , comme defiiis onabbreuue(au
lieu de vitriol de Hongrie) le vitriolde Ve¬
nus ainfi qu’en la derniere operation, alors
ceTera vnremede beaucoup plus excellent
à penfer toutes epilepfies : duquel fe faudra
feruir Pefpace d vn mois apres le paroxyf-
•me, ou mefme iufqu’àla fin d’iccfle mala¬
die : Sa dofe fera de douze ou quinze gout¬
tes auec quelque eau theriacale, propre &
fpecifique à celle maladie, ou dans Quelque
autre aufli conuenablc:.
On doit icy noter, que fi l’efprit paraient
iufqu’au centre ou minière du mal, le paro-
xyfme qui pourra furuenir fera beaucoup
moins violent, & deuiendra iournellement
plus facile: de forte que la force de la mala¬
die commençant deflors à diminuer & cef-
B b iij
|90 DES MALADIES
fer ,8c là fanté à pleinement reuenir, le tna-
lade ne fentira plus finon quelques tourne-
mens de tefte, mais fans conuulfions, ny
cheute, & mefme fans efeume ny priuation
de iugement & d’entendement : lequel ver¬
tige viendra finalement à s’euanoiiir du
tout, eftant accompagné de quelque doux
fommeil. Nonobftant quoy la cure ne doit
eftre difeontinuée iuiqu’à ce que la fanté
foit parfaitement reftablie: mais au com¬
mencement de la guerifon, le malade vfera
de purgations fpecifiques,& tiendra vn ré¬
gime de viure çonucnable > ainfi que nous
dirons en bref.
S il efehet que les epilepfies foient hyfte¬
riques , accompagnées de fuffocations de
matrice, on adjouftera à lefprit devitriolia
teinture des grains dade ou de fuzeau bien
- meurs extraide chymiquement : efqü'élles
maux hyfteriques , afin que le tout fuccede
-mieux, principalement fi nous auons affaire
a des femmes fort riches & de grande au-
thorité, en lieu du vitriol deVenus , il fau¬
dra fur tout employer celuy de Iupiter : les
feules fleurs ou fel duquel font vntrés-fou-
dain , tres-feur & fpecifique remede àtou-
tes fuffocations & epilepfies hyfteriques.
S’enfuit vn autre puiflant remede tiré du
vitriol , que nous appelions teindure ,1e*
Tenture n°fl:re defcription, Prenez^, fi fa'
de vttttîi. refe Peut ’ vitriol Cyprien , m au defaut d’iceluj,
' de celuy de Hongrie bien vsrd , non de couleur blm
Dv cïrvïav, 35>ï
( tel qu’efi celuy d’Allemagne ) autant que Ion vous
fimblera. Car fi on employé d’autre vitriol, l’opera¬
tion que noua attendons ne Juccedera, querarement
à grand peine : qu’on en tire à feu de cendres par l’a-
lembic tout le phlegme Çrl’efirit qui s‘ en pourra ex¬
traire , gr qu on recueille leur grande quantité furie
colchotar refiant au fond, <cr réduit en poudre verfiz^
autant de ce phlegme qu’il en faudra pour le fumager
de la hauteur de quatre doigts. Pour les faire rajfeoir
ils feront expofizjjuelques iours a la froidure de l’ air,
HA remuezvne foison deux par chacun tour, infqua
tant que la teinBure fin imprégnée de la verdure du
: vitriol qui enfiut latres-beue couleur de l’efineraude ,
ce qui aduiendrapour certain, moyennant qu on pr en-
ne de bon vitriol. Nous feparerons doucement par in¬
clination ce fie teinture verte , afin de ne rien troubler
& ver ferons encor es de nouüe au phlegme fur les fefiès,
qui extraira aufisi vne temBure cr couleur nouuelle.
Que fi le phlegme vient a défaillir auant que la tein-
Bure fioit pleinement Çr parfaiBement extraiBe du
colchotar, on le fiparer a des premières teinBure s jd
extraiBes par dijhltation iufqna confifience de miel :
Apres qmy refieront au fond des cryfiaux fléaux
Cr tranfiarens qu’ils égalent les efineraudes en
beauté, lefquels je deuront garder feparément ; Mais
ce phlegme difiillé fera reu erféfiir les feffes ,pourefire
derechef imprégné de cefie verdure efmeraudine : Ce
qu onreitter a tant de fois en me fine maniéré , qn au¬
cune verdure ne s’en pui fie plus extraire. Ve
telle verdure finaragdine , il conuiendra fiparer
le phlegme (qu’onrefiruera toùfioûrs ) par dijhllatton
mfqu 'a vne confifience de miel , laquelle expofee en
B b iiij
3$>* »E.S maladies
lie» froid , produira des cryfi'aux fimblables a efm \
raides qu'on toindra gr méfiera atj.ec lesprecedens.
Mais pour en auoir fuffifante quantité, au corn-
. mencement de Vœrnre on aura dm difiiller par
dîner s alembics douze ou quinze hures de vitriol.
\yCyant recueilly quatre ou cinq liures de ces cry-
fiaux, & iaeuxtr es- acides 3 on y adioufiera d'excek
lentefprit de vin gr circuler a-on le toutjedansvn
Pellican bouché hermétiquement afin quehenne s en
expire , puis l' offrit de vmfera difhllé a feu graduel
dans vn alembic planté dedans du fable, ^presduoy
le coichotar encorés imbu de fin huile rouge gr pefian-
îedemeurera au fond : auquel coichotar broyé & défia
colloqué envne cornue ou retorte bien cnir-ajfée, on ver-
fer a de l'effrit de vitriol méfié aucceffrit devins le
feu.fi donnera par degrez^ l’efface de quatre tours, tek
lementquen fin il fait fi accreu que tout l'huile rouge
Çr fort exquis, forte auec lefidits offrit s. : duquel vous
feparerez, au bain Marie par les cendres première¬
ment l’eff rit devin, puis le fien propre , de façon que
l’huile refie au fond doux-acide gr fort fauoureux,
aufii rouge que fang ,gr de vertus admirables contre
toutes maladies qui ont leur fiege en vne maùere
çrajfe.
Pour redune cet huile en magifiere, gr en faire vn-
grand remede epilepfique 3 on le méfiera auec fan, pro--
pire effnt vitriolé qui a eflé extraicl auparanant gr
circuler a-on le tout dedans vn Pellican par quelques
tours , dont refùltera vn médicament doux gr fit
agréable, qù on ne pourra iamais afiez^efiimer. con¬
tre les epilèpfies gr autres maladies afirales ; Princk.
paiement- fi om adiofite de l'or calciné philofipbifiÇ-
BV CE HVEAV. 3?y
ment & refont par parfaite filution philofiphfiuc» - t
La dofe fera feulement vneoudeux gout¬
tes, non plus, auec eau conuenable.
À vray dire cefte Medecine eft d’vne ver- • '
tu & energie fi grande qu’elle fubuient,non
feulement aux epilepfies , mais auffi aux
apoplexies, paralyfie , vertige , manie , ex-
ftafe, fyncopes ou défaillance de cœur, à
l’imbécillité d’eftomac, cachexie, hydropi-
fie, au calcul , & à toutes maladies hyfteri-
quës. Or pour faire de cefte teinéture vu
Elixir &: pierre, où Medecine vniuerlelle
pour la fauté & purification de tous corps
faut fuiure la méthode & maniéré d’operer
par moy j a deferite en mon t rai dé delà ma¬
tière Medecinale des anciens Philofophes,
&c. comme auffi en la refponfe qu’auons
faite à vn Cenfeur Anonyme : lequel abieri
ofé impugner 8c reprendre yiuement ce
dont il auoit moins de cognoiffance» , Elixir it
cpffin donc que nom faaons de la ieinShire Jufdite v trw^
vn Elixir , pierre ou medecme vmuerfelle: de vitriol^
il cènuiendrà vfir de ta méthode fumante : la teftè
morte refée an fond apres I4 fiparation del'efnt Cr
de ï huile , fera calcinée a feu du reuerber.e d‘ ,j£th a-
nor , pour en extraire le fil auec fin propre phlegme :
on dépurera ledit fil a perfetlionpar diuerfis (blutions.,
filtrations coagulations réitérées , auquel vous ad-
toufi erez „ ( en deue proportion , & par mefure phdofb-
phtqüe) Ve frit de vitriol quaurezje fermé , tant gu il
filmage, de deux doigts , faites-le digerer O ” dtfiller
y àdioufantée nmnel éfirif , epr? rc itérant tout cet
594 „ DES maladies
œtinre iufquk ce que la partie du volatil Jurpajfe cel¬
le du fixe, cr que par voye de fublimationle fl Jufdit
fe ptufie exalter en aigle celefle , plus claire tranf-
parente que tout tailler perle . <A, lors incorpore^bien
pafiujle gr philojophique mejure ou poids, ce fil ar-
momac ou mer curial attec fa propre code fdphuree:
Et finalement apres les auoir conjointes tous trots en
vn,faites-les cuire au four fecret notoire aux vrais
philofophes, par xmtemps prefix çr fuffifant,iuf..
qua ce qu on les voie parf utilement vms, que tou¬
tes les couleurs varient, O" qu en fin celle de pourpre
les farpajfe toutes en apparence : Ainfi fera-on vn
EÏixir, pierre ou medecine vniuerfelle, flui¬
de, fort pénétrante & permanente : Etvne
vra.y Salamandre fixe , qui ne peut eftre
vaincue par aucuns degrez de feu , & dont
vnfeul grain pourra mefme fuffire à guérir
les plus defefjperées maladies du corps hu¬
main.
Ceux qui par tel foudre & feu Celefte,fça-
uent bien fulminer , incinerer, philofophi-
quement & vrayement calciner l’or , & en¬
cor es que ce foit vn corps tres-fixè 8c bien
aflemblé ou conjoint ) le réduire en fa pre¬
mière fubftance,racine & elemens (laquel¬
le redu&ion ne fe parfait auec moins de la¬
beur & d’induftrie que fa génération) par
celle fulmination & fermentation verront
de grandes merueilles, comme ceux qui par
ce moyen peuuent douer l’or qui cft com¬
me mort & inutile , de vertus vitales 3 8càc
végétation tres-efficacieufe , & en fahc
d V cerviav. 595
ehofes plus grandes qu’on ne fçauroit dire
ouefcrire.
Celle reduâ:ion(ainli que Paracelfeef- P utref&i
cric en quelque lieu ) fe fait parputrefa- &,ea-
étion qui réduit toutes chofes es racines
dont elles font engendrées Sc procrées:T el*
lement que ce qui eft de terre, dans certain
temps retourne en terre} ce qui eft d’eaü re¬
tourne en eau , & ainli des autres Elemens.
T elle putréfaction ne fe fait linon par hu¬
midité où elle confifte & opéré, & par cha¬
leur ou corrolif qu’elle a de foy ou d’ail-
lieurs. Ainfila corrofiô corrompt la femcn-
ce au champ & lamene à parfaite putréfa¬
ction, pénétrant par tout fon corps & l’oc¬
cupant & diflToudant.Pour à quoy paruenir,
faudra mettre en aétion ledit corrolif, & ce
par la feule chaleur qui luy eft naturelle.
De mefme le fient qui n’eft linon le feldes
excremens refoutes eftables ,rend la terre
falée & chaude , par laquelle faulmure &
chaleur les feméces fe diftoudent , corrôm-
Î>cnt& font animées à putrefa&ion , apres Hjtgtnt-
aquelle vient la régénération & multipîi-
cation de l’efpece.
Le fel de telle nature ( comme il appert
par la calcination ) fe voit appertement en,
toutes chofes quelconques : demeurant
mefme ez eaux infipides,quoy qu’inuifible- .
ment. Mais il paroift fur tout au vitriol,
comme en fon premier fubieCt, lequelfe
pouuant tirer de tous metaux,aulfi tous me-
tfÇ E E S MAIAD ris
taux fe reduifent en iceluy, comme nous ai
upns dit ailleurs :1a maniéré de celle redu-
dion à fçauoir de tous métaux en vitriol,
fera par nous enfeignée ennoftre Antido-
taire fpagirique: De-là vient qu’on extrait
dudit vitriol tant de remedes fi finguliers
qui duifent à plufieurs effeds -, car ïes'viis
feruent à la coagulation des efprits, les au¬
tres^ à la folution des corps, les autres con-
uierinent à d’autres operations, car le vitriol
eft le Lion verd de Riplæus, les merueilleu-
fes forces duquel rie fe peuuent affez dé¬
nombrer. ny p r ifer , mais nos Cenfeurs neles
p,euuent comprendre, ne plus ne moins que
s’ils efloient du tout priués d’yeux & d’oreil-
Iqs : leur efprit eft trop ftupide & brutal
pour pouuoir entendre les myfteres que
nous enfeignons touchant le vitriol : Pour¬
tant aufii ne leur prefente-j e pas ces perles,
mais aux efprits mieux polis & plus fubtils,
qui feront mieux leur profit de nos ef-
crits. Que telles gens s’efmerueillent feule¬
ment auec leur Galien, comment il fepeut
faire qu’au vitriol y ait vne fi grande cha¬
leur conioinde à vne adftridion fi forte,
veu que ce myftere furpafle les reigles de '
ces D odeurs'. Âiguifez.donc vos efprits,
fubtils Genfeurs, &. cherchez les caufesde
tant de vertus fi grandes '& fi diuerfes ail¬
leurs qu’en Galien qui les a' obmifes: &fi
vous voulez deuenir fages,foyez ftudieux
des préparations remedes tant admira-
© V CERVEAV.' $97
blés que nous auons produits du vitriol, par
fa viue anatomie, laifTans ces difcours pro-
près aux idiots, touchant la vertu qu’il a ds
confire & conferuer les chairs.
Chap. XXXI.
De l'antimoine,
L’Enuie, obftination , rage , ou pluftoft la
groffiere & ftupide ignorance de nos
eenfeurs , lefquels fe dele&ent à babiller
mal à propos de chofes à eux incogneuës ôc
-qui fe veautrent & endormifient volontiers
-en leur ignorance, ne defpoüillans pas faci¬
lement leur vieille peau, pour fe reueftir de
quelque meilleure chofe nouuelle , mais
eftans fi arrogans qu’ils euidéttout Içauoir,
& maintiennent qu’on ne peut rien adjou-
fter aux efcrits des Anciens , ny- en rien
ofter : comme fi la Medecine eftoit parue-
nuë au fupreme degré defaperfe<5fcion:i’ôu-
trecuidance & opiniaftreté dif-je de telles
gens, m’a donné occafion de prolonger ce
rraiéfcé quant à la dilfeârion du vitriol en di-
nerfes parties ; afin de monftrer combien
•grande eft 1’vtüité 8c neceflité de cet indi¬
vidu minerai incogneu aux Anciens.
Celamefmenoüs donneracy-aptes fujet
de difcourir par aduenture encores plus
amplement du Mercure & des autresme»
3S>8 des maladies
eaux î Et icy touchant l'antimoine, apres le-
quel ils abbayent iufquesàen deuenir en¬
rouez, le blafmans & rejettans comme vn
poifori le plus pernicieux de tous : C’eft
Îiou'rquoy il nous faut maintenant réfuter
eurs menfonges, efplucher leurs raifons,&
monftrer combien ils s’efloignent de la ve~
rité> verifians que les diuers & mctueilleux
remedes extraits dudit antimoine,& deuë=
ment appreftez furpaflent infiniment infi¬
nis autres medicamens vulgaires quant à la
cure de plufieurs maladies fort defefperées.
Car il eft doué de mille pr oprietez diuerfes
& excellentesjcomme de préparer, purger,
exciter les vomiiremes Ôc autres de tel gen¬
re, tellement que iamais on ne fçauroit afr
fez dignement louer ce remede. Pour le¬
quel defendre, Matthiole,come défia nous
auons dit , n’a pas inue&iué fans raifon à
l’encontre de tels Médecins ignorans &
opiniaftres : Il l a auffi en fi grande eftime
qu’il l'appelle main de Dieu , comme fi c’e-
ftoit vn remede enuoy é du Ciel , contre les
plus grieües langueurs des hommes.
Or voyons premièrement ce que les An¬
ciens ont eferit de cetindiuidu métallique,
& auec quelle raifon ces nouueaux Cen-
feurs le mettent au rang des venins : Confi-
deronsauffi de quelles facultez* les Anciens
ont dit qu’il eftoit doué , quelles prépara-
rations, quel vfage ôc application ils en ont
admis , afin que tous Lcd eurs équitables &C
©V C1R.VE A V*.
iudicieux remarquent à l’œil combien l’a¬
natomie externe de ce medicamêt cogneuc
des Anciens par fa feule efcorce , eft impar¬
faite & du tout inutile, voire nulle ,auprix
de l’interieur que les vrais Médecins nous
ont enfeignée.
Diofcoride liu. 5. chap. 59. .ayant parlé
de l’eflite & bonté de l’antimoine, adjoufté
ces paroles : Quant aux faculté z. C2- propriété^ chant '
â’iceluy , il a vne vertu d’aflreindre & boupher les l'Anû -
porcs ou pajjages du corps , de rafraifehir , de conpt^tauineç
mer les excmjfances de chair , de reprrerles cicatrices
Cr de mondifierles vlceres £r ordures des yeux. Sur
la fin il touche la préparation du remede ,
cTou Oribafe entre les Anciens Grecs l’a
empruntée & tranferite en fon œuure de
Medeçine, liu. 14. de fesColled:. Onhrujle
V antimoine, dit-il , emironné enduit £ vne crou-
fle de farine couuert de charbons , ïujqua ce que
ladite croufle foit redmte en charbons, ftpres l’auotr *
eflé du feu , onl'efieint aueclelaicl d’ vne femme qui
a enfant évnmafle ,ouauecdu vin vieil. ^tufsi U
Irtijle-on a feu de charbons embrafez^par fouffement,
iufqua ce quil foit enflammé, car s'il efl tant foit
peu brujlé d'auantage, ilfè conuertit en plomb. On le
laue comme la cadmie Cri’ airain , aucuns le lanent
comme l’efcume d’airain.
Voila leur belle préparation , laquelle
peut donner fuj et de rire, non feulement à
tnoy , mais à plufieurs autres : neantmoins
par ma refponfe , j’exeufe l’antiquité qui
nous a candidement departy ce qu’elle £ça«
400 : des maladies
«oit , rie polluant paffer plus outre.
Pour le regard de ceux qui eftiment que
l'antimoine Te peut fondre & changer en
plomb, ils tefmoignent affez qu'ils font peu
verfez es matières métalliques. Iceux ont
bien peu obferuer que par violente calci¬
nation & ignition,quelque portion de l’an¬
timoine fe conuertit en régulé qui reffem-
ble bien a vn metail > mais toutesfois n’eft
pas plomb, veu qu’il eft fragile,fê peut ré¬
duire en poudre,& a vne nature ôc proprié¬
té fort differente de celle du plomb: mais en
Cela comme au refte, ils méritent d’eftre pa¬
reillement exeufez.
Galien au 9. des facultez des fimples me-
dicamens , efcriuant apres Diofcoride tou¬
chant l’antimoine , fait quelque mention
de fes facultez : l! antimoine , dit-il -,.avnead-
pnBioh pinte k vne faculté, defccatihe : a raifon de -
fuojonlemefe es medeanes pour les jeux, a fçamir
tant en celles put fe forment ex collyres , quon appelle
f nesfiiches , lejquelles on nomme proprement collyres
Jeiches.
' Paul Æginetaliu.7. delaMedecine,Ori-
. bafeliureij, de fes Colleét. Ætius tetra, 1.
fer. 2. chap. 72. fuiuent la feule opinion &
prefque les propres paroles de Galien tou¬
chant la faculté de l’antimoine.
Aétuariusliu, 6. de fa Méthode curatiue ÿ
en eferit ce qui s’enfuit.
Pour 1‘ antimoine , qu'on appelle n epant point Une,
il Jlmble ajigir vne vertu âdflringente : Mais eflant ■
BV CERVEAV. 401
loue y elle eft tellement refrnmée^ri il ri a prefÿue fluf
aucune moreUcité.
Voila- ce que les Anciens ont eferit tou¬
chant lès facultez de l'antimoine , dont on
né peut inferer que ce foit vn médicament
veneneux , ou colloqué entre les perni¬
cieux , comme nos cenfeur s fe perfuadent
fauftement & fans raifon : veu que les An¬
ciens luy attribuent pluitoft vne faculté ad-
ftringente que corrofiue.
Ét combien que Diofcoride mette au.
rang des poifons lé falpetre , 8c la pierre
d’azur , leur vfage fe pratique neantmoins
en Medecine , à fçauoir de lapierre-d’azur
pour purger l’humeur melancholique : tel*
moin les pilules appellees de fon nom :
mais du falpetre afin de prouoquer & eua-
cuer les mois des femmes , faciliter f enfan¬
tement, chaffer les arriere-faix & pour plu-
fieurs autres maladies , e liant priie mefme
par dedans.
Si tels remedes qu’on trouue beaucoup
plus acres font admis en la pratique de Me¬
decine , fera-il raifonnable d’en forclorre
l’antimoine ? Que fi quelqu’vn vient à ex¬
cepter , qu’il caufe de grands & laborieux
vomifiemens , mefme quand il eft transfor¬
mé en verre : la refponfe eft facile : à fça¬
uoir qu’vn tel Cenfeur fait vne grande inju¬
re aux Anciens ,les accufant d’ignorance ,
& monftrant qu'ils ont eu faute de fçauoir ;
car iceuxné cognoifians pas qu’il aupit vne
Olifftiso
Rtfpenfi}
40i »*■*■ waladies
vertü vomitûie & purgatiue,ont tous affcr»
me qu’il efioit doüé d’vnc facultécontrai-
rc, c’eft à dire adftringente, merme àuant la
préparation ou lauement par lequel 3 ainfi
que croit Aduarius au lieu fuf-allegués elle
fe reftreint tellement que Ton acrimonie
mordicante en efl: prefque anéantie.
Auffi n accorderay-je pas volontiers que
ce foit vn remede 8c poifon fi dangereux
pour exciter le vomiiTement, car qui a il
de plus pernicieux pour engendrer de griefs
fymptomes que les hellébores, & principa¬
lement le blancîEt neantmoins les Anciens
ont mefme pris ledit hellebore blanc(com-
me nous auons monftré cy-deiTus ) afin de
s’en feruir en Medecine , 8c l’ont adminiftré
pour vnfpecificjue remede dés Epilcpfies.
Le mefme fe peut dire touchant latapfie,
l’elatere s le pain de pourceau ou cyclame,
les tithymalles 8c autres tels medicamens
faifans vomir mefme auec grade perturba¬
tion lefquels ne font toutesfois exclus de
plufieurs Eleduaircs purgatifs compofez
qui fubuiennent à diuerfes maladies.
Quoy qu’il en foit , Diofcoride 8c les An¬
ciens ont excepté l’antimoine du rang des
medicamens veneneux 8c ne l’ont pas rap¬
porté au nombre des poifons , comme la
.tapfie , l’hellebore 8c autres femblables ,
dont i’ay fait mention: defquels s’ils ont ad¬
mis l’vfage en Medecine , à beaucoup plus
forte raifon y pourra-on employer l’anti-
CV C1RVEAV* 40$
moine , duquel nous ferons incontinent la
difleàioh. ,
Nous enfeignerons les parties de fon ana-
tomie bien autres qu’on n’a fait iufques icÿ,
&laiflansl’efcorcenouscxpoferonsfâ.tres-
douce moüelle & fes entrailles:ce que nous
accomplirons par préparations chymiqufes*
ne nous arreftans nullement à ce feul verre,
caufant des vomiffemens fafcheux & en¬
nuyeux, quoy qu’aucuns nouueaüx empy-
riques Payent en eftime : Mais nous addort-
nans à mille belles préparations & remedes B™***
bien excellens qui fe rapportent à diuerfes
iudications curatiues , voire quiconüien-^,,,^
ncnt fort proprement à toutes maladies en meme,
general, & pouruoient à celles qui font à
venir,eftans propres à entretenir &con£er-
üer la vie,tellement que nous en defcrirons
êc enfeignerons vne vraye Panacée oure-
mede emcacieuxà toutes .fortes de cures.
Item, vn Antidote Panchrefte , duifant à
plusieurs maladies.
Item, vn Antidote Pantagogue, propre à
chalfer & euacucr toutes humeurs : vn An¬
tidote Theodorete , ou conférant vn benet
fice diuin.
Item, vn Antidote Zoephile, à caufe de
fon admirable vertuà conferuer la vie.
Item, vn Antidote Soterion,ourêmede
falutaire.
Item, yn Antidote Lyfipyreton,appaifant
& efteignant toutes Heures ardentes.
C c ij
4© 4 O E S H A ladies
Itéra , vn Antidote Théodoton , remede
donné de Dieu.
Item, vn Antidote Theopempton, reme¬
de enuoyé de Dieu.
Item, vn Antidote Panæreton, ou doiié
detoutes vertus.
Item, vnPolychrefte , médicament pro¬
pre à plufieurs effets.
Item, vn Ifocryfe , c’eft à dire vn remede
qu’on peut comparer à l’or.
Item, vn Lyfipone, ou anodin diaphore-
tiqueoftant ia douleur : Et plufieurs autres
fortes de tels antidotes & remedes exquis,
non compofez de diüers ingrediens 3 mais
prisdu feul Antimoinedefquelstoutesfois,
quoy que tirez dVnfeul ingr edient/urpaf-
fent de beaucoup en vertus ceux que Nico¬
las My reps a recueilly d’entre les fleurs des
Anciens,difpofé & deferit par ordre en Ton
liure des Antidotes, fe&ion première: Pour
la loiiange & grande recommandation def-
quels,les Anciens ont pris plaifir à les orner
de tels noms releuez & ampoullez.
: Mais ceux qui liront plus attentiuements
& confidcreront plus iudicieufement de
quelles chofes ils font compofez , combien
tout y eft confondu & inféré pefle-mefle
fans.raifon : & auec combien peu de iuge-
mentdes Anciens y ont introduit l’opiurft,la-
mandragore , les pauots , le iufquiame , les
iiellebores, la coloquinthe, l’euphorbe , le
fouphre 8c autres femblablss , fans aucune
BV C E RV EAV?
préparation, ceux-là , di-je, s’ils ne font en-
rierement belles & aueugles fe mocque-
ront pluftoft de tout cela que d’en louer Sc
approuuer l’vfage Sc compofition.
Ainfi la vérité fille du temps nous eft né cs
& acfclarcirentendemét des hommes : tel¬
lement qu’ils mefprifent & rejettent du
tout, voire banniftent de leurs boutiques
toutes telles compofitions qu’on exclud
maintenant des nouueaux difpenfaires.
C’eftoient neantmoins les perles des An¬
ciens, Sc les plus odorantes & plus foiiefues
üeurs de leurs remedes : lefquels n’ont pas
mefmc efpargné farfenic , ny oublié le
plomb bruflé , ny qui plus eft, obmis l’anti¬
moine mefme tout crud & non préparé s
que nos cenfeurs reprenent Sc blaiinent
auec tant de vehemence.
Il eft temps que nous monftrions auec
combien plus meur iugement les Herméti¬
ques , Sc principalement ce grandChymi-
queTheophfafte,Paracelfe,ont expliqué la
nature, l’eflencc Sc toutes les qualitez de
rantimoine,& l’ont artificiellement diflout
en toutes les parties : à fçauoir en fonfel,.
fouphre & mercures , comment aüfli ils ont
enfeigné des maniérés de le préparer bien
autres que les bruflemens Sc lauemens vpl-
-gaires , pour l’approprier aux Collyres fé¬
lon la couftume des Anciens.
Faut pareillement faire veoir comme les
Hermétiques ont remarqué & dçfcouuert
Ce iij
4©6 DÊ'S MAtABîES
en iceluy, d’autres vertus plus excellentes
Se d’autres proprietez fingulieres : Etcom-
me au lieu des aftri&ions imaginaires, au
contraire ils en ont produit & tiré toutes
fortes de vorftiflemens doux, modérez, 8c
beaucoup plus feurs , Sc euacuans auec
moins de difficulté que ceux quon prouo-*
que par le moy en des hellébores ou de l’ai¬
rain bruflé , encores que les Anciens s’en
feruifFent & les adminiflrafFent mefme aux
petits enfans , ainfique nousauons ditey-
deifiis. Nous ferons femblablement veoir
qu en iceluy fefont trouuez diuersprefer-
uatifs admirables, doux , benings &lafchas
fans appétit de vomir: De forte qu’en cet
efgard ils furpafFent le catholicon , diapbe-
nic , les hieres , tripheres, ele&uaires, in¬
diens majeurs & mineurs, laconfe&iônde
Hamech& femblables. Car il confiera par
nos deferiptions & expérience , que fi nous
employons l’antimoine à la purgation du
Ventre , il efl propre à repurger elediüe-
ment toutes humeurs corrompues & veni-*
meuffes : attendu que par fa vertu & faculté
il efclarcit & purifie toute la mafFe dufan^ ,
fans chaleur exceffiue, dont il efl priué,
comme ainfi foit qu’il efl ou infîpide à la
langue, ou agréable au palais, & doux plu-*
tofl qu’autrement , & veu qu’il fait douce-*
ment paroiftre fes forces, contre la couflu^
me des autres remedes agiffans auec grand#
*(5^. -
BV CÏRVEAV. 407
En outre nous enfeignerons Tes diuerfes
préparations , 8c fes excellentes vertus dia¬
phoniques qui produiront des effets plus
mcrueilleux que tous autres hydrotiques
Guajacins,ou autres tels remedes : Qui plus
eft, nous le changerons en plulieurs autres
formes : à fçauoir en remedes confortans &
preferuatifs beaucoup plus propres &vtïij^
les pour entretenir le nectar de noftrc vie ,
corroborer les forces du corps & en chaffer
tout venin & maladies contagieufes, que
toutesles autres Conférions d’Alchermcs,
d’Hyacinthe, les Mitridates & Thériaques.
En fomme nous ferons voir en cet indiuidu
metallique(encores que plulieurs Cenfeurs
ignorans le rejettent , condamnent 8c déte¬
llent comme vn lingulier poifon ) vne mé¬
decine vniuerfelle qui fera la medecine des
médecines, 8c le miracle des miracles, ou
merueille des merueilles. *
Mais venons prefentement à la chofc
mefme , 8c confirmons la vérité de nos pro¬
pos, tant par mes propres expériences, que
par celles d’autruy , que nous auons em¬
pruntées des eferits 8c colloques de tous les
plus dodes Médecins & Philofophes Her¬
métiques, 8c les emprunterons ençores fur
plulieurs préparations &: remedes admira¬
bles qui fe tirent de l’antimoine.
Riplæus, Northon , Ilkac Hoîlandois,
Rupeciffa , Bafile Valentin de l’Ordre faint
Bènoift, 8c entre tous autres Paracelfe, ont
C c iiij
408 des maladies
collaudé & prifé l’antimoine fur tous auttes
métaux: Celui-çy l’égalant en fesArchido-
xes, & liures de la lôgue vie , & en plufieurs
autres lieux , au premier eftre ou prime ma¬
dère de l’or.l’ayânt à merueilles & foigneu-
fement examiné en toutes fes parties , &
n’ayant rien en plus grande recommanda¬
tion qu’iceluy , mais principalement fon
mercure & fon foüphre: car il énfeigne que
ledit Antimoine fe procrée d’vn mercure &
fouphre tres-purs Ôc très-parfaits forme
Sc fplendeur métallique fous efpece de vi¬
triol. '
D’àuantage , au liu. 3. de la vie, longue
chap. 6. il rend tefmpignage d’infinies au¬
tres vertus admirables, quir efident-en icc-r
luy«j
îd antimoine, dit il , au tome 4. pag. 105. efle
restaurateur & yenouateur de toutes les forcés du
■corps , ôc au 6. liu, des: Archidoxes touchant
les magifteres, feuillet 3 6. L* antimoine, dit-il,
guérit les lepreux, la morphée , la gratelle , la ladrerie
m lepre léonine, le pourpre, grc.
Là mefme il adioufte : Comme ainfjoit que U
matière de l' antimoine. ef Jpoliatiue mondif cati-
üe,. dé-la vient qu'il confime l' impureté du corps, ne
plus ne. moins que nom le voyons dépurer l’or & l’ar¬
gent, mais fur tout il remédié incroyablement A U
lepre .
Et ailleurs, à fçauoir au tome 6. chap.
30 6d’ antimoine ofe toutes maladies, refaure &re-
nwuelte les forces perdues. Et au mefme tome.
T
f>v c'EkysAV. 409
pag. 107. La quinte efence,magîfiere_Cr prime ma¬
tière de l’ antimoine nettoye le corps de lepre, le renoit-
ue liant & rejlaurant d perfection. Et làmefmc,
pag. 109. Le premier efire de l’ antimoine a des ver-
tus fi grandes, qui il tranjrnu'ê tout ce a quoyil touche :
fipare tout ce qui naifl de l'humeur radicale, & re¬
nouvelle le corps par fin fondement.
Et au tome 4. pag. 70* Le magifiere £ anti¬
moine efi vn confortatif en l'épilcpfie. Aumefme
tome, pag. 3 . Laforce de l'antimoine efifigran-
de, qui elle guérit le tres-gnef paroxyfine de l’epiïepfie.
Et en la pag. 84. 85. & 88. La quinte ejfence de
l antimoine remedie a la phrenefie: c efi aufiivn con¬
fortatif ez^contraBures . Au mefme tome,pag.
104. & pag. f)r. L'huile d, antimoine prefiruede
toutes ejpeces de folie, comme fis fleurs bien préparée s
garentijfcnt de lepre, tome 5. pag. 173.
Si ie voulois tranferire icy tout ce qu’otï
public dudit antimoine-, & dé Tes vertus &
racultez, il n’y auroit iamais aucune fin.
Refte que nous enfeignions les formulai-'
res & artifices des diuerfes préparations, &
remedes que ledit Paracelfe & beaucoup
d’autres feauans perfonnages ont preferits
deuant & apres fon temps, & que pareille¬
ment nous y apportions noftre petit talent,
félon que nous lesauons préparez, compo-
fez, & fauorablement mis en vfage de nos
propres mains.
Panacée £ ^Antimoine.
Sublimés deux ou trois fois le régulé de Marsefioil-
Fixation
dajel jXT~
&mtae
41O DES MALADIES
lé auec fel folâtre, premièrement exalté par trois fi#
auec fel martial, vous aure^par ce moyen des fleurs
ranges, le fqi telles lien addottcies, puis deffeichées à feu
lent, feront de rechef eflleuées pour la troiflejme fois
auec colchotar. Cela fait, garde^vofldites fleurs, qui
tflans imprégnées de l’efprit de Mars {y de vitriol,
purgeront deflabenignement, Cf dmr ont grandement
pour e feindre toutes fleures intermittentes , çy à la cu¬
re de plufleurs autres maladies.
En autre, prene^fel MZrmomac auec pareille quan¬
tité de chaux viue, Cf les calciner^par trois dmerfes
fois à feu violent, foparant chaque fois le fol ante eau
chaude, Cf ce par dijfoüution, filtration Cf coagula¬
tion# remettant toufiours de noimelle chaux a chaque
operation, iufqud tant que U. fol fefige Cf deuienne
hquable comme metail.
Ce fol fondu foit mis en lieu humide, lequel s y con¬
vertira enliqneurtres-claire Cf fort tranfparente que
vous mmdifirés, Cf en trois parties dicelles di ffoudre^
peu a. peu vne partie de mercure meteorifle, £r telle¬
ment ejfencifié qu 'il fopuijfe réduire en cryflalfembla-
ble au verre de veni^e, abbreuués entièrement de cefle
dijjôlutiondu papier gris non collé, grl’enfermezjlans
vn matr 'as de verre accompagné de fonalembic Cf ré¬
cipient: dont vous extrairezjtfeu de fable vne liqueur
mercurielle que reSlifierés,cn forte qu elle paroijfe fort
claire, rende vne tres-fonefue, Cf agréable odeur
fontant le mufle. - .
Cefte liqueur eft défia tres-bonne pour de
fioy prouoquer les fueurs dont nous auons
parlé en noftre confeil de la verole.
En la meflme eau ou liqueur dijfoudés vne ou deux
Dt cer-véav, 4ït
ences defdites fleurs par duierfes cohobations, y reuer-
font a chaque feis de nounelle eau ou liqueur infqua
ce que tout joit dijfîut : & vous garderezjefle Jolu-
tion non feparée d’ auec fon'menflrué .
D iffoudrez^ /epdrement an mefme menflrut vne on~
se de perles orientales auec demyonce de tres-heau co¬
tai foret rouge, qui fi dipudront facilement en ladite
liqueur, toignés finalement l’vne çr l'autre dificlution
auec celle de vos. fleurs, <£r les cohobezjpar quatre o»
cinq tours, difli liant çr reuerjdnt par quatre flops la
liqueur, & faifant la quatnefme diflillation mfqHtL
flccité: tant que les perles Cr coraux bien iornéls, m-
ferez. mcorpore^auec lefdites fleurs, le tout fe re~>
duife en poudre tres-fubtde £r fort Jphrituellé «,
^/Cdiouflez^a ce mefiange iufqua deux drachmes
de teinture d'or faite comme nous dirons cy apres, fur
qiusy fera vers p de l’ ejpr it de vin, quon feparer a fina¬
lement par cohobattons réitérées par deux ou trois tours >
afin que noflre Panacée £ Antimoine reflù au fond
douce de vertus Cr proprietezjidmirables,
La prifeeft de trois grains pour les petits
enfans, & de fept pour les ieunes gens &
perfonnes d’aage viril, mais aux plus robu-
ftes elle fe peut adminiftrer iufqu’à 8. 9. ou
mefme 10, grains, auec vin blanc ou autre
liqueur conuenable dans quoy la poudre fé
diilout en vnmomenç.
Cefte médecine opéré prefque toujours
infenfîblement , quelqucsfois par feules
lueurs, autrefois en lafehant doucement le
Ventre, prouoquant les vrines, mais effe-*
#uant le tout fans difficulté où trop grande
4Ii B*5 maladies
efmotion. Elle agit plusfouuent pàr eof3
re&ion des humeurs, & reftauration ou cor¬
roboration du baufme radical, que par au¬
cune aiitre euaeuâtion ïtiaùifefte, ou alteirà-
tion fenfible, en Tomme c’eftvne medecine
fort vniuerfelle à toutes maladies, mefme
aux plus defefperées,comme aux epilepfîes,
apoplexies, paralyfies * à toute forte d’hy-
dropifle, aux cachexies, maux hy ibériques,
8c autres de telgenre.
On la doit adminiibrcr & faire prendre
par douze ou quinze iours, félon la grauitc
& grandeur de la maladie, ce qui peut mef
me prolonger la vie de plufieursjannëes (fi
Dieu le p ermet) entretenant la fanté,& pre-
feruant le corps de diuers maux, quand mef¬
me on n’en prendroit quvne feule fois par
chacun mois»
Antidote Pmchrefe d’antimoine*
Prenez fleurs rouges de régulé Je Murs, & lesre-
uerherez „ dedans vn vaijfeau de verre appelle enfer, fl
bien coùuert de lut très-ferme que rien nes’enpuijfe ex¬
pirer. On lama ledit vaijfeau aureuerbere d’athanor
iiifqu a trois ou quatre tour s, Cela eflant fait, on ex¬
traira la teinture auec vinaigre radical, y en reuerfànt
touflours de nouueau, Cr le difiillani tufqu a ce gu il
fief teigne plus d’aucune couleur, le menflruëfoitf-
paré de la teinture. Ce l’ayant arroufée d efpritJe vin
alcdisé on l’extraira félon l’art fans en feparer ledit
èjpit de vin. Il fufHra d’en prendre quelques
gouttes dansvn bouillon ou liqueurconue-
DV CIRYïAV. 4IJ
nableccar elle purifie touteja mafledü fang,
guérit entièrement la morphée, la lepre, les
efcroiielles & la veroîe , reftaure ôc au¬
gmente la chaleur naturelle , confume les
vifcofitez du ventricule , & dcfcharge le
corps de tous excremens. C’eftyne méde¬
cine fort propre aux coliques 6c fufFo ca¬
tions de matrice, fi pour préparer cefdites
fleurs on fubftituë le régule de Iuppiter au
lieu de Mars. L’efprit de vin fe pourra Ji eu
veut , feparer de la teinture iufquià ficcité,
ficelle teinture fe façonner 6c dulcifier par
plufieurs diftillations d’eau réitérées de
mefme, pour eftrc finalement defleichée, la
dofe de la poudre fera de trois ou quatre
•grains.
* Antidate Pantagogue,
Prenez^ chaux de régulé de Mars eu de Venus bien
préparée gr calcinée filon l’art, vous la dijfoudrezje
mieux que faire fe fourra auèc efirit mer curial de fiel
gemme fufible, le tout fit en apres putréfié gr digéré
pendant quelques tours, puis difiillé par chaque* de-
greffe feu, gr finalement par le plus violent de tous :
dont fortira vn huile e fiais qu’il conuïendra atténuer
gr fubtilifir par r édification : aufii le dijh liera on de
rechef feparant les feces plus crajfcs d’aueefa plus pu¬
re Itqueuç : ^Câioufiis y de bon e/prit devin, circu¬
lant, puis difiiüant le tout, en forte que les feces plus
efpaijfes en fient toufiours difiraites,gr les di filia¬
tions amfi répétées par trois ou quatre fois. On gar¬
dera fort foigneufement cefte liqueur,com-
4*4 BES MAtA»iEs
me vn remede tres-vtile à toutes maladies '
vnc goutte de laquelle a plus d’efficace pour
altérer a euacuer & accomplir les autres in-
tentions curatiues que Cent bouteilles plei¬
nes des décodions d’herbes, voire des po¬
tions de Rhabarbe, car elle repurge le fang,
excite 1 appétit languifîant, fortifie l’eflol
mach & les autres vifceres de la nutrition,
extirpe du tout, ôc extermine la racine des
cachexies , comme auffi les melancholies
hypochondriaqües ; c’eft vn fpecifique re-
mede contre toutes fortes de jaunifles,&
hydropifies,putgeant doucement,& prouo-
quant les vrines ; il fuffit d’en donner à cha¬
que fois deux gouttes, non plus, en quelque
liqueur conuenable: pourueu que lamefme
dofe foit prife‘ chaque iour,ou de deux iours
Tvn iufqu’à certain temps , eu efgard à la
grandeur du mal & aux forces du malade.
On peut auffi redüirè ce remede en precipi^
té 8c chaux blanche, rouge, voire mefineen
jaune, trois ou quatre grains d’iceluy fuffi*
ront pour, chacune p^infe.
Antidote Zoephile ou Viwfiant.
_ Prenez^ ^Antimoine de Hongrie, a dificretion, cal-
cînezzle comme fi vous le vouUez.Hquefier en verre,
puis afin de /’ atténuer d’ avantage -, Cr rendre plus
propn-e a efire dijjbut , qn.on le fhbltme auec finye blan¬
che mercuriale, apres epuoy il fiera dulcifié : pourac -
croifire fia vertu , <£r le dijjbudre plus facilement,
vous y ejpandre^du vinaigre phdofiphupue fait <&“
r cr cuvïav. 4 if
préparé de la liqueur acide de rofée eu manne celefie
auec le mefme f/fnt moine, par digérions gr fermen¬
tations philojophiqnes,le tout en apres J oit mis gr laïf
fé au bain m ane par vn ajfezJong-temps,gr iufques a
ce que le vinaigre philofophique paroijfe teint en cou¬
leur fort rouge, lequel tout £vn train s addoucir a pe¬
tit a petit par le fuccre intérieur dudit Antimoine. On
ver/èra gr reuerfera plufieurs fois de nouueau vinai¬
gre philofophique fur ce fie matierefiufqu a tant qu’il
riy refie plus aucune couleur de teinture : jn iis on fera
pparation par difiillation iufqtid fie cite, la poudre
efiant adaoucie par frequentes difiillations aUec eau
de pluye,vomy adioufierezjuffifdnte quatité £ excel¬
lente eau de vie extraite de coraux, laquelle ayant pris
teinture, vous en extrairez^ de rechef vne couleur fort
claire gr diaphane ,rejfemblant a celle d.e rubis .
ytpres plufieurs cohobations gr circulations pro¬
pres gr necef aires pour l atténuer gr Jubtilifir£a-
uant âge, vous efchaufferez^le tout a feutres-violent»
mefme des le commencement, fans s'arrefier aux de-
grezjde chaleur plus modérée : puis auec eau de vie de
coraux on extraira vn huile £ f/Cntimoine ronge, doux
gr très- exquis, ouvray baufme de vie qu on ne fçau-
roit afiez^prifir ny efiimer. On le peut laitier ft
ôn veut, auec l’eau de vie fans faire fepara-
îion : ou pour chacune dofe en mefler quel¬
ques gouttes auec du vin ou autre liqueur
conuenable à-la maladie que voulez girerits
telles que font les eaux de muguet, de la-
uende & de foülfi, pour les epileplies, apo¬
plexies & paralylîes: telle qu’eft auflx l’eau
theriacale contre les maladies peftilentiel-
4 lG - DES MALADIES
les & contagieufes : &les eaux de fuméter-
re & de betoine; car c’eft vne medecine
vniuerfelle qui efueille les efprits aflbupis^
conforte les animaux , vitaux & naturels*
purifiant toute la mafle dufang, reftaurant
le bauYme radical, & renouueliant tellemét
le corps humain qu’elle transforme l’hom-i
me en eftat de jeunefie, enfommec’eft vne
médecine fi grande & fi excellente, que fes
loiianges 8c vertus admirables né fe peu-
•uent afiez publier ny celebrer, car c’eft vn
vray baufme de vie , equipollent au vray
mercure de vie: dont Paracelfefaid men¬
tion au tomeô.pag. 45. comme il s’enfuit ; -
Le mercure de vie,ofe les corruptions du corps humain
ne plus ne moins que la pourriture fe retranche du bois:
'Jceluy reftaure la vieille fe, cr la fait rajeunir: non
qri il engendre vne efsence nouuelle dans î home , mais
e? autant qujl preferue de corruption la quinte efsence
yrefant encores : d'ou puis, apres naifent denouuelles
forces, tl feparet impur de l'ejpnt vital, ofle les ongles
des pieds cr des mains, comme aufi le poil blanc , af¬
fermit la lettnefse , en forte que la vieillefse n'en peut
plus produire.
Rupecifla liu. de la quinte eflence, chap.
41. parlant de l’exquife &c precieufedou^
çeur 8c teinture d’antimoine, dit cpieceft
vn tel Cr f grand. threfor, que# tout le monde il ne
s en peut tmmervn femblable ,
Mais quiconque entreprendra félon la
defcriptiond’iceluy & d’autres femblablés,
d’extraire celle teinture d’antimoine, de
: 1 l’antimoi-
DV CERVEAU 417
l’antimoine crud ôc réduit feulement en
poudre, auec vinaigre diftillé devin, quel¬
que genereux & puiffant que foit lé vin , ÔC
quelque temps qu’on employé à le digerer,
ce luy fera peine perdue, il appartient donc
aux vrais Philofophes de fçauoir les diftin*
étions Ôc compofîtions de tels menftruës ou
vinaigres, car il s’en peut faire & Compofer,
ou extraire infinies fortes de mille chofes di-
uerfesdefquelsfediuerfifietfelonlavarieté, ^ ,
proprietez ôc vertus des ingrediens, car il y jef en*
a fort grande différence entre les vinaigres ftrues fp*
des bieres d’Angleterre, de Flandre ôc d’Àl-
îemagne, caufez par la force de l’orge ou du
froment, ou ceux qu’on exprime des cidres
Ôc poirezde Normandie, retenans les ver-
tus des frui&s dont ils prouiennent: lef*
quels different beaucoup plus du vinaigre
qu’on t ire du vin, premier de tous les végé¬
taux, Ôc le plus vitriolé de tous : Qui plus efî
les vinaigres de vin font encor es fort diffé¬
rent: veu que le vinaigre extrait: de vin
blanc efi: tout autre que celuy de vin clairet,
& les vinaigres des vins de Cre'te,furpafsent
de beaucoup en vertu ceux des vins plus foi-
bles tels que sot ceux deTurimÂinfi le petit
vin efl bien efîoigné du vineux Ôc genereux:
tellemêt qu’on peut inferer de-ià que les vi¬
naigres de ceruoifes, cidres ou poirez, vins
non meurs & debüe$,ne fufHrôt iamais pouf
diffoudre les cjhofes métalliques, ôc ne fer
ront fi puiffans que ceux des hydromels vi¬
neux, qui auec manne celcfte ont parcou-
Pd
4I§ DES maladies
ru la nature animale s’en font reueftuson-
tre la vegetatiue, & par ce moyen eftans re¬
ctifiez à perfection, fe font pleinement ac¬
quis des vertus fpirituelles & aerées, de for¬
te qu’ils furpaflent tous autres quelconques
en faculté de diiïbudre , ce qui foit dit en
paffant,afin de monftrer à plufieurs qu’en-
cores qu’ils ayent de vraies & certaines ex¬
périences, ce n’eft pas toutesfois fans caufe
qu’ils font fruftrez de leur efperance, & ne
paruiennent pas au but qu’ils fe font propos
fez pour n’auoir point cognu les vinaigres
des Philofophes, les propos defquels ils ont
mefuré à la lettre non au fens.
I’adioufte encor es qu’il y a grande diffé¬
rence entre le vinaigre fimplèment diftillé,
le fort vinaigre diftillé, le fort vinaigre de-
phlegmé, le fort vinaigre bien re&ifié & al-
Kalisé, le vinaigre radical, & le vinaigre des
Philofophes qui eft vertueux au fouuerain
degré : & lequel nous compofons & faifons
par mixtion & deuë proportion, fermenta¬
tion & vnion de l’efprit acide animal , & de
l’eau acide mercurielle auec vegetableter-
reftre, afin d’extraire la teinture dont auons
fait mention cy deflus, pour en compofer
noftre antidote Zoephile d’antimoine.
Quant aux autres différences des vinai-
fres,menftruës ou diffoluans fufdits,& d ’ii^
nis autres , comme aufïï de la nature des
feux, ce qu’on appelle clefs de l’art, nous en
traiterons & apprendrons la maniéré de les
DŸ CÉRVEÀV' 4îj
préparer, compofer ôc pratiquer en noftre
antidôtaire fjpagyrique,comme en lieu pro¬
pre &deftine à ce trai&é : de toutes lefquel-
les chofes la fcience eftant fort neceffaire,
& icelles grandement vtiles, rl nous a fem-
blé bon d’en toucher icy quelque peu,& dé¬
noter le lieu où elles feront amplement dé¬
duites, afin que le Médecin & vray Philofo-
phe Chymique , qui comprendra le fens dé
nos paroles, ne puifle faillir eh l’operationv
de l’antimoine ny des autre? minéraux Sc
métaux, que nous defcriuons en noftrédft'
muure comme remedes tres-excellens con¬
tre toutes maladies tant foient elles defef-
perées*
Antidote falutdire et Antimoine.
Trenezjregule de Iuppiter, gr Payant mis en pou-
dire , faites-en vnfeye ou fifran métallique auec fil de
■ fiulphreja poudre rouge de ce foye non fiparé d" auec le
fil, bouille dans vn lexiue préparé' de cendres claueU
lée & de chaux viue, infiqù a ce pue le lexiue fiit de¬
venu fin rouge, le quel fera versé dans vrivaijfeaù par
inclination & lentement, pour entier que quelques fè¬
ces ny fiient nieflées. Le lexiue e fiant vuilé,vom pre «
cipitere-zja poudre d’vne façon vulgaire auec très-fort
vinaigre : Le tout fait laué £7° addoucypuisauec aci¬
dité vitriolique dé hydromel vineux, alkahsée de fin
propre fil, vous en tirerezja teinture ou couleur, dont
oh feparera le menfirue, apres quoy vous la circulerez^
par quelques tours auec efprit ardent de geneure. C ela
ejlant fait , vous l’extrairez^ par plufieurs cohobdtms
Dd ij
dans la re forte à force de feu, ^ en fiparerezfinale-
tnent l’ efprit. ardent, fi bon vous fimble, afin qu'au
fond du diflillatoire il refie vne tres-douce liqueur ,
qui fera vne medecme aufii falutaire en toutes mala¬
dies de poulmos que lebaufme,laiSl,ou doux beurre de
fiuphre: De laquelle vous ferez prendre trois
ou quatre, voire iufqu’à fix gouttes dedans
vn bouillon, du vin, ou eaux eonuenables,
aux phtifiques, poufïïfs,afthmatiques,pleu-
retiques, ôc peripneumoniques, ou pulmo-
niques. En Tomme c’eft vn remède fort fa-
lubre, tres-puifTant & bien propre àmer-
ueilleufement difïlper & efteindreplufieurs
grieues maladies.
* Antidote Ly fpirete £ \Ant\moxne ,c 'eft adiré
propre pour appaifer & efleindre toutes
fleures ardentes ■.
Trene^ quatre onces de fleurs ronges d’antimoine,
deux onces 1 de fleurs de Jculphre fubhmées iufques a
parfaite bldeheur,me ferles auec deux fois autant de
colchotar de vitriol Hongrois ou Cyprien, <&r les fitbh-
mez^par trois fois, dont aurezjdes fleurs tre s-rouges >
pounieu que vous ayezfbien opéré: Lefquelles il fau¬
dra effencifier premièrement auec l’acidité du vitriol
de Venus, puis auec l'efprit celefle de Saturne. Si vous
fçauez bien l’arc de cefte efTencification,
vous ferés vne medecine admirable,vn vray
Antidote lyfipirete appaifant &efteignant
toutes fortes de fieures,mefmes les pefhlen-
tielles, moyennant qu’on en prene iufqu’à
quatre ou cinq gouttes dans quelque eau
convenable.
©V C1RVEAV. 4 U
Zdntidote theodote £ Antimoine,
Ioignezjn deue proportion £rf<tr ordre conue nulle
les Jix inferieures planètes terref res, auec la Jupeneure
. fphere efoillée de Saturne comme auec la première ra¬
cine des autres, pour les lien amalgamer philojô-
phijuement calciner enjemhle. De cejle chaux dépu¬
rée auec efpnt aqueux de foulphre montagneux, par
coholations faites en heu chaud, O" par macérations
au froid fumant Hart, 'vous en extrairezjvne teinture
aufi rouge,> claire ey-tranjjarente quvn grenat : de
laquelle on feparera le premier menfrue, par le moyen
des eaux de pluye,puis par diuerfs coholations, cireur
latums & reciif cations necejfaires, on méfiera ladite
teinture auec ejprit d'hydromel vineux, qui extraira
tellement fa couleur, qu il endeuiendrarouge comme
vn ruhis auec grande Jplendeur perjpicuité : Et
par ainfi aura coniointement en foy la vraie
teinture des fept métaux , c’eft vn remede
vrayement diuin, lequel a des vertus &pro-
prietez admirables, & que Dieu nous eflar-
git pour la gùerifonde toutes maladies en
general, mefme des plus defefperées, ladofe
en fera de trois, quatre, cinq ou mefme fix
gouttes.
Antidote theopempte £ Antimoine.
léor ejfuré trois fois par T antimoine fin examina-*
teur, foit amalgamé auec deuë-quantité O" proportion
de mercure antimonial, dont fe fera vn elechrum mi¬
neur: de cejle amalgamation lauée Cr* repurgée de fs
Dd iij
4Zl DïS maladies'
plus noires fiuyes,vous ürerezjvnc teinture fort exquifis
auec l'ejfirit Juif four e' de geneure opérant en mefine fa¬
çon quez, deux préparations precedentes : Laquelle
teinture diaphane & fort tranfiarente comme rubis,
fera exercée par dmerfes cohobations auec le circulé
mineur de Paracclfe , que vous feparerezjn apres jî bon
vous fimble,afin que U teinture refie & demeure tou¬
te feule: Onia gardera foigneufemër,comme
vu don tres-precieux enuoyé de Dieu .aux
hommes , remede fort Singulier contre la
pefte,la lepre, toutes fortes de morphée, la
ver oie & autres tels maux tres-griefs, la pri-
fe en fera de trois, quatre, ou cinqgouttes
gueç e-au theriacale.
Antidote Panerete d’antimoine,
Prenez^ demi Hure £ Antimoine de Hongrie calci¬
ne lufqu'h blancheur fumant l'art , vne hure de Jùccre
de candie tranfinué en forme de fyrop auec circulé mi¬
neur, dans lequel vous mejleréspeti a peu ladite chaux:
Le tout fit digéré par quatre ou cinq jours au Bain
vaporeux, puis difiillé par degrezdefeu, de cefie du
filiation fi tirent trois fines de liqueur apres la fipa-
ration du circulé qui fin le premier de tous. La pre¬
mière, qui eft blanche, fubuient aux vice?
res chancreux 8c maladies externes., Lafe-?
conde, qui eft iaune, eft propre à euacueç
par le ventre ôc par vomiflement. Quant à
la troùîeûne, qui eft rouge comme fang,dé
yn doux baufme, qu’il faut feparer des ails
DV G E RV E AV. -4Z3
très : fî par trois ou quatre cohobations on
lareétifie 8c laue auec eau de rofes,oude
buglofle , ou de chicorée, la tein&ure que
vous en feparerez fort rouge & douce, fer$
merueilles en la cure de la lepre, mor^hée,
Sc gangrené eftantprefentée en quantité de
ûx gouttes auec eau de fumeterre. Contré'
l’apoplexie & epilepfieladofeferadedeux
ou trois gouttes en eau de petite centaurée.
Contre la pefte on en prendra dans quelque
eau therîacale, iufqu’à fept gouttes qui fe¬
ront fuer abondamment. Lauda-
Auec la mefme huile ou teinture rouge »»»» de
Paracëlfe compofoit fon Laudanum dia- 2*r*ctlfc
phoretic & folutif, qu’il preferoit à tous au¬
tres remedes contre les peftes, & fiéures im
termittentes , y adiouftant les eflences d’a-
loes, myrrhe, fafran, ambre iaune & autres
de tel genre, dont il faifoit des pilules, qui
fe deuoient aualler en dofe d’vn demi fcru-
pule, ou d’vn entier.
Antidote Polycrefle £ «Antimoine,
Tremzjvne liure de régulé de Mars ejloillé, vne U-
ure O-* demie de mercurereduit enmeteore ejfenci-
jiéy les ayant p uluerifez mejlezjnfemble , mettez?
les dans vne retort e accompagnée de récipient ,Jôujj>o-
fent du feu par degrés, & faijantpar ce moyen diftd-
1er vne certaine gomme cryflalHne,peJante,fè congelant
dnfroid}gr fe fondant a la chaleur : laquelle vous rc-
&ifierez^par vne dijhllation ou deux^feparanttouf»
D d îiij
4*4 DES ^ALÂDIES
jours les fee-es , fur ce fie liqueur verfezj. fjr coholezjdni
de fois ïcforitA hydromel vineux, que la liqueur v'ien-
rie finalement a. s’addoucir farces frequentes cohoha-
Mns,& que l’efrrit e fiant feparé, il refie au fond vn
huile et Antimoine très -exquis £r fort précieux, qui
cônuiendra tres-bien à la guerifon de plu-
fieurs maladies & icelles fort grieues. Il
do'mtera autïi les fleures tierces, quotidien¬
nes, & principalement les quartes,pourueu
qu’on en face prendre trois,quatre, cinq ou
mefme flx gouttes, eu efgard aux forces du
malade , car plufleurs en font doucement
prouoquez ù vomir, les autres à fe purger
par le ventre fans vomiffement: & il a la for¬
ce d’arracher, & du tout extirper les racines
ôc feminaires du, mal.
L’efprit d’hydromel vineux feparé com¬
me nous auons dit cy defïiis, bien gardé 8ç
finalement imprégné d’acidité vitriolique,
eft vn fouuerain diaphoretie , bien autre
que les vulgaires, moyennant qu’il foit ad-
miniftré en dofe de demi cuillerée, ou d’vne
cuillerée entière pour le plus, foit feparé-
ment , foit méfié aueç du vin ou autre li¬
queur, - ;
Antidote ifochryfe dé Antimoine.
. te régulé de Mars frit réduit en meteore auec aigle
çelefre, bien luné de fin acrimonie & dejfeichc': puis
<auec l'eau frygienne des phdofrphes composée eniufe
proportion çr félon l'art, des deux fris frirïtuels de ’frfr
cv Cerveav. 41?
phre ér de mercure , il fera dijfout, digéré, & fina¬
lement précipité par cohqb allons reit crées, vous ofierez^
de ce précipité les eflrits de l’ eau philofophique, dans le
reuerbere £ \y€thanor, remuant toujours ledit précipi¬
té auec vne efiatule de fer * infiqù’à ce qit il ait acquis
yne couleur saune comme fleur de joulfl : puis vous
le laucrezjtuec eau depluye diflillée.sur cetre poudre
dejfeiehéc verfiz^ le vinaigre des Pbilofephes duquel
ray défia fait mention , les digéré^ lufqn’a tant
quele menflrue fut teint en couleur de rubis , reflans
au fond quelques fe'ces blanches. Le menïhrue eslant
fiparé parles cendres , il demeurera au fond vne pou¬
dre fort léger e de couleur rouge, laquelle poudre fera
encans reuerberée fous la grille par deux ou trois heu¬
res : a quoy finalement f vous adiouflez^f eau dé vie
degenevre cr les digerezjuiuant l'art , ladite pou¬
dre fe commtira prefque tonte en teinchire extremé-
ment rouge çyr tant admirable en vertus quelle fi
pourra mefme comparer a l’or potable, ou d latein-
Shire d'içduy. -
Elle ouure & guérit fans douleur toutes
Apoftumes internes,difîbut le fang caillé &
purifie le çorropu: c’eft vn fingulier remede
contre la lepre s les efcroüelîeSjlaverole,
la pefte,& infinis autres maux -.Qui plus eft,
elle renouuelle Idiome &leconferuetres-
Ipng temps en fanté. La dofe contiendra
fix,fept , huit , dix petites gouttes auec vin
ou autre liqueur 5 félon que requerra U
maladie, ' * \
41* DES MAL AD IÎS
Antidote Lyfipone ou Anodin diaphoretic
<£ Antimoine.
Trente vne demylmre de Régulé , vne Hure de fel
nitre purifié CT 'nitrifié félon Part auec fouphre on
fleurs de fouphre , les ayant puluerifez^, bien mefiè^
CT rms dedans vn cr sujet , vous les pofèrez^ enfeu cir¬
culaire , qui on augmentera par degn l'approchant
peu h peu du creufèt, uifqua ce nue toute la matière
fait liquéfiée comme vn met ail fondu. Tclors iettez;J
du fer ou du charbon ardent pour bru fer le fel: ^yCpres
quoy vous o fierez^, dulcifierez^ CT ferez, deffeicher le
refidp , puis auec égalé portion dis fel fufdit , il fera
encores b ni fié, dulcifie' CT dejfeiché > réitérant la mefi
me operation pour la troifiejïne'fois : la poudre refiante
mifè dans vn fixât oire de verre bien bouché fera fo-
metéepar quatre ou cinq tours d feu.de fixation, qu’on
donnera par degrez^tufqu a tant que le vaijfeaujoït
finalement deuenu ardent , CT que la pondre aupara¬
vant blanche ait acquis vne couleur dejoulfi: Circu -
lezjnfinpar quelques iours ladite poudre auec eau de
vie de genevre bien carrelle dans vn vaijfeau exatte-
ment boufehé : puis ofiez^la matière , CTyverfdnt
par trois ou quatre fois de houuelleeau de vie juniper i-
fie, CT l’embrafant toufieurs , la matière fùfdite foit
Irufiée CT finalement bien dejfeichée : La dofe en
fera dedemy' iufqu’à vn fcrupule, auec d’ex¬
cellent vin ou eauconuenable.
C’eft vn Antidote vrayement Lyfipone,
oftant tk appaifant toutes douleüts deveri-
rricule , inteftins, & matrice, procedées de
quelque caufe que cefoit , moyennat qu’on
DV CERVEAT. 42-7
\c face prendre auec vin ou eau de camo¬
mille. C’eft aulfî vn admirable remede pour
les vîceres des reins , de la vefcie & delà
matrice, voir e à 1 excrétion dés mois depra-
ués, &au fluxmenftrual des femmes : le¬
quel fe peut me lier auec duvin,vn bouillon
ou autre liqueur conuenaÊle : ou bien eftre
pris deux ou trois fois par chacun iour auec
mucilage de gomme tragacant.
Eftant pris en mcfme maniéré, il duit auffi
grandement aux fievres intermittentes, car
il purifie & repurge le fang" par fueurs , 8c
fouuentesfois par tranfpiration infenfi'bie ,
reftaure lebaufmé de iioftrevie,&renou-
uelle entièrement l’homme par fa vertu bal¬
samique. - •
Pour çompofer & préparer cet Antido¬
te ou anodin diaphoretic d’antimoine , ce
temede admirable , on fuiura mefme mé¬
thode 8c procedure qu’es régulés faits 8t
préparez de tous métaux , foit conjointe¬
ment, foit feparément,&: qu’en 1 antimoine
erud , ou calciné félon l’art , ou bien qu’és
fleurs d’iceluy foit blanches , foit rouges :
lequel remede fe pourra facilement eflayer
8c efprouuer à la fânté de plufîeürs malades
par vn chÿmiqüe bien entendu : mais vn
ignorant ne le pourra faire qu’auec grande
difficulté , & pluftoft au dommage qu’à la
fanté des malades.
Nous nous contenterons de ces douces
fleurs ou Antidotes d’antimoine cueillis au
4zS DES MALADIES
iardin de noftre Antidotaire Spagyrique ,
afin de les rapporter en te traiéfcé , & les ap.
proprier à ces. quatre maladies tres-grieues,
defquelles nous traiéfcons : 'meritans bien
d’eftre inféré z par tout à caufe de Tes vertus
tres-excellentes , 8c comme nous auonsja
fuffifamment déclaré , fort efficacieufes &
puiffantes contre toutes maladies en gene¬
ral. Chacun deurôit grandement dcfirer &
requérir ces remedes , attendu qu’e flans
. bien entendus , préparez 8c adminiftrez ils
peuuent arracher & du tout exftirper tous
les feminaires de toutes maladies , pour
grieues & defefperées qu’elles foient.
Mais ceux qu’auons rapporté, icydoiuent
fiifHre: nous referuons pour noftre Antido-
taire quarante préparations & compoficiôs
dumefme Antimoine, 8c icelles fort excel¬
lentes 8c tres-puifiantes , telles que font les
teincfcuxes qui fe tirent de tout le corps d i-
celuy fans aucune diuifion , fuiuant l’opi¬
nion de Paràcelfe : les fecrets , magifteres,
effences, huiles, baufmes , & toutes fortes
d’eaux de vie : qui font diuers remedes du¬
dit Antimoine,propres à plufieurs maladies
differentes, tant internes qu’externés:com-
me nous enfeignerons amplement en no-
ftf e Antidotaire: où nous deferironspareil-
lement la méthode d'extraire fes mereures
8c de faire fes régulés. Aiifïï n’y obmettray-
je nullement fes diuers fouphres , fëls 8c
fieursjdont on préparé infinis remedes puf-*
DV CERVEAV. 4Z5>
gat ifs, excitans le vomiflèmét , prouoquans
les Tueurs 8c les vrines,corngeans,reuulfifs,
mondifians, confortans, bref duifans à tou¬
tes intentions curatiues. Ce que nous dé¬
clarons & publions difertement en ce lieu ,
pour monftrcr à l’œil combien de grandes
& admirables vertus refident en l’antimoi¬
ne, incogneucs à l’antiquité.
Certes,fi d’entre les Grecs, Arabes 8c La¬
tins, Galien, Rhafis, Celfe, 8c autres grands
8c célébrés perfonnages qui ne fe font pro-
pofé nul autre but que l’vtilité publique, 8c
l’ornement ou enrichiflement de leur Art;
{ à raifon dequoy ils méritent grande louan¬
ge ) viuoient encor es àprefent, & voy oient
de leurs yeux, flairoient de leurs narines , 8c
touchoient de leurs mains tant de belles
fleurs ou remedes:Bon Dieu! de quelle ioye
feroient-ils rauis , 8c auec combien grande
induftrte fomenteroient-ils , cultiuêroient
8c feroient croiftre en leurs iardins telles
femences 8c fleurs,pour en cueillir 8c amaf-
fer de tres-beaux fruits bien vtiles à la Ré¬
publique ou communauté des hommes;
imitans la bonne foy des bons laboureurs
&œconornes, afin de rapporter le tout en
bonne confciéce au bien public & à la fan-
té des hommes , n’ayans nul efgard à leur
profit particulier, comme les hommes de
mauuaife confidence ; tels que font auiour-
d’huy quelques Cenfeurs qui veulent paT
roiftre bons laboureurs, encores qu’ils ne
45ô MAL A DÎB$
fçauent dextrement arracher la moindre th
ge ou racine , qui pr efer ent l’yuroie au fro-
ment & les chardons aux rofes • qui ay=
ment feulement à moiffbnner3riullement à
femer : alaigres 8c foudains à prendre , tar¬
difs adonner 8c fort illiberaux , addonnez à
leur profit particulier negligeâiis I vtiîité
publique , & qui tafchent continuellement
d'acquérir de la gloire en blaimant les au¬
tres. Telles gens ne doiuerit pour certain
attendre autre fin que celle d’Icare , lequel
meu de temeritédc prefomption ayant plus
entrepris que fes forces ne pouuoient por¬
ter, 8c monté plus haut en l’air que ne per-
mettoit fon induftrie 8c fonpouüoir, fut à
la fin précipité es gouffres êc aby fines. Mais
laiffons-les en leurs erreurs : Qu’ils décla¬
ment & s’efîeuent tant qu’il leur plaira con¬
tre les remedes chymiques , & employent
toutes leurs forces à obfcurcir la fplendeur
d vne fl excellente Medecine : tous leurs ef¬
forts feront vains 8c ils s’acqüerront plutoft
du deshonneur que de luy empreindre là
moindre note d’infamie. Mâispourfuiuons
raccompliirement de noftre deuoir , &taf-
chons in.Cefïamment de procurer le profit
du public autant qu’il nous fera poifible:
Tropofons donc 8c defcriuons les autres re¬
medes chymiques , qui par vne naturelle 8c
fpecifique propriété fubuiennent prom¬
ptement aux maladies dont nous traid.ons
la cure.N ous les emprunterons du mercure
Î>V CERVÊAT. 43i
de l’or & de* l’argent, qui fans contredit
tiennent le premier rang entre les métaux
ôc leurs facultez Medecinales.Or lesreme-
des que nousen produirons icy, feront auf-
fi pris de noftre Antidotaire Spagyrique,
comme plusieurs autres, lefquels nousluy
rendrons bien toft auec vfure fi Dieu le
permet.
Chap. XXXII.
De Cor & de C argent.
GAlien ôc les autres Autheurs Grecs ont Qp;tt;gn
effcé trop peu ver fez enlacognoiffance ^es
de l’or ôc de l’argent , pour en fçauoir tirer eiem.
quelques remedes. Car combien que l’an¬
tidote de perles , ôc le letîfiant de Galien
qu’on appelle, efquels entrent l’or de l’ar¬
gent , foient attribuez à Galien , c’eft tou-
tesfois indeuëment : veu que plufieurs in-
grediens fimples s’y peuuent recognoiltre
qui eftoient incogneus au temps de Galien ,
comme remarque fort fubtilemét Fuchfius
fur l’antidote des perles que Nicolas My-
repsluy attribue, liu. des Antid, chap. 38.
& pareillement Adolphe' Occon célébré
Médecin d’Aufbourg en Ton difpenfaire"
d’Aufbourg, fur la compofîtion duletifiant
furnommé de Galien , qu’il a iugé faiifle ôc
fauflement rapportée à Galien par Nicol as
»SS « Al AD ï SS
Myreps. Et défait Galien mefme ne fait au¬
cune mention de l’or ny de l’argét au liu,
desfacultez desMedi'camens, chap. desre-
medes métalliques.: Vn feul Æginetaaulu
ure y. de la Medecine chap. 8. touchant la
playe du fcorpiôn,efcrit que 1 argent appli¬
qué fur la playe ou morfure dudit fcorpion,
y eft meilleur qu’on ne pouproit croire. Et
Ætius s’éfmerueille tant /comment Tor
auallé peùt remédier & donnerallegement.
Parquov ces deux remedes pratiquez en
Medecine , & rapportez es antidotes font
fortis de la boutique des Arabes, qui pre¬
mièrement les ont appropriez en medica-
mens.Céquife voit mefme en Nicolas My¬
reps compilateur de diuers antidotes ra-
malfez deçà delà, lequel a tranfcrit en fon
Commentaire les principaux, plus excel-
lens ou plus propres à corroborer les for¬
ces & les plusefficacieux pour guérir toutes
fortes de maladies fort grieu es : efquels en-
trent Tor & l’argent réduit en feuilles ou ra-
cléüres , fans nulle autre préparation , ainfi
qu’on peut lire en l’antidote doré Alexan¬
drin , au Diacammeron ^ ( ou comme il eft
efcrit au Medicamentaired’Aufbourg) en
l’Antidote de la pierre-rayonnée ou d’azur
félon Mefue , qui s’en attribue Tinü ention,
& qu’ailleurs il appelle auffi comme nous,
eonfeélion d’Alxermes , laquelle ne différé
de la noftre, flnon en ce que nos Médecins
font aucunement reformée & remife en
meilleur
DV CERVEAVt 45j
meilleur eftat de compofeion. Iceluy Me-
fue admet ces deux métaux en l’Antidote
dit Argyrophore , en celUy de faphyr , pour
les cardiaques * melancholiques & toutes
maladies cordiales, comme auffi es deux
Ele&uaires de gemme", chaud & froid : Il
reçoit pareillement l’or en la confe&ion
cordiale d’Alexandre Benoift.
Dont il appert que les Anciens Ce font
aucunemét ferais des métaux & les.ont em->
ployez en plufieurs Antidotes ôc compofi-
tions excellentes : Aucunes defquelles font
encores en régné , & fe pratiquent ordinai-
remét pour entretenir& augmenter les for¬
ces : dont les Grecs,comme nous auons dit,
n’ont toutesfois eu nulle cognoifïànce : Ër
la méthode de les compofer,ny la maniéré
de confire les medicamens auec miel ou
Ëuccre pour les rendre plus fauouréux , ne
fe doit rapporter à autres qu’aux feuls Ay a-
b es. Car d’entre tous les Médecins du der¬
nier fiecle, ils ont traidéles premiers des
vertus des pierres precieufes de- l’or &de
l’argent , qu’à leur fplendeur & pureté ils
ontrecogneu n’eftre pas fteriles de puiflans
effets: ainfi qu’on peut apprendre de Rha-
fis , Serapion & autres Arabes.
Àuicenne mefme , que nous mettons au
tang des plus célébrés, efcrit de l’or comme
il s’enfuit lin. z. traid. z. L’m-, dit-il , eft natu¬
rellement égal çrfïikil : Et parlant de fes ver¬
tus &• operations, il adjoufté : la limaille
Ee
454 DES. maladies
céluy entre es médecines de la melanchohe , & le cati.
teref.tit àuec or efi meilleur , O- fi guérit plus prom¬
ptement. E fiant retenu en la bouche il ofie la puanteur
d’icelle, fa limaille entre. aiifii es médecines lenitiues
de la pelade^ mort-mal , on le méfié pareillement es
breuuages, il fortifie là veuê réduit en alcoofcomient
aux maux de cœur , au tremblement d’ iceluy i a la,
depr anation d’entendement , & a celuy qui parle
efiant tout fiul.Ez àu liuret desMedecines cor¬
diales tr* 7. iemefme Aüicenhe efetit tou*
chant l’or 8c l’argent ce qui s’enfuit : on efi-
me que l’or tient le milieu entre l’argent l’hyacin¬
the, efiant inferieur a l hyacinthe furpajfant l’ar¬
gent, la complexiond’ iceluy efi temperée, ref ondant
en quelque Jorie a fa couleur , & fin operation vient
defapropriete'tQmni à l’argent il en parle ain-
' fi. L’argent efi aucunement froid Cr fie ,<£r fin ef¬
fet rejfemble déeluy de l’hyacinthe, excepté qu’il efi
beaucoup plus foible . Mais pour entendre quel¬
le propriété Àuiçenne donne à l’hyacinthe,
au raefme liüre il adioufte vn peu apres les
propos qui fuiuciit : l’hyacinthe fimble efire
temp&é. il a la propriété de recréer Çr conforter le
cœur, & de refifier ferme aupoifin , eyr cefie proprie *
té efi vne vertu qu on ne doit pas attribuer a fis corn-
pojans : Mais elle procédé d’icelle en me fine façon cque
deîaymant fort la vertupar laquelle il attire le fer, de
loin. Quant a ce qu’il faut perfhader au regard dé
t hyacinthe , c efi que mal a propos diroii-on que quaà
elle efi! irifirau dedans du corps , la chaleur naturelle
y agit tellement quelle tranfmuë/dijfoud & méfié fit
fubfiance auec vne fui fonce fiiritueüeeuaporabk ,
DV CÉRVËÀV. 4 15
filon quelle agifi au fajfran cyr autres chofis fimbla-
blës.En fomme,c'efi vne incongruité de dire que l'hya¬
cinthe faut en fa forme Jubfiantieüe , de par la cha¬
leur naturelle , Çr qu en agrès elle fait far oifire fin ef¬
fet. Car , comme il offert par le fins ,fa fidfiance efi
bien efioighée de telle f afi ion. il fimhle donc que la
chaleur naturelle ne fait aucune mtfrefiion en fa fiel -
fance,ny es accidehs infif arables de la for me d’icelle,
maïs feulement en fin vhïeté grkeu , en fies qua-
lit'efi accidentelles : En lafîtuatton £r lieu , farce
quauec le fang elle la fait fenetrer iufqu’ aux fart tes
du cæur.C'efl fourquoy tant fins elle ejl affrochée du
patient, fin effet y ejl tant fins fort imprimé. Es qua¬
lité^, farce quelle efihaùjfe ladite hyacinthe : or la
bre j car quand elle le débilité il fimble attirer la f ail¬
le, on le frotte mfquà ce quil fin efihaujfé , fuis on
V approche de la faille £r ill’ attire foudain. il fim¬
ble donc que la dernier e imfrefsion de nofire nature, où
de nofire chaleur naturelle en l’hyacinthe fiit celle-là ,
turque l'aéhd fiit l’addition de fin ijfuëvers ce à qtioy
téd naturellement l' émanation c^l ’ addition de l’affro-
, chement, grc. Ce font les paroles d5 Auicenne.
, far cet exemple de Phyacinte , on pe"ut
bien comprendre ce qu’ Auicenne & les au¬
tres Arabes ont iugé de la nature &des pro¬
priétés de Por & de Pargent. Quand il veut
finalement conclurre , qu'en la chaleur na¬
turelle n’y a nulle puiiïance cPagir 3 introdui¬
re en l'hyacinthe , ny de tranfmuer 8c dif-
fbudre fa fubftance. Mais elle perfide corn**
Ee ij
4?6 DES MALADIES
me elle eft en fa fubftance vapourenfe Sc
fpirituelle, ainfi que la chaleur fufdite agit .
à l’endroit du faffran ou quelque autre cîio-
fe femblable:Ce que nous luy concédons Sc
à tous autres,qui font prendre l’or,l’argent,
le faphyr, l'hyacinthe &c les autres pierres
pretieufes réduites en poudre fort menue,
laquelle pour fubtile qu’elle puilîe eftre, ne
fepeuttoutesfois domter ny difloudre par
la chaleur naturelle , eftant prife à l’inte-
rieur du corps : Neantmoins fi les métaux
& pierres pretieufes font réduits en chaux
philofophique , en eftences , magifteres ,
huiles,, liqueur s ou teinétures , ( but auquel
■vifent les Hermétiques pour les approprier
à medicamenter le corps humain ) noftre
chaleur naturelle les pourra atténuer, cuire
8c furmonter.
Mais il eft maintenant temps de déclarer
l’opinion des Hermétiques , & de mettre en
auant les excellentes & diuerfes prépara¬
tions & operations', comme auffi les diuers
remedes qu’ils ont extraits dePor & ded’ar-
gent.
Voyons donc ce qu’en efcrit Paracelfe,
quélefçauantDoéteur & le Lecteur, equi-,
table conférera auecles efçrits des Anciens
& les examinera tous enfemble pour en
donner fa fentence , & prononcer d’vn
meur iugement vers laquelle des deux pai^
ties panche la victoire , & qui a le plus près
frappé au but, '
DV CERVÏAV. 437
Yoicy donc en premier lieu ce que Para-
celfe efcriuoit desmeraux en general. yjre-
ueftus de leur matière crafle ; Lvfage des me- Littré des
taux nesl pas fans danger en la Medecmefnon qu'ils tompofit.
(oient attentiez , altérez & ayans quitte lem nature mt*dl*t*
. //• r tr r‘ autotn-
metallique, tranfmuezen vne autre euence : au! si *
> 7 • ; 7 p rr ri J mecemet.
n en doit-on attendre beaucoup d effet fi La prépara¬
tion quenfi igné l'^lchymie ri en pj-ecede (applica¬
tion, ccfl a dire, s'ils ne font premièrement réduits,
puis admtnijlrezi au malade en forme de fècrets.,hiii-
les,l>aujfnes,quintes-effènces3 teinBures, chaux, Jels,
faffrans, autres fèmblahles .
Parquoy il eft éuident que tous les Her- Vrayrfai
metiques rejettent tous les Antidotes & ge des
Eleétuaires confortans efquels on admet met aux •
l’or, l’argent j & les pierres precieufes ré¬
duites feulement en poudre crue : Car eftâs
ainfî préparez , ils ne feruent qu’à enduire
l’eftomac d’or & d’argent : comme ainfî foit
que les préparations Hermétiques rédigées
en eflences , magifteres &: teindures^ pro-
duifent des effets beaucoup plus nobles.
Mais puis que nous parlons icy particu¬
lièrement de l’or & de l’argent * voyons ce
que les Hermétiques , &c fur tous Paracelfc
efcriuent dé leurs natures, vertus , & pre-
parationsrPuis nous enfeignerons les fleurs chdaues
creuës en nos iardins,afin que chacun jouïf- créatures
fe de mes labeurs que i’ay confacré & dédié tendent
à tout le monde. naturelle.
T outes les chofes qui naiffent & qui meu-
rent 3 viennent par certains degrez au fom- ***** t9*
Ee iij
458 bes maladies
mec de leur perfe&ion, fuiuarît l’opiaiaft
des Hermétiques. Eftans vne fois arriuées
ence point, elles ne reiTentent plus la con¬
trariété des Elemçns , ny aucune chofe quf
' puifte caufer leurdeftru&ion. Cefte égalité
des Elemens , ou cefte conformité de natu-
_ re eft la plus noble & parfaite de toutes,ou
quoy pour mieux dire, la mefme noblefl'e & per-
c on fi fie feéfion des chofes créées, cefte vniformité,
l'excelle [• qui eft vne fubftance. égalé en tous les Ele-
ee de l or. mens } fe trouue principalement & refide
en l'or : auquel pour cefte confideration
aucune diminution ne deftruétion ne peut
furttenir:De forte qu’à bon droit on le peut
appeller la matière de toutes les pierres
preeieufes & des corps qui font trânfpa-
rans: à ràifon dequoy for eft ft parfait, qu’il
lie fe trouue rien de plus noble ny de plus
Semer accompli que luy. L’orftiddminen foy nereçoii
ne perfe- ml dechet, comme dit Attgurelhis. Or il im-
f“ne* porte beaucoup de confiderer attendue-
0 ' ment cefte parfaite nature del’or t ; car elle
•eft égale 8c vniforme à tous les Elemens,
Poulie comme il a efté dit cy-delïus : Mais toutes-
M«»re de fois on reçognoift'én luy vne double natu-
,r' re : à fçauoir ,1’vne fpirituelle, ouaftrale,
formelle, volatile : & l’autre corporelle,
materielle & fixe. Nous deuons foieneufc-
ment nous enquérir de l’vne ôc def autre ,
de peur d’errer en vn labyrinthe fi amples &
afin auffi que nous en puiifiôs tirer lavray e
matière d’vne grade medecinë,&d’vn élixir
DV CE R V E AV, 43^
fbuuerain , laquelle confifte principale¬
ment en la feule nature 8c fubftance fo-
laire.
| Or attendu que ce tref-noble corps eft
principalement d’vne fubftance très-ferme,
8c vnie parfaitement à foy-mefme : Nous
n’en pourrons tirer rien de bon , fi nous ne
venons à fon ouuerture -, fraction 8c dilfo-
lution. Car depuis que la nature eft parue-
nuë touchant ce corps a fa perfection , 8c a
ceffé de s’élabourer 8c accomplir d’auanta-
ge , elle a dés ce mefme temps refigné fon
induftrie à l’art, par le moyen duquel il peut
encores receuoir quelque perfeârion : c’eft
pourquoy l’art commence où defaut la na¬
ture : ne fe propofant aucun autre But que
de rendre cefte perfection de l’or en plus,
haut degré , 8c de la retirer d’vn corps ma¬
ter ici ,ann delà remire fpirituelle,aftrale,dc
la nature de l’air , & finalement propre à
feruir gencralement aux médecines , lef-
quelles peuuent guérir lës maladies qui at¬
taquent le corps humain. Laquelle médeci¬
ne eftant ainfî accomplie par l’art , éft indu¬
bitablement douée d’innnieS vèrtus , qui
auparauant languiffoient comme endor¬
mies en leur cralle fubftance : Et fe rend
femblable au grain qui s’accroift dé multi¬
plié en nombre , puiflance & vertus , par
l’induftrie du laboureur , qui ne fend pas
feulement la terre auec le foc de fa charrue,
4c ne la préparé pas feulemenr , ains encore
Ee iiij
440 O ES MALADIES
la rend comme fécondé parle fumier qu’il
y mec, lequel abonde d’vn feu nitreux , &
d’vue chaleur fulphurée , lequel eftant dé¬
nué djudel, la nature a comme referré dan$
ce mefme fumier. L’art fait donc la mefme
raefee operation en l’or & y apporte la
mefme induftrie , ou pour le moins fembla-
ble à. celle que fait le laboureur à la fe=
mence. v
VlUifiea- Qr nous vfons en l’art de diuers feux de'
ion nàtufe inteneurs ,1a vertu deiquels confia
fte à digérer Sc viuifier , laquelle vertu l’ex-
' pert artifanfçait bien exciter par vn feu ex¬
térieur, Sc par iceluy imiter & parfaire tou-
tesles deçoéfcions que. la nature apporte en
fes^opejEations, afin d’acquérir. &moyenner
la maturité &: perfection à toutes les cho-
fès qu elle produit..
Senoa» Ainfi parle moyen du feu,îe monde & fes
utilement Elemens pafler ont & feront renouuellez 8c-
dn mode, çLangezde leur première forme , en vne
çryftalUne beaucoup -plus parfaite , pure 8c
noble , qui durera éternellement..
guattê l art fe feruant. de diuers feux en fes
èJfhrumes 5?uures , employé aufli quatre organes ou
dtl'an. Inftrumens pour accomplir fon artifice, à ,
fçauoir, la diffolution, ou putrefaétion : par
laquelle U réduit l’or en fa première nature,
êc matière ( autrement l’or demeurer oit
toujours inutile) tel qu’il eftoit première-
ment,quand nature commença à le faire, 8c
promouuoir au iounerain degré deperfor
DV CERVEÀV. 441
dion. L’autre inftrumént eft la fublima-
tion, par le moyen de laquelle Pefprit,i’ame
teinture, les forces & vertus qui gifoient
feeretement en iceluy or,font extraits & fe-
parez du corps diffout &: ouuert. Letroif-
jefme moyen eft la calcination & naturelle
digeftion qui réunit l’efprit & Parne auec le
corps, tellement que des trois parties fe fait
de rechef vn tout, par vne coniondionin-
diftoluable.
Le quatriefme organe de liart eft la'fixa-
tion, par laquelle ces trois parties diftindes
ainfi vnies, font fi eftroitement liées les vues
auec les autres, qu’il eft impofible de j amais
les fepar er :Par mefme moy en l’or qui en ap-
paréce eft mort,fe côuertir en orvital,vége-
fertiie d’vne vertu infinie : de la femence
duquel fi on prend feulement vn grain.il fe-
ra paroiftre des cures tant admirables, que
lafanté du corps humain en fera conferuée,
& la vie prolongée.
Voila les confiderations generales des
Hermétiques fur la natur e,proprietez & fa¬
cultés de Por; lefquelles font beaucoup plus
profondes & folides, que les difeours &rai-
ionnemens des Dogmatiques, comme tous
hommes de fain entendement pourront iu-
ger & conceuoir fans nulle difficulté.
Mais venons aux particulières fpecula-
tions que lefdits Hermétiques ont rédigés
par eferit, enfeignez & expérimentées tou¬
chant les proprietez , vertus, 8c plufieurs
44* DES maladies
grandes operations & préparations de l’of,’
auec les remedes infinis qui s’ en tirent: Et
fans nous arrefter au grand nombre de Her¬
métiques lefquelles ont traité çefté matiè¬
re, & s’y font exercez fort heur eufement 5
Voyons les efcrits d’vn feul Paracelfe 5 pour
fatisfaire à tous, mais principalement aux
hommes enuieux , 8c afin de faire voir des
merueilles à quelques çenfeurs tres-ob-
ftinez 8c fort opiniaftres.
- L’or , dit-il* au liure iz. de la tranfmuta-.
tion des chofes naturelles ,pag. 308. Seau
liu. de la renouation 8c reftauration , pag;
'îoy .ramene le corps de l’homme a vne parfaite famé,
guérit ofîe toutes maladies, &'rejhtuë ou renou-
nette toutes fauteurs : Etau liu. de la vie longue,,
tome 6. pag. 116. lier preferue de la lepre,. 7.
tome. L’or efi le plus excellent plus pnijfant de
tous les Elixirs, il confème le corps,Çr lègarentit de
toute maladie, ne permettant point qu’il vienne a Jî.
corrompre : Car il corrige gr, amende ce qui eft impur.
Au mefme tome, liure 3. de la vie longue,
pag. 173. 174. parlant de l’or, il proféré les
tnefmes paroles , luy attribuant autant de
vertus & proprietez auffi grandes,non eftâc
réduit en feuilles, ou en limàille,comme les
Anciens l’ont mis en vfage, mais philofoi.
phiqqement préparé, c’ëft à dire defpouïh?
lé de fa matière cralfe par diuers artifices, de
amené à vne parfaite fpiritualité , pour en.
faire vn remede conuenable à plufieurs 3$
diucrfés maladies fort grieues.
< VV CER7E ATi 445
Encores enfeigne-il à tirer derordiuer-
fts préparations: & en extrait (comme auf-
|i de l’argent & des autres métaux) trois;
principes, à fçauoir le vitriol d’or, qui eftle
jfel d’icelùy , lefouphre d’or, & le mercure
d’or : püis de ces trois principes. Toit cpn-
joinâ:s,foit feparez, il préparé diüers remè¬
des, comme.
Le fecret Ample-
Le feçret vitriolé r
Le faffran I
Le magiftére ' i /
La liqueur !
La quinte eflence ^
L’Elixir
Le baufme
"" L’or potable.
La teinture J
La méthode & vraye façon d’extraire le v- r-ei
vitriol d’or eit ehfeignée au tome é. liu. de j>ar itm
la mort des chofes naturelles, pag. 191. où
mefrne il explique la maniéré de tirer le
foulphre doré : & monftre que les vertus de
l’vn> & l’autre font diaphoretiqiies, diureti- er‘
ques .& mondifiantès , dont on extrait plu- -
fîeu’rs remedes propres à diuerfes maladies.
Mais pour féparer de l’or Ton mercure,& Mncxi*
îe réduire en fa première matière & racine, £6r. '
le moyen de ce faire eft contenu au mefrne
tome, pag. 291. 437. duquel mercure d’or fe
préparent diuers précipitez & autres excel¬
las remedes purgatifs & fudorifiques,ytais.
Secret
d’or fim -
fit.
Secret
d’or vi¬
triole.
Crocus ou
d’or.
Ma^ifte -
tt d’or.
444 des maladies
antidotes pour dompter les elcroüelles, U-
verole, les morphées,& autres telles mala¬
dies qui prouiennent de la mafledu fang
corrompue.
Tels remedes fe doiuent prendre inté¬
rieurement en fort petite quantité,&iceux
en forme de poudre deftrempée dans du vin '
ou autre liqueur, ou bien en pilules formées
de quelque conferue.
Le Ample fecret d’or fe trouue defcrltpar
le mefme Paracelfe au tome 4. pag.-jéa.
qu’il dit eftre vn fpecifique 8c particulier au
mal caduc, & fort propre à toutes fortes de
manies &: melancholies, en dofe d’vn demy
fçrupule ou enuiron.
Le fecret d'or vitriolé fert grandement
aux me ftn.es maladies^mais principalement
à 1 epilepfie : Il eft defcrit au tome 6. pag.
ifjq. 8c fa dofe n’eft que de quatre ou cinq
grains, • ...
Mais la maniéré de faire le crocus oulaf-
fran d'or, fe trouue au mefme tome 6. pag.
440, tous lefquels remedes opèrent par
lueurs, 8c quoy qu’ils excitent de grands
flux de ventre, fl ne laiftent ils pourtant de
penetrer iufqu’aux centres des maladies,
d ou ils extirpent & efpuifent les premières
racines 8c fourçes du mal-, eil récréant &
corroborant les feces par vn moyen notoi¬
re, non à nous, mais feulement à la nature.
Quant à lafaçonde préparer le magiftere
d’or, elle eft enfeignée au tome 6. liu. 6. des
Dv CERVEAV, 445
fnagifteres , & au 3. liu. des Archidox. tou¬
chant les réparations des Eleraens : C’eft v-
ne vraye panacée &remedefortfingulierà
toutes maladies pour grieues qu’elles puif-
fent eftre, telles que la lepre,lesefcroüel-
les, le mal mort, la morphée, les morbilles,
petites & grandes veroies^ epilepfies, apo¬
plexies , paralyfies , contradures 8c autres
fembiables.
Le formulaire 8c compofîtion de la li- .
queur d’or fe trouue defcritë au tome 3. liu. $„***
a. des forces des membres. Il n’y a rien de
plus excellent ny louable en ïa cure des con¬
tradures que les liqueurs d’or,& de niumlt,
félon que Paracelfe efcrit au liure 1. du tar¬
tre traité 1. pag. 2. 8. Au mefme liure 8c
traité3pag.'2.87. ledit Authetfr rapporte auf-
fi l’hiftoire d’vn certain homme, dont ilde-
xlare le nom, qui perclus de fes membres
par Cinq années entières, aur oit du tout re-
couuert fa première fanté par le moyen de
cefte liqueur d’or, 8c ce dans l’efpace de
neufiours : Ladite liqueur eft pareillement
defcrite en beaucoup d'autres lieux , que
i’obmets à caufe de breueté
On appelle quinte eifence d’or, certaine Qtùnît
effence fpirituelle rouge comme vn rubis, effence
laquelle fe fepare du corps de :l’or, 8c con- * ar*
tient toute la vertu d’ieeluy,au tome 4. pag.
Io6* Onl’adminiftre pour la curation de di-
nerfes maladies, vne ou deux fois le ioura-
uec du vin ou quelque decodion conuen&~
44^ DES MAL ADtÈS
Me , en dofe de cinq, ftx ou fept graine
» *Ux,T La îîiethode de faire l’Elixir d’or, efteni
*r* - feignée au tome 6. lim 3. de la vielonguej
ehfemble les yertus & proprietez qifil.a
contre les maladies, mefine les plus defef-
Æattfrite
pereesi
£ or.
Le baufme d'or, la maniéré de l’extraire.
j Or po-
table»
auec fes yertus & facultés , font expliquez
en la grande chirurgie, pag. 147. Il eft prin¬
cipalement efficacieiix pour remedier aux
loups & vlceres farcineufës & chaiicreufes,
moyennant qu’on le prene au dedans, &
qu’il foit appliqué par dehors, en méfiant
4|neiques gouttes auec vne autre baufeie
plus léger.
• L’or potable & l’huile d’or fans corroff, ainll
qu’il eft contenu au tome 7. liu. des degrez
8t comportions, pag. 361. sextraicl auecefen-
cedefèl difiüée de calciné , qui enapres fera derechef
taré & préparé , car atnf fefatt le meilleur or pota -
, tôm. 7. liu. dufel,pag. 148. &tom è. liu;
de la refufcitation des chofes naturelles*
pag. 398. voicy ce qu’il en dit. En préparant
V or potable, le premier degréef que l’or potable denien -
ne volatil , & ne fpuijje plus réduire: ^/£cet or vola¬
til on adiouslcra de lejprit de vin, & rendr a-on l vn
V autre volatil. Dans le mefmetome,aü li¬
bre intitulé threfor des Alkymiftes, pag.
398. eft enfeignée la préparation & admini¬
stration du Vray Or potable, comme aufii ail
tome 4. litn des membres' racourcis , où «
jpropofe ce remede comme fort finguhet
ÔV CERVEAY. 447
&ax coîitraâures , 8c leur vray fpecifiqùe.
Brefeedit or potable, & la maniéré tant de
Je préparer que de s’en feruir font defcrits
par iceluy en infinis autres lieux : Quant à
fes vertus 8c proprietez elles font déclarées
au mefme tome, Üu. des membres retirez.
lly a, dit-il, vne fi grande vertu en l'or potable ,pu on
ne la fiauroit affez^prifir, car il ny a aucune vertu
p lus confortât tue : de fine que par ce remede toutes
maladies fi gueriffent, O* principalement celles put
font au fouuerain degré, telle pue fi la ctmtraBure
ey-c. Qui aura volonté d’apprendre la con¬
fection d# l’or potable en plus de maniérés,
voici ce que le do&e Libauius en a efcrit,au
liure de l’Alchym. traité i.pag.93.& 94.
La préparation de la teinture d’or, auec ^“*turë
fes facultez 8c proprietez eft exprimée par ° *
le mefme Paracelfe au liu. 2. de fa grande
Chirurgie, pag. 146; 8c 147. en ces*erme&i
/’ appelle teinture d! or la couleur de fin corps me fine:
duquel efiant fipar ée, teüement qu'il demeure blanc,
l'cemre fera parfaiB, car ia couleur 0* le corps fini
chofis differente s bvn de l'autre, Crpourtat fiuffrent £'
cRes paon lesfipare, c e fi a dire, pue le pur ( quiefi la
couleur) fi difirait de l'impur, a fiauoir, du corps : ce
qui n efiant fait premièrement, tout le trauad deuieni
inutile. -La fiparation efiant donc faite, on viendra in¬
continent a clarifier la couleur a l’exalter uijqu au
finuerain des degrezj Or le degré auquel la teinture fe
peut exalter, èfi cinq fois double , c’efi a dire, cinq fois
en deux fois 24. car il ne s’efieue point plus haut.
Ce fie teinture contient vn fort grand ficret pour pw-
448 des m al ab-îes -
ger, renomeller Crreflaurer tant la partie mal difpt2
sèe, que le fang du c$zps imiuetfeL
Or la méthode d’extraire celle teinture
& les préparations des menftrucs, a fcauoir
des Tels j 8c des efprits de vin, qui font les
principaux inftrutnens requis à cet artifice
, fe.trouüent exprimées vn peu apres au mef-
me lieu. Il enfeigne aulli l’adminiftration
d'icelle teinture audit liure, pag. xyq. en ces
termes : L’adminifration de la teinture d’or, pour
ejler la racine de tom vlceres ef prefque telle) on en
mejlevne dragme auecvne once d.e bonne therïdquei
puis ayant prefenté a tenn vn fcmpule de ce me fange ,
on fait fier le malade gifant connenablcment au
litt.
Poùr les efcroiielles,vëroles 8c rougeoles
on la peut femblablement mefler auec thé¬
riaque, ou auec eautheriacaleantepilepti-
que, en mettant XX. ôu XrV. gouttes
dans trois onces de ladite eau, s’il faut com-
batre quelque maladie epileptique , la dofe
fera d’vne cuillerêë, qu’on réitérera iour-
nellement par quelques iours continuels,en
Pomme celle teinture s’approprie conuena-
blement àlaguerifon de plufieurs maladies
extrêmement grieues, pourueu qu’elle foie
adminiftrée auec les chofes qui conuien-
nent à chacunes d’icelles.
Il y a trente ans ou enu iron , qu’en noftre
liure de la Préparation fpagyrique des Me-
dicamens chap. d^l’or , nous deferiuimes la-
façon d’extraire celle tein&ure :mais briéf-
uement
BV CE R VI AV* 445?
üement & aùec âflez d’obfcuritë au regard
des Apprentifs ôc Difciples ignoràns : Et
neantmoins aflez clairement pour ceux qüî
font verfez & exèrcîtez en fart Cbymique.
Si cefte teinâEure qu’on fublime en couleur
rouge ôc brillante comme vne eftoille , eft
en proportion philofôphique , meflée , di¬
gérée ôc philofophiqu emerit cuite auec Ton
propre mercure, extraits au flî fepârément ï
Elle deuient la plus noble & excellente dé
toutes les teintures : Tellement qu’à bon
droitïa péüt-dfl appelier tein&ure des tein-
étures ôc rriedecirie des médecines , vn feuï
grain de laquelle méfié auec du viii ou dans
queîqif autre liqueur conuenaffle _, fert à là
curation de t dûtes fortes de maladies,
le ne doute poiût qûe quelques CenfeurS
he viennent à fe mocquer de celle teinture
d’or, crians que ce font fables & fornettes,
vpiré ne ceflans d accufer ïc tout d’iihpoftu-
f es, encofes qu’ils en ay ent veü les vertus ÔC
èfle&s , Ôc qae f expérience les contraigne
d’en aduofler ôc admettre la vérité. Mais ce
ni’eft aflez de refpondre à ces Iafeurs qu’ifly
apîufleurs grahds perfonnages, principale¬
ment en Allemagne 6c ailleurs, voire me P
me des princes, qui Confenterit ôc foùfcri-
ùent à la Venté de l’or potable, Ôc en ap-
prouuent la préparation , fuiuarit laquelle
l’or fé difliile en liqueur dans falembic par
quarante ou cinquante façons diuerfes ; de
forte qu’il eft impoflîbk de le réduire jar
450 DES MALADIES
mais en corps: Vous auez défia leu en ce
traité quelques vnes defdites maniérés que
nous auons rapportées de Paracelfe : & dot
la vérité ne peut eftre niée de ceux qui font
tant foit peu verfez ez operations Chymi-
ques* Pourmoy qui fuis le moindre de tous
des Chymiques , depuis par expetience fai-
reveoir cela mefme à l’œil dans dixiours, ie
di la teintqre d’or extraite en plufieurs ma¬
niérés, & la réduire en liqueur potable par
plps de vingt façons : Ce que ie promets de
certainement vérifier en effeél à celuy qui
ayant veupar expérience là vérité delacho-
fe, voudra ingenüement confefler fon igno¬
rance, & admirer de fi nobles & excellens
artifièes incogneus à l’antiquité.
Quant à ce que les Hermétiques attri¬
buent diuerfes 8c merueilleufes proprierez
à l’qr réduit en nature fpiritüelle, & priué
.de fa corporelle, la raifon cil qu’entre tous
les corps naturels, celuy de l’or excelle, & ,
furpafle les. autres en incorruption & lon¬
gue durée' : en quoy ils raifonnent plus foli-
deinênt que Hippocrate,& apres luyMefué
& autres , veu qu’ils donnent à l’hellebore,
contenant à leur opinion tant de venins, des
facilitez de remedier aux maladies plus
grandes qu’à l'or potable.
- Comme ainfi foit que toutes les fufdites
préparations de l’or, le font participant d’v¬
ue nature fpiritüelle ôç fubflance aerée, el¬
les le rendent par ccnfequent vn remede
Î>y gbr ve A Vi 4;i
•propre aux epilepfies, apoplexies & paraly¬
ses, dont nous traitons icy, quand il eft ad-
miniftrc auec quelque liqueur conuenable.
Nous adioufteroris en ce lieu vne defcrip-
tiondenos remedes folaires, dont le for¬
mulaire eft fpecifique à ces maux, tres-feur,
& d'vne facile & brieue preparation.Si toü-
tesfois mes paroles vous Semblent énigma¬
tiques, vous n’auez pourtant dequoyvoüs
efmerueiller , car vn fî grand & excellent
fujet ne fe petit autrement traiter qu’en ter¬
mes philofophiqués, veü pareillement qu’il
eft dédié 8c intelligible aux feuls philofo-
phesi
Cdciœzjôr philofiophiquement , apres l’amfrpre -
jnierement ejpuré iufqiian fouùevam degré, par le
moyen de U antimoine, puis le plonge^en eau fiygiennt
glacée, laquelle Je puifi des Jour ces <£r fontaines du
Dragon qui tout deuorci L'or y eclipfira , perdra fa
jp tendeur , £r fe changera en ' couleur noire, liai de & -
morte , mortification tout esfôis qui' efi le commence¬
ment de fa vie : Lanezÿle en eau de pluje tant qui
petit a petit il vienne a s efclaircir, & quayantjeu à
peu quitté fa couleur brune, il fit deuenu clair CT
lui fiant i jlny aura nul danger de le lauer & mor¬
tifier phifieurs fois, car tant plus il efi amoriy, tant plus
fplendide efi- la. vie, O" tant plus grande efi la gloire
qu’il acquiert par le moyen delà Julphurée gr arden¬
te liqueur des grains meurs de geneurier } laquelle ex¬
trait fohbaufne Zzrfimg tre-exquis, & laijfe le corps
d1 Ïeeluy blanc ,p aile comme mort , ou dëjpoiiillé de
toute vie. si ce baujme <£r fiing vital d'or efi par
^ DES MALADIES
plufeursfois cobob ê dans l'alembic auec e/prit ardent
de plomb, il acquerra vne parfaite aEliuité ou venu
d’ opérer, gr des forces excellentes pour conforter nofre
haufme naturel, cr le rendre capable de fe deliurer de
touffes ennemis . La dofe d’iCeluy doit eftre de
quatre ou cinq gouttes ou grains auec eau
de muguet, ou de fleurs de tiliet contre les
epilepfies & vertiges : auec eau de lauende
contre les apoplexies,mais en eau de foulfi,
contre les paralyfies & contra éturesv
Mais i’ay expreifement defçrit le formu-
îaire de cefte tein&ure d’or fouz paroles
énigmatiques & obfcures; non queie vueif-
le celer quelque chofe à la pofterité, ou luy
enuier dé fi excellons myfteres : combien
toutesfoisque ie fçay pour certain qu’au¬
cuns Cenfeurs croient cela de moy,lefquels
auflî s’en mocqueront, ôc neantmoins quâd
ils auront quitté leur ignorance ,Sc acquis la
fcience de fi grands fecrets ils aduoneront
queie n’ay fait celaçfans raifbn:à fçauoir
d’autant qu’on ne doit pas publier ce qui c-ft
dédié aux hommes dodtes,ny déclarer au
vulgaire les chofes qui font myfterieufes, &
doiuent eftre tenues pour telles, car autre¬
ment les fecrets cefTeroient d’cftre fecrets,
& eftans defcoimerts feroient defpoiiillez
de leur.gloire, 8c fouliez aux pieds par les
hommes profanes, & gens qui en font indi¬
gnes. Ainfi les Pytagoriques & autres tels
Philofpphes ont caché leur doétrine fous
des nombres : Les'Lulliftes ont couuert U
D y C E RV E A V. 455
leur des premières lettres de l’alpnabet,tou-
tés lefquelles chofes font muettes, & n’ont
ordinairement nulle lignification en dôéfcri^
ne. Ameilleurdrorâ: 8c plus forte raifon
ne nous fera-îl pas loifîble d’vfurper les
mots de Dragon qui tout deuore, 8c d’ea»
ftygienne glacée , puifée des fourccs d’ice- /- .
luy, 8ç autres tels mots beaucoup plus intel¬
ligibles^ tous les Philofophes que nous iu-
geons dignes de nos myfteres.
Or auant que mettre fin à ce chapitre, il Vertu* &
flous conuient dire quelque chofe de l’ar- vemt&e*
gent , & fuiuant le mefme ordre qu’auons i^r^ent
tenuiufques icy, enfeigner quel fentiment pour Ut
les Anciens ont eu tant de fa nature que de Hermtti *
fcs vertus 8c proprietez, auec la fin pour la- T*,u.
quelle ils fe font feruis de ce metail en la
pratique de medecine: Afin d’adioufterpuis
apres l’opinion dcsHermetiques, lefquéls
font entrés plus auant ez cabinets de .nature
que tous autres,& ont deicouuert fon fein
& fes entrailles, dont par vne grande indu-
ftrie ils nous ont tiré 8c exposé beaucoup
de merueilieux fecrets.
Nous auons il y a long-temps efcrit en
noftre ïiure de la préparation fpagyrique
des medicamens, les compofitions 8c anti¬
dotes qui admettent l’or 8c l’argent:dequoy
vnpeu auparauant nous auons fait mention
parlans de l’or, 8c auons quant 8c quant en-
feigné,à quelle fin les Anciens s’en feruoiér,
& pourquoy on les introduifoit ez compo^
Ff iij
454 ®ES maladieî
fitions, auffi y auons nous monftré, que dn
temps de Galien , 8c des autres Grecs qui
font venus apres luy , leur vfage eftoit
incogneu en medecine :& lea Arabes font
ceux qui premièrement les ont inferez en
leurs Antidotes Cordiaux , toutesfois vn
ïeul Ægineta en a vsd contre- les piqueures
des Scorpions appliqué extérieurement fur
laplaye: Vo.icy comme il en parle au j.liu,
deremedica , chap, 8, de la morfure de Scor¬
pion iLajemence de treffie pnnfe enbrenuage,&la
Jèrrience de bajthc fenient aux me [mes piqueures : pa¬
reillement on ne croirait pas combien y eft propre l ar¬
gent mis promptement Jhr la ployé. ■
Faifons maintenant veoir que les Hermé¬
tiques elabourent & anatomifentee metail
auffi bien que l’or, par des maniérés 8c pré¬
parations plus exactes que n’ont fait les
Grecs & Arabes. Ils l’ont tellement exami¬
né & fubtilisé en toutes façons, qu’ils ont
fublimé fon corps en nature impalpable,
c’eft à dire fpiritùélle, & rendu entièrement
formel & incorporsl, ce qu’il y auoit de ma¬
teriel: Parquoy ils ont recogneu fes vertus
<k proprietez admirables, 8c troüué qu’on
en pouuoit tirer & préparer des remedes
pour les maladies internes, voire pour des
maux plus griefs que ne font les morfures.
de fçorpions, beaucoup plus nobles & effi-=
caciéux que quand on l’applique par de-
hors fur les play.es en forme de lames.
Paraçelfe mefme en fes eferits en a enfe j-
BV CERVEAV. '
gnédiuerfes préparations ne plus ne moins xra't
que de l’or : car il en extrait autîi bien que ^ r’tHei™s*
de l’or vn vitriol ou fel, vn foulphre' & vn dtïargït
mercure ,& ce par vne méthode prefque
femblable, Auffi declare-il comment on en
peut comme de l’or, feparer les quatre Ele-
menSjtome d. pag. 16. de la feparationdes
Eleméns.
Il defcouure pareillement l’artifice de
rendre potable l’argent, & d’en faire le ma-
giftere, tome 6. pag. 60.
Mais comme ainfi foit que l’argent fe rap¬
porte proprement & particulièrement au
cerueau, & eflr vn remede fpecifique à fes
maladies, comme aux manies & melancho-
lies,aux epilepfies &c.on l’y approprie :tout
ainfi que l’or côuiét & s’approprie au cœur,, ^argent*
La liqueur ver de d'argent, dit Paracelfe , con- verdt.
forte le cerneau cgr lerend comme muueau. La mé¬
thode de la faire eft exprimée au tome 3. liu.
a. des forces des membres, pag. 7. en ceftc
maniéré.
, Prenez. „ Juffifitnte quantité £ argent calciné , ér le
eoheiez^par jept tours anec vin de vie : alors la chaux,
d'argent ferejout en liqueur gluante : faites-la digé¬
rer au Bain l'efiace d’vn mois, alors elle Je refiut
reprefèntevnfiicverd. Ceux qui fçaurontphiîor
fophiquement calciner l’argent, le reduirôt
façilemét en liqueur fuiuat cefte méthode.
L’ayant donc calciné & mortifié en la
maniéré que i’ay cy deflus enfeignée pour
calçiaer l’or : Par le moyen de la liqueur
Ff iiij '
4 ©ES MALADIES
fulphurée de fauge.qui conuient à l’argent,
comme celle de geneurieràror,onendre
vrie teinture fapphyrique > elTence , liqueur
& huile d’argent tres-èxquis5duifant ^ touT
tes cpilepfies, apoplexies , paralyfies Sc au¬
tres telles maladies, pourueu qu’on en pre-
ne quatre gouttes dans quelque eau ou li¬
queur .conuenable, " •; ;
Libauius liure z. deTAlchymie, trait é i?
pag.94. defcouure trois moyens de faire ce¬
lle liqueur ou argent potable : lequel Au?
theur defcrit & enfeigne pareillement trois
façons de le calciner, aux rnefrucs Hure 8ç
&:traitté,pag. 90.100.
C’eft-alTez parlé en ce lieu deladilFe&ion
de l’or & dei’argent ou de l’anatomie inter
rieure des’ deux luminaires terr eftres , en?
tant qu’ils conuiennent aux quatre mala¬
dies dont nous traitions prefentement:
Quant à leurs autres proprietez & diuers
remedes qui font propres à d’autres mala¬
dies, nous en différons l’explication' en no-
ftre Antidotaire Spagyriqu e,où feront aufli
déduites les diuerfes vertus & effe&s des
autres métaux à l’endroit des maladies.
Pour cohclulion, nous adjoufterons fina¬
lement ce qui s’enfuit touchant le mercure
ou vif-argent } afin de monftrer que les An?
ciens n’ont rien dit ny eferit de çét indiuidu
métallique , linon fuperficiellemét & com¬
me en pallant : Et ce d’autant qu’ils le ràp?
porççient au nombre des venins pluft<?£
BV G E R V ! AV. 4ff
que d’en faire cas, comme d’vnremedefort
iexquis , ignorans du tout les proprietez d'ir
celuy : Au contraire les I-îermetiques , fui-
pans leur Précepteur (qui a toufipurs main¬
tenu que cela mejme qui ejl fùperieur , ejl anfi in¬
ferieur) y ont recogneu bien d’autres ptPr
prierez 8c remedes , en faifant vne exa&e
dilFe&iem de toutes fès parties: efquelles ils
ont defcouuert infini? fecrets duifans aux
maladies mefme les plus grieues & der
plorables ; Ét félon que fes préparations
font diuerfes,ils en'ont pareillement tiré di-
uers remedes, & tranferitvn nombre hifiny
de compofitions pour l’ornement de la Mé¬
decine, comme nous ferons veoir au Cha¬
pitre fumant?
Chap. XXXIII,
Pel*drgent-l>if ou mercure »
SViuans foufîours l’ordre 8c méthode que
nousauons obferuéence prefent trai&ç
( principalemét en parlant des remedes mé¬
talliques ) à fçauoir de dire premièrement
ge quen ont creules Anciens Dogmatiques
& Medeçins plus çelebres,foit au regard de
leurs proprietez , tant de leurs compolîtios
que de leur vfage en Medecine : Puis de dé¬
clarer & faire veoir mefme aux plus louf~
çhes çe que les Hermétiques y ont apporté
4/8 DES maladies
de fplendeur & de lumière V & combien de
diuersfecrets ils en' ont inuentez & tirez au
au grand luftre & ornement de la médeci¬
ne. Premièrement nous mettrons icy en
auant ce qu’en ont opiné , dit & efcrit les
centto »- Dogmatiques, leur dônant ce degré d’hon--
ihantle neur ( comme nous auons fait iulques icy )
ramure, de dire les premiers quel eft leur fenti-
ment. ~ .
Diofcoride Autheur fort antique parmy
les Anciens Grecs , expofânt les vertus &
proprietez des fubftances métalliques , ad-
ioufte ce qui s'enfuit touchant l’argent-vif,
liare y. de fon Commentaire chapitre 70.
Le vif-argent, dit-il ,fe fait de vermillon, lequel eft
fauffement dit Cinabre , on lette le vermillon dans vn
v ai fie an de terre contenat vne conche de fer,qn' oncouy
tire de chaux gr enduit d' argtlle,pnis on emhrafe les
charbons , & ayant fûts apres raclé la Jitye qui fi
troime attachée a la chaux ce fi l'argent vif il s'en
tro mie pareillement es toiBs des mines d'argent , cm -
denfé en gouttes. On le garde en des vaiftfeaux de
plomb, deftam , on de verre , car il ronge & eonfume
ceux d' autre matière. Et au liureé. chap.z8.le
mefme efcrit ainfi de fes vertus : l’ argent-vif
pris en breùuage produit me fines effets que l'efcutne
d argent, dfçauoir destrenchées eyr douleurs d tnte?
fins : contre qmy il faut employer me fines remedes ,
Cf Or le laitl beu mefme en grande abondance fembk y
efire bon , mais par apres il efi befim de mouw-
ment. ^4
c Or ihafe en fes ColJ.e6t. de Medêcineli%
DV Cerveav. 4T9
tjr atranfcrit mot à mot ce que Diofcoride
auoit dit au liu. y. chap. 7. touchant lé mem
cure.
Cela mefme a pareillement fait Aétuarius
au liu. 5. de lameth. Med. chap. iz. vers la
fin, où il defcrit auiïi les proprietez de Par-
gent vif, que Diofcoride auoit enfeigqées /
au parauant , encores fuit-il le méfme Diof ,
çoride en la defcription de l’efcume d’ar¬
gent & des autres métaux, liu. 6. chap. z8.
Parquoy il appert que ny Diofcoride
mefme, ny les Grecs qui font venus long¬
temps apresluy chatans toujours vne mef- '
-mechanfon , n’ont pas eu grande eognoif-
fance de l’argent-vif.
Et ce grand perfonnage Galien femble
n’en auoir eu autre Centiment , quoiqu’il
yfe d’autres termes, efcriuant ainfi au 9. liu.
des Simples: àfçauoir , ^tticeluy vif-argent,
rie fl pas des Jtmples medicatnens qui naijfent d‘ eux-
mejmes , mais de ceux qu on préparé , comme lever d p
de gris, l'efcumeâ' argent 3Crc. Neantmoins il lie
dit rien touchât fes proprietez & qualitez :
ains il confefie ingenuëment que iamais il
n’en a fait aucune expérience, pouf fçauoir
s’il caufe la mort eftant pris par le dedans ou
appliqué extérieurement.
Or le moindre apprentif , qui a tant foit
peu petite cognoiffançe des minéraux, fçait
bien que l’argét-vif eft vn minerai commun
produit par la nature , en forme liquidé &
C-au feiche , comme il fe trotiue en beau-
4 6o ©es maladies
coup de lieux d’Allemagne & d’Erpagne"
d’où vient le meilleur.
Erreut.it Le vif- argent ne fe fait pas doneques du
jsùofco- vermillon , ainfi que croient Diofcorides
ride, & fes fe&ateurs ; Car le vermillon n’eft au¬
tre ehofe que le plomb , calciné à force de
Vermillo feu iufques à rougeur , comme la cerufle eft
que teft. vue autre chaux de plomb extraite par va»
peur de vinaigre , ne plus ne moins qu’àva»
peur du vin ou des raifins , ceux de Mont¬
pellier tirent du cuiure vne chaux appelles
verd de gris ou verdee.
Cinabre. Quant au cinabre,il tefmoigne aflez qu’il
enapareillement eu fort peù de cognoif»
fânee : car le cinabre qui fe vendes bouti¬
ques des Apoticaires eft faétice , eftant fait
d argent-vif mortifié premièrement auec
du fouphre, puis exalté par fublimation, le¬
quel auffi fe convertit facilement prefque
tout en mercure coulant , ce# à dire , que
d’vne liure il en faut quatorze onces ou en-
uiron, fi, comme nous auons enfeigné en
noftreconfeildelaverole, il eft méfié auec
chaux-Viue 8c précipité à force de feu dans
la cornue ou retorte : laquelle préparation
de mercure eft beaucoup meilleure & plus
Autretf- exquife que la vulgaire.
pect de Ily a encores vn autre Cinabre minerai ,
Cmabre reftemblant en forme à vne pierre rouge
tu rnd ^ort Pe^ante » lequel fe trouue en diuers
* lieux. Ily en a vne ample , excellente ôç~
bourg, abondante mine auprès de Marbourg dans
DV C E R V E À V » ^
le pays de HelTeri, dont i’ay apporté ailes
bonne quantité , laquelle m’a efté donnée
par yn tres-doéfce perfonnage nommé Iean
Hartman , Profeüeur Mathématicien en
î’ Academie jdudit Marbourg,& fort renom¬
mé tant en Medecine qu’en Philofophie,
Il n y a point de doute quen la maniéré que
deferit Difcoride , & apres luy Oribafe, on
ne puifle par fublimation extraire de ce ci¬
nabre vn mercure dont ladite mine eft aufîi
capable , & fuiuant la maniéré deferite par
Diofcoride, on tirera du minerai plus gran¬
de quatité de mercure que de l’artificiel.Co
que Diofcoride appelle doc vermillon peut
eftre entendu de ce Çinabre minerai, non
du vermillon , qui par la vertu du feu fe ré¬
duit pluftoft en verre ou plomb , mais ne fe
conuertit iamais en mercure, finon qu’on
procédé par vne autre méthode quecèlle
qui a efté enfeignée par les Anciens , qu’il
appert de là auoir efté peuverfez , tant en
iâ cognoiflance des fubftances métalliques
qu’es preparatiôs d’icelles. Aufli leur igno- Autre et*
rance en ce point , paroift aflez parl’enfci -reurde
gnement qu’ils donnent pour conferuer le
mercurerquand ils difent qu’on le doit met- ****'
tre & garder en des vaiifeaux de verre, de
plomb ou d’eftain , comme fi autrement il
rongeoit & cofumoit tous autres vaifleaux:
veu tQutesfois qu’il ne mange riend’auan-
tage que les deux métaux fus-mentionnez ,
& n’entame nullement les vaiifeaux de ter1-
4&Z DES MALADIE S
*e, parquoy.on jaeut veoirque lefdits An¬
ciens en ont parle aücc ignorance& fans ex-
perience.
Mais -eri vain employons-nous hoftré
temps à cela , fi ce n’eft pour monftrer que
tous les Anciens n’ont pas cogneu toutes
chofes : nonobftant quoy ils méritent de
grandes loüànges,& leurs bien-faits enuers
nous font dignes de recognoiifance. Ceux
aulli qui font venus apres eux, doiuent eftre
ioiiez & recogneus par nous : d’autant qu’a--
uec candeur ils nous ont departy le fçauoir
qu’ils ont eu par defius les Anciés , & atten¬
du que iournëllemét ils s’eftudient & pour-
üoyent encores à i’vtilité publique rÇ-’eft
pareillement afin de faire veoirque la Mé¬
decine n’eft iamais paruenuë à tel degré de
perfection, que de fiecle en fiecle St de iôur
en iour , elle ne puifie receuoir quelque ac-
croiffement & ornement , ainfi qu’il appa-
roiftra par le fujet de ce mercure dont nous
traitons à prefent* _
Ægineta en a eu quelque cognoiflancë
par deffus les precedens qui l’ont précédé:
car il eferit de certaine préparation & pré¬
cipitation du mercure , laquelle eftoit en
Vfage & fe prenoit mefme par le dedans :
Voicy et qu’il en dit : L’argent-vif ri eft fài
i/Jurpé en la medecme communément, comme eïîarit'
*vn venin :: mais iceluy estant bruflê oit réduit en cerf
dte & méfié auec quelques eftices, on en donne à boité
four les coliques Gr iliaques pafionsï
'Ô V ; C ÏRVE AV. 4&J
Àuicenne mefme auec les autres Arabes
qui ont eferit apres les Grecs, fe mocque de
ceux qui cuidoient que l'argent- vif fuflfà-
éfcice:Il en a eu cognoiflâce,& du Cinabre
tant artificiel que du minerai incogneu aux:
Anciens. Car le temps adjoufte toufïours
quelque clarté à la vérité deschofes &àfà
cognoifîanCe , 6c comme on dit vulgaire¬
ment, il produit des rofes. —
Voyons donc ce qu’il en eferir au liu. 2.
traidé 2. par forme d’interrogation : Qfiejt
ce que l’ argent-vif ? I? argent-vif est de deux forte*)
l’vn purge de fa minière ,l'autreextraiél a force de
feu des pierres de fa mine : l'or l'argent Je font au¬
trement. il adioujle : Galien & les autres ont eflimé
qu'il efi artificiel ,commel' efiume* d'argent : a caufi
quant extrait par la force du feu, gr d’autant que
fa fub fiance efifimblable à celle du cinabre,, fin opi¬
nion a donc efi ê qu'il fie faifiit feulement du Cinabre
dans vn vaijfeau lut é, fur lequely auoit du feu allumé
Crfubkmi : mais il n'efi pas ainfi , au contraire le
Cinabre fi fait d iceluy auec du fiulphre: Puis faire
fe peut qu'on en extrait larfitb fiance de l'argent vif.
Depuis Auicéne &les autres arabes,s’eMs
ieuez plufieurs nouueauxTmaux tres-griefs,
êc fur to9 celle horrible verole qui efi tât en
regne,plufieurs grâds persônages fe font di¬
ligemment addônez à cercher to9 les moyes
qui peuuent fubuenir à vn venin il perni¬
cieux, & accompagné de tant de fympto-
m os, comme dvlcéres 3c nœuds,de pullules,
dé chancres &r farcins; pour là cure duquel
A t déca¬
de» de
q»oy le
mercure
efi venu
en prati¬
que.
464 CES MALADIES
aucuns ct’eux auoient défia effayé l’argent
vif Si tdgneu que c’eftoit vn remede fort
propre à cet effet : fis poùrfuiuirent donc à
s’en férüir premièrement en Uniment qui
i’appliquok fur les vlceres , dont ils apper-
ceurent dés effets fi éxcellens , qu’il eftoit
impoflible d’en expérimenter deplüs grâds
pair aucun aüfre remede: puis en frotteinét,
& finalement eh remède qu’on deuoit pren¬
dre au dedans du corps' ; Et pourtant Eaton
âdminiftré iriefme tout crud en formé de
pilules, dites de Barberoulîe.
D’auantage , il ÿ a encor es aùjourd’huÿ
des Médecins qui empioyenr ledit argent-
vif tout crud , en theriaque , ihiti idat , du
dânsla ddnfe&ion d’ Alchermes,àuec müfc, f
âmbtë , ou qüelque poudre cordiale : dont
ils expérimentent dés effets & fuccez fauo-î
râbles és ardeurs dVriries, gonorrhées féti¬
des, & pullules ven,efiehîîes moins mali-
r jghesi Les autres l’ont précipité Si pulucri-
fe cnplufieurs manier es,inftruits peüf-eftré
parla iedfiire des eferits d’Ægineta.
Bref, en quelque forme qu'ortait prépa¬
ré & changé le mercure , il a toufiours fait
fieureufement pafoiftre de finguliers effets
de fa vertü : Tellement que les modernes
ont çeffé de le tenir pour vn venin défont
au contraire grandement ioüé , contre l’o¬
pinion des Anciens qui ignordient fa facul¬
té. Car bien que pîufieurs célébrés Mede-,
cü>s de noftre fieçlé payent mis rouf crud
£v CERYEAV, 4^
éfi vfage , rteantmoins ils ont trouué que
mefme fans préparation il ne laiiïoit pas de
remedier feurement : fuiüant quoy Brafla-
uole tefmoigne en Ton Examen des fimples,
quauec grand fruit il l’a donné toutcrud
âuxenfans mefmes qui tettoiejit encores,
8c à ceux qui eftoient plus auancez en aage*
les recognbiflant proches de la mort à eau-
fe des tôurmeris qu’ils receuûient des vers;
aufquels toutesfois nuis autres remedes
n’eudent de rien feruy.
Maisi’ay défia beaucoup parlé de Par-*
gent-vif , foit qu’on l’adminiftre tout crud *
ou préparé: Et nous auons déclaré les ver¬
tus 8c proprietez qu’il a, mefmes auiuge-
ment des Pogmatiques en noftre conleil
touchant le mal veiieriern Ce feroit donc
chofe fuperfluë de nous arrefter plus long¬
temps £ur ce point , 8c d’accumuler icy plus
amplement les opinions des Médecins An¬
ciens tant Grecs qu’ Arabes, comme aufli
des Modernes. Partant nous viendrons aux
excellens 8c diuers ornemens , préparation»
remedés, & à leurs adminiftrations,dont les
Hermétiques ont renouuellé l’vfage , &
qu’ils adminiftrent encores chacun iour.
Entre tous les Philofophes Chymiques
tat anciësque modernes,Paracelfe a le plus
éxadement fondé 8c recherché les vertus»
qualitez 8c proprietez dudit argent-vif :
dontiiafemblablement enfeigné diuerfe^
préparations 8c plufieurs excellens remede?
4.66 des maladies
duifans contre les maladies mefme plus dé¬
plorables : C'eft pourquoy nous fuiurons
pluftoft fon confeil, authorité & fes manié¬
rés d’operer que de tous les autres.
^rlllra- Or entre autres chofes il faut remarquer
lia» du" <lue le mercure fe doit confiderer en plu,
mercure. fieurs maniérés, à fçauoir ou crud & tel que
nature le produit : lequel eftant adminiftré
de la forte , me femble plus pernicieux que
falut&ire, comme croitle mefme Paracelfe,
qui en ’eferit ainfi tome 6. page 61, Le mercure
crud fait trembler frijfonner l’homme , Et au
mefme tom.pag. 6$. si le mercure n’ejl bien pré¬
paré , estant prins par le dedans , il canfe mejmes
maux que quand on l’applique extérieurement furie
. corps : lefquels maux i o nt , comme dit a efté
cy-deuant , des tremblemés & autres griefs ;
fymptomes, félon que les Orfèvres ou Do-
/ reur s,& ceux qui fréquentent les mines ont
accouftumé d’experimenter. Ou bien le
mercure fe doit confiderer comme préparé
par les mains d’vn ouurier & Philofôphe
expert qui le defpoüille artificiellement de
fa vieille peau , & le reuefte de nouuelles
qualitez & vertus. Ce qui eft confirmé par
le mefme Paracelfe tom. y. pag. y. Le mercu¬
re, dit -il, bienprepare eft vne thenaque naturelle ,
&c. Nous n’en dirons pas d’auàntage de la
nature de 1 argent-vif, foit qu’elle foit froi-
de,comme veulét quelques-vns, foit quel¬
le foit chaude , fuiuant l’opinion de quel¬
ques autres ? foit temperée, foit non tena-
DV C E RV B Alf. 467
perée, foit pernicieüfe, Toit falutaire, félon
que les opinions de plufieurs en font diuer-
fes 8t difcordantes,comme nous auons def-
ja aftez amplement déduit cela en noftre
confeil touchant la verole , oùleLeéteur
pourra apprendre de quelle natur e il eft à
mon iugement. Quoy qu’il en foit * c’eft vn
corps fpirituel ou vn efprit corporel d’vne
eftrange 8c admirable nature : c’eft Vne eau tfaturt
froide 8c feiche à l’exterieur, mais chaude du menu-
êt humide au dedans. Et afin qu’il puifle li- fe*
quefier,difîbudre & côtenir en foy les corps
métalliques ( comme l’eau de la mer con¬
tient le fel marin ) c’eft vn efprit homoge- '
née , la moindre partie duquel eft toufiours
mercure auffi bien que fon tout : Car com¬
me efprit volatil, la force du feu le peut en-
leuer j mais fi hautement qü’il foit enleué,il
retient rreantmoins toufiours fon propre
corps fans pouuoir fouffrir aucune altera¬
tion ny corruption : d’autant qu’en la con-
fiftence de fon corps il a parfaitement vnis
tous les elemens , & eft homogenée ainfi
que l’or , tellement qu’il y a par ce moyen
V11 grand rapport de lvnauec l’autre, s’em-
braffans eniemble d’vne tres-eftroite& par.- Sympaî
faite vnion , lors mefme qu’ils font réduits thiedelot
en leur eftence & pureté tres-fimpïe : l’ar-
gent-vif efprit } attirant par vne vertu ma- £tat‘v,J’
gnetique 8c incomprehenfibie la forme du
corps parfait, à fçauoir de for , pour s’en-
corporalifer : Et îor corporel receuant 8c
èg >j
468 des maladies
s’imprégnant de l’elfence fpirituelle de îar-
gent-vif pour s’en réduire en.efïence , 8c
comme en fa' première matière , tellement
que l’vn 8ç l’autre deuient vn efprit vny
auec lejcorps , 8c vn corps vny auec 1’efprit.
Or iceluy mercure fer end de. vulgaire phi-
lofophique en trois maniérés, à fçauoir,par
fublimation , précipitation , 8c diftillation.
Nous auons cy-defius appris par les der¬
nières préparations de l’or en eflence ou
teindure, comme par fublimation dans l’a-
lembic , on extrait de fon corps folaire vne
certaine rougeur pleine de vertus 8c de
teindure fpirituelle, le corps blanc reliant
au fôd du vailfeau : D e mefme par le moyen
de l’art on extrait du mercure préparé en fa
vraye elfence de fublimation vn mercure
Jitrcure concilié , qu’on appelle , dont par diuerfes
tfftndfié. ftfblirîiations & mondifications(fi bon vous
femble ) vous feparetez fon eftrage & mer-
ueilleufe noirceur , de forte qu’en fin il dc-
uierine homogenée , 8c aulfi relplencfifiant,
clair 8c tranfparant que çryftal: Eftant ainfî
rendu tres-pur &: priué de toute malignité
& venin : Il eft fi merueilleufement amou¬
reux de l’or 3 qu’aufli toft qu’il en eft appro¬
ché 3 il s’efleüe tres-foudain 8c s’vnit fort '
promptement 8c eftroitement à luy , l’atti¬
rant à foy comme par vne vertu magnéti¬
que 8c conuenance de proprietez 8c d’ef-
fences , 8c l’embraiïant d’vne rres-eftroite
' & parfaite vnion. ; comtne ainfi foit qu’a*
DV C ERVEAV.’ 469
üant telle préparation il ne pouuoit fe ioin-
dre à l’or fi eftroitement, fa crudité l’empef-
chant de cë faire: Car comme veulent les
Philofophes, le crud n’a rien de commun
auec la matière cuite.
Le mercure donc ainfi préparé , n’eft plus'
mercure commun , mais alors il fe qualifie
vray 8c philofophique, à raifon que la main
philo fophique d’vn vray Operateur l’a ren¬
du tel.
Plufîeurs grands Philofophes ont beau- „
coup trauaillé apres la préparation de ce
mercure, laquelle ils n’ont peu trouuer qu’à
peine , 8c apres l’auoir trouuée ils l’ont ca¬
chée 8c enueloppée foiis diuerfes figures 8c
paroles énigmatiques comme le principal
de tout l’œuure , afin d’empefcher le vul¬
gaire de paruenir à la cognoilïance d’vn fi
grand fecret. Lequel toutesfois nous efpe-
rons d’enfeigner quelque iour , ou dans no-
ftre Antidotaire fpagyrique, ou en quelque
autre lieu propre & conuenable, pour eui-
ter le blafme d’auoir enuié quelque chofe
aux gens do êtes.
Arnaud de V ille-neufue a pofé ce fonde¬
ment de fon œuuré principal , comme il ap¬
pert par fonliure , tpuchant la parfaite re¬
cherche de la pierre phyfiçale , Chapitre
troifiefme.
Le mercure ejfenclfié , félon la doéfcrine de
Paracelfe tom. 6. pag, 298. fe fait en frblt-
mant & remuifiantfar flujîeurs foule mercure auec
Gg iij
47° B E s MALADIES
wfl-wl fil, ledit mercure efiant par neuf fois fuUU
iné £r autant.de fois refufcité , défi alors paruenu
an fouueraln degré de fa pureté ,3 & priué de toute la
qualité veneneufe malignité dent il efioit remply ; '
^/[lors pareillement fes vertus font infinies tom. G,
pag. 2.99, Enfomme il efi certain que par l’artifice
delà Jublimation , on peut amener ï argent-vif an
fouueram degré de pureté Cr perfeBion : Et ce non
feulement pouree qu’il fe derpoiiille de fes
fuyes noires & impuretez: mais pluftoft à
caufe que par icelle füblimation il s’impré¬
gne du fouphre & feu naturel dont il em¬
prunte les celeftes & eîficacieufes proprié¬
tés 8c admirables vertus. Parquoy il eft
vrayeiment rendu & appelle mercure philo-,
fophique & vray vinaigre métallique des
Philofophes. Car. il peut alors réduire l’or
& l’argent en leur première matière , 8ç de
corporels les rédre fpirituelsi de morts, vi-
taux , conferuant aufii leur humeur radica-?
le 8c vertus feminales , enfemble le feu &
foulphre de nature^ ce que les Philofophesr
ont fi long temps celé.Lefquels me pardon¬
neront fi enfaueur des lettres j’entreprend
de defcouurir ce qu’onaiufques icy caché
fous des paroles merueilleufemènt obfcu-
res, ôc de propofer aux beaux efprits ama¬
teurs de vérité 8c de fecrets dés chofesplus
claires que le iour : Ce que i'ay tafehéde
faire il y a défia long-temps , les ayant expo-?
fées fans énigmes ou paraboles feulement
èeeuxquiifQnttels9 non aux hommes ma*
T>V CERVEAY. 47*
îins& ne refpirans qu’enuie , haine , & ar¬
rogance fans fcience , defquels ie me foucie
Fort peu.
l’adaoujle encore s, que fi ce mercure ejfencljîé, ex¬
alté Çy dijjont en vinaigre philofiphiqae , ej} joint
auec V or àujSi dijfoutfeparément en proportion philo -
Jophique gr connenable ,puis eftans fep'àrezjlu men-
Jlrue, confecutmemènt exaitezjévn eyr l'autre en
Jèparant l' humide par fubhmation , alors le mercure
acquerra la couleur pourprée de T or, s impreignant de
la vie çy- des vertus à’iceluy, dont fêtait vn excellent
magifiere eyr admirable ehxir de vie pour conferucr
lafanté £r mondifier tous corps a perfeBion. 'Mais
nos Cenfeurs ne pourront iamais régarder
ny apperceuoir ce foleil rayonnant, à caufe
qu’ils ont le cerueautrop alïoupy & téné¬
breux^ l’efprit trop ftupide & hébété. Que
Jtelles gens demeurent donc en leurs tene-
bres: car celle lumière ell deftinée feulemét
à ceux qui douez d’vn efprit fubtils’ellu-
dientÆc addonnent continuellement à cet
art y recer chant les fecrets de nature auec
ces cinq qualitez, à fçauoir , éloquence ,
ellude,indultrie , labeurv& patience. Ioi-
gnez p'areillemét à cela que le feu intérieur
de nature rehdant imperceptiblemet audit
mercure eïïencifié, peut arreller, coaguler,
congeler & endurcir comme cryftal en vn
moment , fuffifante quantité de fa propre
eau métallique & coulante : par laquelle il
ell tellement efleint & contemperé , que
aonob liant les effets contraires de l’vn 6c
G g iiij
4?* D ■£ 5 MALABIÏS
l’autre, ils ne perdent pas mefme la moindre
parcelle deleurfubllance.
* De forte que celuy qui au parauant elloit
vn Dragon tout deuorant, deuient par cet
artifice vne colombe douce & agréable, &
vne Aigle celefte,remplie de vertus celeftes
8c admirables,alors principalement que tel¬
le eau (comme i’experimente tous les iours
eh mes operations, moy qui approuue &
& ordonne pluftoft les eaux cuites que les
crues) eft extraite de toutes les planettes
jointes enfemble, ou dvne feulement : ou
inefme de celle fontaine liquoureüfe, dont
la fource fourd des montagnes fort hautes,
fi douce, fuccrée & miellée, qu’auffi tolla
deuoré la liqueur , & en a beu tout font
faoul, c’ell à dire autant qu’elle en peut ef-
puifér fee qui ell vne marque de pleine fa-
tieté) cet Aigle, di-je, ce qui ell admirable,
change àl’inllant & en vn moment fa natu¬
re fauuage, reuefehe, farouche & mortelle
en vne nature benigne, douce, traitable &
falutâire:& pour dire en peu de mots,ce qui
elloit au parauauant vn aulïi grand# venin
que la vipere, fe conuertit neantmoins enla
theriaque des thériaques , c’ell à dire , dé¬
nient le plus noble 8c excellent de tous re-
medes, dont les vertus & propriétés font
deterger, mondifier-, reélifier & repurger
toute la malfe du fang,tantoll par le ventre,
tantollpar lesvnnés: rellaurant 8c renfor¬
çant «dire baufine naturel^ veu qu’il a aufii
DV ÉÏRY! AV.' 475
en foy vne nature balfamique : A raifon de-
quoy c’eft vn * médicament propre aux le- t
pres,efcroiiclles , veroles , rougeoles, mor-
phées, fleures putrides 8c continuelles aux
inflammations internes, & maux peftiîen-
tieux , bref c’eft comme vne panacée qui
fuffic pour exterminer toutes fortes de ma¬
ladies, dont les enfans mefmes ny les fem¬
mes grofles ne refufent point d’vfer : Aufli
conuient-il à entretenir & conferüer la fan-
té de tous hommes , moyennant qu’on le
prene en dofe d’vn fcrupule, ou mefme d’a-
uantage, auec quelque conferue,ou dans v-r
ne cuillerée devin ou d’autre liqueur con-
uenable» ,
le preuoybien, o Cenfeurs, ennemis ju¬
rez des Chymiques, qu’à peine compren¬
drez vousl’efcorce de mes paroles, &c que
vous tafcherez à voftre pofllble d’empef-
cher qu’on y adioufte foy : mais que m’en
i oucie- j e, car mon intention feule eft de iet-
ter & femer ces beaux joyaux en vn autre
champ beaucoup mieux cultiué & plus fer¬
tile que le voftre, dont ie^mis certainement
efperer & attendre la moilTon deuë à mes
labeurs : N’eftimez pas que mes paroles
fbient vn fon qui batte feulement l’air, & ne
peut rien effe&uer de plus : Certes ce que
je-di eft tref-veritable & fort efloïgné de
menfonge, ayant mefme pour appuy l’illu-
ftre tefmoignage d’vn grand Prince,à qui ce
petit amure eft dedié? lequel eft renommé
474 -des maladies
en toutes fortes de vertus & perfedions, Ia
feule foy duquel furpafle les tefmoignages
de mille autres: combien qu’ainfi foit,& en-
cores qu’il ait efté tefmoin oculaire de ce
que nous difons, nous ne lairrons pourtant
de luy adjoindre trois autres perfonnaoes
fort célébrés, Profefieurs enfeignans en fon
illuftre- Academie, &fes Médecins ordinai¬
res , lefquels par le commandement d’ice-
luy,& pour l’afFedion qu’ils auoient defça-
uoir la, vérité ont veu à l’œil, 8c efprpuué
! : , par effed tout ce que je vieil de dire : Ils ont
pareillement f^it diuerfes expériences de ce
remede, afin d’eftre tant plus certains de fes
effeds. Qui plus efi: ce puifiant Prince , l’a
fort heureufement eflayé en foy niefme, 8c
trouué que c’eft vn purgatif doux & agréa¬
ble, ayant toutesfois les intentions & con¬
ditions requifes par Hippocrate, à fçauoir
d’operer foudain, feurement & benigne-
: - ment. \ . _ '
Mercure Celte medecine faide auec les eaux &
■ des deux luminaires, c’eftà dire»
de Toi* & de l’argent, fe peut appdler fe-
cret,magi{lere,eHxir 8c mercure d-e vie: def-
quels tiltres Par ac elfe l’a qualifie efçriuant
ainfi : le mercure de vie , dit-il, au tome 6. pag.
tf.ejïvn fecret & qmnte-ejfence : ilprejèrue,rejlau~
re & renoùuelle l'homme, aufii le purifie- il tellement,
qu’il ofie les ongles, le poil, la peau & toute impureté'.
Aümefme tome, pag. 4j. & encores audit
tome 6. pag. ji. Le mercure de vie, dit-il ,refiut
BV CERVEAV, 475
prus les métaux en leur première matière , Cr les par-
faicien l'homme : il renoimelle tous les membres atte -
miez^ eZ^ vieilles gens , & rend, les forces fer dues.
En beaucoup de lieux il l’accompare à l'or,,
_Quiconque_en voudra veoir cTaüantage
touchant les admirables vertus que Para-
celfe attribue audit fecret êc mercure^de
vie, life fes Archidoxes liu, 5, des fecrets,
chap. du mercure cle vie.
C’eft aflez parlé des préparations qui Te
font par fublitnation & exaltation. Quicon¬
que entendra bien ce qu’auons nagueres ef-
crit, apprendra diuerfes fortes de prépara¬
tions, dont les proprietez varient félon la
variété des mercures,car autres font les ver¬
tus &facultez des préparations de l or, au¬
tres de celles du plomb, cuiure 8c du fer.
Venons maintenant aux préparations du
précipité des mercures fufdits.
Les Anciens peu verfez en la dilfeétion
interne du mercure , l’ont premièrement
calciné, ou félon Paul précipité & réduit en pfeeipét4
chaux: Les -uns à la feule vapeur du foulphre , dont de menu*
.ils compofoientvn ce-rtain genre~.de Cinabre artificiel r«.
de grande vertu ,frms me fine par le dedans , les antres
font précipité aüec les communes eaux fortes, ad -
doua ce précipité le lauant plufieurs fois d’eaux cor-
diales Cr de vie : Dont ils tiroient vn remede
pour la cure de la verole, Pexhibans iufqu’à
8. 10. ou i2.grains,ou l’appliquans extérieu¬
rement tout feul,ou meflé auec d’autres ma-
tieres,çomme beurre,apres l’auoir parfaite-
476 »ês Maladî'ês
ment dulcifié: Par ce moyen ils en formofét
vn Uniment qui fiirpalToit en vertu tout
les autres onguens contre tous vlceres far-
cineux & corrofifs,malings, virulensjdian-
creux Scvitriolez.
Ce précipité ainfifait, eftappellé par vn
certain Médecin fort ceiebre, poudre d’an-
geliqp€,à caufe des excellentes & diuînes
proptietezdont il eftoit doiié: Neantmoin$
quant à moy telles préparations me defplai-
fent, & jamais ie n ay approuué les prépara¬
tions du mercure faites auec les eaux fortes,
auffi ne les recommande-je point : Car tel¬
les eaux font nuifîbles & pernicieufeSj infe-
élans de la malignité 8c corrofion de leurs
fels le précipité que les Artiftes vulgaires
ne peuuent amender, corriger 8c addoucir
comme il faut, pour le rendre bon & profi¬
table.
Si le mefine mercure efi précipité auec les écrits vi~
trioliquesdn vitriol me fine, ou de fil gemme ,ou de fil
commun , ou de falpeire, qui ont prefque tous vne mef
me nature y g^produifent prefque mefines ou fimbld-
bles effeEls, pourueu qu'ils /oient bien gr philofiphi -
quemet preparezj. ce mer cure di~ie extrait de Cinabre
artificiel ou minerai, fuppleer ale defaut des mer cures
tires des corps métalliques, s' ils vous manquenttgrice-
luy mercure ainfi précipité filon ce bel artifice, deuidr*
doux gr bemng, en forte qu'il fiùrpajfera de beaucoup
le vulgaire en vertus gr effefts.
En outre, fi au heu d’eau commune vous en fautes
vn précipité auec l'eau philofophiquc , de laquelle nom
bv Ce rveav.' 477
rttnons fat mention cy dejfus, gr dont les e fait s Je Je-
parent plus facilement que ceux de l'eau forte, y ad-
jpufiant les ligueurs de tartre gr de mtr e: par le femel¬
les toutes chefs font contemperées gr addouciesfl Jur-
pajfera en honte tous autres précipitez, \ Mais fi en la
mefme eau philojôphique vous trempez gr dijfiude
tvn des deux luminaires 3 comme aufii Jeparément les
mercures de cinabre minerai ou d' antimone } y joi¬
gnant la moindre portion de nofire excellent régulé
efioille\ duquel nous auons autrefois prefcnt le poids en.
nofire Hure de la préparation fiagirique des medica-
mens,chap . de l'argent vif : Puis ayant bien méfié gr
obfiurcy te tout , fi on l’ exerce gr dulcifie félon l'art
par frequentes cohobations gr reuerberations , nofire
turbith minerai en naijbra,ou l'^yCigle celefie de Fara~
celfe gr de phœdron : Lequel turbith infufé en
vin le poids de 3, 4. y. ou 6. grains, puis cou- ujlede
lé & adminiftré produit de merueilleux ef- Paraetlfi
fe6fcs,exerceantle corps par vne euacuarion
non violente, njais douce & facile : nonob-
ftant cela lefdits grains n’auront point per¬
du leur force, ains ils fe pourront en apres
Commodément infufer 8c adminiftrer dere¬
chef. C’eft vn remede tres-excelient, &
qu'on ne fçauroit jamais aflfez eftimer con¬
tre toutes fortes de ver oies, epilepfies, pa¬
raphes & hydropifies, félon ce qu’en tef-
moigne Paracelfe tome j. pag. 295. lia, dit-
il, vne Jècrete vertu dlo fier les aquofitez^ hydreptqttgs ,
ce que la coloquinthe ny les Hermodattes, l’aulnée ny
le turbith ne peuuent effectuer, car Us n entrent f04
pms} comme fait le mercure ,
478 BIS MA t AS tri
Les mercures métalliques de lor, de lo¬
gent, du cuiüre ou airain, & des autres me*
taux précipitez auec efprit de vitriol ou de
foulphre : ou pour le moinsfce qui eft meil¬
leur, mais requiert plus de temps)auec leurs
chaux philolophiques par la force du feu:
Tels merCur es di-je font pour la plufpart
djaphoretiques, operans feulement yne ou
deux felles,& ces remedqs ont défi grandes
fore es,& font fi puiflans 8c finguliers contre
• les peftes, lepres, ver oies & toutes fortes de
maladies contagieufes, que ie confefle in¬
génu ëment n’auoir affez d’eloquence pour
dignement celebrer leurs loüanges : lef-
quels remedes eftans bien adminifirés,quoy
qu’ils puiffent eftre feulemêt contenus dans
vne petite boifte , ils furpaifent toutesfois
en vertus , & deuancent de beaucoup vne
infinité d autres remedes magnifiquement
enclos en des amples & grands vailfeaux,
pour feruir au temps 8c pouruomaux eftü-*
des de ceux en general qui font ftudieux de
lavrayemedecine,nous aurons, moyennant
la grâce de Dieu, bien toft enrichy_noftre
ântidotaire fpagyrique de tels remedes qui
feront beaucoup plus excellens 8c riches
que les vulgaires, auffi y ferons nous veoir
à l’œil des maniérés de les préparer extraor¬
dinaires.
Mercure Pàracelfe au tome G, pag. z88. liure delà
diapbm- mort des chofes, defçritvn certain mercure
uc' , précipité diaphoretic en la maniéré qut
B V ' C'ï RV EAT. 479
S5 dfefuit. : Le mercure calciné en eau forte graduée ,
grfepuré d'icelle par cinq foisyufqud ce qu'il ait de-
qiiis vne excellente rougeur, (oit en apres dulcifié: Puis
vous en dijlillerezjieuffois l'efirit de vin tant que le
mercure endure lé feu gr s'embrafe : alors efi préparé
le mercure diaphoretic,qtus addoucit auec eau de fal-
tabarioùdefel philofophique : laquelle e fiant fèpa-
rée d' iceluypar difiiliation, ony en verfera toujîours de
nouuelle tant quil ne s'y trouue plus aucune acrimo¬
nie, mais quelle en forte douce , apres quey ce mercure
precipitéfurpajfe le Juccre gr le miel en douceur : Cf efi
vn remede fonuerain pour la verole , a tous vlceres
chancreux,gr plufieurs autres maux, lequel fait-tout
ce quvn medeempent defirer.
Le principal point de ce remede tant ex¬
cellent confifte doïit comme nous auons
clairement dit ailleurs en fa parfaite dulcifi¬
cation, laquelle fe fait auec eau de fel des
Philofophes, que les vtays Chymiques ne
doiuent ignorer , veu qu’aütrementil leur
conuient fçauoir, enquoy gift lavraye dul¬
cification, & quelles liqueurs ont principa¬
lement les vertus 8c proprietez de dulcifier
en vn moment ce qu'il y a mefme de plus a-
cre, de peur qu’entreprenansïefte prépara¬
tion fans cognoifîance de cela, ils ne façent
pluftoft vn poifon qu’vn bon remede 8c
contrepoifon: dont le venin fe deura attri^
buer non au médicament, mais feulement à
l’ignorance de l’artiHe inexpert.
Nous auons en peu de lignes comprins
prefque toutes les excellentespreparations
4&o des mal apte
du mercure qui fe font par précipitation;
Que nos Cenfeurs qui abbayent continuel¬
lement apres le précipité, voy ent donc (fL
non qu’ils veuiÜét toufïours croupir en leur
ignorance, &s’obfcurcir eux mefmes l'en¬
tendement ) combien les vrâys précipités
des Philofophes different des communes
précipitations , ou legeres calcinations du
mercure, dont Ægineta fait mention: Ou
de celles que pratiquent .ordinairement les
Empiriques ignares, toutes iëfquelles nous
teiettons & condamnons, nous en efloi-
gnans d’autant plus loin, que nous nous ap¬
prochons des vray es préparations philofo*
phiques du mercure, lefqüelles nous ern-
bradons &approuuons entièrement com¬
me fort propres à conferuer la fanté de tout
noftre corps,car telles lés auons npus reco-
gneuës par beaucoup d’experiences.
Refte à expliquer la troifiefme & derniè¬
re préparation du mercure , laquelle eft des
huiles ou liqueurs douces & potables qui
s’en expriment. T ouchât quoy , nous auons
défia dit ailleurs quelque chofe en pafTant,
àfçauoir ennoftre confeil de la ver oie.
Le mercure fubhmé , coagulé & précipité ,jère~
fait facilement en huile , dit Paraéelfe tomé 6*
pag, z$z.
La quinte-efTenee ou huile de mercure fe
fait comme la quinte-elfence ou huile de
l’or, tom. 6. pag. 34. ou Paracelfe parle fé¬
lon vérité, Qu’on vpye doncques ce. que
nous
35 V CÏRVEAV^ 4§I
nous allons efcrit & enfeigné cy-deffu.s tou¬
chant les diuerfes maniérés delà quint e-ef-
fence, huile & liqueur potable de l’or: Et
qu’à l’exemple d’icelles ( pour en omettre la
répétition qui feroit ennuyeufe chacun en-
treprene en mefme façon diüerfes prépara¬
tions d’huiles & liqueurs du mercure, ou de
mercure potable qui foit confit en la dou¬
ceur admirable qu’il contient en foy imper-
ceptiblement,& foit auffi mis en vfage pour
eftre pris au dedans du corps , ne plus ne
moins que l’eflence de Saturne.
Quant aux proprietez ôc vertus de ce
doux huile mercuriel , nousles auons fuffi-
famment expliquées en noftre confeil delà
verole, iceluy occupant le fouuerairi degré
en la cujre de ladite verole, foit prins par le
dedans, foit appliqué au dehors, car fon ap¬
plication extérieure confume, deffeiche êc
guérit entièrement tous vlceres pour de®
plorables qu'ils puifient èftrc, tels que font
leschancreux, fiftuleux, & les poulpes, fans
fentiment d’aucune douleur. Aufiï confu-
me-il totalemét fans nulle douleur les mor¬
celer s de chair fenfibles qui furuiennent en
la vefcie & ez autr es parties. En fin comme
efcrit Paracelfe en fa grande Chirurgie pag.
ai . L' argent vif comtertt en huile efl égal au. baujme.
de l’or. Iladioufte,.CV? huile coagulé par colche -
tar3 Cr tnejlé auec eau de Farthenmm fùrpajfe les
autres baujmes : s’il e(l changé en fajfran ou en fleur ?
tiers il guérit parfaitement tout vlceres .
DES MALADIES
Et ailleurs, à fçauoir au tome 4. pâg. 5I
l' huile £r la qmntc-effence du mercure preferue de
folie . Item au mefme tome, pag. 77. ,/ cpi4
phrenefe. Là mefme, pag. 88. il guérit U manie.
En en la pag. 88. du mefme tome , l’huile du
mercure, dit-il,/? pratique en la fuffocation de l’en¬
tendement, ou trouhlement d’efprit.
Libauius, qui a fubtilement, do de ment,
ôc exadement recherché & amafle les fleurs
des remedes métalliques, & qui ne lés reiet-
te ny côdamne pas, ainfi qu’il appert par fes
eferits, au contrairede nos Cenfeurs quiles
improuuent ôc mefprifent au ec grande i-
gnoranc e, iceluy Libauius, di-j e, fait men¬
tion, & parle d’vn certain huile mercuriel
potable, ôc de fes proprietez, c’efl: auliu. i.
defon Alchymie, traité 1. pag. 9J.
D’auantage au mefme liure ôc traité, page
89.Ee voyentles préparations du mercure, à
fçauoir comment il le faut nettoyer de fes
impuretez , & le rendre philo fophiqite y
Nous lifons pareillement au mefme lieu de
tres-vtiles= corredioçs du mercure, dont il
eferit ces paroles : Onêrrige l’argent vif précipi¬
té, par tnfttfon Çr emhrazjmcnt de l’efnt de vin, tr,
par addition de thériaque : Où il appert que Li¬
bauius eft fort ftudieux d’apprendrç les
vrayes corredions ôc droites préparations
du précipité : en forte qu’on le puifle admi-
niftrer fans danger, Ôc le faire prendre auec
vtilité : tant s’en faut qu’il en reiette ou im-
prouue Tvfage,& interdife lefeu&leauà
Î5V CES.V.ÊAVV. 4%
.ceux qui s’en feruent deuënient & méthodi¬
quement. -
En no ftr e confeil touchât la verole, nous
aüons defcrit,comme vn tres^excellent dia-
phoretic , certaine liqueur mercurielle
d’auflî forte & bonne fenreur que le mufc,
dont le formulaire eft amplement déduit en
Ce traité, chapitre de l'antimoine, dans Fex-
pofition de noftre Panacée , d’autant que
nous employons ladite liqueur mercuriel¬
le, pour eftre tant le diftoluant des perles 8c
coraux, quaufli vn remede finguüer à plu¬
sieurs maladies. ^
Finalement pour conclufion des diuers
remedes que nous fçauo ns extraire du mer¬
cure, nous leur adioufterons noftre mercure
devie folaire ou tiré de l’or, lequel fera chef
derarriere-garde:j;omme eftant le premier
de tous, ou l’vn des principaux, c’eft à dire,
par le moyen duquel fe parfont les cures ad¬
mirables des maladies mefrnes les plus grie»
ues & déplorables.
On prendra donc la liqueur mercurielle que nous a-
mns defchte an chapitre de l’antimoine, en l’antido-
te de nojlre Antimoine Poljchrefie, a laquelle vous
adiouflerczjpareille , m mefrne plus grande quantité
de futur Hermaphrodite, c efi a dire de nature z>mU
CT féminine , aqueufè CT terreftre, volatile CT fixe,
le tout fait digéré , cohohê Crdijhlle, pour en faire vn
dijfoluant lunaire CT folaire. de merueilletijè opera¬
tion: L'vn CT l'autre luminaire efiant dijfout, par ht
mojend’iceluj, peut retourner en corps, efiant mefrne
Hh ij
484 » E S W A 1 A D I B §
conwnB auec fin propre menftruë, cr en vn mettent
f réduire en poudre feiche , non fans admiration, auec
le premier liqUefaBif & humettatif de toutes chefs.
Ceftc poudre parfaitement addoucie fe*
donne de cinq à fept grains en deux onces
d’infufion de vin blanc, ou d autre liqueur
conuenable.
- J)' abondant, le cejte liqueur mercuriale fansy
adioufier autre dtplnant flaire o* lunaire, on faift
aufipar precipitationvnepoudre blanche qn aucuns
appellent mercure de vie : Laquelle eftanr bien
préparée deuient vn doux remede vomitif
& folutif : dont me fine vn feul grain mis
feulement fur la langue fans l’aualer , im¬
partit à Teftomack fes vertus fpirituelles, &
prouoque vn doux vomiffement *. Laquelle
purgation n’eft tant à deferier qu’on fait au-
jourd’huy, veu que les Anciens fouloient v-
ierde tels vomitoires & les ofdonnoient
pour la cure de diuèrs maux, fe feruans mef-
me à celle fin de l’hellebore blanc, vomitif
certes qui comme ie croy eft beaucoup plus
violent êc pernicieux que tout verre d'anti¬
moine, ou précipité de mercure vomitif en¬
tre autres fort puiffans : lefquels toutesfois
ie n’admets ny approuue nullement eftans
préparés d’vne façon vulgaire comme nous
auons fouuentesfois dit ailleurs,& enfeigné
la maniéré d’extraire de ces deux minéraux
plufieurs autres remedes beaucoup plus ex-
cellens & profitables, que ces vitrifications
éfc précipitations vulgaires cogneuës feule-
»V CERVlAVr 4 §5
mentaux Empiriques, nonauxvrays Méde¬
cins & Chymiques.
Maispour retourner à noftre mercure de
vie folaire , la dofe duquel nous auons dit
eftre de cinq à fept grains auec infufîon de
vin, c’eftvnremede n’excitant que bien peu -
le vomiflement, mefme à ceux qui font en¬
clins à vomir : & l’emotion qu’il caufe eft
telle & fi douce, qu’elle Te doit plu ftoft ap¬
peler crachement ou faliuation que vomif-
fetbét : Neantmoins elle purge les humeurs
peccapres, nuifibles &pernicieufes auec e-
leétioji , mais fans tourment : Car icelles
cftan? ainfi euacuées,combien qu’on répété
le nftfme remede, & qu’en apres onlepre-
ne mefme en plus grande dofe,fon opera¬
tion fera nulle, à caufe qu’il n’aura plus de
fujet auquel il puilfe agir. Ilfaut aufil bien
remarquer(ce qui eft propre tant à ce reme¬
de qu’aux autres lefquels nous auons défia
deferit de l’antimoine, de l’or, du mercure
& vitriol) qu’ils opèrent pluftoft fpirituel-
lement que matériellement, car fi vous re-
uerfez du vin fur la poudre qui aura défia
efté infusée, 8c l’y macérez de rechef quel¬
ques heures durant: quand mefmes on réi¬
térera cela par plufieurs fois, ce vin fera
toufiours médicamenteux, purgatifjfudori-
fique& diurétique, félon que la nature du
malade fera mieux difposée à qüelqu’vne
defdites euacuations : Et encores qu’icelle
poudre ait maintes fois communiqué & dé¬
fi h iij
4*6 DES maladies
party fa vertu à i’infufion , fi ne perd elle
rien de fon poids.
Comme i acheuois ce recueil de remedes
métalliques, & y mettois fin, vn certain pe¬
tit liure tourné d’Italien en François par
quelque mien amy afiez fameux, tomba en
pes mains imprimé à Anuers, chez Hiero-
me Verduflen, lan 1603. ayant pour tiltre:
Sommaire des vertus, de la nature, admmipratim&
vfage d’vne certaine pondre, qui ejï la quint e-e fence
de L'or medecinal,nouuellemeht mis en lumière par vn
excellent perfînnage, nommé M. ViEler ^îlguret, Mé¬
decin & PhjJtcien debefchole de Vérone &c. Auflî
toft que i’eu parcouru ce liüret, ie notay les
infinies & excellentes proprietez qu’on at¬
tribue à cefte poudre, laquelle on dit éftre
folaire,& l’efprit fixe de l'or. le ne veux pas
m’arrefter icy aux grands cffccte & vertus
d’icelle, ny en douter ou diminuer quelque
chofe, attendu qu’elles ont pour appuy les
tefmoignages de -tant de perfonnages fi
grands, dé font confirmées par les expérien¬
ces qu’on àllegüevveuaufli principalement
que par l’v fage dé adminiftration des reme¬
des métalliques, iefçay tres-bien que leurs -
Vertus font admirables eftans mefme exhi¬
bez en petite dofe, 6c que par leur frequen¬
te répétition1 ils opèrent merueilles: ainfi
que nous auons tiagueres eferit cy deffus
touchant noftre mercure de vie folaire.
Or comme ie refeuilletois ce îiuret , ü
aduint que quelque amy &' familier d v»
»V CERVEAV. 4 $7
certain honnefte homme detenu d’vne ma-
ladiechronique & langoureufe dont i’auois
éntreprins Ta. cure, fit rapport chez luy de la
renommée de cefte poudre, êc donna affeu-
rance tant de Tes vertus que de fon expé¬
rience, vn autre honnefte homme de ma co-
gnoiflance l’ayant efprouuée auec fuccés
fauorable r apres que mon malade m’eut de¬
mandé aduis, s’il en deuoit vfer ou non,ie
luy fis refponfe qu'au rapport de cet honne¬
fte hôme là, qui en auoit fenti vn fi prompt
allégement, ie ne ferois nulle difficulté d’en
vfer: pourtant il enuoy a foudain quérir de
cefte poudre chez fondit amy qui en auoit,
& le pria de luy en vouloir donner: ce qu’il
fit,luy enjoignant d’en prendre fept grains^,
chaque dofe : ie vis ladite poudre auffi blan¬
che & fubtile qu’amydon puluerisé, mais
qui n’egaloit pas le poids du mercure. Cefte
Êoudre doit eftre piacerée en deux onces de
on vin blanc par l’efpace de trois ou qua¬
tre heures: puisdemy heure apres la prinfe
d’icelle, on fait humer vn bouillon. î’efpe-
re de pleinement veoir demain les opera¬
tions d’vn tel médicament, afin qu en apres
ie puiiïe dire quelque chofe de plus certain
touchant la compofition d’icelny,car ceux
là fe trompent à mon ingement qui croient
qu’il eft extrait de l’or , à raifon de quoy ils
le qualifient du tiltre d’efprit d’or fixe.
Mais l’interprete ou l’autheur mefme du¬
dit liuret fe trompe pareillement en ce qulil
H h iiij '
4$S MALADIES J '
qu’il efcrit que l’antiquité a ignoré l’extra-
€Hon des efprits du feul or fixe, & qu’elle eft
encores incognuë aux Médecins d’aujour-
d’huy : s’il les exclud tous en general de
çefte cognoiflance, & ne croit pas qu’on
trouueaujourd’huy des efprits fort fubtils
qui eftans verfez en l'anatomie intérieure
des métaux, peuuét tirer tels efprits de l’or,
extraire fa teinture & le réduire en effence
potable par beaucoup de maniérés, félon
que défia nous en auons ènfeigné infinies
préparations, à fçauoir pour en tirer vn vi¬
triol, foulphre, mercure, arcane , magifte-
re, quinte-eflence , liqueur, élixir & infinis
autres tels remedes excellons qui fe font de
l’or, fo n corps eftant réduit enefprit.
Or quiconque aura bien leu, outre les ef-
crits de Paracelfe, les commentaires de Ge-
ter, Lulle, Arnauld de Ville-neufue, Ri-
plæus, Rogier Bacchon , Albert le grand,
Rupecifla & de mil autres , recognoiftra
que la maniéré de faire l’or potable ne leur
a efté nullement ineogneuë: non plus que
fes vertus & proprietez contre toutes les
maladies du corps humain. Et encores que
ïe fois le moindre des Chymiques, fi’oferay-
je bien affermer que de quarante ou cin¬
quante maniérés d’extraire l’efprit de l’or,
dont Dieu m’adonné cognoiflance, routes
les médecines que i’en tire apres l’auoir ren-
dufjpirituel, retiennent ou la couleur citri-
ne de la fleur de foulfi,ou la rougeaftre,ou la
»V CES.V1 AV. 489
pourprée, ou la teinture du pauot rouge :
Enfomme toutes telles médecines fe con-
uertiflent en couleur jaune ou rouge, enco-
res quelles foient précipitées auec mercure
folaire paroiflànt tres-blanc au dehors : Ce
qu’on doit remarquer auec admiration, ce
qui reprefente vne couleur fi blanche à l’ex-
terieur, contenant en foy vne rougeur ou
jaune couleur interieure.Iadmire donc vne
fi grande blancheur, de celle poudre, fi l’efi-
prit de l’or eft fixe & permanent, comme on
dit , i’ay toutefois recogneu en la fécondé
addition de l’autheur du liure qu’il fait men¬
tion non de l’or, mais d'vne marguefite do-
rée,oud’vne autre mine, dont il extrait ce¬
lle poudre fpirituelle, ou bien de quelque
autre magnefie, ou d’vn autre fubjet demy
métallique qu’il croit eftre la racine & pri¬
me matière de l’or, efcriuant ainfi : Laquelle
fendre nojlre ri eft autre chofè qrivne certaine quinte -
ejfence d’or croijjdnt telle de fa nature : mais cuite Cr
contemperée ezftïux Cr chaleurs celeftes, ou rayons fo¬
lâtres ; cachée cr eftarfo artificiellement de laracine
Cr matière de mftre or, par cefte noftre matière miné¬
rale blanche : Laquelle matière Cr racine peut four¬
nir de pur or y ft elle eft induftrieufement traittée Cr
exercee par V artifice de diuerfos operations : Et cefte
quantité d'or fififit pour demonftrer la venté de cecyfo
foauoir que ladite matière efl la racine , CT comme la
mere Cr fonree de T or, d'ent il s’enfuit quauec raifort
nous auons proprement appellé noftre poudre , qnintf-
eJftnce de l'or y crc. >
4«)o bes maladies
le ne veux pas icy faire l’Oedipus , pour
expliquer ce que c’eft: Mais ieme puis bien
vanter de pouuoir extraire quelque diofe
de femblable qui fera fort vtile , de lavraye
magnefie, qui félon Parac elfe & les autres
Philosophes eft 'pareille & égalé à la pre¬
mière matière de l’or : veu mefme qu on
en peut tirer des médecines plus puiffan-
tes ôc excellentes que de l’or mefme , encô-
res qu’il foit rendu fpirituel : Car icelle ma¬
tière n’ayat encoresfenty ny enduréiefcu,
elle abonde en efprits métalliques fort effi-
cacieux. D’icelle magnefie ie puis fenybla-
jplement extraire vne liqueur qu’on peut
imprégner de l’efprit folair e , afin de la.reft-
dreplus forte & efficacieufe : Auffila peux-,
je précipiter fort blanche pour en faire vn
précipité qui fans difficulté prouoquera
des doux vomiflemens , duquel vne feule
dofe pourraferuir,non feulement virerais
piufieurs fois à diuerfes operations : Par-
quoy il appert que c’eft pour certain vn
grand remede fort fingulier à plufieurs for¬
tes de maladies. Et les effets d’icefiiy ne dif¬
ferent pas beaucoup des operations de ladi-
„ te poudre blanche, félon que i’ay obferué
en noftre malade apres l’vfage d’icelle , qui
par vomiffement fit fortir par deux fois des
humeurs fort corrompues.
le n’entend pas qu’on prene en mauuàife
part ce que ie dy icy , corne fi ie m’eftudiois
à mefdire de queiqu’vn , ou à blafmer ôcxc-
BV CÏRVIA1 491
«rendre les eftudes &la bonne volonté de
fautheur de cefte poudre , lequel fca candi- .
dement départie au public : Mais il mérité-
roit vne plus grandeloüange & recognoif-
sace,fi en faueur de ceux qui en font dignes
il en donnoit la defeription , quoy qu’en
termes obfcurs & couuerts , à l’exemple de
plufieurs Philofophes 8c de moy , qui n’en-
uie pas volontiers ^ux autres ce qiïéie puis
(pauoir & auoir , fcachant bien que nous ne
fommes pas nez pour nous feuls,maisen
partie pour noflre pais , & en partie pour
nos parens. .
, Auant que mettre fin aux diuers remedes
qui fe font du mercure, & que i’ay défia dif-
pofez par ordre rédigez par efcritûl nous
faut enedres dire quelque chofe touchant
le Cinabre artificiel 8c faétice, comme auffî
du naturel qu’on prend és mines.
Touchant le faéfcice, ce n’eft autre chdfe ci„ayTe
qüe certaine forte de fublimation faite par artificiel,
lfe moyen du fouphre (comme le fublimé de
mercure,qu’on appellejfefait parle moyen
du vitriol ) lequel fouphre fe liquéfié dans
vn vaiffeau de terre vçrny, & eftant liquéfié-
on y verfe puis aprls peu à peu du mercure
iufqu’au poids de la moitié du fouphre : Ce
qu’ayant fait , il faut bien remuer 8c mefler
le tout auec vne efpatule^e fer ou de bois ,
tant que ladite efpatule foit toute enduite
d’vne chaux noire , qui alors eft propre à
eftre fublimée das vn fublimatoire ou vaif-
Cinalre
tmttttU
491 ©ÏS maladies
feau conuenàble la fublimation. Par ce
moyen on exalté le mercure en rougeur qui
reÆemble au vermillon ou cinabre : la dofe
d’iceluy eft le poids de trois, quatre ou cinq
grains , pour eftre vn remede fort excellent
à prouoquer les Tueurs. Il s’en fait au® de
tres-blancs précipitez auec la liqueurdudit
fouphrc puifée d’vne mefme fontaine,& de
merueiileufe vertu à purger & exciter les
Tueurs, lefquels précipitez font tres-pro-
pres à diuerfes maladies , voire mefme aux
epilepfies,apoplexies,¶lyfies,moyen-
nant qu’ils foient deuëment adminiftréspar
vn Médecin, non par vn Empirique.
Quant au Cinabre naturel & minerai, na¬
ture nous produit en quelques mines d’or
de la Hongrie , vn certain genre de Cinabre
minerai fort pefant & beaucoup plus rou¬
ge que l’artificiel : Il eft mefme fi tranfpa-
rant & clair qu’on î’eftime autant,voired’a-
uantage que l’or. Iceluy de foy , & fans au¬
tre préparation que le tempérament fait
par les codions de nature , eft vn tres-noble
remede & de vertusadmirableseontreles
moindres epilepfies ouanalepfies,mai$ c’-eft
principalement vn vray fpecifique aux ver¬
tiges, recogneu pour tel par plufieurs grads
Philofophes Chymiques en Allemagne,qui
ont ce remede en telle eftime qu’vn grand
& notable fecret , par le moyen duquêli’ ay
(auec la grâce de Dieu ) guery de vertige
cinq grands perfonnages, en l’efpaçe feule-
SV CÏ&VEAY.' 495
jtiefttd’vnefemaine., leur en ayat fait pren¬
dre au plus quatre ou cinq dofes , nonob-
ilant que ce mal vertigineux s’en-aigrift par
fois tellement qu’il oftoit tout iugement
aux malades» T el remede fe fait fuiuant ce
formulaire»
.Prestez^ demjmcède vrajy Cinabre minerai grlui-
fant, red-uifez^le enalbool ou foudre impalpable fur sPUtfim
du marbre. ^diouflez^y magifleres de ferles ty de ?ue .
Coraux, deux fcrupule s de chacun , *un fcrufule de * *
crocus , dix feuilles d’or, ou pluflofl dix grains d’or
contestant flamme : Et fatales du tout vne poudre l’a¬
gitant O* meflant bienftr du marbre, yous garderez
foigneufement cefie f oudre comme vn remede fpectfl^
e[ue, Cr entr autres fort excellent contre les maladies
Jufdites. La dofe en fera demy fcrupule ou
pour le plus vn fcrupule entier pris auec
eau de muguet. Ce médicament excitera de
grandes & abondantes fueurs : Et combien
qu’il foit tant prifé &eftimé des plus célé¬
brés Médecins d’Allemagne : Sine doute-je
point que nos Cenfeurs ne l’ayent en hayne
& horreur très- grande , eux qui trouuent
mauuais tout remede métallique .Qr ils ob¬
jecteront qu’il y a de l’argent-vif , à raifon
dequoy c’eft vn poifon dangereux & mor¬
tel. Mais il faut permettre que telles gens
croupilfent & meurent es tenebr es perpé¬
tuelles d’ignorance & d’orgueil, veu que
leur iugement efl fi peruerty qu’ils preferét
les chardons aux rofes , &ies chofes viles
aux exquifes , faifans plus grand cas dyne
494 DES maladies
i;ecepte de fiente de paon qu’ils ont apprîfe
de quelque païfan ou villageois , que ny de
l’eflence d’or, ny des magifteres de perles 8c
de coraux, ny au (fi de l’y fage dudit cinabre
minerai (qui eft vrayeràent d’vne nature f0«,
laire ) encor es que plufieurs doctes & célé¬
brés Médecins de mefme^profeffionqu’éux
l’ayent efprôüué par beaucoup de certaines
experiences,& Payent pareillement recom¬
mandé comme vn fpecifique Çc louuerain
remede.
Chap. XXXIHI.
Régime denture,
|^N eboifira toufîours l’air plus chaud &
V^/fec , & en temps d’Hyuer on corrigera
l’àir de la chambre y faifant du feu clair. Il
le, faut bié garder de demeurer long-temps
au ferein , ny aux rayons du foîeil, non plus
qu’à vn air nuageux & obfcur, ou aucunes-
iois intemperé, & principalement quand le
vent de midy fouffie, ou celuyd’Aquilon.
Pair chacun mois on tondra la telle dur
malade pour le moins vne fois, mais elle fe¬
ra peignée chacun iour au matin ,& auec
des linges ou efponges , il la conuiendra
bien deterger de toutes ordures & crafle:
tant la nuit que le iour on couurira le cer¬
neau non outre mefure, mais feulement à
DV CÏ^VEAV, 491
fufSfance & médiocrement, à fçauoir félon
le temps & la couftume ; il fe faudra pareil¬
lement abftenir des autres chofes qui l’ef-
chauffent 8c remplirent , comme des bains,
lauemens de telle, 8c de femblables.
Le relie du corps fera preferué du froid 8c
du hafle le plus foigneufement que faire fe
pourra,on euitera du tout les parfums rem-?
plilfans le cerueau de^apeurs abondantes,
comme auffi les autres fenteurs extrême¬
ment chaudes. L’exercice pris médiocre¬
ment auant le repas ne fera point inutile,
pourueu qu'on ait premièrement defchar-
gé le ventre de fes exçremens : Mais apres le
repas il vaudra toufiours mieux fe repoferj
ou bien fe pourmener vn peu,afin d’empef-
eher ce qui aduient ordinairement , que les
lues à demy cuits ou mefmes encores cruds
ne découlent trop toll du ventricule en toüfc
les endroits du corps , aufli s’abfliendra-on
de tout ieu & exercice , où il ell befoin de
beaucoup pancher ou tournoyer la telle,
qu’on fe contregarde femblablement de
regarder d’.vn lieu haut en bas, & de jet-
ter ou arreller fa veué fur les torrés & cho¬
fes femblables : En lieu d'exercice fufEront
par fois les frottemens faicls auec vn lin¬
ceul bien afpre , premièrement fur les bras,
puis fur lapohftrine, les iambes , & finale¬
ment à fentour de la telle.
D ailantâge, comme la fobrieté & cotem-
pcràace du boire 8c. du manger ell requife
49^ DES M’A LABIES
en coûtes maladies, elle! eft aufîî principe
lement enCelle-cy : toutesfôis il fera touf-
iours meilleur de difner vn peü amplement,
îttâis de fouper auee plus de frugalité & re¬
tenue.
Car ie voudrois qu’on mangeaft feule¬
ment deux fois le i'ôur, & ce par iuftes inter-
uales, qui puiflent fuffire à la concodion,
i’eftime neantmoiris qu’on doit aufli bien
cuiter la faim que la crudité.
Quant aux alimens, on choifira ceux qui
font remplis d’vn bon fuc, & vuides de fla-
tuôfîtez, item ceux qui fe cuifent facile¬
ment, en quôy cet ordre fera foigneufeméc
obferué, à fçauoir, que ceux qui feront fa¬
ciles à digerer, aillent toufiours douant les
autres, Sc neàntmoins qu’on euite le plus
que faire fe pourra latrop grande diuerfité :
car le tres-dode Pline n’a point dit fans rai-
fon que la viande {impie efi la pim vtile a l’homme.
hJpnobftant cela fi on prend plaifir à la va-
rieté,il ne fera pas difficile ny inutile d’auoir
efgard àlafimilitüde: car ainfi que tefmoi-
;gne Hippocrate, Les chojes qui font dijfemblables
taufent du trouble, quand elles fe macèrent 8c
départirent au corps les vnespiuftoft, les
autres plus tard.
Pour le regard des bouillons on né s’en
feruira jamais, ou fort rarement, & ce aux
heures du matin : Efquels vous pourrez a-
lors faire cuire d’entre les herbages, l’hyfîo-
pe,le rhym,pouliot,ferpolet, la fauge ÔC
- marjot
DV C EH.V ï AY. 497
marjolaine: Mais ie fuis d’aduis qu’on Pabftien-
ne de laitue , de pourpier & d’autres herbes
plus froides & humides : Il faudra pareillement
euiter tache , veu qu’il a la propriété d’exciter
Sc faire paroiftre l’Epilepfie.
D’entre les volailles , on eflira les chairs de
poullets , chap ons, pigeonneaux;, p erdrix , fran-
colins , phailans , & d’autres oifeaux de mon¬
tagne , comme aufii des griues , tourterelles,
alouettes & paflereaux; mais on condamne &
defend les chairs d’oy es, de canards, & d’autres
oifeauxde riuieres.
Entre les belles à quatre pieds , font tenues'
pour bonnes les chairs de veiau, de cheureau, de
mouton & de leurauts : Mais celles des vieux
lievres , comme aufli de cerf, porc , fanglier, &
fur toutes de cheure font à euiter. Au furplus,
les rofties font touliourspreferées aux boüillies.
On yfera rarement de poilîbns , & feulement de
ceux qui viuent és riuieres plus rapides: Car il
fe faut entièrement ab {tenir de ceux qui viuent
és lacs,' mardis & ellangs: Mais les ro ftis fur
le gril , yalent mieux que les bouillis ou frits
dedans la paëlje.
Entre les alimens de bon fuc & de facile dige-
ftion, les œufs mollets n’occupent pas le dernier
lieu, ny pareillement les efereuides & lâptifane
faiéte d’orge. .. ~ -
On fabftiendra des gras, falez , efpicés ou au¬
trement acres , voire de tous autres qui fontva-
• P°reux6cde forte odeùr, comme les oignons,
-es aulx, le porreau, la roquette, lesraues, la
^ li
1
498 des maladies
mouftarde,: &rous les autres qui ont accoutu¬
mé d’enuoyer des vapeurs au cerueau } noiï pluS
que des legumes & principalementdela lentil¬
le, du fromage,laitJ& de toutesles viandes qui
fe font auec-iceluy lait.
Touchant lesfrui étsioiirecommandelescap-
pres, raifîns confits , & lespiftaches: mais les-
noix& dates font à rejetter. Le pain bourgeois
eft plus vtile que le blanc pourueu qu’il foit
bien fermenté ou leué , médiocrement £âlé &
parfaitement cuit. Lesgafteaux, bignets, tar¬
tres /oublies & toutes autres patifferies nonfer-
mentée^feht for t nuilibles. Quant aux aroma¬
tes , on v fera par fois du macis de la noix mufca-
de&desglouxde gyrôfles. v
: On boira peu fouuent & feulement au repas, ;
dar le boireimmoderé aggraue le corps , & ëm-
pefche t o'ute co ne o t ion -, or le breuuage qu’on
prendra , fera de l’hydromel , du vin clairet &
oligophore attrempé d’eau en laquelle auront'
eftç cuites les preparationsde coriandres* Tes
vins pleins l de vapeurs & forts font totalement
àimprouiiër.’ . _ o ne.
Pour le deflert , on pourra prendre vne poires
quelque: peuduftere mais r bien cuite « ou tant
foit peu de cotignac ou deconferue de rofe.sj ou
bien quelque chofe de femblable qui puiffe çxa-
tement fermer & boufeher l’entrée du ventri¬
cule , & parce moyen -aydér la concotion &
empefeher qu’il ne monte point de vapeurs au
cerueau. On fe doit abflenir dc beaucoup dot?
niir ^ tant de nuit que de iour.
Dv eË^viAV.' '499
AuïS Faut-il foigneufement pouruoir à ce que
le ventre ay t toufiours Ton cours libre , Que fil
eft conftipé^on le lafehera par quelque indu*
ftrie. l’obmets à defleinlVfage du coït, d’autant
que la ieune Damoifelle donteft queftion, eft
comme ie croy fort modefte Sctemperée.
Au refte , on fuira tout foudain mouuement
d’efprit , cômd'quelque raport trifte ou ioyeux,
mais principalementla t erreur. Il conuient auflî
euiter le courroux , les trop grands foucis, la tri-
ftelfe : bref, toute perturbation d’efprit. Incon¬
tinent apres le repas, on fediuertira de beau¬
coup eftudier & déliré ou eferire longuement.
Entre les Amulets empefehants l’Epilepfie ,
on recommande les femence & racine de peuoi-
ne pendues au col , comme àufli les coraux, & le
jafpe ver d , en forte neantmoins qu’ils touchent
à l’eftomac. On céoit pareillement que l’ongle
d’alce foit pendue au col , foit enchalTée & por¬
tée dans vn anneau , rétarde l’accez de l’Epi-
lepfiel
7
F I. N.
table des choses
ET MOTS PLVS REMAR-
quables en celle T etrade.
A.
âge püerile
fübjetâiixpe-
tites veroles,
rougeoleSj&c. pagei.
Accès épileptique & fon
origine 8. no. fes a-
uant-coureurs 3; cau-
fes externes cj. indica¬
tions qui le concerner
148. fes miferables ef¬
fets 168. comme fe
doit traitter es fem¬
mes hifteriques 320
A&e premier & fécond,
diftinguez iîj
Actions d’où procèdent
80.92.98
Aéfciueté & impetuofité
fans acrimonie 10 0
Agacement dedens 139
Aigle celefte de Paracel¬
se de Phedron 477
Aliment t ony & maii-
üàis és maladies du cer-
ueau 496. 8c fuiu.
Ame de l’homme eft im¬
mortelle 118
Ame du monde 104
Àmuletsantepileptiques
1(34. 165. ôc 499
Analepfle 17
Anatomie vitale des mi¬
nières qui caûfent les
maladies jô
Anatomie des maladies
& de la mort 109
Anatomie de Saturne
354. du Cor al 355
Anciens fe font ferais
des métaux 145
Année douzieïme &tré~
ziefme , eft le temps
prefix au flux men-
ftrüal des femmes u£
Antepileptique de Parà-
celfe 38*
Kk
TA ]
Antidote theodorete ,
defcrit par N. Myreps
. 180. 181. Tes facultez,
i79 , .
Antidotes antepilepti-
ques ôc antaple&iques
3SJ'55t
Antidotes d Antimoine
403. Panchrefte 411.
- Pantagogue4i3.Zoo-
phile 414. : : falutaire
419. Lyfipirete 420.
Théodore 421. Théo-
pemptê ibid- Panere-
re 412. PoIycrete423.
Ifochryfe 424. Lyfi-
pone 426
Antimoine 397. opinion
des Anciens touchant
iceluy 399. fes reme-
des diuers 463.. fleurs
ïoo. Ton verre ' 101
Antimoine eftrecd man¬
dé par Matthiol 385.
n’eft pas vn poifon,
ibid. ôc fuiuant.
Apople&iques tombent
quelquesfois en epi-
lepfie , & au contraire
2.8
Apoplexie 29. étymolo¬
gie a de Ton nom ôc fa
ILE
defmitioïribid. Agnes
d’icelle 30. fon hege
là mefme , en quoy
différé de l’Epilepfié
31. caufes de lesfym-
ptomes 33. 126. caufes
particulières de l’ob-
ftru&iô dont elle pro¬
met 34-3J. méthode de
procéder en la cure
d’icelle félon les dog—
matiques 2d9>elle a di-
. uers degrez 267. la
mortelle 16$ .la phleg-
matique auec fes in¬
dices & cure 27/j
Apozeme laxatif pour la
cure de la paralyfie 258
Apozeme pour préparer
les humeurs en la cure
de l’epileplîe 216
Appétit infatiable ôc fes
caufes' 82
Arabes de quelle métho¬
de fe font ferais en la
curedel’epilepfie 202.
catalogue diceux 20$
Argent 4/3. opinion des
anciens touchât iceluy
454. ’& fuiuant. a trois
principes ASS
Argentpotable AS*
DES MATIERES
Argent vif 457. opinion
des anciens fur le fuj et
d’iceluy 458. qüec’eft
459. fafympathie auec
l’or 46 7. erreur de
Diofcoride touchât la
matière dont il fe con-
cree4^o. autre erreur
du mefme aütheur 461
Au refte voyez Mer¬
cure.
Arfenic a vne vertu ma¬
gnétique 373
Art fpâgyrique imite la
nature 311
Art parfait la nature 3 ji
Arts fort differents 197
AfTyriens , comme pro¬
cèdent à {l’endroit de
ceux qu’ils veulent cir-
concir 34
Autruche digéré le fer,
& par quel moyen 82
B.
a v s m e d’or 446
Bile eft plus efpailTe
que la melâncholie 71.
f’endurcit & concrée
en petites pierres ibid.
fon office 69
Bois de chefne & de fu¬
seau abondent en fel.
celuy de fâpiii en I0Ü7
phre 60
Bois de laurier 8c de
chefne font bons aux
paralyfîeSj côtra&ures
&catharres 148
C.
CAlcination 441. ne
confuine pas l’hu¬
meur radical .238.
3/4 .
Calle &: fa violente 210.
anatomie intérieure d’i¬
celle 4 là mefme. ne fe
doit adminiftrer qu’a-
uec grande circonfpe-
<5tion m
Caftoreon prefcrit cotre
l’epileplie 172
Catalepne' 17
Cataplafme antepilepti-
que ijr. antapoplecti-
que 283
Cautères 8c leur vfage
en la cure dé l’epileplie
236. du vertige 166
Cendres grauelées. 67.
d'icelles fe fai<5fc le fel
de tartre , des lexiues,
&'plufieursfauons. là
mefme.
Gerueau eft la région aç-
K k ij "
TA B
tienne du microcofme
60. n’eft pas le fiege de
I’epilepfie 79
Chancre 76. furuient en
la face & en la poitrine,
niais le lieu de fa racine
eft incomprehenfible.
Chirurgie pratiquée en
la cure de l’epilepfie
Ï7Q.23 S
Cinabre 460. cr ornant
prés Marbourg en Ale-
magne îbid. artificiel
491. naturel . 492
Clyfteres & leur vfage
en la cure de l’apople¬
xie ' . 279
Clyfteres des dograatii
ques improüués "330
Clyftere antepileptique
ijj.antapopleéfcique 277
Confortatifs fpeeifiques
àl’epilepfie 237. aTa-
poplexie 283
Confortatifs des dogma¬
tiques 333 . des hermeti-
ques 334
Coral & sô anatomie 355-
Cordiaux 3 y6
Corps humain diftribüé
en deux globes élémen¬
taires 46
L E
Corps fpirituels ^
Crâne humain 33<î.diucr-
fes opiniôs des dogma-
tiques,touchant la pre-
ration d'iceluy 337. ma¬
niéré de le préparer
338.34a
Créatures tendent natu¬
rellement toutes à leur
petfeétion 417
Crocus d’or _ 444
Cryftaux de fel doux 361
D.
DEgrez d’apoplèxie j
267 ; •
Dcns agacées 129
Deuteropathié 16
Diaphoniques propres
extirper les feminai-
resdel epilepfie 246
Diete des dogmatiques^
344. 232
Diflbluâtdel or 362.357
Diuerfité des remedes,
d’où caufée 217
Dogmatiques ditcdurét
magnifiquement de la
matière de medecine
195. leur ftupidité en la
pratique 196. haine
d’icëux cotreParâcelfc
189 .leur dieté eft vaine
DES MATIERES.
de ne reiïortit pas Ton
effeéfc en tous fubjets
2J2. quelle méthode
tiennent les modernes
en la cure de l’epilepfie
208
E,
a v arreftée & em-
pefehée de couler
fe corrompt y, 6
Eau forte & la caufe de
fa faculté refolutiue 83
Eau de vie de perles
Eau d’hiroqdelles ante-
pileptique,de l’autheur
-IJ6.1JJ. de pies. ij8
Eau pour préparer les
humeurs eh la cure de '
l’epilepiîe ni. Tvfag'e
d’icelle 222
Eau theriacale cotre les
maladies du cerueau
314. fonvfage 316
Eaux antimoniales Ôc
leur faculté 2/9
Elemens que c’eft au iu-
gement des herméti¬
ques 73. leur nature, là
mefme & fuiuant.
Elixir de vitriol 393. d’or
44<>
Empiriques cenfurésips.
louez 200
Energie u6
Engourdiflement 4o. en
quoy cônuient ou dif¬
féré d’auec la paraly-
fie ibid.
Epigqnefe 116
Epilepiie, que c’eft .7. rj.
fesdiuers noms 13. ei-
pecesibid. indices 17.
la caufe 72.19. quin’eft
pas materielle ou craf-
le 22. ains fpirituellc
20. 23. nycellemefmc
de l’apoplexie 27. er¬
reur de Galien touchât
- ce pôinét 20. 122. réfu¬
tation dlceluy 21. iiege
d’icelle 78. erreur de
, Galien touchant ce fu-
j èt, là mefme. de quels
nos Paracelfe l’appelle
119;. fa cure 134. obfer-
uation y réquife 137.
maniéré d’extirper fa
racine 24/. indications
feruansàcefteipi ibid.
Epilepiie fympatique 8.
iy.i 6. eôme f’engendre
1 6. idiopatique 17
Erreurs de Galien 78.10.
122.&C. deDiofcoride
Kk iij
TABLE
460. 461
Errhins en If. eute de la
paralylîe a 91
Efcrouëlles 448
Efprit a plufîeurs lignifi¬
cations differentes gj
Elprits 47, doublement
côliderez 8<5. font prin¬
cipes de toute puilFan-
,ce & aâion 52. 518. leur
diuers effedrs 58
Efprits corporels 9J.9 8
Efprit radical & balia-
rnique 106 . Tes effets
108
Efprit de vitriol extrême
ment fubtile 37 o . fa fa¬
culté coagulatiue 371.
dilïolutiue 372. manié¬
ré de l’addoucir 387
Efprit de fel marih dif-
foutl’or' 100
Eftuues & eaux minera-
rales Z73. leurs effeéfcs
‘ 274, fpecifiques àl’epi-
lepïïe zj8
Excellence' des remedes
' chimiques ipo
Exhalaifons 48. leurs di-
uers effeéts 136. leurs
impreflîons font puif-
fantes caufes des mala¬
dies 63. effe&s des fui-
phurées ^
Explication de l’oracle
de Pythias deferiuant
vn rerqede antepilepti-
que \ -
\ F.
F Acuité elfentielle des
Peripdteticiens que
c’efl: félon les Hermé¬
tiques 94
Facultez dilfqluantes ne
fe doiuent attribuer à'
l’acrimonie d’aucune
qualité 100
Faim canine <58.82
Femmes hyfteriques co¬
rne fe doiuent p enfer
eftâs failles du par oxyf-
me epileptique 320
Fermentation dé naturé
Fixation 441. du fel ar-
moniac 4ïo
Fleurs d’antimoine 100
Flux menftrual deftiné à
la purgation du corps
vniuerfel $
Fomentations en la para-
lyfie 19i
Foye eft deftiné de natu¬
re pour receuoir & cô-
DES MATIERES.
tenir labile 69
foye d’afne rofti 172
France eft fertile en eaux
minérales z6o
Frellure de lievre ordon¬
née contre l’epilepire
i7z
Fuliginofîtez & leur na¬
ture y8, différences 3-9.
effe&s 60
Fumées de cornes font
nuifibles au cerueau 16
G.
GAleniftes ont vne
fauffe opinion des
minéraux 2 yy. les mef-
prifent 8c y ont toutes-
fois recours és maux
défefperez 1 2,3-4.
330. ne Pelloignét pas
volontiers de leurs o-
pinions inueter.ées 19 j.
ordonnent mal à pro¬
pos les remedes ef-
ehauffans & odorans
en l’epilepfie 243
Galien a effé peu verféés
matières mineralë's ou
métalliques 384. er¬
reurs d’iceluy touchât
la caufe 8c le fiege de
l’epilepfie 78. 20. ixz
G elées d’ Auril 8c de May
& leurs caufes 92.93
Guy de chefne, quand fe
doit cueillir pour fer-
uir à la cure de l’epi-
lepfie - 242
H.
H Aine des dogmati¬
ques contre Para-
celfe 189
Hellébore noir 228, fa
préparation 230. fes
vertus admirables £3*.
quinte effence d’iceluy
323.324 _
Hemiplexie ou Hémi¬
plégie 41, ou fe doiuét
rechercher fès caufes
43
Hermétiques quelle o-
pinion ont touchant
l’apoplexie 12 6
Hiftoired’vne femme e-
pileptique 1. fource de
fonmal 4. progrez ar¬
tificiel de la génération
d’iceluy 6
Homme diéfc microcof-
me a bon droiéfc 8c
pourquoy 46.108
Huiles antiparalytiques
347* 349
K k iük
TABLE
Huile de feirpent contre
laparalylie 294. deci-
cognes, làmefme. de
bois heraçlien 226, de
Mercure 480
Humeurs 47. herméti¬
quement anatomizées
6 y. maniéré de les pré¬
parer pour eftre pur-
gées 2ij
Hydromel ^ntepilepti-
que 220. aritiparalyti-
que 286, Examen d’i-
celuy , 287
Hydrotique contre l’e-
pilepfie 24.9
Hydrotiquesfpecifîques
des Hermétiques 34/
I.
Afpe de couleur aërée
refifte 4 l’epilepiie 164
Iaunilfe ' 6
Idées dés Stoïciens 113
Idiopathie ij.16
împreflions celeftes &
lèurs caufes 92
Indicatiôs concernans le
paroxyfme epileptique
148
L.
T Aid corrompu quel-
JLi les incomraoditez
apporte ï7g
Laudanum de Paracelfe
4H
Lettre Pythagotique &
fa lignification 309
Lieux des maladies &
leurs différences 74.
moyen de les ttouuer
7 S •
Linimçt antepileprique
iyi 7 .
Liniraent d’oxirrhodin
antapopledique 273-
Liqueur d’or 443-, d: 'ar¬
gent, v erde 437, de mer¬
cure 480
M,\.
\ jt Aerocolitiç & vne
JV1 fimilitude »prinfé
dïceluy 4
Magiftere de crâne hu¬
main & fa préparation
337.362. de vitriol 376.
d’or 444
Maladies & leur fource
33. différences de leurs
caufes d'auec celles
des fymptomes 87.
caufes antecedçtes d i-
celles %9
Maladies fe terminent
quelquesfois par crife
DES MATIERES.
en paralyfie 2.8/. les
fpirituelles ont pour
çaufe quelque chofe
dediuin 49
Mafticatoires duisét fort
à la cure des paralyti¬
ques 291
Matière première des
métaux 360
Maturité ôc crudité des
fruiéfcs d’ou procédé y
Médecine a trois inftru-
mens 170
Médecins ont befoin
d’vfage ôc d’experien-
ce i96
Médecins Arabes 203
Melancholie naturelle,
69
Melancholie hypocon¬
driaque 68
Melancholique humeur
dç <fa génération 6j.
nature ôc effeéts 68.
7°* la rate n’eft pas
fon réceptacle 69 . eft
- moins efpefle que la
bile , j0. 77
Melancholiques font fu-
jéts à l’epilepfîe ôc
pourqupy 121
Menftrues fpagyriques
& leurs diuerfîtez 417.
de l’or ôc de l'argent,
3JT7
Mercure diuerfement
confideré 4 66. nature
d’iceluy 467. fa fÿm-
pathie auec l’or ibid.
à l’occafion dequoy eft
venu en pratique 464.
Voyez vif argent.
Mercure effencifié 4 68*
précipité 47J
Mercure de vie 474
Mercure diaphonique
478
Mercure d’or 443
Mefué de quelle métho¬
de fe fert en la cure de
l’epilepfie - 204
Metaptofe id
Metaftafe ibid.
Métaux & leur vray vfa-
gë ^ 457
Meteoresdu grâd mon¬
de 48. dumicrqcofme
77 ,
Microcofme 4 6. pour-
quoy l’homme eft ainfi
nommé, là mefme.
Minéraux d’où procéder
leurs effe&s 2 j6. ne
font pas deftituez de
TABLE
vie zj8. font vn extrê¬
me refuge aux dogma¬
tiques qui les abhor¬
rent tant 3J0. 146. 254
Minoratifsdes nouueaux
' dogmatiques 110
Monde, par quel moyen
fera renouuellé 440
Mprfuré de fcorpion ex¬
cite l’epileplie 31
Mort que c’eft no. fon
anatomie 109. lignes
d’icelle en l’apoplexie
ns
Mouuement peut eftre
aboli fans perte de fen-
timéntnon au contrai-
re 39
N.
Ature vniuerfelle ,
10;
Nature & effectsdu ve-^
nin p.eftilentiel 61
Nature minérale fe con-
uertit aifémcnt en la
végetable,&]lavegeLta-
ble en l’animale, 103
O.
Ngle d’alce relifte
au paroxyfme de
l’cpilcplîc 164. 499
Onguens propres à la,
paralyfie 292 2
Operations de l’art fpâ_
gyrique ' 440
Opiate purgatiüe de
l’autheur 212. fon vfa-
gezi3^côfortatiue 239
Opinion de Fernel, tou¬
chant les caüfés de la
goutte 129
Opinions diÉFerétes tou¬
chant l’epileplie 20
Or 43Z. opinion des An¬
ciens touchant iceluy,
ibid. &fuiu. enquoy
conlifte fon excellen¬
ce 438. eft fouueraine-
ment parfaict , là mef-
me. double matière
d’iceluy ibid. fa mer-
ueilleufe aéfcion' 102.
remedes fpagyriques
tirez d’içeluy 443
Or potable 44<\
Oracle de Py thias expli¬
qué ' 1 69
O uuroir Ipagyrique &
fa description . 31°
Oxymel t helleborat de
Iulian a?-1
. p. ; .
Pain fermente elt
moins malfif ôc plus
DES MATIERES.
léger 70
Pâlies couleurs 6
panacée d’antimoine,
409
Paralyfie 38. fesefpeces
& leur définition ibid.
en quoy différé de i en-
gourdiflement 40. ré¬
glé à obferuer en la
cure d’icelle 41." fes
caufes 43. 12.8 i fa cure
félon les dogmatiques
284
Paralyfie humorale 301.
fanguine 298. fa cure
301. bilieufe 298. cu¬
ration d’icelle 30J, me-
lancholique 298. fa
cure 3 o y. de mâuuaife
complexion 298. ana¬
tomie 6c cure dïcelle
ibid.
Paraplégie 41
Paraplexie ibid.
Parfum de bitume 6c
d’agathe efl pernicieux
aucerueau 16
Petits enfans font fujets
à l’epilepfie, & pour-
quoy in. leur cure 421
Peuoine 6c fa fignature
16 y. 6c fuiu, quand
fe doiuent cueillir fes
racines 6c feméces 24a
Peur efl caufe externe
de l’epilepfie 9. 22. in-
coromoditez ; qu’elle
apporte 9
Pharmacie obferuée des
nouueaux dogmati¬
ques en la curé de l’e-
pilépfie ' 209^
Phegmons’prénent leur
origine d’vn fang ef-
pais & melancholique
35 c'
Pleurefie -
Podagre 7 6. fon fiege eft
manifefle, mais fa ra¬
cine occulte 6c imper¬
ceptible , là mefme.
Potion purgatiue anta-
pople&ique 281
Poullain a mefme efien-
ce que le c'heual 116
Précipité de mercure,
• 47^ _
Prefence du Médecin efl
requife pour bien co-
gnoiftre le mai 6c fon
origine 4
Principes hypoflatiques
auec leurs qualitez 6c
avions 97
TABLE
Protopathie 16
Prouidence de Dieu 10 6
Prouocation des hémor¬
roïdes en la cure du
vertige 1 66
Purgatifs 322
PutrefaCfcion 395. 440
CL.
QValitez & leur
fource 9/. lie font
caufes ny - principes
des a£tions contre les
peripateticiens 96. ny
de la vertu curatiué 8c
medecinale des fim-
ples 208
Qualitez vitales des cho-
fes d’ou prouiennent
354
Quercetan fçauoit qua¬
rante maniérés d’ex¬
traire I’efprit dé l’or
488
Quinte eflence d’heïle-
bore323.324. d’or 445.
de mercure 480. fes
proprietez 481
R.
RAte n’eft pas Te-
monCtoire de l’hu¬
meur melancholiquc,
*9
Régénération ^
Régime de viure 4^
Remèdes generaux des
hermétiques jjj •
Remedes des dogmati¬
ques contre Tepilepiie
139. & fuiu, 150. XJI.
134. 173. & fuiu. contre
la paralyfie 286
Remedes fpperftitieux
182
Remedes externes anti-
paralytiques 291. ob-
feruations en leur ad-,
miniftration 296
Remedes métalliques &
leur excellence 146. de
l’or "■ 443
Remedes de toutes* for¬
tes fe tirent du vitriol
374
Rétention des' mois ou
menftruës , caufe di-
uers fymptomes fort
griefs : 2. 5* 7
Reuulfions en la cure de
la paralyfie 29°
Rougeoles 44^*x
Roüillure du fer & &
caufe l}°
Roy de France fauorife
DES MATIERES.
îaCh ytoie 309
S.
SAfran métallique ±31
Safran d’or 444
Saignée en la cure du
Vertige 164. de l’apo¬
plexie xypv opinion
des anciens für ce fu-
jet, ibid.
Sang eft la mer du mi-
crocofme 6. Ce purge
par petites veroles ôc
rougeoies 4. fon ana¬
tomie vitale 64. ferô-
fité , bile, Ôc melan-
chôlie d’iceluy 6 y
Sang découlant de la
meurtrilfeure des épi¬
leptiques , appaife le
paroxyfme 1 6z
Sanglots de l’eftomàch 9
Santé ÔC iiialàdie ont
mefmefujet 74
Saturne & fon anatomie
intérieure 334.
Secret d’or 5 ,444
X vitriole îb.
Sels yi. 35a. proprietez
& efficace d’iceux 353»
leur humeur radicale
ne fe confomme pas
par calcination 3/4.
138. font le fondement
des qualitez vitales,
ibid.
Sel marin 358. fa prépa¬
ration 3j-9
Sel de vitriol 33t.’ de Crâ¬
ne humain 338. prépa¬
ration d’iceluy 343
Semences actuellement
animées 115
Separatiô du pûr d’auec
l'impur
Siégé de l’epilepfie félon
les dogmatiques 73
Signatures internes des
choies 47
Simples n’obtiéneht pas
dès qualitez leur vertu
' Cüfatiüe Si médicinale
ziB
Simples abondaUs en fel,
font de plus longue
vie que les autres 39a
Soleil ÔC fes proprietez
1 oy
Sommeil aueefeséaufes
ôc génération yy
Songes ôc les caufes de
leur diüerfîté , là mef-
rrte.
Souphres yi
Souphre d’or 444
TA
Souphre anodin n\
Spécifique .remède pour
le vertige 493
Sternutatoiresne Te doi-
uent donner aux petits
enfans qu’auec grande
précaution 1/3. font
propres és paralyfies
*5*
Sternutatoires antepi-
leptiques ÔC antapo-
pleCtiques 16©. 161.28a
Sublimation 441
Subftancé totàle despe-
ripatetiques 96
Suyes. Voyez Fuligino-
fit'ez. , v
Symptômes caufées par¬
la rétention des mois
M- 7 ■
Syrop helleborat ante-
pileptique 233
Syrop antepileptique 3
T.
TEintures vegetables
& leur origine 366
T eintures des pierres
334. de pierres pre-
cieufes fpecifiques aux
maladies du cerueau
$57
39 0.
447-
4 St
360
BLE
T einture de Vitriol
d’ordeParacelfe
de l’Autheur
Terre foliée
Topiques des -dogmati¬
ques 346, 'des' hermé¬
tiques ibid. pour les
paralyfies & contra¬
ctures ‘ 347
Tournement de tefte,
.Voyez Vertige,
V,
VEnts & leurs quali-
tez 93
V ermillon que c’eft 460
Veroles 448.1.4
Verre d’antimoine 161
Vers ôc leur génération
110
Vertige appelle des An¬
ciens petite epilepfie
7. 2 j. 28. fes câufes ex¬
ternes 27. antécéden¬
tes 26.130. fa cure fé¬
lon les dogmatiques
263
Vertu curatiueen quoy
confiftc 112
Vertu magnétique idu
vitriol contre l’ epile¬
pfie 37*
Vie 3c fon origine 109
DES MATIERES.
•yin abonde en Tel vitrio- ciens 377. remettes
lé 66. anatomie d’ice- prisdlceluy 368
luy 64 Vitriol d5or , 443
Vinaigre & fa prépara- Viuifîcation artificielle
tion 66 des rôles , violettes.
Violence de la cafle 210 &c. 363. de l’or 440
Vitriol 3 6$. les vtilitez Vomitoire des hermeti-
&proprietez3<5t).cau- ques 332,
les des vertus Ipecifi- Vomitoire antepilepti-
ques d’iceiuy ibid. a que 152. antapople&i-
trois principes 375). fa que 280
fympathie auec le fer Vrine fournit des diflol-
2j5>. 365. fignatured’i- uans auffi efficacieux
luy 3 66. fes efpeces que les eaux fortes 8c
367. examen ibid. fon royales 84
vfage félon les An ^ Vfagefaid l’art. 197
F I N;
Fautes fùmenues en l’imprefîion de cet œuure*
Pages. ligne 17. l’augmente p.14. LS. comitiale p.i 6. l.io.tempeftueux
p.nî. 1. 19. laquelle fefait p.ix. 1. 10. pituiteufes p.jy. 1. 30. quiem-
pefche Jp. 40. 1. 17. prodrome p. 41. 1. 6. paraplégie P.44J.20. &af-
"gné ^p.47. 1.23. aucunes'/ p.jff. au b/u de là marge effeâs des exhalaifons
fulfurées p. £7.1.1. grauelîées p.Sp.i.n. réceptacle p.77. 1.32. oJlez.Cc
P-8o. [Lis. efitx. pluftoft.' ■ p.5$u, l.i o. fouphre. p.103. 1.13. conclura ©a
p.160. 1. S. les p.2.43. en marge remedes efehauffans p .269. en marge
aepilepfie p.234. mnmbre 254 v en marge remedes externes.